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CLUB<br />
ÉPARGNE & GESTION<br />
DE PATRIMOINE<br />
2
COMMENT DÉMOCRATISER LA<br />
GESTION DE PATRIMOINE ?<br />
Cette année, les travaux du club épargne et gestion de patrimoine ont<br />
porté sur la démocratisation de la gestion de patrimoine. Sous la houlette<br />
des parrains du club, Alain Regnault, senior advisor chez Ageas France<br />
et Tristan de La Fonchais, directeur général adjoint du groupe Matmut,<br />
appuyé par l’expertise de Serge Moreno, directeur marketing épargne et<br />
clientèle patrimoniale d’AG2R La Mondiale, les débats ont porté sur quatre<br />
axes : le modèle économique adéquat, le modèle de rémunération des<br />
intermédiaires, la digitalisation et le marché cible des jeunes épargnants.<br />
1<br />
Quel modèle économique pour une gestion de patrimoine<br />
démocratisée ?<br />
La gestion de patrimoine s’ouvre de plus en plus au patrimoine plus<br />
modeste. Elle tend à se démocratiser. Mais pour quel modèle économique ?<br />
Jusqu’à quel seuil de patrimoine descendre tout en conservant une certaine<br />
rentabilité ? Par quels réseaux de distribution passer ?<br />
2<br />
Digitaliser pour mieux régner<br />
Un des moyens d’ouvrir la gestion de patrimoine à de nouvelles cibles moins<br />
« aisées » est de réduire les coûts de la distribution à la gestion en passant<br />
par les arbitrages. La digitalisation est l’un des leviers qui permettent de<br />
les optimiser. Nous tenterons d’analyser les différentes problématiques et<br />
solutions à la disposition du marché pour faciliter cette optimisation.<br />
3<br />
3<br />
Comment attirer les jeunes à la gestion de patrimoine ?<br />
La gestion de patrimoine souffre d’une image d’expertise réservée à une<br />
certaine élite. De manière générale, les Français souffrent d’un manque<br />
cruel d’éducation financière. Pourtant la jeune génération représente la<br />
clientèle d’aujourd’hui et de demain. Comment créer le « réflexe » gestion<br />
de patrimoine chez ces profils ?<br />
4<br />
Quel modèle de rémunération ?<br />
Sujet à débat au sein même de la profession, les types de rémunérations<br />
des gestionnaires de patrimoine varient entre une approche produit sujet à<br />
commissions et une approche client qui tend alors vers une rémunération<br />
sous forme d’honoraires. Dans une optique de démocratisation de la<br />
gestion de patrimoine, quel est le modèle optimal de rémunération ?
PRÉFACE<br />
ALAIN<br />
REGNAULT<br />
DIRECTEUR GÉNÉRAL<br />
D’AGEAS FRANCE<br />
TRISTAN DE<br />
LA FONCHAIS<br />
DIRECTEUR GÉNÉRAL ADJOINT<br />
DU GROUPE MATMUT<br />
FINANCES ET PATRIMOINE<br />
4<br />
PARRAINS DU CLUB EPARGNE & GESTION DE PATRIMOINE<br />
L’INDISPENSABLE MUTATION DE<br />
LA GESTION DE PATRIMOINE !<br />
Il y a encore peu de temps, nous entendions par gestion de patrimoine la fructification des<br />
avoirs, l’optimisation fiscale et la transmission. Même si ces propos semblent réducteurs, ce<br />
sont bien sur ces items que des acteurs de la distribution se sont positionnés durant ces<br />
dernières décennies. Mais les fondamentaux de notre monde sont aujourd’hui impactés par<br />
de grandes mutations qui nous obligent à redéfinir le cadre global de la gestion de patrimoine.<br />
C’est ici que la notion de « protection patrimoniale » prend tout son sens. Elle doit devenir le<br />
pilier central de toutes les stratégies en la matière pour tous les segments de clientèle.
Sur le plan conjoncturel, la situation est actuellement<br />
sensible. La réélection du président Emmanuel<br />
Macron sans majorité absolue, la situation de<br />
la Covid qui oscille en fonction des nouveaux<br />
variants, l’accélération des évènements climatiques<br />
qui pèse sur la France, l’enlisement de la guerre<br />
en Ukraine qui engendre une envolée des prix des<br />
matières premières, et les mesures de restriction<br />
de circulation en Chine qui perturbent les chaînes<br />
logistiques. Il découle de cette situation générale<br />
deux conséquences majeures : une inflation qui<br />
s’envole (des taux d’emprunt qui remontent), et<br />
moins de croissance.<br />
Sur le plan structurel, nous observons également de<br />
nouveaux paradigmes. L’allongement de la durée de la<br />
vie, la fracture digitale de nos séniors, l’augmentation<br />
du nombre de familles recomposées, le durcissement<br />
des réglementations, la complexification des<br />
marchés financiers (volatilité des marchés<br />
classiques, crypto monnaies, durabilité...). Sans<br />
oublier nos jeunes dont les ambitions en matière de<br />
vie personnelle et professionnelle ne ressemblent<br />
en rien à celles de leurs aînés, et qui par ailleurs<br />
bénéficieront beaucoup plus tard du patrimoine<br />
de leurs parents puisque ces derniers vivront plus<br />
longtemps.<br />
En plus de ses objectifs traditionnels, la gestion de<br />
patrimoine doit aussi optimiser la construction et la<br />
protection de nos vies. Elle devient donc un sujet<br />
d’utilité publique qui n’est plus réservé aux plus<br />
aisés.<br />
Pendant un an, le club Épargne et Gestion de<br />
patrimoine du Cercle LAB a travaillé sur ce sujet en<br />
tentant d’apporter des réponses à cette injonction<br />
paradoxale : comment démocratiser (rendre<br />
abordable, adaptée, simple et lisible) la gestion de<br />
patrimoine (qui par nature est coûteuse et souvent<br />
inaccessible). Outre la redéfinition de ce que doit<br />
intégrer la gestion de patrimoine comme savoirfaire,<br />
les travaux se sont articulés autour de 4 items<br />
spécifiques : le modèle économique, la digitalisation,<br />
la clientèle des jeunes, les modèles de rémunération.<br />
Sans déflorer les conclusions des travaux, je peux<br />
d’ores et déjà aborder quelques idées-clés :<br />
- La démocratisation de la gestion de patrimoine doit<br />
être abordée en intégrant les us et coutumes, les<br />
mentalités et la culture de chaque pays. Par exemple,<br />
un Français peu aisé acceptera difficilement de<br />
payer des honoraires pour avoir accès à un conseil<br />
en allocation financière, là où cela est plus culturel<br />
pour un anglais ou un allemand.<br />
- Outre les aspects finance-épargne et fiscalité,<br />
démocratiser la gestion de patrimoine implique<br />
nécessairement une approche globale intégrant une<br />
dimension assurantielle forte qui inclut de l’IARD, de<br />
la prévoyance, de la santé. C’est le seul moyen de<br />
compléter ses protections à meilleur prix.<br />
- La mise à disposition d’un bouquet de service<br />
minimum, permettant la découverte et la<br />
formalisation d’actes juridiques simples et utiles pour<br />
sécuriser dans le temps sa famille, ses proches et ses<br />
projets, semble aujourd’hui un élément fondamental.<br />
- Démocratisée ou pas, il n’y a pas de gestion de<br />
patrimoine sans interactions humaines réelles. Ce<br />
qui nous renvoie sur les sujets de tarifications et<br />
sur la mise en place d’une stratégie optimisée des<br />
différents canaux relationnels. Ce sujet est apparu<br />
comme majeur.<br />
En synthèse, tout le monde comprendra la grande<br />
pertinence du sujet « comment démocratiser la<br />
gestion de patrimoine ? »<br />
La légitimité de cette question ne repose pas<br />
uniquement sur la recherche de nouveaux relais de<br />
croissance. Elle repose aussi sur une responsabilité<br />
collective qui consiste à accompagner et sécuriser<br />
les clients-citoyens face aux évolutions et aux<br />
incertitudes du monde.<br />
Cela prend tout son sens à l’heure où les notions<br />
de « société à mission » et de « raisons d’être »<br />
grandissent dans nos maisons.<br />
Par Tristan de la Fonchais, directeur général<br />
adjoint du groupe Matmut, finances et patrimoine,<br />
directeur général de Matmut Vie et président de<br />
Matmut Patrimoine.<br />
5
1<br />
DÉMOCRATISER LA GESTION DE<br />
PATRIMOINE : QUEL MODÈLE<br />
ÉCONOMIQUE ?<br />
«<br />
Aujourd’hui<br />
1-1 CONSEIL PATRIMONIAL, ACTE MANQUÉ POUR LES<br />
BANQUES, OPPORTUNITÉ POUR LES ASSUREURS ?<br />
nous considérons qu’il y a 10% de la population éligible à la gestion de patrimoine, ce sont des<br />
personnes possédant plus de 100 000 euros. Cela représente environ 3 millions de ménages », introduit<br />
Serge Moreno, directeur marketing épargne et clientèle patrimoniale chez AG2R La Mondiale et expert<br />
du club épargne et gestion de patrimoine.<br />
6
Selon une étude présentée par Serge Moreno, 38% des clients aisés<br />
(mass affluent) sont déçus des services rendus par les banques de<br />
réseau. En d’autres mots, plus d’un tiers de clientèle se dit aujourd’hui<br />
insatisfaite des conseils et services de son banquier.<br />
Pour comprendre le malaise du marché, retour dans les années 1990,<br />
lorsque les banques traditionnelles ont décidé – après s’être tournées<br />
vers une clientèle « haut de gamme » - de cibler des clients « aisés »,<br />
aussi appelés les « mass affluent». Un portefeuille de 250 000 euros<br />
pouvait désormais prétendre à bénéficier d’un conseiller de banque<br />
privée. Les institutions ont rapidement déchanté. Face à des coûts de<br />
distribution plus importants, ils feront le chemin inverse au courant de<br />
la première décennie des années 2000.<br />
Ils abandonnent le marché et coupent, par la même occasion, l’accés<br />
aux conseillers à une partie des clients aisés. « Un exemple classique<br />
est celui de BNP qui avait un cut-off à 250 000 euros, qui est passé à<br />
400 000 euros. Les clients qui se retrouvent sous ce plafond ont encore<br />
eu un accès à un banquier privée, mais en ligne », indique notre expert.<br />
Lorsque nous analysons la clientèle mass affluent, nous remarquons qu’ils<br />
sont engagés avec plusieurs banques et assureurs. C’est un profil client<br />
moins fidèle avec un taux d’attrition 2,5 fois plus élevé que celui de la<br />
clientèle classique ».<br />
7<br />
En contrepartie, pour les clients ayant plus d’un million d’euros<br />
de patrimoine, le combat continue de faire rage. Et tous les<br />
moyens sont bons pour les attirer.
8<br />
NICOLAS PRONIER<br />
RESPONSABLE DU DÉPARTEMENT GRANDS COMPTES ET<br />
FAMILY OFFICE CHEZ ALLIANZ FRANCE<br />
« Plutôt que de tenter de déloger<br />
une clientèle d’une banque, certains<br />
préfèrent débaucher les banquiers qui<br />
sont porteurs de cette clientèle. C’est<br />
plus efficace en terme de marketing et<br />
d’efforts »<br />
Une opportunité pour les assureurs ? Les<br />
épargnants déçus le sont le plus souvent<br />
pour des raisons de tarifs, de gestion de<br />
la performance, de la qualité moindre de<br />
l’information et le manque de proactivité,<br />
selon Serge Moreno.<br />
Des points sur lesquels, certains acteurs<br />
du secteur de l’assurance ont déjà fait leurs<br />
preuves.
1-2 LES PETITS RUISSEAUX FONT LES<br />
GRANDES RIVIÈRES<br />
Pour répondre à la demande de cette clientèle devenue orpheline,<br />
plusieurs modèles coexistent. Matmut Patrimoine se base sur un<br />
modèle BtoC et internalise son conseil. « Nous sommes partis de<br />
CGP captifs dans une structure interne et nous avons élargi la cible,<br />
notamment sur les jeunes (…). Aujourd’hui sur les 90% de notre portefeuille<br />
de mass-affluent, 6 à 7% d’entre eux représentent une réelle démocratisation<br />
de patrimoine puisque pour eux nous avons baissé nos exigences », annonce<br />
Tristan de La Fonchais, directeur général adjoint du groupe Matmut,<br />
finances et patrimoine.<br />
9<br />
L’assureur mutualiste a réduit son champ de produits. « Nous avions des<br />
centaines de possibilités. Mais nous avons néanmoins décidé de sélectionner<br />
40 produits de la gestion de patrimoine qui correspondent au profil de nos<br />
clients. De ce fait, nos conseillers sont renseignés et surtout ils peuvent<br />
prendre le temps de répondre aux questions par téléphone », poursuit Tristan<br />
de La Fonchais.<br />
Plutôt que de se tourner vers « une grande gestion de patrimoine »,<br />
Matmut a fait le choix du « conseil patrimonial ». Il précise : « Mais nous<br />
restons sur notre ligné directrice qui est la démocratisation de la gestion de<br />
patrimoine ».
Plutôt positionné sur un modèle BtoB, Alain Régnault, senior<br />
advisor auprès de la direction d’Ageas, se positionne en tant<br />
que créateur de produit. Cette fois doté d’une classe d’actifs<br />
destinée à des CGP indépendants, l’assureur tente de capter<br />
le panel le plus large possible.<br />
10 6<br />
«NOUSAVONSMISÉSURLABAISSEDENOS<br />
SEUILS POUR DONNER LA POSSIBILITÉ À NOS<br />
JEUNES D’AVOIR ACCÈS À CES PRODUITS QUI<br />
ÉTAIENT JUSQUE-LÀ RÉSERVÉS À LA CLIENTÈLE<br />
MASS AFFLUENT. LE SEUIL SUR DU PRIVATE EQUITY<br />
S’ÉLEVAIT AVANT LA PHASE DE DÉMOCRATISATION<br />
À 25 000 EUROS, CONTRE 5 000 EUROS<br />
MAINTENANT », APPUIE ALAIN RÉGNAULT, SENIOR<br />
ADVISOR D’AGEAS FRANCE.<br />
Pour le conseiller d’Ageas, la démocratisation de la gestion<br />
de patrimoine passe par une réduction mais surtout une<br />
qualité d’offre similaire à celle proposée aux plus fortunés.
1-3 DÉMOCRATISATION OUI,<br />
MAIS GARE AU CANNIBALISME<br />
Malgré un coût d’acquisition et de fidélisation significatif,<br />
les distributeurs s’organisent autour d’une gestion de<br />
leurs portefeuilles adaptée aux changements du marché.<br />
« Le CGP a compris qu’il a deux types de clients. Ceux qui<br />
constituent son fonds de portefeuille et toute la jeune génération qui a un<br />
potentiel pour le futur malgré le coût direct qu’il lui fait subir », explique un<br />
représentant d’Allianz.<br />
Dans la course à la démocratisation, les profils d’épargnants se diversifient,<br />
les méthodes de gestion aussi. La gestion sous mandat par exemple,<br />
représentait, jusqu’ici, une option unique. Aujourd’hui elle se décline sous<br />
la forme de gestions personnalisée ou standardisée.<br />
Face à plusieurs profils de gestion, la question de la rémunération des<br />
intermédiaires varie tout autant. « Les sujets de rémunération sont des sujets<br />
brûlants. IDD nous impose une certaine morale avec un travail d’acculturation.<br />
L’assureur tente d’éviter dans la construction de son produit quelconque conflit<br />
d’intérêt. De leur côté, les CGP ont également leurs propres pratiques et habitudes.<br />
Nous sommes dans un domaine qui n’a pas encore de jurisprudence donc on<br />
tâtonne et on attend de savoir comment nous allons converger », explique Nicolas<br />
Pronier, responsable de département grands comptes et family office chez<br />
Allianz. Dans le cas d’Allianz, le groupe fait face à un modèle multicanal.<br />
11
.<br />
« IL Y A UNE DOUBLE LOGIQUE DE MARKETING. UN CGP NE VEUT GARDER<br />
QUE DES CLIENTS RENTABLES PARCE QUE C’EST UN CONQUÉRANT ET CHEF<br />
D’ENTREPRISE MAIS LES ASSUREURS DOIVENT AUSSI SAVOIR SEGMENTER<br />
LEURS ACTIVITÉS. ALLIANZ, PAR EXEMPLE, CONSIDÈRE QUE CHAQUE CANAL<br />
A SA CIBLE. IL Y A DES AGENTS GÉNÉRAUX, DES COURTIERS ET DES CGP QUI<br />
NE SONT PAS SUR LES MÊME CIBLES. LE PIRE SERAIT DE DÉVELOPPER UN<br />
CANNIBALISME ENTRE EUX AU LIEU DE CRÉER DES SYNERGIES ».<br />
UN INTERVENANT<br />
12
2<br />
DIGITALISER POUR MIEUX RÉGNER ?<br />
2-1- L’ACCÉLÉRATION DE LA DIGITALISATION ?<br />
«<br />
Le<br />
digital, pierre philosophale<br />
ou simple outil ? Il y a en<br />
tout cas plusieurs visions<br />
sur ce sujet entre la vision<br />
absolue de chaque côté et<br />
de multiples nuances au milieu. En tout cas, je pense<br />
que cette thématique est l’une des plus importante<br />
de l’année, surtout dans le contexte de crise sanitaire<br />
que nous connaissons », lance en introduction<br />
Tristan de La Fonchais.<br />
La crise sanitaire aura bel et bien eu un effet<br />
accélérateur sur la digitalisation du secteur de<br />
l’assurance. Alors que certains acteurs aujourd’hui<br />
s’allient à de jeunes pousses types assurtech,<br />
fintechs pour rattraper leur retard, d’autres sont<br />
d’ores et déjà parés.<br />
Lors de son rachat de Linxea, Antoine Delon -<br />
président du courtier d’assurance vie en ligne - ne<br />
s’attendait pas à un tel engouement autour de la<br />
digitalisation. « Lorsque nous avons annoncé que<br />
nous reprenions Linxea, mes copains CGP et gérants<br />
privés m’ont dit que j’étais un traitre », s’amuse<br />
Antoine Delon.<br />
Pourtant, le dirigeant connaît le profil de ses<br />
clients, et surtout le type de profil que chassent<br />
ses concurrents, puisqu’il était encore l’un des<br />
leurs, peu de temps auparavant. « Nous ne sommes<br />
pas en concurrence avec les CGP puisque nous<br />
n’avons pas la même typologie de clients », explique<br />
Antoine Delon.<br />
La souscription en ligne représente aujourd’hui<br />
3 à 4% du marché de l’épargne, soit 0,5 point de<br />
plus qu’il y a 5 ans. « Le marché de l’épargne est<br />
piloté par les banques traditionnelles. Nos clients<br />
sur internet, sont en grande partie de petits clients<br />
déçus par les banques et notre rôle c’est d’être une<br />
pépinière à leur service. Les très gros clients que<br />
nous comptons dans notre portefeuille sont des<br />
comparateurs avisés », analyse Antoine Delon.<br />
Du plus petit portefeuille engagé à 50 euros de<br />
versement programmé par mois au trader dont<br />
le patrimoine immobilier dépasse 4 millions<br />
d’euros, le panel de clients est large. Hétérogène<br />
même. Finalement, chacun se lance dans le<br />
placement en ligne pour des raisons qui leur sont<br />
propres. Des frais aux rabais, un conseil client<br />
réactif, une possibilité d’ouverture de contrat<br />
sans dépôt minimum, la réactivité ou encore<br />
l’inactivité. « Un de nos clients dont la profession<br />
est trader pour un groupe bancaire français nous<br />
a interdit de l’appeler quelle que soit la raison. Il a<br />
mentionné le fait qu’il était chez nous afin de payer<br />
le moins de frais possible sur des placements qu’il<br />
a lui-même sélectionné », s’amuse Antoine Delon.<br />
13
2-2 LA CONSTRUCTION D’UN MODÈLE<br />
DIGITALISÉ<br />
14<br />
«<br />
L’ADN<br />
de nos boîtes en<br />
ligne, c’est moins de<br />
frais, plus de conseil pour<br />
les clients moins aisés,<br />
explique le président de Linxea. Sur le PER<br />
qui est un produit long terme avec la gestion<br />
des unités de compte, nous avons voulu aller<br />
au prix le plus bas. Lorsque nous nous sommes<br />
retrouvés avec nos concurrents pour discuter<br />
d’un plafonnement des frais, nous étions tous<br />
d’accord pour proposer un tarif plus bas que<br />
ceux proposés par les grands groupes. Tous<br />
étaient d’accord pour 0,80% et j’ai annoncé que<br />
chez Linxea nous ferons 0,60%. Finalement,<br />
tout le monde a dû s’aligner. C’est comme ça<br />
que nos frais de gestion ont été plafonnés à<br />
0,60% ».<br />
Le processus de départ, bien qu’il semble<br />
complexe, peut s’avérer plus simple dès lors<br />
qu’une base clients existe. Avec un coût<br />
d’acquisition d’environ 150 euros par client,<br />
de nombreuses méthodes sont aujourd’hui<br />
disponibles afin de se faire connaitre en<br />
ligne. Passé le fameux « bouche à oreille », le<br />
référencement naturel prend du galon, mais<br />
aussi le référencement payant.<br />
LE RÉFÉRENCEMENT PEUT S’AVÉRER<br />
TRÈS COÛTEUX MAIS « C’EST UNE<br />
MÉTHODE QUI A FAIT SES PREUVES .»<br />
LES RÉSEAUX SOCIAUX S’AVÈRENT<br />
ÉGALEMENT DE BONS CANAUX DE<br />
COMMUNICATION COMME LINKEDIN,<br />
FACEBOOK ET INSTAGRAM.<br />
Un intervenant
Malgré un coût d’acquisition d’environ 150 euros, Linxea a décidé de<br />
miser sur la récompense financière. « Nous avons fait le choix de miser sur<br />
un cadeau de 100 euros offert dès l’ouverture d’un contrat. C’est quelque<br />
chose de risqué, qu’il faut calculer à l’avance, mais ça marche », lance Antoine<br />
Delon.<br />
La méthode permet notamment aux entreprises en ligne une position<br />
avantageuse dans les moteurs de recherche, bien que l’approche reste à<br />
consommer avec modération.<br />
Néanmoins, une bonne partie du conseil repose sur le profil client. « On<br />
pose des questions très simples et on se rend compte que certaines personnes<br />
sont plus à l’aise face à un écran que face une personne. S’ils ne répondent<br />
pas correctement, ils ne peuvent pas souscrire.<br />
Enfin, dès qu’ils souhaitent en cours d’année faire un quelconque transfert,<br />
rachat et autres, ils doivent nous informer des changements de situation.<br />
S’ils refusent d’actualiser leur profil, les mouvements sont bloqués », explique<br />
Antoine Delon.<br />
15
2-3 C’EST QUOI LA SUITE ?<br />
166<br />
Avec une faible part de<br />
marché, la gestion de<br />
patrimoine en ligne a<br />
encore du chemin à faire. Pourtant,<br />
les professionnels sont rapidement<br />
rattrapés par la réalité des coûts et<br />
des prix cassés qu’ils proposent.<br />
NOUS AVONS PENSÉ AU<br />
PARTENARIAT, MAIS LE<br />
PROBLÈME C’EST QUE LES COMS<br />
CHEZ NOUS SONT D’ENVIRON<br />
0,4 %, DIVISÉ PAR DEUX POUR<br />
UN PARTAGE ÉGAL. FACE À CELA,<br />
LES PARTENAIRES S’EN VONT EN<br />
COURANT. ILS NE VEULENT PAS<br />
SE LANCER ET TRAVAILLER POUR<br />
0,2% ».<br />
Ce n’est en revanche pas l’avis de<br />
tous les participants. « Aujourd’hui,<br />
nous assistons à une recomposition<br />
du marché des CGP. Les agents<br />
généraux ne s’intéressent pas tant<br />
que ça à l’épargne, les banques de<br />
réseaux réduisent leurs équipes et<br />
donc les structures en ligne ont un<br />
boulevard devant elles. Aujourd’hui,<br />
peu sont volontaires pour s’occuper<br />
de clients qui n’ont pas de grand<br />
patrimoine. Et cela devient un défi<br />
futur », affirme Alain Regnault.<br />
Pour d’autres, la solution se trouve<br />
dans le phygital. « Moi je rêve d’un<br />
réseau physique hybride. L’inertie<br />
des compagnies d’assurance fait<br />
qu’on est encore là, malgré le fait<br />
que les confinements ont accéléré<br />
les processus. Je rêve d’un système<br />
hybride parce qu’en France on ne fait<br />
pas confiance aux acteurs en ligne et<br />
cet état d’esprit nous pénalise. Donc<br />
c’est pour ça que je pense que nous<br />
avons besoin du digital pour tous<br />
nos clients contrebalancé avec des<br />
rendez-vous visio ou en physique<br />
possibles. Le problème maintenant<br />
c’est la rentabilité », pointe un<br />
participant.
Point stratégique central, la présence digitale est également<br />
questionnée par les grands groupes et les acteurs classiques.<br />
Cependant, la question n’est peut être plus là. Durant la crise<br />
sanitaire, les acteurs financiers ont aperçu de nouveaux visages<br />
sur les marchés, parfois féminisés et souvent rajeunis. Après avoir<br />
répondu au besoin du digital, la question aujourd’hui ne serait-elle<br />
pas plutôt celle de la diversification de l’offre ?<br />
« MALGRÉ NOTRE PRÉSENCE FORTE EN LIGNE, NOUS SOMMES<br />
DÉJÀ EN RETARD. NOUS NE PROPOSONS PAS DE CRYPTO-MONNAIE,<br />
DE BITCOIN, D’IMMOBILIER EN DIRECT, SOIT LES SUPPORTS QUI<br />
ATTIRENT AUJOURD’HUI LES JEUNES », CONCLUT ANTOINE DELON.<br />
17
3<br />
COMMENT ATTIRER LES<br />
JEUNES À LA GESTION DE<br />
PATRIMOINE ?<br />
3-1 DES BESOINS QUI NE DEMANDENT<br />
QU’À ÊTRE ASSOUVIS<br />
Le Centre d’observation de la société qualifie de « jeune », l’ensemble des<br />
personnes de moins de 25 ans qui regroupe les enfants, les adolescents et<br />
les jeunes adultes. Les Nations-Unies - qui a une définition similaire à celle de<br />
l’INSEE - catégorisent de « jeune », les personnes ayant entre 15 et 24 ans.<br />
18<br />
Pour Ramify, une plateforme d’épargne en ligne, les « jeunes » sur lesquels elle a jeté<br />
son dévolu, sont des actifs venant de conclure leur premier achat immobilier ou ayant<br />
effectué l’acquisition de leur résidence principale. On l’aura compris, la notion de «<br />
jeune » dépend de celui qui la définit.<br />
Pour autant, Olivier Herbout et Samy Ouardini, les fondateurs de Ramify, estiment<br />
qu’après « l’acquisition de la résidence principale, c’est le meilleur moment pour les<br />
convaincre de se diriger vers la gestion de patrimoine ». Le sujet est d’actualité puisque<br />
la crise a eu un effet surprise pour les analystes de marché. Les visages présents sur<br />
les marchés financiers se sont rajeunis, féminisés et certains profils ont parfois muté<br />
vers des statuts plus risqués. Une vraie révolution.<br />
« DANS LES PREMIERS TEMPS DE LA CRISE EN 2020, ON A VU<br />
BEAUCOUP DE NOUVEAUX INVESTISSEURS ARRIVER SUR LES<br />
MARCHÉS. LES STATISTIQUES PARLENT D’ELLES-MÊMES »<br />
UN INTERVENANT
«<br />
Ils<br />
ont rapidement pris des positions et<br />
tout cela en ligne. Nous ne les avons<br />
pas accompagnés du tout, ce qui par<br />
conséquent a provoqué beaucoup de<br />
surinvestissements et d’erreurs. Il y a une vraie question<br />
de pédagogie pour se mettre au niveau de ces jeunes<br />
investisseurs novices qui n’attendent pas forcément un<br />
rendez-vous avec un conseiller financier », complète le<br />
fondateur de Ramify.<br />
Les grandes institutions n’ont pas vu le phénomène<br />
arriver. Entre les préoccupation autour d’une<br />
nouvelle organisation, la gestion de la crise sanitaire,<br />
le coche a été manqué. « Les jeunes s’intéressent à de<br />
nouveaux types de placement mais pas les institutions.<br />
Ce phénomène crée donc un nouveau mur entre eux et<br />
nous. Néanmoins, si on suit à corps perdu les jeunes,<br />
est-ce qu’on ne se décrédibilise pas ? Est-ce qu’on ne<br />
prend pas des risques démesurés puisque nous-mêmes,<br />
nous ne sommes pas prêts pour des placements comme<br />
de la crypto-monnaie ou les NFT ? », s’interroge Alain<br />
Regnault, senior advisor chez Ageas.<br />
Mais d’où vient cet intérêt ? Au-delà<br />
des crypto-monnaie et de la bourse<br />
promus par nombre d’influenceurs<br />
sur les réseaux sociaux – avec<br />
rémunération à la clé – la génération future passe à<br />
côté de toute une gamme de produits patrimoniaux<br />
dits « clés » pour une épargne diversifiée et<br />
personnalisée.<br />
19
TRISTAN DE LA FONCHAIS<br />
20<br />
DIRECTEUR GÉNÉRAL ADJOINT DU GROUPE MATMUT<br />
FINANCES ET PATRIMOINE, DIRECTEUR GÉNÉRAL<br />
MATMUT VIE ET PRÉSIDENT DE MATMUT PATRIMOINE<br />
« Nous ne parlons pas aux jeunes, ou trop peu. Il y<br />
a une très forte attente de protection, de conseil,<br />
d’expertise sur l’organisation de leur patrimoine et<br />
de leur avenir »<br />
Avec une volatilité moins présente et des attentes<br />
respectées, les jeunes s’en porteraient certainement<br />
mieux, ce qui en serait de même pour les acteurs<br />
financiers qui les auront pris en charge. Une brèche est<br />
ouverte.
21
Les deux fondateurs de Ramify ont notamment retenu<br />
– après quatre mois d’activité– le pragmatisme dont<br />
fait preuve cette nouvelle génération. « Il arrive que<br />
nous prenions 24 heures pour répondre correctement<br />
à la question d’un épargnant. Pour autant, personne ne nous<br />
a reproché la ‘‘lenteur’’ de nos retours. En revanche, ce qui est<br />
extrêmement frustrant pour tous, c’est lorsque nous posons une<br />
question et que la personne répond à côté. Je tiens également à<br />
dire qu’il ne faut pas craindre de dire que nous ne savons pas »,<br />
argumente Olivier.<br />
22<br />
La jeune pousse aborde le marché au plus de près de<br />
ses clients. Avec une approche pédagogique, les deux<br />
fondateurs pensent pourvoir conquérir la nouvelle génération<br />
d’épargnants. « Ils n’attirent pas, ils réconcilient. Ils ont le bon<br />
langage. la curiosité, l’empathie et la connaissance financière »,<br />
lance un intervenant.
3-2 SUIVEZ LE PROFESSEUR !<br />
Le mot-clef est alors la pédagogie. C’est un « win-win », lance l’un des cofondateurs<br />
de Ramify. L’acteur mettant en avant une connaissance à la<br />
portée de tous et notamment des futurs épargnants, permet à tous de<br />
s’informer et d’améliorer sa prise de décision. « La jeune génération c’est :<br />
une question égale une réponse », explique Samy Ouardini.<br />
Pour être sur le coup, la jeune start-up a adopté une stratégie basée sur la<br />
communication. En plus des experts disponibles sur le chat en ligne ou par<br />
téléphone, les entrepreneurs ont fait le choix de mettre à disposition des<br />
simulateurs digitaux. Ils permettent d’estimer son niveau de <strong>retraite</strong>, de comparer<br />
les frais, de simuler la composition d’un portefeuille personnalisée, et tout cela<br />
gratuitement. Interactif et réaliste, le tandem met également à disposition des<br />
« fiches pédagogiques ». Elles abordent les sujets sur lesquels l’entreprise a reçu<br />
jusque-là, le plus de questions, et y ajoute quelques explications.<br />
La méthode semble payante, la jeune pousse comptabilise plus de 500 clients<br />
dont les portefeuilles sont compris entre 1 000 et 200 000 euros.<br />
23<br />
Lorsque les intervenants regardent de plus près, les besoins de ces jeunes ne<br />
sont pas si éloignés que ceux de leur clientèle patrimoniale actuelle. Le plus<br />
connu : la <strong>retraite</strong>, mais qu’en est-il de l’assurance vie ? Du choix du régime<br />
matrimonial ? De succession ?<br />
Des questions auxquelles la nouvelle génération reçoit peu de réponses.<br />
« Ils ont une vision assez pauvre de ce que nous pouvons leur proposer, pourtant<br />
nous avons beaucoup à apporter. C’est très surprenant de voir à quel point ils ont<br />
assimilé, par exemple, les frais mensuels appliqués sur une carte bancaire. Ce n’est<br />
pas le cas pour les nôtres », explique Tristan de la Fonchais.
3-3 LE MIEUX EST L’ENNEMI DU BIEN<br />
La récente plateforme s’organise autour d’une stratégie à étages. Elle propose à tous les profils<br />
d’épargnant des PER et de l’assurance vie. Pour certaines combinaisons, il est même possible<br />
d’accéder à des ETF et des SCPI. « Le fait de ne pas avoir trop de produits, participe à nos débuts<br />
satisfaisants », affirme l’un des fondateurs de Ramify. En revanche, les épargnants ayant un compte<br />
ouvert ont accès au marché du private equity, dont le venture capital et l’investissement au sein de start<br />
up. La crypto-monnaie peut également être incluse dans l’offre, à hauteur de 5%, rappellent les fondateurs.<br />
24
POURQUOI NE PAS PROPOSER DES NFT ÉGALEMENT ? MAIS NOUS<br />
N’EN SOMMES PAS ENCORE LÀ. C’EST UN DOMAINE EXTRÊMEMENT<br />
SPÉCULATIF. C’EST IMPORTANT DE REGARDER LE SUJET<br />
ATTENTIVEMENT. POUR LE MOMENT, C’EST D’ORES ET DÉJÀ UN<br />
AVANTAGE POUR NOUS D’ÊTRE PLACÉS SUR LES CRYPTO-MONNAIES<br />
ET LA BLOCKCHAIN<br />
SAMIR OUARDINI, CO-FONDATEUR DE RAMIFY<br />
À l’évocation des NFT et de la crypto-monnaie, un intervenant<br />
lance : « C’est de la non-valeur, rien n’est institutionnalisé, un jour<br />
ça va péter et à ce moment-là, ça va faire très mal ». Prudents, les<br />
acteurs de l’assurance maintiennent, jusqu’ici, leurs distances<br />
avec ce type de support, mais ne cachent pas leur curiosité<br />
face à ce marché.<br />
Les intervenants ont également émis l’idée de créer des<br />
produits dédiés à un certain type d’investisseur. Sous le<br />
modèle des produits RSE ou encore le Takaful, plusieurs<br />
d’entre eux se voient imaginer des supports spécifiquement<br />
distribués auprès des jeunes épargnants.<br />
La jeune pousse a opté pour une tactique classique pour, par<br />
la suite, se développer en fonction des tendances du marché<br />
et du profil de ses épargnants. Avec un menu d’épargne à la<br />
carte, des fiches pédagogiques et une transparence de conseil<br />
total, l’équipe de Ramify attire tous les profils et ne se ferme<br />
aucune porte. Est-ce que ce ne serait pas là, le début de la<br />
démocratisation de la gestion de patrimoine 2.0 ?<br />
25
4<br />
DÉMOCRATISER LA GESTION DE<br />
PATRIMOINE, QUEL MODÈLE DE<br />
RÉMUNÉRATION ?<br />
4-1 LES COMMISSIONS S’IMPOSENT HAUT LA MAIN<br />
DANS L’HEXAGONE<br />
La rémunération des intermédiaires continue d’alimenter les débats. En théorie, la France permet deux méthodes<br />
de rémunération, la commission et l’honoraire. En pratique, les acteurs tricolores se tournent majoritairement<br />
vers un modèle de rémunération sous forme de commissions. Un modèle qui, pour certains, est entré dans les<br />
mœurs.<br />
26
C’EST UNE QUESTION DE CULTURE. L’UNION EUROPÉENNE SOUHAITE<br />
UNIFIER LA RÉMUNÉRATION DU CONSEIL, MAIS JE PENSE QU’IL EST<br />
IMPORTANT DE RESPECTER LES CULTURES DE CHACUN. JE PENSE<br />
QU’IL EST IMPOSSIBLE AUJOURD’HUI EN FRANCE D’IMPOSER UNE<br />
RÉMUNÉRATION BASÉE SUR DES HONORAIRES.<br />
UN INTERVENANT<br />
Le sujet est d’autant plus pertinent dans une optique de démocratisation du<br />
conseil en gestion de patrimoine. De l’autre côté de la Manche, les anglosaxons<br />
ont opté pour une rémunération directe du client à l’intermédiaire, soit basée<br />
sur des honoraires.<br />
« En Angleterre, lorsqu’ils ont imposé la rémunération fixe, toute la partie basse de<br />
la gestion de patrimoine - les CGP qui traitaient les clients les moins aisés - ont<br />
disparu », argumente Serge Moreno, directeur marketing épargne et clientèle<br />
patrimoniale d’AG2R La Mondiale.<br />
27<br />
En opposition avec le Royaume-Uni, les Français ne semblent pas prêts à<br />
passer à ce système, surtout les portefeuilles les moins aisés. « Nous ne pouvons<br />
pas demander à un épargnant de payer 250 euros d’honoraires à l’ouverture d’un<br />
contrat, alors qu’il espère y déposer le même montant. Si nous voulons démocratiser<br />
la gestion de patrimoine, la rémunération par honoraire est difficile à justifier auprès<br />
du client », lance un intervenant.
28<br />
À<br />
l’image du groupe Premium, qui vient de créer<br />
un pôle CGP, le courtier repose l’entièreté<br />
de son modèle sur une rémunération par<br />
commissions. « Toutes les entités du groupe<br />
rémunèrent leurs intermédiaires grâce aux commissions. La<br />
démocratisation du service fait partie de l’ADN du groupe<br />
Premium et la rémunération via commissions est au sein<br />
même de la culture française », affirme le président du<br />
groupe.<br />
Les débats ne devraient pas en rester là, puisque le<br />
12 novembre dernier, l’Eiopa a lancé une enquête sur<br />
l’application de la DDA. L’initiative a enclenché ainsi la<br />
première étape de sa révision. L’occasion de relancer le<br />
débat sur les modes de rémunération des intermédiaires.
4-2 TARIFICATION VS DÉMOCRATISATION<br />
À<br />
vouloir trop en faire, on oublie d’assurer ses arrières.<br />
Un comble pour un intermédiaire d’assurance ? Quel<br />
que soit le modèle utilisé, il ne faut pas en oublier les<br />
raisons principales, la rémunération d’un service rendu.<br />
« Démocratisation ne rime pas avec gratuité », lance un<br />
intervenant.<br />
Alors qu’une majorité des acteurs tricolores se positionnent sur un<br />
modèle de rémunération basé sur les commissions, la concurrence se<br />
joue aussi au niveau de la tarification. « Il y a une trilogie assureur, manager,<br />
distributeur qui existe et au sein même de celle-ci, le client qui doit avoir son<br />
bénéfice », ajoute le directeur général adjoint du groupe Matmut.<br />
Le modèle de commission permet de motiver les intermédiaires et<br />
d’engranger un facteur de confiance chez le client. Accepter de payer<br />
des frais régulièrement est « un système gagnant-gagnant », d’après un<br />
intervenant. « Je défends ce système en tant qu’intermédiaire, mais aussi en<br />
tant que client. Les clients sont contents de savoir que si leurs placements<br />
sont rémunérateurs, la personne qui les a accompagnés, gagne également.<br />
C’est logique et je pense que ça optimise le niveau de conseil et surtout la<br />
confiance », commente Olivier Farouz, président du groupe Premium.<br />
Quasi indolore dans le secteur bancaire, les frais font grand bruit du côté<br />
des assureurs. Le sujet a été soulevé par le gouvernement qui a convenu<br />
avec la place un accord permettant aux clients une lecture plus claire de<br />
ces derniers. Avec transparence en maître mot, les assureurs peuvent<br />
se refaire une réputation. « À l’époque toutes les banques privées étaient<br />
paniquées de devoir dévoiler le montant des frais relevés. Ils craignaient la<br />
réaction des clients. Finalement, il ne s’est absolument rien passé », explique<br />
Serge Moreno.<br />
29
«<br />
Lorsque<br />
L’EXEMPLE DE LA VOITURE<br />
l’on achète une voiture, on paye un prix fixe pour<br />
ce véhicule. Mais ce bien il faut l’entretenir, le réparer,<br />
changer les pneus et tous ces frais, le propriétaire les<br />
accepte. Les consommateurs choisissent une marque<br />
plutôt qu’une autre, mais savons-nous vraiment si toutes les pièces ont été<br />
correctement construites ? Est-ce qu’on est certain de la fiabilité des moteurs<br />
? On se souvient tous de Volkswagen. C’est la même chose pour les produits<br />
financiers, ils vivent. Les taux montent et descendent, ça fait partie des choses<br />
qui sont inhérentes à un produit financier », lance un intervenant.<br />
30
31
4-3 LOIN DES YEUX, MAIS PRÈS DU COEUR<br />
À<br />
l’arrêt forcé durant la crise sanitaire, les conseillers en gestion de patrimoine ont dû jouer des tours pour<br />
garder le lien avec leurs clients. Ils ont été plusieurs à mettre en place la possibilité de s’adresser à son<br />
conseiller à distance, ce qui a évité les déplacements et, théoriquement, a réduit les coûts. Une piste pour<br />
démocratiser la gestion de patrimoine ?<br />
« En mars 2020, 100% de nos contrats étaient souscrits en présence des deux parties, le conseiller et le client. On a dû s’adapter<br />
et mettre en place des systèmes de signature électronique pour continuer à produire de nouveaux contrats », explique Olivier<br />
Farouz.<br />
Depuis, le groupe applique des frais d’entrée à 1,5%, contre 4,95% avant la crise sanitaire.<br />
32<br />
LA PART D’ENTRETIENS PHYSIQUES EST PASSÉE<br />
DE 0%, DURANT LA CRISE SANITAIRE, À 70%<br />
POST-PANDÉMIE<br />
PRÉCISE UN PARTICIPANT
Néanmoins, la situation allant en s’améliorant, les conseillers sont remontés en voiture.<br />
Le président du groupe Premium affirme que les entretiens physiques sont passés de 0%,<br />
durant la crise sanitaire, à 70% post-pandémie.<br />
« Le CGP indépendant n’est pas concerné puisqu’il n’est pas rémunéré par le groupe. En<br />
revanche, le commercial a compris qu’il allait vendre plus de contrats grâce à la visio et aux<br />
nouvelles pratiques. En baissant les tarifs, le client qui mettait initialement 200 euros sur son<br />
contrat allait maintenant être tenté de mettre 400 euros. Le commercial a compris qu’en valeur<br />
absolue, il allait vendre autant, voir plus qu’avant. Cependant en pourcentage il aura moins,<br />
parce qu’il faut baisser la rémunération des distributeurs si on baisse les frais », explique le<br />
président du groupe Premium.<br />
Dans un premier temps attirés par cette nouvelle méthode de vente, les intermédiaires<br />
ont alors pu voir l’approche à distance comme une opportunité. Il en était de même pour<br />
les clients. Est-ce là, une preuve que la gestion de patrimoine peut être démocratisée si<br />
l’on renonce à la rencontre physique, qui coûte du temps et de l’argent ?<br />
« Le full digital en gestion de patrimoine, ça ne marche pas. Les acteurs sur ce marché qui sont<br />
à 100% en digital, ont tout de même leurs CGP prêts à répondre au téléphone à n’importe<br />
quel moment de la journée. Les clients ont besoin d’un conseil avisé. Notre culture n’est pas la<br />
même qu’en Allemagne ou en Angleterre. Les Français n’ont pas le même rapport à l’argent que<br />
les autres. Ils ont toujours le sentiment que l’assureur va le voler. Alors, si les conseillers ne se<br />
déplacent pas, ils auront du mal à conclure des affaires », conclut un participant.<br />
33<br />
UNE RELATION DE CONFIANCE PASSE-T-ELLE ALORS<br />
OBLIGATOIREMENT PAR DES INTERACTIONS PHYSIQUES ? LA<br />
FIDÉLISATION ET L’ACCOMPAGNEMENT NE SONT-ILS PAS PAR<br />
DÉFINITION DES ACTIONS QUI NE PEUVENT SE FAIRE PAR ÉCRANS<br />
INTERPOSÉS ?<br />
UN PARTICIPANT AU CLUB
CONTRIBUTEURS<br />
TALAN CONSULTING<br />
LEITH BEN AYED<br />
JEAN-FRANÇOIS DUQUÉROIX<br />
PMP<br />
RHALID BOUAKHRIS<br />
GROUPE VYV<br />
GAËLLE GAUDICHEAU<br />
L’EXPERT<br />
SERGE MORENO<br />
DIRECTEUR MARKETING ÉPARGNE ET CLIENTÈLE<br />
PATRIMOINE CHEZ AG2R LA MONDIALE<br />
34<br />
AG2R LA MONDIALE<br />
PHILIPPE GIRAUDEAU<br />
UNALIS MUTUELLES<br />
ALYA KOROGHLI<br />
ALLIANZ<br />
NICOLAS PRONIER<br />
STRADA CONSEIL<br />
DENIS PLANCONNEAU<br />
L’ANIMATEUR<br />
FLORIAN DELAMBILY<br />
RÉDACTEUR EN CHEF<br />
DE NEWS ASSURANCES PRO<br />
AGEA<br />
BENJAMIN PROUX<br />
ODYSSEY CONSULTING<br />
RÉMI SEGOIN<br />
L’ANIMATRICE<br />
MATHILDE CASTAGNA<br />
JOURNALISTE DE NEWS ASSURANCES PRO
SAISON 2022-2023<br />
FIL ROUGE :<br />
QUELLES OPPORTUNITÉS EN MATIÈRE D’ÉARGNE SALARIALE<br />
AGENDA<br />
NOV<br />
FÉV<br />
MAI<br />
PARRAINÉ PAR<br />
THÉMATIQUE DÉVOILÉE AU MASTER CLUB<br />
THÉMATIQUE DÉVOILÉE AU MASTER CLUB<br />
THÉMATIQUE DÉVOILÉE AU MASTER CLUB<br />
*Les dates sont suceptibles d’être modifiées<br />
35<br />
TRISTAN DE LA FONCHAIS<br />
DIRECTEUR GÉNÉRAL ADJOINT DE<br />
MATMUT<br />
GUILLAUME PIERRON<br />
DIRECTEUR GÉNÉRAL ADJOINT<br />
DE GROUPAMA GAN VIE
ÉDITION 2022