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LE MARCHÉ DE L’art

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d’acier, de PVC ou de cire. Car sa poétique sculpturale<br />

en quête d’immatérialité passe paradoxalement<br />

par la profusion matérielle. Il faut rappeler que Kapoor<br />

considère l’échelle comme l’outil premier de<br />

sa sculpture et qu’il se fait ouvrir des espaces gigantesques<br />

(à l’instar de Versailles) dans lesquels il peut<br />

librement concevoir ses œuvres.<br />

Son premier projet monumental remonte à 1999 :<br />

Taratantara, commandée par le Baltic Center de Gateshead.<br />

Trois ans plus tard, il occupe le Turbine<br />

Hall de la Tate Modern avec Marsyas, une majestueuse<br />

artère de 4 000 m ² . Jamais un artiste n’avait<br />

si bien tiré parti de l’immense espace offert par le<br />

Turbine Hall...<br />

Mais un défi plus grand encore l’attend à Paris :<br />

la Monumenta 2011 et le monstrueux volume du<br />

Grand Palais. Pour celui-ci, Kapoor imagine Léviathan<br />

: une structure en PVC monochrome de 15<br />

tonnes, une œuvre démesurée, de 35 m de haut,<br />

72 m de long et 33 m de large. Cette audace du gigantisme<br />

est payante puisque son Léviathan attire<br />

plus de 277 000 visiteurs, un record de fréquentation<br />

pour Monumenta.<br />

Marsyas et Léviathan furent des colosses éphémères<br />

comme ceux installés à Versailles, dont le domaine<br />

se déploie sur 800 hectares. Kapoor y a notamment<br />

réalisé un puissant vortex qui semble atteindre le<br />

centre de la terre et Dirty Corner, une sculpture de<br />

soixante mètres de long et plusieurs milliers de tonnes,<br />

entourée de blocs de marbre brut, de trois mille<br />

kilos chacun. Ce chaos orchestré dans les Jardins de<br />

Le Nôtre engendra quelques dérapages, entre polémiques<br />

et actes de vandalisme.<br />

Si “l’effet Versailles” n’a malheureusement pas réveillé<br />

son second marché, en légère perte de vitesse<br />

depuis trois ans, on observe une nette influence de<br />

ses gigantesques projets sur ses enchères dans le passé,<br />

à commencer par ses records. En effet, le travail<br />

d’Anish Kapoor se fait remarquer en salles de ventes<br />

en 2004 grâce à plusieurs bons résultats, mais<br />

c’est en 2006 que sa cote connaît véritablement son<br />

envolée, emmenée par une première adjudication<br />

millionnaire 1 . En 12 mois, son indice de prix explose<br />

de 160 %. Or, cette année-là précisément, il<br />

inaugurait sur l’AT&T Plaza de Chicago Cloud Gate<br />

(la porte des nuages), une œuvre emblématique de<br />

près de 100 tonnes d’acier inoxydable, qui aurait<br />

coûté 23 m$ à la ville. A cette époque, il installe<br />

également sa sculpture Sky Mirror (miroir du ciel), de<br />

plus de neuf tonnes, au Rockefeller Center de New<br />

York. En s’inscrivant dans le panorama de ces mégapoles,<br />

Kapoor conquiert à la fois le grand public<br />

et ses galons sur le marché haut de gamme.<br />

L’année 2009 marque un autre jalon fort dans sa<br />

carrière artistique, tout comme dans l’évolution de<br />

sa cote. <strong>L’art</strong>iste expose alors à Pékin, Madrid, Los<br />

Angeles, Vienne, au Guggenheim de New York...<br />

1) Sotheby’s vend alors une forme concave creusée dans<br />

de l’albâtre pour 2,256 m$, au quintuple de l’estimation<br />

haute : Untitled, 1999, le 14 novembre 2006.<br />

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