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Démocratie

Extrait du bulletin n°22 - RCN Justice & Démocratie

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République démocratique du Congo<br />

lement de transition un projet de loi de mise en œuvre<br />

interne des dispositions du Statut de Rome à travers la<br />

législation congolaise.<br />

Les délais à engager l’application du Statut de Rome<br />

par les parlementaires congolais durant la phase de transition<br />

ont conduit nombre d’ONG congolaises et internationales<br />

de défense des droits de l’homme à faire connaître<br />

cette convention pour lutter résolument contre l’impunité<br />

en matière de crimes de guerre, de crimes contre<br />

l’humanité et de génocide.<br />

Un projet de loi de mise en œuvre<br />

des dispositions du Statut de<br />

Rome dans le corpus juridique<br />

congolais a été proposé au Gouvernement<br />

et au Parlement depuis<br />

l’année 2005 mais sans<br />

avoir obtenu encore la sanction<br />

du Parlement.<br />

Au même moment, le peuple<br />

congolais réclamait aussi avec<br />

ardeur un Tribunal Pénal International<br />

pour la RDC, à l’instar<br />

de celui pour le Rwanda et la<br />

Yougoslavie ou, à tout le moins,<br />

un Tribunal pénal spécial<br />

comme en Sierra Leone ou au<br />

Timor oriental. Les défenseurs<br />

des droits de l’homme tenaient<br />

à voir les criminels de guerre<br />

répondre de leurs actes devant<br />

un juge, ce qui dissuaderait les membres de leurs groupes<br />

armés et tant d’autres criminels potentiels.<br />

Le Procureur de la CPI déclarait à son tour à Kinshasa<br />

que, faute de temps et de moyens, sa juridiction ne pourra<br />

jamais s’occuper de tous les cas du Congo, la compétence<br />

de sa juridiction étant subsidiaire à celle des Etats.<br />

Il fallait donc que le Congo s’engage par des mécanismes<br />

judiciaires internes à régler les affaires qui seraient soumises<br />

au juge congolais, même pour des faits commis<br />

avant juillet 2002. (1)<br />

Bien que consciente de l’ampleur et du nombre des<br />

crimes commis au Congo, la mise en place des Tribunaux<br />

pénaux internationaux et des Tribunaux spéciaux nécessitaient<br />

des fonds, de l’énergie et du temps que les Nations<br />

Unies et la communauté internationale n’étaient<br />

pas en mesure d’assurer au Congo. Par l’accord de coopération<br />

intervenu entre le Procureur de la CPI et le Gouvernement<br />

congolais le 6 octobre 2004 (2), il a été rappelé<br />

aux juridictions congolaises les deux principes clés de<br />

la coopération judiciaire entre la CPI et les pays signataires<br />

du Statut de Rome, à savoir : la prime compétence du<br />

juge congolais et la subsidiarité de la CPI.<br />

Cela a représenté une avancée significative dans le<br />

contexte post conflit, marqué par de grandes difficultés<br />

matérielles, financières et d’ordre technique : par exemple,<br />

les magistrats n’avaient en main que des textes légaux<br />

internes inadaptés et parfois incohérents. Cependant,<br />

il était possible que l’autorité judiciaire congolaise<br />

toujours à la quête de son indépendance, sans moyen,<br />

sans ressource et conséquemment peu enthousiasmée ne<br />

réponde aux attentes de justice exprimées par sa population<br />

et aux appels de la communauté internationale.<br />

C’est dans ce contexte que les juridictions militaires,<br />

établies dans les zones militaires opérationnelles, ont fait<br />

les premiers pas en appliquant immédiatement les dispositions<br />

du Statut de Rome<br />

dans leurs verdicts (3). Cet<br />

acte valeureux de juges<br />

militaires doit être encouragé,<br />

en dépit des hésitations<br />

de leurs collègues<br />

civils et même de la hiérarchie<br />

judiciaire qui tergiverse<br />

encore entre une<br />

application immédiate des<br />

normes internationales<br />

ratifiées et une hypothétique<br />

loi de mise en œuvre<br />

interne supposée nécessaire.<br />

En effet, à la suite d’un<br />

séminaire sur la justice pénale<br />

internationale organi-<br />

Archives RCN-Congo<br />

sé à Bunia (Ituri) en 2006<br />

Journée Portes Ouvertes au Tribunal par RCN Justice & <strong>Démocratie</strong>,<br />

les magistrats civils<br />

et militaires qui y ont participé ont pris conscience de<br />

leur égarement (4). En effet, ces magistrats ne se référaient<br />

pas aux normes internationales ratifiées par la RD<br />

Congo alors que les différentes constitutions que le pays<br />

avaient adoptées depuis son indépendance reconnaissent<br />

la préséance de la norme internationale ratifiée sur<br />

les lois internes ainsi que son application immédiate en<br />

droit congolais.<br />

L’application des dispositions juridiques internationales<br />

par le juge militaire dans les zones opérationnelles (5),<br />

toujours dépourvues des aisances matérielle et sécuritaire<br />

indispensables, a marqué un tournant décisif dans<br />

le cours de la justice congolaise. La question ne devrait<br />

plus être posée en terme de disponibilité du juge congolais<br />

de traiter les dossiers des criminels de guerre, mais<br />

bien dans le sens de déterminer les appuis dont il aurait<br />

besoin pour s’atteler à cette tâche délicate et noble qui<br />

participe efficacement au rétablissement de la paix.<br />

Les journées Portes ouvertes, organisées pour la population<br />

par RCN Justice & <strong>Démocratie</strong>, au Tribunal militaire<br />

de garnison de l’Ituri ont ressuscité l’espoir dans le<br />

système de justice congolais. Ce tribunal militaire a participé<br />

avec enthousiasme à cette activité de vulgarisation<br />

et de sensibilisation de la population en exposant les<br />

procédures de sa saisine et sur le traitement des infractions<br />

qui sont de sa compétence, notamment les crimes<br />

de guerre, les crimes contre l’humanité et le génocide.<br />

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