Download - UNESCO Deutschland

péenne – sont conçus comme des
créatures qui doivent se placer à l’égard
du Tout dans une relation qui
n’est plus seulement immersive, participative,
mystique, désemparée,
mais à laquelle s’attache un trait de
pragmatisme. Sous le pied, sur l’épaule,
dans la main, en dessous de
la main. Je pense que cette théorie
des figures s’impose à nous jusqu’à
nos jours, et nous restons condamnés
à choisir l’une de ces figures, ou
leur totalité.
J’en viens au lieu commun de la
“pluralité”. Pour commenter cette figure,
je citerai le mythe biblique de
la Tour de Babel. Nous avons en Europe
une tradition mythologique qui
nous incite à penser dans un premier
temps la diversité comme quelque
chose de problématique. Si l’on regarde
de plus près le mythe de la
Tour de Babel, son interprétation
théologique soulève quantité de problèmes,
parce que nous ne savons
pas précisément pour quel motif
Dieu a décidé la dispersion des peuples
après la construction de cet édifice
arrogant. La plupart des lecteurs
ont interprété comme une sorte de
punition l’éparpillement des peuples
aux quatre points cardinaux après l’échec
de ce projet de construction et
ont considéré le multilinguisme des
hommes comme une trace du péché.
Ils auraient dû, dès lors, vivre
dans cette condition post-adamite et
post-babylonienne dans laquelle la
pluralité est en réalité la trace du fait
que les hommes, après avoir été expulsés
du paradis, ont perdu la
connaissance de ce monolinguisme
adamite originel. Mais on pourrait
aussi, et je crois que c’est une interprétation
plus moderne et plus adéquate,
interpréter la dispersion de l’humanité
dans la multitude comme
un rétablissement du statu quo prébabylonien.
On pourrait dire que la
construction de la Tour était le véritable
projet illégitime, dans la mesure
où l’on entreprenait, comme par une
sorte de proto-globalisation, de rassembler
tous les peuples du Proche
Orient dans un projet unique. Il s’agissait
d’une entreprise blasphématoire
– car si Dieu avait voulu que les
hommes œuvrent dans des coopérations
de ce type, il ne les aurait pas
créés avec autant de langues que
celles dont ils disposent mais leur
aurait d’emblée laissé la possibilité
de vivre dans le monolinguisme. Au
fond, nous sommes aujourd’hui
condamnés à nous faire une opinion
sur le mythe babylonien et j’ai l’impression
que les avis continuent à di-
1954
The General Conference
approves
the temple as the
official logo of
UNESCO (10th December).
Based on the
triangular roof of the
Parthenon, the design had
already been created in
1947 and used in UNESCO
publications.
Germany joins the Executive
Board. Maria Schlüter-
Hemkes represents the Federal
Republic of Germany for
the first time in this governing
body, which is made up of 24
members (until 1960.)
The Pilgrimage Church of Wies
Photo: Hans-J. Aubert
21