EDUCATION 2.21

Thema | Dossier
Empathie
SES ÉLÈVES SE DISENT
(ET SONT !) CHANCEUX
Dominique Eggler / Photo : Stéphane Gerber
Le bien-être de ses élèves est la priorité de Nathalie
Parisi, titulaired’une classe de 1-2H à Cormoret,
qui prête une attention constante aux émotions,
à leur expression, à leur gestion. Dans sa classe,
l’empathie se vit très concrètement, au point d’émouvoir
cette professionnelle passionnée.
Depuis trois décennies, avec sa classe de 1-2H, Nathalie Parisi
travaille quotidiennement le volet émotionnel : reconnaître ses
propres émotions, les exprimer, prendre en compte celles des
autres, identifier la différence entre le ressenti et les mots pour le
décrire. Un objectif inscrit aujourd’hui au PER et une préoccupation
constante de cette enseignante, qui a d’ailleurs l’intention
d’approfondir ce domaine dans le cadre d’un cours semestriel.
Un cadre privilégié
Notre interlocutrice souligne que ses dernières volées manifestent
une empathie très rapidement visible. Et d’ajouter qu’avec les années
d’expérience, elle a mis en mots ce qu’elle met en pratique
et vit depuis ses débuts. « Je suis davantage consciente du développement
émotionnel de ma classe et sans doute plus attentive
à toute expression de cette évolution. » Ses élèves actuels ne lui
paraissent pas différents de ceux des années 1990. « Travailler
dans un village est un privilège. Le climat social, l’entourage offert
par la communauté, influent positivement le comportement des
enfants. » S’ajoute l’efficacité sociale indéniable des règles de vie
appliquées par le syndicat scolaire Cormoret-Villeret-Courtelary,
qui sont identiques de la 1H à la 11H.
Une affaire de posture
Il reste qu’au premier cycle, le climat de classe dépend avant tout
de l’enseignante. Or, à sa nature attentive et à sa passion intacte
pour la profession, notre interlocutrice ajoute de nombreuses
lectures et recherches qui nourrissent sa posture enseignante
de base : écouter les élèves, se mettre à leur hauteur, à leur place
aussi, leur parler d’une voix douce et ne jamais oublier de les
valoriser. Le parrainage instauré par Nathalie Parisi, entre les
élèves de 1H et de 2H, constitue une manière très efficace de
susciter la collaboration : « L’élève plus expérimenté explique les
activités, montre le matériel et les locaux, aide et prend par la
main le plus jeune. » S’ensuit très spontanément une meilleure
compréhension de l’autre, la porte étant dès lors grande ouverte
à une solidarité concrète et donc une empathie active.
Nathalie Parisi : « Avec un élève souffrant de TSA, ils révèlent uns solidarité épatante. »
L’enseignante privilégie les activités ludiques impliquant une collaboration
à deux, puis par « famille », ces groupes de 4 à 6 élèves
mélangeant 1H et 2H. « En travaillant ainsi, l’aide qui vient spontanément
chez les jeunes enfants, d’abord à l’égard de l’enseignante,
passe au stade supérieur et transforme rapidement la
classe en véritable groupe. »
Le premier semestre suffit donc à créer un esprit éminemment
positif : les élèves s’écoutent les uns les autres, prennent en
compte les avis de chacun et de chacune. « J’entends souvent
‹ Viens, c’est à ton tour de jouer ›, ‹ t’en penses quoi ? ›, même sur
la place de jeu et durant la récréation. »
Emue par ses élèves
Le respect et l’entraide débouchent automatiquement sur l’empathie,
exprimée pour les enfants défavorisés qu’ils rencontrent
au fil des histoires lues en classe – « ils sont conscients de leur
chance et le disent. » – et pour leurs camarades. « Avec un élève
souffrant de TSA, ils révèlent une solidarité épatante, en veillant
à l’intégrer dans toutes les activités. Et lorsqu’un d’entre eux
souffre, ils l’enveloppent littéralement de leur attention. Je suis
souvent émue par leur comportement. »
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