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ALBD
REPÈRES SUR LES BANEN
DU CAMEROUN
Association livre banen et
développement
REPÈRES SUR LES BANEN
DU CAMEROUN
Saisie : Ekama André, Noumi Patricia, Sabeyam Adeline, Ngo Baleng
Monique, Diboua Paul Bienvenu, Solhel Boumssong Emmanuel.
Relecture : Prof Ndedi Alain, Makan 2 Samuel, Oloumou Francis, Bitouk
Paul, Behalal Jean Marc
Copyright © 2021 Collection d’auteurs
Tous droits réservés.
ISBN :
Carte de l’Afrique
Cameroun, pays d’Afrique central
9
Carte du Cameroun
Territoire Banen du Cameroun
10
Carte du pays banen
11
« Notre histoire des Banen ressemble à un véhicule fabriqué avec des
pièces venant de différents pays ».
Mbendé Luc
« Félicitation au Comité du Livre Banen COLIBA et à tous les
participants. Le travail ne vient que de commencer. C’est un travail de
longue haleine où la précipitation n’aura pas de place »
Sabehiam Michel
« D’où viendrait donc le nom Munen ? Le terme Munen qui inspire la
dignité, la noblesse, est souvent attribué au Bassa pour qualifier les Banen.
Cependant, ce mot n’existe pas en langue Bassa. Et puis, comment nous
appelions-nous avant que nos voisins ne nous « qualifiassent » de Munen ?
Cette contradiction devrait être levée. Nous existons bien avant le
rapprochement avec ce peuple et le terme ne saurait venir que de nousmêmes.
Le mot Nέn ou Nὲn étymologiquement renvoie à au moins deux verbes :
1. όnὲn / ùnὲn = bercer, cajoler ;
2. όnὲn en Tuéling = laisser, libérer.
Dans l’un des deux cas, il apparait l’idée de délicatesse, de dignité, de
quelque chose de précieux. »
Oloumou Francis
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REMERCIEMENTS :
À vous, dignes filles et fils banen ou non, qui de près ou de loin, avez
contribué à la rédaction de cet ouvrage sur le peuple banen.
À tous ceux et celles qui y ont apporté leurs idées pour l’écriture de cet
ouvrage.
Comment oublier ceux et celles qui nous ont précédés dans ce délicat, mais
ô combien exaltant travail de rédaction de notre richesse plurielle ?
De ce fait, nous rendons un vibrant hommage à Mme Idelette Dugast,
ethnologue française, qui a abondamment écrit non seulement sur toutes les
ethnies du Cameroun français, mais particulièrement sur l’ethnie banen.
Nos sincères remerciements s’adressent également aux imminents
écrivains camerounais : Pr Bahoken Jean Calvin, Dr Mahend Bitind Pierre,
Pr Mboui Joseph, Pr Engelbert Mveng et les autres … pour leurs
importantes contributions à travers leurs publications, à la pérennisation de
l’histoire du peuple banen.
À travers leurs œuvres, chacun de ces illustres précurseurs a contribué à
baliser notre chemin actuel et surtout à nous aider à léguer à la postérité
notre modeste contribution sur la richesse du peuple banen.
Nous tenons à remercier pour leur soutien au livre banen : honorable
Moth Samuel Dieudonné, SM Engal Joseph, SM Mouyenga Valentin, SM
Nomale et Le Canton Etoundou.
13
AVANT-PROPOS :
Comme beaucoup ont écrit à leur niveau l’histoire du Munen, nous, dignes
filles et fils banen avons eu l'idée d’exploiter ces œuvres et d'en tirer
l'essentiel pour y ajouter nos connaissances reçues afin de récrire un livre
parlant du Munen dans son ensemble. Il s'agit de retracer notre patrimoine
culturel et social, de connaître nos origines et si possible, d’identifier les
ancêtres de tous les Banen qui peuplent les quatre arrondissements : Yingui,
Nitoukou, Ndikiniméki, Makénéné. Pour y arriver nous nous sommes
documentés et rapprochés des aînés et des autres personnes susceptibles de
nous donner des informations fiables, des témoignages, afin de procéder à
leur transcription et de pérenniser par l’écrit, la transmission orale de notre
histoire.
Parler de la genèse des Banen sur la base des histoires contées, des
témoignages, des travaux scientifiques menés par Mme Dugast, Mahend,
Bahoken, des documents administratifs et autres est fondamental. Ce sont
des sources fiables, et les éléments clés que nos recherches fourniront nous
permettront d'enrichir la communauté banen d'un livre miroir et identitaire.
Si nos chefferies avaient des conteurs, ils nous aideraient à coup sûr à
écrire notre œuvre, mais de nos jours, il est difficile de trouver des anciens
qui maitrisent la tradition.
Sociologiquement et malgré tout, les Banen constituent un groupe
homogène qui n’est séparé d’aucun autre groupe ethnique. Pour des enjeux
politiques d’organisation et de réorganisation du territoire, le peuple banen
depuis les années 1930, connait une fragmentation de son territoire en
termes soit de création de nouvelles unités administratives, soit de
rattachement à telle ou telle unité administrative d’envergure.
15
Dans une perspective à retrouver une diaspora banen aussi bien au
Cameroun que dans le monde, les recherches ont révélé qu’il existe en Sierra
Leone une communauté qui parle le hinen (langage du Munen) dans la
localité de Regent. Les nombreuses migrations et l’histoire de l’humanité
marquée par ailleurs par la période de l’esclavage et autres déportations
relatives à la période coloniale que le continent africain a connu sont les
sources de cette disparité.
La genèse du livre banen remonte à une histoire de défi d’unir autour d’un
projet de livre les Banen. Tout est parti d’un échange sur les échecs que la
communauté cumule lorsqu’elle essaye de se réunir. Il est donc apparu
évident que parler de son histoire aura un autre effet, car chaque Banen
souhaite la connaître et se l’approprier.
Le projet a débuté par la création de la plateforme WhatsApp dénommée
« Livre banen » le 05 août 2021. Très vite, la plateforme est passée d’une
dizaine à une trentaine de membres et aujourd’hui elle en compte une
centaine. Des discussions, analyses et débats s’organisent régulièrement
autour de nombreux sujets sur l’histoire, le territoire, la culture du peuple
banen. Le comité du livre banen (COLIBA) a été créé et a organisé une
première rencontre physique à laquelle avait pris part une quinzaine de
personnes. Ce fut un événement marquant et très riche à travers des apports
et des propositions multiformes au foyer Bifeyi à Douala.
Le projet est aujourd’hui soutenu par l’Association livre banen et
développement ALBD.
Ne dit-on pas en Tunen :
« Mókata umótè iya nifue olok? »
À traduire par : Une seule main ne peut attacher un paquet.
16
INTRODUCTION :
Le monde est désormais un village planétaire. Un lieu de rencontre entre
cultures et civilisations. Un lieu où moult opportunités s’offrent à chacun.
Un monde dans lequel plusieurs portes sont ouvertes. Et dans ce labyrinthe,
nous avons besoin d’un fil d’Ariane comme repère pour ne pas nous égarer,
pour ne pas louper nos objectifs, nos missions. Il faut trouver la bonne
orientation de notre parcours, savoir où l’on va. Il faut pouvoir s’unir à ceux
avec qui l’on partage un héritage commun pour mieux le sauvegarder. Cette
démarche nécessite la connaissance de nos racines, de l’arbre duquel nous
procédons, de notre identité culturelle.
C’est fort de ces préoccupations que les Banen, peuple du Cameroun, pays
d’Afrique centrale, ont entrepris de retourner sur les traces du passé, d’écrire
leur histoire et de condenser leur héritage culturel et patrimonial dans des
documents.
Le peuple a le souci de retracer son histoire et de la transcrire, afin que
les écrits restent, pendant que l’oralité qui la soutenait jadis se noie avec le
départ des anciens de notre terre des vivants. Le livre prévu pour être écrit
en plusieurs tomes est destiné aussi bien aux générations présentes que
futures.
C’est dans cet esprit que les auteurs tous ou presque ressortissants des
Arrondissements de Yingui, Ndikiniméki, Makénéné parlant tous la langue
Tunen et de culture Banen, se sont constitués en un collectif d’auteurs pour
la rédaction du présent ouvrage tout en profitant des atouts qu’offrent les
nouvelles technologies de l’information et de la communication (N.T.I.C)
pour la collecte des données, d’informations à travers les échanges
permanentes partant de l’utilisation des Réseaux sociaux.
La collecte des données et d’informations ne s’est pas limitée aux seuls
avis et témoignages. Elle s’est également abreuvée d’autres sources
17
notamment des archives issues des correspondances administratives, des
chroniques et des études autant que des travaux d’éminents chercheurs tels
que : Dugast, (I.) Mveng, (E.) Mahend-Bitind, (P-L) et Bahoken, (J-C),
Farelly, M.), etc. qui sont nos dévanciers.
Notre volonté à reconstituer l’histoire et l’ensemble du patrimoine du
peuple Banen nous a conduit à aborder de fort belle manière et sans réserve
ni pudeur, l’essentiel des aspects historiques, géographiques,
socioanthropologique, etc., notre vécu et notre mode de vie. C’est ainsi qu’un
accent a été mis sur la genèse de notre peuple, les différents mouvements
migratoires qui ont précédé l’occupation et l’installation de chaque entité
tribale sur le territoire actuel.
Véritable travail introductif, ce livre est un condensé du pays Banen dont
il présente le relief, le climat, la végétation et d’autres aspects de la
géographie physique. Des facteurs qui ont influencé son installation dans la
région, les habitudes socioculturelles et alimentaires, la vie en communauté.
Le livre dévoile l’organisation sociale et administrative tant précoloniale que
postcoloniale. Il n’omet pas d’aborder la douloureuse période de la guerre
d’indépendance qui a vu des villages entiers vidés de leurs populations qui
ont été forcées à l’exil interne et réduites à l’errance par une administration
postcoloniale qui a la mémoire très courte au point qu’il oublie jusqu’à ses
propres engagements.
L’organisation sociale et culturelle y occupe une bonne place notamment
pour ce qui concerne les us et coutumes, les rites d’expiation et de
conjuration du mal ; bref la cosmogonie banen y est évoquée avec les concepts
liés à la femme, à la naissance et à la place de l’enfant dans la famille et à la
symbolique des patronymes.
Une place de choix est donnée à la langue et à ses variantes dialectales
autant qu’à l’art culinaire.
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I - PRESENTATION DU PEUPLE BANEN ET SON
TERRITOIRE :
Le mot « Banen » est le pluriel de « Munen » qui signifie le noble, le riche,
spirituellement, (c´est-à-dire honnête), matériellement et moralement.
Jaloux de son indépendance et de sa dignité, chaque Munen aimait se
percher sur sa petite colline, où il était le seul chef. Cette mentalité ou
attitude culturelle distinctive a contraint les autres peuples à considérer
chacun d’eux comme un Ifeyu c´est-à-dire « un homme Libre ». C’est un
groupe homogène qui n’est séparé par aucun autre groupe ethnique.
1. Le peuple banen : description et caractéristiques :
a) Description :
Les Banen sont un groupe ethnique bantou du Cameroun qu’on retrouve
originellement dans les régions administratives du Centre et du Littoral
respectivement dans les Départements du Mbam et Inoubou et celui du
Nkam. Singulièrement, ils sont originaires des arrondissements et des
communes éponymes de Ndikiniméki, Nitoukou, Makénéné et Kon-
Yambette dans la région du Centre d’une part et celui de Yingui dans la
région du Littoral d’autre part. Outre cette division issue d’une volonté
politique des autorités administratives, les Banen sont un peuple homogène
qui a en partage, le même patrimoine historique, le même espace
géographique, les mêmes us et coutumes et parlent la langue tunen (tùnǝn).
Banen est la forme plurielle de Munen qui signifie gentilhomme, noble.
Selon certaines (sources ou écrits) documents, le nom Munen leur aurait été
donné par leurs voisins les Bassa, du fait de leur comportement de noblesse,
d’opiniâtreté, d’incorruptibilité. Toutefois, il se trouve que certains Banen
refutent cette thèse et estiment que le terme qui inspire autant d’attitudes
et de caractères vertueux ne peut venir d’un peuple à la rivalité connue pour
qui l’autre n’est que valet et objet de stéréotypes négatifs. En revanche pour
19
les tenants de la thèse contraire, il n’existe pas de mot bassa qui signifie
Munen.
Certes dans la Monographie des Bassa, écrite par le Prof. Jean Marcel
Wougnou, on y trouve le mot lok bagwen pour qualifier les Banen. Le village
exact où l’attribution du nom s’est produite, c’est Esseng, entre Mahonda et
Ngambé. Et c’est un village à cheval entre les Banen (Lognanga) et les
Babimbi de Ngambé.
Le village Esseng se trouve à la fin de la montée de Kang, après Ngambé
et avant le village Botbea, siège de la chefferie supérieure Ndokmakoumak.
Les Banen sont un peuple ancien du Cameroun, ils sont plus anciens que
tous leurs voisins. Ils se sont installés sur des terres vacantes et les ont
occupées autant qu’ils ont pu. C'est pourquoi ils bénéficient d'un très grand
et riche territoire en rapport avec leur population. On retrouve les traces du
passage du peuple banen dans la grotte de Ngog Lituba et dans la vallée du
Noun.
Les récits des faits anciens en rapport avec leurs habitats portent à croire
que ceux-ci ressemblaient à tout point de vue à ceux des premiers occupants
de la forêt avec quelques améliorations dans son architecture. Les cases de
formes rectangulaires étaient construites en utilisant les matériaux tirés de
la forêt tels : les piquets de bois, les écorces d’arbres, les lianes, les feuilles
et/ou la terre. Les constructions ne présentent pas de modèle savane dont
les cases sont en pisées et les murs ronds, sont faits en terre battue. Les
Banen seraient donc un peuple de la forêt.
Les activités économiques traditionnelles pratiquées en pays banen sont
diversifiées et pour l’essentiel, elles sont de type agropastoral.
b) Caractéristiques :
Du fait de la division de leur territoire sur le plan administratif, on a
tendance à distinguer les Banen suivant qu’ils sont de la Région du Centre
20
ou de celle du Littoral. C’est ainsi que trivialement parce qu’ils sont
rattachés au Département du Mbam et Inoubou on dira des Banen
ressortissants des arrondissements ou communes soit de Ndikinimeki,
Nitoukou, Makénéné ou de Kon-Yambetta qu’ils sont ‘’Mbamois’’ ; un
qualificatif qu’ils ont hérité du temps de l’ancien Département du Mbam
aujourd’hui subdivisé en Mbam et Inoubou et Mbam et Kim. Et ceux qui sont
rattachés au Département du Nkam sont appelés ‘’Nkamois’’ du fait qu’ils
sont dans l’arrondissement ou commune de Yingui.
Sur le plan anthropomorphiueique, les études de la réalité ethnique
somatique sur la morphologie de l’organisme humain des Banen telles que
menées par le Dr Georges Olivier en 1945 repris par Dugast, I. (1955, 43)
qui indiquent dans ses conclusions que : « les Banen sont des Noirs
intermédiaires entre les noirs de la savane dits soudaniens et les Noirs de la
forêt dits bantu. Ils forment un groupe ethnique homogène, les mensurations
ne présentant pas de grands écarts. Par rapport à leurs voisins Ewondo, ils
sont un peu plus près du type sylvestre», font état de ce qu’il n’y ait pas de
doute que les Banen tout comme les Bassa de Jean-Marcel Eugène Wognou
(2010 ; 14) soient aussi logés dans le groupe des mésocéphales dont l’indice
varie de 75 à 79,9.
L’autre aspect qui caractérise les banen est que malgré les stéréotypes que
ce genre de description a tendance à engendrer, il est néanmoins de bon ton
de constater que les Banen de façon générale, donnent l’impression d’être
des gens de taille moyenne soit 1,58 m pour les femmes et 1,69 m pour les
hommes avec une envergure qui oscille respectivement entre 1,64 m et
1,81 m. Ils sont chiquement forts et robustes.
- L’appartenance au peuple banen serait-elle acquise par
l’occupation territoriale ?
On trouve des Banen établis dans d’autres départements et localités du
Cameroun. On les rencontre en grand nombre dans les départements du
21
Wouri en l’occurrence dans la ville Douala et ses environs (Bonadibong,
Bépanda omnisport, Bassa entre PK10 et PK 21), dans le Moungo à Loum
Chantier, Manéngolè, Mbanga, etc., dans la Sanaga Maritime à Edéa et ses
environs et même dans d’autres villes et localités plus éloignées de leur
territoire naturel à l’instar de Mbalmayo et d’Ebolowa.
Du fait des migrations internes engendrées par des raisons aussi bien
éconmiques que politiques, ils ont colonisé certaines de ces localités où ils
sont quasiment devenus autochtones de fait. C’est le cas dans les localités
comme Loum chantier dans le Moungo, Bonepoupa jusqu’à Tondè dans le
Nkam, les quartiers PK 10 à PK 21, Bonadibong et Mboppi dans la ville de
Douala, Oyak et Obek à Mbalmayo ou Newtown à Ebolowa.
On ne saurait conclure que l’appartenance au peuple banen est acquise
par l’occupation territoriale.
- L’appartenance à cette ethnie proviendrait-elle de la langue
parlée ?
L’un des marqueurs de l’identité culturelle d’un peuple, c’est sa langue ;
l’homogénéité de celle-ci est un adjuvant de son dynamisme et sa capacité à
résister à l’érosion du temps qui passe. En dehors d’être un simple outil de
communication entre ses utilisateurs, la langue est un instrument
fondamental de la matérialité de l’existence et de la vitalité de la culture
d’un peuple.
La langue des Banen a plusieurs variantes et a des similitudes avec les
langues dites Bantou. Étant donné que les langues subissent des influences
suites aux rapprochements géographiques, une analyse dans ce sens
produirait des résultats limités.
On ne saurait conclure que l’appartenance à cette ethnie provient de la
langue parlée.
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- Les Banen seraient-ils les descendants d’un ancêtre commun ?
Les pionniers de l’écriture de l’histoire des Banen n’ont pas ressorti
l’origine des Banen à partir d’un ancêtre commun. Ils n’ont pas nié non plus
l’existence d’un tel individu. Ce d’autant plus que s’il y a un enfant, il doit
avoir un parent. À cet effet, certains évoquent le nom de Mbol (Mbɔ̀nɔ̀) qui a
été identifié comme étant l'ancêtre de certains groupes notamment des Eling
(Əliŋ) et des Itundou (Itùnd) mais pas de tous les groupes. Or le peuple banen
est constitué de plusieurs groupes. Concomitamment, ce Mbol (Mbɔ̀nɔ̀) doit
avoir également eu une relation avec les Bafia de Kiiki, les Yambassa et les
Lémandé. Nulle part on ne dit qu’il est l’ancêtre commun de tous les Banen.
L’étude des mouvements migratoires de chaque groupe révèle qu’il y a un
ancêtre commun des Banen qui n’est ni Bambona ni Mbol (Mbɔ̀nɔ̀).
Quand on étudie les généalogies, elles s’arrêtent à un nom. Mais il arrive
quelquefois qu’on retrouve deux ou trois groupes qu’on peut greffer à ce nomlà.
On a par exemple :
Tous les historiens qui se sont intéressés à l’histoire des Banen se sont
accordés sur le fait que comme dans toutes les familles humaines, qui
présente toutes les caractéristiques d’homogénéité telles que présentées
supra, le peuple Banen a aussi ancêtre commun. La difficulté c’est qu’ils
butent à décliner son identité à cause de la multiplicité des sources qui
parfois se jettent en conjectures dans leurs récits et se limitent pour la
plupart à réduire l’histoire de ce peuple qu’à l’épopée de l’invasion de la
vallée du Noun, leur véritable dernier lieu de chute connu après les
migrations de l’époque des empires Kouchites et Méroétiques d’où partirent
l’essentiel des populations Khamits jusqu’à leur chute sur les bords du Noun
d’où ils seraient chassés par les Bamoum.
Dans son livre Du Bantou actuel aux sources adamiques Éditions
MILI 2022, d’abord paru sous le titre de Retour du fils intrépide aux
23
sources natales, le Doyen Mbende Luc attribue l’origine des Banen à un
ancêtre commun. Selon lui, certaines généalogies étaient très bien suivies et
à dessein, parce qu'il fallait trouver d'où sortirait le libérateur de l'humanité
tout entière.
« De la plaine de Shinéar, nous avons reçu notre nom et nous sommes
devenus un peuple à travers la langue que nous parlons jusqu’à nos jours.
Le Seigneur a guidé les pas de ce premier homme qui a mené les siens vers
les terres de prédilection sous sa protection comme il l’a fait pour les autres.
Vers le crépuscule de ses jours, il a nommé Outoukou comme le chef de son
peuple. Outoukou a évité un affrontement avec les gens qui avançaient,
montés sur les animaux, armés de lances et de flèches. Il vit cela dans un
présage ».
Voici le nom de chaque fils de Outoukou et sa descendance :
— Bile fils de Outoukou de qui descendent tout Indikibaňolo (Inoubou
Sud) ;
— Boumek fils de Outoukou de qui descend Nanga Boumek
(Indikinangna) ;
— Aling fils de Outoukou de qui descendent Nitoukou et ses environs ;
— Toun fils de Outoukou de qui descendent les (Indikitouna) ;
— Somo fils de qui descendent les Ndiki ;
— Ihile fils de Outoukou de qui descendent Bessem et Biakat :
Outoukou diminutif d’Outoukoune (qui veut dire finaliser une œuvre,
l’achever).
Certains événements ont permis de changer certains noms. Par exemple :
de Hambala 3 e fils de Biakat en Balemb. Le chef du clan Keul en Koub.
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Dans l’histoire, apparait le nom Outoukou, sortant du grand clan de
Munen. De lui naquirent les enfants comme Bile-Boumek-Toun-Hile-Somo-
Aling. C’est bien par ces valeureux fils que le peuple Banen actuel vit le jour.
Selon le Professeur Dolissane Ebossé, chef du département de langues et
civilisations africaines de l’Université de Yaoundé 1 : « La position du
Cameroun est une position essentiellement migratoire. Il n'y a pas de peuple
véritablement autochtone. En revanche, il y a un peuple qui se retrouve chez
plusieurs autres peuples, c'est le Bassa Ces histoires méritent d'être
acceptées ».
2. Territoire banen et ses limites avec ses voisins :
Le territoire banen existe depuis des siècles, bien avant la colonisation.
Les populations banen sont installées dans deux départements :
Ndikiniméki, Makénéné, Nitoukou dans le département du Mbam et
Inoubou, et Yingui dans le département du Nkam.
Le pays banen couvre une superficie relativement vaste de 4 900 km².
Ce vaste ensemble est aujourd’hui reparti dans le Mbam et Inoubou et
dans le Nkam et composé de l’arrondissement de Makénéné à l’ouest par
l’arrondissement de Yingui, au sud par Ngambè et Yingui. À l’Est par les
arrondissements de Ndom, Bokito, Nitoukou et Kon Yambetta.
Le territoire des Banen avec les Nyokon inclus est délimité :
- à l’est, au sud et au sud-est par le pays bassa ;
- au nord-est par le pays lémandé et yambetta ;
- au nord par la rivière Noun ;
- à l’ouest par le pays bandem ;
- au nord-ouest par le pays bamiléké.
25
a) Territoire des Banen du Mbam :
Le pays banen dans le Mbam est limité au nord par les Nyokon, au nordouest
par les Bandem, et au nord-est par les Bassa et à l’Est par les
Yambetta, Lemandé, Yambassa et Bafia.
La commune de Ndikiniméki est peuplée des Banen. Au centre, on
retrouve les bamilékés, les Bamoun, les Haoussa, Etc. La population est
estimée à plus de 49650 hts sur une superficie de 1650 km2.
Les Ndiki vivent sur la rivière Inoubou, le long de l’axe routier
Ndikiniméki –Makénéné, les Itoundu le long de la route Ndikiniméki – Bafia
les Ndikoko sur la rivière Manouy ; les Eling le long de la rivière Nitoukou.
Le peuple banen occupe trois arrondissements dans le département du
Mbam et Inoubou qui sont : Nitoukou, Ndikimiméki et Makénéné.
26
- Relief de la partie des Banen dans le Mbam :
Dans cette partie, le relief est très varié. Il est constitué de surfaces plates
et de plateaux arrondis. On y trouve également des collines avec des
sommets rocheux et de vallons ; des montagnes aux pentes raides et des
vallées. Le quartier administratif par exemple se trouve sur un flanc de la
colline Bougnoumbang.
Les sommets les plus élevés sont :
- Oundiogon au Sud de Ndikiniméki ;
- Nekond à l’Ouest de Ndikiniméki.
Les collines Nekond ou Ndekeletang sont hautes de plus de 1000 m.
Mambalambanda s’élève à 1000 m. C'est là qu’un capitaine de l’armée
allemande déterrait la poudre à canon et acheminait la cargaison par le
fleuve Dibamba vers 1909.
Mananga Mangoyo peut facilement atteindre 1400 m avec ses pentes
abruptes.
Mussokè est à la limite avec les Indiknimben (Sanaga maritime) au lieudit
Ekonde kounde.
Dans la partie sud de Mambeala communément appelée Balemb, nous
avons Oma wu Nomena avec ses sommets, Hioŋó Ndoue où est situé
Mussokè (l’arbre qui parle), qui peuvent atteindre 1200 m.
L’autre sommet de Mussokè est situé dans le même territoire de Mambala
communément appelé Balemb.
Mont Yafa qui se trouve dans le village Ndoukbissoung dans
l’arrondissement de Nitoukou s’élève à 950 m.
Dans la partie des Banen du Mbam, on trouve également des sommets
tels que :
27
- Le plateau de Ndikiniméki qui s’élève à une altitude de 850 m ;
- Le plateau Banen constitue un étage intermédiaire entre les périphéries
qui s’étagent de 600 à 1200 m ;
- Le bassin de la Makombé est séparé de ces régions par une rupture de
pente.
- Oun diogon au Sud de Ndikiniméki ;
- Nekond à l’Ouest de Ndikiniméki.
La région abrite également des sommets, pas très élevés comme
Bougnomong, Engondopal, oma wu tupok, etc.
- Climat et végétation de la partie des Banen dans le Mbam :
Le climat du Mbam-et-Inoubou est du type équatorial guinéen. Il est
réparti en quatre saisons :
- Une grande saison sèche de décembre à mi-mars ;
- Une petite saison de pluies de mi-mars à juin ;
- Une petite saison sèche de mi-juin à août ;
- Une grande saison de pluies de septembre à novembre.
La végétation dans cette partie des Banen du Mbam est constituée en
grande partie de la forêt dans l’arrondissement de Ndikiniméki, de la savane
et de la steppe dans les arrondissements de Nitoukou et de Makénéné.
28
Arrondissement de Nitoukou
b) Territoire des Banen dans l’arrondissement de Yingui :
29
L’arrondissement de Yingui est limité au nord par le nord Makombé, au
Nord-est par Ndikiniméki, au sud et à l’ouest par Yabassi, à l’est par
Ngambè.
Nebo’o ou Ebo’o pour certains est un cours d’eau et non une forêt en amont.
Il délimite Indihambala et Indikbalemb dans l’Arrondissement de Yingui à
son côté droit, le côté gauche est l’Arrondissement de Yabassi au Sud-ouest.
- Relief dans l’arrondissement de Yingui :
Le relief dans l’Arrondissement de Yingui est assez original et très
accidenté surtout dans sa partie nord qui est faite de collines et de plateaux
surélevés avec des vallées pas très creuses. L’accès est rendu difficile par ce
relief. La zone est presque impraticable en saison de pluies. Au Sud
cependant, le relief est constitué de prairies et de plateaux.
La partie des Banen du Nkam dans l’arrondissement de Yingui a l’un des
sommets les plus hauts chez les Banen (1300 m) Oma wo Buea à Messeng.
L’Arrondissement de Yingui est situé dans la zone de transition entre le
plateau sud camerounais qui couvre la plus grande partie de sa superficie,
l’extrême avancée des plaines littorales et la retombée méridionale des
Hauts-plateaux de l’Ouest.
- Climat et végétation dans l’arrondissement de Yingui :
La région du Nkam subit l’influence de deux types de climats :
Le climat équatorial et la mousson de la côte.
Il est subdivisé en quatre saisons : deux saisons sèches, deux saisons de
plies.
Le Nkam est une zone de contact forêt-savane. Il abrite une grande forêt.
On y trouve des éléphants, des antilopes, des buffles, des gorilles, des
chimpanzés, des singes, etc. et plusieurs cours d’eau.
30
- L’hydrographie :
Le réseau hydrographique est très dense dans la partie sud qui est
traversée par plusieurs cours d’eau. On a les rivières Molo, Inoubou,
Bessaben, Madjang, Nihep, Makombé et Kiakan.
Les principaux cours d’eau sont : Benonoli, Dibamba, Han, Loglongo,
Makombé, Mako, Massouk, Nébo, Nekem, Nibouem, Nikeng, Nouye. Ces
rivières se jettent dans les fleuves Nkam, Dibamba ou Sanaga.
Uhana, Makoa, Iboti (cours d’eau) où se trouve le regroupement qui porte
son nom. Nouyeu, Moussacka, Ngomengoas, Chefferie Indikebiene (3 Chefs).
Notez en passant que tous ces cours d’eau énumérés par chefferies y sont
jusqu’à présent.
Arrondissement de Yingui
31
II- ORIGINES DU PEUPLE BANEN :
L‘origine du peuple Banen remonterait à l’époque de Noé après le déluge,
selon Luc Mbende dans son ouvrage Du Bantou actuel aux sources
adamiques. « Le Munen ne saurait être une sous entité. Son déplacement
résidait dans la main puissante de Kolo, Dieu, comme tous les autres
peuples, jusqu’à l’arrivée dans son lieu de prédilection ».
À l’origine, le peuple Banen est Néo Soudanais. Il a connu beaucoup de
migrations dans le passé. Les Banen se sont installés sur leur territoire
actuel par occupation et par vagues migratoires.
Les origines réelles du peuple Banen, remontent, comme pour la plupart
des peuples bantoïdes et bantous, tels que les Bassa et Bassô entre autres à
la vallée du Nil.
Les différents peuples d’Afrique et le Peuple banen étaient installés il y a
bien longtemps de cela en Haute Egypte. Le déboisement des forêts ayant
entrainé la sècheresse et la desrtification, les peuples s’étaient trouvés
contraints de migrer vers d’autres espaces propices à leur subsitance. Ils
s’étaient installés au bord du Nil qui présentait un environnement favorable
pour la chasse, la cueillette, la pêche, l’élevage, l’agriculture.
L’accroissement de la population au bord du Nil avait entrainé une
exploitation abusive des ressources naturelles, ce qui y entraina la
déforestation et la déshertification. Les peuples s’étaient une fois de plus
trouvés contraints de migrer vers d’autres lieux pour assurer leur
subsistance. Ils se déplaçaient par familles, vers un lieu qui serait une terre
de prédilection. Le Peuple des Banen était alors descendu par migrations
successives dans la grande forêt équatoriale en trois branches :
Une branche descendit le long de la vallée du Rift, jusqu’en Afrique
australe. On retrouve leurs traces au Kenya, Burundi, Rwanda, dont les
langues semblent se rapprocher du tunen (du moins phonétiquement) et
33
même en Afrique du Sud où tout un village Zoulou porte le nom « ndiki ».
Serait-il une coïncidence ? Ce sont des bantous, cultivateurs et éleveurs
chasseurs.
Les deux autres groupes partirent du Soudan actuel vers l’ouest africain
pour finir en Afrique centrale et en cohabitant avec d’autres peuples des
localités traversées étaient devenus par métissages successifs, des semi
bantous, forgerons et chasseurs, vivant de chasse et de cueillette. Comme le
disent nos livres d’histoire. C’est cette partie des Banen qui s’est établie au
Cameroun, en laissant derrière elle certains de leurs congénères à l’instar
de ceux cités en Sierra Leone par Idelette Dugast.
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Deux origines sont alors attribuées à ce Peuple qui s’est installé sur son
territoire actuel au Cameroun, territoire que Kolo avait préparé d’avance
pour lui, selon le doyen Luc Mbendé. Un groupe de Banen aurait atteind le
territoir en passant par le Nord du pays et un autre par le Sud.
1. Origine du Nord :
a) Foyer de la vallée du Noun :
Un groupe des Banen aurait migré au début du 17 e siècle pour se
retrouver à la lisière de la vallée du Noun, car il fuyait la montée
expansionniste de Dan Fodio.
En effet, Osman dan Fodio et les Peuls du Nigeria avaient lancé une
guerre sainte contre les Haoussas, dans le Nord du pays en 1804, afin
35
d'étendre le royaume. Ils avaient pour projet de soumettre ce peuple et tous
les autres établis dans cette partie du pays à l’islam.
Les Banen s’étaient alors installés au bord du fleuve Nômô.
Le royaume Bamoun avait été fondé à la fin du 16e siècle. Il prit son essor
vers la fin du 18e siècle sous le règne de Mboumbouo, puis de Njoya. Ceuxci
travaillaient à étendre le territoire par la force des armes.
Dans leur conquête, ils s’attaquèrent aux Banen installés sur la rive du
fleuve Nômô. Ceux-ci quittèrent le territoire et se dirigèrent plus au sud,
vers leur territoire actuel.
Selon Hans Wilhelm dans une étude sur le Mbam, les Banen, Nyokon et
Yambetta se retrouvaient tous sur la rive du Noun, d’où ils furent chassés
par les Bamoun. Les Banen partirent les premiers au 14e siècle et les
Nyokon deux siècles après. Les Banen se sont installés au lieu-dit Kolokolo.
Idelette Dugast a une version quelque peu différente. Pour elle, les Banen
partirent des rives du Noun au 17e siècle et les Nyokon survirent
immédiatement après.
L’histoire rapporte que le peuple banen, du fait de multiples migrations
survenues au 17e siècle et au 19e siècle, s’est disloqué en plusieurs clans.
Ceux-ci se sont dirigés, les uns vers le sud-ouest, les autres vers le nord.
Pour des raisons liées à la guerre et à l’exode rural, les populations de
l’arrondissement ont décru au fil des ans.
Eling dans la débandade pendant l’attaque avait perdu la route et s’était
fait captif des troupes qui poursuivaient leur conquête vers le sud du fleuve.
b) Origine légendaire :
Selon une légende extraite des bords du Noun :
Il y avait un homme qui habitait près de la rivière Nomo. Il eut quatre fils
: Munen, Mogand, Mofe, Motemb. Il quitta la rivière Nomo et monta sur une
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montagne que les fils appelèrent : Ombay wo Bayesek. Le père les faisait
travailler dans son champ. Seulement, il survint une dispute entre les frères
pour une histoire de partage de nourriture, car le père donna à Munen un
coq cuit, à Motemb de la viande, ainsi qu’à Mogand et à Mofe, une marmite
de grenouilles. Les trois derniers se fâchèrent parce qu’ils n’avaient pas reçu
de coq. Ils se mirent à se battre et à la fin, ils se séparèrent. Chacun alla
habiter de son côté. Le premier s’appelait Mofe, le deuxième Motemb, le
troisième Mogand et le quatrième Munen. Ils fondèrent chacun une famille
et comme dans nos langues le préfixe Pa ou Ba désigne la lignée de… ou
alors la famille de…, les 4 noms suscités formèrent les clans : Bafia,
Bangangté, Banen, Balemb.
Cette histoire est aussi relatée dans la monographie des Ndiki, écrite par
Mme Dugast : selon ses sources, le père s’appelait Bayesek et vivait au bord
du Noun. Le seul enfant qui resta auprès de lui fut Munen.
Généralement dans les langues Bantou, les noms qui commencent par la
lettre M ont leur pluriel en B.
Une autre légende mbamoise révèle qu’il y a eu une tentative d'invasion
des Bamoun dans le pays banen. Les Banen réussirent à repousser leurs
agresseurs après avoir été surpris une première fois par l’avant-garde des
guerriers les plus puissants bamoun. Les Bamoun les trouvèrent sur pied.
Ils ne reculèrent pas. L’avant-garde surpris un village isolé banen qu’il
décima à l’exception de quelques habitants qui avaient pris la fuite. Les
Bamoun dans leur expansion auraient rencontré une résistance inattendue
des Banen à un moment où ils croyaient leur puissance inégalable.
L’histoire précise que, pendant que la garde avancée du Roi Njoya (ses
meilleurs guerriers) exterminait les habitants d’un petit village banen
excentré, quelques individus s’enfuirent à l’insu de leurs agresseurs. Ces
derniers donnèrent l’alerte et une embuscade, avec de solides gaillards, fut
tendue aux soldats. Les Banen n’en épargnèrent qu’un seul à qui ils remirent
37
un message pour son Roi. Le message lui annonçait le genre de résistance
qu’ils allaient rencontrer s’ils revenaient.
Le Roi Njoya ayant été impressionné, car ses guerriers massacrés étaient
parmi les meilleurs, envoya un message de paix et de dialogue. Une entrevue
fut organisée et le Roi Njoya leur dit son admiration et en signe de paix
suggéra qu’un échange de personnes fût fait entre les deux tribus. Il croyait
fermement aux vertus des brassages des peuples, car il était convaincu que
cela donnerait au peuple bamoum des guerriers plus forts. Dans cet échange
où il eut quelques filles et des garçons, il se raconte qu’une des reines mères
en serait issue.
2. Origine du Sud :
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a) Origine déduite de la linguistique :
Dans le cadre des recherches menées sur la migration du peuple banen,
nous n’avons pas encore eu connaissance des sources qui révèlent le lieu et
la période du shisme entre les Banen partant du Soudan. Les sources
demontrent que les Banen qui ont atteind le territoire actuel par le nord et
ceux qui l’ont atteind par le sud sont un même peuple. Ils se seraient séparés
au cours des migrations pour se retrouver dans leur lieu de prédilection qui
est leur territoire actuel.
Des sources révèlent qu’un autre groupe de Banen aurait atteind les
terres actuelles en passant par le sud du pays, venant du congo.
Sur les deux rives du fleuve Congo, on a les « Banunu » dans Bobangi de
l’ethnie. Ils sont dans les territoires de Bolobo et Yumbi. Il y a beaucoup de
ressemblances entre le Banunu et le Tunen.
Par exemple, quand on dit en Tunen :
- Ubine (danser), le Banunu dit (kobina),
- Nebal (le mariage) Libala,
- Bulu (la nuit), Butu,
- Manif (l’eau), Mai,
- Makolo (les pieds), Makolo,
- Kendak (Marche), Kendak,
- Niak (Mange), liaka,
- Mwend, la femme, Mwasi,
- Ulèl (pleurer), Kolela,
- Kendaka na makôlô, kendaka na makolo (Marche à pied).
Ceci prouve bien que le tunen et le banunu se ressemblent. On serait tenté
d’en déduire que la dernière migration, avant les terres camerounaises, fut
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congolaise. Touefois, on sait que la plupart des langues parlées au Cameroun
sont comparables à celles parlées par les peuples des grands lacs. De plus,
la langue tunen est classée parmi les langues Bantou et les similitudes entre
les langues Bantou sont une évidence. On est donc tenté d’emettre des
réserves quant à cette théorie, prise à part.
Toutefois, selon certaines sources, le peuple banen serait au Cameroun
depuis le 6e siècle. Les Banen seraient partis du Congo pour se retrouver
dans la région du Sud de l’actuelle Cameroun. Ils auraient séjourné dans la
grotte dite la grotte des pygmées. Le Pr. Jean Baptiste Obama,
anthropologue historien, parlant de la migration des Betis, avait souligné
dans ses propos que les Banen avaient séjourné dans cette grotte ikoa bikoué
qui se trouve chez les Eténga, dans la région du Sud, actuellement
transformée en sanctuaire par l'église catholique romaine.
b) Origine légendaire :
Une histoire bien connue chez les Pygmées raconte qu’un homme bantou,
un Banen, dit-on, séjourna chez les Pygmées. Il épousa une femme de là, et
après quelques naissances de cette union, disparu avec sa famille. Cet
homme alla habiter dans la grotte appellée ikoa bikoué qui se trouve chez
les Eténga. Les Pygmées jurèrent que plus jamais d'union avec les Bantoues.
L’histoire raconte qu’une partie des Banen du sud eut pour point de départ
le pays Babimbi. Car Ngock Lituba, une grotte sacrée, était considérée à
l’époque comme un carrefour, un lieu de rencontres entre Banen, Bassa et
d’autres peuples. C’était un lieu où Banen et Bassa'a s’étaient retrouvés,
puis séparés. En réalité, tous venaient de la côte qu’ils avaient abandonnée
aux Douala à cause, disaient-ils, de leur saleté.
Les Banen et les Bassa’a voulaient gagner l’hinterland. Ils cheminèrent
ensemble jusqu’à Ngock Lituba. Et au moment de leur séparation, ils se
promirent de s’y retrouver chaque fin d’année. Chaque peuple, en plus des
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pas de danses typiques, devait apporter son mets préféré, une spécialité
culinaire faisant son identité. Cette rencontre ou fête devait durer deux
semaines.
Un jour, pendant la dernière rencontre, les Bassa’a volèrent le mukono
(mets de pistaches) des Banen, afin de le manger quand ceux-ci auraient
repris le chemin de retour. Au moment où les Banen voulurent présenter
leurs différents mets, ce qui se présentait comme une foire et chacun était
libre de se servir où il voulait – ils constatèrent la disparition de leur
mukono. Ils prirent cette affaire pour une humiliation, et depuis lors,
cessèrent leurs rencontres à Ngock Lituba avec les Bassa. Le vol du mets de
pistache avait semé la discorde.
On pourrait donc dire que tout comme la vallée du Noun, Ngock Lituba
fut un passage de la migration du peuple Banen.
Pour cette légende, les Bafia et les Banen seraient étroitement liés, mais
il existe d’autres sources qui n’y voient pas de liens. Les seuls liens qui
existent sont relevés entre les Banen, les Nyokon, les Lemandé et les
Yambetta. Si nous recourons à Idelette Dugast, il faudrait tenir compte du
fait que les informateurs à cette époque étaient des Banen qui vivaient plus
au nord. Dans son travail, Idelette Dugast s’était limitée à Ndiki, car il
n’intègre pas les réalités des Banen qui vivaient au sud.
Il y eut un deuxième groupe des Banen qui se trouvait au sud, qui a connu
un autre passage et qui a migré pour d’autres motifs.
c) Quelques extensions des Banen :
- Eling :
Eling, pour sa vigueur et sa bravoure, fut Adopté par Mbônô qui était une
femme influente. C’est au cours de ce voyage qu’on l’aurait nommé Enok.
C’est pourquoi il est considéré comme un des Mbônô. Quelques aspects de la
généalogie des fils Mbono l’indiquent.
41
Iring à Mbono ou Alinga Mbono qui procède des Banen sera connu sous le
nom de Eling.
- Les Bene :
Il existe aussi les Bene (une minorité de Banen qui ont traversé la Sanaga
et qui se sont installés au milieu des Ewondo dans des villages de
Ngonmedjap, Mbalmayo, … et aujourd’hui ont les appelle les Bene) qui ont
traversé la Sanaga. Il existe un autre groupe dans le nord-ouest, les Banso.
- Les Banen ba Ngwanga :
Les Bañen ba Ngwanga sont dans la Sanaga Maritime. Ce sont des Banen
qui avaient été adoptés par leur hôte Bassa Ngwanga. Dans cette tribu, les
descendants d’un homme portaient son nom, etant donné que les Banen qu’il
avait adoptés n’étaient pas des descendants de souche, on les a appelés
Bañen ba Ngwanga.
- Rattachement de Ndougbissoung à Lemandé :
Le rattachement de Ndougbissoung à cette unité administrative résulte
d’un fait majeur : La lutte d’influence entre Moumé yi Moumé le Chef de
Ndougbissoung et Malanga le Chef de Ndiki Koos.
Le premier, confiant de la loyauté de ses trois autres frères chefs des
villages Neboya, Ekondj et Nitoukou, s’était opposé au projet du second de
se faire considérer comme le Chef Supérieur des Banen sur le modèle de
Charles Atangana Ntsama chez les Betis et Bene à Yaoundé. Car pour lui, «
Un Munen ne saurait être esclave d’un autre ». Or c’était sans compter avec
le double jeu de ses frères qui le trouvaient trop pédant, arrogant et surtout
pour coller à l’actualité, dictateur. C’est ainsi qu’ils se sont désolidarisés de
son projet de devenir leur Chef Supérieur conformément à la coutume qui
voudrait que le fils aîné soit le successeur du père, en sa qualité de « fils
aîné » d’Enok.
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Conséquence, ses frères, vont boycotter le marché de Bitcheki où leurs
sujets venaient commercer, et ledit marché a été dans un premier temps
délocalisé à Nebassel, sous le nom de Pégàŋgàŋ.
Dans un second temps, avec le leadership du Chef Bongan de Nitoukou,
ce marché sera définitivement délocalisé pour son site actuel, qui constitue
le centre commercial de la ville de Nitoukou.
S’étant senti trahi par ses frères et privé de cet outil (marché) de fierté qui
est aussi un symbole de puissance et de souveraineté, il sollicita et obtint du
chef de circonscription à Bafia, le rattachement de son village à la
subdivision de Bokito.
C’est ainsi que Ndougbissoung se retrouve dès 1934, dans la carte
administrative de l’arrondissement de Bokito. Une fois que Bokito était
organisé en cantons et chefferies, Ndougbissoung a été rattaché au Canton
le plus proche qui est Lémandé.
Pour se moquer de lui, on disait qu’il avait vendu l’autorité des Banen aux
Yambassa pour un panier de taros.
« Múmə yi Múmə à na bùtəŋ bú bənən lúínə á Yámbás élɔ́yɛ́ mósǎŋ wù
bəbin ».
- Le canton Ndokmakumak :
Le canton Ndokmakumak dans Babimbi 2 autrefois habité par les
populations Banen a fait un référendum pour se rallier à Ngambè et non à
Yingui. Par conséquent, certains Banen qui parlaient le tunen autrefois
parlent aujourd'hui le bassa.
43
III - L’ORGANISATION PRÉCOLONIALE DU
PAYS BANEN :
Le peuple des Banen, à la suite des différentes migrations qu’il a connues,
a occupé par vagues successives le territoire qui lui est assigné de nos jours.
La société banen à cette époque présentait une structure sociale et une
hiérarchie bien précise. Elle était régie par des règles. Certaines d’entreelles
existent encore de nos jours, d’autres ont été modifiées ou ont disparu.
1. Structure sociopolitique à l’époque précoloniale
chez les Banen :
a) Formation des tribus et clans :
L’accroissement de la population avait favorisé la création des clans. Les
familles, ne pouvant plus cohabiter, étaient obligées de se séparer pour
s’installer sur de nouvelles terres.
Une personne pouvait décider de quitter sa famille pour s'installer
quelque part. Et dans son mouvement, il partait avec sa famille nucléaire,
ou avec quelques personnes en plus qui s’étaient attachées à lui, et lui
faisaient confiance, ou qui partageaient la même vision que lui. Ainsi
commençait la migration de ce groupe. Et cet homme devenait par le fait, le
guide. Tous le suivaient, et respectaient les règles qu'il décidait. La cohésion
et surtout la sécurité des membres du groupe dépendaient de cette
organisation tacite.
Lorsqu’il arrivait à un point où il pensait s'installer, s'il était un stratège,
il s'intégrait au milieu de la population qu'il avait trouvée. Si par contre il
était un baroudeur, il s'imposait à ces populations en les soumettant par la
force, à son autorité. Il gagnait ainsi un territoire et une population
constituée de son groupe initial et les populations qu'il avait absorbées. Et
dont il restera toujours le réfèrent. Une tribu était née.
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La structure de la société peut être représentée comme suit :
Le peuple banen constitue une ethnie ; c’est un groupe de personnes qui
partagent une même culture, en particulier pour la langue et la tradition.
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L’ethnie banen est divisée en tribus. La tribu étant un ensemble de
personnes qui descendent d'un même ancêtre ; ils partagent les mêmes
coutumes, langue et territoire. Ils sont liés par naissance, par alliance et par
adoption. La tribu est divisée en clans.
Un clan est un ensemble de familles associées par une parenté réelle ou
fictive, fondée sur l'idée de descendance d'un ancêtre commun, qui, luimême,
peut être réel, imaginaire ou mythologique. Un clan peut être
considéré comme un sous-groupe d'une tribu.
Certains clans, du fait de l’accroissement, se sont divisés en sous-clans.
Les tribus portent les noms de leurs pères fondateurs, qui eux-mêmes
étaient les descendants d’un même ancêtre ou guide.
L’ethnie des Banen est constituée de dix (10) principales tribus qui sont :
Ndiki ; Itound.; Eling; Endekoko; Ndikbanol ; Ndikbiakat; Ndikinanga;
Ndikitun; Endekenenoho; Ndokbou +Kinding.
Chacune d’elles a son histoire. Ces tribus existent toujours de nos jours.
b) Lignage et mariage :
Les clans sont des patriclans, c'est-à-dire l’enfant appartient à son père.
Dans de nombreuses lignées chez les Banen, la limitation des liens de
parenté n’existe à la septième génération que pour les filles qui vont faire
les enfants là où elles sont mariées. Mais pour ceux qui partagent
l’occupation spatiale, il n’y a aucune limite de la relation parentale.
Par exemple, dans la descendance d’Eyap, qui occupe le même espace
géographique, il n’y a pas de mariage entre les descendants depuis Eyap. Il
en est de même de la descendance de Bagna, Mounif...
On comprend donc pourquoi les Ndekeyap ne se marient pas entre eux. Il
en est de même des Ndekbagna, etc. Briser l’interdit est considéré comme
l’inceste, le pouhouit, qui doit être soigné en public.
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Certains clans sont divisés en sous clans, ensuite surviennent les lignages.
Ces lignages sont de grandes familles étendues. Ils sont apparentés et ne
peuvent pas se marier entre eux. Ces lignages à leur tour se subdivisent en
branches et familles.
Il existe chez les Ndiki, une exogamie de clan. Il existe le mariage par
échange simple et le mariage par achat.
2. Hiérarchie du pouvoir traditionnel à l’époque
précoloniale :
a) Le pouvoir traditionnel :
Les différents clans dès le départ étaient chapeautés par un chef de clan.
Ainsi, le chef qui se déportait avec sa famille pour un autre lieu était
considéré comme le chef du clan. Les clans s’étant constitués en tribus, à la
tête de chaque tribu, le peuple banen connaissait trois pouvoirs spécifiques:
- le Munen ou ɛ́fɔ̀n ;
- le Muteng et ;
- le Mululu, Mukuku.
Ces trois personnalités étaient à la tête des tribus et avaient des rôles
complémentaires ; et leurs rôles réunis assuraient la stabilité de la
communauté. Il n’y avait pas de chevauchement.
Le Munen ou ɛ́fɔ̀n était celui-là qu'on assimilait à un intendant ou au
trésorier des biens de la communauté. Il était réputé posséder toutes les
terres et tous les biens de la communauté. C’était lui qui apportait la
solution matérielle en cas de nécessité. Il était l’administrateur et diplomate.
Il existait un Munen et un seul dans chaque tribu.
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Le Muteng, c’était l’homme du public, le grand orateur, le porte-parole de
la communauté. Il avait l’art du discours, de la rhétorique. Et quand il y
avait des problèmes, c’est lui qu’on appelait pour les régler.
Le Muteng était le chef de guerre qui régnait par la force et la terreur. Le
Muteng était généralement craint, arrogant et brutal. C’était le conquérant.
Ce qui suppose en fait que la tribu qui n’avait pas d’ambition expansionniste
n’avait pas de Muteng.
Le Mululou ou Mukuku, était l’homme de la nuit. Il avait des dons
divinatoires. C’était lui qui voyait tout ce qui se passait dans le village
pendant la nuit et c’était lui qui apportait des solutions. Il était le gardien
des traditions. On le respectait et on obéissait à sa parole parce qu’il était en
communion avec les ancêtres.
Un Mukuǩ est le dépositaire de ɔ̀ŋámbɛ́ ou uŋgóyi ou ɛkâká yɛ́ bɛ́ha bi
nikúl. C’est le troisième pouvoir.
Il n’y en avait pas toujours pour chaque famille, simplement parce qu’il
n’est pas donné à chaque famille de posseder ce don. Ainsi, il arrivait que les
deux ou trois au plus d’une localité, travaillent en synergie.
b) L’accession au trône :
La société banen est une société patriarcale. L'accession au trône est faite
par l'homme. C'est lui qui subit l'initiation pour devenir chef. Et c'est
l'homme qui incarne le pouvoir. Et ce pouvoir, qui vient des ancêtres est
remis par des hommes et non par des femmes. Il faut cependant signaler que
la femme avait une place de choix dans la société traditionnelle banen.
Chaque famille a à sa tête un chef de famille. Le statut de chef de famille
revient au fondateur d’une famille.
Au niveau de la tribu, le Munen et le Muteng trônaient de façon intuti
persone, les bəkuǩ (sing. Mùkǔk) siègeaint et étaient constitués en
assemblée.
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(Nékɔ́ta nɛ́ bəkuǩ) sont des représentants de chacune des familles.
La hiérarchie du pouvoir traditionnel peut être schématisée comme suit :
50
- Comment compter les générations chez les banen ?
Pour définir le mundetè/mondotè, donc la personne neutre, le comptage
devait partir de Ndandè et quand on comptait bien la lignée, on arrivait à
accentuer ceci :
Ndandè-ndandè-ndandohoho et l’on se retrouvait à la huitième
génération. Et comme l’homme est sage, avant qu’on arrive au
mundetè/mondotè c’est-à-dire l’homme neutre, on nommait un représentant
de la famille à la septième génération. C’était lui qui continuait de mener le
peloton. Et ce n’était pas facile de retrouver la personne neutre.
L’exercice qui était fait, c’était qu’après Luna, on allait à Ndandè. Après
la huitième génération, Munen tembien pa. Et on n’attendait pas que
l’homme neutre arrive dans cette lignée, on nommait quelqu’un qui
conduisait le peloton.
3. L’organisation sociale précoloniale :
La société banen avait un souci d’éducation et de transmission des valeurs
à sa progéniture, et elle le faisait de façon bien élaborée. Elle menait des
activités de subsistance, et en cas de conflit, faisait appel à un tribunal.
a) L’éducation :
Il y avait un amour intense à la naissance d'un enfant. C'est toute la
communauté qui veillait à son éducation. Même si le géniteur avait la
prépondérance, tous avaient une grande estime pour l'enfant si bien que
chacun apportait sa contribution à son éducation. Tous étaient libres de
corriger ce dernier, au cas où il commettait une bêtise, sans attendre le
géniteur. C'était pareil pour la fille.
En famille, les tâches étaient partagées. Le père assumait l’éducation du
garçon et la mère celle de la fille. Il était souvent dit : « Un garçon ressemble
51
à son père et une fille à sa mère ». C'était au vu de l'éducation que chacun
donnait à son enfant.
Le père dialoguait beaucoup avec son fils, quand ils étaient ensemble au
champ, lors de la cueillette des régimes de noix de palme, sur la route pour
aller vendre des produits dans les grands marchés périodiques.
Il en était également de la maman et de sa fille.
52
Les parents étaient les spécialistes de l'éducation orale.
Le soir, les contes étaient racontés. Ils s'accompagnaient des chants et des
danses. Ils étaient faits dans le souci d’éduquer la communauté et de se
divertir. Et c’était un héritage qui se transmettait de génération en
génération. Les enfants étaient obéissants.
Aux temps des ancêtres, il fallait être digne pour entrer dans le cercle des
vieux qui cassaient la kola et qui se chauffaient autour des bûches de bois
pour raconter l’histoire des Banen.
L’oralité était au centre de l’apprentissage, de la formation. Les parents
transmettaient les savoirs, les savoir-être et les savoir-faire qu’ils avaient
reçus de leurs parents, qui, eux aussi, les avaient reçus des leurs, d’aïeux en
aïeux.
Les filles restaient, chaque soir, à côté des mamans, qui leur
transmettaient des valeurs culturelles essentielles pour leur existence.
On formait les garçons à être des hommes et les filles à devenir des
femmes et des mères.
b) les activités :
La société banen, à l’époque précoloniale tirait une bonne partie de
ressources de subsistance de la nature à travers la chasse, la cueillette des
fruits sauvages, le ramassage et la pêche qui sont des activités primitives,
l’agriculture pratiquée au sein de cette communauté est extensive à l’origine
et concerne les cultures vivrières au rang desquelles, les ignames qui font la
notoriété de la localité par leur diversité et leur qualité. Le peuple menait
également des activités telles que la chasse et la pêche.
c) La justice :
S'agissant de la résolution des conflits, il y avait un comité restreint de
notables, un tribunal coutumier, chargé de résoudre les différends qui
53
opposaient les individus du même clan, d'une même famille, d’une même
tribu ou des clans voisins.
La mise en place du tribunal coutumier pendant la période précoloniale
était faite par les Souverains. Des titres étaient attribués à chaque
représentant des tribunaux coutumiers en fonction des clans.
d) Religion :
Les Banen sont à l’origine animistes. Même s’ils sont conscients de
l’existence de celui qu’ils appellent KôLó, qui doit être à l’origine de la vie,
celui-ci est le Mùkéti, ‘’celui qui mesure’’ ou Mɔ̀pɔ́t, ‘’le créateur, celui qui
fonde, qui initie toute chose’’ à partir de rien y compris l’homme lui-même
dont le rôle est de transformer les autres créatures afin d’en faire sa
propriété. KôLó chez les Banen est l’équivalent du Dieu des traditions judéochrétiennes
ou des autres civilisations monothéistes. Cet Être est
‘‘extraordinaire’’ (Isίm) par le fait qu’après avoir tout mesuré et tout créer, il
a confié tout cela au contrôle de l’homme qui doit en prendre soin puis s’est
retiré en haut, au dessus des nuages (pélɔ́nd’ɔ́mbáŋ) et qui n’est accesible
qu’à travers d’autres procédés.
Son nom est si sacré que le Munen ne l’évoque que dans des circonstances
qu’il juge suffisamment graves et qu’il suffit de prononcer son nom pour
montrer la sincérité des propos et pour magnifier son créateur. L’évocation
du nom KôLó chez les ǝliŋ et les Tɔpóány par exemple est quasiment
inexistante dans le langage courant. On préfère le désigner par ses
synonymes. Comme Mùkéti, Mɔ̀pɔ́t, Isίm, ɔ́mbáŋ, mwitί-mέsέ ou mwitί-misi
et d’autres expressions ou circonlocutions qui renvoient à sa personne.
Malgré toute la considération que les Banen ont de ‘’Kóló’’ le créateur de
la vie (Hwέlέ ou Hóέlέ), ils ne lui vouent aucun culte à proprement parlé. Ce,
parce qu’il est ‘‘Extraordinaire’’ (Isίm) qu’il vit sans l’avis de qui que ce soit
et n’est accessible qu’à travers son messager l’araîgnée mygale (έŋgámb)
54
moyens qui permettent de satisfaire à leur besoin de spiritualité. Car pour
le Munen, l’humanité : « baigne dans un monde invisible et très vaste des
forces variées » , qui se côtoient, s’entrechoquent et à des moments créées
des situations ou des évènements qui suscitent l’émerveillement ou la
stupéfaction des hommes du fait de leurs oppositions et la dualité de forces
bipolarisées les unes opposées aux autres comme le jour et nuit, le soleil et
la lune, le bien et le mal, la vie et la mort, les hauts et les bas, les joies et les
peines, etc. Ce monde qui n’est rien d’autre que la VIE et qu’ils appellent
‘‘Hwέl ou Hóέl’’.
55
IV - LE PAYS BANEN SOUS LA PERIODE
COLONIALE ALLEMANDE
1. Conquête du Cameroun par les Allemands
a) Les Allemands au Cameroun
Après l’abolition de la traite négrière au 19 e siècle, le territoire
camerounais, comme tous les autres territoires de l’Afrique Sub-saharienne,
est la convoitise de quelques puissances européennes. Les Allemands,
conduits par Gustave Nachtigal, un explorateur qui a mené l’exploration à
l’intérieur des terres, signent un traité de protectorat avec les chefs Douala,
le traité Germano-Douala, le 12 juillet 1884.
57
Dans ce traité, les chefs Douala, agissant pour le compte du Cameroun,
cèdent tous leurs droits de souveraineté, législation et administration aux
commerçants allemands. Le territoire s’étant du long du fleuve Cameroun
entre le fleuve Bimbia au nord et Kwakwa au sud et jusqu’au 4° 10’ de
longitude nord 1 . L’autorité allemande sur le territoire lui est conférée à la
conférence de Berlin, tenue de novembre 1884 à février 1885, à Berlin.
Après la conférence de Berlin, les commerçants allemands continuent leur
activité sur les côtes, pendant que la métropole cherche à asseoir son
autorité sur tout le territoire. Dès lors, une vaste campagne de conquête est
menée ; et elle n’a pas été sans résistance.
Les Allemands étaient venus pour conquérir tout le territoire de l’actuel
Cameroun. Ils ont commencé par Douala. Ils avaient installé des comptoirs
sur la côte. Et les populations venaient de partout pour y faire le commerce.
Il y avait des conflits d’intérêts entre les chefs Douala et Bakoko. Et ceuxci
ne voulaient pas que les Allemands pénètrent l’hinterland, parce que ces
chefs se faisaient de supers profits. Ils sont allés jusqu’à expliquer aux
Allemands que l’hinterland était très dangereux. À l'époque, il n'y avait pas
de route pour circuler facilement à l’intérieur du pays.
Lorsque les Allemands découvrent que c’était une duperie, ils décident
d’entrer dans l’hinterland. Ils se servent des fleuves pour intégrer le pays.
C'est ainsi qu'ils créent le port fluvial de Yabassi. Et c’est ce port qui
ravitaille tout l’hinterland en 1898, puis le port d'Edéa. Ils ont par la suite
soumis certaines personnes aux travaux forcés, leur faisant creuser des
routes pour le chemin de fer jusqu'à Eséka. Ils ont créé des comptoirs à
Yabassi, à Edéa, à Sombenguè, Eséka....
1 1 Traduction du traité Germano-Douala du 12 juillet 1884. (Rédigé en anglais). HISTOIRE Le monde de la 2 ème
moitié du XIX siècle à nos jours. 3 ème INSTITUT D’ÉTUDES GÉOSTRATÉGIQUES
58
Les populations banen pouvaient, à travers une piste, arriver à
Sombenguè.
Les Bafia, les Yambassa, les Banen, les Bamiléké... quand ils voulaient
du sel, des étoffes, de la poudre... allaient échanger avec leurs produits. C'est
ainsi que les comptoirs sont nés à l'intérieur du pays.
Les Allemands ont commencé à intégrer le pays banen par le nord, à cause
de l’accès favorable. En 1890, les missionnaires allemands créèrent une
station à Ndikbiakat, et en 1906 ils y envoient les pasteurs Hofmeister,
Herwig Hilgat et Adolphe Otneier évangéliser. Ils le firent jusqu’en 1914.
La pénétration coloniale servira dans un premier temps à l’intensification
des transactions commerciales entre l’Afrique et l’Europe. Mais dès 1895
pour le Cameroun, s’implantèrent des unités de production.
Les échanges entre les produits européens et les produits africains
s’accentuèrent. Sur les côtes camerounaises, les firmes allemandes
Woermaun et Dautren Thomahlen étaient implantées.
b) Conquête du territoire et ses conséquences :
Pendant la conquête allemande du Cameroun, la colonie a été confrontée
à de grandes résistances, et a perdu son influence. La perte de l'influence de
l'Allemagne a entrainé une chasse à l'homme qui se faisait par les
populations côtières qui étaient pro-germanisantes.
Les résistances à la colonisation ont provoqué des migrations et mixages
des peuples, à l’intérieur du pays.
Les opposants étaient obligés d'aller vers l'hinterland pour changer de
nom, et notamment aussi, vers la contrée de Yabassi qui était un grand pôle
de l'homme côtier. Certains étaient obligés de fuir pour se transformer en
Mbô, ou revenir du côté de Douala pour s'assimiler. D’autres allaient du côté
du Moungo.
59
Quand les Allemands accostaient la rive, ils avaient de très grands
bateaux. Ils les déchargeaient, et pour les remplir, il fallait de nombreux
produits locaux. Les Douala ne pouvaient pas les remplir, et ils savaient qu’il
fallait compter sur la main d’œuvre venue de l’hinterland, donc dans les pays
banen et bassa.
Après l’abolition de l’esclavage, les chefs continuèrent à le pratiquer pour
assujettir les peuples au moyen des rapts, des enlèvements. Les échanges de
site en site n’étant pas possible, on était vendu parfois pas très loin de chez
soi, mais le manque de route empêchait aux gens de se retrouver.
Les Banen et les Bassa vont fusionner pendant la période coloniale, où ils
vont rivaliser d’emblée avec les chefs King Akwa, Deido… Les Banen étaient
à la côte et ils étaient ceux qui supportaient dans l’hinterland,
l’approvisionnement des vivres qui étaient demandées par les Allemands,
par le truchement des chefs Douala.
Les Allemands avaient fait la route pour sortir et entrer facilement dans
la contrée Banen. Elle partait de Douala, passait par Bonepoupa, Mamba.
C'est la route la plus brève pour arriver chez les Banen. Que ce soit au Sud,
que ce soit au Nord. Leur ambition était de soumettre les peuples, mais elle
ne s’est pas faite sans résistance.
Les Allemands, comme aimait dire le professeur Engelbert Mveng, ont
effectué une sorte de regroupement des populations qui jusqu'ici, se
trouvaient éparses, n'ayant pas dans la plupart des cas, des lieux, vivant
chacun dans un hameau. Celles-ci se sont retrouvées réunies par le hasard
ou les circonstances. Il fut créé une région banen en 1909. Elle s’appelait
Somo et était comprise dans le district de Douala, devenue préfecture du
Wouri.
Les Allemands étaient très bien renseignés sur le territoire banen pour
avoir mené à trois reprises la bataille contre Somo Mambock et celle de
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Manimben Tombi selon les travaux de thèse de Dr. Emock Paul Valentin sur
le pays banen et Bafia.
2. Organisation du pays banen sous la période
allemande :
a) Organisation administrative du pays banen sous la
période allemande :
- Le Poste de Somo :
En 1909 Somo Mambock fut arrêté dans le canton Inoubou Nord.
Et une fois les résistants conquis, il fallait laisser un représentant sur le
territoire, d’où le nom de poste de Somo créé en 1909 avec les regroupements
énumérés plus haut.
Durant la période allemande, le poste de Somo couvrait les
arrondissements actuels de Ndikiniméki, Makénéné, Nitoukou, Yingui, une
partie de Tonga et le pays Lemandé. Et ceci constituait le pays banen. Le
poste de Somo dépendait de Douala, puis Douala Yabassi et par la suite
Yabassi avant d'être amputé d'une partie pour être rattaché à la
circonscription de Bafia.
Le colon préparait son entrée dans un coin en installant en premier lieu
une unité de Commandement. Il associait dans son groupe les missionnaires
qui à leur tour venaient avec les œuvres de bienfaisances comme les petits
centres de santé et au même moment l'instruction (école) qui facilitait la
communication entre lui et la population.
Hervick fut alors le premier missionnaire Allemand à s’installer à Bikob
créant une première école Allemande et un dispensaire. Ce fut en 1908-1909
puisque à la même période M. Manga Elokan Joseph de Bonamouti de
Douala évangélisait à Essele Ye Nikeng à Indikihambala communément
appelé Indikbalemb.
61
Du temps des Allemands, il y avait la Région de Yabassi, la Région de
Bafia.
À cette Période, la circonscription de Yabassi n’incorporait pas toutes les
zones banen. Par exemple les Lognanga faisaient partie d’Edéa et les
Indikbiakat de la circonscription de Douala.
Dans les années 1900-1901, les Ndikbiakat et les Ndiknana étaient
rattachés à Yabassi. Et Yingui était à cette période un poste administratif.
Le poste de Somo ne dépendait pas de Yabassi mais de la circonscription
de Douala.
La Région de Yabassi comprenait Ndikiniméki.
Durant toute la colonisation allemande, les régions de Yabassi, de Bare,
de Banen étaient comprises dans le district de Douala devenu préfecture du
Wouri.
À cette époque, les Banen étaient des fournisseurs de main d’œuvre ; on
les estimait à 18 000 et ils étaient robustes. Ceux-ci étaient recrutés dans
les entreprises de Douala.
- Les chefferies :
Les chefferies ont commencé à exister avec l'arrivée du colonisateur en
Afrique, et au Cameroun avec l'expansion coloniale allemande.
La colonisation avait mis des souverains à la tête des populations, à qui
on avait attribué à un moment donné le titre de chef de race. La chefferie
regroupait au sein des institutions qu’ils appelaient groupements, des
familles parfois sans aucun lien de parenté. La nomenclature
institutionnelle présente depuis la période coloniale trois types de
chefferies :
La chefferie de premier degré qu'on appelle chefferie supérieure, dont le
ressort territorial couvre au moins deux chefferies de second degré.
62
La chefferie de second degré qu'on appelle encore chefferie de canton ou
chefferie de groupement.
Actuellement chez les Banen de Ndiki, on retrouve la chefferie de
groupement Etoundou, Inoubou sud et Inoubou nord. Même s'il est vrai que
dès le départ, elles étaient deux. À la suite d'une communication de 1982, il
y a eu une scission donnant naissance à trois cantons. Ce qui a entrainé les
chefferies de troisième degré, donc les chefferies de village.
D’après le professeur Alain Ndedi (2006), sous le mandat allemand au
Cameroun au cours des années 1880, un référendum fut organisé dans les
régions auparavant détenues par les Banen. C’est l'actuel canton de
Ndockmakumak en pays Bassa (Babimbi II), le village de Logkat et le village
de Ndobianga, tous peuplés par les populations qui autrefois parlaient le
Tunen, mais parlent de nos jours la langue Bassa.
La question posée aux populations banen à l’époque était de savoir si elles
préféraient rejoindre Ngambè (la ville Bassa) ou rester sous la domination
de Yingui (la ville Banen). Ces populations avaient accepté rejoindre les
Ngambè de la tribu Bassa et sont désormais considérées comme des Bassa.
Plus récemment, la population appelée ‘Banen Ba Ngwanga’ parle la langue
Bassa bien qu’appartenant à l’ethnie banen.
b) Organisation socio-traditionnelle pendant la période
allemande :
Le pays Banen est à cette époque constitué de quatre grands ensembles
formant une diversité de souverains, mais une communauté de coutumes,
de traditions et de langue, le Tunen surtout entre ces quatre : Ndiki, Itundu,
Eling, Ndikoko (cf. Dugast).
Les Ndiki étaient installés autour de la rivière Inubu. Ceux-ci
comprenaient de nombreux sous-ensembles tels que Ndikiniméki, Nebolen,
63
Ndekehok, etc. Tous étaient sous l’autorité du Chef très controversé
Malanga placé à leur tête par les Allemands.
Les Ndikoko sont composés de Ndekbagna, Ndekeyap, Nekom, Ndéma,
Ndikotti, Ndikbaloumek, Noména, Ilobi, Etong, Banif.
Les Eling comprennent les Ndoukbissoung, Néboya, Ekondj et Nitoukou.
Chez les Indikibiakat, Matun Ndol fut le premier chef. On l'appelait
Hiotot yi metun.
Il eut son onction en 1907 et resta chef jusqu’en 1909. Il mourut en 1916.
Son fils Elol Matun lui succéda.
Les chefs banen étaient à la tête des villages et ils rendaient compte aux
chefs de district (Allemands).
Pendant la domination allemande, la métropole exerçait sur la population
une autorité excessive.
Les chefferies étaient bien structurées. Le chef était un grand
rassembleur laborieux, qui n’attendait pas souvent de présents de ses sujets.
Certains avaient de grandes plantations (cacaoyers, caféiers palmeraies).
Certains encourageaient leurs administrés à la vaillance et non à la
fainéantise. Le chef pouvait se marier de plusieurs femmes.
Lors de leur passage, chaque chef de famille, avec toute sa maisonnée,
était obligé de racler les routes, et à la moindre désobéissance, il était
bastonné devant sa famille.
Dans l’arrondissement de Yingui, on distingue les chefferies de 2 e et 3 e
degrés (des cantons et villages).
Les Ndikbiakat ont également leurs origines dans l’arrondissement de
Ndikiniméki. Les Indikbiakat selon Prof Bahoken ont leur ancêtre qui
s’appelait Mui ti bonon Biakat. Il donna trois (3) fils : Balemb, Menokon et
Bien.
64
Les Indikbiakat ont une forte natalité.
Dans le territoire du 3 e fils de Biakat, Hambala, communément appelé
Balemb, on trouve deux (2) groupes sociologiques :
01/ Moussoke à la limite avec les Indikiniben (Sanaga Maritime) au lieu
dit Ekongo Kounde.
02 / L'autre est situé dans le même territoire de Hambala communément
appelé Balemb, mais à proximité de Bayeck sortant de Mamba.
Hambala (Indikbalemb) commence au cours d’eau Nebo’o qui sert de
limite avec l’arrondissement de Yabassi du côté droit vers l’amont jusqu’à
Makoa vers Lognanga (Indikinanga). On y rencontre de nombreux cours
d’eau comme Houkeu, Beyeck, Nekem, Nikeng, Engala, Meyine, Baneufeck,
Mouthe, Imbebi, Enyabelocko, Ibomboli, Bandongena, Massaka, Ewakala,
etc.…
Dans la chefferie de Hambala (Indikbalemb) I et II et Indikibendengelim
on a 3 chefs : Moufofé, Hiomilit, Bikongo, Nouyeu, etc.… Chefferie
Indikimenokono I et II (3 Chefs + 1 Canton).
Nouyeu, Moussacka, Ngomengoas, Chefferie Indikebiene (3 Chefs).
Notez en passant que tous ces cours d’eau énumérés par chefferies y sont
jusqu’à présent.
- L’économie :
La prospérité économique, sociale et culturelle des Banen lors de la
période coloniale était liée aux conditions naturelles favorables de son
espace géographique.
Peuplé d’hommes de grande taille, robustes et travailleurs, le terroir
Banen était nourricier pour les régions voisines ; y étaient cultivés le cacao,
le café, les palmiers à huile, la kola et autres cultures vivrières.
- La justice :
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Pendant la période coloniale, les membres du tribunal coutumier étaient
nommés par le chef de circonscription sous proposition du chef de
subdivision. C’était la période du commissariat et même celle du haut
commissariat. Le tribunal coutumier a subsisté après l'indépendance.
Il y avait des personnes chargées de trouver la sentence qu'on proposait
au chef qui devait trancher en dernier ressort.
Les Banen ne sont pas polythéistes.
66
V - LE PAYS BANEN SOUS LA PÉRIODE
COLONIALE FRANCAISE
1. L’administration française :
a) Occupation du territoire des Banen par la France :
La France et l’Angleterre en voulaient aux Allemands. L’Angleterre pour
l’avoir devancée et signer avec les chefs Douala le traité Germano-Douala.
La France n’avait pas apprécié le fait que l’Allemagne lui avait pris une
partie de ses terres de l’Afrique Equatoriale Française.
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Pendant la première guerre mondiale (1914-1919), la France et
l’Angleterre faisaient partie de l’Alliance et étaient opposées aux Alliés,
groupe dans lequel évoluait l’Allemagne. Les combats s’étaient déroulés sur
plusieurs fronts et l’Allemagne avait été vaincue. La France et l’Angleterre
lui avaient pris le territoire du Cameroun. L’Angleterre avait pris le 1/5, la
partie Ouest et la France les 4/5, la partie Orientale.
Le territoire du pays des Banen revenait donc de ce fait à la France.
Lorsque la France arrive en pays banen en 1916, elle ne connait pas de
résistance de la population. Les autochtones la considèrent comme un
libérateur, car las de subir les travaux forcés que leur imposait l’Allemagne.
La France s’installe en pays banen avec une unité de commandement
composée de missionnaires. Ils occupent les bâtiments laissés par
l’Allemagne : les bureaux, les centres de santé, les résidences, les écoles…
Certains de ces édifices existent encore de ce jour.
La France dissout l’école allemande et implante l’école Française.
L'église évangélique s'installe et parmi les missionnaires, on a des
militaires déguisés. La pratique de la religion traditionnelle connait son
déclin avec la ruse mais surtout la brutalité utilisée par les missionnaires
européens comme méthodes de converstion des populations indigènes en
particulier par les missionnaires catholiques notamment dans la région de
Ndikiniméki où les Banen se sont vus enlevés l’essentiel de leurs objets de
prière.
Selon un témoignage du doyen Luc Mbendé, lorsque les missionnaires
arrivaient dans des villages pour l'évangélisation, ils prennaient le soin de
faire des enquêtes auprès des populations, leur demandant ce qu’elles
utilisaient pour se protéger. Après avoir relevé la fonctionnalité de l'herbe
ou de l'oignon par exemple, ils leur disaient :
- Non, c'est méchant, Dieu n’aime pas, il faut jeter. Arrachez !
68
Le missionnaire remetait l'herbe arrachée à son serviteur en lui intimant
en public de la jeter plus tard.
C’était ainsi qu'ils avaient pillé et détruit la tradition.
Il y avait un missionnaire qui s'appelait Vaquin, et un autre Valéry.
Valéry était un officier de l'armée de l'air, un réserviste. Un jour, on fit
appel à lui quand il était en plein culte, pour qu'il aille combattre. Il dit aux
fidèles :
- La nation m'appelle.
Il abandonna le culte et partit. La population se rendit compte à ce
moment-là qu’il était un missionnaire réserviste.
Plus tard, un étudiant banen partit pour la France poursuivre ses études.
Il voulut rencontrer Valéry et s’était renseigné. Ils s’étaient vus. Valéry avait
planté dans un jardin tout ce qu'il avait pris chez les Banen.
Quand ce dernier a su que l’étudiant était un Camerounais, il était confu.
Les puissances coloniales avaient détruit la tradition pour mieux assimiler
les populations.
b) Réorganisation administrative des Français chez les
Banen :
Quand les Français arrivent, ils réorganisent ce territoire en 1916, puis
en 1921. Les Banen sont dans quatre régions différentes :
1 - Les Ndikbiakat dans la région de Douala ;
2 - Les Ndiknanga dans la région d’Edéa ;
3 - Les Eling de l’Ouest, les Ndiktun, les Ndik nyak, les Ndik-mem, les
Ndik-hende et les Ndik-banol de l’Ouest dans la région de Yabassi ;
4 - Les Ndik-somo, les Ndik-mbale, les Nyokon, les Eling et les Ndikbanol
de l’Est, les Yambetta et les Lemandé dans la région de Bafia.
69
En 1923, Yingui fut rattaché à la subdivision de Yabassi et
Ndikiniméki à la subdivision de Bafia, d'où la séparation des zones, du fait
de la difficulté à rallier le sud du pays banen. Ndikiniméki va en cette date,
être rattachée à Bafia, pour être supprimée en 1927 et réintroduite en 1934.
La région du Mbam est créée en 1935.
Pendant l’administration coloniale française, les Ndikbiakat faisaient
partie de la région de Douala, les Eling de l’Ouest (appelés aujourd’hui
Yingui), les Ndiktouna, les Ndiknyak, les Ndikbanol de la région de Yabassi,
les Ndiknana à Edéa, les Ndik-Somo, les Ndik-Mbale, les Nyokon, les Eling
et les Ndikbanol de l’Est, Les Ndiksomo, les Nyokon, les Yambetta et les
Lemande dans la région de Bafia.
Les Idikbiakat et Ndikbanol étaient les premiers à atteindre le sud. Les
Ndikbiakat habitent entre le Dibamba Nebamb et le Ebo Nébo, et sont sur
les plateaux.
C’est dans les années 1920 que le poste Somo fut rattaché à Yabassi, puis
amputé d'une partie (sud) qui est restée à Yabassi tandis que l'autre (nord)
a été rattachée à Bafia.
Les régions de l’administration allemande sont devenues des subdivisions
dans l’Administration coloniale Française et les circonscriptions comme
Douala sont devenues des préfectures. La circonscription de Bafia en 1927.
C’est en 1923 que Yingui est détachée de la subdivision de Ndikiniméki
pour être rattaché à Yabassi du fait de la difficulté de rallier le sud Banen.
Yingui a toujours existé mais comme un district dépendant de la région
Yabassi ainsi que Ndikiniméki. C’est quand la circonscription du Mbam est
créée que les Français vont l’affecter et le Nkam à Yabassi va en 1930
intégrer les Indikbiakat lesquels se trouvaient depuis dans la circonscription
de Douala.
70
Les groupements Mbang et Banen, du fait de leur accès difficile ne furent
visités par les colons qu’en 1933, 1935 et 1938.
On recensait en 1930, dix-sept factoreries à Yabassi gérés pour la plupart
par les européens. Il s’agissait des maisons de commerces. Ceci aurait aussi
pu bénéficier à Yingui si Yabassi ne perdait pas son importance au détriment
du Moungo à cause de la voie ferroviaire qui y avait été créée. La pénétration
coloniale mettra fin au monopole commercial des côtiers notamment les
Douala.
Les grandes plantations s’implantèrent dans le Moungo car le Moungo
offrait une plaine ouverte et disposait d’un sous-sol riche au détriment de
Yabassi qui avait une topographie tourmentée.
Vers les années 1940, une forte Communauté Banen se retrouva à
Mboppi. Entre 1951-1952 un poste administratif fut créé à Yingui. Les
archives mentionnent une note des chefs banen du nord revendiquant le
ralliement avec leur peuple du sud. Ils avaient écrit en 1951 à Monsieur le
haut-commissaire de la République française au Cameroun pour le
rattachement de la subdivision de Ndikiniméki à la Région du Nkam.
La ville de Yingui fut créée comme district en 1950.
En 1951-1952, un poste administratif fut implanté à Yingui. Une souspréfecture
pour tous les Banen du sud (Ndiktouna, Ndiknyak, Ndikmem,
Eling, Ndikbanol, Ndikhende, Ndiknanga, Ndikbiakat).
Yingui devient arrondissement en 1966.
2. La guerre du maquis en pays banen :
a) Causes et effets de la guerre du maquis :
- Causes :
Une deuxième guerre avait éclaté ; la deuxième guerre mondiale (1939-
1945). La France avait demandé aux puissances africaines qui étaient sous
71
son autorité de combattre aux côtés de ses troupes. Une condition leur avait
alors été imposée par les Africains : celle d’avoir le droit de vote à l’Assemblée
Législative et celui-ci leur avait été accordée.
Après la guerre, les Français n’avaient pas tenu leur promesse. Des
années plus tard, des mouvements nationalistes commencèrent à voir le
jour dans plusieurs pays d’Afrique. Les populations réclamaient leur
Indépendance, ce que la France ne voulait pas leur accorder. Les groupes
nationalistes ou indépendantistes entrèrent dans une révolte très active. Ils
avaient adopté une stratégie de guerre qui était semblable à celle menée en
Europe lors de la 2 e guerre mondiale, ou les populations combattaient de
nuit et le jour, se cachaient dans les maquis, une végétation touffue et
épineuse. Les français les avaient donc appelés « les maquisards ».
Les leaders des mouvements nationalistes au Cameroun étaient
originaires des régions des Bassa et des Bamiléké. Le pays des Banen se
situait à mi-chemin de ces deux régions et avait l’avantage d’abriter une
grande forêt dans sa partie sud.
Le territoire très enclavé du sud était un facteur favorable à
l’implantation des troupes indépendantistes.
- Effets de la guerre en pays banen :
Les maquisards combattaient les sympathisants des colons et n’hésitaient
pas à tuer tous ceux qui payaient les impôts à l’administration coloniale
française. Ils avaient été soutenus à un moment donné par des Banen qui
espéraient, par cette guerre, que le pays obtienne son indépendance.
Certains Banen avaient nourri les troupes indépendantistes. On faisait la
collecte de la nourriture pour apporter en brousse aux maquisards, là où ils
se cachaient.
L’administration coloniale avait changé de stratégie et la guerre prit une
ampleur importante.
72
L'administration qui, se sentant incapable de protéger toutes les
populations, avait exigé leur évacuation et décrété l’état d’urgence sur
l’ensemble du département du Nkam, lequel état avait été levé il n’y a pas
très longtemps. Le pseudo marquis a duré jusqu’en 1971 dans les régions du
Nkam et du Moungo.
L’abandon des villages n’était pas volontaire.
Il y a eu une première vague migratoire. La seconde est survenue de 1945-
1955 à la suite des guerres d’indépendance.
- Témoignage des périodes de déguerpissements des Banen :
Nos parents n’avaient qu’un seul problème : trouver asile ailleurs.
Moi qui vous parle, j’avais commencé à fuir les maquisards depuis ma
naissance jusqu’en 1971 à Loum où j’avais assisté à l’exécution du dernier
maquisard au stade municipal. Nos parents n’avaient ni moyens matériels
ni moyens physiques pour réintégrer leurs villages, témoigne Bengala
laurent.
Ce déguerpissement des banen était horrible à vivre, affirme le Doyen Luc
Mbendé : « Nous étions en vacances, mon grand-frère et moi, quand le
malheur est arrivé. Le seul qui tenait la tête, fut un brave chef de 2 e degré.
Le chef de Canton de l’époque avait fui en forêt. Parmi les deux veuves de
mon père, il n’y avait que ma mère qui avait un peu de force pour porter ne
serait-ce que le panier de provisions. Sa coépouse, malade, marchait à peine.
Elles ont marché pendant sept jours et sept nuits avant d’arriver à Yingui.
Et c’était pendant la saison des pluies.
Dans la forêt d’Ingoloko, plusieurs sont morts rien que pour atteindre
Mosse. Étant déjà élève à Ndogbele Yabassi, mon frère et moi possédions nos
cartes d’identité scolaires. Nous étions obligés d’aller à Yingui à la rencontre
du car de transport qui devait nous ramener à l’école. Au passage des
militaires, les maquisards restaient brûler les habitations de nos parents. Il
73
n’y avait qu’un seul chemin à suivre, Yingui. Le côté de la Sanaga Maritime
était plus dangereux, la base des agresseurs. Quand les gens passaient
quelque part, un boulevard était bien visible. Comme c’était la saison des
pluies, la traversée des marécages où l’eau pouvait atteindre la poitrine était
périlleuse.
Les familles affluaient massivement vers Douala. Là, il s’agit des années
54 à 55. Douala n’était pas la seule ville de refuge. Il y avait Sole, Penja et
Loum qui accueillaient la plupart des migrants. Mais il y avait un contrôle
strict à Yingui. Sans laissez-passer, personne ne bougeait. Certains
passaient par la brousse pour rejoindre Bataba afin d’échapper au contrôle.
b) Conséquences de la guerre :
- Les migrations :
L’une des conséquences est le déguerpissement. Les Banen se sont
retrouvés à plusieurs endroits. Le sud a été très touché, en ce qui concerne
les migrations à la suite des émeutes. Les habitants sont allés jusqu’à Ndiki,
et plus loin que Ndiki, parce qu’il y a des colonies jusqu’à Bafia et à Bokito.
Elles ont intégré le Moungo, Ebolowa, Edéa, Loum-Paris.
Mais la première base des Banen est Douala (Mboppi). C’est le marigot
Mboppi qui a donné le nom au quartier. Ils se sont aussi installés à Bepanda,
PK 13. On y trouve par exemple l’Église Logdengué à PK 13 qui fait
référence à un village Banen.
Des quartiers existent aussi à Douala ayant une appellation en Tunen
parfois avec des déformations. On peut citer par exemple Ndogbong en
Tunen indik’mboπo, Bonadibong – indik’mbong, Logbessou – indik’bissou,
Logpom – indik-nèfom, etc.
Les noms banen de Ndogbong et Logbessou sont une certitude, car le
second est Indiknanga et le premier est même en train de réclamer ses
origines de Mamba, proche de Indikbiakat donc il est Indikbiakat.
74
- État du territoire déguerpi :
De 1938 à nos jours, rien n’a changé. Le problème que constituait la route
Ndiki-Yingui se posait déjà dans les années 1950. Les manœuvres
entreprises par les députés de l’époque furent énormes, mais hélas vaines.
Les multiples collines dans le Nkam furent aussi un frein à l’avancement
des travaux. Car selon un ingénieur français, en 1957, les Français devaient
créer 5 km de route, mais à Mosse, il y avait une colline qui se dressait et les
moyens ne permettaient pas de la contourner. À l’heure actuelle, Yingui n’a
pas de routes praticables. Et par conséquent, il n'y a pas beaucoup de
localités accessibles par la route.
Il y eut une courte période au cours de laquelle on a pu visiter certaines
localités. Les récits des administrateurs coloniaux de la tournée effectuée
par Really Henri, adjoint au chef de la région du Nkam, dans les
groupements Banen de Ndikbiakat et Ndiknanga du 07 février au 13 mars
1938 démontrent les difficultés d’accessibilité dans ces terres.
Les tournées médicales n’ont d’ailleurs pas été fréquentes. Les Ndikbiakat
et les Lognanga forment une suite de montagnes couvertes de forêts,
difficiles d’accès, où il est quasi impossible aux gens de se grouper par
villages.
L’arrondissement de Yingui ne s’est pas développé à cause du manque de
voies d’accès qui pouvaient le rattacher à une autre localité environnante,
car la zone est fermée et sa dépendance à Yabassi est presque totale.
Yingui est une vieille unité administrative. On peut noter l’énorme
différence de niveau de développement avec les unités de la même
génération. Investir dans cette zone est un calvaire à cause du manque de
route, d’électricité, de télécommunication...
Des hommes ont vécu jadis en ce lieu qui est aujourd’hui la forêt d’Ebo.
Les preuves sont l'existence des safoutiers, des palmiers à huile, des
75
cacaoyers… Aux nombreuses allégations selon lesquelles ce sont les oiseaux
qui lâchaient les graines dans la nature, la preuve de l’occupation de ses
localités par les Banen a été donnée par les explorateurs qui y ont découvert
une tombe. Ces derniers ont alors cherché et retrouvé sa descendance.
La présence de la seule tombe en béton armé témoigne de l'importance de
l'homme à l'égard des Allemands qui firent ce geste de compassion.
Beaucoup de reliques y ont été retrouvées, des ruines d’habitats, des tombes
des ancêtres. Tout cela a convaincu les explorateurs de la vie des hommes
sur ce territoire jadis.
76
VI - LE PAYS BANEN APRÈS LES
INDÉPENDANCES
1. L’Indépendance du Cameroun :
a) Les revendications et la loi cadre :
Les Africains en général et les Camerounais notamment voulaient se
gérer tout seul et réclamaient de plus en plus le départ des puissances
coloniales. La France n’était pas prête à abandonner ses intérêts en Afrique
et au Cameroun en particulier.
À la session d’octobre-novembre 1957, plusieurs projets de lois dont la loi
cadre furent soumis à l’examen des députés, parce que les revendications
des couches éclairées de la population africaine se faisaient sentir et le mot
magique d’Indépendance était déjà lancé. Cette loi cadre fut préparée par
Gaston Defferre en liaison avec Félix Houphouet Boigny.
Comme son nom l’indique, c’était une loi qui servait de cadre à des textes
d’application, à l’intérieur de laquelle le gouvernement pouvait promouvoir
des réformes. Elle fut votée le 23 juin 1956. Comme changement positif
amené par ce texte, il faut citer l’introduction du suffrage universel, qui
consacre la promotion de la population paysanne à la majorité civique, et qui
va entrainer un contact plus étroit des politiciens avec les masses rurales.
De même, l’introduction du collège unique implique une sorte
d’africanisation du débat.
Cette loi cadre d’un autre côté humiliait presque le Cameroun et l’Afrique
francophone, et conduisait à un assimilationnisme que personne ne voulait.
Malgré les multiples oppositions, la France a réussi à l’imposer et c’est à
cette condition qu’elle pouvait remettre au Cameroun oriental son
Indépendance.
77
b) La proclamation de l’Indépendance :
L’Indépendance du Cameroun oriental est proclamée le 1 e janvier 1960
par la France. À ce moment, la partie occidentale du Cameroun qui est sous
l’administration de l’Angleterre n’a pas encore la sienne.
La superficie du Cameroun occidental n’était pas suffisamment vaste pour
que lui soit accordé le statut d’État, selon les Nations unies. Ce terroir ne
pouvait obtenir son Indépendance que via le rattachement soit au Cameroun
oriental ou au Nigéria. Un plébiscite a été organisé le 11 février 1961. Les
populations du Cameroun occidental étaient appelées à répondre aux
questions suivantes :
78
- Voulez-vous atteindre l'Indépendance par l'unification avec la
Fédération Indépendante du Nigéria ?
- Voulez-vous atteindre l'Indépendance par l'unification avec la
République Indépendante du Cameroun ?
La partie nord du Cameroun occidental avait choisi d’être rattachée au
Nigéria et la partie sud du Cameroun occidentale avait choisi son
Indépendance via le rattachement au Cameroun.
Suite à ce vote, une Conférence avait été organisée à Foumban du 17 au
21 juillet 1961, L’ordre du jour était la constitution d’un État Fédéré qui
unirait le Cameroun oriental et le Cameroun occidental qui deviendrait
indépendant par une unification. La proclamation de l’Unification du
Cameroun s’est faite le 1 e octobre 1961,
79
2. Réformes du pays banen après l’Indépendance :
Après son Indépendance, le Cameroun doit se prendre en charge. Les
français quittent le pays et le pays banen. L’administration camerounaise
récupère les locaux.
a) Réorganisation administrative :
Le territoire des Banen en période précoloniale était sous l’administration
traditionnelle. Pendant la période coloniale allemande, il a connu comme
tout le territoire camerounais, il a subit une organisation administrative
étatique qui sera modifié pendant la période coloniale française. Après les
Indépendances, le territoire subit des réorganisations et érigé en quatre
communes :
Ndikiniméki, Makénéné, Nitoukou qui sont administrativement
rattachés dans le département du Mbam et Inoubou, Région du Centre et
l’arrondissement de Yingui qui lui, est rattaché au département du Nkam,
Région du Littoral. Suivant l’organisation administrative actuelle du pays,
ces arrondissements sont confondus aux commeunes dont ils partagent
toponymie cartographique.
- L’espace territorial et administratif de Ndikiniméki :
* Évolution du statut juridique :
La commune de Ndikiniméki est crée par Arrêté N°237 du 07 Juillet 1955.
Elle s’étend sur une superficie : 2.650 km². Elle compte 32 villages et 18
quartiers dans l’espace Mbam (soit 50 chefferies de 3ème degré). Elle compte
aussi des groupements ou chefferies de 2ème degré qui sont : Etoundou,
Inoubou Nord, Inoubou Sud, Ndikoko.
Suivant les données du 3è recensement générale de la population et de
l’habitat de 2005 (2è RGPH), sa population est estimée à 17 462 000 âmes.
Sur le plan ethnolinguistique, on y parle le tɔ̀póány et le tùfɔ́mbɔ̀.
80
* Espace territorial et limites administratives :
L’arrondissement de Ndikinimeki est limité respectivement par les unités
administratives ci-après ainsi qu’il suit :
Au Nord par l’arrondissement de Makenene ;
Au Sud Ngambe et Yingui (Région du Littoral) ;
À l’Est par les arrondissements de Ndom (région du Littoral), Bokito,
Nitoukou et Kon-Yambetta ;
À l’Ouest par Yingui (région du Littoral).
- L’espace territorial et administratif de Nitoukou :
* Evolution du statut juridique :
Le district de Nitoukou est créé dans l'arrondissement de Ndikiniméki par
Décret n° 92/187 du 01/09/1992 en 2010, Nitoukou est érigé en
arrondissement par éclatement de celui de Ndikiniméki, suivant le décret n°
2010/198 du 16 juin 2010 portant érection des Districts en Arrondissements.
La Commune de Nitoukou est située à 23 kilomètres de la Commune de
Ndikinimeki, à 27 kilomètres de la Commune de Ndom et à 82 kilomètres
de Bafia.
* Espace territorial et limites administratives :
C’est le plus petit espace territorial et administratif du pays Banen. Il
s’étend sur une superficie d’environ 854 km². Et compte à ce jour 15
chefferies tradionnelles de 3è degré (Ndougbissoung, Ekondj I, Ekondj II,
Ekondj III, Ekondj IV, Ndéma, Nébassel, Ndikibil, Etong, Neboya, Ilobi,
Nekom I, Nekom II, Ndekeyap et Nitoukou village) pour une population
estimée à 4 831 habitants suivant les données du Bureau Central de
recensement de la population de 2005. Ils parlent tous le tùǝliŋ et le tɔ̀póány.
L’arrondissement de Nitoukou est limité respectivement par les unités
administratives ci-après:
81
Au Nord et à l’Est par l’arrondissement de Ndikinimeki ;
Au Sud par la Commune de Ndom (Région du Littoral) ;
À l’Ouest par l’arrondissement de Bokito.
- L’espace territorial et administratif de Makenene :
* Evolution du statut juridique :
D’une superficie de 885 km², Makénéné est un territoire banen occupé de
nos jours à 90 % par les allogènes issus des déplacements des populations
originaires pour la plupart des régions de l’Ouest (Bamileke, Bamoum) et du
Nord-Ouest et d’ailleurs (africains de l’Ouest.
Le district de Makénéné est créé dans l'Arrondissement de Ndikiniméki
en 1965 est érigé en arrondissement en 1992 suivant le décret n°92/127 du
26/06/1992. Il compte 16 chefferies de 3 e degré à savoir : Mock-Centre, Mock-
Sud, Ngokop, Barrière, Carrière, Nyokon II, Makénéné-Centre, Hôpital,
Makénéné-Est, Town Water, Nyokon I, Nyokon III (Mbalam), Nyokon IV,
Kinding-Ndé, Kinding-Ndjabi Et Nyingo.
* Espace territorial et limites administratives :
Makénéné est limitée de par et d’autres comme ci-dessous :
Au Nord par la l’arrondisszement de Massangam (Noun, Région de
l’Ouest) ;
Au Sud par les arrondissements de Yabassi (Nkam, Région du Littoral et
Ndikinimeki ;
À l’Ouest par les arrondissements de DEUK et de Kon-Yambetta.
82
- L’espace territorial et administratif de Yingui :
* Evolution du statut juridique
Yingui est un arrondissement situé dans le département du Nkam, région
du Littoral. La commune Yingui éponyme a été créée en 1970 puis a été
ratachée à Yabassi pour à nouveau être restaurée en 1997.
Sur le plan de l’organisation du territoire, l'arrondissement de Yingui est
composé de cinq cantons que sont : Indikbanol, Indiktuna, Indikbiakat,
Lognanga, Ndem pour quinze (15) villages.
De plus 15000 âmes dans les années 1930, la population de
l’arrondissement de Yingui a décru pour être de 5000 personnes
effectivement présentes dans la localité lors du 3è récencesment général de
la population et de l’habitat de 2005 du fait de deux facteurs fondamentaux
à savoir : le phénomène de l’exode rural et surtout le déplacement forcé des
populations par les pouvoirs publics lors de la guerre d’indépendance. La
variante principale du Tùnen ici parlée est le Tùfɔ́mbɔ̀ constitué de deux
sous variantes que sont le Tùndiktuna et le Tùndiknanga.
* Espace territorial et limites administratives :
L’arrondissement de Yingui est située entre le 4ème et le 5ème degré de
latitude nord et entre le méridien 11°3’ du coté nord-ouest et le méridien
4°35’ vers le sud. Il est limité :
Au Nord par l’arrondissement du Nord-Makombe ;
Au Nord-Est par l’arrondissement de Ndikinimeki (Mbam et Inoubou,
région du Centre) ;
Au Sud et à l’Ouest par l’arrondissement de Yabassi ;
À l’Est par l’arrondissement de Ngambé (Sanaga-Maritime).
83
b) État du territoire déguerpi :
La guerre du maquis a causé le déguerpissement. Le territoire jadis habité
s’est transformé en forêt.
- Infrastructures sociales et économiques :
Un faible développement de l’économie locale, un faible développement
organisationnel et institutionnel au sein de la communauté.
- Difficulté d’accès aux services sociaux de base
- Enclavement de la Commune
- Faible production agropastorale
- Déforestation
- Faible impact des activités de l’institution communale
- Faible valorisation des potentialités locales.
- L’économie :
L'agriculture est la principale activité économique, la population produit
les cultures vivrières (manioc, banane plantain, arachide) et les cultures de
rentes comme le cacao et le palmier à huile.
Et les cultures de rente dont le cacao et le café qui sont les cultures
traditionnelles et d’introduction coloniale puis de plus en plus, le palmier à
huile, dont la culture entre de plus en plus dans les mœurs des jeunes
générations.
Quant à l’élevage, il concerne le petit bétail et la volaille. Avec l’ouverture
au monde extérieur, les vastes savanes de la partie septentrionale du pays
banen connaissentt la pénétration d’un nouveau type d’élévage ; celui des
ovins qui est introduit par la nouvelle élite bourgeoise de la localité.
Les activités commerciales sont pratiquées à très modeste échelle en
majorité par les ressortissants d’autres tribus du pays et même par les
84
étrangers. Elles sont plus orientées vers la vente de produits de première
nécessité et quelques produits manufacturés (produits de quincaillerie…) ;
produits de rente et du surplus des vivres.
- La santé :
La ville de Yingui est dotée d'un Centre Médical d'Arrondissement qui
compte plusieurs médecins et quelques personnels paramédicaux et où sont
effectués les soins médicaux de base, disposant des médicaments essentiels
malgré un plateau technique médiocre.
- La cartographie dans le pays banen :
La cartographie de cette région a été influencée par le déguerpissement
des populations.
Certaines localités n’existent plus sur les cartes. Les cartographes
semblent ne pas mettre des localités où il n’y a pas d’individus. Ils mettent
les cours d’eau, ils mettent les collines.
Les cartes semblent également ne pas restituer les localités tribales ou
claniques selon les riverains. Dans le sens de l’organisation administrative,
le village vaudra ce qui a été défini dans le cadre avec cet objectif : l’on veut
regrouper un certain nombre de personnes dans une unité.
Mais ce n’est pas ce qui fait la définition dans la langue courante. Un
village pour quelqu’un, c’est très souvent le lieu où il est né. Le peuple s’étant
dispersé, l’évaluation de la population localité par localité n’est pas possible.
Elle ne peut que se faire par village.
À l’intérieur de Ndoukbayebi 2, il y a des hameaux qui peuvent exister,
tels Ndikel, Ndikbondè, mais sur le plan administratif, on considère qu’il y
a un chef de village. Un chef de village est à la tête d’un village. C’est ce
village-là qui regroupe plusieurs hameaux. De manière générale, un
Ndibondë peut dire : « Je rentre dans mon village ».
85
Le travail de délimitation des villages semble n’avoir pas été bien fait chez
les Ndikbiakat ; il aurait fallu repositionner certains villages sur la carte.
Les villages du nord de la région banen ressortent sur la carte. Tous les
villages de Inoubou sud sont sur la carte. Pareil pour les villages de
Indiknanga et Ndiktouna. Mais Ndogno qui ressort sur la carte c'est
Ndikmoroé après Ndikedeng.
Il y a Mossé et Kobéka qui sont représentés comme des villages. Par
contre, il n'y a jamais eu de chefferie à Kobéka. Sur la carte des villages qui
sont en réalité des sites ont été représentés à plusieurs endroits.
Ce qui ressort sur les cartes de Ibo forêt, c'est Mouffon, Nikoup mais non
Ndikminokon 2. La chefferie de Ndikminokon 2, c'est à Bikombi. Or il y a
des gens qui sont rattachés à cette chefferie-là, mais qui sont à Mougins, à
plus de dix kilomètres. Comment peut-on parler de village qui regroupe des
gens qui sont distants de 10 km ? Et ces villages, c'est Bikombi et Moufon.
Nous avons des cartes qui portaient ces noms, mais seulement, ces noms
représentaient les sièges des chefferies traditionnelles et non des villages.
La politique de création des chefferies n'étant pas appliquée de la même
manière partout, il reste difficile de juger le niveau d'occupation des terres.
Ce que nous considérons comme villages au sens des démographes, ce sont
des localités (Bikombi, Messeng, Indikimoulong, etc.)
Dans la plupart de nos villages, la délimitation nette est généralement un
bosquet, une grande forêt. En ce qui concerne le regroupement Iboti que tout
le monde peut visiter maintenant, il y a Bohend, Bokak, Boundeng.
On peut le constater aussi en parcourant la liste des villages retenus par
canton dans l'arrondissement de Yingui en 1966/67. Actuellement, il y a
seulement Iboti et Logndeng. Les autres villages ont disparu.
86
87
VII – LES HUIT CANTONS QUI CONSTITUENT
LE PAYS DES BANEN :
I. Présentation et répartition des cantons :
a) Présentation des cantons :
Les Banen sont regroupés par cantons, c’est-à-dire par proximité
sociologique, rattachés à des autorités locales traditionnelles, des chefs.
Nous avons Yingui, Indiktuna, Indikbu, Lognanga.
89
Les cantons voient le jour avec les chefferies, à l’arrivée du colon. Un
canton regroupe parfois deux ou plusieurs villages de 3 e dégré.
Les cantons sont des entités ou regroupements familiaux. Les sept
cantons qui composent le pays banen sont :
À Ndikinimeki :
• Le canton Itoundou,
• Le canton Inoubou-Nord,
• Le canton Inoubou-Sud,
À Yingui :
• Le canton Yingui,
• Le canton Indiktuna,
• Le canton Indiknaŋa,
• Le canton Indikbiakat,
• Le canton Ndem.
b) Répartition territoriale des cantons :
b1. Le canton Itoundou :
Autrefois, le canton Itoundou était constitué de deux grands groupes : les
Itoundou et les Eling. Un vent d’émancipation a tôt fait de souffler sur les
Eling et ceux-ci se sont progressivement affranchis de la tutelle de leurs
voisins. Ils veulent aujourd’hui se constituer en canton autonome. Ces deux
tribus sont installées dans la savane ou encore dans une zone de transition
entre la savane et la forêt.
Les Itoundou : La route Yaoundé-Nkongsamba les a désenclavés, même si
elle n’est pas passée par tous les villages. Les populations des villages non
desservis par la route se sont déplacées pour s’installer dans leur
90
emplacement actuel. Ce territoire qui les a tous accueillies serait l’habitat
traditionnel du clan Nomale.
Les Eling : à défaut de les désenclaver totalement, l’axe Ndiki – Nitoukou
– Omeng et les bretelles qui desservent les grands groupements comme
Indikbissoung, Ekondj… ont rendu tous leurs villages accessibles.
b2. Le canton Inoubou-nord (population : 4006 habitants environ
en 1952) :
Tout comme pour le canton Itoundou, les villages du canton Inoubou-nord
ont été désenclavés par les routes Yaoundé – Nkongsamba et Ndiki –
Nitoukou – Omeng. Les populations dont les habitats traditionnels sont
situés dans la grande forêt se sont déplacées dans un premier temps pour
offrir leurs services dans les chantiers de construction de la route Yaoundé-
Nkongsamba, le long de laquelle elles se sont, dans un deuxième temps,
définitivement établies. C’est le cas des Indiktolè, Endèkèhok, Indikyel …
Certaines de ces populations ont depuis un temps entrepris des actions de
recolonisation de ces terres situées dans les forêts arrosées par les rivières
Kiakan, Molo, Nihep, Makénéné, Noun... Elles y créent de vastes
exploitations agricoles.
b3. Le canton Inoubou-Sud (population : 2953 habitants environ
en 1952) :
Dans le canton Inoubou-sud, il faut distinguer deux zones : la zone
Indikbou et la zone Indikbanol.
La zone Indikbou : Elle est constituée de très petites peuplades perdues
dans l’immense forêt d’Inoubou. Ce sont les Indikbou et mêmes, les Bahalè,
les Endekanyebe, les Indikmbot, les Indikngol, les Indikmbalè, les ondol...
L’immensité de la forêt d’Inoubou constitue le plus grand obstacle de cette
zone. Indikbou, regroupement tribal phare, est à pratiquement 45 km de
Ndikiniméki, chef-lieu de l’arrondissement auquel il est rattaché. Grâce à
91
une société forestière, une piste y avait été ouverte mais reste impraticable
sur une bonne partie de l’année à cause du mauvais état de la chaussée et
du manque de ponts sur les rivières.
La zone Indikbanol : La particularité de la zone Indikbanol est la position
géographique de ces différents regroupements claniques. Depuis la nuit des
temps, toutes les populations de la zone Indikbanol se sont établies le long
de la piste Iboti – Nioni melouebend – Indiknabaho. La fin des travaux
d’ouverture de la régionale N° 16 désenclaverait à coup sûr quasiment tous
les villages de la zone. D’ailleurs, plusieurs de ces villages sont desservis par
le tronçon de cette régionale N°16 déjà ouvert (Endeknenoho, Endekon,
Endekwanen, Endekbassaben, Endekbandalemak, Indikbekoumek). Du sud
de la zone, les derniers travaux d’ouverture de la régionale N°16 ont permis
d’atteindre le village Indikbekom en passant par Indikbessiomi. Il reste à
ouvrir le tronçon Indikbekon – Indikbek 6 Itong (Indikjotè) – Indiknyako –
Indikbelak – Nebamo pour que le canton Inoubou-sud zone Indikbanol soit
totalement désenclavé.
b4. Le canton Yingui (population : 1049 habitants environ en
1952) :
Tous les villages du canton Yingui sont desservis soit par la régionale N°
16 (Indikhèndè, Indikmèmè sud et nord, Yingui 1 et 2, Mossè), soit par des
bretelles (Indikenyak, Indiktun, Bèyamb, Toubok, Bakong et Metiye).
b5. Le canton Indiktuna (population : 1665 habitants environ en
1952) :
Le territoire du canton Indiktouna est situé entre la rivière Makombè et
le fleuve Nkam. Nous l’appelons le canton en « V ». Contrairement aux deux
autres cantons de l’arrondissement de Yingui, Indikbiakat et Indiknaŋa
notamment, il n’existe pas beaucoup de dénivellations du sol sur le territoire
92
du canton Indiktouna. Seulement, pour y accéder, il faut traverser la
Makombè, large de plusieurs dizaines de mètres et un débit très élevé.
Cependant, les Indiktouna peuvent accéder à leur territoire à partir du
village Ndobtiba en pays Bandem dans l’arrondissement de Nkondjock.
Néanmoins, en plus de la construction du pont sur la rivière qui sert de
limite naturelle aux deux communautés, il faut, du côté de l’arrondissement
de Nkondjock, ouvrir la route qui mène à cette rivière.
b6. Le canton Indiknagna (population : 1844 habitants environ en
1952) :
Pour accéder au territoire du canton Indiknaŋa par voiture, il faut
parcourir une bonne partie des pays Bakoko, Bikok et Babimbi. La seule
piste qui dessert le canton Indiknaŋa a été ouverte par une société forestière.
Cette piste qui part du village Lokat en pays Babimbi, traverse les
territoires de deux regroupements claniques, les Indikendoun et les
Indikbanamouan. Les territoires des 10 autres regroupements restent
totalement enclavés sur les collines. Les travaux d’ouverture du tronçon
Nioni meluebend (chez les Indikbiakat)-Indikbanamouan (chez les
Indiknaŋa) ont été confiés il y a quelques années au Matgenie. L’ouverture
de ce tronçon permettrait de rallier à partir de Yingui, chef-lieu de
l’arrondissement, le territoire Indiknaŋa par voiture. Ces travaux n’ont pas
été réalisés.
b7. Le canton Indikbiakat (population : 5069 habitants environ en
1952) :
Le canton Indikbiakat est un vaste territoire. Il représente à lui seul plus
de la moitié de tout le territoire de l’arrondissement de Yingui. La rivière
Nebo’o (Ebo) y déverse ses eaux depuis le village Massouang jusqu’au
confluent avec le fleuve Nèbamb (Dibamba). Il abrite au moins 95% de la
93
forêt connue au niveau mondial aujourd’hui sous la dénomination de « forêt
d’Ebo ».
Ses regroupements claniques y sont dispersés à l’extrême. Plusieurs
d’entre eux sont sur les collines comme chez les Indiknaŋa, leurs voisins de
l’Est. Le territoire du canton Indikbiakat est totalement enclavé. La
régionale N° 16 traverse son territoire à sa limite nord. Elle ne dessert que
quatre localités : Massouang, Iboti, Indikmolong nord et Indikelen –
Indikbiakat. Elle laisse très loin à droite, les 31 autres regroupements
claniques de ce canton. Les bretelles qui pouvaient contribuer au
désenclavement de certains de ces regroupements claniques sont restées des
culs-de-sac.
À l’ouest, la bretelle qui part de Mossè dans le canton Yingui s’arrête net
au village Indikendeŋe après la traversée de la rivière Nébo. Les villages
Indikmolong et Bikombi sont respectivement à 5 km et 9.5 km de là.
À l’Est, la piste qui part de Lokat en pays Babimbi et traverse le canton
Indiknaŋa arrive dans son territoire au village Indikmenye. L’obstacle ici
étant la rivière Mako, limite naturelle entre les Indikbiakat et les
Indiknaŋa.
Au sud, une piste a été ouverte par la société SNC Bois jusqu’à Beyeck, à
une bonne distance après avoir traversé la rivière Nébo dans la partie
inférieure. Malheureusement le pont n’était pas encore construit sur la
rivière Nébo lorsque la société avait décidé d’orienter son exploitation
forestière en deçà de cette rivière afin de sortir les bois par Kopongo et non
par Mamba-Bonépoupa comme ce fut le cas avant. Les travaux d’ouverture
de cette piste furent arrêtés, laissant à des dizaines de kilomètres le
regroupement clanique Indikbendeŋelim, premier village du canton
Indikbiakat. L’ouverture de cette piste n’a plus jamais été à l’ordre du jour
jusqu’à l’heure où nous faisions cette note.
94
B8. Le canton Ndem :
Faire une note sur ce canton.
Détour par la chefferie Indikembol-Indikibiakat (chefferie
Logmbo) :
Cette Chefferie couvre les clans Indikeboum et Indikelen.
- 1 e Chef Yemba ;
- 2 e Chef Bengala ;
- 3 e Chef Bessomen ;
- 4 e Chef Essoke ;
- 5 e Chef Moussandja ;
- 6 e Chef Titil (actuel Chef).
95
VIII - LE TUNEN, LANGUE DES BANEN :
1. La langue tunen et ses variantes :
a) La langue :
Au Cameroun, le français et l’anglais sont les deux langues officielles.
Toutes les deux sont héritées de la colonisation. Au-delà de celles-ci, il y
aussi l’allemand et l’espagnol qui sont les premières langues de contact des
camerounais avec les occidentales même si depuis des décennies, leur usage
est des plus résiduelles car ne sont enseignées et usitées que dans le cadre
des humanités dans les établissements secondaires et de l’enseignement
supérieur notamment dans les universités d’État et de grandes écoles de
formation des formateurs dans les Écoles Normales Supérieure set celles des
traducteurs et interprètes du pays où elles constituent de unités
d’enseignement. Malgré tout, ce sont des langues du fait d’avoir été ou d’être
encore véhiculaires dans notre pays qui ont influencé et/ou continuent
d’influencer les pas moins de 240 langues nationales dont le Tùnen qui est
la langue des Banen.
Les langues dites Bantous se caractérisent par l’utilisation des systèmes
de classes nominales. Les classes nominales regroupent des couples qui
correspondent au singulier et au pluriel. Le tunen rentre dans cette
catégorie, parce qu’il répond à ce critère. Tunen est le pluriel de hinen ; c’est
une classe de deux noms singulier-pluriel. Banen est la forme plurielle de
Munen.
Le linguiste allemand Tessman désigne sous le nom Mittel Kamerun
Bantu, les langues qui s’en rapprochent assez pour y être incluses, tout au
moins les Banen, Nyokon, Yambetta, Lemandé, peut être pas les Bafia ni les
Yambassa.
97
La langue des Banen appelé Tunen, est une langue multidimensionnelle.
Elle a un vocabulaire très élargi qui s’emploie selon le ou les contextes. Elle
est une langue riche qui a plusieurs variantes. Bien la parler relève de
plusieurs mécanismes à savoir : trouver les homonymes et aussi les
synonymes d'un mot, savoir conjuguer, utiliser les intonations et la dictions
qui conviennent. La variation des mots dans un contexte précis donne des
significations différentes aux phrases. Il suffit de prêter attention pour noter
des différences.
Le groupe linguistique tunen du Cameroun compte plus de 100 000
habitants (J. Mbongue en 1997), la plupart d'entre eux résidant dans la
région du Centre : division Mbam-Inoubou avec pour subdivisions
Makénéné, Nitoukou et Ndikiniméki, et la région du Littoral : division du
Nkam avec pour subdivision Yingui.
Cinq dialectes et plusieurs sous-dialectes sont signalés : Toboany (Itundu,
Ndiki, Ndikoko…), Tufombo (Lognanga, Ndogbang, Ndikbiakat, …),
Alinga/Eling/Tuling (Nitoukou, Néboya, Ndoukbissoung…), Ndiktouna,
Niguessen (Mese, Paningesen, Sese).
Le Tunen est similaire au Nyokon [nvo], Nomande [lem] et Tuotomb [ttf].
Notez que Tunen est distinct du Pinyin [pny] du groupe Ngemba. Il y a de la
littérature, des textes et une grammaire dans la langue, mais le nombre de
lecteurs est faible.
Les points cardinaux en tunen proviendraient des types de désignation
des dialectes. Par exemple le Nord : nomènà ; le Sud : éfombo, l’Est : nómàlɛ;
l’Ouest : bièny.
Généralement, on utilise le mot Efombo pour désigner les Banen du sud
mais aussi leur langue. Ceci serait à tort du fait qu’éfombo veut juste dire
sud. En d’autres termes, dans les éfombo, il y a un regroupement de
98
plusieurs tribus qui génèrent encore plusieurs variantes. C’est dire que
l’éfombo n’est qu’un mélange des langues tunen.
Il existe donc certaines subtilités de cette langue qu’il serait peut-être
préférable de parler de dialectes au lieu de variantes.
Il est important de préciser cette approche entre deux versions tunen :
« topoagne et biakat » c'est à dire les versions de communication utilisées
dans les deux régions qui sont le Centre et le Littoral.
b) Les variantes :
Le Tùnen est composé de trois ou quatre dialectes, comme le relève le Pr.
Mbongue Joseph dans son Mémoire de Maîtrise portant sur l'Inter
compréhension des locuteurs du Tunen. L’interprétation de la langue est
fonction de la distance géographique et sociale. Raison pour laquelle il est
prudent de signaler dans les interventions la région d’où l’on vient.
Les Banen dans les 4 régions ou arrondissements ont évolué selon les
périodes. Il y a eu des mixages et des influences dans leur langue.
Dans la langue tunen, on relève cinq dialectes (Toboany, Tufombo,
Niguessen, Tuling et Ndiktouna).
Si on traduit « je suis bien » ou « je ne suis pas bien »,
Le Tunen du sud dira :
1. Mè baka mwès,
2. Mè lè ba mwès.
Et le parler Toboany :
1. Mè lè mwès,
2. Mè lè pa mwès.
Selon l’ethnologue Barbara Grimes, on dit, Tunen mais aussi Banen,
Banend, Penen, Penyin.
99
Il y a donc une grande diversité dans cette langue. Par exemple bÓkànyè
en Tunen du Sud est la même chose qu’en Tobòàny. C’est-à-dire maléfice qui
signifie quelque chose sur lequel on a prononcé des paroles pouvant porter
malheur à toute personne qui voudrait transgresser l’interdit. Seuls les
Eling désignent le Tunen des autres Topoagne.
L’arrivée des Banen du sud avec une variante du Tunen a amené les
Banen de nomènà, ceux que ceux du sud appelaient banen ba somo, à
désigner cette variante par tunen ba éfombo. Efombo veut dire le sud et
Nomènà le nord.
Voici quelques exemples :
Hissemb = matin.
Hissemb hiess = bonne matinée.
Hissemb = La perdrix.
Mina Hissemb hallen = J'ai attrapé une Perdrix.
Manong = le Sang.
Manong manou miang yiol= je saigne.
Manong = les peuples ou les pays.
Manong ma missi mikim ma na tenem= tous les peuples de la terre sont
debout.
Massak = applaudir.
Soubek Massak = taper les mains - applaudir.
Massak = dents qui ont mal poussé et ont fait des doublons.
Mounou wou Massak = une bouche aux dents doublées.
Mial qui est le pluriel de Moual la noix de kola appelée (beeter kola).
Mial = le buffle.
100
Mial na Missek ba baka ebom ? Le buffle et l’éléphant sont-ils en brousse
? Et l'autre de répondre : èè. C'est un petit jeu d’enfants.
Chez les Banen, le jeu de mots dans les phrases relève du sens qu’on veut
donner à cette dernière. Par exemple
Ileng : qui veut dire amant ou amante en tunen.
Yam ileng yè= c'est mon amant (e).
Ileng : le fer ou l'acier.
Yam emba yè ileng= ma machette en acier.
En fait, le Tunen est une langue à tons. Les tons correspondent aux
accents. Ce qui fait que la position d'un ton change systématiquement le sens
et la signification du mot à cause des nuances dialectales qui le caractérise.
À propos du "bɛ̀" ou "bɛ́", il y a confusion entre la grammaire et la
conjugaison.
En grammaire, le /bɛ́/ est le pluriel du /mù/ qui renvoie à : On, Celui/Celle
ou Quelqu'un.
Par contre en conjugaison, ce graphème renvoie à ce qu'on désigne dans
d'autres langues comme indicateurs d’Infinitif du verbe. Sauf que l'infinitif
en Tunen notamment en Tɔ̀póāny et en Tùǝ̄liŋ a été édulcoré par nos
devanciers dans l'écriture quand ils ont éludé les préfixes (ɔ̀, ù et w) en les
remplaçant par les tirets (-).
Au Littoral, "u silin ou silekin" veut dire "chaleureux ou accueillir
chaleureusement".
Le tunen se bonifie au contact des autres langues et s’enrichit
constamment de nouveaux mots ou idiomes, dans le jeu d’interinfluences et
d’interpénétrations par les apports des langues dont elle est en contact
permanent notamment les occidentales citées plus haut et celles nationales
101
avec lesquelles elle partage la proximité à l’instar du basaa, du Duala, du
Yambasa et même des langues peules, hausa ou même de l’arabe.
En l’absence des statistiques sur les différents emprunts idiomatiques, il
est néanmoins utile de noter que les emprunts issus des langues nationales
au rang desquelles les deux premières citées, c’est-à-dire le basaa et le Duala
sont les plus abondants. Tandis que pour les autres langues notamment
européennes, les emprunts sont le plus souvent en rapport avec la politique,
la religion, l’économie, la culture et surtout les nouvelles technologies de
l’information et de la communication (NTIC). Citons-en quelques uns :
* En politique :
Kàyέsa vient de l’Allemand ‘‘Kaiser’’ pour désigner le Roi, le Chef ;
Ikίŋ de l’anglais ‘‘the King’’ pour dire le Chef, le Roi ;
Ngɔ́mὲn de l’anglais ‘‘government’’ pour dire une Autorité administrative.
* En religion
Misίón vient de l’anglais ‘‘mission’’ pour mission
Pásίtó vient de l’anglais ‘’pastor’’ pour Pasteur protestant
Sélà vient du français ‘’Sœur’’ religieuése ;
Pésɔ́b vient de l’anglais ‘’Bishop’’ pour évêque ;
Mésà vient du français ‘’messe’’ ;
Mίtίn de l’anglais ‘’meeting’’ pour office religieux
* En économie
Mɔ̂ nέ de l‘anglais ‘’ money’’ pour l’argent
Ndɔ́la vient de l’anglais americain ‘’Dollar’’ pour dire 5 FCFA
Ɔŋgàlɔ́m de l’anglais ‘’gallon’’ pour le bidon
Litǝ du français ‘’litre’’
102
Isús (pl. pίsús) vient de l’anglais ‘’shoes’’ pour chaussures
* Dans le domaine de l’industrie et des NTIC
Mǝsίn vient de l’anglais ‘‘machine’’ pour dire le train et autres objets de
mécanique usuels roulant ou pas mais à l’exception de la voiture et de la
moto
Mà̀tɔ́ vient de l’anglais ‘‘motor’’ pour dire voiture
Injίn vient de l’anglais ‘‘engine’’ pour dire moteur
2. Lexique et orthographe grammaticale :
a) Lexique :
- Préfixe :
Généralement en tunen, les noms commençant par "Ba" font appel à un
ordre, une recommandation, une action en cours d’accomplissement alors
que ceux commençant par "Bè" forment des noms au pluriel à quelques
exceptions près.
Ex. Bassilekin, veut dire "que l'on acclame ou accueille" Bassemback, "que
l'on esquive" Baboulé, "que l'on chasse".
Alors que "Bèhalal" veut dire, "le bercail, le patrimoine d'une famille",
Bessack "les conflits", etc.
Dans Betela, on voit un b' qui est le pluriel du mot " ètèl ou ètèla" qui a le
sens de "ce qui glisse" en parlant d’un lieu ou d’un objet.
Les enseignants du tunen devraient apporter de plus amples explications
ou porter des objections.
Toutefois, il est à noter que les préfixes "Ba" et "Be" dans l'onomastique
Tunen tels qu’exposés ci-dessus signifieraient la même chose, c'est-à-dire
qu'ils évoqueraient une accusation. Le parent qui nomme ainsi son fils, se
103
pose en victime.
tout le temps.
En fait, se référant à :1) Bassilekin= celui à qui on en veut
<=> /Bá/=>, les gens (accusation).
Radical (verbe) /ùsíl/ => agacer, acculer, chercher noise.
Suffixe /kin/=> Ce pour quoi ou celui pour qui on m'en veut (affixe
répétitif).
Begnaken /bényákɛ̀n/, Bekemen /bɛ́kɛ́mɛ̀n/, bekeaken /békéàkɛ̀n/, Bekem
/békém/=> correspondent à la même description que dessus. Ce ne sont pas
des exceptions. Pour l'essentiel, /Be/ renvoie au pluriel de /bù/ => une chose.
Ainsi, pour le nom Bétela, on l’explique par « les choses qui glissent ».
C'est cette approche entre deux versions du Tunen " topoagne et biakat"
c'est à dire les versions de communication utilisées dans les deux régions qui
sont le Centre et le Littoral.
La particule ndek ou ndik chez les Banen
Elle veut dire « ceux de » par exemple Ndik-Biakat « ceux de Biakat », la
descendance de Biakat.
Les nuances linguistiques dans la langue Tunen.
Les langues dites Bantous sont des langues qui se caractérisent par
l’utilisation de systèmes de classes nominales. Le tunen rentre dans cette
catégorie parce qu’il répond à ce critère. La langue est riche en vocabulaire.
Il existe plusieurs termes pour dénommer l’arachide par exemple, selon
qu’on se situe à Yingui, à Ndikiniméki ou à Nitoukou. Les classes nominales
correspondent au singulier et au pluriel de la langue française. Les noms en
tunen se classent en deux formes.
Le tunen a seize classes nominales.
Autres exemples :
104
Banen est la forme plurielle de Munen.
Éfombo : toufombo.
Hèpoagn : Topoagne le parler Ndiki.
Eling : Tuling.
Éfombo signifie Sud. Au Sud, tous les peuples ne parlent pas de la même
manière. On trouve certaines déclinaisons, selon qu’on passe d’une tribu à
une autre : Ndikbiakat, Ndinanghe, Ndibono, Yingui, Ndikeniak, Ndimémé.
Le Tunen est une entité abstraite, une union de plusieurs langues. Elle a
des sous variantes.
Et qu'est-ce qui est responsable de ces différences linguistiques au sein
d'un même peuple ?
On dirait peut-être les influences d'autres langues. Quelles langues ont
influencé quels groupes ?
Le Yambassa, le Lemandé, le Bassa chez les Alinga et le Bassa, le Douala
chez les éfombo.
Et chez les Indiki, Ndikoko, Itoundou et autres ?
b) L'orthographe grammaticale tùnən :
Les pronoms personnels :
*En Tuǝliŋ*
Je : => méaŋɔ̀
Tu : => ɔ́ŋɔ̀
Il/Elle : => waš
Nous : => bósù
Vous : => bónù
Ils/Elles : => bǝ̌p ou bǎp
105
Nɛ́n ou Nɛ̌ n
Le mot Nɛ́n ou Nɛ̌ n étymologiquement, renvoie à au moins deux verbes :
a) ɔ́nɛ̀n/uǹɛ̀n= bercer, cajoler
b) ɔ̀nɛ̌ n en Tuéliŋ= laisser, libérer.
Dans l'un des deux cas, il apparaît l'idée de délicatesse, de dignité, de
quelque chose de précieux.
Sur le plan purement linguistique, le B des bantous a été imposé aux
Banen par l'Éducation des Français assisté du Douala. (Culture acquise ou
adaptation circonstancielle).
Dans le Tunen de nos jours, le phonème originel P est tenu de cohabiter
avec le phonème acquis B, en variation libre. C'est la linguistique
descriptive, et Le Précis d'orthographe le démontre très bien. Cependant sur
le plan étymologique, Bakak est très différent de Pakak, dans ce sens que
pour un Topouagne Bakak n'a pas le sens de Pakak. Inversement, pour un
Éfombo, tous ces mots signifient la même chose, par la force de l'acquisition
complémentaire.
D’autres lettres aussi ont subi des influences. On a écrit par exemple
batifilek, batif, bassoubek, difoumbi, mboune, dikoni, mbom..... Au lieu de
betifilel, betif, bessoubek toufoumbou, oumboune, toukoni, embom...
Parlant de ce Précis d'orthographe, s'il a le mérite d'être un outil
d'apprentissage pour les nouveaux apprenants de la langue tunen, certains
estiment qu'il devrait être relu. Selon l’ouvrage, « la langue n'admet pas de
phonème consonantique finale. »
Les voyelles qui sont écrites en finale dans tous les mots de ce document
laissent penser que c'est ainsi que sont les mots Tùnèn et particulièrement
du Tufombo qui semble être le dialecte des Banen qui a contribué à la
106
rédaction de cet opus. Or, il n'en est pas ainsi. Car ils sont nombreux les
locuteurs de cette variante qui l'ont réfuté, dont le frère Tomo.
Dans toutes les langues, il y a des lettres ou allophones qui sont plus
présentes que d'autres. Si en primo position elles n'apparaissent pas assez,
en position médiane, ou en finale, elles sont assez bien représentées.
3. Calendrier en tunen
a) Les jours de la semaine en Tunen
Au départ chez les Banen, la semaine comptait quatre à cinq jours, en
fonction des marchés qui étaient organisés dans certaines localités. Mais
aujourd’hui pour ne pas être en marge de ce qui existe au niveau
international, voici les jours de la semaine :
Lundi= Hèsandjè ;
Mardi=Bikenini ;
Mercredi=Yile ;
Jeudi=Nèbata ;
Vendredi=Ėsèmbèlô ;
Samedi= Biloumbeloumb ;
Dimanche=Indili
b) Les mois de l'année chez les Banen
Le mot « mwil » en tunen signifie la lune. Et cette désignation correspond
à la division cyclique du temps telle que présentée par le calendrier
grégorien. Et le mot « hiot » signifie la saison sèche, à ne pas confondre avec
« hiotot » qui renvoie au soleil. Au départ, les mois tiraient leurs
dénominations du rythme des saisons et des activités agricoles. On avait des
périodes d’une longueur variant entre 20 et 45 jours. On disait donc :
Mwili Wo Hiot (Le mois de sécheresse) : janvier
107
Elòlo (Les grands travaux champêtres) : février et mars ;
Messòmbol (les termites) : fin mars début avril ;
Metíl (la disette) : avril- mai ;
Itíke (les prémices, débuts des récoltes de première campagne) : juin ;
Ondjamo (la petite saison sèche) : mi-juin, juillet ;
Mwili w'Imbúl ou tuyìye (les pluies fines, intermittentes) : août
Èkàta pêfàkafaka (les averses) : septembre ;
Èsòn'embóm (les pluies diluviennes) : octobre ;
Mehou (les récoltes des grandes cultures, ignames, macabo, Taro) : minovembre
décembre.
Le tunen moderne essaye de s’adapter au calendrier grégorien pour
trouver 12 mois. Dans des calendriers de nos jours, nous avons des
dénominations comme « Ipilenine » pour designer décembre ; ceci n’est qu’un
euphémisme, qui n'existe pas. Décembre est plutôt désigné par: *mwílí w'u
̀twənɔ̀mbɛ́l* en rapport avec la baisse de l'intensité des activités champêtres.
Hiot ou ikuilí yɛ́ hiɔt c'est une longue période de l'année qui correspond à
une saison : la saison sèche. Au cours de celle-ci, les activités humaines
connaissent une variation importante. En effet, c'est à cette période que la
cueillette, le ramassage, la chasse (notamment avec les feux de brousse) et
la pêche occupent les populations autrement que les activités agricoles.
Cette période allait de mi-novembre à mi-mars avec le retour effectif des
pluies. Son opposé est dit ikùilí y'ɛ́mbɔŋ (saison des pluies).
Les deux périodes étaient séparées par un temps de latence où les
pluies modérées alternaient avec un temps ensoleillé : « ɔ̀njàmɔ » (mi-juin
à mi-juillet). À cette période, les graines et les céréales récoltées étaient
séchées et gardés au grenier avant l'arrivée de la période dite des grandes
pluies. Pour certains, il y a une différence entre Ikuili yé hiot (c’est
108
effectivement une longue période) et mwili wo hiot (le mois de sécheresse)
qui correspond au mois le plus sec de l'année, car il ne tombe aucune pluie.
Ce qui est un fait suffisamment marquant pour caractériser le mois de
Janvier. En clair, on a deux conceptions pour désigner les 12 mois de l’année
en tunen :
Première conception :
Mayaboh : janvier (la période de grande chaleur suivie d’un froid sec
et humide. Il y a un phénomène naturel que ‘on désigne par « koung » en
tueling où l’on constate que les gens ont les lèvres fendillés. C’est aussi le
mois où l’on prépare es semis des ignames) ;
Elòlo : février (la grande chaleur, la sécheresse) ;
Messòmbol : mars (les termites) ;
Mekoul : avril (le nettoyage, le sarclage, le binage) ;
Metíl : mai (la disette) ;
Itíke : juin (les prémices) ;
Kelon : juillet (la période de ramassage d’une variété de termites ailés,
comestibles) ;
Bienim : août (période marquée par des pluies intermittentes. C’est le
mois qui marque la fin de « ondjamo » (petite saison sèche) et le début de la
saison des pluies. .
;
Ekàta pêfàkafaka : septembre (les tornades qui font tomber les lianes)
Esòn’embóm : octobre (Les pluies qui nettoient les champs par leur
ardeur) ;
Mehou : novembre (les récoltes) ;
Outwenombèl : décembre (période de repos, où l’on reste à la maison).
109
Deuxième conception :
Mwili wo hiot : janvier (le mois le plus chaud de l’année où il ne tombe
aucune pluie)
Metoul : février (la période de préparation des champs, les labours)
Elòlo : mars (les grands travaux)
Mekoul : avril (sarclage et buttage des champs)
Metíl : mai (période de disette, de soudure)
Itíke : juin (les récoltes)
Bienim : juillet (la petite saison sèche)
Imboul ou pèyèyè : août (les pluies fines)
Ekàta pêfàkafaka : septembre (les tornades)
Esòn’embóm : octobre (les pluies diluviennes)
Mehou : novembre (les grandes récoltes : tubercules, cacao, cultures de
saison).
Mangand : décembre (les réjouissances annuelles, les fêtes).
Aussi, Août avec ses pluies intermittentes qui mettaient les récoltes en
péril, est-il désigné par mwílí wù biənim et non mwílí wɔ́ Péyɛ́yɛ̀.
110
IX – ATTRIBUTION DES NOMS CHEZ LES
BANEN
1. Les patronymes
a) Préfixes attribués selon le sexe de l’enfant
Les ancêtres avaient pensé à distinguer les noms masculins des noms
féminins. Ils se distinguent par des préfixes.
Inbom désigne le nom d’un garçon. Et son féminin, que l’on attribue à une
fille, c’est Engbom.
Toutefois, il y a des noms neutres, qui sont attribués autant au garçon
qu’à la fille. Ils n’ont pas de préfixe.
Chez les Ndikbiakat dans l’arrondissement de Yingui, chez les filles c’est
Eng ou Mona qui veut dire la fille de…
Chez les Eliŋ, on utilise le terme *mɔ̂ na* pour l'enfant garçon et pour la
fille, c'est le terme *ɔ́mɔ́l'á* pour dire la fille de...
Ex. Ùlūmū mɔ́nà wà Baśɔ́m => OULOUMOU c'est le fils de Bassom. Pour
faire simple, on remplace le terme *mɔ́nà* par la particule de possession
*yɛ́*/ *yé* ou *ɔ́yɛ́* / *ɔ́yé* => Ùlūmū ɔ́yɛ́ Básɔ́m pour faire facile, Ùlūmū yɛ́
Básɔ́m.
Par contre, lorsqu'il faut designer une fille en faisant allusion à son
parent, on utilisera le terme *"ɔ́mɔ́l'á"* pour /ɔ́mɔ́l wà/ Ex.: ɔ́ngbèkɔ̀ ɔ́mɔ́l'á
Béhàlāl => Ongbeko fille de Behalal.
Chez les Eling, quatre affixes indiquent les noms des jeunes filles : Ongo-
(ɔ́ŋɔ́)/Eng-(ɛ́ŋ-) ou Ing- (íŋ-) et Engana (ɛ́ŋańà). Il en est demême chez les
Topouagne.
111
Ongo ou Eng + le mot qui lui est accolé, illustre le superlatif ou le
caractère excessif, parfois exagéré, l'abondance du mot qu'il désigne signifie
celle qui a assez, beaucoup de...
Ex : Ongomakagne (ɔ́ŋɔ́mākānyɛ̀) = personne qui possède beaucoup de
fétiches.
Eng- (ɛ́ŋ-)
Eng+Embom (brousse, forêt, champ) (ɛ́ŋɛ́mbɔ́m)= personne qui possède
beaucoup de champs.
Eng+Emok (Souffrance, peine) (ɛ́ŋɛ́mɔ̌ k)= personne assez souvent éplorée
ou qui connait beaucoup de peines, de souffrances.
Ing+Imou (cheveux blancs) (íŋímú)= personne ayant beaucoup de cheveux
blancs.
Engana (ɛ́ŋáná)= sans, introduit l'idée de précarité, d’absence de ce qui
est nommé.
Ex : Enganalim (ɛ́ŋánàlim) ou (ɛ́ŋańǝ̀lim) = personne sans famille.
Enganaboaye (ɛ́ŋańàbóaýɛ̀) = personne qui n'a rien ou qui n'a pas de
village, qui n’a pas de famille.
Par ailleurs, on pourra utiliser *Eng-* au lieu de *Ong-*. Ce qui
donne*Engndak* : la préférée.
b) Désignation des patronymes selon les circonstances
Chez les Africains en général et en pays Bantou en particulier, le nom
était donné à l'enfant suivant :
Les circonstances de la naissance (l'endroit où l'enfant naissait, la position
de parturition, les circonstances particulières : premier né après des
jumeaux ou un décès, etc.).
112
L'âge avancé d'un des parents notamment du père.
L'événement majeur qu'aurait vécu la famille avant cette naissance.
Le caractère de celui/qu'on veut surnommer ou même la dernière volonté
de ce dernier.
La matrone qui a assisté la parturiente entre autres.
Le « kou » est ou était associé à un événement qui se passe ou se passait
au moment de la naissance d'une fille dans une famille.
Par exemple, pour une femme qui avait des contractions au marché, la
nouvelle née était nommée kounioni...
Ou une femme qui avait accouché au champ, on appelait la nouvelle née
Koumbom. Pour une femme qui pleurait pendant la grossesse, la fille était
nommée Koumalela...
In fine, le kou est associé à un événement lié au couple qui donne vie à
une fille.
« Kou » serait l'équivalent de "Ong-" ou "Ing-" lorsque le nom qu'il veut
désigner commence par la voyelle "i" des Topoany et des Eling qui signifie
celui où celle qui a... (Plein, en trop, dans une situation constante ou
d'abondance).
Kou-Malela=> Ong-Malela qui est l'équivalent de Eng-Emok. Tous ces
noms renvoient à « l'état d'esprit ou au sentiment d'une personne qui se sent
accablée par les malheurs ou qui est régulièrement en pleurs, en souffrances
ou en peine. »
Certains noms sont donnés à l’occasion des naissances circonstancielles,
le reste dépend des variantes...
L’emploi du préfixe Kou revêt aussi d’autres origines qui ne sont pas
toujours le fait des circonstances.
113
2. Influence de l’orthographe des noms banen par les
langues d’autres peuples
a) Les officiers d’état civil
Les premiers enseignants qui sont arrivés en pays banen étaient les
Douala. Ils étaient également les secrétaires d’état civil, comme certains
Babimbi. Ils écrivaient les noms selon leur entendement. Et c'est ainsi que
plusieurs noms ont été déformés. Les autres appelaient leur fille Ki et quand
les Banen venaient donner le nom de leur fille, puisqu’on ne pouvait pas
donner Ki, ils donnaient Kou.
Le 'kou' qui n'est pas toujours associé à ce que nous croyions... « La fille de
». Par exemple, Mbom, Nioni, Massock, pour Koumbom, Kounioni et
Koumassock... respectivement...
Les officiers d’état civil écrivaient les noms des Banen selon leur
entendement ; celui qui correspondait à la prononciation dans leur langues.
Ce qui fait qu’on peut retrouver des noms douala chez les Banen, des noms
bassa, babimbi etc.…
En fait, chez nos voisins les Bassa ‘a, les filles concrètement, n'ont pas de
noms en dehors de celui du père. Seuls les garçons sont nommés en dehors
de cette exception avec l'affixe *Ki* qui aurait la même signification que nos
*Ongo-, Eng-, Ing- et Kou*.
Dans l'arrondissement de Yingui, plus particulièrement le canton
Indikbiakat, on appelle : Engbissak, mais dans l'acte de naissance
Koubissak.
Cependant, chez les filles Indiki et Eling, indiscutablement, parlé et écrit
se confondent dans les appellations : Eng : Engmok, appel et écrit, Engben :
Ong= Ongmagne, Ongmakagne, Ongbéhalal…
*Endák* = la femme de confiance, la confidente d'un polygame.
114
C’est dire combien dans certaines localités, les noms ont subi une grande
influence.
b) Exode rural et attributions de noms non banen
À l'époque, il y avait ce qu'on appelait le Salawis. Ce qui veut dire la ville
ou encore service. Certains parents quittaient le village pour se rendre à
Douala afin de trouver du travail ou des meilleures conditions de vie. Et il y
avait ce que l'on appelle le combo. Le combo, c'était la pêcherie. Plusieurs de
nos pères avaient besoin d'argent pour se marier, pour s'équiper en
ustensiles et autres. Et ils accompagnaient les pêcheurs Douala dans leur
combo, ils péchaient le poisson, le séchaient, le vendaient. Et quand certains
recevaient leur argent, ils s'équipaient pour rentrer au village. Mais la
majeure partie a trouvé mieux d'y rester, jusqu'à s'identifier aux Douala. Ils
ont donné des noms Douala à leurs enfants.
Aujourd'hui, de nombreux Banen portent des noms Douala. Et certains
ont progressé vers le Moungo. Ils y ont laissé de grandes plantations de café.
On a des cas où les noms donnés sont influencés par le fait des adoptions.
Par exemple, les Banen Bagouanga sont une communauté Bassa.
Aujourd’hui, il est difficile de reconnaître qu’à l’origine, ce sont des Banen.
Ces Banen avaient été accueillis par un monsieur qui s’appelait Gouanga et
les avaient installés en ce lieu. Étant une communauté d’adoption, on ne
pouvait pas les appeler Dog comme la descendance en ligne directe chez les
Bassa ; on les a appelés les Banen ba Gouanga.
3. Calendrier en tunen :
a) Les jours de la semaine en Tunen
Au départ chez les Banen, la semaine comptait quatre à cinq jours, en
fonction des marchés qui étaient organisés dans certaines localités. Mais
aujourd’hui pour ne pas être en marge de ce qui existe au niveau
international, voici les jours de la semaine :
115
Lundi= Hèsandjè ;
Mardi=Bikenini ;
Mercredi=Yile ;
Jeudi=Nèbata ;
Vendredi=Ėsèmbèlô ;
Samedi= Biloumbeloumb ;
Dimanche=Indili
b) Les mois de l'année chez les Banen
Le mot « mwil » en tunen signifie la lune. Et cette désignation correspond
à la division cyclique du temps telle que présentée par le calendrier
grégorien. Et le mot « hiot » signifie la saison sèche, à ne pas confondre avec
« hiotot » qui renvoie au soleil. Au départ, les mois tiraient leurs
dénominations du rythme des saisons et des activités agricoles. On avait des
périodes d’une longueur variant entre 20 et 45 jours. On disait donc :
Mwili Wo Hiot (Le mois de sécheresse) : janvier
Elòlo (Les grands travaux champêtres) : février et mars ;
Messòmbol (les termites) : fin mars début avril ;
Metíl (la disette) : avril- mai ;
Itíke (les prémices, débuts des récoltes de première campagne) : juin ;
Ondjamo (la petite saison sèche) : mi-juin, juillet ;
Mwili w'Imbúl ou tuyìye (les pluies fines, intermittentes) : août
Èkàta pêfàkafaka (les averses) : septembre ;
Èsòn'embóm (les pluies diluviennes) : octobre ;
Mehou (les récoltes des grandes cultures, ignames, macabo, Taro) : minovembre
décembre.
116
Le tunen moderne essaye de s’adapter au calendrier grégorien pour
trouver 12 mois. Dans des calendriers de nos jours, nous avons des
dénominations comme « Ipilenine » pour designer décembre ; ceci n’est qu’un
euphémisme, qui n'existe pas. Décembre est plutôt désigné par: *mwílí w'u
̀twənɔ̀mbɛ́l* en rapport avec la baisse de l'intensité des activités champêtres.
Hiot ou ikuilí yɛ́ hiɔt c'est une longue période de l'année qui correspond à
une saison : la saison sèche. Au cours de celle-ci, les activités humaines
connaissent une variation importante. En effet, c'est à cette période que la
cueillette, le ramassage, la chasse (notamment avec les feux de brousse) et
la pêche occupent les populations autrement que les activités agricoles.
Cette période allait de mi-novembre à mi-mars avec le retour effectif des
pluies. Son opposé est dit ikùilí y'ɛ́mbɔŋ (saison des pluies).
Les deux périodes étaient séparées par un temps de latence où les pluies
modérées alternaient avec un temps ensoleillé : « ɔ̀njàmɔ » (mi-juin à mijuillet).
À cette période, les graines et les céréales récoltées étaient séchées
et gardés au grenier avant l'arrivée de la période dite des grandes pluies.
Pour certains, il y a une différence entre Ikuili yé hiot (c’est effectivement
une longue période) et mwili wo hiot (le mois de sécheresse) qui correspond
au mois le plus sec de l'année, car il ne tombe aucune pluie. Ce qui est un
fait suffisamment marquant pour caractériser le mois de janvier. En clair,
on a deux conceptions pour désigner les 12 mois de l’année en tunen :
- Première conception :
Mayaboh : janvier (la période de grande chaleur suivie d’un froid sec et
humide. Il y a un phénomène naturel que ‘on désigne par « koung » en tueling
où l’on constate que les gens ont les lèvres fendillées. C’est aussi le mois où
l’on prépare es semis des ignames) ;
Elòlo : février (la grande chaleur, la sécheresse) ;
Messòmbol : mars (les termites) ;
117
Mekoul : avril (le nettoyage, le sarclage, le binage) ;
Metíl : mai (la disette) ;
Itíke : juin (les prémices) ;
Kelon : juillet (la période de ramassage d’une variété de termites ailés,
comestibles) ;
Bienim : août (période marquée par des pluies intermittentes. C’est le
mois qui marque la fin de « ondjamo » (petite saison sèche) et le début de la
saison des pluies. .
Ekàta pêfàkafaka : septembre (les tornades qui font tomber les lianes) ;
Esòn’embóm : octobre (Les pluies qui nettoient les champs par leur
ardeur) ;
Mehou : novembre (les récoltes) ;
Outwenombèl : décembre (période de repos, où l’on reste à la maison).
- Deuxième conception :
Mwili wo hiot : janvier (le mois le plus chaud de l’année où il ne tombe
aucune pluie)
Metoul : février (la période de préparation des champs, les labours)
Elòlo : mars (les grands travaux)
Mekoul : avril (sarclage et buttage des champs)
Metíl : mai (période de disette, de soudure)
Itíke : juin (les récoltes)
Bienim : juillet (la petite saison sèche)
Imboul ou pèyèyè : août (les pluies fines)
Ekàta pêfàkafaka : septembre (les tornades)
Esòn’embóm : octobre (les pluies diluviennes)
118
Mehou : novembre (les grandes récoltes : tubercules, cacao, cultures de
saison).
Mangand : décembre (les réjouissances annuelles, les fêtes).
Aussi, Août avec ses pluies intermittentes qui mettaient les récoltes en
péril, est-il désigné par mwílí wù biənim et non mwílí wɔ́ Péyɛ́yɛ̀.
119
X - CULTURES ET TRADITIONS :
1. Naissance :
a) Les rites du nouveau-né :
À la naissance d’un enfant chez les Banen, on utilise une plante
dénommée la canne des jumeaux pour entourer la maison qui devient un
lieu sacré. Ce n'est pas n'importe qui y entre. Si quelqu'un vient avec "deux
cœurs ou deux esprits", c’est-à-dire avec de mauvaises intentions, la canne
des jumeaux l'empêchera d'atteindre le nouveau-né.
Le nouveau-né sera gardé à la maison, dans la chambre, pendant cinq
jours ou neuf, cela dépend des familles. Passés ces jours, l'enfant peut quitter
la chambre pour le salon. Cette étape s'accompagne d'un petit rite où on
souhaite la bienvenue à l'enfant, on le consacre comme fils de la maison...
Quinze jours après, cela correspond au vingtième jour de la naissance, la
famille organise une célébration en l'honneur du bébé. Elle fait à manger, et
c'est l'occasion pour les convives d'apporter des cadeaux au nouveau-né. Dès
ce jour, l'enfant peut déjà être conduit à l'extérieur de la maison.
Chez les Banen, c’est à la doyenne de la famille paternelle ou (maternelle
si la mère a épousé un non Banen) qu’est remis le nouveau-né avant de lui
imposer son nom.
121
Le traitement des jumeaux est différent.
Il est interdit aux femmes qui ont l'habitude d'avoir des tranchées après
l'accouchement d'accéder à la chambre où se trouvent le bébé et la mère
avant le cinquième jour, de peur de les contaminer.
Après l'accouchement, la femme doit se faire masser tous les matins avec
de l'eau chaude, une serviette ou des branches de certaines plantes.
Il est interdit aux femmes de porter les bébés pendant la période de
menstruation de peur de leur donner des boutons.
b) La naissance des jumeaux :
Autrefois, on attendait neuf jours fois deux avant de sortir les jumeaux de
la chambre, et de la maison. Et c’était le jour où on exécutait la danse des
jumeaux.
De nos jours, c’est vingt jours fois deux, selon les clans et c’est le
quarantième jour qu’on sort les enfants de la maison avant de faire le rituel
de naissance.
On ne va pas voir les jumeaux les mains vides. Il faut avoir au moins deux
paquets. Chaque enfant doit avoir son cadeau.
122
À l’entrée de la chambre des jumeaux, se trouvent deux seaux d’eau
potable additionnée d’argile.
Le visiteur est tenu de boire cette eau. Elle lui est servie et il prend neuf
petites gorgées dans chaque seau. Quelques gouttes de cette eau lui sont
aspergées à l’aide des palmes.
Après cela, il peut entrer et saluer les jumeaux.
Après les quarante jours, la famille organise une fête qu’on appelle le
saleka qui est une fête en l’honneur des jumeaux.
À cette occasion, les jumeaux et même les membres de la famille subissent
un traitement préventif contre une maladie appelée le néhass. Elle se
manifesterait par des vertiges de manière régulière.
Le traitement permettrait aussi d’éviter les mauvaises moissons.
Noms donnés aux jumeaux
Dans la dénomination des jumeaux, on est devant deux cas : le Munen du
Sud et le Munen du Nord. Donc, il peut s'agir des différences entre les
Banen.
- Au Nord :
Les jumelles ont des noms tels Sen et Sol, les jumeaux, Essomo/Somo et
Loumou.
Sen l’ainée, Sol la cadette chez les filles, Essomo/ Essomè /Somo l’aîné,
Loumou le cadet chez garçons. (Banen de Ndiki, Nitoukou, Itoundu,
Ndikoko, etc.)
Dans le cas de naissance des jumeaux de sexe différent, on aura :
- Sen, l’aînée, Loumou le cadet
- Essomo l’aînée, Sol la cadette.
123
- Au Sud :
Au Sud, c'est différent. Voici ce qui s'y applique :
Aîné (Garçon) : Essomè ; Aînée (Fille) : Keleke ; Second (garçon) : BEAS :
Seconde (fille) SEN.
Si on reprend, dans le Sud du pays banen, on aura :
Aîné (Garçon) : Essomè ; Aînée (Fille) : Keleke.
Cadet (garçon) : Beas ; Cadette (fille) Sen.
Certains noms, comme Sen et Sol, Éssomè et Doumaon, on les utilise
quand on a eu plusieurs fois les jumeaux. Dans le nord du pays banen,
Keleke et Beas n’existent pas.
Chez nous, les femmes gardent ce nom qui fait souvent office de nom et
prénom quand bien même il y en a. À l'inverse chez les hommes, on leur
adosse un nom de famille qu'ils utilisent rarement ou pour un usage
purement administratif et la désignation des jumeaux est largement utilisée
en famille.
2. Mariage :
a) les étapes incontournables :
Le mariage polygamique était un choix, ce n’était pas une exigence. Celui
qui le voulait pouvait se marier à plusieurs femmes.
Par exemple, un père qui était fils unique à sa maman et dont les quatre
sœurs sont allées en mariage, se sentait obligé de les remplacer par quatre
femmes. Mais certains hommes ont épousé une seule femme qui leur a donné
beaucoup d’enfants.
Dans de nombreux villages banen, Ndikoko par exemple, il y a quatre
étapes en ce qui concerne le mariage d’une jeune fille : niki ou kitele
(demander la main de la fille /toqué porte), nèpal o nètètè (petite dot), nèpal
124
(grande dot), nitik (on accompagne la fille chez son époux). De manière
générale, le prétendant, en aucune de ces étapes, n’a la parole ; c’est le
responsable de sa famille qui parle : son père, son frère, un oncle, un de ses
cousins, etc.
Dans la première étape, le fiancé se présente à la famille de l’élue de son
cœur pour demander sa main. Cette étape est sans rituel, sans grande
exigence : un whisky quatre côtés, cent mille francs. Ce whisky ne sera
consommé qu’avec l’assurance que le mariage est effectif (après la grande
dot par exemple). Le prétendant se découvre, et peut désormais aller chez sa
fiancée en plein jour.
C’est après cette étape que la famille lui donne un rendez-vous pour
recevoir la liste des deux différentes dots. Le prétendant peut décider de
cumuler les deux dots. Les coûts des dots sont variables selon les villages et
parfois selon les familles. On sait par exemple que la dot d’une jeune fille est
plus élevée à Nekom qu’à Ndekbagna, plus élevée chez les Eling que chez les
Ndikoko.
b) La grande dot :
La grande dot est un moment exceptionnel. C’est d’ailleurs, comme on l’a
dit plus haut, le jour du mariage traditionnel. Le prétendant, non seulement
doit honorer toutes les exigences de la liste, mais encore, il doit se soumettre
aux caprices de sa belle-famille et aux multiples sanctions. Ce qui peut
paraître comme de petits jeux ne reste en réalité que des moments de racket,
d’extorsion de fonds et de biens ou chaque entité familiale à son rôle à jouer
et ses bénéfices à engranger : une chèvre pour les oncles maternels, de
l’argent pour les femmes qui se sont arrangées à cacher la jeune fille et avec
lesquelles il faudra longtemps parlementer pour la faire sortir, de l’argent
pour les filles de la concession, etc.
125
Le jour de la dot, l’heure de début est déjà un piège pour le prétendant.
S’il arrive très tôt avec les siens, il est sanctionné pour trouble et autres. S’il
arrive avec quelques minutes de retard, il ne trouvera personne. Il devra
aller négocier avec chaque dignitaire de sa belle-famille. On sait que
négocier signifie payer son déplacement, parfois de quelques mètres. Quand
la liste n’est pas respectée, la négociation peut s’enliser et aboutir à une
impasse. Mais pour éviter l’enlisement, la famille du prétendant accepte des
crédits qu’elle règlera plus tard. C’est ce qui justifie en partie l’adage, « la
dot ne finit jamais ».
Les paroles prononcées avant chaque rituel par les parents de la fille sont
déterminantes. Quand le père lui demande de prendre la kola, parfois
mélangée à du sel et aux graines d’un fruit séché (hèloa hè passa), il lui dit :
« La kola est le fruit de l’union et de la fraternité. Si tu sais que tu ne vas
pas rompre cette union entre nos deux familles, donne-la-moi. » Quand la
jeune fille la lui donne, il lui demande : « Veux-tu que je la mange ? En es-tu
sûre ? » Quand elle répond par l’affirmative, il la mange, lui demande de
prendre un quartier, de le remettre à son fiancé qui le croque avant de le
passer à son père.
Pour le vin, il précise : « Le vin est un fétiche chez nous. Il ne tolère pas
la traîtrise. Si tu veux que je le boive, c’est que tu veux qu’on signe un pacte
de fidélité entre nos deux familles. Veux-tu que le boive ? » Quand il boit, il
126
lui demande de servir un verre, de le donner à son fiancé qui le boit à son
tour et passe le verre à son père.
Et après, ce sont les conseils et les chansons de circonstances entonnées
par les femmes des deux camps qui se défient amicalement :
Tonéta a é… Tonindi a é…
Le jour où une femme qui n’a pas été « dotée » meurt, s’il n’y a pas eu
compensation bien avant, son époux ou la famille de celui-ci doit payer la
dot, même de manière symbolique, avant son enterrement.
Par ailleurs, l’époux est toujours présent matériellement, financièrement,
physiquement dans tout ce qui se passe dans sa belle famille. N’oublions pas
que « la dot ne finit jamais ».
Le nitik est la dernière étape. La famille de la femme, au lendemain de la
cérémonie de mariage, l’accompagne chez son époux avec de nombreux
présents : ustensiles de cuisine, vêtements, etc.
L’un des moments les plus importants du nitik, de l’accompagnement de
la jeune fille, est l’offrande du Moukono w’èmbok. Celui-ci est cuisiné à base
du mukondo, graine de courge ou de melon. Il porte en lui-même une forte
127
symbolique. En effet, depuis la nuit des temps, à travers les peuples par le
monde, et plus singulièrement dans nos traditions, la courge et le melon sont
associés à la fécondité, l’abondance, la santé et la prospérité.
Ainsi donc, le gâteau confectionné à partir des graines de courge ou de
melon et offert à une jeune mariée exprime les vœux de fécondité, de santé,
d’abondance, de prospérité…dans le foyer qu’elle est appelée à fonder :
èmbok. Plus il est gros, bien cuit et succulent, plus grands et majestueux
sont les vœux. C’est pourquoi cette récompense, manifestation d’une
immense gratitude, est offerte par toute la famille. C’est ce qui explique
aussi que le jour de la cérémonie d’accompagnement, le Moukono w’èmbok
soit en tête de la procession, lors de l’entrée dans la concession de la bellefamille,
suivi de présents, de chansons de circonstances ou pikusse. Cette
offrande célèbre également le partage, car c’est le gâteau de mariage, cuisiné
au feu de bois par des mains expertes, reçu par la belle famille et partagé à
toute l’assistance.
3. Mets et danse traditionnels :
a) Quelques mets traditionnels :
Les mets traditionnels en pays banen ont été influencés par des facteurs
naturels tels que la végétation ou les saisons.
Les mets prisés chez les Banen lors des cérémonies :
Les mets prisés chez les Banen lors des cérémonies : le gâteau de petits
pois appelé (matobo) = Oumboto wou matobo (èkoka yè matopo), le mets de
pistache : (Moukohn)= moukoon wou Mikondo, les légumes sans sel (issoko
yi bellam), le gibier et le poisson, puisque nous sommes de la forêt avec
plusieurs rivières et cours d'eaux. Tous ces mets peuvent être accompagnés
par du plantain, des ignames, du macabo, du manioc, des taros, des
(mitoumba) : pâte de manioc trempé + de l'huile de noix de palme+ du sel et
du piment emballés dans des feuilles sauvages cuits à la vapeur. Les autres
128
comme le riz, les pommes de terre et les pâtes viennent de chez les autres.
D’autres mets sont assez singuliers :
- Moussakssak
C'est un plat festif et prisé chez les Banen. Une sauce faite à base de
graine de courge appelée pistache, de viande ou de poisson avec une bonne
quantité d'huile. Elle est accompagnée de tubercules au choix. Un régal !
- Elokombatè
Elokombatè : c'est une fleur comestible qui pousse d’une plante à
tubercules, le taro. Le taro ancien, comme on aime si bien le dire, le taro du
village. Au départ, la feuille centrale est verte, à sa maturité elle jaunit. On
peut donc la retirer de la plante. Elle parfume délicatement bien nos plats
pour en faire un délice.
Le mouyileuk avec la « mère macabo », « les ma_ngeuhb ».
b) La danse engand :
- Origine de la danse engand :
L’Engand est une danse traditionnelle Banen. Elle a son origine chez un
oiseau généralement appelé oiseau-gendarme ou tisserin, qui, tout en
tissant son nid sur les feuilles de palmiers et de cocotiers, bat
frénétiquement les ailes, comme pour exprimer son contentement de pouvoir
enfin s’abriter. Il arriva un jour qu’un original observa attentivement
l’oiseau en train de construire son nid et décida d’inventer une danse
semblable au battement d’ailes du tisserin. C’est ainsi que naquit l’Engand
qui depuis est demeuré chez les Banen comme l’une des danses
traditionnelles les plus prisées.
La danse Engand est devenue une danse pour hommes, mais femmes et
enfants peuvent s’y joindre pour la grande joie de tous.
129
- Costumes :
Autrefois, les danseurs portaient un pagne en écorce d’arbre battue, le
torse maquillé à l’argile, chasse-mouches ou fourreau à la main droite. De
nos jours, les danseurs portent des pagnes multicolores de fabrication
européenne, un maillot de corps et agitent des foulards.
- Instruments de musique :
- Ikoh : grand tambour d’appel ou tam-tam
- Himbeleng : tambour d’appel ;
- Engon /engomb : tambour à membrane ;
- Nessakalen.
- Chants de l’Engand :
1
Iséluk, Munen an'on dafam owaw’onyam, tono ndafam, tono ndasa
owaw’onyam.
Tobé n’iloki aowawo hipeten owindi n’ubilen n’uhikeni owesu mèlèm.
Tondo yiakobo eloayè pwese pukim na penyon.
« Seigneur, le Banen est arrivé pour te louer.
Nous voici devant toi,
Nous sommes venus te louer,
Nous te glorifions avec la joie et l’amour dans nos cœurs. »
2
_Paño nèpat ni pinget tiñe esse yof ye meko oneseñ
Wey’alea ye kindeni, oño wey’alea kena ye bindeni
Ata wa pikwit elena weya na wa Muninyè,
Ikindeni eloayè ye wen’uhikeni wo nenak
130
« Celui qui pour toi noue un pagne tacheté tel une panthère.
Celui-là est ton prochain, appelle-le frère
À cause de son affection ainsi manifestée. »
3
_ Iseluk, ikindeni, india miañô puluk pokoasea meno kaheanak , minoulou
o makolo. India miaño Meluk « England » oma tondo fin Ukeni w’undu ato
wo pukindeni w’ikulité.
« Seigneur, camarade donne-moi à boire,
« Car je m’en vais,
« je m’en retourne chez moi à pied.
« Apporte le vin pour l’Engand que nous dansons,
« un vin d’amour et d’amitié »
Publication de la Direction des Affaires Culturelles du Ministère de
l’Education, de la Culture et de la Formation Professionnelle
Yaoundé_Cameroun, Danses du Cameroun
Ethnie Banen
131
XII –PROVERBES, LEGENDES, INTERDITS :
1) Proverbes :
ɔ̀ lɛ́ néá ùmìlə̄ , ù li wə̄ hékàŋ. (Proverbe əliŋ) : Tu ne récoltes que ce que tu
as semé.
Tant que tu ne te reproches de rien, pourquoi craindre les conséquences ?
• Dans tes ballades nocturnes, si tu vois le fantôme, c'est qu'il t'a aussi
vu.
• N'utilise pas la cuillère de ta grand-mère au repas, tu pourrais perdre
toutes tes dents précocement.
• C'est quand le vent souffle que l'on voie les fesses de la poule.
• Tɔ́aḱàk ə nùíy, tɔ́ánɔ́ lâkānān (Proverbe Eliŋ). Quand on va à la
rivière, on ne se donne rendez-vous.
• « Celui qui n’a pas craché sur la toiture n’a pas peur de l’eau de la
pluie ».
• Pányàmà nà wə́ ɔ̀mbańdɛ́ (proverbe Eliŋ).
• Núíyi nén'ákán á mɔ́kéndá pipuə̀ néná kɔ̀tɛ̀m (proverbe Eliŋ).
• Hí tǝnú ɔ́nyéā ɔ́ séá hé ná fiánénà métánà.
• Emagna a baka yele siana omóloa ho môndô ômôtè.
• Abá ona sune mandiang.
• Faut toujours écouter les conseils.
• Nul n'a le monopole du savoir etc.
• ɛ́ɛ̀. mbà néni?
• ɔ́ŋɔ̀ hinə́mbǝ̀ lɛ́ kɛ́sá mɔ́lóà ɔ́mɔ́tɛ́ (proverbe Eliŋ)
• Nul n’a le monopole du savoir, il faut écouter les conseils des autres
133
• avant de poser un acte, pense premièrement aux conséquences
• Monatè a balaka ubuti wu ideñe niak = quand ton frère est élevé en
dignité tu jouis des privilèges de son élévation.
• A beau mentir qui vient de loin.
• Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute (proverbe Eling).
• wáména miɔ́kɔ̀ á màkɔ́lɔ́ ɔ́ sǎ ndánɛ́
• À nebamo a n'a tahak a la tifeni ou Sun inoubou
• Mu kedaken sa feli sè melueck na muiti bang
• Mutilé asaya suken u niafakan
• Himoti ka pènamanè nè ;
• Mèssombolo ka kouana tona to ndo nom ;
• Mona mondo o toana alè ho hino ;
• Hingueti gueti ka mokolo nok
• O nyoko sisi pèkolakola omana onè
• Apaka palè èmagna liene
• Ohala ona linguèmèna o mepine hianakana o yetayè èssal.
• Hèpa hèndolè ossia ikeki pak;
• Èndandè pinek assiekine a niof ;
• Poutimek poulok oulok ;
• Missoue ka niayanik hileni ;
• Missoupi yi loune a nyohok à pan
• Hí (hɛ́kátɔ́k = vieux panier servant de poubelle).
• Títə̄ k mbǎ mùítí tɔ́lɔ́ wà/pú (personne/animal ou chose) misítómbi lɛ́
bákɔ̀n
134
• Mɔ́kɛ́ndá hiá ɛ́háŋ’ɔ́māny
• Atà pí nikúlə̄ ɔ́maĺà baḱɔ́n
• Oyā sá yā ɔ̀lɛ́ lǎ ɔ̀sɛ́ā ɔ̀ ná fiaǹénà métaǹā
• Hiɔ́fɔ̀ lɛ́à nuìý, hiá mɔ́ nɔ́f.
• Ményāmà lɛ́’mbɔ́m hiá mɔ́ hālɛ̀n
• Mǐmə̄ sɛ̀ mɛ́lɛ́mb sɛ́ mɔ́nd (ceĺibataire) ɛ̀paĺɛ́ sɛ́lɛ́ yaḱàs/yaḱɔ́pɔ́ (sɛ́ nɔ́
tánán)
• ɛ́bɛ́tɔ̂ k yi mùǝndú ná Paliɔ́ŋɔ̀ ǝlímǝ̄ nɔ̀kɔ̀
• Hénɔ́màtɔ̀ hɛ́ pɔ́sɔ̀m ɛ́pàlɛ́ hiliwə métànā
• émoà niák álɛ́ mɔ́n’índí
• Ngataka hé kόkôno nga buyeki a sa nônobia sena : C’est grâce à ce
petit tronc d’arbre que la fourni a réussi à traverser le cours d’eau.
Meko aka mona a Iloung onok anou houle ondolo a moutombo oumbel ou
nieti (La panthère avait tué le fils d’Iloung qui était allé mendier la
nourriture chez Moutombo).
2. Contes et légendes :
a) Conte 1 :
Il était une fois, deux femmes dans un village : l’une s’appelait « Iloung »
et l’autre « Moutombo ».
Iloung travaillait beaucoup et Moutombo travaillait très peu. Iloung allait
au champ très tôt et rentrait tard. Elle cultivait de grands espaces, et elle
n’avait pas le temps de s’occuper ni de son mari ni de ses enfants. Elle
récoltait aussi beaucoup, vendait aussi beaucoup et presque tout au marché
du village. Tout le monde la célébrait comme la grande bosseuse, mais
malheureusement son mari et ses enfants étaient mal nourris et ne
cessaient de maigrir.
135
Quant à Moutombo, elle cultivait très peu sur un espace réduit. Avant
d’aller aux champs, elle se rassurait que son mari et ses enfants avaient bien
mangé. Le peu qu’elle récoltait dans son petit espace était consacré à sa
famille et elle vendait juste un peu par nécessité. Son mari et ses enfants
avaient de l’embonpoint parce qu’ils étaient bien nourris.
Un jour, le fils d’Iloung eut faim et sachant qu’il y avait toujours à manger
dans la maison de Moutombo, il s’y rendit et fut bien servi. Et régulièrement,
il s’y rendait et était toujours bien servi.
Un jour, comme d’habitude, ne pouvant pas supporter la famine, il se
rendit chez Moutombo qui était effectivement était en train de faire la
cuisine. Il se mit à attendre que sa bienfaitrice finisse la cuisine, mais la nuit
tomba. Lorsque Moutombo termina, elle servit à manger au fils d’Iloung et
celui-ci se régala.
Après le repas, le fils d’Iloung se mit à chercher la route du retour. Entre
les deux maisons, il y avait un bosquet où se cachait une panthère. Celle-ci
surgit et dévora le fils d’Iloung. Tout le village en fut consterné et tout le
monde chercha à savoir d’où il venait. Il sortait effectivement de chez
Moutombo parce qu’il avait faim.
« Anou houle ondolo a Moutombo oumbel ». (Il est allé quémander la
nourriture chez Moutombo.)
Cette histoire suscite des questionnements :
• À quoi sert-il de trop travailler si on néglige sa famille ?
• Le fils d’Iloung serait-il mort s’il avait à manger chez lui ?
• Entre Moutombo et Iloung, qui travaille véritablement pour sa
maisonnée ?
136
• Ce proverbe peut-il concerner les intellectuels Banen ? Combien sontils
qui s’intéressent à l’histoire et à la culture ou au développement de leur
communauté ?
• Sommes-nous sur la bonne voie ?
• Pouvez-vous la continuer ?
Ne fouillons pas dans la poubelle du voisin ou des autres.
Kolong lètalèmen.
b) Conte 2 :
Il y a quelques temps, dans la forêt qui sépare Yingui et Ndiki, il régnait
un arbre dénommé Kolong lètalèmen. Son rayon s’étendait sur des centaines
de mètres. Aucune plante, aucun arbre ne poussaient autour de lui. Aucun
oiseau, aucun objet ne pouvaient le survoler. Aucune feuille ne tombait dans
son enceinte. Il se faisait voir quand il le voulait. Le premier avion qui avait
essayé de passer à quelques dizaines de mètres au-dessus de lui s’était
écrasé avec tous ses occupants. C’est plusieurs années plus tard qu’on avait
retrouvé les débris dans la forêt d’Ebo. Posséder une écorce de Kolong
lètalèmen vous conférait des pouvoirs extraordinaires. Mais comment avoir
son écorce ? Il fallait qu’un initié dépose non loin de ses limites, un coq rouge,
comme offrande et une lance, après avoir formulé des incantations. Quand
l’arbre acceptait, au bout de trois jours, il trouvait l’écorce sur le bout de la
lance. C’est à cause de Kolong lètalèmen que les Allemands n’ont pas pu
créer la route entre Ndiki et Yingui. La puissance de l’arbre détruisait leurs
engins chaque fois qu’ils se rapprochaient de lui.
Est-ce un mythe ?
Dans son livre Du Bantou actuel aux sources adamiques, le doyen
Luc Mbendé a évoqué deux arbres qui parlent dans le village Indikihambala
communément appelé Indikbalemb, pour ne pas écorché, lire Moussokè. Il
est dans deux zones bien connues.
137
3. Le nèmo et le pouhouit chez les banen :
La société banen est pleine d’interdits. Si certains sont spécifiques à des
clans ou a des tribus, d’autres sont communes à toute l’ethnie. Les
transgresser peut entraîner des conséquences graves. Le nèmo et le pouhouit
en font partie. Les deux dénominations sont en rapport avec la sexualité.
Elles concernent donc l’homme et la femme.
a) Le nèmo :
Le terme nèmo est difficile à traduire en français. On peut cependant en
donner une explication. A la naissance d’un enfant, la mère doit obéir à un
certain nombre d’interdits pour la préservation de la vie de son nourrisson,
de celle de son mari et de la sienne :
- ne pas avoir de rapport sexuel avec un homme autre que le père légitime
de l’enfant. Le mot légitime ici revêt une importance capitale, car chez les
Banen, l’enfant est celui du mari. Même s’il y a eu relation extraconjugale,
même si la femme a conçu à partir d’un acte d’infidélité, l’enfant est celui de
son époux, tant qu’elle reste sa conjointe ;
- ne pas se laisser embrasser par un homme avant d’avoir consommé le
premier rapport sexuel qui suit la naissance de l’enfant avec son époux ;
- ne pas boire dans le même verre ou dans tout autre objet destiné à cet
effet avec des hommes qui ne sont pas de la même famille qu’elle.
Généralement, ce sont les hommes de la famille de son époux qu’elle doit
éviter, parce que vivant en communauté. L’acte de boire suggère un contact
des lèvres avec le contenant.
- ne pas se laisser traverser les pieds par un homme autre que son époux;
- ne pas se laisser voir nue par un homme autre que son époux.
De toute évidence, la naissance d’un enfant oblige la femme à la fidélité et
à la pudeur. Et l’homme attend souvent que l’enfant soit sevré avant de
138
reprendre les ébats avec sa femme. Et cela peut durer deux ans. Dans le pays
banen, la relation sexuelle n’est pas conseillée pendant que la mère allaite
son rejeton. On dit qu’on a « écrasé l’enfant », car si cela se fait, le bébé
maigrirait, son nez coulerait de manière permanente.
Certains hommes profitent de la naissance d’un enfant pour punir leurs
épouses en les privant de sexualité pendant de nombreuses années.
Il faut noter qu’il est difficile pour une femme de quitter son ménage
quand elle est enceinte ou quand elle a un bébé. Partir dans ces conditions
signifie avoir recours à son époux quand elle n’allaitera plus l’enfant pour
retrouver sa liberté.
Quand l’homme meurt pendant que sa femme est enceinte ou qu’elle
allaite, c’est un de ses frères ou de ses fils qui accomplit le premier acte
sexuel. S’il n’y a personne de sa lignée ou de son sang, la femme peut être
libérée par un de ses propres fils. Celui-ci ne s’accouplera en aucune façon
avec sa mère. Elle se couchera nue sur le sol et il la traversera neuf fois.
C’est l’unique cas où cette solution est appliquée.
Si la femme transgresse l’interdit, la conséquence du nèmo est radicale :
la mort du bébé et du père si ceux-ci ne sont pas soignés à temps. Le père
peut découvrir que sa femme l’a trompé et il décide de se soigner et de
soigner son enfant en cachette. Dans ce cas, c’est la mère qui meurt. C’est
pourquoi on dit que le nèmo est une « arme ». Des traitants existent, et
gardent secret le traitement hérité des ancêtres. Cependant, le nèmo n’existe
pas pour les enfants naturels. Une fille peut avoir cinq enfants de cinq pères
différents. Après la naissance de l’enfant, elle peut avoir des relations
sexuelles avec un autre amant, sans attendre que le géniteur vienne poser
le premier acte.
Les réflexions que cette pratique suggère sont nombreuses :
139
- le pouvoir de l’homme dans la société banen est sans partage. C’est lui le
père de la famille, qui décide de l’harmonie et de la bonne marche de celleci.
Il peut également, pendant que son épouse est confinée avec le bébé,
multiplier les maîtresses sans aucune conséquence ;
- la limitation des naissances dans la société banen est naturelle et surtout
modulée par les caprices du mari. Il peut décider de l’espacement des
naissances.
- l’enfant appartient à la famille dans laquelle il naît, qui que soit son
géniteur.
La réflexion reste ouverte.
b) Le pouhouit :
Le terme pouhouit signifie inceste, maladie qui découle d’un acte
incestueux. La parenté est très difficile à circonscrire en pays banen.
Certains disent qu’elle se prolonge jusqu’à la septième génération : isekine
(grand-père), isse (père), mon (fils), monane (petit-fils), endandè (arrière
petit-fils), endandèdandolone (arrière-arrière petit-fils), indilili (arrièrearrière-arrière
petit-fils). Cette limitation ne peut être effective que pour les
filles qui vont se marier dans d’autres familles.
Mais dans le cas des enfants qui restent dans la concession, la parenté
n’a pas de limite. Elle est un héritage d’une génération à une autre.
D’ailleurs, de nombreux villages sont formés à partir de familles précises. A
l’intérieur de ces villages, donc de ces familles, il n’y a ni relation sexuelle
entre les membres, ni mariage. A Ndikoko par exemple, les descendants de
Bagna, qui forment le village Ndekbagna, ne se marient pas entre eux. Il en
est de même de ceux d’Eyap (Ndekeyap), d’Ekom (Nekom), etc. Malgré des
siècles qui les séparent de leur ancêtre commun, les enfants d’une même
famille restent parentés. Ils ne peuvent pas avoir une relation sexuelle,
considérée comme incestueuse.
140
Très souvent, les conséquences de l’inceste sont visibles : perte des dents,
maladies inexplicables, etc.
Le traitement de l’inceste coûte cher et est très spectaculaire. Il se fait en
public et a un rôle dissuasif. Les deux coupables sont placés nus devant
l’assistance et des chèvres sont décapitées sur eux. Ils reçoivent sur leurs
corps souillés, en plus du sang et des déjections des animaux décapités, des
décoctions préparées par un tradipraticien. Toutes les humiliations subies
par les coupables visent à décourager les autres membres de la famille.
Toutefois, certains pensent qu’il y a des situations qui permettent
d’échapper aux conséquences du pouhouit :
- le secret entre les amants, quand leur acte n’est pas divulgué ;
- l’ignorance de lien de parenté par les amants ;
- la naissance d’un garçon. Si le couple, pourtant parenté à pour premier
enfant un garçon, il est sauvé.
La sagesse en pays banen voudrait qu’on se renseigne sur les origines de
la femme qu’on convoite. C’est pourquoi il y a quelques années, pendant les
fiançailles, des enquêtes étaient faites par les deux familles pour savoir si le
choix qui est fait est le meilleur possible. Outre le lien de parenté, on vérifiait
les maladies, la fécondité, la moralité, etc.
141
XII – QUELQUES FIGURES EMBLEMATIQUES DU PEUPLE BANEN
1. Manimben Yi Tombi dit « Le Lion noir banen »
La vigueur, la force, la bravoure et la résistance d’un homme face à la
domination occidentale.
Photo du résistant Manimben Yi Tombi.
MANIMBEN YI TOMBI, dit le Lion Noir Banen, est l’un des célèbres
résistants et nationalistes camerounais qui ont lutté contre la domination
occidentale de leur pays. Fils du Chef TOMBI YI MELINE, un souverain
prestigieux grâce à qui les descendants des habitants du village Itundu,
partie orientale de l’arrondissement actuel de Ndikiniméki, atteignirent leur
apogée. La grandeur et la popularité de ce peuple se caractérise par ses
nombreuses victoires lors des guerres contre les villages voisins, guerres au
cours desquelles il réussit à se tailler un véritable empire.
Le monarque de cette contrée avait, par sa puissance, établi un
gouvernement autocratique où le souverain est le seul à diriger son territoire
après Dieu. Dans la pratique, l’empire était divisé en provinces administrées
par les fils du souverain. Cette méthode de gouvernement lui a valu la
dénomination par certains historiens de MUNENISME, entendu comme
142
étant un système gouvernemental autocratique axé sur l’association au
trône, c’est-à-dire, que du vivant du Munen, « chef » en fonction, il associe
son successeur à la gestion du territoire de telle sorte qu’au moment où il
décède, celui-ci soit apte à prendre immédiatement la place et à utiliser les
emblèmes que la société a acceptés comme instruments de reconnaissance
d’autorité.
Né vers 1840, Manimben Yi Tombi était un colosse de près de deux mètres,
bien dressé sur ses jambes puissantes. Il avait un teint sombre, un regard
flamboyant avec des yeux séducteurs comme tout Banen. Dès l’âge de sept
ans, il est initié à la guerre car à cette époque, tout Banen devait avant tout,
être guerrier dont l'inévitable tâche était de lutter constamment afin de
s'imposer à l'extérieur du territoire. C'est dans cette atmosphère martiale
contrôlée par son père que Manimben vécut sa jeunesse.
Au cours de ses multiples combats initiatiques dont celui contre le peuple
Lemandé, peuple voisin dont les descendants se retrouvent dans l’actuel
arrondissement de Bokito, Manimben Yi Tombi fut capturé. Son père,
furieux et dans le souci de sortir son fils de cette capture, dût verser une
importante rançon chiffrée à neuf moutons, neuf jeunes filles vierges et neuf
pointes d'ivoire pour qu'il soit libéré. Une fois sortie, et pour éviter une
prochaine capture de son fils, son père Tombi dut l’initier à la
métempsychose. C’est donc à la suite de cette initiation que Manimben
acquiert la capacité de se transformer en lion pour échapper à ses bourreaux,
se rendant ainsi invulnérable et craint même par ses frères.
À la mort de son père, et dans le système du Munenisme, la succession se
fait de père en fils ainé si et seulement si le défunt n’avait pas choisi et
désigné son successeur de son vivant. Ce qui fut le cas pour la famille Tombi.
Donc, à la mort du chef Tombi, c’est son fils ainé Batikalak qui devait le
succéder. Mais seulement, Manimben, son frère cadet, conteste ce pouvoir.
Certaines sources orales affirment qu’il réagit de la sorte du simple fait qu’il
143
fut le fils ainé de son père et d’autres par contre, tout simplement parce qu’il
n’acceptait pas l’autorité et pour le démontrer, il monta sur le dos de son
frère Batikalak, et alla danser sur le toit de la maison.
À l’époque chez les Banen, à la mort d’un grand chef comme celui-là, ses
enfants exprimaient leur douleur par des démonstrations sur le toit de la
maison. Ce qui laisse donc croire que Batikalak était véritablement fils ainée
de Tombi. Mais Manimben voulait le pouvoir et il n’a pas accepté de se
soumettre à son frère ainé. Il succède malgré tout à son père, car il fut
intronisé au cours d'une cérémonie grandiose ; cérémonie au cours de
laquelle il reçut les attributs du pouvoir de son père dont les plus importants
étaient le chapeau de plume et la lance du commandement, symbole de la
force militaire. Manimben devenait ainsi le Munen des Itundu et le
souverain de l'Empire conquit par son père.
Le roi Manimben était fort et puissant, il remportait tous ses combats, et
étendait sa royauté dans la contrée, mais il était loin de s'imaginer que les
européens s'étaient partagé l'Afrique, et que les allemands, depuis 1884,
avaient jeté leur dévolu sur ce qui allait devenir le Cameroun.
Son frère Batikalak, qui devint son ennemi politique, n'était pas à mesure
de le combattre. Il alla donc voir le chef de Yoko pour lui expliquer la
situation et restaurer son autorité. Tous deux, c’est-à-dire le Chef de Yoko
et Batikalak, se rendirent auprès du commandant allemand qui s’y trouvait.
Ils lui remirent deux défenses d’éléphant et lui demandèrent d’aider
Batikalak à combattre Manimben, car ils possédaient « le Machine Gun ».
Contre toute attente, les Allemands se heurtèrent à une farouche résistance.
Ces derniers, dans leur conquête du territoire, avaient réussi à implanter
leur base à Yoko, dans le Grand Mbam, ville située à l’épicentre du
Cameroun. Ainsi, sachant que le pays banen était bien riche en ivoire,
caoutchouc et huile de palme, richement cultivé et peuplé de manière dense,
avec un climat subéquatoriale favorable à leur épanouissement, et un
144
commerce fructueux, ils nourrissaient depuis 1901 le désir de s’implanter
dans ce territoire et bénéficier de ces richesses. Ils profitèrent donc de
l’occasion que venaient de leur offrir Batikalak pour envahir le pays Banen
car la présence des deux défenses d’éléphant venait tout simplement
confirmer la richesse du territoire et la présence d’un allié sur le terrain.
Face à cette situation, le commandant de Yoko envoya effectivement une
expédition sous la direction du lieutenant Menzel, Chef de la sixième
compagnie dans le pays Banen en 1906. Elle atteignit donc Ndoukbissoung
où se trouvait Manimben Tombi. La confrontation entre les forces en
présence se fit à l’avantage des troupes de Manimben qui, sans pitié,
obligèrent les allemands à rebrousser chemin, abandonnant sur le terrain
de nombreuses armes avec lesquelles Manimben continua de lutter contre
ses voisins et de s’imposer à eux. Cet échec obligea les Allemands se
réorganiser pour réattaquer plus tard.
La seconde phase de cette résistance de Manimben Tombi se fit contre
l’expédition Nkam-Noun à la tête de laquelle était placé le célèbre capitaine
Hans Dominik. (Octobre 1 909- Février 1910). La bataille entre les deux
armées fut cette fois-ci très féroce et on dénombra de part et d’autre de
nombreuses victimes dont le chiffre s’élevait à plusieurs centaines. Hans
Dominik ne pouvait donc savourer sa victoire, car le véritable adversaire,
Manimben Tombi, avait réussi à se soustraire de se yeux. Il demeurait en
liberté et constituait donc par ce fait un défi et un danger pour les allemands.
Son arrestation devint par conséquent un impératif catégorique et une
nouvelle expédition fut lancée en 1911.
Lors de la deuxième bataille contre Manimben, il y eut des centaines de
morts Itundu mais ils ne purent pas mettre la main sur le roi Itundu. Devant
ce déploiement de force, Manimben fit un retrait stratégique pour mieux
attaquer les envahisseurs, mais c'était sans compter sur la trahison qui
allait s'en suivre.
145
Après une longue et minutieuse préparation, les Allemands revinrent
pour la troisième et dernière bataille, c'était en 1911, plus que jamais décidés
à anéantir Manimben. Afin de se prémunir des surprises désagréables, ils
initièrent une nouvelle stratégie, celle de l'encerclement utilisée
précédemment par Manimben. Trois détachements se mirent en route dont
celui venant de Yoko, l’autre de Yaoundé et le dernier partant de Yabassi.
Ils devaient ainsi prendre l'îlot d'insubordination en étau. Un poste avancé
fut créé à Yafa pour ne donner aucune chance de fuir à ce vaillant chef.
Face à ce déploiement et conscient du rapport de force existant,
Manimben Tombi opta pour une nouvelle stratégie, celle de la terre brûlée.
Il créa donc et vide dans son propre territoire et se retira à l’ouest dans la
région de Ndoukbissoung, en zone montagneuse. C’est de là qu’il décida de
lancer la première attaque contre ses assaillants lorsque ceux-ci se furent
engagés dans un défilé. En effet, Manimben cherchait à se faufiler derrière
la troupe pour se jeter sur la colonne des porteurs. Cet assaut de Manimben
ne fut repoussé que grâce à l’utilisation par les Allemands de la mitrailleuse.
C’était le 8 Mars 1911.
La bataille décisive entre les deux camps eut lieu à Gujo où Chacun usa
en abondance de ses armes à feu. Malheureusement, Manimben fut
désavantagé au cours de cette bataille du fait de l’abondante pluie qui
s’abattit sur la région. Son désavantage venait de ce que son armée utilisait
des fusils qui avaient pour munitions de la poudre qui une fois mouillée
devenait inutilisable. Face à cette conjoncture défavorable et soumis à la
fureur des armes ennemies, certains lieutenants de Manimben se rendirent
aux Allemands.
Le redoutable résistant, conscient de ce qu’il valait mieux être libre pour
continuer le combat, pris la fuite à son tour et alla se réfugier en pays
Lemandé chez son beau-frère nommé Embamb Ipem.
146
Son beau-frère, pris de peur et en même temps de cupidité, savait que les
Allemands étaient très riches et qu'on allait le récompenser s’il les livrait le
Roi Manimben. C'est alors qu'à la veille de l'arrestation du héros Banen, son
beau-frère lui fit boire du vin de palme « ébalé » bien dosé jusqu'à l'enivrer.
Et quand le héros était saoul, il n'avait plus de pouvoir pour se transformer
en lion. Étant sous l’effet de cette boisson, il alla se coucher et son beau-frère
sortit la même nuit pour aller le dénoncer auprès des Allemands. C’est ainsi
que Manimben fut livré le 20 Mars 1911 et la résistance brisée.
Voilà comment le grand résistant, trahi, fut traqué et pris par surprise en
plein sommeil.
Sachant que Manimben détenait le pouvoir de se transformer en lion et
pour éviter les mauvaises surprises, les Allemands lui enchaînèrent les
mains, les pieds et lui bandèrent les yeux. Entre temps, son frère prit le
pouvoir et récupéra la femme du roi Manimben. Toutes les nouvelles de la
détention venaient les trouver dans le royaume. Après son arrestation, il fut
déporté de toute urgence à Douala et on emprunta le chemin le plus court
pour y arriver.
D'après les sources orales, les geôliers de la prison de Douala eurent du fil
à retordre, car il observa une grève de la faim pour protester contre son
arrestation. Chaque fois qu'on lui apportait à manger, il demandait à ses
geôliers de lui apporter, pour tout repas, une tête humaine pour les narguer,
il fit des mois sans manger, subit des menaces de toutes sortes mais il
résistait toujours et était en bonne santé.
Ses concerts terrifiants, nocturnes et cycliques s'amplifièrent, infligeant
au voisinage des longues nuits d'insomnies et des cauchemars. Tout
simplement, parce qu’étant en cage, il ne pouvait pas se transformer en lion.
Il gardait cependant la tête haute tout en protestant contre sa détention. Il
s'opposait farouchement à toute autre forme de déportation qu'il trouvait
arbitraire.
147
Lorsque la date du voyage fut proche, redoutant ses réactions agressives
et les dommages qui pourraient en découler, car l'on savait qu'il préférait le
suicide à la déportation, on lui annonça plutôt une rencontre imminente avec
le grand blanc qui devait décider de sa libération. A l'heure de quitter sa
cellule, une impressionnante escorte fut déployée, la direction prise était le
port autonome de Douala. A cette époque, les bateaux accostaient en haute
mer et on les rejoignait par la chaloupe.
Alors on le fit monter dans la chaloupe pour arriver au bateau qui devait
l'emmener en Allemagne pour étudier son organisme et comprendre le
mystère de sa transformation. Lorsqu'il comprit que les Blancs lui avaient
menti, il garda son calme, car il savait que c'était le dernier tournant de sa
vie. Il pensa à son Royaume, à toutes les guerres qu'il avait remporté, il
pensa à toutes les femmes qu'il avait séduites et aimées et des larmes
coulèrent de ses yeux.
Lorsqu'il revint en lui, la chaloupe était en train de démarrer. Subitement
tous ceux qui l’accompagnaient perdirent l'équilibre et il profita pour faire
un bond et se retrouva au bord du fleuve. Même comme il avait les chaînes
aux pieds, il réussit à se mouvoir et à toucher l'herbe, car au contact des
herbes, il était capable de se transformer en lion et de disparaître du lieu où
il se trouvait.
En effet, Chaque fois que le roi Manimben se transformait en lion, il
disparaissait du lieu où il se trouvait et retournait dans son village. Ses
ennemis avaient beau le chercher dans le champ de bataille, on ne le trouvait
pas. Chaque fois qu'il disparaissait du lieu du combat, il se retrouvait dans
la case des totems. La porte de la case des totems devait toujours rester
ouverte, surtout en son absence.
Sa femme eut donc à livrer ce secret au frère du Roi Manimben qui brûla
la case des totems pour que le lion, de retour au village ne se retrouve plus.
C’est ce qui se passa.
148
Cependant à Douala, sur les berges du Wouri, ce corps qui avait subi les
contrecoups de son processus de disparition, gisait toujours dans la verdure
au bord de la plage. L’Allemand, qui était chargé de son embarcation, se
tourna vers ses frères en essuyant une larme et dit : « Voilà un grand homme,
car il est mort en héros ».
Lorsque les hommes qui le gardaient tirèrent sur lui, il se transforma en
lion et disparu, arrivé au village, le lion erra pendant sans pouvoir localiser
son refuge familier, et ne retrouva plus la case et c’est son corps qui revint
au lieu de l'embarcation. C’est ainsi que notre Lion Banen mourut.
On transporta son corps à Bonanjo où ses exploits se racontaient à cœur
joie dans toute la ville et son haut rang de dignitaire contraignirent
l'administration coloniale à ériger sur sa tombe un monument sur lequel fut
inscrit sur le flanc du socle LE LION NOIR BANEN qui malheureusement
n’existe plus de jour du fait du remplacement du socle initial dans les années
1950.
Stèle dite du Lion Noir Banen à Douala.
Les années passèrent et le Cameroun eut comme président Ahmadou
Ahidjo. Le président était à la recherche d'un nom pour notre équipe
nationale et un symbole pour nos forces armées. Le président convoquait des
réunions et passait même au sondage, mais tous les noms qu'on lui proposait
ne lui plaisaient pas.
149
Certains historiens s’accorderaient pour dire que son exécution se serait
déroulée au même moment que celle de Rudolph Douala Manga Bell, c’està-dire
le 8 Août 1914.
Après la mort de Manimben, les Allemands ont reconnu en cet homme le
courage et la bravoure et c’est la raison pour laquelle, ils ont érigé un
monument en sa mémoire sur lequel est inscrit :
« Manimben Yi Tombi, le lion noir Banen », et aujourd’hui encore, ce
monument qui surplombe l’entrée de la ville de Ndikiniméki, est un référent
identitaire de la population.
Aujourd’hui, pour rendre hommage à ce valeureux guerrier, le peuple
Banen a institué le festival MANIMBEN Yi TOMBI dit « le Lion noir Banen
», lequel est organisé tous les ans, et à chacune des éditions, les festivaliers
sont conquis par la représentation des exploits du chef guerrier sous fond de
sketch.
2. Quelques figures avant les indépendances :
- Député du Nkam : Hans Dissake ;
- Député du Mbam : Ndounokon.
3. Quelques figures après les indépendances :
Député du Nkam :
M. Moth Samuel Dieudonné
Députés du Mbam et Inoubou actuels (2021) :
M. Mandio William Peter
Mme N'nolo épouse Onobiono Marie Suzanne
M. Mpon Francois Xavier
Les maires actuels (2021) :
Maire de Yingui : M. Lovet Banengui Laurent.
150
Maire de Ndikiniméki : M. Bessoubel Patrice
Maire de Nitoukou : Mme Osianembom épse Enanga
Maire de Makénéné : M. Imbeng David
Les chefs Banen :
1- SM Dipita Gaston : Indikbiakat
2- SM Singha Jean Paul : Indiknanga
3- SM Ndedi Mack : Ndiktouna
4- SM Moufomoum Lombi : Yingui
5- SM Bassok Ndefeli Georges : Inoubou Sud
6- SM Bayouak Sil : Inoubou Nord
7- SM Ndjana Begneki: Itoundou
Chef Canton Etoundou : SM Ndzana Bagneki Armel Come.
Chef sup Bissiongol Bongan Antoine
Dekat Moïse
Belema Emmanuel
Titil Abel.
Toukolin Charles
Sokmack Félix
Ndewe Daniel
Dol Otto
Boten Célestin
151
Canton Inoubou Nord:
Chef Supérieur Innocent Charles Sil Bayoack .
Sa Majesté Mokala Jacques Ndekalend.
Sa Majesté Mounen Sébastien Ndikinimeki.
Sa Majesté Moudoubou Joseph Bougnombang.
Sa Majesté Semouya Luc Edon.
Sa Majesté Bêle Belombe Ndiki Koss.
Sa Eyole Balifoune Martial
.Sa Majesté Oyenguelek André Ndikitiek.
Sa Majesté Bakafengue Guy Pendant Ndokomai.
Sa Majesté Okem Jean Marie Ndokobelak 1.
Sa Majesté Alimayemo Oscar Ndokohok
Sa Majesté Obekal André Akouté. __
Canton Etoundou
Chef Supérieur Armel Bagneki Ndzana
.Sa Majesté Hessemb Franck Edouard Nomale.
Sa Majesté Batouanen Gabriel Etoundou 3.
Sa Majesté Owaken Nefante.
Sa Majesté Baila Maurice Etoundou 2.
Sa Majesté Bagneken Mokala Éric Béringer Etoundou 1.
152
Canton Inoubou - Sud:
Chef Supérieur Georges. Bassock Defeli.
Sa Majesté Ndjaki Massem Samuel Ndokobassaben.
Sa Majesté Mouyibi Albert Ndokowanen.
Sa Majesté Miloumi Mathieu Ndokobassiomi.
Sa Majesté Nkon Samuel Ndokobilak 2.
Sa Majesté Ihogolok Newton Isaac Ndoktok.
Sa Majesté Ndewe Lovet Ebenezer Ndokobou 2
Sa Majesté Bossek Jean Marie Ndokobou 1
Sa Majesté Inguen Alphonse Ndokon.
Sa Majesté Biket Roger Ndobakoumek.
Sa Majesté Mapoko, Ndokobnok.
Sa Majesté Embangnoho.....Ndokobekom.
Nitoukou : Président De L'actanid
Sa Majesté Antoine Bieteke Bissiongol.
Sa Majesté Engal Joseph Ndema Bakol.
Sa Majesté Béké Simplice Nebassel.
Sa Majesté Bisselindi Jean Marc Ilobi.
Sa Majesté Boayebeck Johanes Etong.
Sa Majesté Bassilekin Emmanuel Ndekeyap.
Sa Majesté Manga Balemba François Ndoungbissoung.
Sa Majesté Ibel Simon Nekom 1.
Sa Majesté Yenemek Jean Marc Nekom 2.
153
Sa Majesté Kissebini Egnamaniak Miguel Thierry NDIKIBIL.
Sa Majesté Ndembiyembe Paul Célestin EKONDj 1.
Sa Majesté Beyokol Bernard EKONDj 2.
Sa Majesté Essakal Gabriel EKONDj 4.
Sa Majesté Eheth Salomon EKONDj 3-
Sa Majesté Matong Zéphyrin Neboya.
Canton Yingui :
Chef Supérieur Camille Lomby
Sa Majesté MOUYENGA VALENTIN. NDOKANYACK,
Sa Majesté NBOUNY Dokmem sud,
Sa Majesté ESSOUSSE DINGOLO YINGUI 2.
Sa Majesté Emoulanok Ndema Aviation.
Sa Majesté Dakin.Ndikoti
Sa Majesté Balela Martin Ndikokti 2.
Sa Majesté Wombel Paul Elond
.Sa Majesté Banok Thomas Dupond Ndoksomb.
Canton Indikibiakat : Chef Supérieur Gaston Dipita.
Sm Dekat Moïse
Indikminokon 1
Sm Boten Célestin,
Indikminokon 2
154
Sm Belema Emmanuel
Indikedenge
Sm Titil Abel
Indikelen
Sm Ndewe Daniel Indikmoulong
Sm Toukolin Charles
Indikbalemb 1
Sm Dol Otto
Indikbalemb 2.
Sm Sokmak Felix
Indikbanegelim
Canton Indikibiakat:
Chef Supérieur Gaston Dipita.
Sm Dekat Moïse
Indikminokon 1
Sm Boten Célestin,
Indikminokon 2
Sm Belema Emmanuel
Indikedenge
Sm Titil Abel
Indikelen
Sm Ndewe Daniel Indikmoulong
Sm Toukolin Charles
155
Indikbalemb 1
Sm Dol Otto
Indikbalemb 2.
Sm Sokmak Felix
Indikbanegelim
156
.
157
Hommage à Mme Idelette Dugast pour ses œuvres
De la mission religieuse à l'ethnologie : le parcours d'Idelette Allier au
Cameroun (1930-1936). Ref : Histoire et missions chretiennes, 2010/4 (n 16)
Idelette Allier est née en 1898, à Paris. Son père, Raoul Allier, doyen de
la Faculté de théologie protestante de Paris, semble avoir eu une influence
décisive tant sur sa vocation missionnaire que sur son attrait pour
l’ethnologie. Lui-même, originaire d’une famille très pieuse de négociants et
vignerons du Gard, occupe la chaire de philosophie à la Faculté de théologie
158
protestante de Paris dont il est le doyen de 1920 à 1933. Il est également le
premier président de la Fédération Française des Associations Chrétiennes
d’Étudiants et l’un des membres influent du Comité directeur de la Smep.
Elle accomplit au Cameroun deux séjours consécutifs : le premier dans la
ville de Douala entre 1930 et 1933, où elle enseigne dans un lycée de jeunes
filles, et le second entre 1934 et 1936, dans l’arrière-pays cette fois, à Ndiki-
Somo. À l’issue de ce second séjour, Idelette, quoiqu’encore profondément
chrétienne, ne renouvelle pourtant pas son contrat avec la Smep. Son
expérience en tant que missionnaire, comparée à celle de beaucoup d’autres,
est donc assez courte. Après avoir été missionnaire, Idelette est devenue
l’une des premières femmes ethnologues du pays. Elle a publié alors de
nombreux ouvrages et articles, essentiellement des monographies, se
passionnant pour les langues et les migrations des peuples.
Idelette est venue au Cameroun avec la volonté d’être une bonne
missionnaire, pleine d’espoir quant aux perspectives illimitées qu’offre
Douala. Après son année de congé à Paris, Idelette revient au Cameroun en
1934. Elle est envoyée cette fois dans la station de Ndiki-Somo, à quelques
300 kilomètres de Douala. Sa mission relève toujours du domaine scolaire.
Idelette a la charge de l’enseignement du français dans la station, mais elle
doit aussi inspecter le travail des catéchistes dans les différentes écoles de
villages, dispersées en forêt. Ces écoles regroupent près de 5000 enfants.
Elle est amenée, par son travail de missionnaire, à beaucoup voyager ; elle
passe de longs séjours en brousse durant lesquels elle a tout le loisir
d’observer les populations. Mais cette observation se fait désormais sous un
autre regard, un regard laïc.
En 1936, Idelette Allier fait la rencontre de M. René Dugast,
administrateur en chef de la région de Nkongsamba, avec lequel elle se
marie quelques mois plus tard. Son mariage symbolise la rupture avec la
Smep. Après avoir quitté la Smep, Idelette se consacre pleinement à
159
l’ethnologie, notamment à l’étude de la population banen pour laquelle elle
effectue plusieurs séjours dans la région de Somo entre 1938 et 1953. La
consécration de ce travail est la publication de la Monographie de la tribu
des Ndiki.
À propos des auteurs
Nous avons eu l'idée de faire revivre notre histoire et de contribuer à la
faire connaître par des écrits, car dans la littérature, on retrouve plusieurs
publications sur le peuple banen. Elles sont pour la plupart produites par
les Européens, et ceci dans le cadre de leur recherche ethnologique.
Certains ont été au pays banen où ils ont exercé comme pasteurs,
ingénieurs des routes, etc. De leurs souvenirs, ils ont retracé la vie des
Banen ainsi que leur regard sur notre patrimoine culturel. Il nous a semblé
très intéressant de les parcourir puis d’y puiser des éléments de
compréhension de notre culture et de notre identité tout en nous
préoccupant des faits relatés ou des contradictions. La liste de ces auteurs
ne saura être exhaustive, mais nous leur témoignons ainsi notre
reconnaissance et notre gratitude.
Il s'agit de :
COLLECTION AUTEURS :
1. Abbé Mboh Calvin,
2. Afaga Aunel Malaury,
3. Bahoken Bekona Herman,
4. Bakak Marcel,
5. Balhiki André,
160
6. Banyack Yannick Patrice
7. Behalal Jean Marc
8. Bengala Laurent,
9. Bitouk Paul,
10. Bouaye Alex
11. Diboua Paul Bien-venu,
12. Diwo Francois,
13. Ebagne Severin,
14. Einom Cyrille,
15. Ekama André,
16. Keth Guillaume,
17. Kondo Marceline,
18. Koungoyo Dora,
19. Lovet Kouwe Isabelle,
20. Mabout Dieudonné,
21. Makan 2 Samuel,
22. Massin Baheten Martine Sylvestre,
23. Mayombot David,
24. Mbende Luc,
25. Mbollo Jules,
26. Moutebek Samuel,
27. Ngo Baleng Monique,
28. Ngombi Fany
29. Ngouaka Dora Calice
161
30. Noumi Patricia,
31. Nyembi Paul,
32. Oloumou Francis,
33. Outekelek Sabeyam Adeline,
34. Pr Ndedi Alain,
35. Sabehiam Michel,
36. Solheyl Boumsong Mbissick Emmanuel,
37. Tawedi Elvis Robert,
38. Tomo Jean Claude,
39. Tsango Annicet.
Mon conseil à la jeunesse par le patriarche Mbende Luc
La jeunesse Munen, du nord au sud, de l'est à l'ouest, doit prendre
conscience de son état. Si Dieu a permis qu'en ce jour, il y ait quelques
rescapés qui peuvent conter l'histoire du Munen, cela représente une grande
fierté. Je demande aux jeunes de s'adonner à l'histoire de notre peuple, de la
pérenniser. Ils ont des moyens à l'heure actuelle pour conserver cette
histoire. Ils peuvent la perpétuer. Ils peuvent la réciter, comme nous le
faisions auparavant avec les sciences, l'histoire, la géographie et autres. De
cette manière, ils pourront la transmettre à leurs enfants. Et notre histoire
ne sera jamais oubliée. Cela est important parce qu’aujourd'hui, chacun
voudrait connaître ses ascendants.
Les enfants sont plus équipés, ils ont des appareils sophistiqués qui
peuvent leur reprendre cette longue marche qu'a effectuée l'homme qui a
parlé le hinen jusqu'à nos jours. Et que les enfants enlèvent de leur tête que
nous sommes plusieurs Benen. Nous sommes un seul Munen quelles que
soient les différences lexicales, phoniques, prosodiques, etc. Que les jeunes
sachent que Dieu a voulu que nous parlions de cette façon pour enrichir
162
notre vocabulaire. Que ce soit Ndiktouna, Ndikeniak, Ndikmèmè,
Ndikbiakat, Ndikmanga, Ndikbanol, Ndikeling, Ndikbeneu, tout ça c'est une
seule personne. Et qu'on ait un amour intense entre nous. Qu'on se
soutienne. Cela permettra à notre éclosion un rayonnement singulier. Voilà
comment le Munen, qui est retourné aux sources, a pris le problème de ses
terres corps et âme. Il n’a pas fait de différence entre ceux du Nord, du Sud,
du Centre, de l'Ouest, de l'Est. Il s'est levé pour la défense des intérêts du
Munen qui a été marginalisé depuis l'arrêté préfectoral de 1965. Ainsi, que
cette jeunesse comprenne que c'est notre temps d'écrire notre histoire, de
réciter notre histoire, de nous l’imposer parce que c'est notre histoire, et de
cette façon, notre nom va rayonner dans le monde entier.
La consigne de l'ancêtre à ses enfants était : mondo amotè, c’est-à-dire une
seule personne. Il est vrai que l’arrivée dans leur habitat actuel n'était pas
simultanée. Mais chaque groupe était bien constitué.
Outoukou ayant déjà parachevé son travail, leur insertion dans le
patrimoine s'est étendue à une longue période, jusqu'à l'occupation totale.
La population qui est hors de nos terres est plus nombreuse que celle qui
y était avant le déguerpissement.
Voilà pourquoi nous voulons prendre cette disposition pour que la
principale route, l'axe central, passe, et qu’on essaye pour ceux qui
connaissent, d'indiquer à chaque groupe son lieu d'habitation. Je me dis
qu’avec beaucoup de patience, et d'amour, on se partagera le peu de terrain
qui existe.
163
NOTE Par Bitouk Paul
Tout le pays banen est debout pour s’approprier son histoire, pour
construire son destin, pour enraciner ses fils et ses filles à sa culture. N’estce
pas fantastique, cette unité nouvelle ?
Sous la houlette d’André Ekama, jamais un projet n’a réuni autant
d’intelligences et de sagesses du pays Banen comme la conception et
l’écriture du livre intitulé Monographie des Banen. Que de temps consacré à
la réalisation de ce projet ! Que de débats contradictoires d’une rare vitalité
que seules la distance et la médiation des technologies de la communication
atténuaient ! Et surtout, que de générosités dans l’offrande de la pensée,
dans l’exploitation des sources, dans le don de l’héritage commun que
l’oralité et l’écriture ont léguées à la postérité ! Que de recherches dans les
mairies et les sous-préfectures de Makénéné, Ndikiniméki, Nitoukou, Yingui
(c’est par ordre alphabétique), dans les mémoires, les thèses, les écrits des
Allemands et les travaux de Mme Dugast ! Que de descentes sur le terrain
pour toucher du doigt les réalités, pour les immortaliser ! Que de sacrifices
des rédacteurs, des dessinateurs, des infographes, des secrétaires, des
relecteurs ! Et au bout de l’heureuse et productive mobilisation, la longue
maturation et la naissance de la Monographie des Banen.
Hommage soit rendu à tous les initiateurs de ce projet, aux différents
monarques, à tous ces fils et toutes ces filles de différentes générations qui
nous invitent, à travers la Monographie des Banen, au voyage.
Ce voyage est tout d’abord initiatique. Il refuse l’aliénation,
l’acculturation et l’inculturation, à travers les connaissances que véhiculent
les épopées, les contes, les proverbes, la langue avec toute sa poésie. On y
découvre une culture de la tolérance, de l’unité, de la paix, de l’amour dans
toutes ses significations, de la fraternité, de la communion autour des
valeurs ancestrales.
165
Le peuple banen est pacifique. Il dit « PAIX » à tous ses nombreux frères
et voisins d’hier et d’aujourd’hui que sont les Béti, les Bassa, les Bamoun,
les Bafia, les Yabassi, les Douala, les Bamiléké, etc. Ce peuple d’hommes
robustes et travailleurs dit « PAIX » à ceux qui sont éloignés de ses terres, à
ceux qui connaissent l’agression, l’oubli, à ceux qui sont traumatisés par la
guerre. Il demande pardon à ceux que son action, au cours de ses
déplacements dans sa quête de la stabilité territoriale, a offensés. Son vœu
le plus cher est que tous les déracinés, chassés, meurtris, connaissent le
bonheur de retrouver la terre natale, d’y vivre en paix, dans le respect de la
différence.
Ce voyage nous invite ensuite au tourisme. Il faut remonter au début du
13ème siècle pour retrouver les origines de la communauté banen, entre
recherche de la stabilité et migrations, et plus tard entre résistance aux
colons allemands et luttes contre les envahisseurs Bamoun et Tikar. Il faut
suivre les traces de ces ancêtres sur les rives du Noun, près de la grotte de
Ngog Lituba, dans les savanes et les forêts d’Inoubou, de Yingui, de
Ndikbiakat, de Ndoukbissoung, sur les rives de la Makombé, etc. Il faut
s’interroger au passage sur ces noms qui commencent par « endek », « indik
» pour comprendre que, même si la plupart des noms des villages banen
commencent par ces particules, d’autres échappent à cette règle. Et ceux
commençant par « Ndog », « Log » sont spécifiques à nos voisins, les Bassa.
Il faut se demander pourquoi les noms des filles commencent par « Ong », «
Eng », Kou… et ceux des garçons par « Ba », « Be », etc.
Le voyage enfin mène à l’errance sur les montagnes qui culminent, pour
certaines, à plus de 1000 mètres. Le voyageur peut s’enfoncer dans les
profondeurs des forêts qui occupent près de 90% de la végétation du pays
banen. Il peut visiter les plaines, les vallées, etc. Alors, comment ne pas se
mobiliser pour défendre la forêt d’Ebo qui attise tant de convoitises ?
166
Le voyageur ne manquera pas de constater que ce peuple est ouvert au
monde grâce à sa diversité humaine, géographique et culturelle. Chacun
découvre, apprend, s’interroge. Et tout le bonheur est là, dans le partage,
l’hospitalité légendaire, dans la joie de vivre de ses populations désireuses
d’oublier les exactions subies pendant la colonisation, les luttes tribales, le
maquis, etc.
Ce bonheur-là, je l’ai reçu le matin du jeudi 21 octobre de la voix de
Marcelline Kondo à travers un bonjour en chanson et de nombreux conseils.
Et le samedi 16 octobre, l’histoire du gorille, ponctuée par une chanson,
relatée par Luc Mbende. Une sorte de parabole de l’invitation à l’hospitalité
et au partage, à la retenue devant les informations.
Nous n’avons plus le droit de dire que notre communauté n’est pas connue,
que notre peuple est en retard. Nous sommes debout devant notre histoire,
en ordre de bataille. Notre marche est lente, mais progressive et dynamique.
A partir de nos pratiques anciennes, nous allons bâtir celles qui se
renouvellent. Nous venons de dire, comme le héros d’Aimé Césaire, le Roi
Christophe dans la tragédie éponyme, « un pas, encore un autre pas, et tenir
pour gagner chaque pas. »
Bitouk Paul, natif du quartier Elond à Ndekbagna, village Ndikoko.
167
Le bureau exécutif ALBD – Association Livre Banen et Développement
Son but : L’Association Livre Banen et Développement a pour objectifs
principaux de :
- Promouvoir et encourager la connaissance de la culture banen, l’écriture
de notre histoire et de l’enseignement de la langue tunen aux jeunes ;
- Mener des recherches sur le peuple banen et conserver les mémoires
dans la littérature du
Peuple banen pour la postérité ;
- Identifier et encourager les travaux relatifs à la conservation du
patrimoine culturel banen.
169
Conclusion :
Le peuple bane existe bien avant son établissement sur les terres qu’il
occupe à présent au Cameroun.
Les Banen sont un peuple établis au Cameroun dans la zone forêt-savane
qui recouvre en partie les régions du centre et du litoral. Ils s’y sont installés
par vagues successives et par occupation bien avant la colonisation. Une
partie du peuple atteint le territoire en le pénétrant par sa partie nord, et
l’autre y accède par sa partie sud.
Le territoire des Banen s’étend sur la zone forêt savane qui couvre une
partie du centre et une partie du littoral. Son relief est très varié et connaît
une riche hydrographie dans sa partie sud.
Le Munen qui est le singulier de Banen, connait avant la colonisation une
civilisation, une structure et une organisation sociale et politique bien
établies.
Cette civilisation, ainsi que les traditions qui s’y pratiquent connaissent
une forte détérioration avec l’arrivée des Allemands sur le territoire des
Banen.
La conquête du territoire des Banen par l’Allemagne ne s’est pas faite sans
résistance, mais les armes et les moyens des populations étaient limités.
L’Allemagne s’impose donc et impose une nouvelle civilisation. Elle organise
administrativement le territoire et enseigne la langue allemande à l’école.
Après la défaite de l’Allemagne à la première guerre mondiale, le
territoire des Banen revient à la France. Elle poursuit l’œuvre de
l’Allemagne en réorganisant le territoire, mais transforme l’école allemande
en école française.
171
Le Cameroun réclame et obtient son Indépendance en 1960 et
l’administration française quitte le territoire. L’autorité camerounaise
prend les reines de l’administration locale.
La langue parlée des Banen est le tunen, qui en réalité regroupe plusieurs
hinen qui sont des sous dialectes ou variantes. Le tunen, du fait des
déplacements et des voisinages a subi des influences de diverses langues.
La partie du pays des banen dans la région du litoral connait un fort
enclavement dû à son relief très accidenté, ce qui a contribué à un faible
développement de cette localité.
Le livre Repère sur les Banen du Cameroun s’est attelé à ressortir
quelques points essentiels de la vie ce peuple et de son évolution, à partir
des différentes collectes de données. Il n’a pas manqué de souligner certains
problèmes que connaissent la localité. Les membres de l’ALBD, à travers
leur association, entendent apporter leur par dans le développement du pays
banen.
172
Collection d’auteurs :
Les membres du comité de rédaction du Livre
André Ekama, passionnés de littérature, Emmanuel Solheyl Boumsong
Mbissick
Président de l’Africa Culture Rhein-Neckar Président de l’Association des
Banen du Benelux
(Hekok)
Samuel Makan Makan, Resp d'Organe de Presse et Patricia Noumi,
auteure Magazine kwin.
Chargé de Communication pour le Livre Banen
173
POUR LE LIVRE BANEN
PARRAINS DE ALBD :
Hon. Moth Samuel Dieudonné,
SM Bissiongol Bieteke Antoine,
SM Engal Joseph,
SM Hessemb Franck Edouard,
SM de Ndema Nitoukou,
SM Ndzana Bagneki Armel.
COLLECTION AUTEURS :
1. Abbé Mboh Calvin,
2. Afaga Aunel Malaury,
3. Bahoken Bekona Herman,
4. Bakak Marcel,
5. Balhiki André,
6. Banyack Yannick Patrice
7. Behalal Jean Marc
8. Bengala Laurent,
9. Bitouk Paul,
10. Bouaye Alex
11. Diboua Paul Bien-venu,
175
12. Diwo Francois,
13. Ebagne Severin,
14. Einom Cyrille,
15. Ekama André,
16. Keth Guillaume,
17. Kondo Marceline,
18. Koungoyo Dora,
19. Lovet Kouwe Isabelle,
20. Mabout Dieudonné,
21. Makan 2 Samuel,
22. Massin Baheten Martine Sylvestre,
23. Mayombot David,
24. Mbende Luc,
25. Mbollo Jules,
26. Moutebek Samuel,
27. Ngo Baleng Monique,
28. Ngombi Fany
29. Ngouaka Dora Calice
30. Noumi Patricia,
31. Nyembi Paul,
32. Oloumou Francis,
33. Outekelek Sabeyam Adeline,
34. Pr Ndedi Alain,
35. Sabehiam Michel,
176
36. Solheyl Boumsong Mbissick Emmanuel,
37. Tawedi Elvis Robert,
38. Tomo Jean Claude,
39. Tsango Annicet.
177
Référence :
Idelette Dugast, Monographie de la tribu des Ndiki (Banen du Cameroun),
Vie matérielle, tome I, Paris, Institut d’ethnologie, 1955 ;
Monographie de la tribu des Ndiki, Banen du Cameroun. Vie familiale et
sociale, tome II, Paris, Institut d’ethnologie, 1960.
Dugast, Idelette, 1949. Inventaire ethnique du Sud-Cameroun. (Mémoires
de l'IFAN (Inst. Français de l'Afrique Noire), série 'populations', 1.) Mem.
Inst. Franc. Afr. Noire, Cent. Cameroun, Ser. Pop. Dakar: IFAN. xii+159pp.
Dugast Idelette, 1975, Contes, proverbes et devinettes des Banen : (Sud-
Ouest du Cameroun)
Dugast Idelette, Grammaire du Tunen, 1971
Dugast Idelette, Lexique de la langue tunen, 1967
Farelly Maurice, Chronique du pays banen, Société des Missions
Evangéliques, Paris 1948 Tome 1 et 2.
Mahend Betind Pierre Libere, Rites et croyances relatifs à l’enfance chez
les Banen du Cameroun / Banema bi Banen ba Kamerun na mobu ma
behonol elo a ye mon, Présence Africaine - 1966.
Iyebi Mandjeck Olivier, L’évolution du système Agraire en pays Banen,
Etude géographique, Thèse de Doctorat 3ème cycle, Université de Yaoundé.
Stéphane Prévitali, Je me souviens de Ruben : mon témoignage sur les
maquis du Cameroun, 1953 – 1970, Editions Karthala.
Ndedi Alain, Loka Daniel et Pitchou-Behalal (2020), la lutte contre
l’expropriation des terres Banen au Cameroun. Editions Universitaires
Européennes.
Pour l’amour de mon Cameroun : Sa’a Jip Tchonang, Patricia Noumi.
179
Ndedi, Alain Aime and Ndedi, Alain Aime, Restoration of Cultural
Identity: The Case of the Banen Tribe in Cameroon (January 1, 2006).
Available at SRN: https://ssrn.com/abstract=877868.
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