Les écolesLe StuMPA vu par deux enseignants de Hautes Ecoles.Coup de pouce pour l’avenirLe Student Magazine Print Award a décerné ce 2 avril les premiers prix deson histoire. Pour nous en parler, deux profs de Hautes Ecoles qui ont eula chance de voir leurs “Students” nominés ou primés.key facts• La démarche originale de StuMPA a séduitles profs de Saint-Luc Liège et de HElHAMons.• Une nouvelle manière de redynamiser lesupport magazine.• Un pont entre le monde scolaire et laprofession.Vincent Albert , professeur de publicité à l’EcoleSupérieuse des Arts Saint-Luc Liège , est unhomme comblé. Un de ses étudiants, SamuelCabodi, a eu les honneurs de la deuxième marche dupodium (voir interview ci-dessus). Et une de sesétudiantes, Adriane Hasnaa, a défendu son projetd’une manière si alerte et originale que le jury, sousle charme, lui a décerné un prix spécial “Coup decoeur”. “Oui,» confirme Vincent Albert, «je suis vraimentaux anges! D’autant qu’au total, sept de mesétudiants ont été nominés.”Comme il nous l’avait confié avant même deconnaître le choix du jury, pour lui, il était en effetprimordial que ses étudiants s’engagent dans cegenre de compétition. “En ce qui concerne lesgagnants potentiels, ce prix offre un maximum devisibilité, notamment dans la presse. Et ils peuventmontrer un book, qui n’est pas uniquement scolaire.En juin, ils seront sur le marché du travail. Pourtrouver du boulot dans la pub, il faut sortir du lot!”Mais, à entendre ce prof qui depuis 20 ans formeavec enthousiasme de jeunes créatifs, l’opérations’avère également positive pour les “simples” nominéset même pour ceux qui n’ont rien gagné du tout.“Briefés par Danièle Vincent de Febelmag, mes étudiantsde dernière année ont ainsi eu l’occasiond’être en contact direct avec les attentes et les exigencesdu monde professionnel. De plus, ce concoursest national. Cela permet de se mesurer à d’autresécoles, tout en se frottant largement au milieu. Danscelui-ci, on travaille par pitch. Il faut y participer. Sion a perdu, il faut rebondir. Pour des étudiants, ceprix-ci, gagné ou perdu, est un premier apprentissagedans ce sens!”“ On peut toujours dépasserle stade du tout a été faitet créer la surprise”.Les étudiants de Saint-Luc Liège.14 |[Vincent Albert]Pourtant, il l’avoue, ce qui l’a surtout interpellédans ce StuMPA numéro un, c’est une approchetotalement nouvelle, hors des sentiers battus.“D’habitude, les créatifs reçoivent un briefing parrapport à une marque, puis ils cherchent un conceptet l’insèrent dans un magazine. Ici, on a demandéaux étudiants de partir du support magazine, d’enexploiter toutes les possibilités comme objet à troisdimensions, avec différents types de papier, un plicentral, un dos, etc. Et de voir seulement après pourquel produit cela pourrait convenir.” Ne serait-ce pasmettre la charrue avant les bœufs, faire les chosesà l’envers? “Non, c’est chercher autrement,”rétorque Vincent Albert. «En créativité, quand on faitles choses à l’envers, cela permet de trouver deschoses qu’on ne trouve pas à l’endroit.” Et de seréjouir qu’à l’heure ou d’autres médias, tel Internet,prennent de plus en plus d’importance, on veuille parcette démarche originale a amener les jeunes à penser‘magazine’. “On peut toujours dépasser le stadedu ‘tout a été fait’, explorer de nouvelles solutions,créer la surprise. La pub est un monde qui n’a pasle choix et doit évoluer.” Malgré tout, dans ceconcours, l’absence relative de certaines contraintes,notamment financières, ne donnerait-elle pasaux étudiants une image quelque peu faussée de lavraie vie professionnelle? “Ils ont tout de même unbriefing, un canevas, des délais à respecter,» répondVincent Albert. «Quant aux contraintes financières,tant mieux s’ils ont encore la liberté de ne pas tropen avoir. Ce qui compte d’abord, c’est d’avoir quelquechose d’étonnant à montrer. Ne dit-on pas que ‘quipeut le moins, peut le plus’?»Prix professionnelLes participants de la Haute Ecole Louvain en Hainaut.Xavier Bouillon , directeur de création dans sapropre agence Troy, enseigne également depuiscette année académique dans la section Arts appliqués(Publicité) de l’HELHA , la Haute Ecole Louvainen Hainaut, à Mons. Trois de ses étudiants (dontdeux... étudiantes!) ont été nominés au StuMPA.Avant même le résultat final, Xavier Bouillon nousdisait combien - qu’un de ses étudiants soit lauréatou pas - il avait été convaincu d’emblée que la participationde sa classe à ce projet était une bonnechose. “Mais comme j’estimais qu’en dernière annéede leur parcours académique, le choix d’y adhérerleur incombait, je n’ai obligé personne. Ce qui ne m’apas empêché de vivement le leur conseiller. C’étaitune trop belle opportunité pour eux de gagner un prixintéressant, de pouvoir en parler, et aussi derecueillir l’avis de professionnels du secteur.”“Professionnalisme,” le mot revient souvent dansles propos de Xavier Bouillon qui a passé de longuesannées dans diverses agences avant de créer lasienne. Et il ne manque effectivement pas de soulignertout “le professionnalisme” de ce StuMPA.“Derrière cela, il y a tout le crédit du Magazine PrintAward. Les gens qu’ils prennent dans leur jury sonttoujours des pros, bien cotés sur le marché, qui ontfait leur preuve.” Et lui aussi, comme son collègueliégeois Vincent Albert, a été conquis par la nouveautéde la démarche. “Le brief était atypique,intéressant. D’habitude, on nous dit: faites-moi uneannonce pour tel produit. Ici, on ne nous demandaitpas seulement de jouer avec un produit, mais deconsidérer le média lui-même en tant qu’objet. Unemanière différente de redynamiser les magazines quine vivent peut-être pas leurs meilleurs jours en cemoment.”«On aura toujours besoind’avoir du papier dans lesmains .»[Xavier Bouillon]Persuadé, quant à lui, que malgré le foisonnementdes nouveaux médias, on aura toujours besoin“d’avoir du papier dans les mains” et que “ aucunmédia n’est dépassé, tout dépend de ce qu’on enfait,” il s’est piqué au jeu. Se positionnant moinscomme prof que comme coach, il a vu fleurir chezcertains de des étudiants qui se sont lancés dansl’aventure (un peu plus de 25 sur les 40 que comptesa classe), quelques idées vraiment intéressantes etfraîches. Bien entendu, Xavier Bouillon a aussi vitecompris que, pour ces jeunes en fin de graduat, ceprojet était, en terme de temps passé au cours, untravail parmi d’autres à devoir boucler pour leur juryde fin d’année. “Les plus passionnés n’ont pas hésitéà prendre sur leur temps privé pour mener au mieuxce projet. Il faut bien se rendre compte qu’en 3eannée, ils iront bientôt frapper à la porte du mondeprofessionnel. On n’y attend que les meilleurs, ceuxqui ont une motivation forte. En favorisant lescontacts avec ce milieu professionnel, en briefantces jeunes comme on briefe les créatifs en agence,en leur faisant prendre conscience de certainescontraintes, ce concours contribue, à mon sens, àréduire quelque peu la rupture entre ces deuxmondes, le scolaire et le professionnel.”Paulette Nandrin
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