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Base'Art à Fréjus - Union Patronale du Var

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DANIEL-ANTOINE<br />

Lorsque j’ai rencontré Daniel-Antoine, il vivait reclus dans son atelier, un deux pièces d’un vieil immeuble <strong>du</strong> centre-ville de Toulon. J’ai eu l’impression<br />

étrange de retrouver l’atmosphère des anciens peintres provençaux tels que Bartoli, Baboulène et Pertus.<br />

Plus le dialogue s’instaurait et plus je découvrais un orateur plein de verve. Parler d’Art est une seconde nature pour Daniel-Antoine.Son parcours<br />

pictural semble d’une logique infaillible : en partant d’une influence intimiste de Bonnard, Vuillard et Pougny, il développe sa technique<br />

d’une façon expressionniste comme Picasso et Clavé. Il étudie l’art japonais et les icônes byzantines et en retient l’essentiel.<br />

Découvrir le personnage c’est surtout découvrir son œuvre ; quand on rencontre l’artiste impossible d’y échapper, ses filets sont aiguisés et<br />

son charisme total. Et si son nom peut s’apparenter <strong>à</strong> celui d’une épopée romaine, <strong>à</strong> un émule de la mythologie ou autre personnage, ce ne<br />

doit pas être un hasard, mais le fruit d’une réincarnation. Impossible de témoigner de l’indifférence devant une de ses œuvres.<br />

Le monde qu’il entrevoit pousse la conscience hors limite, c’est la frontière où la vie chevauche les morts, où la nature s’enraye, se fracasse.<br />

Les couleurs sur sa toile ne sont pas l<strong>à</strong> pour faire joli, mais pour être sincères, judicieuses, symphoniques comme la musique qu’il chérit tant.<br />

L’orchestration de sa vie s’alimente d’une profonde conviction : sustenter l’œuvre comme on nourrit un foyer ardent. La tenue <strong>du</strong> pinceau,<br />

ferme, sec, <strong>du</strong>r, violent et tendre <strong>à</strong> la fois, mais affirmativement très rapide. Le pigment se dépose en couche épaisse ou fin noyé dans la trame.<br />

Les glacis sur la toile se chevauchent, s’entrelacent, ils se cherchent, se complètent, les traits tracés au charbon s’entrecroisent, ils figent la<br />

scène sur le tableau de l’amour infini.<br />

Le voil<strong>à</strong> le vrai sujet de Daniel-Antoine, donner sans vouloir dévoiler, montrer pour ne pas suggérer, parler pour oublier une quête de l’impossible<br />

qui le dévore <strong>à</strong> petit feu ; tout y passe, on ne maîtrise plus le corps, il s’échappe se perd. La souffrance est l<strong>à</strong>, elle se conjugue avec<br />

création, on le sait par la grâce d’autres artistes qui font ce chemin, car leur désespoir fut souvent un tombeau.<br />

Il aime la matière, elle se fixe sur la toile, la bâche ou le bois, participant orgueilleusement <strong>à</strong> la plénitude <strong>du</strong> sujet. Cette technique sent la terre,<br />

le lierre qui s’agrippe, la pierre.<br />

Les attributs de la nature sont l<strong>à</strong>, primitifs sans sophistication, le tableau peut être peint sur le sol afin de l’exécuter en tournant autour, l’artiste<br />

adore ça.<br />

En me dévoilant sa série des « Gardiens des Terres oubliées », je m’aperçois qu’il a puisé au plus profond de son âme pour donner naissance<br />

<strong>à</strong> son sujet. Ils sont <strong>à</strong> son image : sensibles et invincibles, généreux et sauvages.<br />

Son état d’âme lié aux fondements des Peuples Premiers transparaît au travers de son expression libre.<br />

L’œuvre est ludique et semble accessible mais plus on cherche <strong>à</strong> la comprendre et plus elle ouvre de portes. Sous les cernes, les coups de<br />

pinceaux impulsifs et les couleurs franches, on devine des superpositions subtiles de transparences. Chaque tâche est <strong>à</strong> sa place, chaque trait<br />

maintient l’équilibre fragile <strong>du</strong> tableau.<br />

Sa peinture est d’ordre sacré. C’est un chant <strong>du</strong> souvenir : les terres se mêlent, l’ocre, l’orange safran, le noir de suie, le pourpre, le gris de<br />

fer ; une sorte de drame catastrophe qui se pare de masques primitifs déchirés. Le trait est impulsif, les couleurs semblent incertaines mais<br />

la force de la toile naît de ses entrailles : une émergence <strong>du</strong> plus profond.<br />

Pour Daniel-Antoine l’homme n’est pas né sur Terre pour corriger la nature mais pour en être le fidèle serviteur. Ses œuvres sont des messages<br />

de la Terre Mère aux Gardiens qui se battent pour elle.<br />

Aujourd’hui, il fixe son empreinte par sa gestuelle et sa propre palette. Une nouvelle réflexion voit le jour.<br />

En voulant pénétrer son œuvre, bien au-del<strong>à</strong> de ses espaces clos, Daniel-Antoine capte les choses appelées <strong>à</strong> mourir, l’empreinte refait surface,<br />

les traces deviennent écritures d’indices.<br />

A mieux regarder son œuvre, on peut apercevoir des transparences, des lumières, des feux, des lucarnes, des vitraux, des graffitis. Sa peinture<br />

est une réflexion créatrice qui cherche <strong>à</strong> palper, approcher, écouter et révéler son monde : une sorte de transmutation de ses doutes et<br />

de ses méditations.<br />

La sculpture permet l’assemblage et la diversité des matériaux.<br />

Tout est bon <strong>à</strong> prendre : corde, bronze, bois, métal, ciment.<br />

Et voici que naissent, dans un incroyable magma, les trois dimensions que Daniel-Antoine réclamait <strong>à</strong> ses personnages.<br />

Les tissus peints ont un aspect rugueux et sourd ; ce sont des peaux <strong>à</strong> vif, griffées et scarifiées. La couleur posée sur le tissu crée des<br />

constructions d’illusion. Ainsi, le jeu de la peinture fait apparaître d’autres ressources de sa sensibilité.<br />

Ce qui paraît maîtrisé dans l’œuvre de Daniel-Antoine est encore <strong>à</strong> redire ou <strong>à</strong> refaire. Son langage est en perpétuelle mutation, toujours attentif<br />

<strong>à</strong> ce qui va se passer.<br />

Les peintures sur papier photo font état d’un double face <strong>à</strong> face :<br />

- d’un côté, l’œil <strong>du</strong> photographe vise un détail de l’œuvre <strong>du</strong> peintre ;<br />

- de l’autre, l’artiste peint sur le plan rapproché <strong>du</strong> photographe.<br />

Le regard va de l’un <strong>à</strong> l’autre.<br />

L’œuvre devient inversée, trompeuse et profonde. Son obsession des transparences et des profondeurs l’a con<strong>du</strong>it <strong>à</strong> une étude anatomique<br />

de son œuvre :<br />

- il détache un plan de son tableau,<br />

- il met <strong>à</strong> nu les couches successives de couleur,<br />

- il transfigure l’œuvre <strong>à</strong> venir d’une façon instinctive.<br />

Une partie de son œuvre picturale devient une Oeuvre <strong>à</strong> part entière telle une invitation au grand voyage dans les recoins <strong>du</strong> tableau.<br />

l’INSTINCT EVOLUTIF de Daniel-Antoine est né.<br />

L’oeuvre de l’artiste nourrit la conscience comme des métaphores, papilles d’une révélation créative, accouchant une souffrance mal contenue.<br />

Le mal de vivre en reste l’absolue nécessité. L’art ne supporte pas les compromis. Texte : Luigi Di Nardo et Nathalie Silfio

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