Base'Art à Fréjus - Union Patronale du Var
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TURCO<br />
Turco le cas. Difficile d’écrire au sujet d’un ami...Plus sereinement, dans le chiffonnier de l’humanité, vous<br />
trouverez Olivier dans le tiroir des vrais vivants, avec un arrêt obligé sur les deux mots. Vrai, je le crois foncièrement,<br />
et c’est ce qui transpire de la toile. Vivant, assurément, de cette énergie qui fait croiser tous les<br />
barreaux des geôles de notre ballon de planète bleue. Olivier est issu d’un milieu ouvrier qui construisit ses<br />
repères dans l’univers d’acier <strong>du</strong> chantier naval de la Seyne sur Mer. C’est sans doute d’avoir côtoyé dans<br />
les souvenirs <strong>du</strong> grand-père, des oncles, cousins et <strong>du</strong> père les fiers cargos qui marchaient <strong>du</strong> feu de forge<br />
sur l’eau que lui est venu ce goût immodéré <strong>du</strong> voyage, que <strong>du</strong> reste je partage totalement. Donc, les colonnes<br />
<strong>du</strong> panthéon familial résonne encore des sirènes des blocs de métal flottant sur les mers <strong>du</strong> globe.<br />
Sirène. De la mer <strong>à</strong> Homère, il n’y a qu’un pas. Olivier a toujours su s’entourer des tentations d’Homère.<br />
Comprenez par l<strong>à</strong> que de jolies fleurs de toutes les couleurs se sont penchées sur sa couche comme des<br />
fées veillent sur…Normal, le peintre a besoin de modèles, sources d’inspiration et colorants naturels de<br />
la vie. Et la peinture dans tout cela ? Elle est l<strong>à</strong>, présente depuis longtemps dans son âme, solide vecteur<br />
expressif de joies, colères, sentiments complexes et morceaux d’existence. Dans le cas présent, rien a<br />
déclarer, surtout pas <strong>à</strong> intellectualiser comme il se doit dans un certain milieu artistique où les mots ébauchent<br />
une logorrhée échappant au sens. Ecoutez plutôt : « Ma démarche, c’est de ne pas en avoir. J’avance<br />
dans tous les sens et si je ne peins pas, je meurs. Je peins des bouts de sentiments, un rêve de la nuit, une<br />
conversation passée, quelque chose que l’on m’a dit, en bien ou en mal. Je n’ai rien d’autre <strong>à</strong> dire ». Côté<br />
technique, Olivier se définit très classique : huile, acrylique, craie, encre et encore peinture in<strong>du</strong>strielle débordent<br />
de la palette. Les couleurs primaires sont souvent sollicitées, avec une préférence en ce moment<br />
pour le rouge brun. Avant d’attaquer la toile, encore que le verbe choisi soit trop belliqueux pour exprimer<br />
cette histoire d’amour, le peintre dessine un petit format, réalise parfois même un volume pour baliser son<br />
chemin. Ensuite, les pinceaux parlent d’eux-mêmes, exécutant un ballet répété mentalement, recouvrant<br />
l’espace méthodiquement de personnages, d’animaux et autres formes mythiques. Enfin, l’ultime phase,<br />
sorte de coup de grâce, banderilles plantées dans l’échine sanglante de la bête : armé d’un compas, d’un<br />
cutter ou d’un fer <strong>à</strong> repasser, Olivier enlève de la matière, grattant, brossant ou figeant quelquefois dans<br />
un coin <strong>du</strong> cadre un petit signe, comme un dernier indice fugace en guise de signature, mais je n’étais pas<br />
censé le souligner. Turco construit sa peinture depuis l’âge de 15 ans, traversant la vie avec ses enfants<br />
colorés <strong>à</strong> la main qui aujourd’hui, après les années, forment une joyeuse ribambelle accrochée <strong>à</strong> ses<br />
basques. Avec des incursions dans l’abstraction, il se reconnaît dans la narration, et un séjour prolongé de<br />
deux ans en Chine - le choc, période <strong>du</strong>rant laquelle il acquit les techniques de la calligraphie - le rudoya dans<br />
l’approche de son travail. Papier de riz, papier marouflé, papier joli - « j’aime tous les papiers » affirme-t-il ,<br />
Olivier peintre sans boniments, tout <strong>à</strong> la fois offreur de rêves, ambassadeur de<br />
l ‘évasion, navette pour l’inconscient, passeur bénévole pour âmes en quête d’ailleurs, bédouin esseulé<br />
privé de désert, messager sans parole et plus simplement Olivier pour ses amis d’un petit coin de bonheur<br />
dans le quart sud-est de l’Andalousie.<br />
Jean-Christophe Vila