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par<strong>le</strong>r de la délicatesse d’<strong>en</strong>semb<strong>le</strong> de cette œuvre.<br />
Dans <strong>le</strong> mouvem<strong>en</strong>t d’ouverture, <strong>le</strong> thème principal<br />
mélancolique est <strong>en</strong> réalité précédé de deux mesures<br />
d’accompagnem<strong>en</strong>t dépouillé—pour adoucir l’<strong>en</strong>trée<br />
thématique du premier violon, mais aussi pour faire<br />
ressortir la figure rythmique frissonnante qui étaye<br />
l’accompagnem<strong>en</strong>t. Tel un fil conducteur, cette même<br />
figure parcourt <strong>le</strong>s premières pages du Quatuor avant de<br />
faire un retour dramatique bi<strong>en</strong> plus tard, à l’apogée du<br />
développem<strong>en</strong>t.<br />
Le fina<strong>le</strong> est beaucoup plus doux que la tar<strong>en</strong>tel<strong>le</strong><br />
tourbillonnante qui conclut « La jeune fil<strong>le</strong> et la mort ».<br />
Avec ses notes d’agrém<strong>en</strong>t « hongroises », son thème<br />
r<strong>en</strong>ferme peut-être un soupçon de sty<strong>le</strong> tzigane. Ces<br />
mêmes notes d’agrém<strong>en</strong>t revi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t, transférées du<br />
violon au violoncel<strong>le</strong>, à l’apogée du mouvem<strong>en</strong>t puis<br />
dans <strong>le</strong>s mesures conclusives. La seconde idée principa<strong>le</strong><br />
est, comme la première, énoncée pianissimo—<br />
cette fois dans <strong>le</strong> sty<strong>le</strong> d’une marche lointaine. À la fin,<br />
la musique semb<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> point de s’évanouir avant que<br />
Schubert n’appose deux accords péremptoires pour<br />
am<strong>en</strong>er <strong>le</strong>s choses à une conclusion emphatique, au<br />
bout du compte.<br />
Si <strong>le</strong> Quatuor <strong>en</strong> la mineur est empreint de<br />
mélancolie, son p<strong>en</strong>dant, <strong>le</strong> Quatuor à cordes <strong>en</strong> ré<br />
mineur D810 (« La jeune fil<strong>le</strong> et la mort ») permet à<br />
Schubert de laisser, semb<strong>le</strong>-t-il, libre cours à son<br />
désespoir. Le fragm<strong>en</strong>t de lied sur <strong>le</strong>quel repose <strong>le</strong><br />
mouvem<strong>en</strong>t <strong>le</strong>nt, avec pour thème la mortalité juvéni<strong>le</strong>,<br />
a dû <strong>le</strong> faire réfléchir ; et <strong>le</strong> quatuor va loin, au point<br />
de fondre ses quatre mouvem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> mineur—une<br />
surabondance de noirceur qu’on ne retrouve nul<strong>le</strong> part<br />
chez Haydn, Mozart ou Beethov<strong>en</strong>. Même Tchaïkovsky<br />
ne se complaira pas dans une si grande tragédie<br />
monotone dans sa Symphonie « Pathétique », et c’est<br />
vers la Sonate « Marche funèbre » de Chopin que nous<br />
devons nous tourner pour trouver un parallè<strong>le</strong>. Certes,<br />
<strong>le</strong> mouvem<strong>en</strong>t de variation de Schubert s’achève sur un<br />
tournant déchirant <strong>en</strong> majeur—tout comme <strong>le</strong> thème<br />
et <strong>le</strong>s deux premières variations—, mais ce changem<strong>en</strong>t<br />
ne sert qu’à exacerber <strong>le</strong> caractère poignant de la<br />
musique.<br />
Car c’est la désolation de <strong>le</strong>ur contexte qui r<strong>en</strong>d si<br />
émouvantes <strong>le</strong>s deux grandes sections <strong>en</strong> majeur du<br />
Quatuor « La jeune fil<strong>le</strong> et la mort ». Ces sections—la<br />
quatrième variation du mouvem<strong>en</strong>t <strong>le</strong>nt et <strong>le</strong> trio du<br />
scherzo—, Schubert pr<strong>en</strong>d bi<strong>en</strong> soin de <strong>le</strong>s relier à<br />
l’aide du matériau <strong>en</strong>vironnant. L’incursion <strong>en</strong> mode<br />
majeur du mouvem<strong>en</strong>t <strong>le</strong>nt est accolée sans heurt à<br />
la variation suivante, <strong>en</strong> mineur, qui prolonge l’élan<br />
« berçant » de la musique, tandis que l’accompagnem<strong>en</strong>t<br />
du trio repr<strong>en</strong>d <strong>le</strong> rythme omniprés<strong>en</strong>t du<br />
scherzo. Vu l’int<strong>en</strong>sité de ce dernier, on est surpris<br />
d’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre <strong>le</strong> début de sa seconde moitié citer un<br />
Länd<strong>le</strong>r schuberti<strong>en</strong> de l’année précéd<strong>en</strong>te.<br />
Le mouvem<strong>en</strong>t initial du quatuor est marqué par une<br />
alternance perman<strong>en</strong>te <strong>en</strong>tre t<strong>en</strong>sion et relâchem<strong>en</strong>t. Le<br />
rythme <strong>en</strong> trio<strong>le</strong>ts, exposé sans ambages dans <strong>le</strong>s toute<br />
premières mesures, parcourt la pièce comme une force<br />
unificatrice ; mais <strong>le</strong> sujet principal prés<strong>en</strong>te aussi une<br />
continuation plus sereine—un passage de type choral<br />
qui att<strong>en</strong>d clairem<strong>en</strong>t <strong>le</strong> thème sombre du mouvem<strong>en</strong>t<br />
<strong>le</strong>nt à v<strong>en</strong>ir. Le thème principal contrastant est une idée<br />
f<strong>le</strong>xueuse énoncée <strong>en</strong> mélodieuses tierces et sixtes aux<br />
violons, par-dessus un accompagnem<strong>en</strong>t « berçant » aux<br />
deux instrum<strong>en</strong>ts graves. La section de développem<strong>en</strong>t<br />
c<strong>en</strong>tra<strong>le</strong> combine <strong>le</strong>s élém<strong>en</strong>ts rythmiques des deux<br />
sujets principaux, augm<strong>en</strong>tant peu à peu la t<strong>en</strong>sion<br />
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