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En général, ce type <strong>de</strong> représentation met en scène <strong>de</strong><br />
petits personnages face à l’immensité du volcan. Ici,<br />
le moine, qui est presque plus <strong>de</strong>ssiné que peint, est<br />
assis au premier plan mais son hiératisme et son attitu<strong>de</strong><br />
méditative incitent à la contemplation du phénomène.<br />
La colonne subplinienne ainsi que l’obscurité diurne<br />
dues aux fumées abondantes sont extrêmement<br />
bien traitées par le peintre et la scène a une portée<br />
métaphysique certaine. Elle évoque chez le spectateur<br />
érudit <strong>de</strong> l’époque la mort <strong>de</strong> Pline l’Ancien qui voulut<br />
contempler <strong>de</strong> loin l’éruption, événement qui frappa<br />
l’imaginaire romantique et qui fut traité en peinture par<br />
Pierre-Jacques Volaire, Angelika Kauffman, Valenciennes<br />
et Forbin parmi d’autres et en littérature par Madame <strong>de</strong><br />
Genlis. Elle rappelle encore le calme <strong>de</strong> Pline le Jeune<br />
qui lisait Tite-Live alors que le volcan fulminait et que la<br />
terre tremblait. Van Brée nous indique en bas à gauche<br />
qu’il s’agit <strong>de</strong> l’ermite du Vésuve. Probablement s’estil<br />
inspiré <strong>de</strong> celui qui, mentionné par Chateaubri<strong>and</strong><br />
et d’autres voyageurs, vivait sur les pans du volcan?<br />
Mais est-ce vraiment lui et Van Brée l’a t-il réellement<br />
vu ? Il ne s’agit probablement pas d’un portrait mais<br />
plutôt d’une image inspirée par les récits <strong>de</strong> voyage,<br />
presque littéraire et complètement romantique. Au<strong>de</strong>là<br />
<strong>de</strong> l’anecdote, la composition rassemble différents<br />
éléments pour proposer une véritable méditation sur<br />
l’impuissance <strong>de</strong> l’homme <strong>de</strong>vant la nature. Ici, <strong>de</strong>vant<br />
la gr<strong>and</strong>eur du phénomène, l’action n’a pas d’utilité<br />
et la prière est le seul recours <strong>de</strong> ce moine, assis sur<br />
un rocher simple et gris comme une pierre tombale.<br />
Et, comme à Chateaubri<strong>and</strong>, la scène nous rappelle<br />
qu’« on peut faire ici <strong>de</strong>s réflexions philosophiques<br />
et prendre en pitié les choses humaines. Qu’est-ce en<br />
effet que ces révolutions si fameuses <strong>de</strong>s empires auprès<br />
<strong>de</strong>s acci<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> la nature qui changent la face <strong>de</strong> la<br />
terre et <strong>de</strong>s mers ? Heureux du moins si les hommes<br />
n’employaient pas à se tourmenter mutuellement le peu<br />
<strong>de</strong> jours qu’ils ont à passer ensemble ! »<br />
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