LAND un - Culture et Bilinguisme

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40 Jahrgang - 40 e année 4,50 €
LAND un SPROCH N° 175 – AOÛT - SEPT 2010
LAND un
SPROCH
C U L T U R E E T B I L I N G U I S M E
D ’ A L S A C E E T D E M O S E L L E
Zu den zweisprachigen
Namen der Straßen und Ortschaften
L’ÉCOMUSÉE
L’ECOMUSÉE
se dévoile
R E N É S C H I C K E L E - G E S E L L S C H A F T
LES CAHIERS
DU BILINGUISME
La TOPONYMIE
noyau dur d’une langue
Jacques Schleef
SUMMERLIED 2010
Leo SCHNUG
Johann Peter HEBEL
« Wer an die Zukunft nicht glaubt hat eigentlich schon verloren. Qui ne croit pas en l'avenir, a en réalité déjà perdu.»
Françoise Schaffner

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Juillet 2010 – Land un Sproch

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N° 175 2/2010
SOMMAIRE
I N H A L T
3 ■ Leitartikel
Bronzons plus, pour travailler plus
4-5 ■ Cigogneries
6-7 ■ Rencontre
Pascal Schmitt. L’Ecomusée se
dévoile.
8-10 ■ Redde m’r devon
- Traubach : on grenouille ?
- Hillebille
- Valeurs du bilinguisme
11-16 ■ A découvrir
- La toponymie, noyau dur d’une
langue
- Zu den zweisprachigen Namen der
Straßen und Ortschaften
17 ■ Lothringen
Philipp Beyer. Lokal und Universal
18-19 ■ Histoire
Le «Komplott-Prozess» de Colmar (5)
20-22 ■ Summerlied
Qu’est-ce qui fait courir J. Schleef
et tous les autres ?
23-27 ■ Kurz un guet
- Leo Schnug.
- Junge Schriftsteller
- Slam poetry à l’école
- Don Quichotte
28 ■ In memoriam
Françoise Schaffner-Ehrmann
29 ■ Kriz un Kreis
Dichter von gescht un hit: J-P Hebel
24-27 ■ Bücher
Supplément : parutions
Haben an dieser Nummer mitgewirkt:
A. Bastian, M. Büffel-Chaudeur, P. Gabriel,
E. Gaertner, E. Guntz, J.-M. Herzog, M. Hug,
J. Hurstel, A. Mans, M. Mugler, Y. Rudio,
F. Schaffner, J. Schmittbiel.
LAND UN SPROCH
Les cahiers du bilinguisme
5, bld de la Victoire 67000 Strasbourg
Tél. 03 88 36 48 30
http://site.voila.fr/alsacezwei
E-Mail : bilinguisme.alsace@libertysurf.fr
Revue trimestrielle éditée par l’association
Culture et Bilinguisme d’Alsace et de Moselle
René Schickele-Gesellschaft
Directeur de publication : François Schaffner
Numéro de commission paritaire 1013 G 79901
ISSN 0045-3773
Avec le soutien des Conseils Généraux
du Haut-Rhin et du Bas-Rhin
Membre de la Fédération des langues
régionales dans l’enseignement public (Flarep)
Tous droits de reproduction réservés
Print Europe - Mundolsheim
Dépôt légal : juillet 2010
Leitartikel
F R A N Ç O I S S C H A F F N E R
Bronzons plus, pour travailler plus
Cultivons-nous, amusons-nous, voyageons, découvrons. Lisons, terminons
quelques projets, préparons notre futur. Il y a le Summerlied dans la clairière
magique d’Ohlungen, d’autres festivals, des universités d’été, des
fêtes partout. Il va y avoir du pain sur la planche.
Informer, produire, agir
Nous avons à travailler pour l’enseignement bilingue paritaire, arriver à plus d’immersion.
10 nouveaux sites vont ouvrir dans la Haute-Alsace. A Habsheim, 4 classes
maternelles bilingues s’ouvrent. Le Bas-Rhin connaîtra 3 ouvertures maximum. Loin
des objectifs de la modeste Convention 2007-2013. La Moselle reste hélas le parent
pauvre. Informer les parents, les enseignants est primordial. Le recrutement et
la formation aussi. Le refus du Ministère d’accorder pour l’académie de Strasbourg
des Capes bivalents (connaissance de la langue standard, pouvoir enseigner une matière
dans cette langue), alors que d’autres régions en profitent, est discriminatoire
et contreproductif. Beaucoup d’enseignants restent dubitatifs quant à la formation
des professeurs avec les nouveaux masters. Affirmer 19 ans après l’ouverture des
premières classes bilingues, que l’on manque de candidats maîtrisant le Hochdeutsch
- ils sont encore moins nombreux pour les variétés dialectales-, c’est mettre
en lumière les résultats d’une politique d’éradication de la langue et toute l’importance
accordée à cette formation linguistique.
Il nous faut satisfaire l’appétit de nos concitoyens, nos jeunes, envers la culture germanophone
dans ses deux dimensions, en Région et dans le Rhin Supérieur. Montrons-leur
ce qu’ils pourraient devenir, des femmes et des hommes debout avec un
projet pour l’Alsace. Il faut produire, se produire, publier, diffuser afin de faire connaître
les richesses culturelles et linguistiques qui sont, qui peuvent être les nôtres. Nous
devons organiser réunions, séminaires, colloques, contacter les élus et les décideurs
pour convaincre. Nous avons déjà réussi, les associations et les CCI, à faire
comprendre la nécessité de la langue régionale dans l’économie.
Nous avons à pousser à la roue pour la mise en place d’une véritable politique linguistique.
Loin du folklore de mauvais aloi, d’un passé idéalisé, de demi-mesures
et de rideaux de fumée. Nous ne sauverons pas nos dialectes seuls. René Schickele
avait la bonne vision : „Elsässertum ist nichts etwas Rückständiges, landschaftlich
Beschränktes, nicht Verengung des Horizontes, Provinzialismus, Heimatkunst, sondern
eine ganze bestimmte und sehr fortschrittliche seelische Haltung, ein fester Kulturbesitz,
an dem romanische und germanische Tradition wertvollste Bestandteile abgegeben
haben.“
La proposition de loi afin de donner un statut juridique aux langues de France -refusée
par le gouvernement de François Fillon-, a été revue par des élus de droite comme
de gauche et des spécialistes. Elle devrait être présentée à l’automne au
Parlement. Elle aurait au vu de la situation présente et de l’horizon 2012 quelques
chances. Même si le Conseil Constitutionnel se tient en embuscade.
Les bonnes volontés, l’expérience, la persévérance dans le travail seront nécessaires
pour avancer significativement. Commençons aujourd’hui.
Land un Sproch 175 3

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➜ Bioscope : moins de
visiteurs que prévu
LE PARC D’ATTRACTIONS et de loisirs Bioscope,
consacré à l’homme et à son environnement,
est installé à côté de l’Ecomusée
d’Alsace à Ungersheim. Ouvert en juin 2006,
ce parc a été l’objet d’une convention de
délégation de service public entre les collectivités
territoriales -Conseil régional, Département
du Haut-Rhin - grâce au Symbio ou
Syndicat Mixte du Bioscope présidé alors par
Hubert Haenel, et la Compagnie des Alpes.
Celle-ci est le principal opérateur français de
parcs de loisirs. L’investissement initial de
30 millions € a été cofinancé par les collectivités
alsaciennes à hauteur de 49 %. Un
deuxième investissement du même montant
était prévu pour une extension, lorsque le Bioscope
compterait 400 000 visiteurs annuels.
Cet investissement n’a jamais eu lieu. Et pour
cause. Car pour sa 4e saison (2009), ce parc
n’a attiré que 100 000 visiteurs, de méchantes
langues parlant même que de 70000
entrées payantes. Il n’emploie que 22 salariés
permanents. On est loin des prévisions initiales.
Le déficit cumulé, est estimé à 5 mil-
4 Land un Sproch 175
Cigogneries
Soll man lachen oder weinen?
France 3 Alsace
Audiences en berne
La chute d'audience du samedi 17h est impressionnante.
Ainsi, l’émission «Quoi de neuf,
la terre?» fait moins de 5 % alors qu’à l'époque
de «Sür un siess» l'audience dépassait... 40%.
Les émissions du samedi après-midi « sont
malmenées». Le journal régional stagne à 18%
et la locale ne dépasse pas les 14%. Seule
satisfaction : l’émission du dimanche matin
« Gsun’Theim » qui atteint les 21,6% est en
progression de 5 points. Ben oui, elle est bilingue,
les dialectes sont présents. La station
vieillit et la suppression de l’émission bilingue
et culinaire de Simone Morgen thaler a été
une grande « victoire » stratégique.
lions € l’an dernier. Il est pris en charge par la
Caisse des Dépôts, l’actionnaire de référence
de la Compagnie des Alpes. Pour que le Bioscope
ne soit plus en déficit il faudrait, selon un rapport
d’experts, 500 000 visiteurs annuels.
Faut-il continuer la gabegie ? Mais la fermeture
du parc ne solliciterait-elle pas trop fortement
les finances des Collectivités afin de compenser
l’investissement de cette Compagnie ?
Ein Mann wurde im Mai in Lorient zu einem Jahr Gefängnis verurteilt, weil er in einer
Kleinkinderschule, in die er gewaltsam eingedrungen war, die Vesperbrote gestohlen
hatte. Er wurde noch vor Ort von der Polizei verhaftet und gleich abgeurteilt. Vorbestraft
war der Mann, der in sehr ärmlichen Bedingungen lebt, schon 16mal wegen kleinerer
Vergehen und Eindringen in Schulräume. Szenewechsel, der mit dem Vorhergehenden
natürlich gar nichts zu tun hat.
Die Kosten der Garden-Party, die letztes Jahr am 14. Juli im Elysée-Palast geschmissen
wurde, lagen bei 732.826€€, also kam es auf rund 100€ für jede eingeladene Person zu
stehen. Das fand der Abgeordnete René Dosière heraus, der der SP nahe steht. Er hat sich
auf die Untersuchung der Ausgaben der Ministerstellen und des Elysée-Palastes spezialisiert.
Er stützte sich dabei auf die Informationen, die die Dienststellen des Ersten Ministers
François Fillon, ihm liefern mussten. Sie gaben ihm schriftlich die Gästezahl an: 7.500.
Es wird niemand überraschen, dass das Steh-Buffet das meiste Geld verschlang : 313.618€;
gefolgt wird es von den sehr kostspieligen Zelten (Aufbau, Abbau, Instandsetzen),
(295.921€) und der Sparte Champagner (43.128€). Die „verschiedenen Unkosten“, wie
das Drucken der Einladungen, das Aufräumen und Putzen, usw. kamen auf 80.159€. „Bis
jetzt waren die wirklichen Kosten nicht bekannt, denn der Elysée-Palast ließ über die Verwaltung
des Matignon-Palastes- als Information nur einen Teil der Kosten durchsickern:
419.213€ im Jahr 2007, 2008 waren es 475.523€“, nahm René Dosière, gutgelaunt zur
Kenntnis. „Mit dieser Antwort bemerkt man zudem, dass Jahr für Jahr die Zahl der Gäste
steigt: 2007 waren es 5 500, 2008 7050, und 2009 waren es 7 500“ fügt er hinzu. „Im
letzten Bericht des Elysée-Palastes über dieses Thema ist die Rede von einer Verminderung
der Unkosten pro Person um 11%. Doch dieser Bericht erwähnt nicht die Gästezahl
und die Gesamtunkosten, die noch nie so hoch lagen (...) Wirklich, im Elysée lautet das
Motto: immer mehr“, witzelt der Abgeordnete des Departements Aisne. Um den Groll der
Nation auf verschiedene Affären zu dämpfen hat jetzt Präsident Nicolas Sarkozy in einer
Zeit der Sparsamkeit, diese Garden Party, eines der Überbleibsel einer monarchistischen
Republik und die ihm nicht behagte abgeschafft. Endlich.
➜ Traduction insensée
A STRASBOURG, les travaux sont nombreux
autour du Pont de l’Europe et la circulation
vers Kehl/Rhein difficile. Des panneaux d’information
bilingues ont été apposés, côté
français. Bravo. Certes, il y a un os dans le
fromage, on lit : « Circulation alternée, Alternieden
Verkehr ». Was ist das ? Neudeutsch,
Denglisch ? Il paraît que le bilinguisme français-langue
régionale se porte bien chez nous.
Moins de cinq euros auraient suffi pour disposer
d’un texte correct en allemand.
➜ Combattre dans
l’armée française
LE SECRÉTAIRE D’ETAT aux Anciens Combattants,
Hubert Falco a fait remettre aux
« combattants de l’armée française 1939-
1945, en reconnaissance de (leur) action
pour la France » un diplôme. Le directeur de
l’office national des anciens combattants du
Bas-Rhin a souligné que « ce diplôme sera
remis à tous les combattants 39-45, y compris
les Incorporés de force dans l’armée allemande
». La formulation du diplôme est la
même pour tous les anciens combattants :
les Incorporés de force d’Alsace et de Moselle
seront remerciés pour avoir combattu
dans l’armée française ! C’est cela l’Histoire
avec un grand H et les mythes.
➜ Et un chaperon, un
LE PRÉFET du Bas-Rhin et de Région, sur
ordre des services parisiens, a souhaité participer
aux réunions des élus de l’Eurodistrict
CUS-Ortenau. La confiance règne. Ainsi
les élus alsaciens travailleront en réunion
plénière, voire en commission, sous l’œil inquisiteur
d’un préfet. Ni le Land de Bade-Wurtemberg,
ni l’Etat fédéral allemand n’ont de
telles exigences. Elus alsaciens pas adultes.
Des fois qu’il leur viendrait à l’idée de prendre
l’Eurodistrict tout à fait au sérieux dans une
République Une et Indivisible. Le grand rapporteur
de leurs faits, paroles et gestes à la
centrale parisienne veille. Vous avez dit l’œil
de Moscou ?
➜ Ca vient des Prussiens
LORS DU VIOLENT ORAGE du 6 juin dernier,
des coulées de boue ont à nouveau envahi
les rues de Mommenheim. Le Strenggraben,
le Minversheimergraben et le Gebolsheimerbach
ont débordé. C’est une infor

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mation sur la toponymie en direction de ceux
qui ne reconnaissent pas au Hochdeutsch
d’être une partie de la langue, à côté de
l’Elsässerditsch. Bien sûr, obnibulés par leur
antigermanisme, certains vont évoquer les
Prussiens, voire les nazis, les accusant d’avoir
importé ces dénominations. Hélas, elles se
trouvent dans le cadastre napoléonien commencé
en 1807.
➜ Pas à la hauteur ?
L'HEBDOMADAIRE L'Express a publié début
juin un palmarès des villes. Strasbourg se
situe au classement général à la 8e place,
Mulhouse à la 45e. Cette forme de classement,
utilisant ici 3 000 données, peut être
contestée. Strasbourg fait partie des métropoles
de plus de 500 000 habitants, bien
que la CUS ne compte que 450 000 habitants.
Il a fallu baisser le seuil du nombre
d’habitants des métropoles françaises à
450 000 pour y faire entrer Strasbourg lors de
la réforme des collectivités territoriales.
Les maires de Strasbourg de ces 20 dernières
années n'auraient pas été à la hauteur
des enjeux, et Fabienne Keller a «mal
joué la carte TGV en oubliant de construire un
quartier d'affaires autour de la gare ». Et Robert
Grossmann, son maire-délégué, blanc
comme neige ?
CLIC-CLAC
Plaques bilingues
Mise en place de plaques en dialecte
à l’entrée d'agglomération à Mulhouse.
A droite : Mme Evelyne Schmitt-Troxler
(sous le parapluie, also Barabli oder
Schirm), chargée de la politique linguistique
et Patrick Hell, un des créateurs
du site des plaques bilingues pour
Mulhouse (www.plaquesbilingues.fr)
Gibt es eine Gerechtigkeit?
HÄTTE DER STÜRMER der frz. Nationalmannschaft Thierry Henry nicht gegen Irland seine
Mannschaft mit einem Handspiel in die Endphase der WM katapultiert, wäre Irland in
Südafrika gewesen und Frankreich um eine Demütigung ärmer. Das Spiel der Franzosen
gegen Mexico war am 17. Juni miserabel. Die fußballbesessenen Mexikaner waren aus
dem Häuschen und die Franzosen gingen verdattert mit hängenden Köpfen vom Platz.
Dazu kam die verbale Explosion von Nicolas Anelka und am Sonntag, den 20. Juni die Rebellion
der Spieler. Das Spiel gegen die „Bafana, Bafana“ (Süd-Afrika) war einer frz. Mannschaft
wieder nicht würdig. Diese Spieler, die sich wie verhätschelte hedonistische Divas
benehmen, die sehr gut entlohnt werden, haben alles vermasselt. Dazu kommen noch die
Arroganz und die Provokationen des Trainers, und die Unfähigkeit des frz. Fußball-Verbunds.
Ist das Ganze ein Sinnbild vom heutigen Frankreich? Auf dem Mannschaftbus
stand „Tous ensemble pour un nouveau rêve en bleu „ (Alle miteinander für einen neuen
Traum in Blau). Es wurde daraus ein schwarzer Alptraum.
« Réparer une injustice »
LORS D’UNE VISITE-ÉCLAIR, « sans véritable ferveur populaire » (DNA 9.6.10) à Colmar,
le Président Nicolas Sarkozy, a voulu rendre hommage dans son discours aux Incorporés
de force dans la Wehrmacht et à l’Alsace.
Extraits : « Au-delà des souffrances que l’Alsace a partagé avec tous les Français du
fait de la guerre et de l’occupation, il y a une souffrance terrible qu’elle est la seule,
avec la Moselle, à avoir subie et qui a laissé dans le cœur de chaque Alsacien et de
chaque Mosellan une profonde et discrète blessure dont la douleur n’est pas éteinte…
Il fallait qu’un président de la République vint dire aux Alsaciens que leur douleur
est celle de tous les Français, parce que la France est indivisible et parce que
l’Alsace est française… Le silence qui s’est fait autour d’elle (l’incorporation de force
ndlr) n’a fait qu’ajouter à la douleur parce que ce silence était comme un soupçon.
Les Malgré-nous ne furent pas des traîtres. Les menaces de représailles qui pesaient
sur leurs familles ne leur laissaient pas le choix. Ce furent des victimes. Des victimes
du nazisme. Des victimes du pire régime d’oppression que l’histoire ait connu.
Les victimes d’un crime de guerre. »
Il faut le dire, certes, mais pourquoi si tard et un peu à la sauvette, entre deux avions ?
Les victimes survivantes sont déjà en paix avec elles-mêmes. Oublie-t-on les dizaines
de millions de morts du régime stalinien, du maoïsme, les massacres de Pol Pot ?
Land un Sproch 175 5

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Rencontre
6 Land un Sproch 175
L’Ecomusée se dévoile
C’est le moment des vacances intelligentes, d’un ressourcement, de sentir que l’on fait partie d’une chaîne de
générations qui ont œuvré sur ce territoire, appelé Alsace. PASCAL SCHMITT, directeur-général de l’Ecomusée
d’Alsace (Ungersheim) nous fait découvrir son musée de plein air unique.
Propos recueillis par François Schaffner
Il est dit que l’Ecomusée d’Alsace est un
musée hors du commun de par sa taille,
son site, ses activités, sa mission et son
fonctionnement en tant que village...
En effet, l’Ecomusée d’Alsace est un site exceptionnel,
le plus grand écomusée de France
et parmi les plus prestigieux en Europe.
L’histoire de l’Ecomusée d’Alsace est ellemême
singulière. Dans les années 1970,
l’association « Maisons paysannes d’Alsace
» a décidé de sauver le patrimoine architectural
alsacien en péril. En tout,
l’association a déconstruit et rebâti plus
de 70 bâtiments ruraux alsaciens sur un
terrain en friche des mines de potasse
grâce au concours de la commune d’Ungers
heim.
En 1984, l’Ecomusée d’Alsace ouvre ces
portes avec une vingtaine de maisons. De-
puis, plus de 6,5 millions de visiteurs ont
été les témoins de cette initiative. Sa triple
mission revendiquée par ses dirigeants en
fait un musée vivant exceptionnel : conservation,
commémoration et d’usage. Conservation,
car il regroupe de nombreuses
collections, parmi lesquels ces 70 bâtiments
ruraux alsaciens, sauvés d’une destruction
programmée dans leurs communes
d’origine, ainsi que des collections d’ob-
jets de la vie courante. Commémoration,
car on y célèbre, au rythme des saisons,
les fêtes religieuses et laïques qui rythment
la vie d’un village rural alsacien, et
on y présente les Arts et Traditions populaires
: artisanats, travail paysan... Mission
d’usage, car au contact de ces éléments
culturels du passé de notre région, les visiteurs
peuvent aussi s’interroger sur leur
vie présente et peut-être raisonner des choix
et des rythmes de vie autres pour vivre
mieux ou différemment leurs présent et
leur futur. En un quart de siècle, la faune et
la flore ont également repris leurs droits.
Imaginez, sur cet ancien terrain en friche
se côtoient désormais des jardins, des
champs et des cultures, forêt et rivière !
Maisons, fermes, ateliers d’artisans, gare,
chapelle, scierie, moulin, école… les bâtiments
de l’Ecomusée d’Alsace s’organisent
comme un village. Tous les jours,
bénévoles et salariés le font vivre afin de fai-

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re découvrir les Arts et Traditions alsaciens
et la vie d’un village au début du XXe siècle.
L’Ecomusée d’Alsace est un site participatif
qui propose des activités interactives,
permettant à nos visiteurs d’être les acteurs
de leur visite.
L’Ecomusée d’Alsace rencontre-t-il avec ses
ouvertures hivernales et printanières, avec
ses activités et présentations le succès attendu
? Quelles sont les nouveautés 2010?
Nos médiations rencontrent régulièrement
un grand succès. Le dernier événement en
date a été la Pentecôte. En trois jours, le
cortège du feuillu de Pentecôte (le Pfengscht
pflitteri) et la manifestation consacrée
aux chevaux de trait ont attiré plus de 5.500
personnes. Chaque année, nous étoffons
notre médiation par des nouveautés permettant
au village d’être toujours plus vivant.
Parmi les nouveautés de la saison
2010, retenons :
- Les samedis de l’artisanat et de la gastronomie
- Le barbier et sa boutique
- Les maisons habitées
- L’exposition « des vêtements et des
hommes »
Les samedis de l’artisanat et de la gastronomie
sont des rendez-vous mensuels,
respectivement les troisième et quatrième
samedis de chaque mois, pour faire découvrir
à nos visiteurs des artisans et des
professionnels du goût de la région qui
viennent partager quelques secrets et faire
découvrir leur art et leur travail. Dans ce
cadre, nous avons déjà accueilli un graveur
sur métal, un doreur à la feuille, une restauratrice
d’œuvres d’art, une créatrice
d’objets en tissus. Les prochains rendezvous
seront consacrés à la mode en septembre
avec cinq artisans (horloger,
éventailliste, costumière, gantière et perlier
de verre) et aux arts du feu en octobre
(joaillier, ramoneurs, damasseur, peintre
sur porcelaine, potier et perlier de verre). En
outre, de nouveaux « habitants » ont rejoint
l’Ecomusée d’Alsace. Une association de
coiffeurs mulhousiens exposent sa collection
d’objets anciens de barbier et coiffeur,
organisée telle une boutique.
Le projet 2009 /2015 de l’Ecomusée d’Alsace
prévoit de faire vivre les maisons tel
qu’autrefois : ainsi deux maisons du village
(la ferme de Sternenberg et la maison
ouvrière de Monswiller) sont régulièrement
investies et le mode vie d’il y a 100 ans y
est reconstitué.
Enfin, l’Ecomusée d’Alsace organise régulièrement
des expositions. En 2010, l’exposition
« des tissus et des hommes »
présente les vêtements traditionnels, de la
fabrication du tissu à ses usages quotidiens.
Quelle est l’origine des visiteurs, par
exemple en pourcentage ?
En 2009, l’Ecomusée d’Alsace a reçu
170.000 visiteurs dont 70% de français
parmi lesquels les Alsaciens représentent
26% des visiteurs. Les étrangers représentent
30% de la fréquentation. Les Allemands
(16%), les Belges (6%) et les
Suisses (4%).
L’Ecomusée d’Alsace veut s’inscrire dans le
Rhin Supérieur et mettre en avant la langue
-dialecte et Hochdeutsch- qui a été utilisée
en différentes circonstances par ceux qui vivaient
et travaillaient dans les maisons, les
granges et les autres ateliers de ce qui deviendra
votre village. Quelles sont les réalisations
déjà en place : signalétique
extérieure, brochures ? Quels sont vos projets
en voie de réalisation, notamment en
ce qui concerne la formation du personnel
salarié, des bénévoles ?
L’Ecomusée d’Alsace est un lieu majeur
pour la préservation du patrimoine maté-
riel et immatériel de l’Alsace ; de ce fait, des
actions ont été menées pour illustrer la pluralité
des langues dans notre région. La
plus visible est la pose de plaques de rues
en trois langues (français, allemand, alsacien)
dans tout le village. Cette mesure pilote
a également vocation d’exemple pour
les communes alsaciennes qui souhaiteraient
faire de même dans leurs propres
rues.
Afin de poursuivre cette action et de la densifier,
une exposition consacrée au bilinguisme
prendra place à l’Ecomusée
d’Alsace à partir de 2011 pour une durée
d’au moins cinq ans, en collaboration étroite
avec le Comité Fédéral pour le Bilinguisme.
Par ailleurs, le renouvellement de
l’intégralité de la signalétique muséale sera
l’occasion cette année de traduire en allemand
l’intégralité des informations à
destination des visiteurs.
Dans le domaine de l’animation, le personnel
de l’Ecomusée d’Alsace est bien
entendu à même de recevoir des groupes
de visiteurs de langue germanique. L’ensemble
des collaborateurs est invité à se
former progressivement à la maîtrise de la
langue allemande et/ou du dialecte alsacien
afin d’illustrer parfaitement la double
culture de l’Alsace dont l’Ecomusée d’Alsace
se veut le reflet.
Quelle sera votre conclusion ?
L’Ecomusée d’Alsace est un grand musée
vivant où se poursuit un travail de conservation
des éléments de la tradition de notre
région. C’est aussi un lieu au service de
notre région et de son image et / ou du
Rhin Supérieur car nous savons que nous
avons une culture qui nous lie au delà des
frontières et qui s’exprime avec deux cœurs
et deux langues. C’est pourquoi, l’Ecomusée
d’Alsace est disponible aux Alsaciens
pour poursuivre le permanent travail d’identification
et de transmission des éléments
de la tradition qu’ils vivent et partagent aujourd’hui
emplis de valeur, de choix culturels
et d’instants de fêtes.
Land un Sproch 175 7

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Redde m’r devon
Tout va bien pour l’enseignement bilingue
à Traubach et environs (Sundgau).
Sauf que des grains de sable
seraient semés dans les rouages. Nous ne
parlons pas du maire Dietmann de Manspach
qui s’oppose à la voie bilingue pour
des raisons qui n’ont rien de pédagogique.
On sait que la création du cursus bilingue
demandait une réorganisation du RPI des 4
villages de Traubach-le-Haut, Traubach-le-
Bas, Guevenatten et Sternenberg. En 2009,
les élus s’étaient enfin accordés pour maintenir
plusieurs écoles et y ajouter le cursus
bilingue. Ils ont voulu connaître le coût
de la rénovation des bâtiments existants,
sachant que le bilinguisme a emporté l'adhésion
de plus de 60% des parents, que
la question des sites scolaires multiples a
été plébiscitée par les citoyens lors d'un
référendum d'initiative locale. Les élus lancent
le projet de rénovation de l'existant, es-
8 Land un Sproch 175
Traubach : on grenouille ?
H I L L E B I L L E
J O S E P H S C H M I T T B I E L
Üssgehillebillt
Vor zehn Johr hawi zuem erschte Mol die Chronik gschriwe,
jetz isch de Moment reif fir e Schlusspunkt ze setze. Nix
bliet wie's isch un wer net üssdorre will mues sich ständig
in Fröj stelle.
Uff d'Hillebille (die europäisch Version vum afrikanische Tamtam)
hawi hoffentlich mit Widderstandsgeischt getrummelt. Es isch m'r
vor allem dodrum gange, all dänne d'Stirn ze biete, wie mit Blueme
in ihre Kanonerehr 's Elsass in de einsprochige Abgrund fiehre
welle.
Als eklatantes Beispiel unter döjsigi, will ich numme an e Gewählte
erinnere, wie in d'r Balladürkommission gsaat het: „L'Alsace
n'a pas de revendication particulière et veut suivre la voie des
autres régions françaises.“
Ich hab nix geje ihne persenlich, er isch jo numme einer unter hunderti
vun Politiker, wie mit eme Brett vorem Kopf un e Hirn wie
1918 uffgheert het ze funktioniere, zwische Rhinn un Vogese erumfuddle.
Awer wie kammer d'Elsässer, die wie noch ebs vun sich
un vun ihrer Sproch halte, dezue bringe nie widder fir so Litt ihri
timée à plus de 2 millions d'euros. Alors,
semble-t-il tout se corse. L’Education qui
n’aurait rien dit, ni pour l’ouverture d’un site
bilingue, ni pour le maintien de plusieurs
sites scolaires, aurait tout à coup émis un
avis défavorable au projet, ce qui mettrait
en danger une subvention de l’Etat de plus
de 800 000 €. Vengeance mesquine face
à des élus, des parents déterminés et enthousiastes,
car l’administration scolaire
aurait toujours considéré qu’un site bilingue
suffisait pour le canton de Dannemarie ? Le
Conseiller général Rémy With serait intervenu
auprès du préfet du Haut-Rhin et le
sous-préfet d’Altkirch aurait pris son plus
beau clavier pour adresser un courrier à
l’Education nationale, et à son supérieur
hiérarchique à Colmar, après avoir consulté
les élus, et en leur adressant une copie.
Certains d’entre eux en seraient restés
bouche bée. Le sous-préfet aurait fortement
conseillé à l'Education nationale de
revoir sa copie et aurait justifié cette exigence
en exposant les atouts du bilinguisme.
Balivernes ! Tout le monde sait que
l’administration scolaire ne cherche toujours
et partout que le bien des enfants
qui lui sont confiés, à favoriser le bilinguisme.
Stimm abzegänn? Ich weiß es net un wenn m'r net weiß soll m'r
's Müll halte.
Ich kann net widderchschriewe wie wenn nix wär un am End als
Kaution fir e Kültürmassaker dostehn, denn ich weiß, dass unseri
Kültür im e franzeesch-jakobinische Rahme net die geringscht
Chance het ze iwerläwe.
Odder kann m'r ebber verrote, wo un mit wem mini Kinder d'Sprooch
vun ihre Ürgroßväter im ajene Land emol redde wäre? Was nutzt uns
's „Derfe“ wenn 's „Kenne“ systematisch erstickt wurd?
Ich will jetz im Stille driwer noochdenke, welli Form e gewaltloser
Widderstand fir mich in Zuekunft annämme soll.
Ohne de François Schaffner hätt's die Chronik gar net gänn un
wohlbemerikt: er het mich immer vollständig frei lonn schriewe,
was fir ihne wohrschins net immer licht isch gsinn: merci Franz.
Im treje Frind Raymond Piela wie mich immer als erschter geläse
un verbessert het au e großer Merci.
Ich hab sogar die groß Ehr erlebt, mit minre Chronik im alemannische
Wikipedia zitiert ze wäre: Balsam fir min kleines Ego, dämm unbekannte
Redakteur wie e wunderscheens Basleralemannisch
schriebt, au merci.
http://als.wikipedia.org/wiki/Alemannische_Kolumnen
Dass es in dänne zehn Johr treji Läser het gänn hawi ab un zue mitgrejt,
bie all dänne will ich mich schließlich ganz herzlich bedanke.
Bis ball!

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Valeurs du bilinguisme
Docteur en linguistique et professeur
d'allemand, Gilbert Dalgalian est un
ancien directeur pédagogique de l’Allian
ce française et expert auprès de l'UNESCO.
Lors de l’Assemblée Générale de l’association
Eltern-Alsace (29 mai) qui s’est déroulée
à Sélestat, il a présenté les avantages d'une
éducation bilingue précoce. Extrait :
« L'âge propice de la construction du langage
s'effectue entre 0 et 7 ans. Le très jeune
enfant, dans sa famille ou à l'école maternelle,
se socialise en manipulant les signes
- les mots - et leur maniement selon les
usages du milieu ; qu'il le fasse en une seule
langue ou en deux langues ne représente
pas pour lui une quelconque difficulté. Il en
résulte une formation plus riche, une meilleure
maîtrise de la langue première et une ouverture
plus grande et plus rapide aux autres
langues par la suite. Le bilingue précoce est
déjà un plurilingue en herbe. Les enfants auront
ensuite une meilleure maîtrise de la
langue. Plus tard, les élèves pourront apprendre
deux langues supplémentaires. La
stratégie d'apprentissage est ainsi plus performante…
» DNA 30 mai 2010
Le président d’Eltern -Alsace, Claude Froehlicher,
PDG de 45 ans d’une société de services
avec des relations économiques
franco-allemandes importantes, a précisé dans
son discours : « Je n'encarte pas des militants,
mais des adhérents », et ses priorités
sont : « La création de sites bilingues en maternelle,
éviter au maximum la déperdition
entre l'entrée en maternelle et le collège (et)
le maillage le plus dense possible, au niveau
ABCM, nous voilà !
du collège », soit une généralisation du cursus
bilingue. «Le prochain goulet d'étranglement,
c'est les enseignants ». Il manque des enseignants
sachant enseigner l’allemand et
en allemand des matières comme les maths,
l’histoire-géographie, la biologie… L’Education
nationale refuse les Capes bivalents (Hoch
deutsch/langue régionale, une matière
enseignée dans cette langue) et un concours
spécifique afin que les locuteurs natifs en allemand
puissent avoir une chance de le réussir.
Il ajoutait: « On n'est plus dans les conflits,
qui ont été nécessaires à une époque pour
que ça bouge, on est dans le partenariat »,
conclut-il.
Mais l’Education nationale n’ouvre pas de
cursus bilingue dans les collèges de
Marckolsheim et de La Wantzenau, malgré la
détermination des parents pour le premier et
celle des élus municipaux et des parents
pour le second. Mais elle a reculé devant la
pression des parents, des élus et des associations
pour augmenter le nombre de place
disponibles en section Abibac à
Haguenau. Il y a avait plus de 60 candidats
avec des avis très favorables ou favorables,
quelques avis réservés, pour 30 places. Le
succès était au bout des efforts des uns et
des autres. Grâce à l’ouverture d’une seconde
classe Abibac, comme au Lycée Bartholdi
à Colmar, tous les 60 venant de
Haguenau et des collèges voisins ont été
acceptés. Allons-nous vers une démocratisation
de la filière Abibac, qui comprend de
nombreux élèves issus de la voie bilingue
paritaire ? Qu’en pensent les parents
d’élèves bilingues de Barr ?
Le vice-président de l’Union Alsacienne de New-York, Benoît Meister, a remis un don de
7200 € à l'association Les Misela qui, à Bindernheim près de Sélestat, accueille 53 élèves
et qui fait partie d’ABCM-Zweisprachigkeit. Ce don aidera à financer les nouveaux locaux
qui seront aménagés dans la commune voisine de Muttersholtz. L'école scolarise les enfants
depuis la maternelle jusqu'au CM1. Elle ouvrira une classe de CM2 à la rentrée 2010
dans des bâtiments exigus, qui vieillissent. Le déménagement aura lieu dès que les nouveaux
locaux seront prêts. Cette école accueille des enfants venant d’une quinzaine de Communes
sur les 2 rives du Rhin, 45% des enfants viennent du Pays de Bade, certains enfants
font plus de 20km de trajet pour la fréquenter. « Une région qui perd ses racines perd
aussi son âme », a affirmé Gérard Simler, Conseiller général, qui s'est exprimé en dialecte
afin de remercier les hôtes d'Amérique. Il a aussi encouragé l'association et rappelé que
le Conseil Général du Bas-Rhin participe au fonctionnement de l'école.
Des problèmes de
réception persistant à
Wissembourg
« Imaginez qu'en mettant un morceau de fil
de fer sur la sortie d'antenne d'un téléviseur
on arrive à capter toutes les chaînes de la
TNT allemande, alors qu'avec une antenne
râteau orientée à vue vers l'émetteur de Wissembourg
on ne capte pas les chaînes françaises
», commente Christian Gliech, maire
de Wissembourg en interpellant les représentants
du CSA et TDF lors d’une récente
réunion du comité consultatif du GIP France télé
Numérique. « Comment pouvez-vous parler
d'un problème de réception alors qu'il s'agit
clairement d'un problème d'émission ? ».
WM: Sprachlich fit die
Schweizer
Bei einer Pressekonferenz, Mitte Juni, hat
der Verteidiger der Schweizer Fußballmannschaft
Philippe Senderos zu der 1. Frage der
Journalisten auf Französisch geantwortet, zu
der 2. auf Hochdeutsch, auf Spanisch für
die 3., auf Italienisch auf die 4. Und auf Englisch
auf die 5. Und so ging es weiter. Also
in drei der vier nationalen Sprachen der
Schweiz. Auf Schwyzerdütsch hätte ihn kaum
jemand in Südafrika verstanden. Dieser
Schweizer spanischer Herkunft spielte in Eng
land zuerst in Arsenal unter Arsène Wenger,
jetzt in Fulham. Hoop Schwyz !
Nous sommes
tolérants
Michael Carter, citoyen britannique et français,
habitant dans une ferme à colombages
à Lipsheim, est le directeur général de Socomec
dont le siège se trouve à Benfeld.
« C'est aussi pour la situation transfrontalière
et le biculturalisme que j'apprécie d'être
en Alsace. La France est un pays perfectionniste
par rapport à sa langue. A Paris,
on vous regarde de haut si vous ne parlez
pas parfaitement le français. En Alsace, le bilinguisme
entraîne la tolérance à l'erreur,
c'est pour ça que je m'y suis senti tout de
suite à l'aise ». Il est assez plaisant d'entendre
Michael se définir désormais, avec
cet accent britannique dont il n'arrivera sans
doute jamais à se défaire, comme un « Alsacien
né en Europe ». Et adopté par l'Alsace,
of course ! DNA 20.6.2010.
Land un Sproch 175 9

LUS_175:LUS_175 28/07/10 14:33 Page 10
Redde m’r devon
François Loos : revitaliser
l’économie alsacienne
Arbeitslosigkeit
Nach der vorübergehenden Verringerung
im März 2010, stieg die Arbeitslosenzahl
wieder an. Im Elsass legte die Zahl
der Arbeitssuchenden - Teil- oder Kurzarbeit
nicht einbezogen- im April um 1,3% zu. Der
Anstieg fiel im Niederelsass (Bas-Rhin) mit
1,4% ein wenig stärker aus als im Ober -
elsass (Haut-Rhin) (1,2%). In einem Jahr
stieg die Arbeitslosigkeit in der Region um
6,2%, was eine heftige Prozentsatzerhöhung
bedeutet. Die Arbeitslosigkeit der
Frauen war stärker als die der Männer. Bei
den Jungendlichen unter 24 Jahren stieg
in einem Jahr die Arbeitslosigkeit um 29%.
Trotzdem kam es in den letzten 12 Monaten
zu einem Anstieg der Stellenangebote
um 31%. Hier zeigen sich die Folgen einer
mangelnden oder falschen Ausbildung und
einer trotz steigender Zahl der zweisprachi -
gen Klassen generell zurückgehenden regionalen
Zweisprachigkeit. Schönen Dank
an die Schulverwaltung, die innerhalb 65
Jahren die Regionalsprache mit allen Mitteln
zurückgedrängt hat.
10 Land un Sproch 175
La CCI de Colmar a invité début juin le député, vice-président du
Conseil régional et ancien ministre afin d’évoquer le futur économique
en Alsace.
Sachant que le chômage a augmenté de 38% entre 2008 et février
2010, que l’industrie alsacienne a perdu en 2009 14% de son chiffre
d’affaires, François Loos a tracé quelques pistes stratégiques. Il a considéré qu’à côté
de la forte montée du secteur tertiaire, il faudra toujours de l’industrie, car elle « exporte
et innove ». Il regrette la faiblesse de la recherche privée en Alsace et préconise
une politique de soutien à des secteurs-locomotives à organiser en filières et groupements
(voiture électrique par exemple, bois agriculture, maison basse consommation…) afin
que l’Alsace y soit région-pilote.
Il faut renforcer les capitaux propres des entreprises. Enfin l’attractivité de l’Alsace est
en berne : « On n’est plus à la hauteur. Il faut développer l’économie numérique avec le
très haut débit, renforcer les filières de formation technique, l’apprentissage de l’allemand,
conforter l’excellence universitaire dans le Rhin Supérieur… » DNA 12.06.2010.
Mais comment veut-on mettre en place une coordination trinationale serrée pour le tourisme
dans le Rhin Supérieur, sans qu’en Alsace, la maîtrise du Hochdeutsch soit opérationnelle
?
Tendenz steigend
Bei unserem Nachbarn Baden-Württemberg
sind Tausende von Stellen für Azubis („Auszubildende“)
noch frei. Unternehmen sind
sogar bereit, unseren Jugendlichen Deutsch
kurse anzubieten. Die Badische Stahlwerke
in Kehl bilden seit Jahren Azubis aus
dem Elsass aus, die dann eine Stelle finden.
Beiderseits des Rheins wird es den
BIP ("Bruttoinlandsprodukt") steigern.
Le Parlement européen
défend les langues
minoritaires
En mars 2010, les parlementaires et des
universitaires sont d'accord pour définir
une stratégie commune qui dépasse les frontières
et les idéologies afin de faire admettre
le multilinguisme, dont le bilinguisme fait
partie, comme un droit démocratique intangible
des citoyens européens. Et dans l'amphithéâtre
Petra-Kelly, du nom de l'activiste
de la paix fondatrice du parti des Verts al-
lemands, des députés européens n'hésitent
pas à qualifier la journée d'historique. Pour
la toute première fois au Parlement européen
à Bruxelles [et à Strasbourg ?], des interprètes
ont traduit aussi le catalan et le
gallois, deux langues qui ne sont pas officiellement
reconnues par l'Union européenne.
Cette première confirmait le succès,
politique et médiatique, du séminaire intitulé
« Diversité linguistique : un défi pour l'Europe
» organisé par le groupe ALE. L’ «Alliance
libre européenne » est composée de sept
députés de Catalogne, Corse (François Alfonsi),
Pays de Galles, Ecosse, Flandres (Belgique),
Russes de Lettonie. Elle réclame un
statut de langue officielle pour le catalan, le
basque, le galicien, le gallois, le gaélique
écossais, et des « mesures fortes » pour
soutenir les langues en péril, le corse, le
breton, l'écossais et l'occitan en priorité. Et
l’allemand et ses variétés dialectales en Alsace
et en Moselle ?
Siemens et
l’énergie éoliennes
Que fait un grand groupe lorsqu’il se
retire de l’EPR (centrale nucléaire nouvelle
génération) d’Areva ? Siemens affiche
ses ambitions sur le marché éolien afin
d’anticiper la croissance future et mondiale
de l’énergie éolienne, Siemens affirme
son objectif de devenir l’un des principaux
fournisseurs mondiaux de turbines éoliennes.
« Le marché mondial de l’énergie
éolienne enregistre une croissance annuelle
de 12 %. Nous entendons croître sensiblement
plus vite que le marché pour en
devenir l’un des trois principaux fournisseurs
d’ici 2012. » affirme l’un de ses responsables.
Siemens a déjà réalisé 10 parcs
éoliens offshore. L’entreprise a conclu en
Allemagne un contrat pour le parc éolien
offshore Baltic, pour 6 parcs éoliens en
Amérique du Nord et le plus grand parc éolien
terrestre européen en Ecosse. Le potentiel
de l’énergie éolienne offshore en
Europe est estimé à près de 70 GW, soit la
moitié de la capacité des centrales électriques
actuellement installées en Allemagne.
A l’heure actuelle, seul 1,5 % de
ce potentiel est exploité. L’énergie éolienne
fait partie du Portefeuille environnemental
de Siemens, grâce auquel le Groupe
a réalisé à l’exercice 2009 un chiffre d’affaires
de 23 milliards d’euros.

LUS_175:LUS_175 28/07/10 14:33 Page 11
A découvrir
La toponymie
noyau dur d’une langue
Les vacances sont là, les randonnées, les sorties aussi. Autant
connaître alors la signification des noms de lieux-dits, des montagnes,
du paysage façonné par des dizaines et des dizaines de
générations, afin de ne pas se laisser influencer par des erreurs
comme le Lac des Truites, ou la Tombe à Boenlé, traduction qui
fit fureur, il y a quelques décennies.
Les habitants nomment leur environnement
Glockburne (fontaine ou source à la cloche), c’est un lieu-dit. Wolfs
grube (fosse au loup) un autre. Le premier s’appuie sur une légende
qui veut que des villageois aient enterré, lors du passage
d’une armée, la cloche de leur église dans une source ; le second
atteste la présence des loups.
Ce sont deux toponymes. La toponymie recherche l’origine et le sens
des noms des localités, des lieux-dits, tout en étudiant leur transformation.
Elle est une composante des sciences du langage. En
Alsace, la grande majorité des toponymes, noms de localités, de
lieux-dits, noms cadastraux, ruraux, forestiers ou urbains portent
témoignage de l’appartenance de notre région à l’aire germanophone
depuis 15 siècles. Les plus anciens noms germanophones
remontent à la migration des peuples germaniques, à l’installation
des Alamans et des Francs en Alsace au Haut Moyen Age.
D’autres dénominations germanophones sont nées ultérieurement,
certaines du 18e au 19e siècle.
Comme dans une grande partie de l’Europe, des toponymes d’origine
celtique, romaine se sont maintenus. Les populations qui se
sont installées les ont transformés. Certains sont situés sur les
collines sous-vosgiennes. Dans le vignoble, des termes latins survivent
dans Pfurke (furca), Pichter (pectura, clôture), Schemel (scamillum)…
Quelques noms d’origine celtique
Barro (sommet) donnera Barr et dunum (hauteur), le Donon. De cambo
(méandre) viendra Campiduna, Cambitz, Cambete, puis Kembs,
localité située près du Rhin au nord de Huningue entre Mulhouse
et Bâle. De magos (champ, marché, bourg) naîtra Brocomagus,
Inscription Vosego
(Busenberg près de
Dahn/Pfälzerwald)
Photo RG
Le finage de Fessenheim (Kochersberg) in « La vie rurale dans
la plaine de Basse-Alsace » d’Etienne Juillard, 1953
puis Brumath. Rate (forteresse) donnera Argentorate, puis
Argentoratum avant de devenir Strateburgum puis Strassburg.
Argent (marécage) se retrouve dans Argentaria, Argentovaria,
aujourd’hui Horburg/Horbourg. Pour les cours d’eaux : Rhenos,
Rhin; Brusca : die Breusch/la Bruche ; Larga : die Large/la Largue ;
Tur : Thur; Illa, Ill. Vosegus, dieu forestier, repris par les Romains,
a donné sont nom aux Vosges/die Vogesen.
Quelques noms d’origine latine
Certains sont dérivés de dénominations celtiques (acos devenant
en latin acum, acus) : Rubiaco devenant Rufach, Rouffach. D’autres
sont authentiquement latins : Piretum (endroit planté de poiriers
a donné Pfirt/Ferrette, Columbarium (colombier, columbarium…)
donnera Colmar en français et en allemand. Tres Tabernae (les
trois tavernes) au pied d’une zone de franchissement des Vosges
deviendra Zabern/Saverne.
Le suffixe de villare (ferme, village) va continuer à vivre sous la forme
germanisée de wilre, weiler, weier (Reichenweier et Ammerschweier
devenus respectivement en français Riquewihr et
Ammerschwihr, Scherrweiler/Scherrwiller (village sur la Scheer).
Puis le terme weiler sera utilisé plus largement et les toponymes
en weiler devenant actuellement les willer.
Des noms germaniques rappellent les périodes celtique et romaine.
Le terme de Heide (païen) apparaît dans Heidenmauer
(Frankenbourg, Mt Ste Odile), Heidenstadt (oppidum près d’Ernolsheim/Saverne),
Heidenweg (Hautepierre) ou pour d’anciennes
routes romaines.
L’installation des Alamans et des Francs
La colonisation de Germains commença avant la migration des
peuples au 5e siècle. Elle deviendra plus massive et plus rapide
à partir de cette période. Les Alamans, puis les Francs s’installent
avec leurs mœurs, leur langue, leur culture. Ils bâtissent de nouveaux
villages de plus ou plus nombreux qui font naître de nouveaux
toponymes germanophones, ils transforment ou abandonnent les
anciens dès le 6e siècle. On peut admettre que les noms de lieux
se terminant par ingen, heim (maison, village), stetten, hofen, lar,
Land un Sproch 175 11

LUS_175:LUS_175 28/07/10 14:33 Page 12
A découvrir
mar sont antérieurs au 8e siècle . Plus tard, viendront les dénominations
dont la terminaison évoque souvent un élément naturel :
bach, bronn, feld, thal, hart. Ils datent soit du Haut Moyen Age,
soit du 11e et du 12e siècle.
Après 1650, le repeuplement à la suite de la guerre de Trente
Ans a surtout été germanophone (Suisse, Tyrol…). Certaines
contrées sont passées de l’aire linguistique germanophone à l’aire
francophone sans que les toponymes changent. Dans le Val de
Villé, Breitenau, Steige, qui évoque la montée vers un col (verbe
steigen) sont en zone romane, tout comme Schirmeck, Rothau,
qui évoque un herbage obtenu par défrichement, dans la vallée
de la Bruche.
Des noms sont d’origine religieuse: Altkirch (église en hauteur ou
église remontant aux premiers temps du christianisme), Feldkirch
(église dans les champs), Neukirch (Neuve-Eglise), Illkirch (église près
de l’Ill) ou encore Kirchheim, Kirberg, Kirrwiller.
Münster est emprunté au latin monasterium : Münster, Masmünster
(Masevaux), Maursmünster, vient du nom d’un de ses premiers
abbés : Maurus (Marmoutier), Zell est un ermitage ou un prieuré :
Berghofzell, Zellenberg. Bischof (évêque, du latin episcopus) se
retrouve dans Bischheim, Bischwihr, Bischoffsheim. Pfaff (ecclésiastique,
curé, moine) a donné Pfaffenhoffen et Pfaffenschlick,
un col des Basses Vosges entre Lembach et Soultz-sous-Forêt
(Schlick étant un passage). Mönch (monacus,
moine) a formé plusieurs noms
Münchhausen/Munchhouse, Menchhoffen.
Les noms en kreuz (la croix) ont
donné plusieurs toponymes comme Heilig -
kreuz (Ste Croix-en-Plaine). Les noms
mentionnant des saints ne manquent
pas, Dompeter ou Domfessel (Dominus),
puis Sankt (saint) St Pilt/St-Hippolyte.
Dammerkirch/Dannemarie vient de Do-
Dompeter
mina Maria.
Des noms de villages apparaissent
Les chartes de donation de l’abbaye de Wissembourg
270 chartes de donations ou de vente au bénéfice de l’abbaye
de Wissembourg sont conservées. Le texte de ces chartes rédigées
entre 661 et 864 (VIIe au IXe siècle) fournit la première mention
écrite du nom de localités du nord de l’Alsace et des régions voisines
surtout. Il s’agit de localités où sont situés les biens qui
font l’objet de donation ou de vente au monastère. Quelques
exemples de dénominations de l’époque franque :
Villa Gairoaldo (661) = Goerlingen (près de Sarrebourg)
Villa Gerleihes (695) = Goersdorf (au IXe siècle Gerleihesdorf,
près de Woerth)
Villa Haganbach (713) = Waldhambach (près de Sarre-Union)
Batenandovilare (734) = Betschdorf (près de Soultz-sous-Forêt)
Suinderadovilla (736) = Schwindratzheim, près de Hochfelden)
Uuihereshaim (774) = Weyersheim (près de Brumath). Dans une
lettre de Charles le Chauve au monastère de Honau (884), il est
question de Wieresheim.
Lonenbuah (860) = Lembach
12 Land un Sproch 175
L’exemple d’une charte de donation
à l’abbaye de Wissembourg (860)
Le texte original est en latin :
Carta Meginhelmi et uxoris Engilmuat
...ego in Christi nomine Meginhelm et conjux mea Engilmuat donamus
res proprietatis nostrae ad monasterium Wizenburg in pago
Spirenze super fluvium Lutra (…) ubi dominus abba Grimoldus
praeesse videtur.
Hoc est quod donamus in pago Alsacinse et in marca Lonenbuah
et in marca Zuzenheim et in Munenberge (…) pro remedio animarum
nostrarum et pro anima Thioterici et Velie (…) Acta in
monasterio, nonas octobris die lunis, regnante Ludevico juniore
in parte orientalis Franciae anno XXVI.
Traduction :
Acte de donation de Meginhelm
et de son épouse Engilmut
Moi, au nom du Christ, Meginhelm et mon épouse Engilmut donnons
nos biens à l’abbaye de Wissembourg (Wizenburg), qui est
située dans le Speyergau, sur la rivière Lauter (…) et qui est dirigé
par l‘abbé Grimold.
Ce que nous donnons, se trouve en Alsace, dans la marche de
Lembach et dans celle de Zutzendorf et au pied du Mohnenberg
afin d’assurer notre salut et celui de Thioterich et de Welia. (…)
Fait au monastère le lundi 7 octobre dans la 26e année du règne
de Louis le Jeune dans la partie orientale de l’empire franc (7 octobre
860 ap. J-C)
Ainsi, la charte fournit deux noms de localité, Lembach et Zutzendorf,
ainsi qu’un toponyme, le Mohnenberg, hauteur boisée voisine
de Lembach. Ce toponyme est donc attesté dans un
document écrit dès le 9e siècle. Lembach est mentionné dans
d’autres chartes dès le 8e siècle (745). Cette charte est datée,
non pas à partir de la naissance de J.C., mais à partir du début
du règne du souverain : « Louis le Jeune », c’est-à-dire Louis le
Germanique (805-876). Celui-ci fait débuter son règne en 834.
La signification de quelques toponymes
Hoerdt viendrait de Herden (foyer) ou de Herde (troupeau). La commune
est citée pour la première fois en 1192.
Gries : le premier document mentionne la commune en 826 sous
le nom de Gerareshusa. Le nom viendrait du patronyme Gerhard.
Kurtzenhouse vient du patronyme Curzo et de Haus(en)
Weitbruch est citée pour la première fois en 743 sous le nom Uicco
brocho (village situé dans un lieu marécageux ou à une bifurcation
de chemin). Puis ce sera Wibbruch. Le nom de Weitbruch est,
semble-t-il, unique dans l’aire germanophone.
Truchtersheim : ce toponyme désigne à l’origine la résidence du
seigneur du lieu. Chez Otfried dans son « Liber Envangeliorum,
« Truchtin Jesus » désigne le seigneur Jésus. Plus tard, au Moyen
Age, c’est un titre de noblesse, celui d’un grand seigneur à la cour,
le Truchess ou sénéchal.

LUS_175:LUS_175 28/07/10 14:33 Page 13
Le nom de Rott est en rapport avec les défrichements effectués autour
de l’abbaye de Wissembourg afin d’agrandir l’étendue des
terres arables (cf. en alld. roden = défricher)
Les lieux-dits, voire les noms de localités, évoquant l’eau sont
les témoins de la lutte incessante des paysans contre l’eau pour
rendre les terres cultivables. Les fontaines, les sources sont rendues
par bronn, (Pfaffenbronn, Oberbronn, Niederbronn), burn,
brunn(e) (Kindsbrunne-n), Ursprung. Woog (Roeschwoog, roselière
près de l’eau), Sod (Sodbronn) se classent dans cette catégorie,
ainsi que Fliess, Lache, Pfütz, Pfuhl (Entenpfuhl), Suhl (die Suhle,
bauge des sangliers), mares et bourbiers, Schlatt, Schlett, Schlutt
(Schluttfeld), bras d’eau et Werd (Saar-werden/Sarrewerden), Werth,
Woerth, Woerth(el) sont des îlots dans le lit d’une rivière. Les
Rieds (Riedgraben) et les Bruch (Bruchfeld, Heckenbruechel) sont
des zones humides. Avec le suffixe bach, il est question de ruisseaux,
de torrents, de rivières (Strengbach).
Les différents reliefs se nomment en berg ou kopf, Bastberg, Hohberg,
Muesberg, Altenberg (montagne, colline élevée), Schelmenkopf,
Hochkopf, Winterhald, Hölle (die Halde), Bühl, Taubenthal,
Bilsteinerthal, Teich (dépression) Klamm (Offenheimer Klamm) ou
rain (Schiessrain). Dans les Hautes -Vosges se trouvent les Wasen
(Kahlenwasen, Schmelzwasen) ou hautes-chaumes, les First
(Hilsenfirst), sommets. Ebne (die Ebene), Gelände, Platz, Boden
ou Schlichte désignent des terrains plats.
Les animaux sauvages sont bien présents : Wolfganzten, Wolfs -
grube, Wolfshoehle, Wolfloechel, Lerchengesang, Sauloch (sanglier),
les ours (Baerenfels, Baerenkopf).
Lieux-dits et société rurale
La société rurale de l’époque féodale a très tôt forgé les toponymes
des territoires communaux. Les tenures paysannes sont
les Hube, la réserve seigneuriale, exploitée par les villageois, est
indiquée par Herrenacker, Bannholz, ou encore par Frohnholz (Frohn
désigne la corvée), Frohnackerhof, Frohmühl(e), le moulin banal. Les
pâtures, fourrés et bois de la communauté villageoise sont nommés
Allmend, Niederwald, ou Breitmatte.
Fronhof de Kutzenhausen (1563).
Gravure de Henri Bacher
(1924).
La vie religieuse du Moyen Age apparaît dans Heiligenbühl, Seelgerät,
Cluse, Clausmatt ou Klausmatt, Klausthal, Kammerhof. Les
défrichements ordonnés par les seigneurs, les monastères, les
évêques du 9e au 14e siècle sont reconnaissables aux dénominations
en reuten (roden = défricher), Reutenbourg,Gereuth (Neubois),
Grittwald, rod (Hohrod), roth, rot (Rotenberg), rödern
(Nieder/Oberrödern), Kallenberg. Mais aussi en schwand, sang,
brand, stock, reit. Peu à peu, forêts, broussailles, terres incultes
reculent devant la hache et la charrue des paysans.
Plaque de rue à Hochfelden
Du centre du village vers les limites du ban
En partant du village vers les limites du ban communal, vous traversez
d’abord les Büne et Bitze, formés de jardins, avec des
plates-bandes de légumes, de choux, des chènevières (chanvre) ou
de linières ou Flachsland (champs du lin), de vergers et de petits
vignobles, Rebgärtel, Rebbergel. Ces parcelles sont souvent encloses.
Viennent ensuite les terres cultivées, les plus anciennes
sont les Straenge, in den Straengen, (longues lanières de terre) qui
attestent de la présence de l’assolement biennal ou triennal. Les
soles s’appellent Oberfeld, Mittelfeld, Niederfeld. Les champs laissés
en friche plus ou moins temporairement, avec la rotation des
cultures (blé d’hiver, céréales de printemps, jachère) ont pour nom
Brachfeld ou Egerte. Les prés, parfois Grossmatt, sont souvent
cantonnés dans des zones humides, les Aue, Brühl, ou encore
Anger, Wange. Le troupeau communal (oies, canards, porcs, chèvres,
bovins, chevaux) part paître sur les terrains communaux, Gensbiehl,
Sauwasen. Parfois dans des forêts appelées Hardt. Le Lëger
ou Läger, le Kuhlaeger, le Ochsenlaeger (près de Klingenthal)
sont des arbres isolés, des bosquets où le bétail trouve un abri
contre la chaleur estivale, le mauvais temps. Aux limites du ban
communal, au contact des forêts se sont installés les Eckmatte,
les Winckelmatte ou des dénominations en bruch. Il y a même des
Teufelsloch ou Teufels ort.
Les plaques de rues
bilingues dans les
3 expressions de nos
deux langues ont été
mises en place par le
maire Jean-Daniel
Zeter (aujourd’hui vice
président délégué du
Conseil Général du
Bas-Rhin) et son
Conseil municipal.
Stutzheim-Offenheim.
Land un Sproch 175 13

LUS_175:LUS_175 28/07/10 14:33 Page 14
A découvrir
Ces champs et prés comprenaient des constructions isolées, des
chapelles, Kapelle, Betbur, Kirchhof, Badhiesel (chapelle avec une
source, un baptistère), Zell (ermitage). Gutleuthaus (léproserie), Gutleutrain
(au-dessus de Barr vers le Moenkalb), Badstub, Herberge,
Meierei (ferme, métairie) dont certaines avaient une fonction économique,
Glashütte, Wingener Hütte, Kalckofen, Walck, Pottschplatz,
Kohlhuette, et tous les noms en Mühle pour les nombreux moulins.
14 Land un Sproch 175
Les chemins
Les chemins avaient des noms particuliers, Kapellenweg, Hengst -
weg, Viehweg, ces derniers se dirigeant vers les pâtures communales.
D’autres indiquaient leur utilisation, Totensteg, Kirchgässel,
Leich(en)weg. Certains ont une origine ancienne, militaire, Heidestraesel/strasse,
Koenigstrasse, Burgstrasse, Heerweg, d’autres
parlent de Steige, la plus connue la Zaberner Steige/Zawere Steig
(montée au col).
Les contrées romanes
Les contrées romanes d’Alsace - on y parle welche, patois ou roman,-
présentent des lieux-dits comme Giragoutte, les Evaux, Basse-Baroche,
les Granges, l’Etang, les Vieux Champs, le Gras
Le maire de Dannemarie et son Conseil municipal
ont affiché une dénomination trilingue
sur la façade de leur mairie. A la fois pour indiquer
que le bilinguisme conduit au multilinguisme
et pour éviter à des touristes
anglophones de confondre un Hôtel de Ville
avec un hôtel tout court.
Offwiller
Ecomusée d’Alsace. Plaque en dialecte
roman (La cour de l’école).
(Labaroche), ou la Blanche Maison, les Aviats (Urbeis), le Blanc
Noyer, Grande Basse (Lalaye/Charbes), la Hingrie, dans le Val de
Villé. Sur la limite linguistique, la double dénomination est fréquente
: Geisfelsen/Rocher des Chèvres, Rocher des
fées/Hexenfels, Aubure/Altweier, Ste Marie-aux-Mines/Markirch,
Charbes/ Mittelschaer.
Historiquement, depuis l’annexion de l’Alsace à la France entre
1648 et 1697 et jusqu’à la Révolution de 1789, l’Ancien Régime
n’a donné de noms français qu’à de nouvelles créations militaires :
St Louis près de Bâle, Neuf-Brisach face à Alt-Breisach, Fort-Louis
près du Rhin, Lützelstein, place militaire, devient La Petite-Pierre.
Straßburg sera aussi Strasbourg et Rappoltsweiler/Ribeauvillé.
Les sires de Ribeaupierre/Rappolstein et les ducs de Lorraine
francophones possédaient de nombreuses mines dans la Vallée
de Ste Marie aux-Mines. La francisation de nombreux toponymes
et noms de rues débutera après 1793.
Une population ne vit pas sans attaches. Elle a façonné le paysage
avec sa langue, sa vision du monde, sa culture en donnant
des noms aux lieux, aux collines, aux montagnes, aux portions de
plaine, aux forêts, aux rivières. Les toponymes sont tous chargés
de sens et forment le noyau dur d’une langue. Même s’ils évoluent,
ils conservent une signification, un sens qui dépasse la durée
d’une génération. Ils permettent de ne pas rompre la chaîne des
générations, ils nous mettent en relation avec ceux qui nous ont
précédés. La connaissance des toponymes est un moyen de promouvoir
un patrimoine linguistique vivant, de surmonter le sentiment
de déracinement, celui de n’être de nulle part.
fs

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A l’Ecomusée d’Alsace
Als um 1990 der Straßburger Gemeinderat unter Catherine
Trautmann zweisprachige Straßenschilder ins Auge fasste,
stellt sich sofort die Frage der dabei zu verwendenden sprach
lichen Form: Mundart oder hochdeutsche Schriftsprache? Die
Entscheidung fiel zugunsten der Mundart. Seither haben immer
mehr Gemeinden eine zweisprachige Beschilderung ihrer Straßen
und Plätze, und auch der Ortschaft selbst, eingeführt. Fast immer
erscheint der „regionale“ Name in Form des Dialekts.
Man muss sich dabei die Frage stellen, warum der Dialekt so allgemein
bevorzugt wurde auf Kosten der deutschen Schriftsprache,
und ob diese Wahl auch sinnvoll ist.
Warum wird der Dialekt
im allgemeinen bevorzugt?
Ausschlaggebend bei der Wahl des Dialekts ist die Art Panik, die
viele Elsässer erfasst, wenn sie denken, sie könnten für „Deutsche“
gehalten werden. Solch ein Gefühl war in den ersten Nachkriegs -
jahren sicherlich gut zu verstehen. Aber mehr als sechzig Jahre
später, und nach einem halben Jahrhundert deutsch-französischer
Freundschaft ist es gar nicht mehr selbstverständlich. Allerdings
hat es inzwischen nicht an „Wächtern“ gefehlt, die jedem, der die
angestammte Sprache schützen und pflegen wollte, sofort „schändliche
(wörtlich : „unzugebbare“) Sehnsüchte“ oder gar „Pangeranismus“
(Hang zum Alldeutschtum) unterstellten. Etliche schreckten
auch vor Fälschungen und Lügen nicht zurück: ist die deutsche
Sprache im Elsass nicht etwa erst nach 1870 vom deutschen
Kaiser reich eingeführt worden? ist der elsässische Dialekt wirk -
lich deutsch? Handelt es sich nicht um etwas Grundverschiedenes,
vielleicht Gallisch...?
Bekannte Fakten,
oder solche, die bekannt sein sollten.
Wir wollen also Einiges wieder einmal klarstellen. Deutsch ist im
Elsass, unter der Form alemannischer - ganz im Norden oder Nordwesten
fränkischer - Mundarten wenigstens seit der Zeit Karls des
Großen (Charlemagne, Anfang des 9. Jh.) gesprochen worden.
Diese Mundarten sind ungefähr die gleichen, die in den benachbarten
deutschen oder schweizerischen Gegenden gesprochen
werden, und dort weiß jedermann, dass es Deutsch ist, sei es
auch „Schwyzerdütsch“. Unsere Großeltern und ihre Vorfahren,
jedenfalls die, die schreiben und lesen konnten, schrieben und
lasen Deutsch. Seit dem 18. Jh. hat ein Teil der wohlhabenden
Bourgeoisie auch Französisch dazugelernt, bediente sich aber im
täglichen Leben weiterhin der Mundart, und beherrschte auch die
schriftdeutsche Sprache. Die öffentlichen Geburts-, Heirats- und
Zu den zweisprachigen Namen
der Straßen und Ortschaften
Taufbrief. Imbsheim 1860
Sterbeurkunden sind im französischen
„état-civil“ (1793-1871 und
nach 1918) fast alle auf Französisch
verfasst, aber die kirchlichen
Register, soweit sie nicht mehr auf
Lateinisch waren, sind lange noch
deutschsprachig geblieben. Auch
die persönlichen Briefe wurden bis
Mitte des 20. Jh. meistens auf
Deutsch verfasst.
Der Dialekt,
seine Verwendung, seine Benennung.
Jedenfalls ist die schriftliche Verwendung des Dialekts in der
Hauptsache auf Theaterstücke und Lyrik beschränkt geblieben,
wenn man von den Erzählungen einer Marie Hart und etlichen ähnlichen
Werke absieht. Außerdem ist den Name, den man dem Dialekt
gab, bis vor wenigen Jahrzehnten „elsässerdeutsch“ (nicht
„elsässisch“) geblieben, und man konnte die Information genauer
geben, indem man „Straßburgerdeutsch“, „Mülhauserdeutsch“
oder „Colmarerdeutsch“ usw. sagte. Wenn der Dialekt einer wirklich
verschiedenen Sprache entgegengestellt werden sollte, etwa
Französisch oder Italienisch, sagte man einfach „Deutsch“. Z. B.
von einem eben angekommenen Amerikaner: „Er kann kein
Deutsch“, womit natürlich die Mundart einbegriffen war. Die
standesamt lichen Akten erwähnen manchmal eine „interprétation
en allemand“, eine „mündliche Übersetzung ins Deutsche“ für
Zeugen und Angehörige, und damit ist natürlich gesagt, dass die
Bedeutung des Textes in der Mundart erklärt wird, wie es sich in
der münd lichen Verständigung von selbst versteht.
Ist es sinnvoll, Straßenschilder usw.
auf elsässerdeutsch abzufassen ?
Vor diesem Hintergrund stellt sich die Frage, ob es sinnvoll ist,
die Namen der Straßen, Plätze und Ortschaften im Dialekt auf die
Schilder zu setzen. Generell ist die Antwort: Nein, aus mehreren
Gründen :
(1) Die Dialektinschriften sind schwer leserlich; obgleich es nunmehr
ein orthographisches System, „Orthal“, gibt - worüber
manches zu sagen wäre, aber darum geht es hier nicht - und ob-
Land un Sproch 175 15

LUS_175:LUS_175 28/07/10 14:33 Page 16
A découvrir
gleich das OLCA (das Elsässische Sprachamt) dabei als Ratgeber
fungiert, werden die Beschriftungen selten folgerichtig durchgeführt,
und können selten fehlerlos gelesen werden von einem, der die
lokale Mundart nicht beherrscht (sei er auch sonst deutsch sprachig).
(2) Die genaue Wiedergabe der lokalen Aussprache hat sowieso
nur anekdotische Bedeutung, wenn die gleiche Ortschaft (oder
Straße) zehn Kilometer weiter anders ausgesprochen wird. Wenn
sich das Münstertäler Breitenbach einfallen lässt, ein Schild „Bräiteba“
(oder „Bräitebà“, wenn man so will) anzubringen, wo doch die
Türkheimer „Braitebach“ sagen, wird man wohl nicht von einem
Straßburger verlangen, dass er „Bräiteba“ sagen soll.
(3) Die Leute, die imstande sind, eine elsässerdeutsche Inschrift
richtig zu lesen (sei sie nun mit Orthal oder in einem anderen System
geschrieben), die werden sicherlich auch eine hochdeutsche
Inschrift richtig lesen können, während das Umgekehrte bestimmt
nicht zutrifft.
(4) Im Fall größerer Städte, wie Straßburg oder Mülhausen (für Colmar
stellt sich die Frage nicht), aber auch für Zabern/Saverne,
Weißenburg/Wissembourg, Sennheim/Cernay, Gebweiler/Guebwiller
usw. hat die Verwendung der hochdeutschen Form der Vorteil, der
Beschilderung eine europäische Dimension zu geben, wo die Dialektform
eben nur Folklore bleibt. Wenn wir einen Deutschen sich
abmühen sehen (oder hören), auf Französisch „Wissembourg“
(„Wissangbua“) zu sagen, wo er doch „Weißenburg“ sagen könnte,
ist das, linde gesagt, zum Weinen. Ganz besonders Straßburg
hätte sich mit französisch-deutschen Schildern zu seiner grenz -
überschreitenden Rolle bekennen müssen, und hat die Gelegenheit
kläglich verpasst. Wenn die größeren Städte mit dem guten Beispiel
voran gingen, würden kleinere Ortschaften bald folgen.
Excellente
initiative des
producteurs
de géraniums...
ou plutôt
« Geranium »,
avec majuscule
et sans accent
aigu.
16 Land un Sproch 175
Sonderfälle
Es müssen jedoch manche Sonderfälle besonders erwähnt werden,
wo die mundartliche Aussprache von der offiziellen hochdeutschen
her schwerlich vorauszusehen ist. So wird sich Schwìngelse für
Schwindratzheim, Reegelse für Richtolsheim, Buckenum für Saarbuckenheim
oder Saar-Union als zusätzliche Information rechtfertigen
lassen. Auch bei Straßennamen können sich Beispiele dafür
finden. Wenn der große Platz in der Straßburger Stadtmitte Place
Kleber / Kleberplatz beschildert wird, sagt das nicht, dass die alten
Straßburger ihn stets nur „de Kläwer“ (ohne „Platz“) genannt
haben. Aber ob man es nun gerne hört oder nicht, dies ist eher Folklore
als Eintreten für die Regionalsprache. Wer die Regionalsprache
retten will, muss auch der entsprechenden deutschen Schrift -
sprache wieder ihren rechtmäßigen Platz einräumen.
Sicher gehört dazu anfangs Zivilcourage, wenn man auf öffentlichen
Schildern wieder die deutsche Schriftsprache einführen will.
Das Ungersheimer Freilichtmuseum hat dazu einen kleinen Anfang
gemacht. Aber wenn sich die Idee einmal richtig eingebürgert hat,
wird sie bald alle Vorzüge einer Selbstverständlichkeit haben.
Marc Hug

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Lothringen
Lokal und
Universal
Von Peter Gabriel
Anfang war es eine Revolte“,
erklärte mir Philipp Beyer „Am
an einem sonnigen Junitag, wir
spazierten in einem schattigen Wald in der
Nähe von Hambach. „Lange hatte ich ge -
zweifelt, denn Hochdeutsch schreiben ist
für einen Elsässer oder Lothringer heute
nicht selbstverständlich, da ist Arbeit zu
leisten. – Als Straßburger ‚Lycéens‘ hatten
wir unter Kumpeln Gedichte geschrieben,
auf Französisch, so kam es. Ich hätte damals
auch nicht die Mittel gehabt, auf Hoch
deutsch zu schreiben, hätte es mir nicht
zugetraut. Viele Jahre bin ich dann Mitarbeiter
von Radio Dreyeckland in Hagenau
gewesen, im Elsass, auch Korrespondent
von Radio-Pays in Paris: Meine Sendungen
machte ich größtenteils in der Mundart,
auch auf Französisch. Das brachte mir viel,
ich entdeckte unsere Kultur hier am Oberrhein,
unsere Literatur. Auf eigene Faust,
die Klassiker, von denen man uns nie etwas
erzählt hat: Fischart, Gutenberg, Moscherosch…
Ich konnte über sie reflektieren.
Erst später, als ich mich sprachlich sicher
fühlte, wollte ich auf Deutsch zum Ausdruck
bringen, wie unwohl es mir in der politischen
Umwelt war, wie sehr eine Wut in mir
kochte. Eines Tages hatte ich Essays und
Gedichte in der Literaturausgabe einer
großen deutschen Zeitung gelesen. ‚Was
soll‘, dachte ich, ‚dies langweilige Dings,
da brennt doch nichts, da steht nichts dahinter,
keine Not und keine Notwendigkeit!‘
Als Antwort darauf schrieb ich mein erstes
eigenes deutsches Gedicht“. Es folgten
weitere, im Internet zunächst, nun auch in
Buchform.
„Meine ersten Gedichte hatten einen politischen
Hintergrund. Auch kleine Prosatexte
schrieb ich, beim Gedicht fühle ich mich
aber wohler, da lassen sich Gedanken
schön und kurz zusammenfassen. Im Lauf
der Zeit kam ich dann auf weitere Themen:
Ein Gespräch mit Philipp Beyer
zu dessen Gedichtband Erster Schnee, verzeih
die Liebe, oft auch die Natur… Sehen Sie,
heute haben wir hier einen wunderbaren
Spaziergang im Wald, als Mensch schätze
ich das sehr. Die Inspiration, wenn sie da
ist, soll man sie respektieren und sagen:
‚So, ich hab dich jetzt, ich hab den Faden,
jetzt soll ich ihn ziehen‘. Wichtig ist, dass
diese eine Stimme erkannt wird und auch
kommen darf, wenn sie sich meldet.“
Im September erscheint Philipp Beyers erster
Gedichtband: Erster Schnee, verzeih.
„Beyers Sprache und sein Duktus“, so der
Berliner Schriftsteller Jörn Sack im Nachwort,
„gehen direkt auf den Leser zu. Sie
blenden nicht durch gespreizte Reize, durch
Kuriosa, Verzerrung oder enigmatische Verschleierung.
Sie folgen keiner Mode, quälen
sich nicht um Eigenart ab. Sie suchen nicht
lange nach Bildern, sondern packen sie
spontan, wie sie kommen – und die Bilder
sind eindringlich… Das Lokale ist un -
überhörbar und weckt Sympathie – aber es
wird thematisch und durch die Klarheit der
Sprache ins Weite getragen. Da spricht ein
universaler Geist.“
In der Tat sind für Philipp Beyer ‚Lokal‘ und
‚Universal‘ vertraute Gegenpole: Geboren
wurde er 1960 in Pfalzburg, „wo Lothringen
und Elsass zusammenkommen.“ Aufgewachsen
ist er zunächst im lothringischen
Berlingen: „Ich han’s Glick odder ’s Unglick
ghat – mer kann’s nemme, wie mr will –
dass es sellemols kenn ‚Maternelle‘ genn
hat. Bis zum sechste Lewesjohr han ich
kenn Franzesch geredt, ich han numme unsere
Dialekt geredt, so, wie ich jetz redd.“
Später zog die Familie ins Elsass, in die
Nähe von Straßburg, wo Philipp Beyer dann
auch Germanistik studierte. Danach wurde
die weite Welt bereist, es kamen ein
paar unruhigere Jahre, heute wohnt er wieder
in Berlingen. Spricht mit seinen Kindern
das heimatliche Platt. Ich fragte ihn, wieso
er in seiner Dichtung nicht auch der Mundart
huldigt. „Um eine Antwort zu finden,
musste ich einen langen Weg gehen – bis
ans Ende des asiatischen Kontinents! Das
war so: Als ich in Japan war, es war in meinen
Rucksackjahren, musste ich mich entscheiden.
Meinen Eltern konnte ich nicht
auf Französisch schreiben, es wäre zu unpersönlich
gewesen. Dann schrieb ich meine
Post einige Male in Mundart, war aber
sehr unzufrieden damit. Irgendwann kam
ich zum Schluss, es gäbe doch nichts Natürlicheres
als auf Hochdeutsch zu schreiben.
So werde ich auch verstanden, natürlich in
der Familie, bei Freunden und Bekannten,
aber auch in der größeren Welt aller
Deutschsprechenden überhaupt. Sei’s im
japanischen Nagoya oder in Südamerika …“
„Schön“, sagte dann eine Stimme im Wald,
„aber was birgt uns die Zukunft?“. – „Habe
noch längst nicht alles gesagt, was ich zu
sagen habe“, war die Antwort.
Philipp Beyer
Erster Schnee, verzeih
(Gedichte aus Elsass-Lothringen).
Mit einem Nachwort von Jörn Sack und
einer Fotografie von Christian Neumüller.
Erscheint im September 2010
bei Jérôme Do. Bentzinger Editeur, Colmar
Land un Sproch 175 17

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Histoire
Le dénouement
En réalité, le procès de Colmar s’achève à
Besançon le 22 juin 1929, lorsque le Dr
Karl Roos est acquitté par la Cours d’Assises
du Doubs. Comment en est-on arrivé
à ce dénouement ?
Dans la nuit du 8 au 9 novembre 1928,
dix ans jour pour jour, après l’abdication de
l’Empereur Guillaume II, obligé de s’exiler
aux Pays-Bas pour éviter de subir le même
sort que les Romanov en Russie, le Dr Karl
Roos a été exfiltré clandestinement de
Suisse par ses amis autonomistes alsaciens,
via Hagenbach, où le frère du Dr Joseph
Schmidlin était curé. Conduit à
Strasbourg, il a été caché par le futur maire
de la Ville, Charles Hueber (1883-1943),
un communiste autonomiste, au domicile
de ce dernier.
Le même soir, au Sängerhüss/Palais des
Fêtes de Strasbourg (cf. le témoignage de
Frère Médard dans le précédent numéro),
le Dr Karl Roos avait réussi à gagner le
sous-sol de la Salle des Fêtes, habillé en
ouvrier télégraphiste. Subitement une trappe
s’ouvrit et le leader autonomiste prit la
parole sous un ouragan d’applaudissements,
en dépit de la présence d’une centaine
de policiers dont certains en civil
venus l’arrêter.
Du 10 au 22 juin 1929, il fut donc jugé par
la Cour d’Assises de Besançon, selon une
tradition judiciaire ancienne qui remontait à
la Révolution française. Il était défendu par
deux avocats autonomistes alsaciens-lorrains
(Klein et Thomas) et deux avocats autonomistes
parisiens, semble-t-il d’origine
bretonne (Marcel Fournier et Berthon, ce dernier
étant d’ailleurs un élu communiste).
Des témoins à charge tels Joseph Schneider
et le journaliste Jean Dunser se transformèrent
en témoins à décharge, en
reconnaissant avoir été approchés et « retournés
», l’un par le Commissaire Bauer et
l’autre par le Commissaire Becker. De nombreux
élus alsaciens se déplacèrent à Besançon
et défendirent énergiquement Karl
18 Land un Sproch 175
Le « Komplott-Prozess »
de Colmar (5ème partie et fin)
Karl Roos
Roos : Médard Broglie, René Hauss, Eugène
Muller, Thomas Seltz, Camille Dahlet
qui étaient tous parlementaires à cette
époque. Les abbés Haegy, Didio et Zemb en
firent autant malgré l’opposition de Monseigneur
Charles Ruch, évêque francophile
de Strasbourg. Ainsi que Joseph Rossé, le
Dr Eugène Ricklin, (voir encadré) et Paul
Schall… L’avocat breton Fournier trouva
l’argument décisif : «Si Roos avait développé
ses arguments au Centre de la France,
par exemple dans le Berry ou en
Auvergne, personne ne penserait à l’inculper.
Mais il a eu le malheur d’être Alsacien.»
Vers 20h, ce 22 juin 1929, l’accusé Karl
Roos fut déclaré libre. Le dimanche 23 juin,
vers 19h45, il reçut un accueil triomphal à
la Gare de Strasbourg, puis au Sänger hüss
en présence de milliers de personnes.
Eugène Ricklin honoré
Comment avait été financé
le Procès de Colmar ?
Selon Pierre Zind, Camille Dahlet, René
Hauss et Marcel Stürmel avaient collecté
respectivement 41.000, 25.000 et 17.000
francs. L’Elsässerkurier en avait recueilli
41.000 auprès de ses lecteurs. Au total
on avait réuni la somme de 123.713 frs.
Chacun des 21 prisonniers toucha 2.000frs
et l’on prêta à 6 d’entre eux 33.500 frs.
Des secours divers furent accordés pour
38.250 frs. Les réunions à Besançon pour
soutenir Karl Roos avaient coûté 2.800 frs.
Quatre inculpés renoncèrent à leur part personnelle
en la versant à leur Parti (pour
trois d’entre eux) et à la révision (pour le Dr
Ricklin). L’organisation de la soirée du Sänger
hüss est revenue à 1.900 frs : location
de la salle, impression des tracts et des
affiches. Finalement il restait dans la caisse
plus de 5.000 frs de l’époque.
La déposition du Comte
Jean de Pange (1881-1957)
Dans La vie politique en Alsace de 1919
à 1936, ouvrage publié en 1969, le pro-
Une première depuis 1945. Le maire de Dannemarie, Paul Mumbach a participé à un dépôt
de gerbe sur la tombe du « Löwe vom Sundgau », organisé par Unser Land, parti orienté
à gauche. Ricklin, mort en 1935, a été une grande figure de l’autonomisme alsacien
avant et après 1918. Il a été le 1er Président du Parlement d’Alsace-Lorraine, après l’octroi
de la Constitution de 1911. Paul Mumbach, après s’être renseigné objectivement
sur la vie de Ricklin, n’y a rien trouvé qui ressemble aux « actions des abjects nazis ». Il
a déclaré : « L’image que j’ai de Ricklin est celle d'un Alsacien pur et dur, parfois trop peutêtre,
mais avant tout un passionné d'Alsace. Cela fait-il de lui un coupable ? Défendre sa
région, sa culture régionale, le droit local, est-ce coupable ? Ouvrir et promouvoir des
classes bilingues, est-ce coupable ? Je ne suis pas historien, mais des écrits des uns et
des autres, je retiens l'homme élu démocratiquement, attaché à sa région natale. » Pour
Andrée Munchenbach (MoDem), Conseillère générale du Bas-Rhin, aussi présente, Ricklin
était un « grand humaniste ». Elle a appelé à une « reconquête par les Alsaciens de leur
histoire. », à la formation d’une région unique, à la généralisation du bilinguisme. Lors du
débat au Conseil Général bas-rhinois sur l’augmentation de la taxe d’habitation, vivement
critiquée par les élus de gauche, elle a évoqué le Süd-Tirol, son organisation politique
et ses succès. Jmh

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Jean de Pange
fesseur strasbourgeois François-Georges
Dreyfus, alors membre du Comité central
de l’UDR (Parti Gaulliste issu des événements
de mai 1968), Directeur de l’IEP et
adjoint au Maire de Strasbourg pour la Culture
(sous Pierre Pflimlin), fit une part belle
et justifiée à cet homme de Lettres,
Français de l’Intérieur, appartenant à une
vieille famille lorraine et partisan de longue
date de la décentralisation, attaché au Service
d’Alsace et de Lorraine en 1919.
Le 7 mai 1928, appelé comme témoin au
Procès de Colmar, le Comte de Pange déclara
que, dès 1918, la France aurait dû
reconnaître le statut particulier de l’Alsace-Lorraine
et que les promesses faites solennellement
par les chefs de l’armée
française (Foch, Gouraud, Pétain) auraient
dû être garantis par la Constitution. Il précisa
aussi que, selon lui, le Dr Eugène Ricklin,
né sous Napoléon III alors que l’Alsace
était française (1865), avait revendiqué la
nationalité française en 1918, ce qui rendait
injustifié le bannissement, dont on le
menaçait à l’époque.
En raison de ces propos courageux, le Comte
Jean de Pange dut démissionner du bureau
de la Société des Amis de l’Université
de Strasbourg, sous la pression des « Revenants
». Il le fit avec beaucoup de dignité,
précisant « qu’il appartenait à notre petit
pays par toutes ‘ses’ racines et qu’il a peutêtre
partagé les aspirations de la population
autochtone de manière plus intime que
ceux de ‘ses’ concitoyens revenus seulement
en 1919 ».
La réaction du Mal Lyautey
(1854-1934)
Né à Nancy et enterré à Thorey, en Meurtheet-Moselle,
il a été le premier Résident Général
au Maroc (1912). A ce titre, il sut
conquérir l’estime des Marocains par son
respect des croyances et des coutumes de
l’Islam. Ministre de la Guerre dans le Cabinet
d’Aristide Briand (décembre 1916/
mars 1917), il fut fait Maréchal de France
en 1921.
Le 25 mai 1928, à l’issue du Procès de
Colmar, le Comte Jean de Pange alla voir
le Maréchal Lyautey et lui demanda s’il n’accepterait
pas les fonctions de Commissaire
Général de la République en Alsace. Il
répondit qu’en 1919, on avait déjà pensé
à lui, mais que Clémenceau et Poincaré
s’étaient opposés à sa nomination à ce
poste. Pierre Zind explique que Poincaré
était l’ennemi intime de Lyautey en Lorraine.
Par ailleurs, Lyautey était catholique
pratiquant, proche de la famille des Habsbourg
et favorable au concept d’une nouvelle
« Lotharingie ». Le Maréchal Lyautey en
personne était conscient de l’incompatibilité
de sa personnalité avec celle de Poincaré
et de Clémenceau : « Tous ces petits
bourgeois ont, à mon égard, une méfiance
invincible. Ils me sentent d’une autre espèce.
Je ne peux pas entrer dans leurs
cadres. Si l’on m’envoyait en Alsace, j’essaierais
de représenter dignement la France
; j’irais le dimanche à la messe avec
mon Etat-Major… On parlerait allemand autour
de moi. » C’est précisément ce que
Poincaré et Clémenceau voulaient éviter.
Très attaché à
la Lorraine et
aux Habsbourg,
le Maréchal Ly -
au tey avait désiré,
en 1919,
cette mission de
Commissaire Général
de la République…
Il
était un adversaire
résolu de
Maréchal Lyautey l’assimilation jacobine
; il était
opposé à l’Administration directe de Paris
qui avait échoué dans toutes nos colonies,
sans exception, pauvres, phtisiques, cataleptisées
et spoliées (Zind, page 143). Le
système de l’administration indirecte et de
l’autonomie lui apparaissait d’autant
meilleur qu’il déplaisait aux fonctionnaires
et aux militaires. Selon Pierre Zind, Lyautey
aurait certainement bien rempli sa mis-
Le point de vue du Professeur
François-Georges Dreyfus
Il distingua parmi les accusés de Colmar
deux groupes totalement différents :
- d’une part des autonomistes qui désiraient,
dans le cadre de la République française,
faire triompher les idées fédérales;
- d’autre part, des hommes décidés de
rendre l’Alsace-Lorraine à l’Allemagne, ce
qui aux yeux du Code Pénal français constituait
un crime punissable (mais la Cour
d’Assises de Colmar statua non pas en
fonction de l’article 77, mais en fonction
d’articles invoqués à tort).
Parmi ces séparatistes, le professeur Dreyfus
rangeait Hauss, Schall, Roos, Reisacher
ainsi que plusieurs accusés qui ne se sont
pas présentés : Ernst, Ley, Schmidlin et
Hirtzel. Il note que Hirtzel, Ernst et Schmidtlin
ont gardé la nationalité allemande entre
1918 et 1939, mais oublie de préciser que
deux d’entres eux résidaient en Allemagne
bien avant le Procès de Colmar. Selon le
professeur Dreyfus, ce qui a d’abord frappé
les observateurs, c’est la faiblesse des
dossiers dont disposait l’administration.
Pour un certain nombre d’accusés, le reproche
le plus clair et le plus visible était
d’avoir favorisé l’autonomisme en signant
le manifeste du Heimatbund ou en contribuant
à sa rédaction ou en collaborant aux
journaux autonomistes. Ce qui intéressait
l’administration française, c’est le fait que
l’Allemagne a pu financer une partie du
mouvement autonomiste. Mais nous savons
aujourd’hui que les journaux alsaciens
francophiles ou « neutres » étaient eux aussi
financés par Paris, selon le témoignage
du Préfet René Paira dans son autobiographie
Affaires d’Alsace pour contrecarrer la
presse autonomiste. Ainsi le journaliste
Paul Fischer (1911 à 2006) qui avait commencé
sa carrière dans le Journal d’Alsace-
Lorraine, tirant à 6.000 exemplaires et peu
lu, devait se rendre régulièrement à Paris
pour recevoir des sommes d’argent du Cabinet
de Georges Mandel (1885-1944), Ministre
délégué aux Affaires d’Alsace-Lorraine
puis Ministre des Colonies (1938-40) (1)
Jean Hurstel
(1) Georges Mandel, de son vrai nom Louis
Georges Rothschild (sans parenté avec la famille
de banquiers du même nom) est né en
1885 à Chatou (Seine-et-Oise, actuel département
des Yvelines). Son père était un modeste
tailleur. Des rumeurs l’accusent d’être un Rothschild.
Mandel est originaire d’une famille juive
alsacienne, peu pratiquante, qui avait opté en
1871. Il a d’abord été journaliste au journal de
Clémenceau « L’Aurore ». De tendance conservatrice
et nationaliste, il a été élu à plusieurs
postes en Gironde, il entra dans le cabinet de Clémenceau
durant la Première Guerre mondiale. Il
fut plusieurs fois ministre après 1918 et Ministre
de l’Intérieur de Paul Reynaud jusqu’en
juin 1940. Il est opposé à l’armistice et au régime
de Philippe Pétain. Il est déporté plus tard
à Buchenwald, puis assassiné en Forêt de Fontainebleau
en juillet 1944 par la Milice.
Land un Sproch 175 19

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Summerlied
Qu’est-ce qui fait courir Jacques Schleef
et tous les autres ?
Summerlied est de retour dans la clairière magique d’Ohlungen.
Jacques Schleef, son directeur, nous rappelle les enjeux et les objectifs de
ce festival né il y a 13 ans. Un chiffre porte-bonheur !
Qu’est-ce qui fait courir Jacques Schleef ?
Sportif dans l’âme, très vraisemblablement
le goût de l’effort, de la compétition et le
plaisir qu’on y retrouve. Plus sérieusement,
pour Summerlied, l’envie de m’engager,
pour essayer de rendre à l’Alsace un peu de
la joie que me donne le bonheur d’être alsacien
S’il fallait vous définir en quelques mots,
quelle expression retiendriez-vous ?
Je suis un « rêveur réveillé ». J’ai conscience
que certaines de mes idées paraissent
farfelues ou irréalistes, mais ceux qui ont
construit la cathédrale de Strasbourg ne
se sont pas arrêtés au premier orage ! Pour
diriger Summerlied durant toutes ces années,
il faut être tenace et combatif, savoir
convaincre et resté convaincu, même si
ceux qui ont oublié « s’Elsass unser Landel
» sont parfois rétifs à mon message…
Pourquoi vous obstinez-vous à mener à
bien -entouré d’une équipe de bénévoles
et de professionnels- ce festival depuis
1997 ?
L'important, c'est l'équipe autour de notre
président Jean Lelin ! Nous ne sommes
pas « obstinés », nous faisons ce que nous
croyons juste et nécessaire pour conduire
la culture alsacienne dans la modernité.
Nous sommes persuadés que le festival
est nécessaire, pour montrer que la langue
alsacienne est vivante, créative et insécable
de notre identité régionale. « Mer lon
uns d'Zùng net àbschniede, ùn de' Schnàwel
net zü schrüwe ».
Quelle est la principale évolution du festival
depuis ses débuts en 1997 ?
Nous avons commencé seuls dans notre
clairière, et nous avons appris à travailler en
20 Land un Sproch 175
réseau, avec de nombreux partenaires publics,
d'autres associations qui partagent
nos valeurs et nos objectifs, les artistes,
des entreprises et le public, devenu plus
large que la « Génération Elsa-Rock » des
années 70 et 80.
Quels sont les principaux atouts artistiques
de Summerlied 2010 ?
Assurément quelques belles têtes d’affiche
venues d’ailleurs. Je pense aux mythiques
Tri Yann, à la charismatique Mercedes Peon
qui nous viendra tout droit de Saint Jacques
de Compostelle, Joscho Stephan le virtuose
guitariste de jazz manouche allemand
invité par notre ami Marcel Adam. Sans oublier
la présence sur quatre jours dans « la
ruche festivalière » du « gratin » de la chanson
alsacienne, la richesse, la densité des
concerts proposés, le fruit de rencontres
iné dites sur les différents espaces et
scènes. A titre d’illustration, les Weeper
Circus proposeront un final avec plus d’une
centaine de musiciens de la FSMA… Réellement
de quoi surprendre et régaler !
Le fait de mettre en relief plusieurs
créations artistiques fait partie de vos
priorités ?
C'est vrai que nous passons des « commandes»,
mais -surtout- nous «inspirons» les
artistes, qui trouvent tout simplement l'ambiance
de Summerlied magique... Ce dont
nous avons besoin, ce sont des créateurs de
« tubes » pour faire davantage et mieux entendre
«toute la musique que j'aime».
Que répondez-vous à ceux qui réduisent
Summerlied à un festival de « chansons
alsaciennes » ?
Je n'aime pas le mot « réduire » ! Notre festival
est d'abord et avant tout dédié à la
chanson alsacienne, en alsacien, en français,
en allemand - et pourquoi pas en italien
ou en kurde d'ailleurs ?
Il est ouvert à tous ceux qui veulent exprimer
leur « hymne à l'Alsace ». Au demeurant,
partout en Europe existent de telles
manifestations, et nous croyons beaucoup
à la solidarité entre nous, face à la « Gleichschaltung
» linguistique et culturelle qui menace
de nous voler notre « patrimoine
sonore ». En invitant des artistes d'ailleurs,
nous voulons un peu nous « remonter le
moral », mais surtout apprendre de leurs
succès et « décomplexer » les Alsaciens.
Pourquoi mettre l’accent sur les musiques
traditionnelles en Alsace pour
l’édition 2010 ?
Plutôt que traditionnelle, parlons plutôt de
« musique régionale », par rapport à « globale
» ou « mondialisée » ! Donc, nous assumons,
et nous pensons même que c'est
là, la vraie chance et la légitimité profonde
de Summerlied. Et de cette idée que
découle en partie les partenariats artistiques
que nous avons noués pour 2010.
Avec la Fédération des Sociétés de Musiques
d’Alsace et le « monde des harmonies
» tellement riche en Alsace, la Mission
Voix Alsace et nos amis allemands de Bühl.
J’ai découvert incidemment que Le Festival
Interceltique de Lorient pour sa 40ème
édition en 2010 avait comme invité d’Honneur…
la Bretagne.
Avez-vous le sentiment que les artistes
alsaciens ne sont pas assez connus en
Alsace ?

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Land un Sproch 175 21

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Summerlied
[Suite de la p.20] Pas assez « re-connus »,
et c'est ce que nous essayons de changer.
Bien sûr, leur notoriété est insuffisante, et
pas assez « flächendeckend », en raison
même de la « peau de léopard », pour ne
pas dire « peau de chagrin » ! de la maîtrise
et de la pratique de l' « alsacien » aujourd’hui.
Nous voulons être une
« pépinière » pour nos talents, mais après,
il faut les planter en pleine terre, c'est-àdire
dans les allées, dans les bacs des disquaires,
sur les platines des bars et des
radios, sur le Net...
Avez-vous l’impression au terme de ces
sept éditions organisées à Ohlungen,
que ce festival est suffisamment connu
en Alsace ?
Summerlied est connu, notamment grâce à
nos amis dans les médias. Le problème,
c'est que si notre nom « sonne bien », le public
a encore du mal à nous « situer » dans
l'offre des activités estivales. Bien sûr, quand
on habite le Sundgau, Ohlungen n'est pas
à côté, mais nous ne sommes pas non plus
en Alaska ! Et il y a dans un rayon de 50 km
assez d'habitants pour nous faire vivre et
nous donner des possibilités de développement.
Cela étant, les Alsaciens m’apparaissent
parfois un peu frileux. Je crois qu’un
maximum de monde devrait se déplacer, ne
serait-ce qu’une fois par édition… C’est l’affaire
de l’Alsace toute entière ! Le festival
doit se gagner à chaque édition.
Sylvie Reff
22 Land un Sproch 175
Pourquoi une tournée du festival Sum mer -
lied en Macédoine du 9 au 13 juin 2009 ?
Qui y a pris part et quelles leçons en tirezvous
? Avez-vous d’autres projets de tournée
ou d’initiatives artistiques en
Macédoine ?
Il est vrai que nous n’envisagions pas de
développer notre « zone de chalandise »
jusque dans les Balkans ! Mon séjour professionnel
dans ce pays m’a permis de
nouer des relations qui ont facilité la
réalisation du projet avec plusieurs partenaires
: l’Union Internationale des Alsaciens,
l’Ambassade de France et les villes
de Skopje et de Veles. La Manivelle et Sylvie
Reff ont présenté un magnifique programme
qui s’est invité durant plus d’une
heure en direct sur la 1ère chaîne de télévision
macédonienne ! Cela fut aussi l’occasion
-mais fallait-il le démontrer
concernant ces artistes- de faire prendre
conscience aux artistes alsaciens de leur
capacité à s’exporter. Comme l’a d’ailleurs
fait Roland Engel au Chili durant la même
période. Un vrai signal à la « scène dialectale
» de se donner les moyens pour tenter
des expériences inédites.
Parlez-nous des passerelles lancées
entre Summerlied et le festival Rheinfest
du 18 au 20 septembre 2009 ?
Summerlied ne peut demeurer isolé. Summerlied
doit et veut rechercher des synergies
avec d’autres porteurs de projets.
Nous avons déjà évoqué les partenariats artistiques
initiés en 2010. En nous voyant
confier la programmation du Rheinfest par
la Ville de Strasbourg l’année dernière,
d’autres pistes s’offrent à nous. Summerlied
souhaite ardemment contribuer à inscrire
la culture alsacienne dans l’espace
rhénan !
Propos recueillis par Albert Weber
Le jeu concours de Land un Sproch
Roland Engel
10 ENTRÉES GRATUITES
au « Summerlied » du 12 au 15 août 2010
Pour participer au tirage au sort, il suffit de nous adresser avant le 10 août sur
une feuille votre nom, prénom -c’est obligatoire, le prénom- et adresse. Une seule
participation par personne. Et à répondre à la question suivante :
DANS QUELLE COMMUNE SE TROUVE LA PLAQUE DE RUE « GUTLEUTBAECHEL » ?
(voir ce numéro)
Le tout est à adresser à Culture et Bilinguisme-Land un Sproch
5, boulevard de la Victoire/Niklausring 67000 Strasbourg

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Kurz un guet
Leo Schnug
Méditations subjectives et décadentes
Qu'est-ce que la peinture de
Schnug ? Qui est Schnug ? Que se
passe-t-il en son esprit, lorsqu'il vit
son expérience historique et essentielle ?
C'est-à-dire lorsqu'il se campe en l'un de
ces recoins odorants et utopistes que les
architectes de 1900 ont multiplié en toute
la Ville... Utopistes, oui : ces recoins se
pelotonnent comme les fragments inestimables
d'utopies ignorées en leur temps
même, et combien effacées aujourd'hui !
Des palais vides, résonnant du rien de leur
écho, du regard vide qui les voit sans que
nul ne les entende ...
Schnug voit, accessoirement, du néo-Renaissance,
du néo-baroque, et les nouveaux
mondes de l'éclectisme dépassé ; mais
surtout, il voit du néo-médiéval - c'est-à-dire
qu'il voit le Moyen Age de son temps.
Qu'est-ce que le Moyen Age, pour Schnug,
et que représente-t-il ? La vérité de l'époque
où il vit et oeuvre, de sa société, les apparences
qui le traduisent et le révélent ?
Ou bien un surcroît, un beau surplus ré-enchanteur
qui lui permet de supporter un
monde désormais gris sale, prosaïque et
péremptoire ? Certes, bien peu d'impulsions
politiques et idéologiques ont dû le
mouvoir ...
Autoportrait
L'oeil de Schnug saisit du vivant qui sourd
ou surgit de l'inerte, du pétrifié; il voit du
tendre naître de l'iné-branlable, de l'érigé;
là-bas, des glycines, des chèvrefeuilles sinuent
hors de l'érosion d'une lancéole,
d'une hallebarde de fer et de plomb. Et le
peintre aux amanites pourprées, aux
pampres lustrés, fixe le mouvement du grotesque,
du burlesque insoutenablement
désespérant qui sillonnent les larges chemins
d'une Alsace poussiéreuse et embourbée
à la fois. Une lourde menace, une
balance déjà rompue .
Il y a là toute une légèreté tordue et distordue;
elle rappelle cette minuscule Cathédrale
qu'Emile Gallé fait peindre à la
même époque sur l'une de ses assiettes,
à côté de la devise : Vergiss mein nicht ! La
flèche alanguie vers le bas comme un
membre mou ou bien liquescent - impuissance
de l'Alsace recluse en elle-même,
ou syphilis fin de siècle ? Légèreté. Non
pas évanescence fuligineuse, mais insinuation
végétale, retorsement tenace .
Chauve-souris et lansquenets, échauguettes
et pignons... Le regard et la posture de
Schnug, cette torsion en apesanteur mêlée
à une joyeuse férocité sans réflexion,
sont propres à qui se sait dispensable, à
celui pour qui l'apparence seule et pure
suscite le plaisir : ressaisie ou hallucinée,
en l'apparence seule en tout cas réside
l'intérêt et, peut-être, la grâce de ce monde
industriel et monétarisé, création de
Bismarck, le junker en rupture... Il faut,
pour y trouver son salut, l'insolence, la gaîté
et la morbidezza de celui qui ne repousse
rien de l'ordonnancement social, de toute
cette comédie revêche -mais admirons les
festivités de la Hohkönigsburg en mai
1908, que Schnug organise, et qui se noie
dans le kitsch robuste et le déluge céleste-
mais qui en goûte avec une exultante
simplicité le pur scintillement (il ne peut
s'empêcher d'y voir l'épiderme d'un crapaud
après l'averse), avec le virement d'aile
vertigineux de qui se sait au-delà comme
un aigle rouge, qui s'éprouve avec rire et
angoisse inutile, de celui qui croit trouver sa
consistance dans ce rien essentiel, mais
paradoxal, truculent, et joyeusement
absurde : ces couleurs et ces formes
torses, volubiles et dérisoires par quoi l'artiste
guérit de cette maladie qu'on appelle
« monde ».
Et cependant, au fil des ans, la sûreté du
geste de Schnug se perd inéluctablement,
et par là, celle de ses visions représentées,
de ses images hallucinées, ou de ses
images mentales... Un tremblé qui est celui
même de son temps, juste avant le
Grand Massacre .
Il subsiste donc, de Schnug, un jaillissement
d'images, remèdes et rejeton merveilleux
du réel de métal - en vérité, des
avortons splendides ; car l'Autre Monde,
le monde enchanté, est bien mort déjà. Le
romantisme a échoué à le ressusciter, un
demi-siècle plus tôt ; et il n'existe déjà plus
qu'un seul monde substantiel : celui de la
Bourse, et bientôt, des casques d'acier.
Les lansquenets, d'images hallucinées, deviennent
de purs clichés. En Occident, les
ondines, les filles du Rhin -le Monde autre,
ses hiérarchies et sortilèges- ont bel et
bien vécu.
Marc Büffel - Chaudeur
Land un Sproch 175 23

LUS_175:LUS_175 28/07/10 14:33 Page 24
Kurz un guet
Les « Junge Schriftsteller » aiment le ciel bleu
L’impatience grandit dans l’amphithéâtre
du Centre de formation aux
Enseignements bilingues de Guebwiller,
le 5 juin dernier, au Salon pour la jeunesse
Bilingo. Plus d’une quarantaine
d’enfants et leurs parents, sans compter
les lauréats du concours de dictée en
langue régionale, soit dans un de nos dialectes
ou Elsässerditsch, soit en Hochdeutsch,
organisé par le Comité Fédéral,
attendent leur prix récompensant leur travail
d’écriture.
Les lauréats du concours « Junge Schrift -
steller » de l’association « Culture et Bilinguisme-René
Schickele-Gesellschaft » ont
planché sur le thème «Immer blauer Himmel
beim Klimawandel am Oberrhein- Un ciel
toujours bleu avec le changement climatique
».
Il s’agissait de donner l’occasion aux jeunes
de mettre en valeur leurs qualités rédactionnelles
et d’imagination soit en allemand
standard, soit en dialecte pour la poésie, sur
un thème d’actualité aux multiples facettes,
et pourquoi pas sous forme de fables, de
rêves ou de légendes modernes.
Le jury n’a pas eu la tâche facile, car les
textes, individuels ou collectifs, étaient nombreux
et de qualité, avec une grande originalité.
Pour le Haut-Rhin, ont été
récompensées 11 élèves de la 4eC bilingue
de Madame Koechler du Collège des Missions
Africaines à Blotzheim, un groupe de
3 élèves de la 5e bilingue de l’Institut Champagnat
d’Issenheim (« Aus dem Tagebuch
16.Juli 2035 - 7.November 2037 ») et les
24 Land un Sproch 175
élèves du CM2 bilingue de M. Zeuner du
même institut. Pour le Bas-Rhin, le choix
s’est porté sur le travail collectif de 12
élèves de la 6e1 bilingue de Mme Lenôtre
du Collège « Les 7 arpents » de Souffelweyersheim
pour « Die Ferien einer Storch -
familie » où la remise des prix s’est
déroulée le 24 juin.
Des travaux des élèves du CM2 avaient
comme titre: « Der Vogel und das Eich -
hörnchen retten den Wald » ; « Pflouf der
kleine Fisch » ; « Es sind zwei Fische, sie
heißen Nemo und Dory und leben im
Rhein », « Büll und Roissie, Tiere vom
Rhein.»
Deux élèves de la 4e bilingue des Missions
africaines ont écrit une lettre datée du 12
juin 2050 : « Du wirst mir nie glauben, aber
ich habe letzte Nacht von unserer Welt vor
40 Jahren geträumt. Der Himmel war grau,
die Natur war verschmutz und die Temperaturen
so hoch. Alle nahmen Bäder und
schalteten nie die Lichter aus (…) Hier ist
der Himmel immer blau. Die Lichter schalten
alleine aus. Wir duschen nur. Es gibt
keine Unternehmen mehr die die Umwelt
Remise des prix aux élèves de CM2 de
l’Institut Champagnat à Issenheim...
... et au Collège des 7 arpents de
Souffelweyersheim.
Au milieu, Fr. Lenôtre,
professeur d'allemand.
verschmutzen, sie haben nur noch Wind -
räder, Sonnenkollektoren und Staudämme.
Wir essen nur noch Bio-Produkte und verschmutzen
die Natur nicht mehr. Meine Eltern
haben mir ein Fahrrad gekauft um zur
Schule zu gehen. Mein neuer Computer benutzt
Batterien und schaltet alleine aus.
Morgen werde ich Bäume pflanzen. Entschuldigung,
ich muss gerade die Abfälle
sortieren. »
Le concours est soutenu par les Conseils
Généraux du Haut et du Bas-Rhin, l’Ecomusée
d’Alsace, Le Vaisseau à Strasbourg
et les Naïades à Ottrott.
fs
Die René Schickele-Gesellschaft ver -
anstaltet jedes Jahr ein Wettbewerb damit
die Schüler u.a. der zweisprachigen
Klassen entweder einen Text auf Hochdeutsch
oder eine Dichtung auf Elsässer -
deutsch schreiben. Das diesjährige
Thema befasste sich mit dem Klimawandel
am Oberrhein. Drei Klassen aus
dem Oberelsass und eine aus dem Unter
elsass wurden von der Jury auserwählt.

LUS_175:LUS_175 28/07/10 14:33 Page 25
Slam-Poetry
à l’école
Mardi 15 juin 2010, les élèves des
classes de CE2-CM1 et de CM2
bilingues de l’Ecole Saint-Nicolas
2 de Haguenau ont organisé un con -
cours de slam en allemand standard au
Foyer Saint-Nicolas de Haguenau.
Ce concours est l’aboutissement du travail
d’un trimestre entier pour ces élèves, qui ne
connaissaient rien au slam, ou qui en
avaient une idée fausse au départ. Devant
la proposition de l’enseignant d’allemand de
la classe, les réactions étaient plutôt mitigées
et restaient timidement enthousiastes
: « Slam? Glaubst du, dass es interessant
ist? Nein, keinen Slam, das ist nicht gut! »
Mais c’était sans compter avec la persistance
de l’enseignant qui a intégré ce projet
dans le travail en langue du troisième
trimestre.
Ainsi, les élèves ont tout d’abord découvert
que le slam, ce n’était pas uniquement
« Grand corps malade », mais qu’il y avait
bien d’autres auteurs de slam, les Slam-
Poets comme Bas Böttcher ou Marco Mlynek,
et que leurs productions écrites étaient
dignes de représenter à elles seules un
genre littéraire à part entière. Ils ont également
pu découvrir que les textes de slam
sont très divers, tantôt poétiques, tantôt
humoristiques, tantôt dérangeants même,
et qu’ils parlaient toujours du poète lui-même
ou d’une réalité sociale.
Forts de ces apprentissages, les élèves se
sont lancés dans un travail d’écriture approfondi
autour du thème suivant : « si tu
ne peux plus être toi-même, qui voudrais-tu
être ? » Et ce n’est qu’après un travail de
récolte de mots, d’expressions et d’im-
pressions que le véritable travail d’écriture
a pu commencer, en solitaire pour les plus
doués et les plus courageux, en groupe
pour tous les autres. Un travail de longue
haleine, d’écriture et de réécriture. Ainsi
sont apparus sur le papier des serpents,
des Pokémons, des animaux et autres
lettres d’amour et dictionnaires.
Une fois les textes écrits, les Slam-Poets en
herbe ont revêtu un autre costume, à savoir
celui de slammeurs ; en effet, la particularité
des concours de slam réside dans le
fait que les poètes déclament eux-mêmes
leurs propres productions. Les élèves ont
donc dû entrer dans leur texte de slam,
pour apprendre à le déclamer, tout en captivant
l’attention du public. Ce travail a été
réalisé lors d’une classe de découverte au
centre EthicEtapes de Neuwiller-lès-Saverne,
du 7 au 11 juin 2010.
Au retour de cette semaine à dominante
culturelle et artistique, les slammeurs
étaient fin prêts à monter sur scène et à essayer
de décrocher la première place de
ce concours. Huit textes ont été primés et
ont gagné une place de cinéma, les autres
n’ayant pas démérité. Un jury composé de
personnes du public a effectivement réussi
à départager les artistes d’un soir, alors
que les élèves de CE1-CE2 de la même
école donnaient un spectacle de danse.
Et la conclusion revient aux élèves de ces
deux classes bilingues, qui étaient si réticents
au début du projet : «Ich beglückwünsche
den Lehrer, weil er es
geschafft hat, Slam mit uns zu machen, sogar,
wenn wir etwas ganz anderes machen
wollten! » Yves Rudio
Exemple de texte de slam
d’élèves de CM2 :
Vom Zeitungsblatt zum Liebesbrief
CL2NE1 Big Bang
Ich bin ein Zeitungsblatt.
Wenn du mich liest, schüttelst du den Kopf,
Und du sagst o weih o weih!
Jemand hat mich gestern gedruckt,
Und jetzt liege ich schon zerknittert in einer
Ecke.
Ich bin voller schlechten Nachrichten.
In mir stecken Probleme, Gewalt und Krieg.
Ich rieche nach Druckerfarbe
Und billigem Papier.
Du kommst zu mir. Ich will deine ängstlichen
Augen nicht mehr sehen!
Ich will mich verändern!
Ich lösche alle schrecklichen Artikel von meiner
Seite.
Ich sauge wunderschöne Wörter aus der Luft.
Du hältst mich in deiner Hand,
Und streichelst mich glatt!
Ich werde zum Liebesbrief.
Ich rieche nach Flieder,
Du liest mich wieder, und immer wieder,
Du bewachst mich wie einen Schatz,
Du drückst mich an dich.
Ich zaubere ein Lächeln in dein Gesicht.
Wunderschöne weiche Wörter streicheln dein
Ohr.
Meine Sätze umarmen dein Herz.
Ich erfülle dich mit Glück.
Ich soll mich verändern?
Nein, ich bleibe, wie ich bin.
Ist doch besser so, oder?
Sarah D. (10 ans)
Land un Sproch 175 25

LUS_175:LUS_175 28/07/10 14:33 Page 26
Kurz un guet
La fête chez les « Mickele »
La fête de fin d'année de l’école
« Les Mickele » (ABCM-Zwei -
sprachigkeit) à Strasbourg.
Beaucoup de monde, des enfants
et leurs talents.
Une belle réussite.
Le cheminement poétique
d’André
Weckmann
26 Land un Sproch 175
Euskara,
Sprache der Basken
Hab dich gekannt, da warst du
schwach,
Misshandelt, verachtet,
Halb verloren…
Trotzdem, ermahn du mich nicht zu
Mitleid!
Ich will nicht anbeten Asche
Aus vergangenen Zeiten;
Ich will nicht bewundern Schätze,
Sauber aufbewahrte!
Sondern: Die ein ganzes Volk benutzt!
Ich brauch dich zum Arbeiten und zum
Genießen,
Ich brauch dich zum Lieben und zum
Handeln!
Nach einem Gedicht von Xabier Lizardi
Le Circuit André Weckmann ou « Cheminement poétique/Poetischer Wegbegleiter, sur les
rives de la Zorn/An de frendliche Zorn », a été inauguré le 18 avril 2009 et le 1er mai suivant
a eu lieu la découverte festive du sentier avec l'association PONSE (Protection des Oiseaux
et de la Nature de Steinbourg et Environs). Il a été réalisé par la Commune de Steinbourg, l'association
PONSE et le Club Vosgien d'Ernolsheim-les-Saverne. Ce circuit de 4,8 km de long a pour
but de mettre en valeur le patrimoine naturel, culturel et historique du village. A intervalles réguliers,
des panneaux présentent des poèmes d'André Weckmann.
Der „Poetischer Weg André Weckmann“ beginnt bei der Mairie/Rathaus mit einer Infotafel,
dann eine enge Gasse (Rue du Château/Schlossgasse) nach dem Kerichwase, dann eine Steintreppe
(Staffele) hinunter um zur „Hàl“ (Rue de la Gare) zu gelangen. Man folgt der Strasse bis
zur 2. Zornbrücke, dann rechts mit dem Feldweg „Neumatt“ weiter zum Rondellesträsslein und
Brücke („Roth brücke“) bis zum Fischweiher Rohan. Dann geht es um den Weiher herum und
mit einem Steg über die Zorn. Weiter an der Zorn entlang bis zur kleinen Brücke „Stai“ und ins
Dorf mit der Rue du 22 Novembre zurück, dann Rue de la Zorn (Waschbachbari); über die Kreuzung
zur Rue du Moulin und dann geht es steil mit dem „Mehlebari“ zur „Zehnerschier“ (Zehnerscheune)
hinauf. Die Rue du Coin (Winkel) führt zum Trog und dann links ein schmaler
Durchgang zur Mairie. Markierung: Roter Punkt.
Dieser zweisprachige „Cheminement poétique/Poetischer Wegbegleiter“ in den drei Ausdrucksweisen
unserer beiden Sprachen ist als Büchlein bei der Salde zum Preis von 3€ (ohne Porto) zu haben.

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Don Quichotte
Weg mit den Scheuklappen
Am 27. April war der große Saal der
Neudorfer Mediathek voll besetzt,
und André Weckmann war glücklich
und gerührt. Die Werkstatt Lire à dire, Sagen
durch Lesen, Verzehl m’r nix les m‘r
ebs, stellte, unter der Leitung von Aline Martin
und dem Liedermacher und Erzähler
Jean-Pierre Albrecht, das erfreuliche Ergebnis
einer monatelangen Arbeit dar: die
Lesung mit einer musikalischen Umrahmung,
der schönen weckmannischen
Dichtung Don Quichotte, elsässisch. Ein
elsässischer Don Quichotte, der einem Pfad
folgt, welcher sich durch Brennesselfelder
windet, um die Knechtschaft, die leeren
Drechslereien der Sonntagsreden und die
Windmühlen der belügenden Beteuerungen
zu bekämpfen. Sechs Vorleser, schwarz
Aline Martin
André Weckmann
Jean-Pierre Albrecht
gekleidet, ein Musikant und Liedermacher,
trugen diese Ode an die elsässische Freiheit
und an die Freude vor. Dazwischen waren
Auszüge aus dem Gedicht „Betbur“ des Autors,
das die Liebe verherrlicht, und aus
dem Buch Le Pont-Die Brücke von Eugène
Philipps, dem langjährigen Freund, zu hören.
Doch zum Teufel, warum trägt man die
fein geschnitzten Werke unseres großen
Dichters nicht öfter vor?
Die Werkstatt Les m’r ebs–Sagen durch
Lesen wurde im Oktober 2008 von der René
Schickele-Gesellschaft gegründet um
u.a. ihr Tätigkeitsfeld zu erweitern. Mit der
Unterstützung des unterelsässischen Generalrats,
der Stadt Straßburg und des
Elsässischen Sprachamts (Olca). Sie hat
sich zum Ziel gesetzt, die besten Autoren
aus dem Elsass (wieder) zu entdecken. Und
nicht zuletzt die Autoren, die totgeschwiegen
oder zensuriert wurden. Eine Zeit des Sich-Auseinandersetzens
mit den Texten und
eine Vorbereitung zum öffentlichen Auftreten
sind nötig, bevor man die Werke ver -
innerlicht hat.
Eine Anzahl von Lesungen fand schon statt
in Hagenau, in der Kle ber-Buchhandlung in
Straßburg, in Sand- Will stätt, in der Universitäts-
und Landesbibliothek am Straßburger
Platz der Republik zur Verleihung des
Nathan Katz Preises. Am 3. Juli trat die
Werkstatt wieder mit dem Don Quichotte
auf im Kulturzentrum La Laiterie und in Kehl
zur hundertjährigen Gedenkfeier des Zusammenschlusses
von Kehl-Stadt und Kehl-
Dorf. An Projekten mangelt es nicht.
eg
Im Gedenken an Martina Pitz
Am 21. Mai 2010 verstarb die Mundartforscherin und Sprach historikerin Martina
Pitz im 52. Lebensjahr nach kurzem, schwerem Leiden. Aus dem saar-lothringischen
Grenzraum stammend, beiden Regionen tief verbunden, wuchs sie zweisprachig
auf. Viele Jahre arbeitete sie an der Universität des Saarlandes als wissenschaftliche
Mitarbeiterin von Prof. Wolfgang Haubrichs und wohnte im Weiler Colligny des Metzer
Landes. Danach war sie „maître de conférences“ im „Centre d’études linguistiques“ der
Universität Jean Moulin (Lyon) und Chefredaktorin der „Nouvelle Revue d’Onomastique“.
Immens ist ihr Werk: 59 Artikel in renommierten wissenschaftlichen Zeitschriften, mit
Titeln wie:
• Mei sprooch is en klän Insel. Zur identitätsstiftenden Funktion des Dialekts im östlichen
Lothringen,
• En passant par la Lorraine… Considérations sur la genèse d’un choronyme,
• La petite patrie sur la frontière. L’impact des dialectes en Sarre et en Lorraine dite «
francique » dans la construction de l’identité culturelle de leurs locuteurs;
daneben Übersetzungen, Berichte… (s. www.onomastique.asso.fr). Doch ihr Ziel war
nicht nur die Erstellung einer wissenschaftlichen Diagnose. Sie wollte auch einen Beitrag
zur Genesung leisten. So etwa nahm sie mit Ratschlägen und Kommentaren einen
wesentlichen Einfluss auf die Gestaltung der Sondernummer 7 von Land un Sproch
über Lothringen.
Martina Pitz war die Gattin des elsässischen Historikers Gérard Bodé (École Normale
Supérieure, Paris). Ihre zwei Töchter wurden zweisprachig erzogen. Der Trauerfamilie
drücken wir unser tief empfundenes Beileid aus.
Land un Sproch 175 27

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In memoriam
Auf Wiedersehen, Françoise Schaffner-Ehrmann
Hier klingt „sie war“ doch
schrecklich. Françoise Schaffner-
Ehrmann war seit 1975 die ehren
amtliche Buchhalterin der René
Schickele-Gesellschaft und die Ge -
schäftsführerin ihres Verlags, der Salde.
Den Kampf, den sie bis zum Ende
gegen eine heimtückische und un -
erbittliche Krankheit mit Klarsicht und
festem Mut geführt hat, hat sie am 23.
Mai endgültig verloren, und ist ruhig im
Kreise Ihrer Familie entschlafen. Die
Vereinigung hat einen ihren langjährigen
Eck pfeiler verloren. Neben Ihrer
Familie hat sie sich immer anderen, der Zwei -
sprachigkeit und der Regionalsprache gewidmet.
Sie empfand ihr Engagement nicht
als ein Opfer, das Sie erbrachte, sondern als
eine Tätigkeit, die weitergeben sollte, was
Sie von Ihrer Umgebung, Eltern und Vorfahren
mitbekommen hatte, als eine Tätigkeit,
die auch den Namens losen wieder den ihnen
geraubten sprachlichen Reichtum wiedergeben
sollte. Diese Ungerechtigkeit und andere
waren Ihr zuwider.
Neben Ihrer manchmal undankbaren Arbeit
in der Buchführung hat Sie im Vereinigungs -
sekretariat Praktikanten ausgebildet, ihre ersten
beruflichen Erfahrungen geleitet und hat
ihnen später die Berufswelt eröffnet. Viele
erinnern in ihren Beileidsbriefen an Ihren
lächelnden Empfang, sei es in der Oberlinstraße
oder später am Niklausring. Sie wusste
viel und hatte die Gabe, ihr Wissen ohne
Aufsehen zu vermitteln. Sie leitete eine Zeitlang
die oft gutbesuchten Dialektkurse der
Vereinigung. Bei Seminaren oder Kolloquien
hatte Sie effizient die Logistik unter sich und
Une femme remarquable d’Alsace
28 Land un Sproch 175
äußerte klipp und klar Ihre Meinung zum Programm
der Veranstaltungen. Obgleich sie
gutmütig war, konnte sie entschlossen durchgreifen.
Sie brauchte nicht laut zu sprechen,
ihr Wort galt.
Seit 1992 stellte Sie nach Gustav Woytt mit
Ihrem Ehemann und anderen Mithelfern den
Kalender „Unsere Heimat“ zusammen und
vertrieb ihn. Sie gab eine schöne Anzahl von
Werken heraus. Die Autoren hießen u.a.
Charles Fichter, Wolfgang Ladin, Adrien Finck,
Ronald Euler, Pierre König, André Weckmann.
Sie war Mitherausgeberin des Gesamtwerks
im Dialekt des Letzteren. Auf den „Cimetière
juif de Rosenwiller“ war Sie u.a. stolz. Sie
hat noch in den 8 letzten Monaten den CD
„Ritte, Ritte, Ross“ mit traditionellen Kinder -
reimen, das 2. Gedichtsband von Ronald
Euler und den poetischen Wegbegleiter zu
André Weckmanns Dichterweg in Steinburg/Steiweri
herausgegeben. Sie ließ das
Prinzip Hoffnung walten. Sie ruht in Ihrem
Heimatdorf. Wir werden ihrer gedenken.
eg
Françoise est partie en sérénité, à Pentecôte. C'est juste ainsi, sereine, lors d'une fête
chrétienne et d'une fête juive qui commémorent l'Esprit et la Loi. Je suis sûre que nous
allons continuer de bénéficier longtemps de son immense bienveillance et de sa sagesse.
Mais cela ne diminue pas la douleur et la tristesse. L'insoutenable absence (...) L'Alsace
doit beaucoup à Françoise. Cultivée, persévérante, déterminée, disponible, le travail
qu'elle a fourni bénévolement au quotidien, avec une si grande modestie, est impossible
à évaluer, tant il est important. Travailleuse de l'ombre en faveur d'une Alsace qui assume
toutes ses traditions et qui se construit un présent et un avenir bilingue, multilingue
et ouvert aux autres cultures du monde.
Françoise est une Femme Remarquable d'Alsace, une de celles dont les journaux ne parlent
pas souvent, mais dont l'apport est incommensurable. Je suis fière de l'avoir connue,
et d'avoir pu avancer un peu à ses côtés. Elle va me manquer.
Andrée Buchmann
fer Françoise
e weichi Stimm isch verstummt
e liiser Schritt geht nim sine Waj
e Lache isch verbliëhjt
wàrum schun so friëhj
d’Finger laufe nimm ewer d’Tàschtàtür
d’Biecher wo sie erüs het gan- sahn sich
verwaist
un meer wo se gschriwwe hàn sawe
werum schun so friëhj
so wie sie furt isch -so isch se vor Johre
kumme
ohne Ufsahns zu màche- ohne lüt ze sin
doch wanns notwandig isch gsin in de
Versàmmlung
het ihr Wort- ohne lànges Erum un Erum
Gewicht ghet
dief in ihre ischs gsasse -des wàs sie durichs
Lawe gfiëhrt het
unermiedlich durichs Schàffe un’s Hoffe:
s' Menscheracht vun ere Volksgemeinschàft
von ere Sprochgemeinschàft- von ere Heimet
unseri
un die Sproch saat ere jetz merci
un die wo d Biëcher gschriwwe
un àlli die wo se kannt hàn
sawere merci in dere Sproch
isch d’weich Stimm verklunge?
àwer heere mer se nit -ennewandsi in uns?
un im Windhüch von ihre Deere- glauwe mer
nit – de liise Schritt zu vernamme?
so wie sie züenis kumme isch -so isch se furtohne
lüt zu sin
àwer sie het uns ihri Spür zeruckgelon
un so làng mer die Spür gehn - blit sie
irgendwie bi uns
un ihr àlli wo sie liëb het ghet -ihr wisse
dàss ihr Lachle in ejere Harzer
nië verbliëhje wird
un dü Françoise
bisch jetzt - geleest un frey -ewer unsri ange
Horizonte nüs
in die Heimet -wo’s fer immer Pfingschte isch
zitlos in Liëcht un Wärme- zitlos in Frede un
Liëb
un die unandli Fraid in dir jetz
sej uns e Trooscht in unserem Leid
André Weckmann 28.5.2010

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Kriz un Kreis
DICHTER VUN GESCHT UN HIT
Von Emma Guntz
Kupferstich
von J. Lips
nach F. Müller
Johann Peter Hebel
(1760-1826)
Er ist zwar kein Dichter, der in der Jetztzeit
lebt, aber seine Kalenderge -
schichten und seine schon von
Goethe und Jean Paul (Johann Paul Friedrich
Richter) hochgerühmten „alemannischen
Gedichte” sind auch heute noch taufrisch
und so lebendig wie eh und je. Die „alemannische
Welt“ -und das Elsass darf und
soll sich dazu rechnen- feiert in diesem Jahr
den 250. Geburtstag des am 10. Mai 1760
in Basel, im Patrizierhaus der Iselin, geborenen
Johann Peter Hebel. Sein Vater
stammte aus dem Hunsrück, und seine
Mutter war eine Bauerstochter aus Hausen.
Beide Eltern arbeiteten -der Vater als
„Herrendiener“, die Mutter als „Magd“- im
Sommer in Basel, bei den Iselin. Im Winter
kehrten sie nach Hausen zurück, wo
der Vater seinem Beruf als Leine weber
nachging. Johann Peter verlor seinen Vater,
als das Kind ein Jahr alt war. Die Mutter
starb, als der Dreizehnjährige die
Todkranke auf einem Ochsenkarren von
Basel nach Hausen fuhr.
Von Gönnern gefördert kam Hebel auf das
„Gymnasium illustre“ in Karslruhe, studierte
Theologie in Erlangen und machte
langsam aber sicher seinen Weg, bis er
1819 vom Grossherzog von Baden zum
Prälat der evangelischen Landeskirche ernannt
wurde, in der -auf Anregung Hebelsdie
Lutherischen und die Reformierten
„uniert“ waren.
Johann Peter Hebel ist der erste bahn -
brechende alemannische Mundartdichter,
dessen Sprache unübersetzbar bleibt.
Selbst die hochdeutschen Versionen von
Robert Reinick oder von Arnold Stadler können
die Farbe, die Stimmung, den unnach -
ahmlichen Klang nicht wiedergeben.
Am 9. Juni fand ein "Fescht am Hebel "-Abend zur 250. Geburtstagsfeier von Johann -
Peter Hebel im der Landesbibliothek (BNUS) in Strassburg statt.Mit Liselotte Hamm, Jean-
Marie Hummel, Manfred Jung und Raymond Matzen.
Das Liedlein
vom Kirschbaum
Der Liebgott het zum Summer gseit:
„Gang, deck im Spätzli au si Tisch!“
Druf het der Chriesbaum Früchte treit;
viel tuusig Chriesi roth und frisch
Und ‘s Spätzli seit: „Ich das der Bricht?
Do sitzt me zu und fragt nit lang;
Das git mer Chraft in Mark und Bei.
Und stärkt mer d’Stimm zu neuem Gsang.“
Der Liebgott het zum Spötlig gseit:
„Ruum ab, sie hen jetz alli gha!“
Druf het e chüele Bergluft gweiht
Und ‘s het scho chline Riife g’ha
Un d’Blättli werde gel und roth.
Und fallen eis em andre no;
Und was vom Boden obsi chunnt
muss au zum Bode nidsi goh...
Johann-Peter Hebel
Stroosename un Gschicht
von Ottrott (1)
Durich die „Altgàss“ selle schon Reemer
Gfohre sin bis uff ihri Feschtung „Altitona“
Uf de „Hohenburg“ het die heilig Odilia
Speeter gegrindt ihr Fràuiekloschter
Noch ihrem Tod sin viel Ottrotter
Uf de heilig Bari geloffe durich de „Bariwaj“
Im „Herrehoft“ isch fer s’Kloschter
Abgan wore de Zehntel
Es sin immer g’gànge de salwe Waj
Die von de Grüewe durich S‘„Rohriggassel“
Von „Staffelseck“ bis àns „Streessel“
Isch s’„Zich“ mitem „Schaffergassel“
Am „Kerichplàtz“ fàngt àn de „Burigwaj“
Der uns fährt uf die „Ottrotter Schlesser“
Unte von de Schlesser isch’s „Eichwaldel“
Mit àll sine Name von de àlte Schlesser
D‘„Hauiptstrooss“ geht bis àn de „Lendeplàtz“
Mit uf de Sit „Bickgassel“ un „Kerichgassel“
Die „Bàhnhofstroos“ and àm „Bàhnhofplatz“
Mit hinte àn s’Viertel vom „Pfarichel“
André Keller
(1) Oder wie man die Straßenamen, im Dialekt
und im täglichen Leben nannte.
Land un Sproch 175 29

LUS_175:LUS_175 28/07/10 14:33 Page 30
Bücher
Pour une autre histoire de
la littérature alsacienne
au début du XXe siècle
Loin de la nostalgie et
du ressentiment.
Charles Fichter. Ed. bf. 2010. 132p. 13€
UNE VISION NOUVEL-
LE de cette histoire
linguistique où surgissent
plein d’espoirs,
de volonté de
rénovation, où tout paraît
possible, où les
écrivains voyagent
entre Strasbourg, Paris,
Berlin, le Canada
ou New-York, où Schi -
cke le polémique avec Stoskopf, lui reprochant
un certain enfermement et une
certaine folklorisation. Durant ces annéeslà,
la langue allemande jette de très beaux
feux, pendant qu’apparaissent quelques
belles œuvres en français. Existe-t-il alors
une littérature alsacienne ou plutôt européenne,
universelle, une histoire qui prend
forme autour de 1905 ? Mais tout s’effondre
en 1914. Il y a ceux qui seront tentés par la
fuite, d’autres par la nostalgie ou le ressentiment.
Charles Fichter refuse de voir
dans la littérature « alsacienne » une littérature
de terroir, bien calée entre Vosges et
Rhin, mais admire ceux qui, par leur écriture,
ont déployé leurs ailes qui ne les empêchent
pas de marcher. Il est un disciple de Schi -
ckele et nous fait découvrir les discours fondateurs
de la littérature alsacienne. C’est
absolument à lire, même sur la plage.
L’alsacien pour les nuls
Bénédicte Keck, Léon Daul. 5,90 €
CHERCHER SON CHEMIN, parler de choses
et d’autres, faire du small talking, commander
a Seidel ou a Stamm, aller à la boucherie,
à la boulangerie, faire du sport, voilà une
méthode inédite et complète, permettant
d’apprendre sans (trop) de difficultés l’Elsässerditsch.
Vocabulaire et conjugaison, vous
trouverez toujours l’expression adéquate.
Encore faut-il trouver les autochtones dialectophones,
pour assurer l’exotisme aux
francophones, qui veuillent bien vous répondre
sans que le vendeur, la vendeuse se
mettent à bafouiller, à répondre en français,
30 Land un Sproch 175
en Hochdeutsch. Il y a parfois des surprises.
Exemple : « Ich hàb gern Ski » au lieu de
« Ich fàhr gern Ski », alors que cette expression
est plus idiomatique, elle se trouve
aussi dans le manuel. Deux impressions
dominent : la variété dialectale strasbourgeoise
est privilégiée, « la langue alsacienne
» n’est composée que des dialectes, sans
le Hochdeutsch.
Die Sagen des Elsasses-
Les légendes d’Alsace
Günter Lipowsky, Daniel Morgen. Anthologie
bilingue d’après Auguste Stöber,
accompagnée d’une documentation complémentaire.
Ed. Bentzinger. 2009. 38 €
L’OBJECTIF de cette anthologie est triple :
mettre à la disposition
du monde
scolaire et du
grand public une
anthologie de
l’œuvre majeure
d’Auguste Stöber,
offrir au lecteur
le choix de
lire les textes
dans l’une ou
l’autre langue de l’Alsace et de se renseigner
sur le sens et leur interprétation par
une documentation complémentaire. Les
textes ont été retravaillés en allemand moderne,
dans l’orthographe rénovée de
2006. Enfin, les auteurs ont abandonné le
classement géographique des légendes,
cher à Stöber, pour privilégier le classement
thématique : sorcières, dames
blanches, wilde Jagd, animaux fabuleux,
nains et géants, esprits des eaux, fantômes,
montagnes, villes et châteaux…
Nous avons aussi reçu et nous en reparlerons :
Freyheit 1525 - la guerre d’un paysan de Gabriel
Schoettel ; Langues et dialectes dans
tous leurs états. Hommage à Marthe Philipp
coordonné par Maurice Kauffer et Gilbert Mag
nus ; Passeurs d’ombre de Marie Kuhlmann ;
Endzeit Europa: Ein kollektives Tagebuchs
deutsch sprachiger Schriftsteller im 1. Weltkrieg
; Le Boléro à Hélène de Michel Lermercier
; Planifier et construire dans les territoires
annexés, 1940-1944 de Wolfgang Voigt ; La
métropole Rhin-Rhône, vers l’émergence d’un
territoire ? Raymond Woessner ; Regards sur
l’histoire de l’Alsace, Hommage à Jean-Pierre
Kintz ; Le gardien des âmes, Pierre Kretz.
Chaque chapitre s’ouvre sur une présentation
du thème. Il est complété par une
documentation qui éclaire la légende et qui
en facilite la compréhension. Tout cela permet
une meilleure approche de notre patrimoine
linguistique et légendaire et fournit
les clés des éléments culturels, historiques
et imaginaires qu’il véhicule. C’est une belle
œuvre bien utile.
Chronologie des langues
d’Alsace,
der Sprachen
des Elsass,
vo da Sprocha
vom Elsàss.
Yves Bisch. Ed.
TSH. Avec le soutien
du Conseil Général
du Haut-Rhin,
du Comité fédéral
des associations
pour la langue et la culture en Alsace et
en Moselle, l’Eco-Musée d’Alsace.
2010. 17€
UN TRAVAIL CHRONOLOGIQUE des grandes
heures de la langue régionale dans ses variétés
dialectales et standard depuis la Préhistoire
et l’origine des langues, du temps
des Celtes et des Romains jusqu’au 20e
siècle, en passant par la Migration des
peuples, la Renaissance caroline, les chansons
de geste, les Troubadours, les Mystiques
rhénans, par la Renaissance et les
humanistes, par celle du début du XXe
siècle, des auteurs contemporains dont
Germain Muller, René Schickele et André
Weckmann. Cette histoire, aussi littéraire,
en cartes et lignes chronologiques, est replacée
dans le contexte historique européen,
allemand et français. Quelques
Schönheitsfehler n’enlèvent rien à la qualité
du travail qui a à la fois un objectif pédagogique,
celui de connaître le passé et le
présent de la langue alsacienne dans ses
deux dimensions, ses gloires littéraires, de
dépasser les folklores abêtissants qui lui
sont attachés, de faire comprendre le bilinguisme
- unsere Zweisprachigkeit- et de
rendre enfin la fierté aux Alsaciens de toute
origine pour la langue de notre Région.
Yves Bisch a su tenir compte des conseils
de Jean-Luc Eichenlaub, directeur du service
départemental d’archives du Haut-Rhin,
de Michel Bentz, professeur d’IUT et d’historiens
de Culture et Bilinguisme.

LUS_175:LUS_175 28/07/10 14:33 Page 31
Im Sommer erinnert man sich an den Frühling
Bei einem Dichter-Wettbewerb, veranstaltet durch das „Elsässische Sprochamt“
(OLCA) im Rahmen des „Friehjohr fer unsri Sproch“, haben einige Freunde ihren
Beitrag eingereicht. EIn Beispiel: D’Natürsproch.
Zudem wurden die Preisträger des „Junge Schrift steller“-Wettbewerbs der René
Schickele-Gesellschaft geehrt. Sie werden eine preisgekrönte lustige Geschichte
einer Storchfamilie mit einem „grünen“ Unterton versehen lesen können. Sie wurde
von den Schülern der 6e bilingue des Collège des 7 Arpents in Souffelweyersheim
verfasst.
Die Ferien
einer Storchfamilie
Mutter Storch: Hans!!! Peter!! Meine lieben
Kinder, passt auf: wir fliegen über den
Rhein! Verkündete die schöne Storchmutter.
Hans und Peter: Was? Was? Jaaaa! Wir
sind Hans und Peter und wachsen in einer
netten Storchfamilie auf! Diesen Sommer
haben wir nicht wie sonst im bunten Elsass
gefaulenzt! Es war viel zu heiß und wir haben
nach Sibirien fliegen müssen! Jetzt
kommen wir eben zurück… müde, erschöpft…
aber, was, was??? Wir erkennen
unseren Rhein nicht mehr!!! Wo bleibt nun
das Wasser? Er ist fast ausgetrocknet!!
Von unten erklingt eine hohe aber freundliche
Stimme:
Liesel: Hans, ich habe dich so vermisst!
Hans: Das ist die Liesel, meine Freundin, sie
ist über Sommer hier geblieben, die Arme,
ihrer Eltern hatten wohl keine Ferien oder haben
später die Reise antreten wollen… und
es wurde unmöglich, ihr wisst ja, dieser
Isländischer Vulkan!!! Diese Wolke voller
Asche… nichts Gesundes für uns! Na ja!
Was ist denn los mit dir, liebe Liesel?
Liesel: Ach! Die Menschen haben kaum
Wasser mehr, also haben sie das Wasser
vom Rhein fast vollständig ausgetrunken! Es
ist schrecklich! Das ganze Wasser ver -
schwindet und die Menschen denken keine
Minute daran, eine Lösung zu finden! Sie
trinken und verbrauchen, sie haben sonst
nichts im Kopf! Das müssen wir, meine Storchfreunde,
wieder in Ordnung bringen, damit
unser Elsass doch immer so schön bunt
bleibt.
Hans: Wo willst du Wasser finden? Die Erde
ist fast ausgetrocknet!
Liesel war ganz aufgeregt, aber auf einmal
fiel ihr etwas ein.
Liesel: Ja, du hast recht! Aber Moment mal!
Ich habe eine super elsässische Idee, die
elsässischste Idee aller Zeiten. Ihr wisst
wohl, dass die Elsässer Wein anbauen und
doch gute Weintrinker sind! Trinken ist
Trinken… Wir könnten Wein, zum Beispiel
Riesling in den Rhein schütten!
Hans und Peter: …Und die Fische!
Liesel: Ach! An die habe ich nicht gedacht,
die werden sich doch adaptieren müssen…
wie alle! Elsässische Fische haben be -
stimmt einen Sinn für guten Wein! Sowieso
werden sie keine Wahl haben, sie würden
sowieso wegen der Dürre sterben, mit Wein
haben sie eine Chance zu überleben! Und
falls sie im Rhein sterben, sind sie schon
„pfannenfertig“ oder „ofenfertig“ für die
guten Restaurants der Provinz!
Hans und Peter: Ja, also ja, wir sind überzeugt!!!
Wir gehen zu den Winzern, auch
nach Baden-Württemberg! Wir werden unser
Projekt vorstellen und die richtige Argumente
finden!!
Also los!!! Bruder! An die Arbeit!
Und so flogen sie über Dörfer und Reben los
und schließlich wurde das Projekt bekannt,
diskutiert und im elsässischen Parlament
gewählt! Gewählt und verab schiedet!
BULLETIN D’ABONNEMENT
Den Rhein, den lieben alten Rhein gibt es
nun nicht mehr!!!
Nun fließt der Whein an seiner Stelle! Und
alle sind glücklich und zufrieden (vielleicht
auch ein bisschen betrunken!!)
D’Natürsproch
Mini Sproch sprudelt wie e Quell
Mol isch se lütt, dùnkel ùn hell
Au isch se wie e lànger Flùss
Sie rüscht bi Freid, brielt bi Verdrùss
Sie plätschtelt lieslich wie e Bàch
So wie de Räje ùffem Dàch
Doch immer isch’s e Melodie
Wo scheen verlauft in Harmonie
Min’ Sproch, e Schmetterling im Wind
Sie schaukelt in sim Bettel s’Kind
Sie singt, sie jückst ùn pfifft
Wenn m’r se nùmme guet begrifft
Wie d’Schwäwele so süüst sie hoch
Màcht in de Himmel e groosses Loch
Doch immer isch’s e Melodie
Wo scheen verlauft in Harmonie
E Schàtz min Sproch, e Bluemefeld
Es gibt kenn schenneri ùff de Welt
Sie trüdelt ùns ins Herz er’n
Sie màcht sich breit ùn schloft dann in
E Hàrf spielt’rigs weich wie Sied
Es tànzelt làngsàm e Bürebried
E Strüss voll zàrter Melodie
Immer in voller Harmonie.
Mady Hueber Bischheim
Sie war ein langjähriges Vorstandsmitglied der
René Schickele-Gesellschaft, hat den Kindern
des Roethig-Viertels bei Strassburg den Dialekt
beigebracht, ihre Schulaufgaben überprüft und
viele Mundart -Gedichte geschrieben.
JE M’ABONNE À LAND UN SPROCH/LES CAHIERS DU BILINGUISME
REVUE TRIMESTRIELLE (4 NUMÉROS PAR AN) : 18 € - ÉTRANGER 21 €
NOM : ........................................................ PRÉNOM : ......................................
ADRESSE : .........................................................................................................
DATE ET SIGNATURE :
Paiement par chèque à : Culture et Bilinguisme d’Alsace et de Moselle
5 boulevard de la Victoire / Niklausring 67000 Strasbourg. Tél 03 88 36 48 30
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Volksbank Bühl IBAN DE91 6629 1400 0096 5911 01 - BIC GENODE61BHL
Land un Sproch 175 31

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