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un<br />
intellectuel<br />
enexil<br />
WALTER BENJAMIN NAIT EN<br />
1892 dans une famille juive<br />
où l'on trouve des archéologues,<br />
des mathématiciens et<br />
des juristes. Il suit des cours à l'Université<br />
de Berlin puis de Fribourg, où il étudie la<br />
philosophie et la littérature. En 1914 et<br />
1915, il rédige une étude sur Hölderlin et<br />
commence la traduction des<br />
“Tableaux parisiens” de<br />
Baudelaire. Après-guerre, il<br />
côtoie l'intelligentsia juive de la<br />
République de Weimar et soutient<br />
une thèse de doctorat sur la critique<br />
d'art dans le romantisme allemand. La<br />
période entre 1920 et 1930 est marquée par<br />
un certain nombre de difficultés personnelles<br />
et familiales. Son essai sur "Les origines<br />
de la tragédie allemande" est refusé comme<br />
thèse d'habilitation et il doit gagner sa vie<br />
comme journaliste. Il commence la traduction<br />
de Proust et rédige "Passages de<br />
Paris", avant-projet d'une œuvre jamais<br />
aboutie : "Paris, capitale du XIX ème siècle".<br />
Les années 1927-1930 sont celles de sa rencontre<br />
avec Horkheimer, Adorno et<br />
Berthold Brecht. L’arrivée d’Hitler au pouvoir<br />
l’oblige à s'exiler à Paris où l'Institut de<br />
1939 : trois<br />
mois dans<br />
la Nièvre<br />
Recherche Sociale l'accueille comme membre<br />
permanent en lui assurant la publication<br />
de ses textes les plus importants. Le 3 septembre<br />
1939, la France déclare la guerre à<br />
l’Allemagne. Tous les ressortissants allemands<br />
vivant en France deviennent donc<br />
des ennemis et il leur est donné l’ordre de<br />
rejoindre des centres de rassemblement où<br />
ils seront triés et répartis en différentes<br />
catégories. Walter<br />
Benjamin, qui habite Paris, doit<br />
se rendre au stade de Colombes<br />
où il retrouve des centaines de<br />
ressortissants allemands dont beaucoup de<br />
juifs qui ont fui le Reich. Il y rencontre<br />
l’écrivain Hans Sahl dont le<br />
témoignage sera précieux<br />
pour suivre Walter<br />
Benjamin et ses compagnons<br />
pendant leur internement.<br />
Ils restent neuf jours<br />
parqués dans le stade dans<br />
des conditions très précaires.<br />
Puis au matin du dixième<br />
jour, Benjamin et<br />
quelques centaines d’autres<br />
sont embarqués gare<br />
d’Austerlitz dans des<br />
humain et<br />
événementiel<br />
walter<br />
benjamin<br />
Philosophe, critique d’art et traducteur<br />
allemand de la première moitié du XX ème siècle,<br />
Walter Benjamin a peu publié de son vivant.<br />
Redécouvert depuis les années 1960, il est devenu<br />
peu à peu une figure mythique et son œuvre<br />
a fait l’objet de nombreux commentaires. Bien<br />
qu’éclatée, cette œuvre où fusionnent éthique,<br />
esthétique et politique, présente toujours<br />
une grande actualité. Des notions qu’il s’est<br />
appliqué à définir, comme l’allégorie, l’aura<br />
ou la culture de masse, mais aussi son texte<br />
plus accessible sur les Passages, sont aujourd’hui<br />
cités dans de nombreuses disciplines<br />
des sciences sociales. Du fait des hasards<br />
malheureux de l’histoire, il s’est trouvé que<br />
Walter Benjamin a passé trois mois de sa vie<br />
dans la Nièvre, à proximité de <strong>Nevers</strong>.<br />
wagons plombés à destination de <strong>Nevers</strong>.<br />
Pourquoi <strong>Nevers</strong> ? Parce que les autorités<br />
françaises avaient recherché dans tous les<br />
départements des lieux où interner les ressortissants<br />
allemands et que les environs de<br />
<strong>Nevers</strong> avaient pu en fourni un certain nombre.<br />
Il s’agissait de châteaux avec grosses<br />
fermes inoccupés, situés en périphérie de<br />
<strong>Nevers</strong> sur l’actuelle commune de<br />
Varennes-Vauzelles. C’est ainsi qu’en octobre<br />
1939, 438 internés sont répartis comme<br />
suit : 40 aux Murgers, 288 à Vernuche, 110<br />
à Four-de-Vaux. C’est le 54 ème régiment<br />
régional qui assure la surveillance et<br />
l’intendance de ces camps.<br />
Au fil du patrimoine - Fiche n°73 - avril/mai <strong>2011</strong>