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Démocratie

Extrait du bulletin n°22 - RCN Justice & Démocratie

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Delphin Bulambo fut responsable du projet Kinshasa/ Bas-Congo pendant plus de sept années. Il<br />

nous montre ici pourquoi les séminaires organisés par RCN sur la justice internationale permettent<br />

aux juges congolais d’être des acteurs du droit international, de l’appliquer au mieux et de poursuivre<br />

des criminels de guerre.<br />

L’intervention de RCN Justice & <strong>Démocratie</strong><br />

et la justice pénale internationale en Ituri<br />

Le conflit armé dans la région de l’Ituri, située dans<br />

la Province Orientale de la République Démocratique<br />

du Congo, demeure l’un des plus meurtriers<br />

de ce siècle. Les combats ont été conduits par des<br />

bandes armées bien structurées, ou milices, à la tête desquelles<br />

trônaient des chefs de guerre. Face à l’impérieuse<br />

nécessité de lutter contre la criminalité et au sentiment<br />

d’impunité qui prévalaient de plus en plus – ce qui entretenait<br />

le conflit, le Tribunal de Grande Instance (TGI) a<br />

décidé d’agir et de juger les auteurs de ces crimes, qu’ils<br />

soient simples miliciens ou chefs de guerre en se référant<br />

au Code pénal national.<br />

Toutefois, sur la<br />

base de la qualité<br />

de l’auteur des faits<br />

incriminés, plus spécifiquement<br />

le fait<br />

de son appartenance<br />

à un groupe<br />

armé structuré et<br />

hiérarchisé, le problème<br />

de compétence<br />

judiciaire du<br />

TGI a été posé rapidement.<br />

En effet,<br />

les avocats ont soulevé<br />

l’incompétence<br />

d’office d’un juge<br />

civil pour entendre<br />

les membres des<br />

bandes ou milices<br />

armées et/ou les<br />

militaires associés à<br />

ces crimes. Évidemment,<br />

les juridictions<br />

militaires n’étant<br />

pas encore opérationnelles en Ituri, cette stratégie a<br />

réussi aux avocats bien que l’application du Statut de<br />

Rome de la Cour Pénale Internationale (CPI), convention<br />

déjà ratifiée par la RDC, avait valeur de loi supra nationale.<br />

En fait, les tergiversations des juristes, des académiciens<br />

et des politiques sur l’inapplicabilité de cette<br />

convention sans l’élaboration et la promulgation d’une<br />

loi nationale spécifique ont repoussé l’échéance des procès.<br />

Finalement, il a fallu attendre la promulgation du<br />

Code judiciaire militaire congolais en 2002 et l’installation<br />

des juridictions militaires en Ituri pour entendre les<br />

procès et obtenir la lecture des premiers jugements.<br />

Par ailleurs, bien que le Code congolais de justice militaire,<br />

datant de 1972, prévoyait la répression des crimes<br />

de guerre, des crimes contre l’humanité et le génocide,<br />

ces dispositions n’avaient pas encore été appliquées par<br />

aucun magistrat.<br />

En fait, il a fallu attendre la grande révolution juridique<br />

et judiciaire<br />

internationale de<br />

la ratification du<br />

Statut de Rome et<br />

portant création<br />

de la CPI. Il est apparu<br />

également<br />

que le Statut de<br />

Rome n’avait pas<br />

innové vis-à-vis du<br />

droit congolais<br />

dans la définition<br />

de ces incriminations<br />

; il faut néanmoins<br />

reconnaître<br />

que les éléments<br />

constitutifs de ces<br />

infractions étaient<br />

désormais précisés<br />

ainsi que la qualité<br />

de leurs auteurs,<br />

militaires ou pas et<br />

officiels ou pas.<br />

Il faut comprendre<br />

que plusieurs<br />

Tribunal congolais<br />

intervenants<br />

avaient proposé l’application immédiate du Statut de<br />

Rome dans le pays puisque que, dès leur ratification, les<br />

traités internationaux font partie intégrante de la législation<br />

congolaise et ils sont de facto supérieurs aux lois<br />

nationales.<br />

Par contre, d’autres intervenants exigeaient d’abord<br />

une loi nationale de mise en œuvre qui préciserait les<br />

différentes adaptations à apporter aux lois nationales et<br />

les innovations induites par la convention internationale.<br />

D’ailleurs, cette deuxième tendance avait soumis au Par-<br />

P. Adamantidis<br />

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