N° 3 maggio-giugno - Comites Ginevra - Comites Genève
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parole e vita<br />
PAROISSE, QUE DIS-TU DE<br />
TOI-MÈME? de<br />
… Dans le Code de droit canonique<br />
de 1983 on assiste à une<br />
modification radicale de la tradition.<br />
La paroisse n’est pas définie<br />
comme un ”peuple” ou un<br />
”territoire”, mais comme une<br />
”communauté de baptisés“ au<br />
sein de l’Eglise diocésaine.<br />
La paroisse territoriale ou personnelle<br />
est encore proposée<br />
comme le modèle habituel de la<br />
communauté chrétienne, mais<br />
le nouveau Code ouvre la voie<br />
à d’autres formes de regroupements.<br />
D’étranges paroissiens<br />
Mais, au fait, que signifie le mot<br />
”paroisse”? Selon l’étymologie,<br />
l’expression évoque le statut de<br />
l’”étranger domicilié”, celui du<br />
métèque pourvu d’un permis<br />
provisoire de résidence, sans<br />
pouvoir jouir de tous les droits<br />
du citoyen qui a sa souche dans<br />
le pays.<br />
La Lettre à Diognète, écrit chrétien<br />
de la fin du deuxième siècle,<br />
parle des chrétiens comme<br />
d’”étrangers domiciliés”.<br />
L’allusion à Hébreux 11,9 et à<br />
1 Pierre 2,11 est manifeste. Pas<br />
plus qu’Abraham les chrétiens<br />
ne peuvent espérer ici-bas de<br />
séjour permanent. Ils sont en<br />
perpétuel déplacement, comme<br />
des nomades, nulle part chez<br />
eux.<br />
Brefs, ils sont des ”paroissiens”!<br />
L’application de ce sens à nos paroisses<br />
classiques tient du paradoxe.<br />
La paroisse ne devrait donc<br />
Presenza Italiana Maggio-Giugno 2009<br />
Guy Musy<br />
Il padre domenicano Guy Musy, redattore responsabile della rivista<br />
“Sources”, in un suo recente articolo ci aiuta a riflettere sul ruolo<br />
della parrocchia, dei sacerdoti e dei laici, pensando soprattutto<br />
all’importanza dell’Eucaristia nelle comunità cristiane.<br />
pas se définir par l’installation<br />
ou l’incrustation dans un territoire<br />
limité et le paroissien ne<br />
devrait pas s’enfermer dans des<br />
pratiques immuables.<br />
La paroisse ne devrait surtout<br />
se confondre avec un groupe<br />
hermétiquement fermé, replié<br />
sur lui-même et hostile à toute<br />
présence ”étrangère“.<br />
Au contraire, communauté ouverte<br />
et nomade, elle devrait<br />
accepter toutes les mutations<br />
que le temps lui suggère, à condition<br />
que demeurent saufs les<br />
deux axiomes que nous formulions<br />
plus haut.<br />
Qu’il soit donc permis à l’auteur<br />
de cet article d’évoquer une<br />
nouvelle fois les changements<br />
nécessaires aux-quels la communauté<br />
chrétienne devrait consentir<br />
si elle veut assurer sa survie.<br />
Espérer contre toute<br />
espérance?<br />
Si la célébration eucharistique<br />
demeure au centre de notre expérience<br />
chrétienne, comment<br />
supporter que des multitudes<br />
en soient privées sous prétexte<br />
que des ministres ordonnés font<br />
défaut pour la présider?<br />
Laissera-t-on mourir de faim<br />
tout un peuple face à des gardemanger<br />
dont on aurait perdu<br />
les clefs? La raréfaction accélérée<br />
du clergé masculin et célibataire<br />
pourrait présager sa<br />
prochaine disparition.<br />
On se console en pensant que<br />
cette sombre perspective ne se-<br />
rait que régionale, voir ”occidentale”.<br />
Rien n’est moins certain.<br />
La même crise dont les ressorts<br />
sont d’abord sociaux et économiques<br />
pourraient atteindre<br />
un jour des zones aujourd’hui<br />
moins dépourvues.<br />
On tente alors de pallier à la<br />
pénurie de prêtres en regroupant<br />
plusieurs ”clochers” dans une<br />
même ”unité pastorale”.<br />
Remède provisoire dont il faudra<br />
doubler la dose quand le manque<br />
sera encore plus flagrant.<br />
Le tissu pastoral ne cesse de<br />
s’effilocher en peau de chagrin.<br />
Qu’en restera-t-il demain si les<br />
regroupements s’étendent à un<br />
tel rythme? A la limite, ne subsisterait<br />
que la cathédrale, avec<br />
son évêque et ce qui lui resterait<br />
de ”presbyterium“, au service<br />
d’une seule paroisse confondue<br />
avec le territoire du diocèse.<br />
Est-ce pécher contre l’espérance<br />
que de tenir ce langage?<br />
Certainement pas. Je suis heureusement<br />
frappé par la générosité<br />
et le dynamisme manifesté<br />
par de nombreux laïcs, hommes<br />
et femmes, mariés ou célibataires,<br />
heureux d’assumer des<br />
tâches jusque là réservées au<br />
clergé ordonné.<br />
Beaucoup parmi eux disposent<br />
du charisme et de la formation<br />
adéquate pour devenir d’authentiques<br />
responsables de communautés.<br />
Leur fait seulement défaut l’ordination<br />
sacerdotale qui les habiliteraient<br />
à présider l’eucharistie<br />
et à rendre vie à de multiples<br />
communautés locales laissées<br />
en friches, en voie d’anémie<br />
ou de disparition.<br />
Je regretterais que ces laïcs se<br />
découragent à force de ne jamais<br />
rien voir venir à l’horizon<br />
de leur Eglise, qu’ils quittent<br />
eux aussi le navire ou se réfugient<br />
sur une embarcation concurrente.<br />
Alors, espérer contre toute espérance?<br />
Pas vraiment. Même<br />
s’il lui arrive de dormir au milieu<br />
des tempêtes, je persiste à<br />
croire que le divin nocher n’abandonnera<br />
pas sa barque, ni<br />
les passagers qui lui sont confiés.