You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
Beto De VOLDeR<br />
né en <strong>19</strong>62, vit et travaille à Buenos Aires, Argentine<br />
Beto De VOLDeR est maitre de la ligne et de<br />
la couleur. Chez lui la couleur est au service<br />
de la ligne mais en même temps elle lui donne<br />
une vibration. souvent, elle est uniforme. pas<br />
de polychromie mais la bichromie en mettant<br />
le support blanc à profit. Au maximum trois<br />
couleurs. Car ce qui prime, c’est l’intensité du<br />
trait, la force du contraste. on comprend dès<br />
lors l’importance centrale du dessin dans son<br />
œuvre.<br />
la ligne, chez Beto, est rebelle et joue autant<br />
la courbe que l’angle. mais ce qu’elle ne<br />
connaît pas c’est l’angle droit, car ce que sa<br />
ligne porte c’est plus qu’une organisation de<br />
l’espace, c’est aussi la dynamique d’un mouvement<br />
serpentin, les tensions de la rupture,<br />
ou enfin le dynamisme spatial de l’angle aigu<br />
qui viennent dynamiser l’espace. Cette primauté<br />
du linéaire inscrit son œuvre dans une<br />
tradition qui va de Antoine pevsner à Jean Arp<br />
et sol leWitt, particulièrement à celui des<br />
wall-drawings, celui qui ouvre à l’arabesque le<br />
champ de son dessin. mais De volder croise<br />
dans son aire les lignes aériennes et versatiles<br />
de gego, la dynamique spatiale de raul lozza,<br />
deux grandes figures de l’abstraction géométrique<br />
latino-américaine. Ce qui le différencie<br />
et le singularise, c’est l’intégration du relief à<br />
la ligne. il travaille ce qui fait passer de la ligne<br />
au contour et du contour au plan. il permet<br />
de joindre les parties en formant un tout. il va<br />
interroger les potentialités formelles des relations<br />
entre le tout et la partie dans certaines<br />
de ses œuvres. la ligne vient ouvrir le plan<br />
et dans certaines séries le compartimenter,<br />
puis le fragmenter ; à l’image des structures<br />
cellulaires. il y a une part de son activité plastique<br />
qui relève du principe d’association et<br />
de scissiparité.<br />
si l’œuvre pour lui est cosa mentale, c’est sur<br />
le mode d’une pensée vagabonde qui associe<br />
le projet à l’intuition du faire. Ce n’est pas<br />
étonnant qu’il ait été amené à s’attaquer au<br />
point. on sait que la ligne est une multiplication<br />
de points ou ce qui joint sur un plan<br />
un point à l’autre. on sait aussi que le point,<br />
ou plutôt la succession de points, quand elle<br />
dessine en creux les circonvolutions du trait,<br />
a un effet cinétique qui fait que la persistance<br />
rétinienne de l’œil comble les blancs<br />
qui parfait le dessin potentiel, que le pointillé<br />
suggère la ligne tout en produisant un<br />
effet kinesthésique qui produit une impression<br />
de mouvement accusant le dynamisme<br />
Sans titre (wall drawing), 2012, pastilles autocollantes, vue l’exposition PLC, Centre Borges, Buenos Aires<br />
de la forme. mais le point est aussi le point<br />
de trame, qui décomposant la ligne, vient en<br />
troubler et brouiller la perception. une pratique<br />
qui fait que le dessin simultanément se<br />
constitue et se défait. Cette envie d’associer<br />
le dessin à l’intuition l’a poussé à se délester<br />
de l’objet pour s’attaquer directement au dessin<br />
mural sans en passer par les outils traditionnels<br />
que pourraient être le crayon ou le<br />
pinceau ; cela pour éviter le carcan qu’impose<br />
au dessin la soumission au croquis préparatoire.<br />
C’est donc avec un matériau industriel,<br />
aussi simple qu’efficace qu’il travaille : des<br />
pastilles noires utilisées dans l’habillage intérieur<br />
des automobiles ; ainsi, « à point levé »,<br />
il monte des variations entre l’angulaire et le<br />
serpentin qui nous emportent et nous immergent<br />
dans le mouvement même de leur<br />
conception. A suivre le fil et à interroger la<br />
trame surgit la vision d’un dessin qui s’offre<br />
et se dérobe constamment et qui nous place<br />
entre devenir et souvenir dans des visions instables<br />
que notre œil perçoit et perd.<br />
Beto De volder est représenté par la galerie palatina, Buenos<br />
Aires.