Depuis

portraitJordan et KevinDuo de chocAmis soudés et passionnésde culture hip-hop,Jordan et Kevin sont nés au Bréau.A 19 et 17 ans, armés d’une énergieincontestable et d’un bagoutà la fois grave et léger, ils ont déjàenregistré quelques morceauxde rap. Aujourd’hui, ils préparentsereinement leur prochaindéfi : la scène.C’est au studio d’enregistrement duBréau que les deux compères sesont rencontrés. « La connexion a étéimmédiate », précise Kevin. Bercéschacun dans une ambiance musicale sansfrontières, de la pop au funk en passantpar le disco et la variété française, le rapa fortement marqué leur adolescence.« Cette forme d’expression ne s’encombrepas d’artifice vocal, on se concentre surl’écriture sans avoir la prétention de fairepasser un message », explique Jordan.Influencés par le rap old school (premiersenregistrements dans les années 90), Kevinet Jordan complimentent avec ardeur desrappeurs français comme Oxmo Puccino,Lunatic ou Saïan Supa Crew, à la richessestylistique inégalée, et déplorent la standardisationdu rap actuel, égaré dans unelogique commerciale. Leur duo, D2C (duode choc) ne s’encombre pas de conceptsartistiques mais s’appuie sur des échangesintuitifs où le free style joue le premierrôle, c’est-à-dire en composant sur untexte écrit d'un trait ou un court extraitd'un texte préalablement écrit. « On peutdénoncer des injustices mais on préfère puiserdans les expériences de notre quotidien.Fontainebleau au château ou à la forêt, nousaimerions aussi que le quartier du Bréausoit cité de manière positive ». « On est unvieux couple » plaisante Jordan « on se ditles choses sans gêne ». Une franchise quireflète la maturité de leur duo, toutefoistempérée par Kevin : « On se remet souventen question, cela signifie que l’on est enbonne voie ». Lucides, Kevin et Jordan necomptent pas vivre de leur musique. Maispassionnés, ils trouveront toujours du tempspour rapper. « Nous préférons garder latête froide et assurer nos arrières », résumeKevin. Jordan partage un point de vue plusmitigé : sans percer dans le rap, j’aimeraistout de même entamer une carrière dans lemilieu musical ». Quoi qu’il en soit, Kevinet Jordan n’abandonneront pas les jeunesde leur quartier et les aideront dans laconstruction de leur projet artistique. Avecà son compteur quelques scènes parisienneset plusieurs morceaux enregistrés, le duose positionne petit à petit sur le cheminde la professionnalisation. Epaulés par leservice jeunesse de Fontainebleau, lesjeunes artistes ont rapidement été repéréspar Hoptimum, dispositif émanant del’association départementale Act’Art, quiNous aimerions aussi que le quartier du Bréausoit cité de manière positive.Pourquoi enfoncer des portes ouvertes etreproduire des débats stériles ? », ajouteKevin. D2C rappe depuis deux ans dans larégion de Fontainebleau au sein du collectifEcho’Trip. Au fil de ses prestations, D2C aappris à apprivoiser la scène et élargit sonpublic. « Nous revendiquons nos racinesbellifontaines. Même si notre ville a uneréputation prestigieuse, éloignée du rap,nous menons la même vie que tous lesjeunes. Au lieu d’associer inlassablementpermet à des rappeurs seine-et-marnais debénéficier d’un accompagnement artistique.« Nous remercions chaleureusement leservice jeunesse de Fontainebleau pour sesencouragements et le Théâtre municipalqui nous a ouvert ses portes ». Le 27 avril,Kevin et Jordan ont donc assuré la premièrepartir du concert de Disiz, célèbre rappeuroriginaire d’Evry. Les deux rappeurs n’ontressenti aucune appréhension « car nousétions chez nous ». •15Fontainebleau Magazine n° 37 • mai-juin 2013 •