La rentrée - Bibliothèque numérique de Sceaux - Ville de Sceaux

Maison Lurçat : monument historique !
André Lurçat, architecte connu et
reconnu, est à l’origine de nombreuses
constructions. Sceaux a bénéficié de
son talent à travers quelques maisons
individuelles. À la demande de son
gendre, Joachim Isidoro, l’une d’elles
est désormais inscrite au titre des
monuments historiques.
Arrêté préfectoral
“Considérant que la conservation de cette
maison présente au point de vue de l’histoire
et de l’art un intérêt suffisant en tant qu’elle
représente un des premiers exemples de
“villas” modernes de l’après-guerre en proche
banlieue parisienne, construite par l’architecte
connu André Lurçat pour y installer sa famille
et son atelier en témoignant d’un nouvel art
de vivre se caractérisant par une organisation
fonctionnelle de l’espace et une véritable
intégration au paysage, [...] sont inscrits au
titre des monuments historiques, en totalité,
la maison y compris son décor, le jardin, la
clôture et l’ensemble de la parcelle sise rue
Paul-Couderc à Sceaux.” Une maison qui
mérite donc d’être protégée...
Son histoire
André Lurçat est né en 1894 dans les Vosges.
Diplômé de l’École nationale supérieure des
Beaux-arts de Paris, il est reconnu par le
gouvernement en tant qu’architecte (DPLG) en
1923. Jusqu’en 1933, les maisons individuelles
dominent dans l’œuvre d’André Lurçat, mais il
réalise également un immeuble à Bagneux, un
hôtel à Calvi, le groupe scolaire Karl-Marx de
Villejuif et la maison Hefferlin à Ville-d’Avray.
Il s’installe ensuite à Moscou où il travaille et
enseigne, jusqu’en 1937. Pendant la guerre, il
est incarcéré en tant que membre et créateur
du Front national des Architectes résistants.
S’en suivra une période de clandestinité. À la fin
des hostilités, il est nommé membre du conseil
d’Architecture du ministère de la Reconstruction
et se voit attribuer, comme mission, la reconstruction
de la ville de Maubeuge, saccagée
suite aux bombardements allemands.
André Lurçat est également à l’origine d’un
ensemble considérable d’ouvrages construits :
des ensembles d’habitation, des maisons individuelles
et des édifices publics d’importance
16 l SEPTEMBRE 2010 l SCEAUX MAGAZINE 406
“Un des premiers exemples de “villas”
modernes de l’après-guerre en proche
banlieue parisienne”, extrait de l’arrêté préfectoral.
monumentale (église Saint-Pierre-et-Saint-
Paul de Maubeuge, palais des sports à Saint-
Denis et Hôtel de ville de Blanc-Mesnil).
Il s’éteint en 1970.
Sa maison
En 1949, alors qu’il habite à la Butte Rouge
de Châtenay-Malabry, André Lurçat cherche
à acheter un terrain sur Sceaux. Il trouve une
parcelle rue Paul Couderc, autour du parc de
Sceaux (qui n’était pas un parc à l’époque
mais plutôt “un bout de forêt”). Ce terrain lui
plait particulièrement car il est en pente, ce qui
lui permet de réaliser une maison ouverte côté
“parc” et plus isolée côté rue. André Lurçat
y emménage avec sa femme et ses deux
enfants en 1950.
Cette maison est à la fois une maison de
famille et un lieu de travail. Les pièces à
vivre se situent au rez-de-chaussée. À l’étage
se trouvent les deux ateliers d’architecture
(transformés en atelier de peinture et en bibliothèque),
ainsi que deux chambres et une buanderie
/cuisine. Joachim Isidoro, gendre d’André
Lurçat vit dans cette maison depuis 1973.
C’est d’ailleurs lui qui a souhaité faire “classer”
cette maison “pour protéger le patrimoine de
l’architecture moderne” et qui nous a raconté
son histoire. Cette décision implique donc que
toute modification extérieure soit soumise à un
L’atelier d’architecte d’André Lurçat.
architecte des bâtiments de France. L’intérieur
n’est soumis à aucune obligation particulière
mais étant donné qu’il est signalé que la décoration
est préservée, “il convient moralement
de respecter cet état original”. Une initiative
personnelle et importante pour la protection
du patrimoine.
Si vous êtes intéressé par la visite de
cette maison lors des Journées du patrimoine,
lire notre article pages 28 et 29.
© S. Scala
© S. Scala