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Boxoffice Pro n°468 – 12 mai 2024

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La France est le seul pays européen<br />

qui ait sauvé son cinéma<br />

Certains diraient que c’est grâce au soutien des<br />

pouvoirs publics….<br />

Alors commençons par la fin : le fonds de soutien n'est<br />

pas une subvention de l'État. C'est l'argent du spectateur,<br />

l’argent des télévisions, et aujourd'hui un peu l'argent<br />

des plateformes. Il ne s’agit pas d’une recette financée<br />

par le contribuable, <strong>mai</strong>s par celles et ceux qui vont au<br />

cinéma et qui regardent la télévision ; cela s'appelle une<br />

taxe, qui est d’ailleurs gérée par un organisme particulier,<br />

le Centre national de la cinématographie. Au-delà de<br />

donner des émotions à tous ceux qui y vont, le cinéma<br />

français est créateur de richesse, d'emplois, avec en plus<br />

un bilan export de qualité. Il faut tordre le cou de cette<br />

idée selon laquelle nous serions des gosses de riches gavés<br />

de subventions.<br />

L’histoire du cinéma français des cinq dernières<br />

décennies, c'est aussi un peu celle de la famille<br />

Seydoux, à commencer par la vôtre et celle de vos<br />

deux frères. Qu’est-ce qui vous a donc poussés dans<br />

ce secteur qui pouvait peut-être être considéré<br />

comme hasardeux ?<br />

Vous pouvez enlever le “peut-être” ! Je n’ai pas de réponse<br />

à cette question à laquelle j'ai souvent essayé de réfléchir.<br />

Ce qui est sûr, c'est que nous avons la chance d'avoir été<br />

élevés dans une famille où la peinture, l'écriture et la<br />

culture en général n'étaient pas absentes. C’est ma grandmère,<br />

quand j’avais 7 ans, qui m'a fait découvrir mon<br />

premier film, La Belle et la Bête de Jean Cocteau, dans<br />

un cinéma à côté de la gare Saint-Lazare.<br />

Le premier à entrer dans le cinéma a été mon petit frère<br />

Michel [producteur dont la première réalisation, le<br />

documentaire Le Chêne cosigné avec Laurent Charbonnier,<br />

a rassemblé près de 420 000 spectateurs en 2022, distribué<br />

par Gaumont, ndlr.]. En ce qui me concerne, en 1970,<br />

je travaillais dans une banque d’investissements aux<br />

États-Unis lorsque j’ai décidé de changer de secteur.<br />

Pourtant, l’année précédente avait été la plus faible en<br />

termes de box-office américain, aux alentours de 900<br />

M$, alors qu’il était de 4 milliards en 1945 (et aux<br />

alentours d'un 1,2-1,3 milliard aujourd’hui).<br />

À l’époque, tout le monde disait que la télévision<br />

avait tué le cinéma…<br />

Mais que regardent les téléspectateurs ? Des films bien<br />

sûr. Le livre de poche pourrait-il tuer le livre broché ?<br />

Alors certes, le cinéma est né comme monopole de l'image<br />

en 1985. Aux États-Unis, le duopole avec la télévision<br />

arrive vers 1945-1946, et en Europe, avec le couronnement<br />

de la reine d'Angleterre en 1953. Et à partir de là,<br />

la fréquentation des cinémas baisse…<br />

Certains pays réagissent très vite, notamment les États-<br />

Unis, où les studios sont aussi ceux qui fabriquent les<br />

séries télévisées. Leur puissance est d’autant plus exceptionnelle<br />

que leurs films sont faits pour rassembler le<br />

public d’une terre d'immigration, à commencer par les<br />

Irlandais, les Siciliens, les Chinois, les Japonais, puis la<br />

vague sud-américaine. Quand vous plaisez à des gens<br />

dont les racines sont si différentes, vous ne pouvez que<br />

plaire au reste du monde.<br />

L’arrivée de la télévision transforme le monopole<br />

du cinéma, et après ?<br />

Et après ne survivent, dans le monde occidental, que les<br />

cinémas américains et français. Au Royaume-Uni, la<br />

BBC ne s’est en rien faite avec le cinéma, alors que la Rai<br />

a soutenu le cinéma italien. Mais, il n'y a pas un grand<br />

film italien qui ne soit une coproduction française <strong>–</strong> et<br />

un film français sur deux ou trois importants est, à<br />

l’époque, une coproduction italienne, des comédiens<br />

comme Claudia Cardinale, Sophia Loren, Marcello<br />

Mastroianni étant alors quasiment plus connus à Paris<br />

qu'à Rome ou à Milan.<br />

Qu’est-ce qui a fait la différence du cinéma français<br />

dans ce duopole avec la télé ?<br />

Sa grande force, après avoir convaincu les pouvoirs publics<br />

de créer le fonds de soutien au lende<strong>mai</strong>n de la guerre,<br />

est de les avoir persuadés de faire participer les télévisions<br />

au financement du cinéma. Et Canal+ est né, en 1984,<br />

avec cette idée <strong>–</strong> totalement révolutionnaire à l'époque<br />

<strong>–</strong> de participer au financement du cinéma français sur<br />

un pourcentage de son chiffre d'affaires. S’il échouait, le<br />

cinéma ne pouvait pas lui reprocher de lui avoir volé des<br />

spectateurs. S'il réussissait, il allait incontestablement<br />

aspirer un certain nombre de spectateurs ; en revanche,<br />

le cinéma pouvait continuer à tourner. Et c’est ce qui<br />

s’est passé : 1992-1993 ont été des années absolument<br />

dramatiques pour la fréquentation des salles, avec moins<br />

de <strong>12</strong>0 millions d’entrées. Mais la machine a continué<br />

à tourner, et le parc de salles à se transformer pour être<br />

plus adapté aux goûts des spectateurs ; ce qui permet<br />

aujourd’hui à la France de proposer le meilleur parc<br />

cinématographique du monde, couvrant l'ensemble du<br />

territoire avec toute une variété de salles et de prix.<br />

BOXOFFICE<br />

CANNES FORUM,<br />

LE PROGRAMME<br />

Quel avenir pour les salles et la création<br />

face aux bouleversements du monde<br />

digital ? C’est le sujet qui sera exploré<br />

par le rendez-vous <strong>Boxoffice</strong> <strong>Pro</strong><br />

cannois, autour de Nicolas Seydoux,<br />

à l’occasion de la sortie de son livre,<br />

“Le cinéma, 50 ans de passion”, aux<br />

éditions Gallimard.<br />

Date : vendredi 17 <strong>mai</strong>, de 9h à <strong>12</strong>h30<br />

Lieu : plage Vegaluna, boulevard de la Croisette, Cannes<br />

Déroulé des conférences<br />

Allocution keynote de personnalités :<br />

Dominique Delport, CEO Arduina Partners,<br />

ex-membre du CA de Havas, Vivendi, Vice Media<br />

L'avenir des salles de cinéma en France<br />

et à travers le monde<br />

Nicolas Seydoux, Gaumont<br />

Laura Houlgatte, CEO Unic<br />

Richard Patry, président FNCF<br />

Tim Richards, CEO Vue Entertainment<br />

Niels Swinkels, EVP & MD, Universal Pictures<br />

La création et le droit d'auteur<br />

à l'heure des bouleversements<br />

technologiques<br />

Nicolas Seydoux, Gaumont<br />

Henri de Roquemaurel, directeur financement<br />

média, BNP Paribas<br />

Justine Ryst, MD France, Lead Europe du<br />

Sud, YouTube<br />

Dominique Delport, CEO Arduina Partners<br />

Stan McCoy, President & MD, MPA EMEA<br />

En clôture, entretien entre M. Nicolas Seydoux<br />

et Julien Marcel (DG AlloCiné/<strong>Boxoffice</strong>)<br />

Cocktail et dédicace par Nicolas Seydoux de son<br />

livre à l’issue des échanges.<br />

Planning horaire<br />

09h : Accueil, café<br />

9h30 - 11h45 : Conférences<br />

11h45 - <strong>12</strong>h30 : Cocktail et signature du livre<br />

Si vous souhaitez assister au <strong>Boxoffice</strong> Forum,<br />

merci de contacter forum@boxoffice.com.<br />

Accès dans la limite des places disponibles.<br />

N°468 / <strong>12</strong> <strong>mai</strong> <strong>2024</strong><br />

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