Notice historique et archeologique sur la tour de Saint-Jacques-la ...

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MÉMOIRE j
HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE
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TOIJJL ItWJICQftS4À-ØOfJflEftJ[
ET SUR SON APPROPRIATION MONUMENTALE
 du perceinellt eu prolongation de la rue de Hivoh.
• Par N.-1U. TROCHE,
Uura des collaborateurs de la Revue hrehéotogique
Membre titulaire de la Société de Sphraqisiiqug.
Lapldeuij quem ro.probIIyeIunt ejdiflcenips
hic racius psi ceput atguli
- (PSALI!. Cxvii, V. 22.)
PARIS, IMPRIMERIE ADMINISTRATIVE DE PAUL DUPONT
RUE DE GRENELLE-SAINT-HONORÉ, 45.
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Document
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DES
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MÉMOIRE
HISTORIQUE ET ARCHOLOGIQEJE
-
SUR LA
TOliil llE SAII'T-J4CQUES-LA-DÔUCIIER!E,
ET SUR SON APPROPRIATION MONUMENTALE -
A Foecasion du percement ai prolongation (le la rue do Rivoli.
•
Lapidem quera reprobrayerunt uedificantcs,
hie factus est in capot ari'gùli.
' (Ps.c. CX VII, y . 22.)
L'exécution des travaux de percement et de prolongation de la rue
de Riyoli, qui s'accomplit en ce nfoment, era pour la postérité uni
témofgna g e permanent que tout ce qui tend à l'agrément et à la salubrité
de la ville de Parig ne saurait être regardé avec indifférence
par ses magistratsi Le peuple, occupé et satisfait sait gré du travail
qu'on lui donne, en attendant qu'il Jouisse des avantages qu il procure.
Ce travaux sont, au reste, laréalisatjon modifiée, suivant les
besoins actuels, d'un projet gigantesque dont la conception remonte
au règne de Louis XIV (1).
(t) Le ministre- Colbert avait conçu le • projet de faire une grande
place dev'ant la colonnade du Louvre et de percirune-large voie.qu}, en
passantauprès de l'église de S ai uc.Cermain_l'Âuxeryois, à laquelle
aurait fait, bien mal h propos; une fâçade grecque, semblable à celle
de l'Opéra, qu'on voulait bâtir en regard de la basilique, devait aboutir
-
*

-'
Napoléon I°, dont l'intelligence saisissai avec tant de rapidité et.
de tact toutes les idées véritablement, utiles, avait. (lit qu'à soit
tour de la ca4gfifle-ibiSie il Çôccuperait de rèfaire le vieux
Paris; et sous la Restauration, l'administrate ur habile, qui pendant
vingt ans a dirigé les affaires de la ville de Paris (1), conçut le projet
de refaire sur de nouveaux plans les vieux quartiers. avoisinant
l'llôteI-de-Ville et la Cité. Ces projets i élaborés par ]'administration,
avaient été approuvés parle conseil des bâtiments civils. Des com
pagnies puissantes par leurs ressources financières se chargeaient de
l'exécution, sous econtrôle de l'autorité municipale ; lorsque l'esprit
de réaction et d'opposition au Gouvernement vint faire échouer un
Projet qui iéuniss,ait tant de suffrages, et qui avait l'approbhti on de
toutes lés capacités spéciales.
'n la place du Trône. Les dépenses occasionnées par ta guetre de la
succession d'Espagne firent abandonner ce projet, qui fut repris sous
l'Empre; tuais les malheurs de la dynas tie impériale en empêelièrenL
égalemen . la , ràPSai0n. Le,13 février 1831,sous le spécietïx prétexte
(l'un service funèbre en mémoire du duc de Berry, ta vénérablc église
(le Sain t_Germain-l'Aubr!0iS
rut saccagée et profanée par une populace
ameutée, sans que le gouvernement prit la moindre mesure protectrice.
On vit des hommes hideux entrer sous ses voûtes et la dévaster avec
un calme et un sang-frôid effrayants, devaiit la garde nationale,, t'aflhle
au.bras; entourant et semblantgarder lgljse•,Puis,,. or 5qu'il S eurent
ass ouvi teur rage impie la pauvre eglise demeura fermét. pendant près
1è epi ans. Le 6uvernenient ngea'd'abord àtà Tairé démolir; bus
sitôt des ipécidâtétiri s , avidés,S4i5is'flt (éettéocèaSiOi de tiré dS
opérations lucratives remirent en lumière le projet de percement de la
rue monumentale .du Loivrç à.la Bastille, e9 pasant, cette fois, surIes
ruines dé Saint-GermaIn I Auxerrois L architecte, M Funt&tne, tes
VifksPe
tàôôWiè,eVô'utres p'erso'ni'ta?h1ites4iètle5 de co'n'seiltersmUnici'n'uEl10mfl1CS
à.ues,Séhti'elleniût fectitigfleS décidê
rent la question d'une façon péreniptoire ::ll est prçnt, disaient-ils
dans les journaux, de raser cette vieille masure, et défaire ainsi place.à
une rue immense, tirée au cordeau, qui petnietCr'a de voir de l'une des
ailes-du -Lvre iajoéu que perspective de la barrière du Trône. Mais
cettepensée barbare souleva les plus énergiques et tes plus éloquentes
p!otest.atous. Enf
in, une pensée de remords et de justice entra dans
les conseils'dt.gouvcrne5c0t, et, le liS juillet 1837,une ordonnance
rendit Ô culte et aux arts ta belle et royale basilique.
.i)'M. le comte de Chab:rol-Yplvi; ancien préfet.

• - Le gouvernement de Louis-Philippe d'Orlénsjt . construiré l'Hôtel-de-Ville,
les quais de la rive droite, et laissa dormir les autres
magnifiques dispositions réglées par ses devanciers au pouvéir. -
Mais, d'âprès un plan, encore obscur à nos yeux et arrêtéprrla
Providdncç, ces mêmes projets, mûris dans les conseils de iErpire
et de la Restauration, s'accomplissent aujourd'hui sous le pouvoir
suprême du neveu de Napoléon, qui a repris le sceptre impérial-d'après
la volonté nationale exprimée par -huit millions'de suffrages -
On ne peut examiner, sans le plus vif intérêt, l'intelligencê et l'activité
qui président à ces travaux, et la nature des difficultés que
présente la régularisation de l'axe de- cette immense ybe, 'ainsi que
- le nivellement géométral des terrains accidentés que rencontre son
parcours, à tel point que, pour né pas arrêter la circulation ,: on fut
obligé de jeter un pont provisoire sur-la nouvelle voie qui se trouvait -
d'environ 6 mètres en contre-bas de l'ancienne, au point d'intersection
des rues de- Rivoli et des Arcis Si on éprouve un sentiment
de tristesse involontaire -à l'aspect de cette destruction - insolite
et sur une vaste échelle de tant d'habitations pIUÉ Ou Moins -1mpdrtantes,
dont quelques-unes offraient au philosophe-, à l'antiquaire
et à l'érudit, de précieux souvenirs qu'on ne trouverait peut-
- être pas dabs les 1;200 ouvrages et plus qui forment la bibliographie
de cette glorieuse cité, on s'en console-aisément-en conidérant que
le pouvoir •satisfait ainsi aux besoins les plus impérieux de la poui_
lation, et réalise, avec la-construction des ballés centrales; qui mar-'
che de front, une des améliorations réclaméesavec leplus -d'instànce
par notre civilisation actuelle---------------- - - -
Il fait convenir que, pour certaines régionsde àe}4 quirtierjdu
vieux Paris, sûr !a rive droite de laSeine, ce ri'est.pûs une démoli-
Lion qui s'accomplit, mais un véritable nettoyage. Le percementde
- la rue de Rivoli jusqu'à lame Saint-Antoine, se rattachant directenient
au système général d'élargissement, de stratégie M d'embellissement
de la ville de Paris, aura 'd'abord pour résultat de purger
cesdivers quartiers'des miasmes qui les infectent, et d'y- rétablir la
circulation de -l'air, dont la privationétait si funeste aux malheureux
qui habitaient desmaisons hideuses et malsainès. Puis; au point de -
vue financier, celte vaste opération donne du pri à-des teriaiiis

—o --
avant sans valeur, et offre i par l'application des grands capitaux, à
toutes les branches de l'industrie du bâtiment, assise sur de nouvelles• -
bases, la perspective d4ini accroissement notable dà'is le bien-être
des habitants, et, par suite, dans les revenus de l'Etat.
Ainsi, entrant dans le sujet spécial de ce mémoire, et pour
ne citer qu'un fait choisi parmi tant d'autres dans cette grande mediûcation
d'utilité publique, nous voyons, avec une grande satisfaction,
sé réaliser le voeu que, dans notre amour des entreprises utiles
et grandes, nous avons toujours formé, au nom du bon goût, de voir
'disparaître cette espèce de ghetto, cet ignoble marché de friperie qui
couvrait le sol béni de la vieille et vénérable ég]isearchipresbytérale de
Saint-Jacques-la-Boucherie, et qui enveloppait de ses saleséchoppes -
sa belle tour du seizième siècle, digne d'une destination 'plus
noble et plus urbaine que celle d'une fonderie de plomb de
chasse. -
Puisqu'il a &é décidé par l'édilité parisienne que la tour de Saint-
Jacques, si riche en traditions nationales, en ouvenius de piété et
d'honneur, devra désormais contribuer, par sa masse architecturale,
à la décoration du quartier qu'elle domine si majestueusement depuis
trois siècles, il nous parait utile d'entrerdans quelques détails sur la
valeur historique et archéologique •de cette grande construction -
chrétienne, couverte d'un riche manteau de moulures, de rinceaux,
d'arabesques, de dais et d'archivoltes; puis ensuite, de propôser modestement
quelques vues sur sa nouvelle appropriation dans l'ordre
civil sur la nécessité d'y introduire des choses agréables, utiles et
permanentes qui, en lui rendant la vie et en lui imprimant un caractère
municipal, attireraient l'admiration publique et en feraient
• un ornement digne d'être cité parmi les plus iemarquables de la capitale
d'une grande nation.
L'église de Saint-Jacques-la-Boucherie était du nombr;e de celles
• de Paris dont l'origine est restée inconnue. C'est assurément à l'incertitude
où l'on est demeuré sur l'époque positive de sa fondation
• 'qu'il faut attribuer les opinions incohérentes de tous ceux qui ont
écrit sur cette capitale, sur ses monuments, et mémé sur l'-Eglise et
le diocèse de Paris, tels que le vénérable bénédictin D. Jacques du
Breul, Glande Malingre de Saint-Lazare historiographe de Fraude

l'avocat fleur l-lenry Sauvai, et le plus célèbre des ecclésiolbgues parisins,
l'abbé Lebeuf (1). -
L'abbé Villain, prêtre-trésorier de Saint-Jacques-la-Boucherie, et
historien spécial de cette église, publia son Essai d'une !Iislàire de
la paroisse de Saint-Jacques, etc., en 1758 (2), quatre ans après
que l'abbé Lebeuf eut mis à jour les 15 volunies de sa savante UStoiredu
diocèse de Paris (3). lI 'est vraisemblable que l'abbé Villain
eût essayé, si cela eût été possible, de tirer de l'obscurité l'origine
de la paroisse qu'il avait pris pour thème histôrique. Mais comme
uS recherches dans les archives de la fabrique, dont Il avait la
garde, devinrent inftuctdeuses, il se crut obligé d'opposer de flouelles
conjectures 'n celles des annalistes qui l'vaient précédé. -
Jaillot, géographe ordinaire du roi, ést de tous les historiens de
Paris celui qu'il faut le plus souvent consulter sur les obscurités d'un
sujet; aussi cherche-t-il à concilier les contradictions des auteurs
précités. Il résume et réduit à peu près à ces termes les difficultés
qu'ils ont soulevées sur l'oratoire primitif qui fut le germe de cette
église de Saint-Jacques, qui existait certainement au douzième
siècle. li a même'apparence que l'édifiee fut agrandi et érigé en
paroisse peu de téinps après l'an 1108, sous le règne de Louis VI,
le Gros, M l'épiscôpat de Maurice de Sully, 73-évêque de Paris.
Elle est • désignée sous le titre de paroisse dans une bulle du pape
Calixte Il, en faveur de l'abbaye, depuis prieuré de Saint-Martin-
(1) Voir Du Brou], p. 602, édit, de 1612.— Malingre, p. 549. - Sanval;
tome 1er, p 360.— IJist. cccl. Paris, tome li, p. 295. - Félib!en,.
Hist..de Paris. tome 1er, p. 241.— Lebeuf, fluet, du diocèse de Paris,
tôme 1er, p. 314. - Tablettes parisiennes; p. 58.— Piganiol de la Force,
tome ll p. 82:
(2)lin vol. in-42 de 326 pages; Paris, Pranit père, 1758.
(3) Etienne-François Villair,, né à Beauvais, mourut presque oeuogénaire
à Paris. en 1784,.dans une maison de la rue des Areis, portant
pôurenseigne: au Singe vert, ainsi qu'il résulte du billet d'enterrement
de l'abbé Lebeuf, que la famille (le ce savant antiquaire lui adressa à
cette occasion. Ce curieux document est en • la possession du docte
M. Jérôme Pichon, ancien auditeur au conseil d'Etat, ainsi que dent
exemplaires des histoires de Saint-Jacquês-la . ftouclserie et de fVu,:olas
Flamel, annotés rie la main de l'abbé Villain.

-8-
-des-Champs; balle dans laquelle sont énumérées toutes les;posses-
sions de ce monastère bénédictin, et qui est insérée dans on' histoire
par D- .Marrie, moine du prieuré, pages 148 et 449. Or,cc titre au-
thentique, que Jaillot assure être le premier qu'il ait vu, où il soit
fait mention de l'église Saint-Jacques-la-Boucherie, vassale deSaint-
Martin-des-Champs, démontre clairement que du Breul, Malingre,
SauvaI - et .lasautre historiens précités se sont trompés eu nu fixant
liéréctibiïde-cet.techapelle :ptimitiy que soUSIQ rgpa:dp Philippe-
Augustev.ers'l'qli.12OO (1) . . -•. - Z L
il Au ré çtàousL;nayois pas à nouS -occuperde.4at.omparaison
-analytique de ces différentes.versipusoiqqe: nous laissons aux
ecclésiélégdes la lâche ardue et aride d'essayer à rsorçet
.qLiestiôiii,(I'a1itiqiiitê ecclésja$ique,, sans utilité réelle,-' aujourd'hui
tqiiû Iditarte;lu : évoltitionnaire arenversé. i'églie, quisurviÇ.el.e-.
ment'danS.a toérJT ic : - t. ;' . •: .
apreuveécrite que l'église de SaintJaqqqe,s n'eut d'abord aucun
surnoiiCeI4de 1( BoUcheï ie -16 fut donné, soit prceqi.i'elle.étaiL
voisine de la-grande bduclaerie'de. rapport l'étris i devantIaforteresse
du 'Ctand-Châtelet soit prce que laT plupart des maisons qujavoi-
sinaintcette église.étaient habitées par les bouchers, -propri4taires
de cette grande bouchei.ie rgardéa conune aput toujours etc le
-herçeau des:éditiOns'daps ce quartier, où ils avaient, ainsi que leurs
suppôts, uneithifiensé influence ,populaire (2). L'abbéLcbeuf pré-
(1) Jaillol Recherches critiq., hist. - et topoy. sur la ville de Paris.
TSc je, qiiaft.Saint-Jacquc-laBoïicherieÇ p; 18.
(2) Ce fut particulière ment dan I&qiartier -Snin(-Jacques-laBnudhéi-ie
CL 'dans celui du Palais; en la Cité,' que passèrent, Pendant là
cptivit& du ioi1Jean(1357-1358). les scènes. lés plus saiugiantô de la.
lutte entretenue par Charles le Mauvais, roi de Navarre, et par,Etienne -
Marcel, prévôLde Paris; entre le pbùple et la roSriiuLé. Danè.k siècle
iiivhnt, ce fut également dans tes mêmes qutiêrsqne •s'neeonplitent
lés plus-horribles scènes des guerres civiles du' règne de Charles VI
(1404-1420). notamment perdani les trissés jours de sa déiuence. Le
f.ouVoir se partagent entre deux factions aeIiarhéc : celles desArmagniscs,
au tom du -dauphin, et celle des Bourguignons; nu nons de Chartés
VI etd'lsabeIldeBavière; Jeaà sansPeur, duc,de.Bburgogaè,oe-.
cnpàParis et mit soit isurpéo»soSl'égide.de la plui vile:povulace.
S'apptiyarit du. nous du' malheureuxt coi, qu'il lcnaii.èu:son.

tend que ce surnom fut donné à l'église de Saint-Jacques-le-Majeur
pour la distinguer àe deux' autres églises dé Pari;' dédiéS ait iÇiéme
apôtre (i). Mais il est notoire que plus de 60 ou 70 ans avant l'érection
dés églisès de Saint-Jacques-de-l'ilôpitaieL,'dê Saiht!Jacques:du
Fiant-Pas, celle 'dont il s'agit spécialement'dans ce mémoire était'
appelée dans les actes 'épiscôpaux et autres : &-1csh.S. Jacobi, ou
bi Caniificeria (2).
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-
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Nous avons, -en commençant, qualifié Saint-Jacques-la-l3ouchei-ie
-d'église archipresbytérale, parce qu'eh effet son curé était, dès l'ait
1206, archiprêtre de Paris, pdrce que cette cure étit plus voisine
du grand pont de Paris cohduisant à la cathédrale; de mêmè qué
celle de Saint-Séverin, où était Pantrei archiprêtre,: L'attribution de
cette dignité ecclésiastique était de Veiller sur la conduite des prêtres
et des clercs, , de célébter la messe en l'abence del'évéquc rude
maintenir l'ordre et 1h discipline. Le curé de Saint'Jacuesla4Boucherie
était en outre inscrit dans le rang de pré -très èardinux qui,
au douzième siècle, assistaient l'évêque offlciànt danslahathédralè à
la messe des quatregrandes fêtes -atlnûeiles(3)'-------- '-'- ' r
pouvoir, il Ut proscrire les princes parle conseil; etoi BaLi police de
Paris àrun corps choisi (le cinq cents bouchers, dont les maîtres étaient
affiliés en confrérie à Saint-Jacques-ia-Boucherie. Aussi vit-on souvent
aux prises, dans lésines étroites qui envirounaien ctté église, l'écharpe
blanche des Armagnacs, et l'écharpe rouge des 8ourguignois.- C'était
.1éj, comme de nos jours, la querelle de la démnocratié 'cobtre l'aristo,
crati. Lors des troubles de 1411, les LegS, les Saint-Von, les Thibert,
propriétaires de la grande boucherie, fomentaient ces troubles,
ont en participant aux exercicespieux de leur sainte milice. Cette
confrérie des boucliers • de Paris est appelée dans les cômptes-de la fa-**
brique de-Saint-Jacques, de 1426 à,1432: t Confrérie .de.la 'Nativitè de
N. S. aux maistres :boucliers de -la ville, en !a chapelle Saint-Denis,",
(-Villain' Ets, chape XVI, pi-14,) - Voir -Froissard, Iiv.11i. —Chron.
d'Eng-de Monstrelot. Lemoine de Saint-Denis - M. des Ursins,— -
fleg:dû Pailementi - Cbroniq. de Saint-Denis.,,
(1) Rist; dm1 dioe de Paris, toute . Pr, -,p, 321:-.
(2) Voir Gartu1nir&detéguscda- Paris, publié par M. Gqérnr4, wem-
4re de ['Institut de Franee,'avec la côllaborationde MAI.iGéraiid,'Mariop
et Delôye. Tôine1• p. 3eti9;'to[nedi,p274;to,Ijelli,pi62ct3e2.
4dmeiV,p;24O. —'--Paris,-Crapelet, 1850 4 vol.
01 (Sauvai, t: ler, p501. '—Vllain,-Essai, l$.\ilç-pv45.jD Marriù,

- 10
Cette église se distinguait encore par un autre privilég i.tont jouissaieni.
un. très-grand nombre d'autres à Paris, celui dit d'asile
que la justice ne respecta pas toujours. On construisit même sur ses
voûtes , en 1405 , une chambre, pour y tenir en franchise ceux qui
s'y réfugiaient, par suite (le quelque affaire criminelle (t).- -
L'augmentation de la population paroissiale a yant fait accroître
successivement le bàtimcut de l'église de Saint_Jacques4aBO1icl1ee,
ces adjonctions successives, mal entendues, désôrdonnées, et portant
chacuné le type particulier (le leur éppqûe, constituaient dans l'ensemble
un édifice dont le plan était fort irrégulier. L'abbé Villain a
donné, dans son Essai historique, trois plans ichnographiques, indiquant
les diverses modifications que cette église avait subies depuis
le treizième siècle jusqu'à l'époque où il écrivait. Malgré la mauvaise
exécution de ces plans, on peut néanmoins juger de la bizarre disposition
des diverses parties de cet Milice, qui couvrait en superficie
un terrain considérable, dont on verra ci-après la contenance.
• Au point de vue architectural, l'église de Saint.Jicques_)a-Bouche-.
riene laisse à regretter que son poç,tail occidental, qui était gracieux;
et le petit portail au nord, sur la rue des Ecrivains, lequel avait été
bâti en 1399, des deniers de Nicolas Flamel. Il s'y était fait représenter
dans le champ de la voussure, avec Pernelle sa femme, à genoux
devant la sainte Vierge, placéé au centre. L'apôtre saint Jacques
lui présentait l'époux, et saint Jean-Baptiste lui présentait la femme
de l'autre côté. (2).
Hist. Saini_llartifl, p. 447. - Lebeut, toc, cil., p. 316-317. - Canut. de
Paris, t, jer, P. 3.
(1) Les églises et les maisons des évêques furent longtemps regardées
comme des asiles sacrés, dont les violateurs étaient excommuniés.
Mais, comme ce privilège rie servait qu'à enhardir lecrime, elles turent;
avec le temps, dépouillées de cette immunité. Charlemagne donna
une première atteinte aux asiles;par la défense qu'il fit, en 779, de por'
ter à manger à ceux qui se réfugieraient dans les églises. Nos rois ont
achevé ce que Charlemagne avait sagement commencé.
(2) 'aljbéVillàiI) nous n conservé le dessin de cette voussure dans la
vignette sur- bois, mise en tête de sa curieuse et judicieuse Histoire critique
de Nicolas Flamel et de Pèrnelle sa femme (un vol. iii-12 de 403
pages. Paris, G. Desprez,1761.)te frontispice de ce livre offre aussi

Nicolas Flamel , l'un des plus habiles calligraphes du quatorzh3m&
siècle (1), libraire 'et écrivain juré de l'Université avant i'inventiàn
de l'imprimerie , est assurément le plus notable de tous les illustres
paroissiens de Saint-Jacques-la-Boucherie, qui ont le plus contribué à.
la décoration intérieure et extérieure de cette église. Personnage
aussi célèbre par l'idée exagérée que l'on a eue de si fortune, et par
les extravagances calonnieue g imaginées sur l'origine d'ine aisance
conquise au prix de bien dés sueurs , que respectable par le. noblé
usagè qu'il en fit. Il émerveilla ses contemporains, qui , au pOinL
de vue 'de l'égoïsme, ne pouvaient se rendre cohpte de la simplicité
de son existence, comparée à sa charitable et pieuse prôdigalité,
dont cependant il n'a pas été impossible de pénétrer le secret. C'est
dans son travail intelligent, dans un esprit d'ordre et de sage économie,
qu'if trouva cette prétendue pierre philosophale, S moyen de
hqùelle il transmuait, dit-on, les plus grossi's métaux en or pur.
Hommé de foi et plein de générosité, il pensait que la charité est un
don de Dieu reçu dans l'âme comme une qualité permanente . qui leporte
à aimer son semblable et à le secourirdans l'adversité. C'est
donc cet esprit de religion et de douce charité, qui animait le laborieux
artiste, qui lui fit employer sa fortune à soulager la veuve et
l'orphelin, àfônder des hôpitaux et à réparer des églises. Aussi, FIaL
mcl, si riche dans l'imagination 'de tant de gens, , n'a pas laissé eh
mourant 300 livres de rentes (2).
Ce véritable philosophe chrétien,.dont l'abbé Villain et Saint-Foix (3
ont fait un si bel éloge, mourut le 22 mars 1417 dans sa maison, si-
tuéé à l'angle de la rue, des Ecrivains et'de celle Marivaux (4)'. Cu
l'effigie de Flamel , d'après la figure qu'il avait fait sculpter au portail
de Sainte-Geneviève des Ardenis en la Cité. -
(1) Ce fut peut-être Nicolas Flamel qui tut le calligraphe du Brévi;iirepuiblie,
que donna à'eècte église, en 1406, Henri Beda, bourgeois de
Paris, et qui était exposé dans une cage de fer, devant !'œuvre pou
servir aux pnuvrs prélres'qui ne pouvaient acquérir de bréviaire pour
leur usage particulier.
(2) Villain, ifsèai, ch. XXI , p. 156.
(3) Essai historique sur Paris, t. III, P. 108 édit. de 1777.
(4) Les partisans d'une innovation désastreuse pour l'histoire physique
de Paris, réshltantd'un arrêté' de M le préfet de la Seine, en date du 31

% -t
SuS&rcliqtle de çe vieux quartier, qu'on vient de d6molir. 1pottr le
prdlongeiflent de la rue de 'Rivoli (I): Il. fut enterré dans la nef de
juillet I80'ùSus sauton t Peut-ètre iùaiivais gré 11 nous servir ici il liiiièànés
4ellàtions de tesbe, tuai , originaireiniit ,'étaient le siége
de corporations religieuses ou industrielles d'habitations Ou d'événements
, , dont le souvenir n'est point encore effacé, après ta
riiiùe de tout cc qui constituait3es usages, les franèttises , les coutumes
t le di oit 'ublic. C'dt que dons penséns, avec les hommes amis des
glorièuses iraditions du passé ; que les Hies d'uiie capitale .sont unhivre
où -chque siècle n écritsa -page. On perce assez de rues ., nouvelles iiijourd'hui
qu'elles porten; te nom de ceux qui ont illustré la France ait
dix-néuvième siècle, c'est un acte de justice; mais on tic doit pas dé-
bit peiker le aiièïcnnes-rtics teul' profit, à moins pie ces touts tic soient
vulgàirès:OU inéonvcndnts alors, il estlogique de leur imposer le nolmi
de perspnnagcs locaux du nioycn , âge., Cependant, l'ado est A peu près
consommé dans un aqnir prochain il deviendra tout à fait impossible
d'écrire t'histôirêdes rudetaris: Mais .daits cette capitale piéthoriq'ué
jdonv les i i abitants .,-'du iboins te plus- graid tiombre n'y saut Pas
nés';Le nouveau système passcrapeut-dtre. avec le temps, dans le langage
et dans les habitudes. il n'en serait pas ainsi cii proinCe. Lssaez d'y
changer oraciellentàht le nom d'une rue , et vous verrez qu'après quarante
ans; la dénomination' administrative- n'aura pas encore acquis l
droit de cité,.etque-la vieille apetlatioupnraCiiiée dàns tes habitudes
loeales,préyaudra encore.' Quipqurrait . douter ques souvenirs locaux,
rchauffésPar tes'soins des magistrats; . que la restaurât io.n des manunients,
laite avec amour,be vit'isseit renouer lach3ine des temps et raiinciter
les imaginations au vieux sol parisien /-beaik up $l'us effioncelient
?lde.ette dislobtio'nhistorique , qui codsiste séuverit; sous lespécicuxpéteXe
dunccomtnodité éphémère, 'aréunir, sous un môme
nom deux ou t rois rues, qui , ne sont pas même géométriquement dans
t'ie éorrespondaiït; mais salement parce qu'elles convergent dans le
méfie sens? (Sur tes inconvénients du changement des noms de rues,
voir 8uuetiaarch.,ann. 1837-384.-IV,. P. 55125.380,384 :392 et 504..
(I) La vieille maison en pierre et en bois de N..Elamel, occnpéc depAis
longtemps par un débitant d'eu-de-vic, -existait encore ait lerjuil_
let 18521 noftraitplus rien de remarquable à. Pitutérietrni à lcxtérieur.;
cependant elle avait conserv.é qulquechose. de sa.physiononne tlii
moyen Age, malgré lés remaniements que le-temps et.la.'main des-homn
mites lui avaient fait subir, et se présentait en pignon aigu sur ta rue des
Ecriv-ains. Ses trois étages étaient jadis,orpbagéspar lui avant-soiier,
dont on apercevait encore les traces; mis on n'y voyait plus celles des
iui;igeriès et des inscriptions dévotes qui ornaient, sa façade, d'après te'
- tinoignage de l'abbé Villain , et qui furent volées en 1756,, après ilcs

—13-
l'église de Saint-Jacques-la-Boucherie. Pernelle, morte 20 ans avant,
son mari, le li octobre 1397, fut enterrée au cimetière des Saints-
Innocents, aux termes de son testament. -
Dans tous les pays civilisés, on aurait élevé une statue à la iné- -
moire d'un pareil homme. Tout au contraire; les: sans-culottes de 93 -
dispersèrent ses ossements, comme ceux des antres illustres morts
qui dormaient autour de lui , sous les voûtes sacrées. Son épitaphe,
qu'il avait fait faire de son vivant, qu'il gardait chez lui comme tihe -
salutaire pensée de la mort, et qui fut, suivant sa dernière volonté
attachée au pilier le plus voisin, au-dessus de sa sépulture,- fut arrachée
et vendue à me fruitière de la rue Saint-'Jacques-la-Boiicherie,
qui s'en servit-longtemps pour hacher dessus ses épinards. On croyait
que ce petit monument était détruit, lorsqu'il a été S fortuitement retrouvé
en 1847, par notre ami M. Dépaulis, graveur en médailles, -
chez un marchand-de curiositéé, qui le possédait depuis six ans.
M. .Dépaulis en donna aussitôt connaissance à M. J. Pontonnier, alois
chef de la première division de la préfecture de la Seine, qui eh fit
un rapportà M. le comte de Rambuteau ,- préfet. M.. la Villegille.,
antiquaire distingué, ayant fait partager à ce magistrat sa conviction
-sur l'authenticité de cette inscription funéraire, qu'il avait été chargé
officiellemêntd'examiner , le préfet en fit l'acquisitioh pour }e compte
de k ville. On eut d'abord l'intention de la sceller dans la tour de -
Saint-Jacques; mais, sur la demande du Ministre de l'intérieur, M. de
Rambuteau en enrichit le musée de Cluny, où on la voit, dans une
des salles du -ez-de-chaussée; Cette inscription a été dessinée et4iubliée
-dansla Revue archéologique (ami. 1847, 2' partie, p - 682). -
Par suite de la circonscription cobstitutionnelle des paroisses de -
fouilles ' opérées,dus les substructions de cette maison , par des intrigants,
adeptes de la philosophie hermétique, qui, sous le pieux prétexte
le réparer à leurs frais les maisons caduques-appartenant aux église
en bouleversèrent toutes les parties, pour y trouver ces trésors enfouis
qui avaient déjà -préoccupé d'autres investigateu?s aux quinzième et seizième
siècles. , IL n'est pas présuinable que les démolisseurs définitifs
aient été plus heueux, même en arrachant la dernière pierre des fonda-
Lions de cette maison, que Flamel avait fait construire dans les premiers
temps de son mariage.
-t

— . 4--
Paris, et de 1cm' réduction, l'église de Saint-Jacques-la-Boucherie fut
supriméd &n 1790 et clasée au nombre des propriétés nationales,
Après avoir servi aux assemblées démago g iques de la pire espèce,
elle fui louée àun industriel, nommé Philippe Legrand, par bail dé la
régi pbur 3, 6 ou 9 armées, commencées le jer niv5se an V (coN
respoudant an 2janvier 1797), moyennant 10,600 fr. en numéraire.
Puis enfin, le dernier jour de cet édifice chrétienarriVa le 8 thermidor
an V (26 octobre 1797) la vente à la criée en fut annoncée
pal' affiches, pour être faite subséquemment au ci-devant hôtel d'Uzès,
rue Montmartre, affecté alors à ces sortes d'aliénations. Ou lit
au procès-verbal di cette opération, dressé par fus citoyens Gu illotin
et Letourneur, membres ' du bureau du domaine national , en exécution.dela
loi du 19 fructidor ari 11(1.5 septembre 10b), et de celle
du 9 germinal an V, relative à la vente des projiriétés publiques,
que cette église et ses dépendances, contenant 650 toises et demie,
fut annoncée être d'ui revenu de 16,300 fr., et valoir en capital, ait
denier vingt, '20,3284., payables en inscriptions au grand livre de
la dette publique. .
Le 11 therhiidor an y , après trois feux, elle fut adjugée à Jean-
Baptiste lfranc, entrepreneur dé bàjiments à Paris, ail prix dé
lH,200 fr. Le lendemain il fit ure déclaration de eomm'and au proflt
de Seau Amavet etde i)ominique Zino, négociants à Paris., qui rie
remplirent pas régulièrement 4cm' engâgement, parcequ'ils tivaietit
placé leur solidarité sous la pénombre diÇn faux domicile, de mile -
sorte que le domaine tic put exercer contreretd . aucune poursuite. La
correspondance officiéllé indiqué seulement, comme substitué aux
droits de ces vautours de la bande poire, "ri sieur Gobeau, qui fut
vraisemblablement le démolisseur du vénérable édiûce
La haute et belle tour qu'on adniire comme l'un des derniers
chefs-d'oeuvre de ce moyen àge, actuellèmenti bien .compris dans -
notre époque sérieuse, est .désorrnais le seul et précieux reste de
l'église SajntJacquesla-Boucherie. Si, dans le placard d'affiche précité,
nous àvûnsIu o L'horloge li e 'fait point parïiedc'la vente;
•, nèus truonJ dans un autre document historique, dont nous de
vons la communication à notre ami et confrère en archéologie,
Gilbert, que M. Giraud, architecte, letin des agents»de

9
-
l'iutotité qui présidait à l'adjudication, fit insérer dans le procès-verbal
cetteclausé, qui nous donne le secret de la conservation du menument:
t A la charge de coneruation de la tour., (1). Saris cétte
réserve .protectrice elle eût été infailliblement démolie.
Peu de temps après, 1égliseJut rasée et son sol béni fut bientôt
occupé par une grande quantité d'échoppes et de eonstructions ep,
bois, pratiquées par un grand nombre de marchands. Cette espèce de,
bazar prit le nom de (Jour du Commerce, et fut incendié en 1823.
Alors un spéculateur fit construire sur cet emplacement, et d'après
les plans de M. Lelong, architecte, un marché dont l'ivaugùration
eut lieu le 13 octobre 1824. Ce nouvel établissement, divisé eu échiquier
par des ruelles étroites; avec une fontaine au centre, occupait
Une superficielle t ,lOO mètres. On y vendait du linge et des habits.
mais comme il se trouvait sur le parcours de la nouvelle rue de Rivoli,
il a été démoli en juillet 1852.
• Quant à l' a tour, un sieur Dubois en étant devenu propi&aiie, il y
étkblit une fonderie de plomb de chasse, d'après un procédé anglais;
c'est-à-dire que le métal en fusion s'échappait de la chaudière par
dos tuyaux de fonte, 'du faut de l'édifice, et se réduisait en globules
du calibre ordinairement en usage. Rédùite à cette condition insolite,
la tour Saint-Jacques courait de nouveau toutes les chantes possibles
4e destruction. Le coeur du catholique et de l'archéologue ne pouvait
• que s'affliger de cet esprit d'indifférence qui .Pesait sur le précieux
monument, sans protection officielle et scientifique. if fallut qt'un
simple partiçulier en entretint M. Arago, Pour qu'il fût sauvé, car le
Gouvernement d'aloi-s ne prit pas l'initiative dans cette affaire (2).
M. Justin Pontonnier, donc nous venons de citer le zèle pour la coi)servalion
de l'épitaphe dé Flamel, contribua puissarumment à.en
faire faire l'aôquisition par la ville de 'Paris, :à qui elle 'fut adjugée
pour la somme de deux cent cinquante mille cent francs, par jugenient
dcl audience des criées du tribunal civil de h Seine, du 27 avril
f836, rendu sur !ititation entre les ,hritiers Dubois.
(t).A .nnalesdeil'archi Lecture, et,Ues ans libéraux et inécaniques,,ete.,
année 1809; 2° trimestre, Ulé liv,.,.pages08 et 69.
(2) Bulletin archéologique publié par le Comité des arts et menu
ments, année 1847, Tome IV, page 25. .

-16 —
La tour de Saint-4acques-la-Boucherie offre .une1ressemblanc
frappahte dans son style architectural, avec la tour d labelle église
desaint-Jacqhes, -de Dieppe, -notre ville natale, .tour:.construiteaU
quinzième siècle , qui, aperçué des colIinestnvironnantes, - produit
par sa projection surl'horizon de la-nier un. effet très-pittoresque.; -
,et vue du côté de lrmer,--sedistingilè de plus loin encore;. et sert
• comme de phare aux navires qui se dirigent 'vers le port (1). On
trouve encore des airs de ressemblance cati-e-la tourde Saint-Jac-
ques-la-i3oucherieet celles de Saint-Jacques, à Compiègne; dSaint-
Maclou, h Ponl&s de l'église de l3eaumont-sur-Oise et la tour de
-l'Horloge, à Dunkerque.
L'abbé Villain, comme historiographe de Saint-Jacques-la-Bou-
cherie, nous a fourni, d'après les comptesel- archives de la fabrique;
de précieux renseignements sur la construction de cette tour (2). Les
fondements en lurent jetés dans le cours de Vannée 1508, sous le ré-'
gne de Louis XII et l'épiscopat d'Etiepne de Poncher, 10h' évêque
-de PaHs, sur l'emplacement de deux maisons données par Jacques
- - 'l'hoynes, ou Thouines, natif de Saint-Leu-Taverny, maître ès arts.
curé de, Sanois, chanoine de Montmorency, et: depuis maître des
écoles de la paroise de SàinL_Jacquesla-Boucherie, par son testa-
ment, daté du 27 août 1505 (3). -
En 1510, la 'construction de la' tour était, arti\'ée au premier étage. -
! a
pient qu'on employait, (lui est de liais, de cliquart- et (le haut
banc franc, du bassin de Paris, coût-lit 20 sous le chariot, et le moê-
(t) Nons ne pouvons nous empêcher de faire remarquer cette curieuse
particularité archéologique: que la plupart des églises dédiées à
Saint-Jacques le Majeur se distinguent par une noir construite, avec
,
peu de différences dans cette forme-
(2) Essai. Chapitre X, pages 69 etsuiv.
-
(3) On voit, par les faits précis et les daIsexacteS que nous donnons
ici, qu'il Faut lire avec réserve certains topographes parisiens de notre
époque, qui ont écrit sans récherehes, de mémoWe, ou sur de fausses
données. Ainsi, à la page 181 de son livre intitulé : Les Quarante-hait
quartiers de Paris; M. Girault de Sait-Fnrgeau dit expressément que
Nicolas Flamel fis bâir l'église et la sont de Saint_Jacqtles_la-ROttCherie.
Cependant on voie ici qu'il y n'ait déjà 91 ails qu'il était mort quand
on commença la tour. - -
-

_-17 L
loi 20:dehiei's.(l) Le hiêuie historien u trové dans lés pièces de
coniptahilitéiirieqdittricQ de 251 liv. 5 s. podi' 16O toises (85ihèé'es
'environ) d'dviagb dè"hiaçonnerie, Mei&ébs depuis les i'otidatiôils;
à raison 4e 24 s%us patisis de la toise, pour le saiàire des ou-
vriers (2). .. . . - •-
' tans le's' 'nnees 1521 et 1522 sous François jr, epoque i laquelle
du aclidC )cetflc&trntioii l fabrique autorisa l'acquisition de
90 $neds'(30 mUres 25 cebtimeLies) de pierre de liais au prix de
3'soi4dniei le' iiedou' e,vii à la Eonfedtidn desgargouilles
.1 -'•;
ou goulières 'sorte de monstres fantastiques dont on voit tOtijOtir
le corps étendu et . forthient en saillie- sut' chdqde face dd la 'Lôiir,
de manièe à ce que là eux pluviales qi'ils rejettent par la guénle
tombent loin dé l'édifice. Cette particularité dénontrejéremptirement
que l'édific6 Ù'11 .étii&mjïet fin de 1522. Attendu qu'au
, moyen âge les édifices publics cLuent à la chargé des habitants les
fidèles contribuèrent &'la plus fort priile la dépense, qui Ïp fut
point, ainsi que quelques historiens l'prit irétnu héhévolembnt, .]e• le-
produit d'une confiscatioh.opdre sur les juifs.
La solidité et la délicatesse avec lesquelles celle tour été bâtie,
le choix des matériaux, la liaison presque imperceptible de son apiateit,
la disposition et la coupe 'des pierres, la classent presque
au rang des oeuvres magistrales du seizième siècle et dépsent en
faveur de la sciencb stéréotomique de l'architecte, "dont le nom est
demeuré inconnu.- Il employa quatorze années à celte construction.
qui caractérise le style ogival quaternaire, ou de hi décadence et sa
traniUôn avec celui dit dc lu renaissance. Bien dans cet édifice né
s'y est affaibli.malgré son isolement: aucun mouvement ne s'y est
manifesté depuis 330 airs qu'il pèse de tout son poids sur ses ro-
bustes fondemeiïts.
(I) De 1498 à 155, le mare d'argent valait Il' livres, et la livre nuinéi'aire
représentait 5fr. 5 millièmes de la valeur 'actuelle. De 1515 5
1522 il s'opéra unb assez lorib variation: le marc d'argent valait 14 livres,
et la livre numéraire représentait 3 fr. 93 c. 5 m. de notre monnaie
(Almanach des monnaies, de 1785). .
(2) On comptait alors des sous d'or et d'argent, sans aucune espèce de
mélange, et des deniers d'argent fin.

• —18-- -
Cependant, en examinant la tour de Saiiii-jacq(ies,:so Li's lé rapport
technique de son architecture, on est 'frappé toht d'abord dé 'son aspect
grandiose qu'elle doit à sa masse élancée et .à son élévation
bien que la forme cariée qu'elle conserve, depuis- hi base jusqu'au
sommet, ne prête ni 'à l'élégahce, ni h la légèreté. Aussi l'admiration
se refroidit un peu, lorsqu'on s'arrête aux détails esthétiques, qui
trahissent une certaine timidité, de la maigreur et parfois de ]a confusion
dans les lignes et dans Pornementatjon. Ici, ce n'est plus le
symbole austère du catholicisme au treizième siècle on sent (lue lé
maître de l'oeuvre, placé à une époque de transition, hésite entre un
passé qu'il ne connaît plus cl. tin avenir qu'il ne connaît pas encore.
La tour de Saint-Jacques, fantôme des institutions, de la poésie et des
espérances dit passé, est vraiment précieuse au point de vitespéculatif:
monument d'une architecture défaillante, elle appariut comme
le dernier soupir de l'antique foi et la tradition-.de l'esthétique perdue.
Elle conserve néanmoins, , dans sa défaillance ornementale et sa
mystique langueur, Id couleur de la vie et lit (les anciennes
fêles, 'bien que séparée de son corps et privée de sa voix. Enfin,
dans soir elle nous apparaît comme -une' veuve qui
sourit de soit gracieux sourire à ses derniers moments.
Les angles (le cette tour sont formés de contrefortss'élevant sur
- un plan biais, ou en-pan coupé, ornés aux divers étages d'arcatures
ogivales ou trilobées, (le nervures prismatiques et de' niches à pignons
déchiquetés où étaient d6s 'statues de saints. Les divisions horizontales
de chaque étage intérieur sont indiquées sur ces contreforts
par des larmiers eu retraité. La partie supérieure de l'édifice
forme, par la profusion de ses détails de' ciselure, un contraste frappant
avec la simplicité de sa base. Elle se terminepar une plateforme,
décorée et fermée par une balustrade découpée à jour, au bas
de laquelle s'agrafent les animaux imaginaires qui servent à l'écoulement
(les eaux. Chaque face de l'édifice entre les éperons qui le
solidifient, est remplie par deux étaies d'éiroives baies cintrées, sé
parées verticalement par un meneau. Celles du haut sont couronnées -
d'un pédicule en accolade. Ces baies sont.restées garnies èntt'è leurs
tableaux de ces auvSts inclinés, recouverts d'ardoise ét 'de plomb,
pu abritaient lit du beffroi et l'envoyaient en bas le soit
clnches

f9
- Les statues ailées des quatre animaux mystiques lhoinine, le
lion, le boeuf et l'aigle, attributs symboliques des évangélistes, sont
cantonnés sur. le sommet des éperons aux angles de.la tour, d'où ils
regardent avec une majestueuse fixité les quatre points cardinaux du
ciel. Ceci est d'àutant plus. exact, que l'église était parfaitement
orientée du couchant au levant, selon l'antique règle liturgique et
les prescriptions apostoliques. Ainsi la leur de Saint-Jacques participe
rigoureusement dans son assiette de cette -orientation hiératique,
puisqu'elle s'élevait en ligne droite au sud du portaiL ainsi qu'on le
voit dans le charmant dessin de Gar-neray père, produit dans les :di_:
verses éditions du pitoyable historien de Paris, Dulaure.' Mais cette
imagerie aérienne offrait une particularité iconographique tout à fait
insolite, en ce que la statue patronale 'de saint Jacques le Majeurçt
qui se dressait à environ six mètres au-dessus de la, tourelleclé l'escalier,
tenait lieu de ],a hiératique (le l'ange attribut évangélistique
de saint -Mathieu. Cette vénérable statue (le saint Jacques,
précipilée du sommet de la. tour par les dévastateurs de l'église,
roula sur, Ie parvis ses membres brisés, aux applaudissements -sacri
léges d'une population stupidement joyeuse. Ces quatre figures
avaient été faites et posées, moyennant 20. livres tournois représentant
environ 100fr. de la valeur actuelle, par un artiste nommé
Bank, qualifié tailleur d'ymagcs, suivant l'usage-de désigner ainsi
alors les sculpteurs. .
La hauteur de la tour de Saint-Jacques,, depuis le sol de la rue jusqu'au
niveau de la balustrade, est dé 50 mètres 35 centimètres
(25 toises 5 pieds). Lorsque la statue patronale la surmontait , il fallait
ajouter environ 5 mètres 8 centimètres (3 toises), ce qui portait
la hauteurtotale à 55 mètres 43 centimètres (30 toises) ou 180 pieds).
Cette hauteur permet d'apercevoir distinctement la tour, non-seulement
de la rive gauche de la Seine, mais encore dans tous les environs
de Paris. Mais l'abbé Villain s'est trompé, lorsqu'il a-dit que la -tour
de Saint-Jacques est à peu près égalé en hauteur à celles de Notre-
Dame de Paris, puisque ces dernières ont de hauteur 66 mètres 26
centimètres (34 toises ou'204 pieds). —Différence en moins pour la
'tour de Saint-Jacques, 7 mètres 62 centimètres ( S toises). Elle a de.
diamètre, d'un angle à l'autre hors d'oeuvre, 10 mètres 3i centimètres

- 2') , -
(5 toises I pied O p.), mesuré en liant du monument. A l'intérieur
un escalier a sis et nose qu plein, en pierre dure de 291 marches,
conduit à la 'plate-forme. Pour mieux exprimer l'effet de perspective
dont on jouit de cette, platc-f orme, l'historien SauvaI a employé spiri
tuellement une nétaphere quifait image 'u Du haut de, ccue tour, dit
Vaiocat anhiquair& on' voit hi disiributon et le cours d Joutés - les
i,iies,*coi?z??tc tes' veines dans 'e corps humain (1). »
La' tour' Saint-Jacques renfermait 12 cloches , dont la sonnerie
grave t cadencée annonçait les gloires du ciel et les augustes solennitéscatholiques.
Sauval'faitussi pne mention particulièrementiauda
tive dcctte sonnerie; il la h'onvaU harmonieuse et son carillon fort
musical. Dans ces derniers temps I église de Saint hcques la Bou-
cherie, ainsi que la metropole eut aussi soit Quasimodo. Un fruitier
oraget de la Balle, non'mé Van, en avait la direction. 'Il était telle-
ment passionné pour ses cloches qu'à chaque Vigile. et jour de fête,
il ne manquait jamais de régaler les paroissiens de Saint-Jacques d'un
concert d'hymnes ou autres chants religieux , se rapportant à l'office
dû jour concert qu'il exécutait sur son carillon, composé de ces12
cloches, dont les Opremjères pesaient 'ensemble 25.755 livres, sans
leurs armatures (2). Celle qui , de sa'voix puissante, dominait tentes
les autre, et qu'on nommait vulgairement le Gros Jacquet, fut brisée
dans la tour en 1793; Les onze autresfurent portées aux Barqabites et à
Saint-Pierre-des-Arcis, qu'on avait transformés en usines , où mi brisait
les cloches avec des moutons, et leurs débris étaient portés ensuite
à la Monnaie. C'estsur la- tour de'Saint-Jaèques-la-Boucherie qu'en
1653 'le savant Biaise Pascal, l'un des , plus grands écrivains et des
plus grands gdonèI.res dont puisse s'énorgueillir la France, 'fit exécuter:la
:célùbre expérience,du'Puy-de-Dôme,'qui mit hors de doute
la pesanteir , da la masse de l'air.
Nous n'explorerons pas plus longtemps, le's trésors &intressants
souvenirs qui serattachent à: la tourie Saint-Jacques-la-Boucherie
(I) Anti9. dc j Paris,
j,' - t'. W ,t, , liv. IV, p. 367.
(2) Vi1laiu,Esai, eh. IIX';"p. 135.'Qii'on juge- d'après ceci, de la so-'
tennité extérieure des:féiescalholiq i ue.s au moyen Age la Francé camp-
(ail 1,700;0û0 clochers ail temps dôCharles Vil.

I
—21-- -
édificesolitaire, qui; maintenant vide d'harmonie, n'est plus, au point
1.
de vue rétrospectif, que la pierre funéraire d'une des plus anciennes
et des plus historiques paroisses de Paris, et sur le frontispice duquel
il faudra graver, suivant la prescription ,du comité historique des,arts
et monuments ( i ) : (C Ici c&iita, pendant six siècles, l'éijiisepa'ois-
.sia (cet archipresbytérale de Saint-Jacqués4a-Boitchcric. J-
Que fera-t-on désormais de ce monument amputé? Si on l'entoure
d'habitations somptueuses, si. bu restaure. soigneusement ses dé-
,chirures.êxtérieures,en le laissant toujours-livré à l'industrie, cette
magnificence ne servira qu'à parer un sépulcre.. Dans le projet primitif
de percement cLune rue qui devait relier le Louvre 'la,Bastille,
la tour de SaintJacquesse trouvait au'poiut milieu de l'aïe géoméiraI
e la voie; et les maisons; dans cette portion du.parcours, auraieifl
formé autour:d'elle une ligne circulaire ; ...puis, par des motifs
dont nous n'avons $s à nous occuper,, on'a rbhoncé àcé•projet pour
adopter celui de prolongation de la ruede Rivoli jusqu'à la rue Saint-
Antoine. Mais alors la ton r deSaintriacques derneure'en dehors, et sur
la droite de l'axe de la nouvelle voie, où elle doit, dit-on;former.l'oriiemnt
entrald'une place.plantée'd'arbres, qui débouchera sur..l
rue' de Rivoli. Il est-évident que ,si la tour se fût tr.ouvée,,aunilieu
de l'axe de !a rue., là perspective eût' gté"admirable et . -la syrnéti'ie
parfaite ; -mai .puisqueles inflekibles. problèmes '.de la géométrie
n'ont pu permettre d'arriver.à ce résultat, l'.axé de la rue passant devant
. cotte place. et la tour; 'c'est encore là dola symétrie. Il faut donc,
pour l'honneur du moyen 'Me, que d'un .coup d'oeil on puisse , voir
cette-tOur- des deux.boûts opposés de' la voie et dûs' tout son par.:
cours'.; déjà depuis plus d'un 'an on t'aperçoit de la rue des Poulies
et de la rue Montmartre or, 'il est-, rationnel. d'espérer, que son
galbe niajestuux-pourra bientôt être admiré par le spectateur adossé
à l'édifice du Garde-Meuble de la couronne, sur la place Louis XV.
Dans lés fouilles opérées en 1852 sur l'emplacément de l'église de
Saint-Jac4ues1al3oucherie, pour le nivellement' du sol de la rue de
Rivoli, on a trouvé, outre divers fragments de sculpture, et.les sou-
t) Bulletin archéologique du comité, anu 1843, t lar,' p. 38.

-22--
bassemeots- quadrangulaires, foliés M ;.à griffes-de pluiéurs 'pilièrs
multiples dela grande nef, un petit caveau portant-quelques traces
de polychromie; et qu'on a , considéré bénévolement comme ayant été'
-la sépuiture de Nicolas Flamel; ce qui.est inipcésible; puisqu'il fut inhumé
en pleine terfe. Puis, sous le sol de l'édifice' plusieurs 'sépûlturcs
établies, soit -dans des cercueils de plomb, dont-quelquesuns
avec des inscriptions, soit en pleiàe terre. L'une d'ellés qui
contenait lerestes d'une fèmme dont le squelette offrait des', proportions
assez remarquables. pour que M. le-.doctetir Serres l'ait
réclamé, pour ses études apthropologiqùes, , renfermait en outre une
douzaine de vases. en terre cuite, dont quelques-uns- étaient de
grande dimension; d'autres vases de terre renfermaient du charbon.
La tour ayant été l'objet de nouvelles investigations, on y a trbifvé
- sur les murs latéraux d'une chapelle qu'on avait établie au premier
étage et maintenant dépourvue de son sol et de sa voûte ogivale,
' des peintures curieuses, qui seront restàUres avec soin sous la direction
savante de M. Ballu, architecte en chef de l'égliseSainteClotildê,
et chargé de la restauration de la tour de Saint-Jaèques-la-Boûcherie.
Un article inséré dans le Moniteur du mardi 6 dééenibre 1853,
à l'occasion.des fouilles qu'on 'vient encore de pratiquer sui' le sol de
-l'église de'Saint-J .acquesl'a-Boucheriê; semblait pr,ometLre des détails
'de nature à intéresser l'histoireet la science archéologique; lorsqû'on
n'y , trouve, au contraire, dans une prétendue histoireifunéraire de
cette . église au dix-septième siècle, d'après, les registres. de l'oeuvre
(1), qu'und pensée hostile, qui semble avoir pour but de'rendre
au moins ridicul'e l'administration 'ecclésiastique de cette époque.-
Nous n'avons pas l'intention de nous livrer dans ce, Mémoire à une
réfutation sérieuse de cet article, qui appartient évidemment par son -
style, à l'école historique de Dulaure; Cependant nous devons faire
observer. quc'l'usage devenu abusif avec le temps, et défendu primitivement
par les saints canons, d'enterrer dans les . églises les corps
des fidèles qui avaient eu cette dévotion, n'était pas particulier à la
paroisse de Saint-Jacques-la-Boucherie, ni au,x autres paroisses de
(I) Arc'h, iriip. ,e. L, 965 cl suiv. , ' ' -.

--23—
Paris niais qu'il était devenu universel àt réglementé par des ordonminces
e? cles'arrets
I! Sé aussi inexàt deklire que l'église de Sainl-Germain,I'Auxeri!ois
dtiiit piivéed'uii cimetière, puisque son chapitre était seigneur ci
ppiétaie .fonôi&r de celui des 55. timocents, et que les fidèles des
qùatorze paroisses voisines, y compris celles de Saint-Jacqus-la-Bouchérie
et de Sairit-Euslache, qui avaient le droit exclusif de s'y
faire inhumer, ne pouvaient y ériger de tombeaux ou d'épitaphes
sans y indiquer que c'était « par la permission expresse de MM. les
(foyenset èhapitnï ' deSaint-Gerniain-f Auxerrois; ce qui a dur
jusqii'à'lh réunion de ce chdpitre à celui de Notre-Dame-de-Paris, è
iS août i7Ali. .
Quark à la paroisse 'Saint-Eustache, loin d'être privée de cimehère
elle en a eu un é abord pendant plusieurs siècles, rue Coquillière,—entre
les rues Croix-des Petits Chinips et du Bouloi et depuis
tOAb, ilfutétabli, jusqu'à la révolutioh, rue Moniniartre, à la cbàpelle
de Sainl-loseph.
Au reste, jusqu'à sa suppression en 1785, le cimetière des 55. hnàceuts
fut ce qu'est aujourd'liui'le cimetière de l'Est, dit le Père
Lcliaise; il était de bon genre clans tout Paris, de s'y faire inhumer;
Nous possédons un précieux manuscrit, le Recueil des testaments des
Paroissiens de Saint-Gdrinain-l'Auxerrois, sous les règnes de
Charles IX et de fleuri III; depuis le 4 octobe 1568,. jusqu'au 17
juillet 4580 , on y voit que tous les testateurs élisent leur sépulture
au cimetière des 55. Innocents. Il n'est donc guère probabié que, dès
1683, on n'y enterrait que les gens d'une fortune médiocre. -
Enfin, l'esprit cautique de cet article funéraire sur les fouilles de
Saint-Jacques-la-Boucherie se résume dans ceite pensée philosophique
échappée ' l'auteur o O comédie humaine, lu te joues (107W
aussi dans les coulisses des kmples f»
Quant à la nouvelle rue qui va transformer si complétement
ces vieux quartiei's populeux de Paris, ce n'est pas sortir de noire'
sujet •que de hasardér, un peu tardivement pSt-être, sur sa
condition technique quelques considérations artistiques. Lorsqu'eu
exécution du décret impérial du 11 janvier 1 811, la rue de Rivoli
fui percée sur une partie des jardins des monastères de

s —24--
l'Assomption, des Capucines, et sur l'emplacement de ce trop
fameux manège' qui servit de salle h l'Assenh]ée nationale et à la
Convention, l'insuffisance des règlements et des ordonnances sur
• la voirie enfantèrent des difficultés et des imperfections techniques
dans lés cônstructions, qui peuvent maintenant être évitées. Aujourd'hui
que les règlements suivis par l'administration sont en ,harmonip
a'ecles besoins de l'époque; et que l'art de bâtir participe de la
marche ascendante des autres arts, il est juste, sans doute, de laisser
aux propriétaires riverains de la nouvelle voie lafaculté d'exploiter
leurs terrains comme ils l'éotendent. Mais il conviendrait aussi que
les contructions fussent assises en proportion de masse et dehau_
teur avec les espaces ou les monuments qu'elles doivent floisiner.
Certes, cette gracieuse.line primitive. de la rue de Rivoli paraîtrait
plus belle, encore si elle, n'était ; surchargée détages:en attique et en
mansardes. Il ne faut donc pds retomber dans la même faute. On ne
voit pas quels effets si heuréux résultent de ,la ;complraison ,d'unmonument
tel que la Bourse, par -exemple, avec ces- habitations
hautes, vastes, 'monotones et criblées, de fenêtres, -qui limiteqt la
plupart do nos places; mieux, vaudraiL assurément .une suite de .bâtiments
moins élevés et surtout; mieux proportionnés, par exemple,
tin regard de l'llôtehde-Ville et de la tour de Saint-Jacques. Mais.il
est probable que les agents choisis par le, conseil municipal pour
diriger. cette grande' opération ont raisonné leurs plans, et qu'il en
sortira des constructions ,élégantes, appropriées aux goûts comme
aux besoins de la génrtition actuelle, et dont les proportions seront
réglées, non par.des mesures absolues, mais par des mesures relatives.!•!-',
- - ,'•• . ---. -
t Maintenant que nous avons apprécié lheureux effet de perspective
qui va résulter de la nhuVelle position géodésiqtiè de la tour de
Saint-Jacques-la-Boucherie, voyons cè qtf on pourrait disposer dans
son appropriation pour, l'a faire contribuer,, comme autrefois, à
l'Utilité publique, à la , paruré des fêtes et solennités nationales..
- Nous n'insisterons pas mir la nécessité vidente'de restaurer la
base de cette tour, d'y continuer le système d'ornèmentation dé
•létdge itilii-ieur, d'en faire disparaïtre les arrachements et les harpes
'qui la déshonorent: et enfin,- de liii rendre les garanties ples'olidité

qu'elle R perdues non pins que sur la çouvbnat1iddOE)PeSÇaI1rCr.les
anciennes poftes;de. l'église en menuiserie d&thne.cuIpté du
seizièm& sièclé, que les iidustrielsont fait servir,- eh les retdui- -
nanÇ àclbre l'entée de:laL tour, et de-restituer la , statue de saint
iacques suison .soinmeLpou(rec'omp1éter le nombreexgéfi4ûe dés
symboles vaiiélïtiques d drit cet'édifice:of&eie rarè :eLcuriétx
exemple/ '• . •. ' - ..
Piusque 13' tour , de , Sàint-JffcqUS ièdoit' probablenfènt' plus se
rattacher à oh Iiéudadoratiori et de ières ilserdit-peut-êtr de-bon
gôûtdé faire de cet obélisque gothique. Uevènd ufl centfe.unobje(d'u
tuilé -locale, en établissant sur les facs de sa base qtiatre fôntàinS à
vasques, 40i seraient domiùées par quatrestatues des" Plus illustres -
paroisiens de cetteâncieinè -église, tels que Jeani3ureatl seigneur
de Moflglat, grand maître de l'artillerie et chambelhin du M Chartes
VIT; qui partaeaauprès . dé.Jeahnèd'Arc, là glbtiei4e.Pddell,- lê
hasard dés éohibats-; •Aymric de Mà1gac,:uié -de-Siht Jacu'és1a-
Boùthèrie,-pnis évêque de Paris (17Ô) et Sdinfl éh Wrôup&,Ni
colas Flainel, et -Pernellé, femme; -puis: iilhitrè- savant Jeii
Fernel; médeôin de Herivi IL- Oh stfivràit ainsi iiïteIliérn'rûerft là mode
trMLpittordscøe adopté llètiis lon-gLefinfis déjà -&fr i'brhSef-i€ da
places et des carrèfour. Cependant; èû ce qui concernc lès éérÇa'cls
inférieurs de -cette -. tour, 31f tezddl àb éd-'ét i-pïbiiièt ét kà il
nous semble qu'un verraitavec , satisfa6ti6n qu'ilsfQsent réfablisà
'usâge dechapeilS, où, dans certains , joùràdè l'annéè.. einotaiiÇ - -
ment le;25 jéillet,. ÎS •atrôhalb-'-dè 'aiiitJaùés.Ll.Màj€ùr!ç
W le'cùréde Saint-Méry ferait célébrer -h e' M qufr4iràiiit
dans les iutMsioor de he1f - téunibn pobÉ léséatéhiies du -lus
nmhlgos1d ÔharittdddeŒe aroi.- .-. -; -
On a vu ci-,dessus que la tour 1e Saiiit4àc4tie -jetait jdi à tôs
les vents du ciel les bruyantes et lointaines harmohies de ses cloches.
On pourrait donc, en souvenir de ces pieux accords qui réjouissaient
l'me de nos aïeux, y établir une horloge publique à quatre tâdrans
qui seraient vu sous tous les hiiiiions, à làfùellé hôrloge sèiait
adapté un gr-ive et mélodieux carillon avec accompagnement, tels
que ceqx qu'on admirait autrefois dané nos villes de l'Est, dont cor
tains n'avaient pas moins de quatre octaves chroiiatitMs, et côniité

26
on en voyjiitaussi dans-les pays catholiq'uesduNord, en Angleterre,
en Hollande en Flare nd et en Allemagne La cloche servant au
tambre de l'horloge de la tour de Saint-Jacques de'aitaussi rappeler,
par ses proportions et la puissance de sa voit dans les solen-'
ni tés publiques, la cloche municipale des siècles passes (I)
carillon et ls vix, br4'ants 'dès cloches, au
lieu des pompes de nos fêtes, augmenterait puissamment l'allégresse
populaire cir, pour arrivera ce but il serait peut-étre encore mieux
et plus monumental que le cqrillou dela tour de Saint Jacques agit
comme autrefois celui de Dunkerque au moyen d'un clavier n main
et à'jédaies, qui permettrait d'exécuter sur, ses cloches nos airs-nationaux
et religiùx, les mélodies les plus compliquées, et des accompagnements
harmoniques d'une certaine valeur. ,Ce serait resUuietà'Pâris
une dé ces curiosités"campanairès devant lesquelles nos
pères s'ébahissaient, et qui serait bién supérieure à leurs'mesquins et
discoûdants carillons de la tour de l'Horloge.du Palais et de la Samaritainedu
Pont-Neuf. Ce serait aussi une gracieue nouveauté pour.
les' générations actuelles, car aujourd'hui, pour entendre un carillon,
'il faiit'aller en Belgique et en Hollande: Cette hixk mélodieuse qui,
(le la métropole à l'église du village, appelait les fidèles 'n la prière,
- s"èt tu'e'depuis longtemps dans tout le reste de l'Europe. -
-Enfin-, homme complément nécessaire à cette magnificencé pérma
nente et'itrbain, il nous semble qu'il serait bien et' utile de raser cette
-: affreuse baraque polygonale qui avait été'édiflée sui' la plate-forme de
la tour,' tour abriter'la chaudière de la fonderie de plomb dé chasse. -
Puison établirait à demeure, sur cette plate-forme, un: grand appareil
de lumière éledtrique, dont' les 'rayons et les molécules homogènes
éclaireraient chaque nuit; non-seulement les rues Au voisinage,'
mais encore se projettehient' en' tous sens dans 'un immense
(I) Le droit d'avoir un beffroi et une cloche pour .convoquer les habltants
était un des principaux priviléges que réclamaient les communes
dans le moyen âge; aussi, dans presque toutes les grandes villes, voit-on
encore la tour et la cloche municipale. 'Eu 1548, la ville de Bordeaux
fut privée de ses cloches pour rébellion ; mais !e roi Henri Il les lui
rendit bientôt après.

cercle atmosphérique. Ce grand luminaire, nouvel ornement (le la
capitale, apparaîtrait dans l'espace, comme un phare éclairant les
vaisseaux en mer. Et, comme depuis l'Empire, sous Napoléon-le-.
Grand, l'art des illuminations, beaucoup exercé en France, a fait
d'évidents progrès, on pourrait, lors des fêtes officielles, disposer le
foyer de cet appareil, de manière à former d'ingénieuses décorations
d'architecture, des emblèmes, armoiries, chiffres ou monogrammes:
C'est ainsi que nous avons compris l'appropriation définitive de c
vénérable monument chrétien, élevé pour la gloire du Dieu d'amour
et de charité, et dont la nouvelle destination serait 'encore de servir
'n lajoie et à la satisfaction des hommes, tout en rappelant le souvenir
des vieux . usages, des vieilles mœurs et des vieilles institutions.
Puissent les honorables magistrats qui dirigent l'administration de
cette glorieuse cité, et qui, comprennent si bien qu'il faut entourer de
respect les vieux monuments comme les vieilles -gloires, unir leurs
• efforts pour l'accomplissement prochain de ces détails d'appropria-
• tion décorative et monumentale, humblement proposés; ce qui leur
• assurerait, avec les suffrages des hommes d'art, la reconnaissance
de la population, et perpétuerait à jamais le souvenir de leur autorité.
I'arLs, irnprivadrio de t'eut Dupoizi,
Rue le GreuelLe-St-HOflOrC, 45.
27
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