EDUCATION 2.20
Vorurteile
Vorurteile
Sie wollen auch ein ePaper? Erhöhen Sie die Reichweite Ihrer Titel.
YUMPU macht aus Druck-PDFs automatisch weboptimierte ePaper, die Google liebt.
Thema | Dossier<br />
Préjugés<br />
LES PRÉJUGÉS, CELA SE<br />
TUE DANS L’ŒUF !<br />
Dominique Eggler<br />
Antoine Le Roy, travailleur social en milieu scolaire : « Elle-même<br />
objet de préjugés tenaces, la ville de Bienne est une cité particulièrement<br />
tolérante et efficace dans la lutte contre les dangereux<br />
stéréotypes ; ses écoles en sont l’exemple parfait. »<br />
Avec l’accélération générale du rythme de vie, la multiplication<br />
des écrans et de l’information immédiate et brute à travers les<br />
réseaux sociaux, les jugements hâtifs sont devenus légion. « On<br />
est généralement de moins en moins capable de prendre de la<br />
distance, d’étayer ses prises de position par une véritable réflexion<br />
» : travailleur social en milieu scolaire depuis trois ans, au<br />
service de tous les degrés de l’école obligatoire, sur les sites<br />
biennois de Madretsch et des Platanes, Antoine Le Roy porte<br />
sur la société actuelle un œil dénué de tout angélisme. Ce qui ne<br />
l’empêche surtout pas de défendre fermement « sa » ville et ses<br />
profondes qualités humaines, ainsi que des établissements<br />
scolaires très actifs sur le front de la tolérance.<br />
« Vu l’évolution susmentionnée, il s’agit de réagir immédiatement,<br />
de veiller à ne jamais laisser (re)naître les préjugés, sur<br />
quelque critère qu’ils s’appuient ; et c’est ce que font les écoles<br />
et les autorités biennoises. »<br />
Des dynamiques enrichies par la diversité<br />
« Les préjugés pèsent sur Bienne. De l’extérieur, on la qualifie très<br />
souvent de ville sale, pauvre, gangrénée par la drogue et la criminalité.<br />
Or il règne ici un esprit de tolérance plus large qu’ailleurs,<br />
une forte culture du vivre ensemble. »<br />
Le parallèle est logique avec les écoles où notre interlocuteur<br />
travaille : des effectifs scolaires très bigarrés, dont les dynamiques<br />
internes vont pourtant en s’améliorant sans cesse. « Pour<br />
exemple, les filles portant le voile – un sujet habituel de nombreux<br />
préjugés ! – sont ici et aujourd’hui très bien intégrées. Cet<br />
attribut vestimentaire n’empêche rien, elles participent aux activités<br />
sportives, mènent une véritable vie d’adolescentes, travaillent<br />
sérieusement et préparent activement leur avenir. »<br />
Respect et droit à l’indifférence<br />
Religion, langue, culture, couleur de peau, situation sociale et<br />
familiale, vécu antérieur, âge : la diversité est grande parmi cette<br />
population scolaire. « Un mélange tel que les préjugés se raréfient<br />
spontanément. »<br />
Il reste que les souffrances – sources inépuisables de conflits –<br />
sont trop nombreuses chez les élèves, engendrées en particulier<br />
par la migration, la maltraitance, la précarité. « L’ambiance pourrait<br />
devenir électrique, voire pire. Mais ce serait tellement grave, que<br />
finalement chacun devient son propre fusible. »<br />
Antoine Le Roy travaille beaucoup la tolérance, à commencer<br />
par les plus jeunes élèves. « En classe d’intégration par exemple,<br />
les contes mettant en scène des animaux permettent, dès la<br />
3H, de s’appuyer sur des métaphores pour stimuler l’intégration,<br />
chercher ensemble des solutions aux conflits naissants, apprendre<br />
à affirmer son identité et sa personnalité tout en respectant<br />
celles de l’autre. » A tout âge, la lutte contre les préjugés<br />
commence très en amont, par le fait de les débusquer avant<br />
même qu’ils s’expriment ouvertement.<br />
« La menace du bâton ne fait pas rire »<br />
Avec les élèves plus âgés, notre interlocuteur table d’abord sur<br />
l’illustration par les faits : la collaboration est tellement enrichissante<br />
qu’il serait dommageable pour tous d’y renoncer. Mais<br />
les règles, strictes en matière de violence verbale ou physique,<br />
elles aussi contribuent directement au maintien d’un climat scolaire<br />
sain et agréable.<br />
« Dans les écoles où je travaille, les élèves sont placés sous<br />
l’autorité ferme mais bienveillante des adultes, qui leur permet<br />
de se (re)construire dans un cadre protecteur et encourageant.<br />
Par ailleurs, l’offre de médiation est riche et efficace. »<br />
Tout ce travail ne permet pas d’éviter des cas de harcèlement,<br />
comme il en survient partout, ou de bagarres en groupes, souvent<br />
fondés sur une quelconque différence. Dans ces situations,<br />
les écoles collaborent régulièrement avec des services de police<br />
spécialement formés et dotés de compétences sociales remarquables.<br />
« Les règles édictées par l’établissement sont sérieusement<br />
renforcées, lorsqu’elles sont répétées, menaces de sanctions<br />
pénales à l’appui, par un ou une agent-e de police. Une<br />
brigade spéciale intervient dans les écoles pour prévenir la violence<br />
et indubitablement, la menace du bâton ne fait pas rire. »<br />
<strong>EDUCATION</strong> <strong>2.20</strong>19