GESTES DES CHIPROIS a

LES
GESTES DES CHIPROIS
Recueil de chroniques françaises
ÉCRITES EN ORIENT
JUX XIIh & XIV'^ SIÈCLES
(PHILIPPE DE NAVARRE & GÉRARD DE MONRÉAL)
publié pour la première fois
pour la
SOCIÉTÉ VE VO\lEtNiT LoATIt^
PAR
GASTON RAYNAUD
a m
cLz]
GEtNiEVE
Imprimerie Jules-Guillaume Fick
1887
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

PUBLICATIONS
DE LA
SOCIETE DE LO'KJEU^T LATIU^
SÉRIE HISTORIQUE
V
GESTES DES CHIT%()IS
XIII^-XIV« SIÈCLES
Iftxoçxl
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

LIBRAIRES DE LA SOCIÉTÉ
PARIS : Erneft Lerou.x, 28, rue Bonaparte.
LEIPZIG: Otto HaraffonMitx.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

LES
GESTES DES CHIPROIS
Recueil de chroniques françaises
ÉCRITES EN ORIENT
JUXXIII' y XIF' SIÈCLES
(PHILIPPE DE NAVARRE & GÉRARD DE MONRÉAL)
publié pour la première fois
pour la
SOCIÉTÉ VE VOTiJEV^T LcATlV^
PAR
GASTON RAYNAUD
CTZÏ
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1^
1^
GEtNiEVE
Imprimerie Jules-Guillaume Fick
1887
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

KVnPlAKH BIBÂÎbeHKH
Aii^uvQp.:.
Tcr.JYP-^
Tiré à 500 exemplaires numérotés, dont
50 fur grand papier,
50 fur papier vélin,
400 fur papier ordinaire.
^'49^
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ
I

SOCIETE VE L'OT^EtN^T LcATlt^i
*
EXTRAIT DES STATUTS
cAn. ig. Les publications de la Société font faites
fous la furveillance du Comité de direélion, & la
garantie du fecrétaire-tréforier & de l'un des commiffaires
reljponfables.
Vu Védition des Geftes des Chiprois par GASTON
RAYNAUD.
Paris, icr août 1887.
Certifié.
Le commijfaire refponfable,
COMTE DE MAS LATRIE.
Le fecritaire-tréforierf
COMTE RIANT.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

PRÉFACE.
TABLE
*
LES GESTES DES CHIPROIS.
1° Chronique de Terre-Sainte (ii31-1224).
2° Récit de PHILIPPE DE NAVARRE (1212-1242).
3° Chronique du TEMPLIER DE TYR (1242-1309).
Table chronologique.
Gloffaire.
Index.
Additions & correftions, notes complémentaires.
Pages.
ix
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ
I
139
335
345
353
389

ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

PRÉFACE
L efl peu de documents aujji importants pour
Vhijioire de F Orient latin que les trois textes que
nous publions aujourd'hui fous le titre gênerai de
Geftes des Chiprois. Cette compilation.^ faite au
; commencement du ^IV^Jiècle, nous donne en effet
de nombreux l^nouveaux renfeignements fur les événements qui., au
cours des XIP l^Xlll"fècles., fe fontpajfes en Syrie ^ dans tout
le hafjin de la Méditerranée ; mais elle vaut furtout en ce qu'elle
offre., à côté de détails puifes à des fources multiples., deux récits
perfonnels l^ originaux., dont Fun., compofe par le célèbre Philippe
de Navarre., l^déjà cité au XIIP l£au XXN^fiecles., ne nous était
connu que de nom^ i£ dont V autre., fuite du précédent., a pour auteur
un témoin oculaire de la plupart des faits qu'il raconte. Aufft
devons-nous nous féliciter ^ de la bonne fortune., qui permet à la
Société de l'Orient latin de publier un manufcrit jufqu à préfent
inédit.
Ce manufcrit a été retrouvé en Piémont par un amateur érudit.,
M. Carlo Perrin *, de Verzuolo., près Saluces., qui put., il y a
quelques années., le copier page pour page àf ligne pour ligne;
ceji cette copie 3, exécutée avec foin., qui a fervi de bafe à notre
édition.
I. Voy. le Vile Rapport du
fecrétaire de la Société de VOrient
latin (28 mai 1883), p. 18-22.—
2. M. Perrin devait, dans l'origine,
collaborer à la publication,
mais il y a renoncé depuis. Voy.
les Vils ville & IXe Rapports du
fecrétaire de la Société de VOrient
latin, 1882-1885.— 3. Elle appartient
à M. le comte Riant, à qui
M. Perrin en a fait préfent.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

PRÉFACE.
Nous avons eu d'ailleurs quelque temps fous les yeux le manufcrit
original: ce qui nous permet de le décrire. Il ejl écrit fur
papier d'orient lufiré £ff poli. L'écriture grofftere l3 peu nette
ejl du WW^ftècle '. Le manufcrit devait contenir primitivement
28 cahiers de 8 feuillets chacun., plus un cahier de \0 feuillets
(le \^) & un cahier de 4 feuillets (le la''^. Malheureufement
le premier cahier (fol. \ à %) a été arraché., dff le texte ne commence
qu au feuillet 9 de l'ancienne pagination. Le feuillet 94
efl blanc. Le verfo du feuillet 144 a aufft ét'c laiffe en blanc.
Dans le 25® cahier., le copijîe., chargé de la pagination., a fauté
le numéro 198, ce qui fait que le feuillet igg fuit fans interruption
le feuillet 197. On s'efl aperçu plus tard de cette erreur.,
l^ pour y obvier dans une certaine mefure., on a intercalé à la
place voulue un feuillet blayic, auquel on adonné le numéro 198,
y que le copifîe a utilife en y infcrivant une mention., qu on
retrouve à peu près dans les mêmes termes à la fin de la féconde
partie du mf (p. 138^ *. Ajoutons qu'en reliant autrefois le mf.,
on a eu le tort de déplacer ce feuillet volant iff de le mettre jans
raifon entre les feuillets 223 £ff 224. Le 30^ l^dernier cahier ejl
très maltraité: le l^"^feuillet (232'') manque., ainfi que le dernier
(239'j,' le 238'' n efl plus repréfenté que par quelques fragments
informes.
La première partie du volume., que nous avons défignée par le
nom de Chronique de Terre Sainte, commence en 1132 (avec
le cf feuillet), pour finir en 1224 (feuillet 1\., fin du 3'' cahier).
Cette chronique., comme nous le voyons a la p. 20, commentait à
Adam, c efî-à-dire à la création du monde; mais tout le commencement.,
jufqu en 1132 était bien abrégé., puifqu il ne comprenait
qu'un cahier de 8 feuillets.
La deuxième partie ou deuxième livre., œuvre de Philippe de
Navarre., /'Hiftoire de la guerre des Ibelin contre Frédéric
II, va du feuillet 2^ au feuillet c)'^., l^ renferme la période
de 1218 à 1242.
I. Une note du copifte (p. 138 avons reproduit à la fin de notre
& 334) nous apprend que le mf. a édition (p. 334) la mention du
été écrit en Chypre. — 2. Nous fol. 198,
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

PRÉFACE. xj
Le troifième livre., dont l'auteur efl incertain ^, efl de beaucoup
plus long que les deux autres parties., Çf compte 18 cahiers
(du 13'' au 30% du feuillet 95 au feuillet 238^; le récit s'étend
de 1242 à 1309.
Ces trois parties., bien que difiinSîes entre elles., ont cependant
un lien commun qu'il efl facile de remarquer. Certains paffages.,
qui renvoient d'une partie à F autre., montrent en effet qu'un révifeur
général., autre qu'un copifie., a cherché à réunir en un tout
ces trois parties diverfes., tff à leur donner une unité. Une chofe
frappe auffi., c efl que la troifième partie a été évidemment rédigée
pour faire immédiatement fuite au récit de Philippe de
Navarre. Il ri y a en effet aucune interruption dans la chronologie
des deux narrateurs. Remarquons de plus que l'auteur.,
qui avait une quinzaine cFannées en 1269 (comme nous le verrons
plus tard)., ne devait guère raconter de vifu les événements
antérieurs à cette date. Si donc il a pris la peine d'aller puifer à
des fources étrangères les éléments de la première période de fon
récit., qu'il commence en 1242, immédiatement à la fuite de
/'Hiftoire de Philippe de Navarre, c'efi qu'il avait F intention
de compofer une chronique faifant corps abfolu avec celle qui
précède.
Le même raifonnement nous conduit à penfer que la Chronique
de Terre Sainte, placée en tète du manufcrit., a, elle aufft.,
été rédigée par le même auteur., qui., après avoir écrit une longue
fuite au récit de Philippe de Navarre., a voulu mettre en tête le
commencement commun des chroniques univerfelles. Du refie nous
trouvons cité., — ^ uniquement cité., — dans la Chronique de
Terre Sainte Çf dans la troifième partie dite Chronique du
Templier de Tyr, le Livre du Conqueft*, qui femble être la
principale fource d'information de notre auteur. N'efi-ce pas là
encore une preuve de la commune origifie de ces deux textes f
Enfin la langue préfente des deux côtés les mêmes irrégularités cif
les mêmes italianifmes.
I. On verra plus loin qu'il y a Gérard de Monréal. — 2. Voy.
de très grandes probabilités pour
attribuer cette troifième partie à
p. S, 6, 17 & 152.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

xij PRÉFACE.
Nous pouvons donc conclure en difant que notre compilation
efl F œuvre d'un auteur., qui., au commencement du XIV^ fiècle.,
a compofe une Chronique de Terre Sainte, principalement
d'après le Livre du Conqueft; il a joint à cette chronique le
texte de Philippe de Navarre., auquel il a dû ne faire fubir que
peu de changements (121S-Ï24.2) ; puis il a fait fuivre ces deux
dernières parties d'un nouveau récit dont les commencements (de
1242 à 1270 environ) font encore empruntés de préférence au
Livre du Conqueft, mais dont toute la fin (i270-1309) efl
infpirée par des fouvenirs perfonnels. Enfin en 1343, un copifie
nommé Jean le Miége., prifonnier en Chypre., a copié le manufcrit
même que nous avons décrit plus haut.
Revenons maintenant fur chacun des trois livres qui compofent
la compilation., £if étudions-les feparément.
I. — CHRONIQUE DE TERRE SAINTE.
Après avoir dit plus haut que cette chronique Çf le troifième
livre des Geftes des Chiprois ont un feul ifî même auteur., il
nous refie peu de chofe à ajouter. Nous favons déjà que le compilateur
ne cache point les emprunts qu'il fait au Livre du
Conqueft ou Hiftoire de l'empereur Eracle. Les paffages
cités aux pages 5, 9 l^ \'] fe retrouvent en effet dans Guillaume
de Tyr iff fes continuateurs i Sff appartiennent à la troifième
claffe des manufcrits de cette compilation"^. Mais /'Eracle n'ejl
évidemment pas la feule fource à laquelle il ait puife. S^uelles jont
les autres? Cette quefiion nous femble à peu près infoluble., car tous
les textes., qui pourraientéclairer ce problème., font loin cFêtre publiés
encore. Nous devons cependant remarquer que les dates fournies
par d'autres textes que l'Y^rzcle font prefque toujours erronées.
Dernièrement les Archives de l'Orient latin 3 publiaient
t. Voy. l'édition de l'Académie 2. Voy. Archi'ves de POrient latin,
des Infcriptions, t. I, p. 765-6, t. I (1881), p. 250. — 3. T. II
958-9 & t. II, p. 270 & fuiv. — (1883), 2'ne partie, p. 427-461.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

PRÉFACE. xiij
deux textes parallèles., les Annales de Terre Sainte, qui ont de
nombreux points de reffemblance (jufqu en 1247^) avec les Geftes
des Chiprois l^ en particulier avec notre Chronique de Terre
Sainte. L'un des éditeurs de ces textes., M. le prof R. Rohricht.,
qui avait pu prendre connaiffance du manufcrit des Geftes des
Chiprois., fe demande dans la préface qu'il a jointe à la publication.,
fi les Geftes n'ont pas été utilifes par le rédaiîeur des Annales.
En admettant., comme nous croyons l'avoir démontré., que notre
chronique., première partie des Geftes, a été compofee en même
temps que la troifième.,au commencement du XlV'^fiècle., la réponfe
à cette quefiion fera facile., car les deux textes des Annales, bien
que V un f oit repréfenté par un mf. du XN^ fiècle., ne peuvent
être confidérés., au point de vue de la langue., comme pofiérieurs
au XIIV^ fiècle. Les Annales auraient donc bien plutôt été mifes
à contribution par les Geftes des Chiprois, à moins que.,ce qui
efi infini?nent probable., les Annales £if les Geftes n'aient eu de
nombreufes fources communes., parmi lefquelles certainement il ne
faut pas oublier /'Eracle, non plus que les Annales Terrae
San

Xiv PRÉFACE.
Soldat & homme politique., Philippe de Navarre fait manier la
plume aufft bien que l'épée : tour à tour jurifconfulte., hiftorien,
poète., moralifie., il mérite fans contefîe le nom d'homme
univerfel, que lui décerne Florio Bujîron en tête de fa Chronique
de Chypre *.
Deux de fes ouvrages font bien connus : le premier., le
Livre de forme de plait a été apprécie Ifî publié par le
comte Beugnot^. C efi un manuel de la légiflation féodale ufitée
en Chypre l5 dans le royaume de férufalem., ou V auteur
laiffe parfois s'égarer quelques détails fur lui-même.
Le deuxième ouvrage., inédit jufqu ici ^ fignalé à l'attention
des érudits en 1841 ^, fera bientôt publié pour la Société des
anciens textes français, par M. Marcel de Fréville. Cefl un
petit traité de morale, intitulé les Quatre tenz d'aage d'ome,
oîi Philippe de Navarre, empruntant fes exemples un peu de
côté ^^ d'autre, donne fon avis motivé fur la manière dont on
doit fe conduire à toutes les phafes de la vie, enfant, jeune homme,
homme fait £ff vieillard. Il efi permis de fuppofer que Philippe
de Navarre a dû compofer ce traité, alors que déjà vieux, il
avait renoncé à la vie aSïive, pour fe confacrer à la méditation
y à l'étude.
Nous trouvons mentionné le titre iff le réfumé du troifième
ouvrage de Philippe de Navarre, à côté de fes autres œuvres,
dans le mf.fr. 12581 de la Bibliothèque nationale (fol. \0']) en
ces termes: « le premier \livre'\fifî de lui meefmes une partie, car
v. la efi dit dont il fu ^ commant l£ por quoi il vint deçà la mer,
« y commant il fe contint & maintint longuemant par la grâce
« Nofire Seignor. Après i a rimes tff chansons plufors que il
« meïfmes fifi, les unes des granz folies dou fiecle que l'an apele
« amors. Et affe% en i a qu'il fi/i d'une grant guerre qu'il vit a
« fon tens antre l'anpereor Fredri i^ le feignor de Barut, mon
I. Chronique de Pile de Chypre, compofes pendant le XHI^ fiécle
par Florio Buftron, p. p. René de dans les royaumes de férufalem
Mas Latrie (extrait des Mélanges & de Chypre, t. I (i84i),p. 469hiftoriques,
t. V), 1884, p. 8. — S?'- — 3- Bibliothèque de Pécole
2. Affifes de Jérufalem ou Recueil
des owvrages de jurifprudence
des chartes, t. II, p. 23-31.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

PRÉFACE. XV
« feignarjehan de Belin le Fiel. Et un moût biau compe i a il de
« celé guerre me'tfmes dès le commancemant jufques a la fin, ou que
« il font devife li dit Çff li fait & li grant confoil des batailles ifî
« des fieges atiriez ordenéemant, car Phelipes fu a toux. Après
* i a chançons offrîmes qu'il fi/l plufors en fa viellefce, de Nofire
< Seignor l^ de Nofire Dame ^ desfains iffdesfaintes...^» Il efl
facile de voir que le biau compe ti'efi autre chofe que la deuxième
partie des Geftes des Chiprois, à laquelle il manque aujourd'hui
le commencement, relatif à l'arrivée de Philippe de Navarre en
Orient, Çff toute une ferie de chanfons amoureufes £ff dévotes
que le compilateur na pas cru devoir comprendre dans fon
œuvre. Ce qui nous refie de l'ouvrage de Philippe de Navarre
efl, non pas un poème, comme l'a fuppofe Beugnot, mais une
fimple narration, que Fauteur a parfois entremêlée de vers.
Avant notre publication, /'Hiftoire de la guerre des Ibelin
n'était cependant pas abfolument perdue, puifque le chroniqueur
chyprois, auquel nous faifions allufion plus haut, Florio Buftron,
dit l'avoir connue tff utilifee dans fa Chronique de
Chvpre.- « Ho poi trovato particolarmente i Gefti di Ciprioti*
« in francefe, fcritti da Filippo de Navara, huomo univer-
^ fale, y /'/ quale intervenue in molti fatti, i3 di guerra, i5
« di patti di pace 3. » Quelque précife que femble cette phrafe,
il efl néanmoins bien évident que Florio Bufiron n'a pas connu
Philippe de Navarre autrement que d'après notre compilation.
Il ne relate en efft aucun des faits antérieurs à ceux
dont parlent les Geftes des Chiprois, l3 n'a par confequent
pas eu fous les yeux les mémoires perfonnels de Philippe de
Navarre, perdus aujourd'hui, Çf que cite tout d'abord le mf.
fr. 12581. De plus Florio Bufiron, comme nous le verrons plus
tard, reproduit prefque mot à mot certains paffages, qu'il emprunte
à la troifième partie des Geûes, preuve manifefie qu'il
s'efi fervi de la compilation tout entière. „ . .....
I. Ce texte a déjà été publié Buftron que nous avons emprunté
par le comte Beugnot (BibL de le titre général de la compilation.
Péc. des ch., t. II, p. 15-16). —
2. C'eft à ce paffage de Florio
— 3. Edition, p. 8.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

XVJ PRÉFACE.
Le récit des Geftes efi donc à peu près le même que celui de
Florio Bufiron; nous le réfumerons en peu de lignes.
Venant d'Europe, tff appelé en Chypre par des affaires perfonnelles,
Philippe de Navarre arriva dans l'ile jufie à point pour
prendre le parti des Ibelin dans leur querelle contre F empereur
Frédéric II. On fait en effet qu'à la mort du roi Hugues P', la
reine Alix avait remis la tutelle de fon fils Henri à fon frère Jean
cFIbelin, feigneur de Béryte. Jaloux de cette préférence, les barons
de Chypre mirent dans leurs intérêts Frédéric II, alors que preffé
par Grégoire IX, il fe décidait enfin en i 228 à partir pour la
Terre Sainte. Frédéric débarque en Chypre, enlève le bailliage du
royaume à Jean d'Ibelin, qu'il remplace par cinq bails. De là
lutte l^ con fiit entre les Ibelin d'une part ^Frédéric l^ les cinq
bails de F autre. Choifi une première fois comme intermédiaire,
Philippe de Navarre n'échappe que par miracle à un guet-apens
que lui tendent les cinq bails. Retiré avec quelques troupes raffemblées
à la hâte dans la tour de V Hôpital de Nicofie, il efi bientôt
fecouru par le feigneur de Béryte, qui accourt d! Acre, livre iff
gagne la bataille de Nicofie. Les bails fe réfugient alors avec le
jeune roi, leur prifonnier, dans le château de Dieudamour, tandis
que Philippe de Navarre négocie la reddition du château de Cérines.
Dieudamour efl affiégé par les Ibelin ; le fiège dure longtemps,
&' Philippe de Navarre efi bleffé dans une efcarmouche, en
1229; fes compagnons, le croyant mort,
« efi notre chanteur ! tué efi ! •»
s'écrient : « Mort
Bientôt la prife de Dieudamour tif de Kantara détermine
une trêve momentanée. Philippe de Navarre dut même à cette
occafion,— y c'efi là un fait que feuls nous relatent les Geftes,
— aller outremer en ambaffade, pour fe plaindre auprès du
pape y des rois de France, d'Angleterre
agiffements de V empereur Frédéric.
l£ d'Efpagne, des
La guerre recommence bientôt. En 1230, F amiral impérial,
Richard Filangieri, débarque à Béryte lÉ s'empare facilement
du château. Le roi ^fon armée, commandée par Jean d^Ibelin,
quittent alors Chypre, malgré les avis de Philippe de Navarre,
auquel efi laiffe le gouvernement de l'île. L'armée chypriote, forcée
d! abandonner le fiège de Béryte, fe replie fur Acre. Pendant ce
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

PRÉFACE. XVlj
temps, Philippe de Navarre échoue,par la mauvaife foi de Richard
Filangieri, dans la négociation qu'il tentait en vue de marier la
fœur du roi avec le fils de Boémond, prince d'Antioche. De retour
en Chypre, Philippe trouve prefque toutes les fortereffes tombées
au pouvoir des bails. La conquête de l'ile efi à refaire.
Le roi l^Jean d!' Ibelin réuniffent une nouvelle armée l^ reprennent
Famagoufie (i 2'ifl). Kantara, grâce à Fhabileté diplomatique
de Philippe de Navarre,efi aufft recouvré. Enfin,après laviSloire
de la Gride, File retourne définitivement aux Ibelin, fauf Cérines,
qui tient encore jufqu au commencement de l'aimée 1233. Après
la prife de la ville, Philippe de Navarre, qui avait affifié au
fiège, efi chargé de conclure la paix.
Ici s'arrêtent les renfeignements que nous donne fur Philippe
de Navarre la chronique de Florio Bufiron. Les Geftes des
Chiprois nous permettent de conduire un peu plus loin la vie
de notre auteur. Cefi ainfi qu'en 1236 7ious le voyons affifier à
la mort du vieux Jean d^Ibelin ». En \2\2, grâce à fa fubtilité
de jurifie verf} dans la connaiffance du droit féodal, Philippe
de Navarre parvient à décider le feigneur de Béryte C5 le feigneur
de Tyr, difpofes tout d!abord en faveur de Simon de
Montforf^, à reconnaître à la reine Alix la régence du royaume
de Jérufalem, jufqu'à la venue de Conradin, qui vient d'être
majeur 3. En récompenfe de fes fervices, Philippe de Navarre,
comblé d'hofineurs iff de richeffes par la reine Alix, efi fait feigneur
d^un fief de foudée 4. Cefi encore lui qui un peu plus tard
traite la paix avec Richard Filangieri.
A partir de cette époque, les Geftes ne nous apprennent plus
rien fur Philippe de Navarre; ils mentionnent feulement fon fils
BalianS, dont le nom efi déjà cité, mais non identifié dans les
Familles d'Outremer 6.
I. Pages II7-118 de notre édi- Colonies franques de Syrie (1883),
tion. — 2. Voy. une charte du p. 23-24. — 5. Pages 131 & 135.
7 juin 1241, dans \ts Archi-ues de — 6. Les Familles d'Outremer de
POrient Latin, t. I(i88i),p. 4°^" Z)a C««^^, p. p. E.-G. Rey, dans la
^03. 3. Pages 127-130. — colleftion des Documents inédits
4. Pages 130-131. Voy. Rey, Les (1869), P- 6°^.
C
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

XVllj rKÉFACE.
En comparant, comme nous F avons fait plus haut, le texte de
Philippe de Navarre au récit de Florio Bufiron, on voit que les
Geftes des Chiprois ajoutent peu de chofe à ce que nous favons
de Philippe de Navarre; ils ne font guère que confirmer, précifer
iff compléter partiellement des faits déjà connus. Mais ce
que nous ignorions, ou plutôt ce que nous foupçonnions à peine,
c'efi le talent poétique & furtout fatirique, que nous confiatons
dans les vers affez nombreux intercalés au milieu de ce récit hiftorique.
Les genres qu'aborde le poète font multiples; c'efi d'abord
mie lettre rimee, adreffee de Nicofie à Balian d'Ibelin, pièce
affe% longue, en vers de \2 fyllabes,que l'auteur fait rimer par
groupes de 3, 4, 5, 6, 9, lO Sff même 16 vers '. Cefi enfuite un
ferventois ou chanfon fur la bataille de Nicofie, en 1229 *; c'efi
encore une aubade infpirée par le fiège de Kantara'i; c'efi enfin
lÉ furtout une parodie, pleine d'efprit & de fineffe, du roman de
Renart, ou. Philippe, donnant à Jean d'Ibelin le furnom /Yfengrin
y aux cinq bails les noms des divers animaux de la compagnie
Renart, raille de la façon la plus piquante le bail Anceau
de Brie, dont la confeffton efi mife en pendant de celle de
Renart 4. Légèreté de fiyle, ironie mordante, tournure alerte
des phrafes, choix précis des mots, rythme fautillant du vers,
F imitation efi parfaite ; & on comprend quel puiffant avocat
devait être cet homme « univerfel-», qui pouvait fi bien s'affimiler
les chofes les plus diverfes ^ fe montrer à la fois ferieux dans
fes écrits juridiques, If^ fpirituellement badin, quand il ne s'occupait
que de littérature légère.
Un peu plus loin, Philippe de Navarre fait une nouvelle
allufion,— eji profe, cette fois S, — au rôle de Kenzrt, fi populaire
au moyen âge. Ici nous nous trouvons en prefence non plus
d!un épifode du Roman de Renart, ynais cF une fable éfopienne,
dont la forme première, malgré quelques légers changements ^,
nous a été confervée par La Fontaine, fous le titre .-Le lion,
le loup & le renard (FUI, T,)- La verfton que préfente Phi-
I. Pages 55-57.— 2. Pages 61- 5. Pages 114-115, — 6. Voy. Ro-
62. — 3. Pages 65-67. — 4. Pages bert. Fables inédites..., («825), t. II,
69-755 voy. aufTi p. 64-65. — p. 559-560.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

PRÉFACE. xix
lippe de Navarre a été augmentée de bonne heure de la partie
relative au cœur du cerf. On rencontre pour la première fois
cette addition, fource de notre texte i5 des verfions allemandes ',
dans la compilation de Frédegaire ^ Î5 dans la chronique
d'Aimoin 3.
Philippe de Navarre efi-il toujours original Î5' ne reproduitil
pas quelquefois des récits empruntés à des fources antérieures'^
^uand il s'agit de poéfies l5 de fouvenirs perjonnels, F originalité
de l'auteur ne fait pas doute; lorfqu au contraire il raconte des
faits, dont il n a pas été témoiii, il en emprunte certainement les
détails à d^ autres narrateurs. Du refie il nous fait f avoir que ce
livre v.fifl de lui meefmes une partie 4 >, voulant dire par là que,
n ayant compofe de lui-?nême qu'une partie de ce livre, il a puij}
ailleurs les éléments de tout le refie. Cefl là en effet la feule
explication à donner des reffemblances qui exifient entre le texte
de Philippe de Navarre Is d'autres textes, qui, comtne les
Annales de Terre Sainte 5 , doivent remonter à des originaux
communs.
Nous avons vu que le chroniqueur chyprois du ^NY fiècle,
Florio Bufiron, s'efi infpiré fouvent du récit de Philippe de
Navarre, d'après la compilation des Geftes des Chiprois ^.
Un autre hi/îorien de Chypre un peu antérieur, dont l'ouvrage,
écrit de même en italien, efi connu fous le nom de Chronique
d'Amadi, a fait auff de nombreux emprunts à notre texte, qu'il
traduit parfois prefque littéralement. Dans quelle mefure ces
emprunts ont-ils été pratiqués par Fauteur de la Chronique
I. Voy. Rochholz, dans la Zeit- t. cxxxix, col.647-648.— 4. Bibl.
l'chriftfur deutfche Philologie, t. l nat. mf. fr. 12581, fol. 407. —
(1869), p. 181-198. —z. Etudes ^. Archi'ves de rOi-ie7it latin, t.ll
critiques fur les fources de Phif- (1883), •"-" partie, p. 438-440. —
toire mérovingienne, par G. Mo- 6. Le texte de Philippe de Nanod
: 2^ partie : la Compilation varre correfpond aux pages 57dite
de Frédegaire, {iSSs), p. 72- 106 de l'édition de Florio Buf-
73.-3. Aimoini, monachi Flo- tron, donnée par M. R. de Mas
riacenfis, hiftoria Francorum, dans
la Patrologie latine de Migne,
Latrie.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

XX PRÉFACE.
d'Amadi, qui offre une rédaSîion à la fois plus C5" moins complète
que la nôtre ? Nous ne F examinons pas ici. Nous laifions
à M. de Mas Latrie, qui prépare une édition de cette chronique,
le foin Rétablir en détail la parenté des Geftes dff de la Chronique
d'Amadi ï.
III. — CHRONIQUE DU TEMPLIER DE TYR.
Cette chronique forme la troifième partie des Geftes des
Chiprois, y nous avons dit qu elle efi l'œuvre perfonnelle du
compilateur des deux précédentes. Elle fait immédiatement fuite
au texte de Philippe de Navarre y contient le récit des événements
de Syrie jufqu'à la prife d'Acre en 1291. Après cette date,
le chroniqueur p affe en revue les faits advenus en Chypre, jufqu
en \7,0(),fans oublier les rivalités des Génois l^ des Fénitiens,
non plus que certains détails relatifs à la Chine l3 à
l'extrême Orient.
Nous avons donné à cette relation le nom de Chronique du
Templier de Tyr, parce que fon auteur fe rattache évidemment
d'une façon quelconque à F ordre du Temple, l^ que d'autre
part il a vécu à Tyr les premières années de fa vie. Eu égard à
la pofition qu'il a occupée pendant affez longtemps, il eût été plus
rationnel de défigner fon texte fous le nom de Chronique du
fecrétaire de Guillaume de Beaujeu : la longueur du titre
nous a feule empêché de F adopter.
La première mention que l'auteur faffe de fa propre perfonne,
fe rapporte à F année 1269 ; // était alors, à Tyr, page de
Marguerite, femme de Jean de Montfort, y devait avoir une
quinzaine d'années, ce qui lui donnait 55 ans en 1309, date
extrême de la fin de fa chronique. Il nous dit lui-même qu'il ne
refia page qu'une feule année'^. Il vivait encore à Tyr, en 1270,
quand eut lieu Vaffaffinat de Philippe de Montfort, fur lequel
il accumule les détails les plus précis y les plus circonflanciés 3.
I. Comparer les pages 27-138 thèque nationale (copie moderne
de notre édition aux pages 54-159 de la Chronique d'Amadi). —
du mf. italien 387 de la Biblio- 2. Page 193. — 3. Pages 195-196.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

PRÉFACE. XXJ
En 1273, ^°^^ ^^ retrouvons à Acre, au moment ou Guillaume
de Beaujeu efi nommé grand-maitre du Temple '. Dès lors
jufqu en 1291, il efi établi à Acre : la connaiffance exa£te qu'il
montre de cette ville en divers endroits"^, fuffrait du refie à
prouver le fejour prolongé qu'il y fît. Cefi vers cette époque qu'il
fut attaché à Guillaume de Beaujeu en qualité de fecrétaire.
Nous le voyons en effet à plufieurs reprifes 'i,de 1285 à 1290,
tenir la plume, y même traduire en français certains documents
arabes. Notre auteur devait donc remplir l'office de cet « efcri-
« vain farrafinois ^, qui, d'après la Règle du T&vcv^le^ appartenait
à la maifon du grand-maitre. Il ri était certainement pas
chevalier, car les faits qu'il raconte ne lui font jamais parve?ius
que par des on dit 5. Du refie il nous fait comprendre qu'il était
de la « mehnée », tout au plus de la haute domefiicité, de Guillaume
de Beaujeu 6 ; y comme nous le voyons combattre à côté
du grand-maitre 7, nous devons en conclure qu'il joignait à fa
qualité de fecrétaire, celle de frère écuyer ; ce qui fuffit à jufiifier
le nom de Templier que nous lui avons attribué. En tout cas
il ri était pas prêtre, car dans une violente fatire, il accufe tous
les prêtres de fimonie^, l^ jette en même temps le blâme fur les
Dominicains & les Francifcains.
En 1286, il nous décrit complaifamment les longues réjouiffances
qui eurent lieu à Acre à F occafion du couronnement du
roi Henri II : tournois, travefiiffements & « autres j eus biaus iff
« delitables y plaifans 9. » La fcène change après la prife de
Tripoli (1288), ^ nous afftfions au fiège ^bientôt au fac de la
ville (F Acre par les Mufulmans (1291). Guillaume de Beaujeu,
chargé de la défenfe, meurt bleffe d une fièche fous les yeux de
fon écuyer, qui nous répète fes dernières paroles.
Après la prife ff Acre, notre auteur femble avoir fuivi à
Sidon le commandeur & les frères furvivants du Temple, qui,
i.Page2oi.—2.Pages 153,180- « celon fe que je peus entendre.»
182, 220, 244-256. — 3. Pages — 6. Page 250: « toute fa meh-
218, 229, 241-242. — 4. Publiée néelefeguyrent....&adonsveyme
par Henri de Curzon, pour la nos. » — 7. Pages 248-250. —
Société de PHiJioire de France
(1886), p. 75. — 5. Page 239:
8. Page 270. — 9. Page 220.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ
c*

xxij PRÉFACE.
réfugiés dans cette ville, font forcés bientôt de s'enfuir en
Chypre.
Un nouveau grand-maitre efi alors nommé, Thibaut Gaudin,
auprès duquel le Templier ne trouva fans doute pas autant de
bienveillance qu'auprès du précédent, car il ne fe gêne guère pour
en parler librement, jufqu'à le traiter de lâche ^. Il y a loin de
ce reproche aux éloges qu'il a coutume de joindre au nom de fon
feigneur défunt.
En Chypre il fe fent un peu dépayfe en arrivant; i^ bien que
viva?it à la cour ^ faifant peut-être partie de la maifon du roi
ou de la reine ^, il n'a plus la même facilité pour s'informer de
tout ce quife paffe. Du refie le champ de fa chronique s'étend, y
/// réufftt à être encore un fidèle narrateur des événements
accomplis dans Vile, il doit fe contenter des récits des voyageurs
y des marchands, quand il s'agit des invafions tartares ou des
guerres maritimes de Gênes & de Fenife. Malgré la connaiffance
toute f pédale qu'il femble avoir des noms y des affaires des
républiques rivales, il n'a plus la même exaSiitude dans fa chronologie,
quijufque là n'était pas fouvent en faute, l^ il avoue luimême
qu'il embrouille un peu les faits qu il raconte 3 .
// efi encore en Chypre en 1303, au moment d'un violent
tremblement de terre qui épargne heureufement l'ile. Il efi alors
témoin très fidèle de la lutte intefiine du roi y de fon frère
Amaury de Lufignan. Prudent ou réfigné, il ne prend parti ni
pour Fun ni pour F autre, tout en plaignant le fort de Henri II,
humilié y bientôt dépoffedé par Amaury. Les affaires des Templiers
femblent, dès cette époque, lui être à peu près indifférentes :
il ferait plutôt attiré du côté de F Hôpital. L'évolution efi d autant
plus habile, que bientôt le fameux procès des Templiers furvient.
L'ancien Templier, qui a fu trouver moyen d'échapper
au fort de fes confrères, efi affez dur pour Jacques de Molay,
qu'il qualifie d avare 4. Il ne parle pas des accufations qu'on
portait contre les Templiers; en faifant allufion à leur fupplice,
il dit : < S'ils ont mérité leur fort, ils ont été punis; mais quant
« à moi, je les ai toujours connus bons chrétiens ^dévots. > // ne
I. Page 257.-2. Pages 259 & 277- —3- Page 289.-4. Page 329.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

PRÉFACE. xxiij
réfifie pas au plaifir défaire encore une fois F éloge de fon feigneur
Guillaume de Beaujeu, dont il vante la largefie & la générofité.
Le manufcrit s'arrête incomplet en 1309, au moment où.
Amaury va exiler en Arménie fon frère Henri IL La narration
ne devait guère aller plus loin, car Un efi pas fuppofable qu'elle
fe prolongeât jufqu en 1343, époque à laquelle elle fut copiée par
Jean le Miége. L'auteur aurait eu à cette date 89 ou 90 ans.
Il efi plus naturel d'admettre qu'elle finiffait en 1313, comme
la chronique de Marina Sanudo'^, ou peut-être en 1324 (avec
la mort du roi Henri II de Chypre), comme le deuxième livre
de Florio Bufiron.
Dans fon récit prefque toujours original ijpuife à des renfeignements
perfonnels, le Templier n'en utilife pas moins certaines
fources. Tout d abord il efi bien évident qu'il ne pouvait agir
autrement pour toute la première partie de fa chronique, de 1242
à 1269, année à laquelle remontent fes premiers fouvenirs. Il
cite le Livre du Conqueft ou Eracle 2'; y/Û comparaifon entre
fon texte y les Annales de Terre Sainte 3, yw/^^w'^w 1247,
prouve que les deux rédactions ont ici aufft''t des originaux communs.
Plus tard, quand il efi en Chypre, notre auteur ne peut
connaître un grand nombre de faits que par le rapport des voyageurs,
l3 très fouvent fous fa plume revient la mention des marchands
qu'il a interrogés y dont il enregifire les récits 5 . De
même la reffemblance de fa narration y de celle de Marino
Sanudo efi facile à confiater en plufieurs endroits, principalement
dans les paffages relatifs aux mœurs y aux guerres
des Tartares. Du Cange nous dit^ que Sanudo a le premier
donné le furnom de prince à Henri, fils de Boémond IF; il efi
à remarquer que le texte du Templier fe fert de la même appellation
7.
i.'Rong2irs,GeJiaDeiperFran- de P Orient latin, t. II, 2= partie,
m (1611), t. II, p. 243. — 2. Page p. 440-442. — 4. Voy. plus haut,
152. Allufion à un fait qui s'eft p. xij-xiij.— 5. Pages 294, 301,
pafTé en 11095 voy. Guillaume 315, 331- — 6. Familles d: Outrede
Tyr, éd. de l'Acad. des Infcr.,
t. I, p. 467-469. — 3. Archi'ves
mer, p. 305. — 7- Page 166.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

Xxiv PRÉFACE.
Malgré tout, la Chronique du Templier de Tyr efi une
œuvre où la perfonnalité de F auteur fe fait jour à chaque ligne.
A côté de fouvenirs intimes comme ceux que nous avons rappelés
plus haut, on y rencontre Fexpreffton de fentiments tout-à-fait
individuels. Cefi ainfi que le diable (l'ennemi d'enfer) y joue
un grand rôle ' .• placé en antagonifme avec Dieu, il efi le promoteur
de toutes les < maies euvres > y Finfpirateur de toutes les
défaites. On peut rapprocher de ces idées un paffage de la Règle
du Temple *.
La langue y le fiyle offrent aufft un caraSière tout particulier
: les phrafes, pénibles y embarraffees, fe rapprochent par
leur confiruâiion moins du français que de F italien, langue alors
fort ufitée en Syrie y dans File de Chypre. Le vocabulaire efi
parfemé de mots arabes ou turcs "i, furtout de mots italiens'^, dont
la plupart font des termes marititnes. Dans les rimes, Finfiuence
étrangère, ou plutôt exotique, fe fait de même fentir : F unique
pièce en quatrains 5, — off^^ banale du refie pour le fond, —
préfente des rimes acceptables feulement dans certains dialeSîes
italiens ou provençaux : changer = ner (noir); fever (favoir)
= monter; aver (avoir) = rober. Ces rimes qu'un poète
français de la même époque n'aurait certainement pas employées,
ne devaient pas choquer les leSieurs chypriotes de nationalités fi
diverfes, Fénitiens, Pif ans, Génois, Provençaux, pour lefquels
cette chronique a été compofee. La mention : « Saches, biau fei-
« gnors », que nous relevons à la page 255, nous permet de fuppofer
que Fauteur, comme le fit plus tard Florio Bufiron, avait
fans doute dédié fon livre « alli illufiri fignori conti, cavaglieri
« y nobili ciprii. >
^el efi donc cet auteur? Pouvons-nous F identifier avec un
perfonnage connu? Pouvons-nous feulement lui attribuer un nom?
A ces quefiions il efi difficile de répondre d'une façon abfolument
i.Pages22i,238,275,289,3i6. panfle{;;ç.\^/^; lamiere {;ç. 154);
— 2. Ed. cit., § 67. — 3. Voy. -velegier (p. 222)5 ranpagour
entre autres i^eq (p. i6s)j quin- (p. 228) 5/«T;r^/»^»/

PRÉFACE. XXV
affirmative : cependant de très grandes probabilités concourent à
nous préfenter un nom, dont nous reparlerons bientôt.
Tout d'abord nous efpérions avoir trouvé le nom du Templier
de Tyr dans la phrafe fuivante : « Is. je Dieu le Jeit
c lainferot fe con je Fois quy efiee la^. * Faut-il lire dans ce
pt^ffoge Lainferot (= Lan ce lotj, C5 regarder ce nom comme celui
de Fauteur? Après mûr examen, le contraire nous a paru préférable,
le fens l5 la confiru£lion grammaticale de la phrafe exigeant
la correâlion que nous avons faite. D'ailleurs les Lancerot,
Lancelot, y(?rtf noynbreux à cette époque, furtout parmi les
Génois, 15 la connaiffance dun prénom ne nous mettrait fur aucune
trace jerieufe.
Nous renonçons auff facilement à confondre notre Templier
avec fon confrère provençal du même temps, dont Fauriel cite
une Jatire virulente * ; ni le fiyle, ni les idées, ni le mouvement
vraiment poétique de cette pièce, qui refpire à la fois Fenthoufiaj'me
y le dcjefpoir, la bravoure l5 la révolte, ne nous permettent
de confondre fon auteur avec le compilateur des Geftes
des Chiprois, y? prof atque dans fes vers l5fi prudent auff dans
fes appréciations.
Une troifième b.pothèfe efi également inadmifftble. Nous favons
que les Geftes des Chiprois ont été copiés en Chypre en 1343
par Jean le Miége, prifonnier d Aimer y de Mimars, lieutenant
du châtelain de Cérines 3. Lf autre part la Chronique de
Mâcheras/>flr/^ dun c livrer qui aurait été < écrit par fire
€ Jean de Mimars 4. > (Jean de Mimars était fenéchal de
Chypre S.) Du rapprochement de ces deux noms. Aimer y de Mimars
6 y Jean de Mimars, appartenant à la même famille, ne
peut-on conclure que notre texte efi F œuvre de Jean de Mifiiars,
copiée enfuite par Jean le Miége ? — Non, certes, car
I. Edition, p. 277, note a. — langues orientales), 1882, p. 317.
2. Hiftoire de la poéjieproû,ençale, — 5. Voy. la table de la Chronique
t.II(i846),p. 138-139.— 3. Pages de Mâcheras. — 6. Aimery de
188 & 334. — 4- Chronique de Mimars eft connu d'ailleurs5 voy.
Chypre, par Léonce Mâcheras, p. 325 & 332, & Mas Latrie, Hz/trad.
fr. par E. Miller & C. Sathas
(dans les Publications de P Ecole des
toire de Chypre, t. II, p. 102 & 114.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

XXVJ PRÉFACE.
F allufion faite par Mâcheras au livre de Jean de Mimars fe
rapporte à un fait arrivé en Fan 1373, date que n'atteignent
pas les Geftes, quand mêtne on les ferait finir à la date où ils
ont etc recopiés par Jean le Miége, en 1343, îi non plus tôt,
comme nous le fuppofons. Remarquons d ailleurs que la Chronique
de Mâcheras commence (après une courte introduHionj
en 1309 ; elle forme donc la fuite immédiate des Geftes des
Chiprois.
Enfin une quatrième opinion, qui ferait de Gérard de Monréal
Fauteur de la Chronique, a été propofcc par AI. le comte
Riant ' ; elle a beaucoup de chances pour être vraie. Dans la
préface qu'il a placée en tête de fon hijîoire, Florio Bufiron a
énuméré en effet les écrivains qui lui ont fervi pour fa réda^ion.
Après avoir cité le nom de Philippe de Navarre ^, il ajoute ces
?nots : « Dopo di lui, Gerardo Monreal tenue memoria di moite
« cofe accadute infuo tempo 3 . > A ous confiatons d autre part que
pour la partie corre[pondante à la Chronique du Templier
de Tyr (de 1242 à 1309 , Florio Bufiron reproduit quelquefois
mot à mot certains paffages de cette chronique; il y a donc
quelque vraije?nblanct à dire que Gérard de Monréal efi Fauteur
de la troifième partie des Geftes des Chiprois. Gérard de
Monréal efi bien connu comme jurifconfulte, quoique nous ne pojfedions
plus fes œuvres. D'après Beugnot, il faudrait ad?nettre
qu'il a écrit jeulement après 13694, mais cette affertion ne
repofe que jur des conjeélures., l5 le texte même de Florio BuJtron
5 nous montre que Gérard, en l •^10, fut chargé comme
ambaffadeur, avec Guillaume de Mirabcl, de négocier la délivrance
du roi de Chypre.
Rien du refie ne s'oppofe dans tout ce que nous avons dit précédemment,
à F identification du Templier avec Gérard de Mon-
7-éal, qui, lui aufft, a habité Chypre, où s'efi établie fa réputation
de jurifie. Les dates concordent de même; y, d'après F âge que
nous avons attribué au Templier, Gérard de Monréal aurait eu
I. Voy. le Vile Rapport du tion, p. 8.— ^. AJJifes de Jérufafecrétaire
de la Société de POrient lem, t. I, p. xxxvii-xxxviii &
latin (28 mai 1883), p. 15. —
2. Voy. plus haut, p. xj. — 3. Edi-
Lxvi-Lxvii. — 5. Edition, p. 207.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

PRÉFACE. XXVIJ
56 ans en 13 lO, lors de fon ambaifade. ce qui e fi fort admiffofc-.
Enfin le lieu de naiffatue de notre cuteur, Monréal en PalefiiKC,
tout près de h ^hr Morte.^»rjUS donnerait F ex^V.caîion des mots
indigènes Is du fhle qiulque peu torturé qu'on remarque dans la
Chronique. Jufqu à preuve du an traire, .".;:«-" regardons donc
Gérard de Alonreal comme .'auteur de la Chronique du
Templier de Tvr y comme h zo!r.^'.'.j:i:.->- des Geftes des
Chiprois, qui fe irruvent aim: rédiges dans leur er.tier par deux
juri!::;!;^Uiîcs y j'/;).^;;/;.;.';.• t^r^''•'-'--> Philippe de Navarre 'S
Gérard dt AI: . ':...'
De mcrne que Florio Bwrron ^., la Chronique d'Amadi- a
u:':.:j: jouvenî de très près le !•::.
vanter — 2. BibL nat. Mû ::a-
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

XXviij PRÉFACE.
que nous aurions fans doute évitées, fi nous avions pu revoir nos
épreuves fur le manufcrit original.
En terminant cette publication, qui, nous Fefpérons, rendra
fervice aux travailleurs, l^ fera jugée digne des autres volumes
de la Société de l'Orient latin, qu il nous f oit permis d'adrefier
nos meilleurs remerciements à tous ceux qui nous ont aidé dans
notre tâche, y tout particulièrement à notre commiffaire refponfable,
M. le comte de Mas Latrie, auquel nous devons bien des
indications utiles.
Paris, 1^^ jan'vier 1887.
GASTON RAYNAUD.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

CHT{pC\JQUE T>E TERRE SAIU^TE
1132-1224
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

LES
GESTES DES CHIPROIS
*
LIVRE I
CHRONIQUE DE TERRE SAINTE
1132-1224
* *
*
. . . jor meïfmes devant luy, s'il ne le connufToit; s'il 1131-1136
ne demandaft qu'il fuft, & fembloit à la gent qu'il le feïft
d'orgueil, mais fe li venoic par le que les mieges dient
qui muet d'une maladie que il conuiïent.
2. A. M.C.XXXII. A. Mil c. & XXXIII ans. A.
M.C.xxxim, nient.
3. A. M.C.XXXV, morut Henry, roy d'Englecerre, &
fu fait roy après luy Eftiene, fon nevou, quy fu moût
vaylant & prodome, & fift à fon tens moût de biens.
4. A. M.C.XXXVI, morut Federic, l'empereor, quy deftruir
la cité de Milan, & après paiïa pour aler en Jeru-
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

4 LES GESTES DES CHIPROIS.
136-1147 falem, & avint que au palTer, qui pafToit par.], flum moût
petit, vers la terre d'Ermenie, & la belle fur quei il chevauchoit
de fus, al'oupa, & il chaï dedens le flum, & fu
neé, & ion cors fu porté en Antioche, & là fu enterré
dedens la mère yghle de Saint Piere. En cel an morut en
France le roy Lois, & fu fait roy Lois, Ion fis.
f. A. M.C.XXXVII. A. M.C.XXXVIII. A. M.C.XXXIX.
A. M.C.XL, nient.
6. A. M.c.XLi, morut le roy d'Engleterre Eftiene,
quy fu nevou dou roy Henry, & fu fait fon fis roy après
luy, le quel Eftiene fu mort en fièvres.
7. A. M.C.XLII, fu pape Seleftin, quy fu .v. mois &
•xiij. jors.
8. A. M.C.XLIII, fu pape Lufius, qui fu .xj. mois &
.xiij. jors, & en lel an morut l'emperere Henry, qui fu
fis de Federic, quy nea o flum.
9. En ce dit an de M.c.XLiii de Crift, morut Fouque,
le tiers roy de Jérufalem, & fu roy après luy Bauduyn,
fon fis, mais je vos diray la manière coument feftuy roy
Fouque morut, quy fu par trop grant mefchance : il fe
leva .j. bieu matin, & ala chafîer de hors au plain
d'Acre, & .j. lièvre ly faily devant, fi que le roy fe mift
à courre après le lièvre, & chay le roy Fouque, & fe briza
le col, & enfi morut.
10. [A.] M.C.XLiiii. A. M.C.XLV, fu fait pape Heugenes
pizans, de Pile, quy fu .viij. ans & .iiij. mois & .xx. jours,
& le fiege fefa .ij. jours.
1 I. [A.] M.C.XLVi, fu la fegonde meute des gens d'outremer
en Jérufalem, & pafl^erent dou royaume de France
pluzors contes & barons & d'autres pluzours terres, c'eft
afaver (que) le roy de France & l'empereor Conrat
d'Alemaigne, après que les barons & contes furent pafles
en Jérufalem; l'autre eft après.
12. [A.] M.c.XLVii, l'empereor Conrat d'Alemaigne &
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

I. CHRONIQUE DE TERRE SAINTE. - 1224. f
le roy de France Lois afegerent Domas, & fe combatirent 1147-1154
avé les Sarazins, dont les Sarazins furent defconfis par
.j. cop d'une efpée que l'empereor Conrat fift à .ij. mains,
que il tailla un Sarazin de Tefpale jufques au nonbril tout
armé. Mais Doumas ne pryrent il mie, car elle eft moût
forte cité de un(e) focé quy l'avirone plain d'aiguë, &
de murs & de grant gent, & fi a moût de jardins & de
bours & de batailles, & par de hors la cité, que les creltiens
deftrurent & gafterent tout, & fe partirent; & bien
eliflent prifte la cité, fe ne fuft une layde achaifon quy
fe parle au Livre dou conqueft, mais efcurement le dit.
13. [A.] M.C.XLVIII, morut Guillaume, conte de
Nevers, en Jérufalem, quy fu moût faint home & moût
predome & amohnier.
14. [A.] M.C.XLIX. A. M.C.L. A. M.C.LL A. M.C.LII.
A. M.C.LIII, fu fait pape Anaftaize, roumain. Seftuy fu
pape .j. an & .iiij. mois & .xxij. jours, & fefa le fiege
.XV. jors, & morut .j. haut baron à Jérufalem, quy ot non
Lufien de Tibaut.
\^. [A.]M.C.LIIIIans del'incarnafiondeNoftreSeignor
Jhefu Crift, fu fait pape André, angles, & fu pape .iiij. ans
& .vj. mois & .XX. jours, & fu vacant le fiege dou pape
.ij. ans & .V. mois & .x. jours.
16. [E]n cel an, le roy de Jérufalem " cart quy ot [à nom]
Bauduyn, fi prift Efcalone des Sarazins, quy eft un moût
fort chaftiau fur mer & un grant bourc come une cité;
& eft près de^ Jérufalem .ij. jornées, porce que l'on n'y
peut aler que par terre, dont il y a montées & valées.
Et en fe meymes an morut Eftiene, roy d'Engleterre, quy
ot nom aufli Compère, & fa feme fi eiit nom Mehaut,
a Ce commencement du para- ce moU & précédant le mot JafFe
graphe 16 a déjà été écrit par Wr^ : a aler par la nue de la mer
erreur a-vant le paragraphe 15.
b. On lit entre les lignes après
-xij. heus près.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

LES GESTES DES CHIPROIS.
1154-1168 l'emperis, de la quel dame il eiit .j. fis, quy ot à nom
Henry, qui fu roy d'Engleterre.
17. [A.] M.c.LV. A. M.C.LVI, nient.
18. [A.'l M.C.LVii de l'incarnafion de Crift, morut le
fufdit pape André, englès, & en fel an dona le roy Lois
de France fa fille à feftu jeune roy Henry d'Engleterre.
19. [A.] M.C.LVIIL A. M.C.LIX. A. M.C.LX, nient.
20. [A.] M.C.LXI de l'incarnaflion de Crift, fu fait pape
Alixandre de Toulcane. Seftu ordena à fon tens .ij. (con)
confeilles, l'un au Cos & l'autre à Rome, où il i oc .xlviij.
evefques fans les abés & autres perlas. Et feftu rapela à
la concorde de fainte igUfe l'enperour Federic, mais ne
créés mie que fe foit Federic le fegont, ains prime.
Federic l'enpereor ceftuy avoit efté mau de l'igUze, por
ce que il avoit maintenu les fifmatiques ; & après que il
fu rapelé, con vos entendes, il fift pais & acorc entre
l'enpereor Manuel de Coftantinople & le roy Rogier de
Sezille. Ceftuy pape fufdit fu pape .xv. ans & .xj. mois
& .XXV. jours.
21. [A.] M.C.LXIII de l'incarnafion de Crift, fu mort
Bauduin, le grant roy de Jérufalem, & laifla .j. fis qui oc
nom Aumaury.
22. [A.] M.C.LXIIII de l'incarnafion de Crift, fu encoroné
ceft Aumaury à roy de Jérufalem. Ceftuy roi Aumaury
ala atout fon hoft en Egipte, & prift Alifandre &
Belbeis des Sarazins.
23. [A.] M.C.LXV, fu nés Phehpe, quy fu puis roy de
France.
24. A. M.C.LXVI. A. M.C.LXVII, nient.
2f. A. M.C.LXViii de l'incarnafion de Crift, le roy
Aumaury, roy de Jérufalem quint, fe conbaty à Salaheldin,
foudan de Babiloine, & le defconfy malement, &
ofift moût des Sarazins, & puis ala le dit roy afeger
Damiate par l'aïe de une eftoire des gallées & gens
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

I. CHRONIQUE DE TERRE SAINTE.- 1224. 7
d'armes grifons, que l'enperour Manuel de Coftantinople 1168-1174
li manda, mais il ne la prift mie, & s'en parcy.
26. A. M.C.LXIX de l'incarnafion de Crift, les Sarazins
prirent BeHnas des creftiens, & en fel an fu fait l'abaïe
de Valmont.
27. A. M.C.LXX de l'incarnafion de Crift, fu un grant
croie quy abati moût des cités : Sur, Acre, Triple, Valence
& Antioche & autres cités de creftiens & des Sarazins
chaierent partie le jor de la fefte de faint Piere &
faint Pol.
28. A. M.C.LXXI de l'incarnafion de Crift, fu martires
faint Thoumas d'Engleterre, quy morut vefque de Vinceftre.
29. A. M.C.LXXII de Crift. A. M.C.LXXiii, nient.
30. A. M.C.LXXIIII de l'incarnafion de Crift, morut le
roy Aumaury, roy de Jérufalem quinc, & fu fait roy après
luy Bauduyn, qui devint mezel; & de feftu Bauduyn
vous diray coment la maladie de la mezelerie ly aparut.
3 I. Le roy Aumaury Ion père [le] fift aprendre letres à
un chanoine de Sur, quy fu puis chanfelier dou royaume
& après fu vefque de Saint Jorge de Rames, qui eft .j. grant
evefchié & riche, & mift o l'enfant por compaignie autres
enfans de frans homes; & quant les enfans laifferent
euvre & fe jeuuent les uns as autres, fe grafignéent & fe
pinféent les mains tant que le fane en ifoit, & les autres
anfans à quy l'on grafignoit fe plaignoient & plouroient,
mais Bauduyn, le fis dou roy, nule fés que il fuft grafigné,
il ne faifoit nul fenblant, ni ne s'en plaignoit de rien, car il
ne le fenteit. Et ii eftoit aucune fois (\ grafinié que le fane
nyieic de fes mains, & meymes quant li maiftre li fengleit
les nages de l'efcourgée à la fiée corn as autres anfans,
ledit Bauduin ne donoit cure, dont le mayftre s'en aperceli,
& ly demanda li H fait mal, quant les enfans le grafignoient,
& il refpondy que il ne fentoit rien. Et adonc
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

LES GESTES DES CHIPROIS.
II77 le maiftre le fift afaver au roy Aumaury, fon père, qui
manda querre & fift venir meges de Domas & fift veïr
l'enfant, & y mirent lor curre, mais il ne le porent guarir
dou tout, que après que il fu creeii & fu encorouné à(u)
roy, la mezelerie fi crut tant que il ne poft chevaucher,
& fe faiflet porter en hoft & en bataille dedens une litière
à .ij. chevaus.
32. Ceftu roy Bauduyn, après que fon père fu mort, fi
fu encouroné à(u) roy de Jérufalem, & fu le cart roy qui
ot nom Bauduyn, & par degré il fu le fifte roy de Jérufalem
après Goudefroi de Boillon.
33. Quant vint en l'an de M.C.LXXVII de l'incarnafion
de Jhefu Crift, le dit roy Bauduin, mezel, fe conbaty en
champ au lodan de Babiloine, Salahadin, à Mongizart, &
par l'aie de Dieu & la fainte Crois qu'il portetent en l'oft,
quy [eft] la crois où Jhefu Crift fu mis, (&) defconfirent le
dit foudan & tout fen hoft, & furent mors moût des Sarazins,
& guaignerent les creftiens afles.
34. D[e f]eftuy Ibudan Salahdin vous veu je devizer
d'où il vint & coment il fu iéignor de Babiloine, fe que
Babiloine f\ eftoit lans fouldan, car le fouldan quy avoit
nom Noreldin fi eftoit mort, & avoit laifl^é .ij. fis dont
l'aihné devoit eftre foudan, quy eftoit encore petit; & le
halife, c'eft afaver le pape des Sarazins, fi gardoit les
.ij. enfans en Babiloine. Ceftuy Salahdin vint de Perfe à
grant hoft que le fouldan de Perce ly (a) avoit doné, &
dient aucuns que cel foudan de Perce fu fon oncle, &
autre dient que le dit Salaheldin fu fon nory, mais coment
que fe fuft, Salahdin fu chef & feignor de ce grant
hoft, que il amena de Perce, qui font bone gent d'armes
& plus adurés que fiaus de Babiloine, qui eftoient une
lahche gent & poy ufés d'armes. Et quant il fu devant
Babiloine, l'on ne le laiflTa mie entrer dedens, & il demoura
dehors en fes tentes fans nul mal faire, & manda à haUfe
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

I. CHRONIQUE DE TERRE SAINTE. - 1224. 9
que il eftoit Sarazin, & n'en eftoit venu por nul mal faire, ii77-"79
& le manda priant quy li foufrift à venir devant luy veïr
& prendre fa beneïflTon; & hahfe, que nul mal n'i penfoit,
fi li otrea & le fift venir dedens Babiloine en fa prezence,
dedens le chafteau dou Caire. Salaheldin, quant
il ala, il mena o luy en tour .ij*^. homes, mais'il furent
à ehlite de tous les meillors que il eiift en tout fon hoft;
& quant il fu dedens le Caire, au palais de l'ahalife, le
quel halife ce feoit à fon fiege, & par devant luy avoit
une cortine de fée, que quant il fe voloit moftrer ou
parler, l'en tiréent la cortine, & il aparifoit, fi que l'on
tira adons la cortine, parce que Salaheldin le veïft, &
après tant, Salaheldin fift fenblant d'aler vers luy por lui
encliner; & quant il fu après de luy, fi mift main à
s'efpée, & fery l'ahaUfe & l'ofift. Et les autres de fa gent
mirent main as efpées, & tuèrent tous feaus de laiens,
& prirent le chaftiau, & l'oft de hors afaiUirent la cité
de Babiloine & la prirent, & en tel manière fu Salaheldin
feignor de Babiloine, lequel (fu) en fon tens fu moût
bon Sarazin, car il fu moût large & moût amohnier &
pitons de cuer & bontey, & fift en fon tens moût de
fais, fi com il contient au Livre dou conqueft, que porée
bien devizer une grant partye; mais il i avroit trop de
riote félon la forme de fe livre, & pour ce je ne veus
plus parler de cefte raifon, & torneray à ma matière.
3^. A. M.C.LXXVIII, fu .j. grant efcrois en Jérufalem
dou ciel vers terre, à oure de midy, le jour de la fefte de
la Sainte Crois, en fetembre, qui ne fu onques oy fi grant,
& fu cel an grant perfecufion de langouftes.
36. A. M.C.LXXIX de l'incarnafion de Jhefu Crift, fe
combaty le roy Bauduin, mezel, à Salaheldin, foudan de
Babiloine, en .j. leuc quy s'apele Margelion, & fu le roy
defconfit & fa compaignie, s'eft à favoir frère Heude
de Saint Amant, maiftre dou Temple, & Bauduyn d'Ey-
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

10 LES GESTES DES CHIPROIS.
1179-1186 belin, & pluiïbrs chevahers, & crons que fe lor avint
porce que il fe fièrent plus en lor force que en la vertu
de la fainte Crois, que il avoient layfl^é à Tabarie.
37. A. M.C.LXXX, morut le roy de France, & fu fait
en fon leuc roy PheHpe, fon fis.
38. A. M.C.LXXXI, le roy Bauduyn, mezel, fi fift en fa
vie encoroner à(u) roy de Jérufalem .j. enfant, fon nevou
quy avoit à nom Bauduinet, quy n'en eftoit que de
.vij. ans d'aage, le quel dit enfant fii fis de marquis
Guillaume Longue Efpée & de Sebille, feur dou dit
Bauduyn, le roy meziau, la quele Sebille eftoit au jor
efpouze d'un haut home de France, qui avoit nom Guy
de Lezigniau, & avoit le roy Bauduyn, mezeau, doné à fa
fuer Sebille & au dit fon mary la contée de Jaffe, mais
feftu franc home Guy de Lezegniau eftoit fi très orgueillous
que le roy & tous les barons dou royaume fe
tenoient mal apaié de luy, & le haoient moût, & por ce
en fa vie fift il encorouner Bauduin fon nevou à(u) roy
de Jérufalem; & por ce que l'enfant fuft bien veii de la
gent, meflire Bahan d'EybUn, quy eftoit le plus grant
chevalier, de perfone le porta fur fa efpaule le jor de
fon corounement. Ceftuy meflire BaUan fi avoit à feme
la rayne vielle, mère dou roy Bauduyn, mezel.
39. A. M.C.LXXXII, fu fait papeUrban, lonbarc, qui fu
pape .X. mois & .xxviij. jors.
40. A. M.c.Lxxxiii, fu pape Grégoire de Bonivenc,
qui fil pape .j. mois & .xxvij. jors, & morut en Pize.
41. A. M.C.LXXXIIII, fu pape CUmens, quy fu pape
.iij. ans, .xj. mes & .viij. jours, & fu nés de Rome.
42. A. M.C.LXXXV, morut Bauduyn, le roy mezel, &
morut geune, mais la mezelerie l'ocift, quy fu fi chargé
que fes chars chaiéent par piefes.
43. A. M.c.Lxxxvi, morut Bauduyn, le petit roy, nevou
dou roy Bauduyn, mezel, & morut à Acre, & le portèrent
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

I. CHRONIQUE DE TERRE SAINTE. - 1224. I I
fur efpales d'Acre en Jérufalem, & là fu enterés; & Sebille, 1186-1187
fa mère, ce fift encouroner, elle & fon mary Guy de
Lezegniau, & fu contre la volonté de tous les barons
dou royaume, lefquels eftéent tous afemblés à la cité
de Naples, près de Jérufalem au mains d'une jornée, lefqués
furent à confeil, & ordenerent de faire roy le mary
de l'autre feur, qui ot nom Anfroy dou Thoron. Mais
felle nuit le dit Anfroy, après fe que il ot otroé à
barons d'eftre roy ", il s'en parti fans le feii des barons,
& s'en ala en Jérufalem, & remeft là. Et le matin que
les barons le cuiderent trover, fi feiirent coment il s'en
eftoit parti: fi furent moût dejuglés & corofés, & lor
couvint en la fin aler en Jérufalem faire homage au roy
Guy de Lezigniau contre lo cuer. Et en l'omage faire
fu .j. des barons, quy ot nom Bauduyn d'EybHn, feignor
de Rames, quy U fift homage, difl^ant au roy Guy, que
en tel point ly faifteit il homage que avant que l'an fuft
conply, que le royaume peiift eftre tout perdu. Et fu la
cort troble, & ce ne fuft le grant Hnage que il avoit, le
roy li eiift mis main de fus, & parmy tout fe, il requift
dou roy condut & fiance & partir de fa terre, & covint
par efgart de court que le roy li douna conduire, dont
il recomanda fon fié, & ce party, & ala en Antioche.
44. [A.] M.C.LXXXVII de l'incarnafion de Jhefu Crift,
le roy Guy de Lezigniau, le premier jour de junet, & fu
.iiij. mes qui fu encoroné, s'afembla fon hoft de gens
à cheval & à pié, & ala encontre Salaheldin, foudan de
Babiloine, & fe conbati à Salaheldin & fon hoft en .j. leuc
qui a nom Carnahtin ; & fu le roy Guy defconfit à .iiij. jors
dou dit mois de junet, & ot perdus moût de creftiens à
cheval & à pié, & fu pris le roy Guy & aucuns de fes
barons o luy, & fu perdue la faint[e] veraie Crois où
a. Le mf. répète ici felle nuit.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

) 2 LES GESTES DES CHIPROIS.
1187 Jhefu Crift fu crufefié en fêle, la quele il avéent porté
en l'oft; ni de fel jor en avant ne fu feii que la dite Crois
devint, ni entre Sarazins, ni autre part, fi que l'on doit
croire que Dieu par fa fainte vertu la ravy au fiel. Et la
rayfon & l'achaifon por coy fefte chevauchée fu enfi
faite par le roy noviau, je le vos diray.
4^. U avint en feft an meïmes, le premier jor de may
prochain, pa[r]ce que le maiftre de l'Ofpitau de Saint
Johan, frère Rogier de MoUns, & fon couvent & le
marefchau dou Temple, qui ot nom frère Jaque de Malay,
& plufors templiers fe combatirent à Sarazins, & furent
les chreftiens defconfis malement devant .j. grant cauzau
Robert, près de la cité de Nazerel, à une liue, & furent mors
à la bataille le dit maiftre de l'Ofpitau & le dit marefchau
dou Temple & plufors autres frères dou Temple
& de l'Ofpitau & autres creftiens; & por cefte defconfiture
vengier & por ce que Sarazins [avoient] heii
[vidoire] i'ur creftiens, fift le roy fefte bataille, où il fu
defconfit, con vos avés oy; & le jour meymes de la
bataille que creftiens furent defconfis. Acre fe rendy au
foudan Salaheldin & as Sarazins. Et fi vous diray que
le dit Salaheldin fift entrant à Acre. Quant il fu à la
maiftre porte de la vile, & il entroit une povre creftiene
à quy l'on avet tolu fon fis, fe geta as pies dou foudan
& s'en plains de fe que home d'armes li ot tolu fon fis,
& que ele ne le conuflToit, ni ne favoit de qui plaindre.
Le fouldan Salaheldin s'arefta avé fon chevau, & entendi
tout la plainte, & puis mift fa ganbe au col de la befte,
& dift que de là il ne partiroit ni en la cité d'Acre n'en
enteroit tant que le fis de la povre feme fuft trové; &
les amiraus qui U eftoient entor firent tant fercher que
l'anfant fu trové & rendu à fa mère devant le fouldan.
Et entra adons dedens Acre & fe herberga au Temple,
& fifl condure fauvement tous les creftiens d'Acre as
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

L CHRONIQUE DE TERRE SAINTE. - I 224. 13
autres [cités] des creftiens là où il voléent aler, & fift 1187-1190
mafoner une haute tour au caton dou Temple, & i mift
dedens la cité d'Acre Sarazins abitans; & s'en parti
d'Acre, & ala vers Jérufalem, & le car jor dou dit an
de fetembre, ly fu rendue Efcalone & s'efcurfi le foulaill
moût, &, le fegont jor de huitovre, fu rendue la fainte
cité de Jérufalem as Sarazins, & tout le royaume fors Sur,
& fu délivré le roy Guy de Lezigniau & les autres barons
quy furent pris o luy, lefquels furent entre le roy de France
& d'Engleterre, a. M.c.LXXXVili.
46. A. M.C.LXXXIX, le roy Guy, quy eftoit à Sur o tant
le plus des creftiens eftoient afemblés, vint afeger la cité
d'Acre à ce que il poft aver de gens & l'afega, mais il
ne la poft prendre; & le roy Lois, roy de France, & le
roy Richart, roy d'Engleterre, s'apaiflTerent de lor guerre.
47. A. M.C.XC, l'enperor Federic venoit au fecors de
la fainte terre de Jérufalem, & quant il fu à .j. chafteau
d'Ermenie, & fe mift à pacer .j. flum, qui fe dit le flum
de Salef, fa befte li trabucha defous, & le dit enperor
chay & fu neé; & fon cors fu porté en Antioche & là
fu enterré, & fu fon fis encorounés par pape Seleftin, le
fegont jour que il fu facré. Se pape fu roumain & fu
.xvj. ans & .ix. mois & .xj. jours. Seftuy enperor Federic "
qui nea, ne fu mye feluy enperor Federic quy fu fy
contre l'ighie, ains fu ceftu moût faint home, mais de
l'autre vous parleray sa en avant.
48. En ce dit an l'an de M.C.XC de Crift, le roy Phelippe
de France & le roy Richart d'Engleterre paflTerent en Acre
& afegerent Acre; & fes .ij. rois ne paflTerent mye
enfemble, car le roy de France pafla y de poy de tens
avant dou roy d'Engleterre, & le roy d'Engleterre en fon
a. Le mf. ajoute un membre de quy fu fy contre lyglife.
phrafe qui fe retrouve plus loin:
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

14 LES GESTES DES CHIPROIS.
1190-1192 venir efpouza la fille dou roy de Cezille, & laiffa le roy
d'Engleterre fa mère en Sezille, quy li mena là feme à
Acre. Et feftuy roy Richart avoit proumis au roy Phehppe
de France d'efpouzer fa feur, & h failly; & prift fefte fille
dou roy de Sezille, & ja foit fe que le roy de France l'eiit
à grief, il ne li en fift nul fenblant, ains il meymes le
roy de France fon cors entra en mer & fe mouUia, & prift
la dame efpouzée en fes bras & la mift de la barche en
terre, & fij dit que à pafer que fefte dame fift par Chipre
& la mère dou roy d'Engleterre, & furent .j. jour devant
Limeflbn, une ville de Chipre, que (^rfaquy tenoit"; fi fe
mift en fay de prendre la dame, & fi ne poft, car il partirent
felle nuit, & por cefte achaiflfbn le roy Richart
d'Engleterre ala en Chipre & la prift. Et en fe dit an
comenfa l'ordre des Alemans.
49. A. M.C.XCI, les devant només, le roy de France &
d'Engleterre, recovrurent Acre [fur] les Sarazins, & fu à
.xxij. jours de jugnet dou dit an, & fu veii le foulail la
vegile de Saint Johan covert & vert.
yo. A. M.C.XCII de Crift, le marquis de Monferar, quy
eftoit venu à(s) Sur & avoit efpouzé la feme quy fu de
Anfi-ey dou Thoron, quy eftoit en vie en prifon des Sarazins,
le quel mariage le patriarche avoit confenti par la
grant bezoigne que la cité de Sur avoit de fecors à fel
ore, & avoit à nom la dame Yzabiau, fille dou roy
Aumaury de Jérufalem, ceftuy dit marquis fu féru de
Haflîfl^es, & morut. En fe dit an acheta le roy Guy de
Lezegniau, quy eftoit roy de Jérufalem, Chipre des Temphers
qui Tavéent achetée dou roy Richart. Et fe dit an
le conte Henry paflTa de sa mer & efpouza cefte dame
quy avoit efté feme de Anfrey dou Thoron & dou dit
marquis, la quele fli fille dou roy Amaury de Jérufalem.
a. Le mf ajoute: chipre griffon.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

I. CHRONIQUE DE TERRE SAINTE.- 1224. If
5" I. A. M.c.xciil, le roy de France fe torna en France "93-"97
& le roy Richart demora en Acre & fift la trive à Salahdin,
foudan de Sarazins, & recovra Jaffe, Arfuf^ Sezaire,
Caïfas, & s'en ala outremer & nen oza pacer par France
pour la maie volenté qui douta que le roy de France
n'eîift à luy pour ce que il efpouza autre que fa feur, con
vous avés oy. Et por fe ce mift à pacer par Alemaigne,
dont le duc d'Oftriche, quy eftoit fon enemy, le prift &
le tint en fa prizon, & le fift racheter de trop grant aver
& fu délivré de prizon.
^2. A. M.C.xcilil, morut le roy Guy de Lezegniau, &
Sébile s'efpouze " & fes enfans, fauf une fille ; & fu roys
après luy fon frère, quy ot nom Hemerin; & en ce dit
an * Livon quy eftoit roy d'Ermenie, prift Baymon, prince
d'Antioche, à qui il devoit homage, & le mift en prifon;
mais le conte Henry les acorda enfemble & fift maryage;
ÔC^ ofta Baymont à Livon fon homage, & fu délivré
Baymont.
^3. A. M.c.xcv, le conte Henry chaflTa hors d'Acre
le[s] Pizans, borgeis & autres, & puis s'acorda as aus, &
retornerent à Acre.
5'4. A. M.c.xcvi, morut Salahdin, foudan des Sarazins
de Babiloine, & Affarafeldin, fon frère, toly la feignorie
as anfans de Salahdin, quy eftoient fes nevous, & ce fift
il meïmes foudan. Et en fe dit an, morut le patriarche
d'Antioche, qui ot nom Haimerin, & fu fait patriarche
Piere d'Angoleme, quy fu vefque de Triple, & fu en France
grant chareftié que l'eftiers dou fourment valut .iiij. hvres
de parifis.
15". A. M.CXCVll, manda le pape fecors en Jérufalem
par croiflTerie, & Sarazins rendirent as creftiens Giblet, &
a. Mf. fefpouza. — b. le mf. c. Le mf. ajouU: fu deliure
ajouU prift. baymont & qui.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

LES GESTES DES CHIPROIS.
1197-1203 l'emperere Henry prift Poulie & Sezille, & chay le conte
Henry d'une feneftre dou chaftiau d'Acre au focé, &
morut. Et à fel an fu prife Jafe des creftiens, que Sarazins
le prirent.
y6. A. M.C.XCVIII, le roy de Chipre, Heimery de Lezegniau,
quy fu frère dou roy Guy, efpouza la rayne Ifabel,
quy fu feme de conte Henry; & l'arcevefque de Maience
coruna à(u) roy d'Ermenie Lyvon, & de là en avant fe
ce corounerent les feignors dou royaume d'Ermenie. Et en
dit an, morut l'empereor Henry en Palerme, & fu le fegont
an que il prift Poulie & Sezille, con je vous ay dit avant.
5-7. A. M.C.XCIX, fu ocis le roy Richart d'Engleterre,
celuy qui fli à prendre Acre aveuc le roy de France, con
vous avés oy, par .j. cariau de l'abaleftre quy le fery en
une bataille, quy fu entre luy & fes homes; & morut. Et
fu fait roy après luy fon fis Johan; & en ce dit an, efpouza
Loys, roy de France, fis quy fu de Phelippe, Blanche, fille
dou roy Anfois de Caftele.
y8. A. M.CCI ", morut Baimont, prince d'Antioche, &
après luy fii fon fis, qui ot nom Baymont, quy eftoit
conte de Triple; & en fel an fecha le flum de Egipte,
dont il eiit en Babiloine grant chareftié.
^9. A. M.CC.II, fu .j. grant croie quy abati moût de
maifons à Acre & à Sur & à Giblet & à Triple & à
Arches, & moût d'autres maifons des creftiens* & des
Sarazins. Et en fel an, mut le conte de Flandres à aler
en Jérufalem.
60. A. M.CC.lli, prift le roy Livon d'Ermenie Antioche
jufques à la maifon dou Temple, & demora dedens la
cité .iij. jours; & en cel an le roy Johan d'Engleterre prift
Artu & les barons quy furent entre luy.
a. On lit dans le mf. m.ij c. & j ; h. Le mf. porte cités.
de même plus bas m.ij c .ij. &c.
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CHRONIQUE DE TERRE SAINTE. - 1224. 17
61. A. M.CC.llil, ocift Morchufle le fis de l'empereour 1204-1209
Quirfaquy; donc le conte Bauduyn de Flandres & le duc
de Veneyfe prirent Coftantinople par force & firent faillir
Morchufle d'un pielier aval, & morut; & firent empereour
de Coftantinople le dit conte Bauduyn de Flandres, qui
avoit laiflé fon pèlerinage, & avoit prize Jare, quy eftoit
dou roy de Hongrie, & doné à Veneflîens contre la
defence dou pape. Et puis vint en Coftatinnople, & fu
deftorbé le fervize Dieu, & poy ly dura Coftantinople, &
ce dit encores que par deniers que foudan defpendy, fu
deftorné le pafage d'aler en Surie, fi com il eft efcrit clerement
au Livre dou conquift à quy furent mandés les
deniers. Et en ce dit an manda le roy Heimery l'eftoire
de Chipre & de Surie en Egipte, & la guafterent & deftrenerent,
& firent grant guain. En ce dit an conquift le
roy Phelippe de France Normandie.
62. A. M.CC.v de l'incarnafion de Crift, morut le roy
Heimery de Jérufalem.
63. A. M.CC.vi, le prince Baimont prift Nefin &
Gebelcar dou feignor de Nefin que révélés eftoit contre
luy, & ot là le prince crevé un eul d'un pilet.
64. A. M.CC.VII, fu coronés l'emperour Othe par pape
Inofent, que puis le defpoza, quar il ne garda pas leauré
vers l'iglife. Seftu pape fift decretales & farmons, & fu
.X. ans pape, & .iiij. mes. Et en ce dit an, le roy Phefippe
d'Alemaigne fu mort en bataille.
6f. A. M.CC.viil, defconfift le prince Baymont d'Antioche
les chevahers & la coumune qu'il avéent faite, &
prift le patriarche quy eftoit lor confentant, & le mift en
fa prizon où il morut, & vindrent les chevahers à fa
mercy.
66. A. M.CC.IX de l'incarnafion de Crift, fu fait Lois,
roy de France, chevafier par la main de Hôte, l'emperor.
Et cel an alerent contre Aubegos.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

l8 LES GESTES DES CHIPROIS.
1210-1214 67. A. M.CC.X de l'incarnafion de Crift, les barons dou
royaume de Jérufalem mandèrent preant au roy de France
qu'il lor mandaft aucun hauthome, pour efpouzerlor dame
rayne de Jérufalem, quy avoit nom Marie ; dont le roy de
France lor manda .j. haut home, quy ot nom meflire
Johan de Braine, quy vint fel an à Acre, & efpouza la dite
raine, & le patriarche Abert les corouna en la cité de Sur.
68. A. M.CC.XI de l'incarnafion de Notre Seignor
Jehfu Crift, le roy Hugue de Chipre efpouza la rayne
Ahs, de la quele vos orés parler encores en ce livre, &
en ce dit an, ala Gautier de Monbeliart en Damiate &
fis[t] grant damage à Sarazins, & aporta grant guain; &
en fe dit an entra Hôte l'empereor en Poille, & la prift,
& fu efcomenyé por ce.
69. A. M.CC.xil de l'incarnafion de Notre Seignor
Jehfu Crift, ala Gautier de Monbehart en Romanie &
[en] fon chemin prift Satallye, & là fii ofis d'un pylet quy
le fery.
70. A. M.CC.xill de Crift, fu gran bataille de Sarazins
d'Efpagnie as creftiens, & furent les Sarazins defconfis
malement ; & en ce dit an, Lafcre fe conbaty au foudan
dou Coine, qui eft en Turquie, & fu le fouldan dou Coine
(& fu) defconfit & mort en champ. Et en ce dit an, les
Haflîfes tuèrent Baimon, prince d'Antioche & conte de
Triple, fi com il chevauchoit par la ville de Triple.
71. A. M.CC.xilll de Crift, le patriarche Abert de Jérufalem
fu oflis, fi com il eftoit en la precefion le dimanche
à Saint Crus, mère yghfe d'Acre, & le fery .j. frère de
Saint Efprit que l'en dift quy h avoit doné .V^. bezans por
faire le maiftre de fel ordre, & puis le defpoza & mift
.]. autre, & autre dient que il ne ly avoit doné rien;
mais por ce qu'il le defpoza fouletement, fi le tua, & le
maufaitour fu pendu; & fu fait patriarche après luy
l'evefque de Sayete.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

I. CHRONIQUE DE TERRE SAINTE. - 1224. 19
72. En ce dit an, le roy PheUppe de France defconfit 1214-1*19
l'empereor Hôte à Pont de Bovines, & Lois fon fis defconfy
le roy Johan d'Engleterre en Peitou ", & après devint
le roy Johan home de l'ighze de Rome, & dona treu au
pape Engleterre.
73. A. M.CC.XV de Crift, Inocent tint confeil jeneral
à Rome por le fecor de la Terre Sainte de Jérufalem, &
furent au confeil .cccc.&.xxij. evefques* & .Ixxij. maiftres
politans; & adons ordena à foner une campanele devant
Corpus dominy. Ceftu pape vefquy .ix. ans.
74. A. M.CC.XVI, morut le dit pape Ynolènt, qui fu
tiers Ynofent, & morut à Perouce; & en ce dit an, fu fait
pape Henoire le tiers, & fu de Rome, quy fu pape .x. ans
& .vj. mois & .xj. jours. Et en ce dit an, morut l'empereor
Hôte, & Federic, quy fe nomoit l'enfant de Poille,
fil enco(co)rouné à enperor; & en fel an fu rendue
Antioche à Rupin par le trait de Acairye, fenefchau d'Antioche;
& fel an morut le roy Johan d'Engleterre, & fu
fait roy d'Engleterre fon fis Henry.
75". A. M.CC.XVII de l'incarnafion de Chrift, fi vindrent
en la Terre Sainte le roy de Hongrie & le duc
d'Oftericheàla grant cruflee des Hongres & des Alemans,
lefquels alerent auhorer à Monte Tabor, & fermèrent le
Chafteau Pèlerin à temphers ; & le roy Johan de Breine
& le patriarche firent fermer le chafteau de Sezaire.
76. A. M.CC.xviil, morut le roy Anfous de Cartel en
Efpaigne, & le roy Hugue de Chipre morut à Triple, &
ala le roy Johan de Brene en Damiate & l'afega.
77. A. M.CC.XIX, prift le roy Johan de Brene ' Damyate
& fe conbaty cors à cors à .j. farazin quy eftoit à pié
& eftoit plus haut à pié que home à chevau de .j. bras,
a. Mf. peiton. — b. Mf&c vef- c. Les mots de brene/OH/ ajoutés
ques^ d'une écriture de date poftirieure.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

20 LES GESTES DES CHIPROIS.
1219-1223 & le roy Johan h tailla la tefte, & fu porté(e) à Acre
.j. hos de fon bras & fu pendu à fainte Crois, à veïr à la
gent par merveilles. En fe dit an, le prince Baymont toly
Antioche à fon nevou Rupin par l'acrait de Guillem
Farabel.
78. M.CC.xx, morut Phehppe, roy de France, & fu fait
Lois, fon fis, roy. En ce dit an, fu encoroné Federic, enfant
de Poille & enperor, par pape Honore.
79. M.CC.XXI de l'incarnafion de Crift, perdirent les
creftiens Damiate, car le roy Johan chevaucha dehors
par la terre, & les Sarazins firent aler l'aiguë dou flum
entor fa herberge, & quant il fe vy enclos, fi rendy
Damyate, & s'en vint à Acre, luy & fa gent. Et en ce dit
an, le baill d^rmenie prift Rupin, qui fu prince d'Antioche,
& le my[t] en prizon, où il morut.
80. [A.] M.cc.xxil de Crift, retorna à Rome le léguât
Pelage, & o luy le roy Johan de Jérufalem & le patriarche
Raoul & le maiftre de l'Ofpitau, fi-ere Guarin de Montagu,
& fu otroé le mariage de la fille dou roy Johan à Federic
l'emperor par pape Honoire. Et en ce dit an, Phehppe,
fis dou prince d'Antioche, efpouza la fille quy fu de
Livon, roy d'Ermenie, dont le baill le prift après & le
mift dedens une mayfon plaine de mil, & nea. Et [en] ce
dit an, vint une croie à Baphe, quy l'abaty toute.
81. Or vos ay moftré les incarnafions des anées de
Adan jufques^'à l'empereor Federic quy le difoit anfant
de Poille & dou dit enperor, en jufques autres en que
nos fbmes ; [fij portés oïr tout par devize des chozes quy
font avenues tous les ans de celés quy à conter font.
82. Ce fu en l'an de l'yncarnafion de Notre Seignor
Jhefu Crift, M.CC.XXIII : avoit au reaume de Jérufalem
une haute damoifele quy avoit nom Yzabiau, laquele
eftoit fille dou roy Johan de Breine, & quy eftoit dreit
heir & dame dou royaume de Jérufalem de par fa mère,
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

L CHRONIQUE DE TERRE SAINTE. - 1224. 21
la raine Marie, quy fu fille dou roy Heimery, roy de 1223
Jeruiàlem.
83. Cefte haute damoizelle, que je vos dis quy eftoit
dreit heir dou royaume de Jérufalem, fi avoit une feur
quy eftoit mariée au roy de Chipre, qui avoit nom Hugue
de Lezegniau, la quele l'on la nomoit la rayne Alis.
84. En cel tens avoit de sa mer en Surie .j. haut home,
quy avoit nom meflire Johan d'EyMin, & eftoit feignor
deBaruth, lequel avoit au reaume de Chipre moût gra[n]t
rentes de cazaus & d'autres chofes. Ceftu feignor de
Baruth fi fu vaillant & moût hardy & entreprenant &
large & cortois & de bel acuell à toute gent, & por ce
il eftoit moût amé & moût renomé partout, & par my
tout fe, il eftoit fage & conoifTant, & preudome & leau
enver Dieu.
8y. Le feignor fi avoit .j. frère quy ce nomet Phefippe
d'Eyblin, quy avoit au (fi afl^és de rentes & fiés, & qui fu
meïmes vaillant & entreprenant. Ses .ij. feignors eftoient
oncles de Tavant dite damoifele rayne de Jérufalem & de
fa fuer la raine Aalis de Chipre.
86. Or avint en cel an que Fedric, que l'on dizoit l'enfant
de Poulie, eftoit fait enperour par pape Onoire, le
quel enperour regnoit à cel tens à grant poier & à grant
renomée; & avint chofe que à cel tens eftoit aie le roy
Johan de Breine à la court de Rome au pape, qui avoit
nom Onoire, dont il porchafla vers le dit pape, qui
ocflroya le mariage de la dite damoyfelle Yfahiau, rayne
de Jérufalem, fa fille, au dit enperor Federic, fi con je
vous ay dit.
87. Dedens ce, le dit enperor avoit mandé mefages
au roy Johan & à barons dou royaume de Jérufalem
pour efpouzer la dite damoifele, de la quele il en avoit
oy parler ; mais les mefages de l'empereor pacerent en
Surie, & en ceaus jors pafîa le roy Johan à court de Rome
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

22 LES GESTES DES CHIPROIS.
1223 que les uns ne forent novelles des autres, & porchafl^a
le roy Johan la defpenfafion dou pape pour le dit
mariage, con vous avés oy.
88. Le maryage fu otroé & parfait d'une part &
d'autre, fi que l'empereor fift aparailler & armer .xx. gallé[e]s
à aler en Surie por amener la dite damoifelle rayne
de Jérufalem, & ordena l'emperor .j. predome & fage,
l'evefque de Padua, au quel vefque l'emperor dona fon
anel, dou quel anel le dit evefque devoit efpouzer la
dite damoifele pour l'empereor. Et enfy fu la chofe
afermée par fàint[e] jghze, & ordena l'empereor chevahers
des fiens & valès pour aler fur les dictes guallées
pour acompaigner la dite dame à fon revenir, & manda
l'emperour biau[s] prezens de biau[s] juaus à la dite dame
& à fes oncles & as autres fiens parens, & fe partirent les
guallies & ariverent en la cité d'Acre. Et avint choze que
en fiaus jours le noble baron, feignor de Baruth, fe trova
à Acre, quy refut l'evefque de Padua •" & les autres chevahers
de l'empereour moût henoré[e]ment, con fil quy
eftoient moût cortois feignor, & l'avoit ufé & favoit bien
faire, & les herberga, & fill fervir bien & largement, &
s'afemblerent tous les barons quy à Acre fe troverent,
& refurent les letres dou pape & de l'empereor & dou
roy Johan, & les entendirent dilyguament & à grant
reverenfe & à grant joie dou dit mariage.
89. Le feignor de Baruth & fon frère quy vint de
Chipre, & tous les autres barons & chevahers de la Surie
& de Chipre & les comunes & borgés & autres s'aparaillerent
& tayller[ent] robes, enveffées & autres chofes
quy fuft aferable à faire fefte de fi haut mariage con
feftu & de f\ haut encoronement, & menèrent la dite
damoifelle à Sur, & iquy fli elle mariée & encorounée par
a. Mf. paete.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

I. CHRONIQUE DE TERRE SAINTE. - 1224. 23
l'arfevefque de Sur, Simon; & dura la fefte .xv. jours en 1223-1224
behorder & en danfes & en femonces & de changer
enviflfures & doner robes & d'autres feftes de plufTors
manières.
90. Quant les feftes furent parfaites en la cité de Sur
à moût grant henour, fi com il couvenoit de faire pour
fi haut mariage, com eft de fi haut perfone de l'empereor
& de fi haut[e] rayne, com eft la rayne de Jérufalem,
le feignor de Baruth & fon oncle & fon frère, monfeignor
Phehppe d'Eybehn, & les autres parens, fy ordenerent
aucunes perf ones à mander avec la rayne jufques
à l'empereor, & fi ordenerent lequel y ala; l'arfevefque
de Sur, Simon, & meflire Balian, feignor de Sayete, couzin
germain de la dite rayne, & autres chevaliers & valès
& dames & damoifeles [y alerent], & l'acompaignierent
jufques à l'empereor Federic ; mais le feignor de Baruth,
fon oncle, & aucuns des autres barons l'acompagnerent
jufques en Chipre.
91. Et quant vint à .viij. jours de jugnet, l'an de
M.CC.XXIIII, la dite rayne fe recuUy fur les .xx. guaUies
devant dites, que l'empereor ly avoit mandées; au reculhr
la rayne Aalhs, fa feur, rayne de Chipre, & les autres
dames l'acompaignerent en la maryne à lermes plourant,
con fêles quy penféent bien que jamais ne la cuidéent
veïr, fi com il ne firent ; & au partir que la dite dame
fift, ele regarda la terre, & dift : (< A Dieu vos comans,
cr douce Surie, que jamais plus ne vous verray! » Et elle
profetiza, car enfy fu.
92. Les guallies ariverent là fain[es] & fauves, & l'empereor
Federic la refut à moût grant henour & à moût
grant fefte, & fift faire grant bahors & grans luminayres
& moût d'enviflTures & d'autre fefte, & fe tint l'empereor
moût à payé.
93. Cefte dame vefquy poy de tens en la compaignie
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

24 LES GESTES DES CHIPROIS.
1224 de l'empereor, dont il avint que la dite dame fiUa .j. fis,
& à l'enfanter fu cy travaillé[e] que elle morut, & l'enfant
vefquy après fa mère, & fu nomé Corrat, quy fu
droit heir dou royaume de Jérufalem, & fu en fà grandece
'^ apelé le roy Corrat ; & de ceftu roy Corrat & de
la fille dou duc de Hofteriche nefli Corradin, fi con vous
orés devizer en fe livre dou roy Corrat & de Coradin.
94. Cefte dame quy fu maryée à l'empereor, fi avoit
une feur quy ot nom rayne Aalis, fi con je vos ay avant
dit, la quelle eftoit mariée au roy Hugue de Chipre de
Lezingniau, quy fu moût fage & de grant valeur, le quel
Noftre Seignor l'avoit pris à fa part, & demora la rayne
Alis moût jeune dame, la quele avoit .iij. anfans, .j. fis
& .ij. filles, & avoit nom le fis Henry, lequel fu roy de
Chipre, fi con vos orés parler de luy en ce livre.
9f. Cefte dam[e], fi com je vos ay dit, avet .ij. oncles,
meffire Johan d'Eyblin [& Phehppe], quy furent frère de
fa mère de par mère, & eftoient auffi oncles de fefte dame,
rayne de Jérufalem, quy fu mariée à l'empereor Federic,
con vos avés oy.
96. Cefte royne Aalis fi avoit les rentes dou reaume
de Chipre à fà volenté & à fon comandement, mais le
baillage dou dit royaume fi fu doné à meffire Phelippe
d'Eybhn, frère dou feignor de Baruth, quy governoit au
reaume de Chipre, & le feignor de Baruth entendoit au
fait d'Acre & de la Surie, & aloit & venoit fouvent à Acre
& à Sur & à Baruth, & là où faifoit bezoign; & la rayne
faizoit des rentes tout à fa volenté : car fefte royne Aalis
fi eftoit moût large & defpendoit les rentes moût largement,
& en faifljoit dou tout à fon gré & à fa volenté.
a. Mf. grant dece.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

II
PHELIPPE DE NEVAIRE
ESTOIRE T>E LA GUERRE
qui fu entre l'empereor Frédéric
& Johan d'Ibehn
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

LIVRE II
PHELIPPE DE NEVAIRE
ESTOIRE DE LA GUERRE
gui FU ENTRE L'EMPEREOR FREDERIC
ET JOHAN D'IBELIN
* *
*
CI comence l'eftoire & le droit conte de la 1218
guerre qui fu entre (de) l'empereor Federic
& meffire Johan d'Eybelin, feignor de Baruth,
& par quey l'on peufl^e meaus entendre
[coment] mut & comenfa & fu celé
guerre, & coment avint que partie des Chiprois fe tint
vers l'empereor & la plus grant partie vers le feignor de
Baruth, PHELIPPE de NEVAIRE, quy fu à tous les fais &
les confeils, & quy mainte fois a efté amés des bons pour
le voir dire, & haïs des malvais, vous en dira la vérité
aucy come en touchant les homes & les grans fais.
98. Il avint enfi come Noftre Seignor le confenty, que
le bon roy Hugue de Chipre, quy fu moût vaillant, ala
à Tortoufe en pèlerinage, & puis vint à Triple, & ileuc
amalady & trepaffa de ceft fiecle en l'an de M.CC. & xvili,
à .X. jors de jenvier, & fii entererré à l'ofpital de Saint
Johan. La royne Aalis, fà feme, demoura moût jeune &
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28 LES GESTES DES CHIPROIS.
1218-1219 avoit .iij. enfans de luy, .j. fys & .ij. filles. Le fys n'avoit
que .ij. mois & avoit nom Henry, qui fu après fon père
roy de Chipre & fu apelé le roy Henry Gras. La dite
reyne Aafis eftoit nièce de monfeignor Johan, feignor
de Barut, & de meffire Phehppe d'Ybehn, fon frère. Tous
home[s] hges dou roy firent homage come de baill à la
dite reyne, & tous les homes hges prièrent & requiftrenc
à meflîre Phehppe de Ybehn que il fuft baill de Chipre
por gouverner la terre & tenir la court, & coumander
fus les homes. Le roy Hugue meïf ine l'avoit avant prié &
comandé à la mort. Monfeignor Phelippe refl^it le baillage;
fi ot moue de travail & noifè, & la reyne ot les
rentes que moût largement les defpendy. Meflîre Phelippe
d'Ybehn gouverna moût bien la terre & en pais, & moût
i fift de bien & de hennor & de loyauté & de largeflTe;
& monfeignor de Baruth eftoit tout le plus en Surie, &
as tous les befoins metoit grant confeil & grant aye au
fait de Chipre.
99. En cel(e) meïfme an, ala l'oft de Surie par mer à
Damiate, & la priftrent des Sarrazins, & adonc vint de
Rome à Acre maiftre Pelage, evefque d'Albane, légat &
prince des Romains.
100. En l'an de M.CC. & xix, le prince Bemont d'Antioche
toly Antioche à fon nevou Rupin par l'atrait de
Guillaume Farabel.
ICI. Et en cel meïfme an moruth Lyvon, roy d'Ermenie.
102. Et en cel an fu corouné à empereor de Rome
Federic, roy de Sezile, en l'ighze de Saint Piere, de pape
Honoire le tiers. Ceftuy Federic en fa juventute, avant
qu'il fuft empereor, fe moftroif* moût bon, & puis qu'il
fu empereor, comenfa à entendre angoifToufement & à
a. Mf. meftroit.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

II. PHELIPPE DE NEVAIRE. 29
l'abaifTement de faint[e] yglize, & à la deftrucion des 1219-1222
nobles homes. U effaufoit les fers & les vilains. U elTaufoit
& il defendoit les larecins & les homecides as autres,
les quels chofes il foui faifoit plus que ly autre à quy il
les defendoit ne peiifTent faire. U eftoit cruel outre mefure,
fi que il n'avoit en luy nulle pitié. U fu defleaus &
ort; & ne fe pooit l'on fier en luy ne por fairement ne
por promefTe qu'il feïft, & ja foit ce qu'il eftoit paourous,
nequedent à coftreindre la révérence de la foy chatolique
il eftoit très herdy. U, fans efpareigner à dignité
d'ome d'yglize & à fexe & as viels & as juenes, tormenta
diverfement, en manières qu'onques mais ne fu
oye, & veves & enfans & veillars & foibles, arcevefques
& evefques, gens de religion, les defpoilla de lor vies &
de tous lor biens. Au fait de luxure, il trefpaffa la boune
nature, fi que en luxure ilfurmonta Noiron; fans nombre
fift d'avoltires & de fornications, & ovec ce eftoit fodomites.
il enprifona fon fis Henry, roi(s) d'Alemaigne, dont
il morut en prifTon, fi com vous le troverés sa ariere.
A la fin l'efcomenia le devant dit pape Honoire, & le
guerroya moût, fi com vous oirés dire ci après.
103. En l'an de M.cc.xxi, les Sarazins priftrent Damiate
des creftiens, & en cel an le baill d'Ermenie prift
le devant [dit] Rupin à Tarfe & le mift en priflTon, où il
moruth. Et en cel an moruth Coftance, empereris d'Alemaigne.
104. En l'an de M.cc.xxil,-le devant dit légat Pelage
retorna à Rome, & o luy alerent le roy Johan de Jérufalem
& le patriarche Raoul, & frère Garin de Montagu,
maiftre de l'Ofpital; & le dit roy Johan parla au pape
dou mariage de fa fille à l'empereor par la difpenfation
de pape Honoire le tiers.
lOf Et en cel an, Phelippe, fis de Bemont, prince
d'Antioche, efpouza la fille dou roy Livon d'Ermenie, &
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30 LES GESTES DES CHIPROIS.
1222-1224 Ot tout le royaume, dont le baill le prift & le mift en
priflTon, où il morut.
106. Et en cel an, fu le grant croie en Chipre, quy
abaty Bafe.
107. En l'an de M.CC.XXIII, le patriarche Raoul de
Jérufalem retorna de Rome à Acre.
108. Et en cel an, moruth Phelippe, roy de France, &
Lois, fon fys, fu corouné à roy de France; & en cel a[n]
prift la Rochele.
109. En l'an de M.CC.xxilii, vint à Acre l'evefque de
Padua, & aporta l'anel à Yzabeau, fille dou roy Johan de
Jérufalem de par l'empereor Federic, & en cel an moruth
le patriarche Raoul de Jérufalem. Après luy fu efleii à
patriarche de Jérufalem Gyrolt.
110. Si toft come le juene Henry, fis dou devant dit
roy Hugue de Chipre, [fli] un poy grandet, fes oncles
& fes autres homes le couronnèrent à moût très grant
fefte. L'arcevefque Eftorgue de Nicoflîe en fift ce qu'à
l'ighze en afferoit à faire. A(u) fon corounement l'emperere
Federic fe corroufTa moût de ces .ij. chofes, quant
il le fot, s'eft afaver dou baillage & dou corounement,
por ce que le roy Henry devoit eflire fon home. U difoit
que le baillage eftoit fuens " & que il devoit par les
us d'Alemaigne tenir le baillage de Chipre, tant que le
dit roy eiift .xxv. ans d'aage, & aucune fois manda
l'empereor à la reyne Ahs de Chipre qu'ele h laiflTaft
tenir le baillage de grâce, tant com il li plairoit; mais
dou corounement fe par coroufl^a il trop, & difoit que
le roy Henry ne devoit recevoir corouné que de luy,
& toutes voies mandoit il moût amiables letres tous
jors as .ij. frères de monfeignor de Baruth, & le bail
fire Phehppe tout adès les apeloit oncles en fes letres,
a. Le mf. répète & que le baillage eftoit fuens.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

IL PHELIPPE DE NEVAiRE. Jl
por ce que il eftoient à la reyne Yzabeau de Surie, quy "H
eftoit fa feme.
111. En celuy tens avoit aucuns juenes homes en
Chipre; l'un ot nom meffire Aymery Barlais, l'autre fire
Amauri de Bethfan; cil duy eftoient coufin d'un lignage.
Le tiers ot nom fire Gauvain, le quart fire Guillaume de
Rivet; cil duy eftoient d'un hgnage. Le quint ot nom
fire Hue de Gibeleth ; celuy fu d'autre hgnage, & apartenoit
as enfans de monfeignor de Baruth par lor mère.
Ceaus .V. s'acorderent & jurèrent encontre le hgnage de
Ybelin; & fi avoient efté moût bien d'eaus, & avoient
refTu moût de biens & d'amors d'eaus, efpeciaument de
monfeignor de Baruth plus que de nul home, mais folie
& orgueil quy fouvent muet de richefce & de repos, &
que il y a moût de gens quy ne puent fouffrir l'aife, les
mena à ce que il firent, & que il oïrent, & toutes voies
y ot achaifons; & fi les oirés ci après maintenant.
112. U avint que monfeignor de Baruth fift fes .ij. fils
aihnés chevaliers en Chipre ; l'un fu meffire Balian, quy
puis fu coneftable de Chipre & feignor de Baruth, l'autre
fu meffire Bauduyn, quy fu cenefchal de Chipre. A celé
chevalerie fu la plus grant fefte & la plus longue qui
fuft onques desà mer que l'on fâche : moût i ot donné
& defpendu & bouhordé & contrefait les aventures de
Bretaigne & de la Table ronde, & moût de manières
de jeus.
113. Un jour après la chevalerie, juoient à un jeu que
l'on apelle barbadaye ; fy avint que .j. chevalier toufcan,
quy avoit nom Tor & eftoit de la maihnée de meffire
Phehppe le baill, & fery meflire Heimery Barlais, fi come
l'on fiert à feluy jeu. Le dit fire Heimery fe corouflfa &
dift que il l'avoit feloneflfement féru & trop fort. Atant
s'en para dou jeu; Lendemain il gaita le chevaher entre
luy & fà force, & le laidirent malement, fi que cil fii
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

32 LES GESTES DES CHIPROIS.
1224 mahaignyé & en péril de mort. Meffire Phehppe le baill
s'en aïra moût, & ly voft corre fus. Tous ceaus de fà jure
fe tindrent à meflire Heymery, mais riens ne montoit
contre le pooir de meflire Phehppe le baifl. Monfeignor
de Barut, & fon frère, fe mift entre .ij. & les tint à force,
& manda fon fys meflire Balian quy condeufift meflire
Heimery Barlais là où il vofyft aler.
114. Après ce ne demora gaires que meffire Heimery
Barlais fe party de Chipre & ala à Triple, & là fu tout
iver. Monfeignor de Barut paflTa de Chipre à Baruth,
& manda querre fire Heimery Barlais au pafcour, & le
mena en Chipre devant fon(t) " frère fi foudeinement
que il ne fot mot, & dift à fon frère que il voloit en
toutes manières & en toutes guifes que il pardonaft à
fire Heimery, & fe il nel faifoit, jamais à luy ne parleroit
ni ne le verroit, & que il feroit au tel fin come fire
Heimery. Le baill dolent fift la volenté de fon frère, & le
chevaher mahanié fors paflTa quy ne voft faire pais; fire
Heimery s'avoit moût d'avenant, fi fu ariere tout fire &
moût ot grant compaignie & grant amour à meflire Bahan.
En cel an un poi après, avint que la reyne Ahs de
Chipre fe corroufTa à fes oncles & à fes autres homes, &
fans lor gré & lor otroy s'en ala à Triple, & efpoufa
Bemont, fys dou prince d'Antioche. Tous ceaus de Chipre
& fire Heymery Barlais meïfme crièrent à une vois que
le prince fuft baill en Chipre & que il eiift pooir, que
ce feroit la mort & la deftrucion de leur petit feignor.
11 y. Après ne demora gaires que le devant dit fire
Phehppe d'Ybelyn laifTa le baillage maugré tous ceaus
dou pais ; & la reyne Alis, quy eftoit à Triple, manda
que meffire Heimery Barlais fuft baill tant qu'elle peiift
venir en Chipre. Meffire Heimery l'otroya maintenant
a. Mot ajouté pojiérieurement.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

II. PHELIPPE DÉ NEVAIRE. 33
fans ce que il eiift otroy de nul home de Chipre, ains le 1224-1225
tindrent à grant defpit, & s'afemblerent à la court, & dift
meffire Phehppe d'Ybehn que il tenoit à grant orgueil
& à grant fuperbe ce que fire Heimeri s'eftoit offert &
avoit otroié d'eftre cheveteyne fur luy & fur les autres
bonnes gens de Chipre, & que il n'eftoit mie home que
il deiift ce faire, & que c'eftoit bien encontre ce que il
meïfme avoit dit, quant la reyne Alis efpouza le prince.
Sire Anceau de Bries fe leva & dift que de tant come
meffire Heymery Barlais en avoit fait & dit, avoit il fait
que defloyal, & fe il fuft en my la place, plus l'en direit
& le provereit. Celuy meffire Anceau de Bries fii fis
d'un coufin germain de monfeignor de Baruth & de fon
frère; fi eftoit juenes hom & fort & durs, membrus &
ofTus, vigourous & pénibles, & entreprenans, & faifeour,
amy & enemy, cortois, & large de quanque il pooit
tenir, blans & blondes, & vayrs & camus à une chiere
grefaignie, femblant au leupart. Les .ij. frères l'avoient
moût cher(s) & il le defcernoit bien, & fâchés que de
cefte guerre fu il le plus prifié à dreit après les .ij. frères
& leur enfans, & le bon jeune feignor de Cezaire qui
eftoit lor nevou. Si come fire Heimery Barlais ot oï ce
retraire ce que l'on avoit dit de luy en mal, il s'en party
de Chipre & ala à Triple, & enprift que là atendroit la
venue de l'empereor que moût eftoit criée de jour en
jour; & fon entendement eftoit que par l'aye de l'empereor,
il porroit foufmetre le lignage de ceaus d'Ybehn.
116. En l'an de M.cc.xxv, Yfabeau, la fille dou roy
Johan de Jérufalem, fu coroné[e] à Sur,& puis paflTa outremer
pour eftre mariée à l'empereor Federic, & alerent
ovec elle l'arcevefque Symon de Sur, & Bafian, feignor
de Saete.
117. U avint [que] grant tens aveit que meffire Gau-
vayn ot contens à .j. chevaher quy avoit nom meffire
c 5
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

34 LES GESTES DES CHIPROIS.
1225-1227 Guillaume de la Tour. Le dit Guillaume fut naffré de
nuit entre luy & .j. fuen coufin, & difoit l'on que ce avoit
fait fire Gauvain & fon hgnage. Le chevaher gary de fes
plaies & vint à la court devant le baill, & apela fire
Gauvain de traïfon, & il fe defendy, & furent lor gages
donnés, & receiis, & la bataille fli férue, & pais en fu
faite au champ. La pais fli grevoufe & vilaine à fire Gauvain,
& h fembla que il ne l'ofa avoir apelé, fe il n'eiift
le maintenent de ceaus de Ybehn, & fans tout ce n'eftoit il
mie fi cler d'eaus come il avoit efté devant, & en aucune
achaifon i avoit [efté] tout avant ; por la grant leauté que
il favoit en eaus, ofa il bien entrer en champ & fe y
combatte. Au partir dou champ dift que il n'avoit mie
feii les covenances de la pais tant com il fu au champ, &
que il fu au champ, & que il ne tendroit ja ce que fon
lignage avoit covenancié. Tantoft s'en ala au Temple, &
de là à Acre, & d'Acre outremer à l'empereor, & fervy
l'empereor .]. tens; & favoit moût d'oizeaus, & fi fu
moût honoré à celé court. L'empereor eftoit fur fon venir,
car l'iglyze le deftreignoit de tenir le covenant de
pafcer en Surie, que lor avoit fait. U vint au port; les
galées furent arivées, & le paffage tout aprefté; l'empereor
refpita fa venue jufque à l'autre paflTage, fi com li
plot, & manda partie de fes gens desà mer & de fes
galées.
118. En l'an de M.CC. & xvi, vint d'outremer le conte
Thomas de par l'empereor Federic, & fu fait baill d'Acre.
119. Et en cel an fu comencié à fermer le chafteau de
Monfort par les frères des Alemans, lequel chafteau eft
[en] Surie au royaume de Jérufalem. Et en cel an morut
le roy Lois de France. Après luy fu corouné à roy Loys
fon [fils, qui] faintement & en boune pais tint fon
royaume toute fa vie.
120. En l'an de M.CC. & xxvii, morut le devant dit
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

H. PHELIPPE DE NEVAIRE. ^^
pape Honoire le tiers, qui avoit tenu le fiege de Rome 1227
.X. ans & .vj. mois & .xxiij. jors.
121. Après luy fu pape Grégoire le novime, nés de
Champaignie & de la cité de Anaigne, & fu efleii à
Septen Sohver à l'huyteïme jor dou moys de mars, après
la fefte de faint Grégoire. U canonifa faint Francés &
faint Antoine des frères menors & fainte Yzabel d'Alemaigne,
qui fu feme de landegrave. U abreja diverfes
copilations de decretales & ajoufta fes eftabhflTemens par
les queles plufors chofes quy eftoient doutoufes es premiers
decretales font efclarfies. U efcomenia l'empereor
Federic par .ij. fois, & l'empereor le guerroya moût
longuement. Il tint le fiege de Rome .xiiij. ans & .vj.
mois & .iij. jors. En celuy meïfme an vindrent de Rome
en Acre le patriarche Gerolt de Jérufalem & légat gênerai,
& le duc de Lanceborc, & l'evefque de Voinceftre,
& l'evefque de Exeftre; & fire Gauvain quy avoit fervy
l'empereor .j. tens, fi com il eft dit devant, revint lors
desà mer en Chipre.
122. En celé chaude novelle que l'on crioit que l'empereor
venoit maintenant, ains que l'on feiift que il avoit
refpité fon paflTage, fire Heimery Barlais, quy eftoit à
Triple, fe porpenfa que il venroit en Chipre à la court,
& fa leauté [fe]reit de ce que fire Anceau de Bries avoit
dit de luy, & penfa que dedens les .xl. jors que il avroit
de refpit au fait des batailles après le[s] cages douné(e)s,
feroit venoit l'empereor, & fon fait prendroit bien. Le
dit fire Hehnery s'en vint tant toft en Chipre & fu en la
court & defmenty fire Anceau de ce qu'il avoit dit de
luy, «Se s'en offri à défendre & tendy fon cage. Le roy
reflTut les gages; le jour de la bataille fu donné, & ordené
par efgart de court à eaus .ij.; celé quaraintaine, le[s]
galées de l'empereor vindrent fi com vous [avés] oï. Et
fot l'on que il ne devoit mie venir lors, le patriarche
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

36 LES GESTES DES CHIPROIS.
1227 Gerolt de Jérufalem, & moût d'autres gens fe travaillèrent
de faire pais de celé bataille, mais ne pot eftre faite,
car fire Anceau ne voft otroyer en nulle guife; la bataille
fu férue. Sire Heimery ot le piour, car il avint à la
première joufte que fire Anceau brifa fà lance, & fire
Heimery, quy moût eftoit vefiés, efpareigna la foue
quy avoit .j. des meillors fers dou monde, & la prift
par my le mileuc & fery en dardant .iij. cos en la vifiere
dou heaume de fire Anceau & tous jors feroit la
vifiere, & le poygnoit en la chiere. Au tiers cop fire Anceau
lanfa la main à toute l'efpée que il tenoit dont il
avoit féru grans cos deflTus le heaume de fire Heymeri, &
prift la lance dever le fer à tout ce que il le pot ", & il
avoit moût forte main : fi aracha la lance par force del
poyn de fire Heymeri, & fire Anceau fu fort, & tira fi
durement que fire Heimery perdy la lance que il avoit
pris dou travers. Sire Anceau tira tant qu'il l'abaty, & il
fu pefantement armés; fi fery grant cop à terre & fu
moût blecié; toutevoies fe leva, fi come il pot, & foy vers
la hce tout droit à l'encontre dou leu où eftoit monfeignor
de Baruth par de hors la lice. W avoit moût bien
afaitié fon cheval ,fi qu'il corroit après par tout, & il
meïfme coroit après luy; il traïft l'efpée & fe mift entre
la lyce & le cheval. Sire Anceau redrefl^a moût haftivement
fon heaume, & prift fa lance en dardant fi come
fire Heimery lanfoit, & travailloit luy meïfme, & dou
monter eftoit neent, car il eftoit pefantement armés, &
petit chevalier, & le cheval eftoit grant & haut & fier.
Adonc fembla à monfeignor de Barut & à tous ceaus quy
là eftoient que fire Heymeri ne pooit durer, & fire Anfeau
le haftoit mont, & s'on ne ly eiift defloé, il fuft
defcendy à pié, car il le cuidoit legierement ocirre. Mon
a. Mf. lefpee.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

IL PHELIPPE DE NEVAIRE. 37
feignor de Baruth entra au champ entre luy & le feignor 1227-1229
de Cefaire, quy eftoit coneftable de Chipre, & ne voftrent
plus foufrir ; fi firent tenir as chevaliers fire Anceau à force
par le frein & firent tenir le cheval de fire Heymery quy
l'avoit ja fi laffié quy ne pooit plus. U parlèrent de pais.
A celuy jour meflire Phelippe de Ybehn, qui eftoit frère
de mon feignor de Baruth, gifoit malade dou mau de la
mort ; fon frère, le feignor de Baruth, li fift favoir l'eftat
des .ij. champions, & il, quy ja fentoit la mort, voft en
toutes guifes que pais fuft ; & tant manda pryant & conjurant
à fire Anceau ovec la force que mon feignor de
Baruth ly fift, que la pais fu faite; & fachiés que la pais
fu vileine à fire Heimery, car il y ot raenfon moitié &
autres covenances griés & fors ; mais toutes voies li en
fauva fa vie. Sire Heymeri s'en party dou champ entre
luy & fire Gauvain & les autres des .v., s'eft afaver fire
Amaury de Bethfan, & fire Guillaume de Rivet, & fire
Hue de Gibelet; fi mandèrent moût plaignant à l'empereor
dou lignage de Ybehn, difant moût de maus & de
menfonges fur eaus.
123. En celuy meïfme an de M.CC. & XXVII, meflire
Phelippe d'Ybelin, le bon preudome, quy eftoit frère de
monfeignor de Baruth, morut en Chipre de celé maladie
qu'il avoit. Moût en fyft l'on grant duel & moût fu grant
damage à tous fes amis & à tout le pais moût pleint,
& moût le dut bien eftre.
124. En cel an morut frère Garin de Montagu, maiftre
de l'ofpital de Saint Johan.
125". Et en cel an furent fermés le chafteau de Cezaire
& celuy de Saete, & adonc morut Coreidin, foldan de
Damas.
126. En l'an de M.CC. & xxix, l'emperere Federic
paflTa la mer pour venir en Surie, par le coumandement
dou pape Greguoyre, & ariva premièrement en l'ifle de
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

38 LES GESTES DES CHIPROIS.
1229 Chipre en la cité de LymeflTon, & mena o luy .Ixx. entre
gualées & tarydes & autre navie; mais grant partie de
fon oft & de fa mahnée, & fon marefchau, & fes chevaus
eftoient devant arivé à Acre. Meffire Heymeri &
meffire Gauvain & grant partie de lor amis & de lor
fuite entrèrent o vafTeaus armés, & alerent contre l'empereor
jufiques à parties de maryne, & fi toft com il le
virent, il acuferent mon feignor de Baruth, quy ne l'avet
defervy vers eaus, porchaferent le pis qu'il porent à luy
& à fes heirs & à tout fon lignage, & firent entendant à
l'empereor, felonc ce que l'on retraïft, fe il prenoit Chipre,
que de Chipre poroit fornir Surie de quanque bezoin
feroit en fon hoftel, & outre tout ce en poroit avoir &
tenir mil chevaliers. L'emperere lor fift grant fefte & grant
proumefTe, & dift que il les creroit moût, & il en furent
moût liés, & ariverent o luy en Chipre; toute voies
l'empereres manda mont cortoifes letres à mon feignor
de Baruth qui eftoit à Nicoflîe, preant & requérant come
à fon cher oncle que il venift à luy parler & ly amenaft
le jeune roy & fes .iij. anfans & tout fés amis, & ly
manda .j. autre mot, quy fu prophétie par la grâce de
Noftre Seignor, car il ly manda que il & fes amis & fes
anfans feroient riches, & honorés de fa venue, & fi furent
il, la Deu mercy; mais ce ne fu mie par fon gré. Le meffage
de l'empereor fu moût honoré à Nicoffie, & moût
en fift l'on grant fefte de fa venue. Mon feignor de Baruth
aflTembla fes amis & lor requift confeil por le jeune
roy Henry & por luy meïfme. Tous à une vois crièrent
que il ne fes enfans ne fe meïfTent au poier de l'empereor,
ne menaffent Je roy lor feignor; car les maies euvres
de l'empereor eftoient trop aparant, & mainte fois avoit
dit bêles paroles & mandées que les fais eftoient oribles
& pezans; par coy il ly loyent que il fe foingnaft en
aucune manière, difant que il & tous fes amis & tout
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

II. PHELIPPE DE NEVAIRE. 39
le poier de Chipre s'apareilloyent haftivement & le 1229
fiveroient en Surie au fervife Deu, & le ferviroient en
Surie come feignor, & tout enfy l'avoit empris dou faire
monfeignor Phehppe, noftre frère, quant il viveit, celuy
bon confeil, car en Surie eftoit le Temple & l'Ofpitau,
& autres bones gens quy voficent & bien & pais, &
l'empereor ne peiift mîe fi faire fon gré dou tout. Monfeignor
de Barut refpondy à ceft confeiU, & dift que
loyalment & amiablement confeilloyent, mais il voloit
meaus eftre pris ou mort, & foufrir ce que Deu en avoit
porveli, que confentir que l'on peiift dire que par luy ne
par fon lignage, ne par les gens desà mer fuft remés
ne deftornés le fervize Deu, ne le conqueft dou reyaume
de Jérufalem & de Chipre; car il ne voloit pas mesfaire
à Noftre Seignor, ne que l'on peiift dire par le fiecle :
cf L'empereor de Rome ala outremer à grant esfors, &
eiift tout conquis, mais le fire de Baruth & les autres defloyaus
d'outremer aiment plus les Sarrafins que les creftiens,
& por ce fe révélèrent à l'empereor, & ne voftrent
que la Terre Sainte fuft recovrée. »
127. Pour ces chofes devant dites, s'en ala le feignor
de Baruth à l'empereor & fes enfans & tous fes amis, &
tout le pooir de Chipre, des chevahers & des fergens, &
menèrent le petit feignor le roy Henry à l'empereor, &
fe miftrent del tout à fa manaie ; & il les refut à moût
grant fefte & à moût grant femblant de joie, & fembloit
que lor enemy fufl^ent defjuglé. L'empereor lor requift
tantoft un don, & ce fu qu'il oftaflfent la noire robe
que il avoyent encore veftue pour la mort de fire Phelippe
d'Ybehn, lor frère, & dift que plus grant bien lor
devoit eftre la joie de fà venue que le duel de lor amy,
lor frère, qui eftoit trefpaflTé, ja fu ce que il eftoit moût
preudome & vaillant. Il otroyerent moût volentiers fon
comandement, & le mercierent moût volentiers & ofFri-
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

40 LES GESTES DES CHIPROIS.
1229 rent entérinement lor cors & lor cuers & lor avoirs à
fon comandement, & l'empereor les en mercya moût
liement, & dift que il les guerredoneroit largement &
richement. Maintenant manda robes d'efcarlate à ceaus
qui veftoient noir, & autres juaus, & lor pria de bouche
que il manjaflTent tous l'endemain o luy. U fiffrent lor
robes haftivement, & l'endemain matin vindrent tous
veftus d'efcarlate devant l'empereor; & en celé meïfme
nuit devant il fift ovrir celéement une porte au mur
d'une chambre qui feroit en .j. jardin; ce fu en .j. beau
maner où il eftoit herbergié que monfeignor Phelippe
avoit fait à Lymefl^on. Par celé fauce pofternne fift
[entrer] l'empereour de nuit privéement .iij. mil homes
armés ou plus, entre fergens & arbaleftriers, & gent de
marine, tant que près toute la garnifon de fa navie y fu
laens, & furent mis par les eftables, & par les chambres,
les portes clofes fur eaus, tant que il fu hore de manger;
les tables furent mifes, & l'aiguë donnée. L'empereor fift
afeïr delés luy le feignor de Baruth &'le vieill feignor
de Cezaire, qui eftoit le coneftable de Chipre; à une
autre longue table fift affeir le roy de Chipre au premier
chef & le roy de Salonique (à), & puis le marquis Lance
& autres barons d'Alemaigne & dou règne, & comanda
que tous les chevaliers chiprois fucent en tele manière afis
que monfeignor de Barut & les autres que il peiifTent
luy veïr & oïr, quant il parlereit, & devifTa que les .ij.
fis dou feignor de Baruth fervicent devant luy, l'un de la
coupe & l'autre de l'efcuele; & le juene feignor de Cezaire,
& meffire Anceau de Brie tranchereent devant luy,
& que il fucient tous .iiij. en cors & feins par defTus lor
fecors, car il difoit que tels eftoit l'ufage & le dreit de
l'empire; & il lefervirent moût volentiers & noblement,
& moût y ot de mes & diverces viandes. Au derein mes
iffirent les gens armés de là où il eftoient repoft, & por-
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

II. PHELIPPE DE NEVAIRE. 4!
priftrent le palais & les chambres & toute la grant court, 1229
& là miftrent portes & à toutes les autres. U eftoient bien
armés au palais où l'empereor eftoit, & en ot afTés devant
luy que tuit tenoient les mains as armes, les uns as
poumeaus des efpées, les autres as couteaus. Les Chiprois
s'en aparceiirent bien, mais il ne founerent mot, ai[n]s
s'esforcerent de faire biau femblant. L'empereor torna fa
chère devers le feignor de Baruth & fi dift en haut :
cr Meffire Johan, je vous requier .ij. chofes : faites les
amiablement & pour bien; fi ferés que fage. >i Et il refpondy
: « Sire, dites voftre plaifir, & je en feray volentiers
ce que je entenderay, que foit raifon ou que preudefhomes
en efgarderont. » —

42 LES GESTES DES CHIPROIS.
1229 la coneftabhe, quant la creftienté l'ot recovrée toute
abatue, & tele que le [Temple] & l'Ofpital & tous les
barons de Surie la refuferent, & l'ay fermée & maintenue
des amones de la creftianté & de mon travaill, & tous
jors y ay mis & confumé quanque j'ai(s) de rente en
Chipre & aillors; & fe vous entendes que je la tiens à
tort, je vous en forniray raifon & droit en la court dou
reyaume de Jérufalem ; & de ce que vous me requerés les
rentes dou baillage de Chipre & dou régal, je nen [eiic]
onques nule, & mon frère n'en fu baill que de la noife
& dou travaill & de gouverner le royaume; mais la reyne
Aahs, ma nièce, ot les rentes, & en fift fon gré come
celé quy avoit droit au baillage felonc noftre ufage, &
fe vous de ce me requerés, dont je vous en forniray
raifon par les us & par la court dou royaume de Chipre ;
& fe vous foies certains que pour doute de mort ou de
prizon je ne feray plus, fe jugement de boune court &
déloyale ne le me faifoit faire, JJ L'emperere fe corroufTa
mont, & jura & menafTa, & en la fin dift : « Je ay bien
oï & entendu de là la mer, grant tens a, que vos paroles
font moût beUes & pofies, & que vous eftes moût
fages & moût f outils de paroles, mais je vous moftrerai
bien que voftre fens & voftre foutilece & vos paroles
ne vaudront riens contre ma force, M Le feignor de Baruth
refpondy en telle manière, que tous ceaus quy là
eftoient fe merveiUerent, & tous fés amis en doutèrent
trop. Le refpons fu tel : cr Sire, vous avés piefTa oï parler
de mes paroles pofies, & je ray bien oy parler fouvent &
lonc tens de vos euvres, & quant je mui à venir sa, tout
mon confeil me dift à une vois ce meïfme que vous me
faites orres & pis, & je ne vos croire nuluy; & ce ne fu
mie por ce que je bien ne doutace, mais j'ois fy à droit
effient & en pris; vous vueill encores plus volentiers
recevoir prifon ou mort que confentir que l'on peiift dire
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

IL PHELIPPE DE NEVAIRE. 43
ne norer ::e maL ne l'ouîrir eue la beibizce de Noftre
Seignor & le conqueft £e k Terre Sainte 5c le vï^lrc
fenile fui: rris anere par mey ne pa- mon lignage, ne
par ceaus de la :erre où je fiiis. ne que novdles alaiTen:
par la creftienié & ieïft 1" r. : a Ne lavés, l'emperere de
- Rome ala ourre mer Ôc euit ::u: conquis fe ne fulTen:
f ceaus uYl>elir-, les defleaus d oun-emer qui pln> aimen:
a les Sarazins que les crefuens, & fe reveleren: & ne
c vo::ren:fivrerempereor,& por ce e:: :: u: perdu.»T: _:
ce meiime, fi com. )e vous ai retrai:^ dis je à mon conieiL
quant je party au venir a vous de Nicolfie, & vins tous
apencés de loufrir q^janque peu:* avenir proprem.ent por
amor de N::tre Seignor Jehfu Criit quy l'ouiTr.- pafcion
& mort pour n'us. qui nous en délivrera, le à luv plaift
& :é il veaut. & deizne fouîrir que nous recevons m.ort
ou prifon, je fen merde; & à luy me tien d:u tout. »
Atant fe raiit & s'afiit.
12S. L'emperere fu m.out coroulcié & dianja lèvent
coulour, & les zens regardèrent mou: le leignor de
Banuli, 5c moût y ot de paroles & de m.enaces. & gens
de religion & autres bones gens s'entremiitrent de
concorder le, mais onques ne polirent remuer le leignor
de Baimli de qu il avoir dit que il fer

44 LES GESTES DES CHIPROIS.
1229 & lors dift l'emperere au feignor de Baruth : « Je fay
bien que Balian eft tout voftre cuer, & tant con j'avray
luy, j'avray vous, M L'emperere le manda querre, & il
vint droit à luy, & le père le hvra chafcun d'eaus par
le poin deftre à l'empereor, & dift : « Je les vous baill &
hvre en Deu foy & en la voftre, par tel covenant que enfi
toft con je venderay en la court dou reyaume de Jérufalem
apareilhé de fournir dreit, il feroit quites & dehvrés, &
enfy vous les tentés & garderés ennorement ne que vous
ne lor ferés ni foufrirés à faire mau ne vylenie ne outrage.
53 — c< Et je enfi les receis en Deu foy, & en la moie, »
dift l'empereor, ce & par moy feront il riches & honorés,
fe Deu plaift. » Atant s'en party l'emperere, & les fift
meftre en traverfains grans & defmefurés, & avoient une
cruis de fer à quoy il eftoient atachié, fi que il ne pooyent
ploier ni bras ni jambes, & de nuit metoit les autres
gens en fers ovec eaus.
12g. Si toft com le feignor de Baruth fu party de laens,
fes enemis vindrent à l'empereor, & li diftrent : ce Sire,
que avés vous fait? le feignor de Baruth s'en ira ja &
garnyra les chafteaus encontre vous & révélera toute la
terre, ja pour fes enfans ne laira, & le plus de gens l'aiment
tant, que chafcun le fivra; mais faites bien : mandés le
querre tantoft, & mandés li amiables lettres, que il porra
bien tant faire que vous li rendes fes enfans. Si toft con
il vendra, prenés le : quy a le vilain, fi a la proie. Enfi
pores eftre feignor de Chipre, & non autrement. » L'emperere
qui mont faifoit maus volentiers par fei fans enortement,
le manda querre. Le feignor de Baruth fu mont
bien garry par tel quy bien en fuft à croire & quy avoit
efté au confeil ; & il eftoient herbergié hors de la ville à
tentes, luy & fes amys, & tous avoient lor chevaus &
lor armes; ôc l'emperere n'avoit nul cheval en la ville,
mais dedens la ville eftoit force foue. Pour la grant
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

II. PHELIPPE DE NEVAIRE. 4f
pietalhe que il avoit, le feignor de Baruth ot confeil & 1229
dift que il s'en voloit aler garnir les chafteaus & garder
la terre as drois heirs dou roy Hugue, que qu'il avenift
dou roy, que l'emperere avoit tenu del tout & pris.
Adonques le jeune feignor de Cezaire, qui eftoit nevou
dou feignor de Baruth, & meffire Anceau de Brie, ces
.ij. qui moût eftoient preus & vigourous, li diftrent :
cr Sire, ne faites, mais aies à l'empereour, & menés nous
ovec vous, ôc chafcun de nous avéra .j. couteau en fa
chance privéement ; fi toft come nous ferons devant luy,
nous l'ocirons, & nos gens feront fur lor chevaus devant
la porte, tous armés. Ja puis que l'empereor fera mort,
nul ne fe movera, & fi refcovrons nos confins. » Le feignor
de Baruth fe corroufTa trop & les menaflTa, à ferir
& à tuer, fe il en parloient jamais, & dift que enfi feroient
bonis à tous jors mais, & toute creftianté crieroit :
cr Li traïtour d'outremer ont ocis lor feignor l'empereor,
& puis qu'il feroit mors, & nous vis & fains, noftre droit
feroit tort & la vérité n'en poroit eftre crehue. U eft mon
feignor, que que il face, nous garderons nos fais & nos
henors. o
130. Atant s'en party le feignor de Baruth ; fi toft come
il fu anuitié, le cry fu grant à la herberge au defpartir.
L'empereor oï le cry; fi ot moût de paour, & s'en party
dou manoir où il eftoit, & fe mift en la tour de l'Ofpitau
quy eftoit forte, & plus près de fa navie; & là ens mift
fes hoftages en prifon. Le feignor de Barut s'en ala droit
de LimefTon à Nicoflîe, & là tint entre luy & ceaus qui
le voftrent fivre. U fift moût richement garnyr .j. chafteau,
quy a nom Deudamor, & là envoya les femes & les enfans
d'eaus & de lor amis. Il & toutes fes gens d'armes
demorerent en la viUe de Nicoflîe : l'une partie manda
en Surie & fift venir en Chipre fon oft & fes chevaus, &
moût de fodoiers & le vieill prince d'Antioche & le fei-
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

46 LES GESTES DES CHIPROIS.
1229 gnor de Gibleth & le feignor de Saete & moût d'autres
gens vindrent à l'empereor à Lymeflro[n], & tant con il
fu, meflire Aymeri Barlais & fa rote eftoient herbergiés
par deflTus la maifon où eftoient les oftages en prifon.
L'en difoit que il faifoyent moût grant vilenies fur eaus,
tele[s] qu'ele[s] venoient jufques à eaus.
131. Quant l'emperere Federic fu bien esforcé, il chevaucha
droit à Nicoflîe, & le feignor de Baruth trova
bien lor en fon confeil que il fe porroit bien combatte
à luy, mais le preudome dift que ce ne feroit ja, fe Deu
plaift, ni à fon feignor ne fe combateroit, n'i à lui ne
voloit combatte tant con il le peiift efchiver, e[t] là couftume
fu tous jors tele que il metoit le droit envers luy
volentiers, & en prenoit la befoigne à envis, & puis que
il comenfoit, il parfaifoit. Et Noftre Seignor ly douna
plus de grâce, de fens & de valour & d'ennor, & plus
li moftra s'amour qu'à nul home de fon tens ne de fa
richeflTe. Il guerpi Nicoflîe à l'empereor, & s'en ala au
Deudamor que il avoit garni, & l'empereor n'ofa aler
après luy : fi demora lonc tens à Nicoffie o moût grant
gent.
132. L'iver aprocha, & l'emperere avoit oï novelles
de fon pais que le pape Grégoire & le roy de Jérufalem
Johan le guerroyent en Puille : fi en douta mont, & fe
haftoit mont d'aler en Surie por faire aucunes triues as
Sarrazins, & retorner en fon pais. Por ce avint que il fift
tenir paroles de pais au feignor de Baruth haftivement,
& tant fu la parole tenue par gens de religion & par
autres, que il s'acorderent. La fin fu tele, que l'emperere
& tous fes barons jurèrent au feignor de Baruth que il li
rendroit maintenant fes .ij. enfans fains & fans de vie &
de menbre, & que il h tenroit pa[i]s, & de rien ne li amermeroit
luy ne les fuens, fe par efgart des .ij. cors ne le
feïflTent, ne mau gerredon ne lor rendroit pour chofe qui
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

II. PHELIPPE DE NEVAIRE. 47
eiift efté, & que il feroit recevoir les chafteaus, & le 1229
royaume au roy Henry meïfme, & fi enfant, con le roy
eftoit, que il y metroit de fes homes liges qui garderoient
les fortereces & le royaume jufques à l'âge le roy. Le
feignor de Baruth & les fuens jurèrent que il rendroit le
chafteau de Deudamor au comandement dou devant dit
roy de Chipre & que il venroyent o l'empereor & le ferviroient
tant com il feroit en Surie à lor couft meïfme,
& que il ne rendroi[en]t mau guerredon à luy n'i à la
foue partie de ce qu'il avoient efté, & l'empereor lor
requift moût que il le coneiifTent que le baillage; & il
li refpondirent que il ne h feroyent, por tant poroient
perdre les teftes, car dou baillage eftoient il homes de la
reyne Aalis, mais fans faiUe il jureroient feauté à l'empereor
por ce que il eftoit chef feignor de lor feignor le
roy Henry, & ce meïfme jureroyent il par tel covenance,
fe il fe contenift au prevelige des covenans qui furent
entre l'empire de l'empereor & le roy Henry, que les
homes le roy deiiflTent faire la feauté que il foyent tenus
dou fairement, & fe n'eft au previlyge que il en foyent
quites ; de celé pais tenir fu plege le Temple & l'Ofpitau,
& tou[s] les barons & les riches homes de l'une
part; & de l'autre le chafteau de Deudamors & toutes
les autres fortereces de Chipre rendy l'on au roy, & il
par le comandement & par la doute de l'empereor les
livra à ceaus de fes homes qui eftoient de la partie de
l'empereor.
133. L'emperere Federic & fa gent alerent tantoft à
Famagoufte pour pafler; là vint fa navie de LymeflTon,
& là rendy il au feignor de Baruth fes .ij. enfans qui
mont avoient enduré prifon en terre & fur mer as galées
: eftoyent tel atorné qu'il eftoyent grant pitié de
veïr. Toutes voies reflTut il meffire Balian de fa maifnie,
& ly offry & li douna aflTés, & celuy qui eftoit (&) plus
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

48 LES GESTES DES CHIPROIS.
1229 vaillant bacheler & vigourous & larges & avenant &
plaifant à toutes gens fur tous ceaus de sa mer, le fervy
volentiers & amiablement tant que l'emperere fe loet
mont, & l'autre fis de mon feignor de Baruth qui eftoit
valet & avoit nom Johan, retint il puis que il furent en
Surie, & dift que il ly donreit Foges qui eft en Puille, &
por ce fu il apelés Johan de Foges.
134. L'emperere o toute fa navie mut de Famagoufte
.j. foir à l'anuitier; celé nuit meïfme le guerpi le viel
prince d'Antioche & s'enfuy en une galée & ariva à .j.
fuen chaftel quy a nom Nefin. Là rendy grâces à Deu
que il eftoit efchapé de l'empereor, car il eftoit venus en
Chipre après que le feignor de Baruth ot faite fa pais,
que l'empereor avoit requis au prince que il comandaft
à tous fes homes liges d'Antioche & de Triple que il
feïflTent feauté auci come avoient fait ceaus de Chipre.
Le prince fe tint à mort & dezerité; fi contrefift le malade
& le muet, & crioit trop durement : crA 1 a! a! " >J &
tant fe tint enfi que il s'en party, enfi con vous avés oï,
mais fi toft come il fu à Nefin, il fu gary.
i3f. En l'an de M.CC. & xxix, l'emperere vint en
Surie o toute fa navie; & le roy & tous fes Chiprois, o
luy le feignor de Baruth, ala à Baruth, & il y fu moût
volentiers veii, car nul feignor ne fu onques plus tendrement
amé de fes homes. Il ne demora que .j. jor, &
maintenant fuit l'empereor, & ala ^ à Sur. L'emperere fu
moût beau receii en Surie, & tous h firent homage come
à bail, porce que il avoit .j. fis petit que l'on apela le roy
Conrad, qui eftoit droit heir dou reyaume de Jérufalem
de par fa mère, qui eftoit morte. L'emperere & fes gens
& toutes les gens de Surie murent d'Acre por aler à
Japhe, & maintenant tint paroles de triues au Quemel,
a. Le mf répète trop durement. b. Mf. ala taint.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

II. PHELIPPE DE NEVAIRE. 49
qui eftoit adonc foldan de Babiloyne & de Domas & 1229
tenoit Jérufalem & toute la terre, & lors fu rendue Jérufalem
& Nazereau & Lydde à l'empereor.
136. En celui meïfme an, entre ces faites, l'empereor
manda le conte Eftiene de Gotron en Chipre, & autres
longuebars afTés, & fift faifir toutes les fortereces & toute
la regale à fon eus, & dift que il eftoit bail, & que c'eftoit
fon droit. Les Chiprois fe doutèrent moût, & lor femes
& lor enfans fi fe miftrent en les religions à receit, là où
il porent : partie s'en fuirent hors de Chipre, noméement
meffire Johan d'Ybehn, quy puis fu conte de Japhe, &
qui au jour eftoit enfant, & fa fuer, & autres gentils gens,
s'en fuirent au cuer d'yver, & orent fi mau tens qu'à poi
qu'il ne noyèrent, & fi con Deu plot, il ariverent à Tortoufe.
L'emperere tint Chipre; les Chiprois, quy eftoient là
en l'oft, furent moût à mal aife, & fe le feignor de Baruth
le vofift confendr, il eiifTent emblé & fortrait le juene
roy Henry, & s'en fuflTent party de l'empereour.
137. L'empereor fu maintenant mau de toute la gent
d'Acre, efpefciaument dou Temple fu trop mau; & au
jor avoit mont vaillans frères au Temple : frère Piere de
Montagu, quy mont eftoit vaillant & noble, eftoit aucy
le maiftre des Alemans, & ceaus de vau la terre n'eftoient
mie bien de l'empereour. L'empereor fift mont de lais
femblans & avoit tous jors galées, armes, rimes à fernel,
en l'iver meïfmes, & moût de gens difoyent que il voloit
prendre le feignor de Baruth & fes enfans, & fire Anceau
de Bries, & autres de fes amis, & le maiftre dou
Temple & autres gens, & les voloit mander en Puille ;
& autre difoit l'on que il les voloit faire ocirre à .j. confeil
où il les avoit mandés & femons ; & il s'en aparfurent,
& il y alerent fi " esforcéement que il ne l'ofa
a. Le mf. répète esfor.
C ' 7
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

yo LES GESTES DES CHIPROIS.
'"9 faire. Toutes voyes fift il fa triue as Sarafins tel con il
voftrent, & ala en Jérufalem, puis vint à Acre le feignor
de Baruth, ne le guerpi onques, & fi ly avoit l'on loé
mont fouvent que il s'en pardft, mais il n'en voft.
138. A Accre alTembla l'empereor fà gent, & y fift
venir tout le peuple de la ville, & il y avoit mont bien
de luy. U lor fàrmona & dift ce que il voft, & en fon
farmon fe compleïnft moût dou Temple, [qu'il] fe trova
moût defgarnié, car le couvent eftoit tout de hors, mais
tantoft joindrent, que par [mer] que par terre, tant de
gens, ne fai quans jors dura le fiege, mais vileinement
s'en party. L'empereor apareilla fon paflTage privéement,
& le premier jor(s) de may en fon l'aube, fans faire affavoir
à nuluy, il fe recuille en une galée devant la boucherie.
Dont il avint que le[s] bouchers & le[s] vieilles
de celé rue, quy moût font enuioufes, les convoyrent &
l'arocherent de tripes & de froiflTures moût vileinement.
Le feignor de Baruth & meflire Eude de Mobeliart l'oïrent
dire, fi corurent là, fi chafcerent & laidirent ceaus &
celés quy l'avoyent aroché(e) & à luy crièrent de terre
là où il eftoit en la galée, que il le comandoyent à Deu.
Et l'empereor lor refpondy mont bas, ne fai bien ou
mau, & lor dift que il laifToit en fon leu baill le feignor
de Saete & meffire Garnier l'aleman. Et l'empereor
avoit moût bien garny le chafteau de Sur; fi le hvra au
feignor de Saete & comanda, & faifoit femblant que il
fe fioit moût en luy, mais le roy Henry de Chipre en
mena il o luy.
13g. Enfi party d'Accre l'empereor, heïs & maudys &
vileynis, & ariva en Chipre à LymeflTon, & là mift il le
devant dit roy Henry, & ly douna à feme une foue coufine,
fille dou marquis de Monferar. Là fina il à les .v.
baus que vous avés oï nomer, qui eftoient de la foue
partie, & lor vendy le baillage de Chipre & la terre por
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

II. PHELIPPE DE NEVAIRE. f I
.X. mille mars, jufque à l'âge dou dit roy de Chipre, & 1229
lor fift jurer que il ne foufriroient que le feignor de Baruth
& les fuens entrafTent en Chipre, & comanda que
il les deferitaflTent. Et eaus l'otroyerent volentiers à l'empereor;
& lor bailla fodoyers alemans & flamens &
longuebars à lor deniers meïfme, & il quiftrent & porchafcerent
à Acre & par tout fodoyers & aucuns homes
le roy, en [a]chaifon de ce que il avoyent " le roy Henry o
eaus, & pour talant de retorner à lor hoftel, fe dndrent
à eaus, & furent à lor comandement, mais les chafteaus
ne lor furent mie lyvrés jufque à tant que il eiifl^ent * la
gent à pié. L'empereor Federic s'en ala outremer & laifl^a
en fon leu gens por recevoir lor gent & hvrer lor les
chafteaus.
140. Philippe de Nevaire eftoit adonc en Chipre
por un[e] foue befoigne privée; le[s] .v. baus privéement
le mandèrent querre de nuit & fi prièrent &
requiftrent à mont beau femblant que il traitaft pais
entr'eaus & le feignor de Baruth, & diftrent que la fin
que il avoient fait à l'empereor n'eftoit que por délivrer
de fes mains le roy & la terre, & fi toft come il avroient
les chafteaus, que il feroyent quanque le feignor de Baruth
vodra. Et Phelippe de Nevaire, qui conoiflToit fon
feignor à fage & pitons, otroya à .v. baus que il fe travailleroit
volentiers, par fi que tous .v. ly jurereent fur fains
évangiles, fe la pais ne pooit eftre, que il conduyroient
luy & fa maifnée & toute la foue chofe faine & fauve à
Baruth ou à Acre. Phelippe de Nevaire fe travaila moût
de la pais, & trova à fon feignor ce que il voft. Les .v.
baus taillèrent & roberent les povres gens de Chipre tant
que il payèrent la gent, & orent les chafteaus. Adonc fe
a. Le mf. répète le roy en achai- b. Le mf. répète atant que il
fon de ce que il auoyent. euffent.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

p LES GESTES DES CHIPROIS.
1229 troverent tant de gent & cuiderent eftre moût fort, mais
pechié & fohe les mena à ce que il s'en orgueillerent &
cuiderent la terre tenir & défendre, & vencre mon feignor
de Baruth & les fuens, & toutes voyes tenoient parole de
pais. Et Phehppe pryvéement maintenant fift aflTemb[l]er
tous les gens dou pais à la court dou roy. Un d'eaus
meïfme ala querre Phehppe, & fi h mift le bras au col, &
li proya que il venift chés le roy, car il voloyent confeiller
à luy privéement. ft y ala volentiers, car il fenoit moût à
ceur por le fairement qu'il ly avoyent fait. Quant Phehppe
de Nevaire entra en la court le roy, ï\ vit que les portes
eftoyent moût durement gardé[e]s de gens armés de la
maifnée as .v. baus, qui gardoient les portes moût fièrement,
que nul [n']ifllft. Phehppe douta & ne fift nul
femblant. Quant tous furent aflemblés, .j. des .v. baus fe
leva, qui eftoit mont bien parlant, & avoit nom meflire
Guillaume de Rivet, & dift mont o bêles paroles. Entre les
autres dift que le feignor de Baruth avoit folement perdu
le roy & la terre, & il avoyent fagement recovré l'un &
l'autre, & avoyent acheté le baillage, & por ce requeroyent
à tous les gens de laens que il juracent d'eaus fauver &
garder & tenir à bail jufque à l'âge le roy, & dift que
il avoient bien decervy au roy & que le roy eftoit à lor
poer. Et (que) mont eftoit doutis, & parla le roy moût
bais, & regarda mont vers Phehppe. Si toft con ce fu
fait, l'évangile fu aportée en la place, & meffire Heimery
Barlais dift à Phehppe de Nevaire : ce Tout premier aies
avant, fi jurés, car nous volons otroyement que vous
foies le premier, 'J Phehppe fe leva & dift : cr Sire, parlés
à moy, à une part, vous & vo(u)s .iiij. compaignons. »
Et il refpondirent & crièrent tous .v. : ce Si m'aides :
ne ferons, car trop avriens à faire, fe nous vohens confeiller
à tous ceaus qui jureront, & enfi ne feroit jamais
fait mais jurés; & nous vous ferons plus de bien que
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

II. PHELIPPE DE NEVAIRE. ) ^
n'ont fait ceaus qu'avés tous fervy ; & le quel que vous 1229
volés de nous tous, vous donra fie à vous & à vos heirs,
& paierons toutes vos dettes. » Phelippe refpondy : ce Je
fui moût liés que en audience de tant de gens m'offres
à faire tant de bien, & vous me faites tant d'ennor,
qu'anfi me proifiés. Et je vous en mercy moût, mais je
ne pues faire ce que vous me querés, car je fui home de
la reyne Aalis del baillage, & fe je otroyaflTe & juraflTe
vous à tenir à baills, donc mentiroy[e] je ma foi. JJ Et il
crièrent maintenant : ce Por ce, ne laifTés vous mie, mais
porce que vous ne volés eftre contre le feignor de Baruth
} » Et Phelippe dift que cr encontre le feignor de Baruth
ne feroie je jamais, fe Deu plaift, car j'ains plus luy
& fes enfans que nule gens dou monde. « — ce Adonques, »
dift meflire Hue de Gibeleth, ce avés oy qu'il a dift ? Je los
que l'on le pende. » Phefippe li refpondy que il ne fe
tenoit pas à la parole de meffire Hue, & que fon père
meffire Betran avoit mainte fois parlé plus fagement.
Lors s'efcrierent tuit ; l'un dift : « Prenés le ! JJ L'autre dift :
ce Muire adès ! o Phehppe, s'aïra & fu auci come defefperé
de fa vie, & s'agenoila devant le roy, & reftraïft en audience
le covenant & le fairement que les .v. baus li
avoyent fait, & tendy fon cage & ofFry à prover tout enfi
con la court efgardereit de fon cors encontre le cors
d'un d'eaus .v., qu'enfi eftoit. Mont de leur maifnée
chevaliers tendirent leur gages contre Phelippe, & il les
refufa tous par raifon de parole, & tout adès fe par ofTry
contre .j. d'eaus .v., & difoit que il eftoit bien lor pareil,
& que ce provereit il bien par bons garens de fon païs
qui eftoient en Chipre & en Surie, & chafcun d'eaus le
defmenty, mais nul d'eaus ne tendy fon gage. Atant l'arefterent
& le firent garder en .j. caton dou palais as
chevahers qui tenoi[en]t les efpées nues es mains. Les
gens fe merveiUerent moût de ce que Phelippe ofa dire
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

f4 LES GESTES DES CHIPROIS.
1229 & faire : il firent aporter .j. grant traverfain(s) & comanderent
que il fuft mis dedens & amené au chafteau de
Deudamors. Au p[a]lais le gardèrent jufques à grant pièce
de nuit, & toutes les autres gens jurèrent. Les .v. baus
orent confeil à une part, & diftrent : ce Ceft home a requis
efgart de court, & fe nous fur ce le prenons, il
fera lait; mais requérons luy que il doint pièges de .m.
mars d'argent, que il venra demain à la court en tel point
come il eft ores ; & difons li que fe il jure, il fera mené
par efgart ; & quant il fera party de faens, faif ons le
ocirre come enemi mortel en celé nuit, o Enfi come il
orent porparlé, il h requiftrent les pièges. Phelippe de
Nevaire refpondy que il n'avoit nul plege, & come lige
ne devoit donner nul plege, car foy & fon fié le plegeit,
& il ly diftrent que il ly troveroyent bien pièges
que par eaus meïfmes foufryrent à luy piéger.
141. Atant s'en party d'eaus Phelippe de Nevaire, &
s'en ala à l'Ofpitau tout dreit, & porchaflTa tant en celuy
nuit meïfme que il ot bien .c. & .1. homes d'armes, &
trova laens les femes & les enfans de ceaus quy eftoient
en Surie ovec le feignor de Baruth; & fe Phelippe ne
fuft entré, les .v. baus y fuffent entrés l'endemain, &
l'eùflTent pris. En celé nuit meïfme fu aflTailh & pris l'oftel
où Phelippe eftoit devant herbergié, & troverent fon lit
tout fait, & l'efprevier deflTus le ht fu paflTé de plufors
lances & de dars; & il y avoit .ij. fuens homes qui gardoient
l'oftel: l'un fu ocis & decopé; & l'autre nafré
malement.
142. L'endemain faifirent les .v. baus tous les fiés de
mon feignor de Baruth & de fes amis. Phehppe fift faire
une cifterne dedens la tour de l'Opitau, & fift faire afTés
de befcut; & moût garny & horda bien l'Ofpital, &
quant les .v. baus forent que Phehppe fu laens, fi l'aflTegerent,
& firent moût durement garder de jour & de
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

II. PHELIPPE DE NEVAIRE. ff
nuit qu'il n'en ifllft. Phefippe de Nevaire voft faire aflTaver 1229
ceft fait tout premièrement à mon feignor Balian d'Ybehn,
(&) fon conpere, & puys qu'il ot comencié à efcrire
les letres, fi prift il talant de faire les en rime, & porce
que fire Heimery Barlais eftoit plus malvais que tous les
autres, il le vorra contrefaire à Renart, & por ce que au
romans de Renart, Grimbert, le taifTon, eft fon coufin
germain, il apela meflire Amaury de Betfan Grinbert, &
por ce que fire Hue de Giblet avoit la bouche torte, il
faifoit femblant que il feïft tousjors la moe, Phehppe
l'apela finge.
143. Cefte eft letre rimée que fire Phehppe de Nevaire,
qui eftoit enclos à l'Ofpital Saint Johan à Nicoffie, manda
à meffire Balian d'Ybelin, quy eftoit à Acre.
Salus plus de cent mille, beau fire & beau compère,
Vous mande ly hermite, qui or eft noveau frère I
Ce ne fuft la crois blanche, tant y eûft matière
Qu\e\ il ne chamaft houres ouan ni mejfe entierre.
Conpere, voftre terre contrefait or Efpaigne,
Car il y a .v. baus {tres)tous en une conpaigne :
zMout me moftrerent amour por jurer lor enfeigne,
cMais je le contredis ; fi orent tel engaigne,
Car fans efgart de court & fans autre barguigne
cMe quemmanderent prendre & mètre en la longaigne ;
Vurement contrefirent [celé] nuit cAlemaigne :
{Les) portes firent garder, n'i ot nul quifefaigne.
Celuy les eftabli à la chiere grifaine,
Quy de fon cors meïfme mefura la Champaigne :
Je ne vy celé nuit nule fi fiere befte
Com(e) celuy quy traïft en mi le champ fa tefte.
Se Vieu plaift, en fa vie avra il tel tempefte,
Car à tous les grans fains fait on chafcun an fefte!
Ency fui arefté en la court celé nuit :
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yÔ LES GESTES DES CHIPROIS.
1229 "Beau parler ne requerre efgar[deren]t nul fruit;
Et fi lor dy je tant qu'il m'efgard(er)ent Qi traïtour) recuit,
Puis me vojhent ocirre en traïfon de nuit ;
zMais je fui bien garny par tel, à qui qu\il) ennuit,
Quy me douna confeil bon & leal, ce cuit.
éMaimenant afublai la chape {de) faint Johan;
^ais j*ai fiance en Deu, que jÇeYen iftray ouan,
Ce favoir de voir que venu foit 'Balian,
Et cAnceau le camus, je criaffe autre ban,
Celuy qu'entre la lice fe mift & le chevau
zM*a par force enbatu & mis à Vofpitau ;
Deu! s'eujffent laiffer tuer le defleau,
{Ja) ne fuffent avenu en Chipre y tant de mau !
S'on eûft [laiffe) covenu * à cAnceau le camus;
Quant dou chevau à terre fift le grant flatimus b,
De la meffe fuft dite [/^] benedicamus "^ ;
Tout le mont eûft dit Deu grâces dicamus ^,
Se benedicamus ^ fuft dit de fa chanfon.
Balian, n'obliés les fers ne la {dure) prifon !
Volentiers le celace, mais par tout le fait Von ;
Se Von vous arefta, n'i avés nule honte.
Car celui qui vous prift a pris & roy & conte ;
oMais ce me fait crever que chafcun dit & conte
Que celuy le fift faire qui de gens eft la honte :
Et il fe moftre bien qu'il a de vous gram doute.
Balian, ne fouffrés qu'à voftre tens aveigne '
Que racheté dou champ au deffus de vous veigne !
De monfeignor Thelippe de U^aple {car) vous fouveigne
Et de voftre bon oncle, puis bien vous en coveigne !
Tar Deu ly dut Thelippe de U^aple{s) & d'Tbelin,
Et Voncle vojhe père, mon feignor bauduyn.
a. Mf. couenir. — b. Ui.flati- d. Mf. dicamer. — e.Mi. benedimer.
— c. Mf. benedicamer. — camer.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

II. PHELIPPE DE NEVAIRE. f7
t^orem onq{ues) pour nul fait les chés bas ni enclîn\s] ; 1229
Et fe vous recréés pour .v. cheitis farrin\s] !
Celuy Deu qui deftruit & confondy Cayin,
Vous deftruit & confond, fe ne venés à fin !
Tor Deu, vos amors d'oicre metés à une part.
Et vous &• dan Taift'el qui cuide{s) eftre leupart ;
Tour .j. chetif goupil, quy cheï dou liart.
Qui par de fà s'avance, neïs li longuebart,
Se vous aimés les femes, [f] ont eu lor part;
Car les levés dou fiege ; & Trimbers & %enart.
Qui devant l'Ofpital ont mis lor eftendars.
Toute nuit font gaiter 0 lances & 0 dars
Ceaus qui tienem la terre & nous f aillent d'efgart.
Les dames font dedens 6* ./'. tout foui Lombart!
Coment le f ouf r es vous, recréant &• couart?
De l'endemain de pafque, fe Damedeu me gart,
zMe fouvient quant {je) les voi, treftout le cuer m'en art,
Que chafcun fe fait rey, mais qu'il fe truitfoi quart;
C'eft le jeu des enfans, fe Dé plaift, que qui tart;
En ./. foui jour font roy, Vendemain font lor art.
U^ puis muer ne rire quant les voi au baillage :
Hue a la torte bouche qui renée parage,
Guillaume de 'B^vet, qui tant cuide eftre fage,
Quy de fon mal farmon treftous les affouage.
Et 'Renart qui bienfait com Von defl[i]e {des)gage;
cAmaury & Gauvain ne font pas d'un lignage;
'Bien les conoiffés tous, n'i a nul fi fauvage .-
Se d'eaus chante on rime, ce n'eft pas grant otrage.
Je fuy li rocignol, puis qu'il m'ont mis en cage :
L'on ne me doit blafmer, s'il n'i a boune rime
U^e les vers ordenés, car c[e en] eft la prime;
S'en la cage fui gaires, je fineray ma rime :
Vautre y en équivoque au meins ou leonnime.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

5*8 LES GESTES DES CHIPROIS.
1229 144. Cefte rime fu receiie à Acre à moût grant joie,
& tous crièrent : cr Or toft à la ref coufe des dames & dou
bon lait ! » Moût toft s'apareiUerent & orent moût belle
gent & belle navie, & le feignor de Baruth fift toutes les
maifons de la navie & des fergens, & as chevahers prefta
& douna tant que il orent ce que befoing fu; la mer
paflTerent, & ariverent à la Caftrie. Les .v. baus miftrent
grant defence au port prendre; toutevoies fu pris à force;
les .V. baus fe retrayftrent & revindrent à Nicoffie, où il
faifoient garder le roy. Le feignor de Baruth & les fuens
mandèrent mont douces paroles au roy, & as .v. baus
meïfme, difant que il venoyent dou fervize Deu, & que
il voloyent venir à lor hoftel & en lor fiés, & eftoient
apareillé au droit faire, & dou droit prendre; & les .v.
baus ne deignerent onques refpondre.
14y. Le feignor de Baruth & les fuens chevauchèrent
fagement & feréement, & vindrent devant Nicoffie. Les .v.
baus ifllrent de la ville & firent iffir le menu peuple de
la viUe à force, & orent tous les tricoples de la terre &
des fodoyers, qui furent trop plus que ceaus de mon
feignor de Baruth. Gens de rehgions fe miftrent entre
.ij. pour faire pais, mais ne pot eftre : les cheveteines
des efcheles fe regardèrent & conurent de l'une part &
de l'autre; chafcun fe mift en droit feluy que il plus
hayoit, & lors afTemblerent. La bataille fu la plus maie .
& lapins peine que onques fuft de sa la mer; mont y ot
chevahers abatus & chevaus & gens morte; la bataille fu
en .j. double gareth, & y ventoit .j. fort ponent. La
poudre fu fi grant que l'on n'i veoit goûte. En celle bataille
fu ocis meffire Cirant de Montagu, qui fu nevou
des .ij. maiftres dou Temple & de l'Ofpitau & de l'arcevefque
de Chipre Eftorgue, car fon chevau h gift grant
pièce fur le cors. En celé bataille firent merveilles d'armes
les enfans de mon feignor de Baruth, & fur tous i fift
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

II. PHELIPPE DE NEVAIRE. fÇ
merveilles meffire Bahan. Les .v. baus avoient eftably 1229
.XXV. chevahers les plus vigourous que il eulTent de
maaignée, quy dévoient entendre à ocirre. Mon feignor
de Baruth fery par mi la bouche .j. d'eaus, car il n'avoit
pas heaume à vifiere, & de celuy cop le rua mort à
terre. En celé joufte meïfme chey mon feignor de Baruth
en une foffe; les .v. baus portoient grans mitres d'orpeau
pour conoiflTance, fur lor heaumes, & toutes voies
furent il vencus & defconfis, fi com Deu plot; & tout .v.
efchaperent. Tout premier s'en fuy fire Hue de Giblet,
qui faifoit Tarière garde. Quant la defconfiture & la fuie
ot ja duré une pièce & la poudrière fu efclarcie, & fire
Balian d'Ybehn avoit ja chafcié mont avant, mon feignor
de Baruth fe trova foui au champ ovec luy, ne fai quans
archiers à pié au champ fe troverent des enemis jufque
à .XV. chevahers les meillors, qui eftoient pafTé outre au
joufter, & quant la poudrière chey, il le conurent, & il
eaus; & quant le fire de Baruth vit qu'il eftoit fi foui, fi
defcendy & entra par une petite porte en une court, où il y
avoit .j. petit mouftier, & les fergens o luy : fi fe defendy
au meaus qu'il pot, il & les fergens. Et il feroient de la
lance ceaus qui venoient au mur dehors pour depecier
& pour entrer laens. Si com Deu plot, meflire Anceau
de Bries i furvint fur .j. chevau grant & fort, & covert
de fer & de groces covertures par deflTus. Si fe mehla à
tous eaus, & tant fift d'armes que tout brifa, la lance &
efpée, & neïs fon couteau brifa il, & reffut tant de cos
que il ne fe pot mais aider des mains. Si bouta fes .ij.
bras dedens les .ij. renés, & quant ceaus venoyent au
mur pour abatte, il feroit des efpérons, & les areftoit del
mur abatte, & tant fift que mon feignor de Baruth fu fon
coûtai amy toute fa vie, fi con Deu vot. Meflire Bahan,
fon fis, qui moût avoit grant fuite de chevahers, quant il
vit que fon père n'eftoit en la place, fi retorna au champ.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

6o LES GESTES DES CHIPROIS.
1229 & fi toft con fes enemis le virent & conurent fes enfeignes,
il fe deconfirent & fuirent vers la ville de Nicoffie,
& meflire Balian qui venoit devant tous les autres, les
encontra moût afprement, & abaty le confanon fi durement
que il meïfme vola à terre. Luy & le cheval cheyrent
andui ; là ot plufors pris & mors, & plufors efchaperent
por la chaoite de meflire Balyan. Sire Heimery Barlais
& fire Amaury de Bethfan, & fire Hue de Giblet fe
chaftelerent au Deudamors, & fire Gauvain & les foues
gens alerent à la Candare. Phehppe de Nevaire qui eftoit
ifl"us de rOfpital faint Johan, & les foues gens o luy, lor
firent moût de damages en la bataille à ceaus meïfmes
qui furent en la ville. Les .v. baus devant dis avoient
mandé ains que la bataille comenfàft le juene roy Henry;
par force le miftrent au chafteau de Deudamors. Là le
tindrent & le gardèrent come en prifon; cefte bataille
devant dite fu à .j. fàmady, à .xiiij. jors dou meis de
juingnet devant Nicoffie, Tan de M.CC. & xxix.
146. L'endemain de la bataille, furent les chafteaus
affis. Mon feignor de Baruth affeja Cherines, & fes enfans,
meffire Balian & meffire Hue, afl^egerent le chafteau
de Deudamors. Meffire Anceau de Bries afl^eja la Candare,
& fire Gauvain eftoit dedens entré. Mon feignor
de Baruth, qui avoit alTegé Cherines, fina as longuebars
quy tenoyent le dit chafteau, en tel manière que fe il
n'avoyent fecors dedens .j. terme moty, que il ly rendroyent
le chafteau; & il lor paieroit quanque l'on lor
devoit de fos de viel & de nouveau, & les conduyroit
hors de Chipre eaus & lor chofes, fains & faus. Phelippe
de Neveire traita celé pais, & refut le chafteau au terme
pour fon feignor, & conduift les longuebars hors de
Chipre.
147. Adonc Phehppe de Nevaire fift une chanfon qui
dit enfi & fu mandée à Acre au couneftable :
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

n. PHELIPPE DE NEVAIRE.
c4 tout le mont vueil en chantant retraire 1229
Le grant orgueil & la grant eftotie
Que onques fuft vehûe ne oie
De nos .v. baus, qui a droit [font] contraire;
Car fans efgart de court & fans clamor,
Defaifirem lor per s & lor feignor
De lor droit fiés, puis lor voftrent défendre
Le revenir en Chipre 6* le defcendre.
Quant defaifi furent fans riens meffaire.
Cil qui erent pèlerin en Surie,
Tar mer vindrent d'cAcre en la Caft[e]rie :
Là priftrent port, qui qu'en deûft defplaire.
Et puis mandèrent au roy par grant doufour
Que il venoient à luy par grant amour
Treft & garni de droit [6-] faire 6* prendre ;
zMais les .v. baus ne deignerent entendre.
Cher lor couft a, \& ce] ne targa gaire ;
Le famedi, au plein de C^icoJJie,
Là conquefterent à Vefpée forbie
CHjfs gens honour, lor fiés & lor repaire ;
Vencu furent li félon trait or;
Vers les chafteaus s'en fuirent plufour ;
cMeins en vit Von defordener & prendre.
Celuy qui dut Variere garde faire,
Ot de fuir prime la feignorie ;
Tantoft conut Vavant garde envoyé,
[Del] f ouïr tant com deu more au pot traire;
Tarens, amis, autre terre & honour,
I perdy tout, le mufart, en ./. {foui) jour.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

62 LES GESTES DES CHIPROIS.
1229 Fols & malvais c'eft trové tout enfemble :
Bienfe deûft de honte moine rendre.
Cel jor vit Von abaiffer 6- deffaire
Lor grant orgueil &• lor haute folie.
Qu'il s'en fuirent a[tout] chiere fronde.
Et meint autre defteal deputaire
Enchaftelé s'en font au Deudamor.
Laens tienem en prifon lor feignor.
Jugement cil ont decervy bien prendre :
Si court Vont pris, & autre fois fait prendre.
Les traïtors que Von dev{e)roit detraire.
Font entendant as fos chère * partie.
Que mon feignor fait moût [grant] félonie.
Quant au fiege le roy pour luy mal faire
Lou{u)s enragiéfont devenu paftour.
L'oncle le roy fuft gardé fans mefpr.endre,
Con ne tray del chaftel pour revendre.
Va,ferventoys, con quareau peut traire ;
Si me portes noveles en Surie,
c4u couneftable qui ne nous heit mie :
Si li diras qu'à droit vait noftre afaire.
La mercy Deu, le noftre creatour
Si rift autant quant vit Lengaire prendre :
cMant vous fa lengue &• le ne-i faire fendre.
148. Le feignor de Baruth ala au fiege dou chafteau
de Deudamors & herberga à la fontaine dou dragon,
a. M f. partie chère.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

n. PHELIPPE DE NEVAIRE. 63
& fes enfans eftoient amont devant le chafteau. Le 1229
chafteau fi eft en moût fier leuc & en mont fieres montaignes,
& moût y covient de gent quy bien le veaut
afTeger, car de moût de leus n'en y peut l'on ifllr que
par la porte, & il y avoit dedens mont de garnifon de
gens à cheval & à pié. Tout le plus de ceaus qui eftoient
efchapé de la bataille s'en fiiïrent laens : fi ot moût fait
d'armes devant le bourc, & à la porte maintefoys. Toute
voies orent il de mont grant mefaife laens de fain tant
qu'il mangèrent lor chevaus, & porce s'afeiirerent ceaus
de hors, & aloient les chevahers par la terre & venoient
quant il voloient. Dont il avint que le feignor de Baruth
fil aie à la Candare veïr .j. grant trabuc que fire Anceau
de Brie faifoit faire. Ses .iij. fils deflRis noumés eftoient
efpandus par le païs, fi que au fiege eftoient demoré
trop poy de chevaher. Ceaus dedens s'en aparfurent &
firent une iflTue fi efforféement que il defconfirent ceaus
dou fiege & gaaignerent la herberge des chevahers &
les viandes; & fe ce ne fiift, il n'eiiflTent mie tant duré
come il durèrent.
14g. Meffire Bafian eftoit à Nicoffie à moût poy de
chevahers, car il eftoit yver; fi eftoyent les chevahers en
leur terres, où il oyfeloyent & fe defduyoient. Meflire
Bahan vint au cri & recovra la herberge, & fery des efpérons
jufque à la porte dou bore, & brifa fa lance au fer
de la porte dou bore, & à fi très poi de gent forni celé
befoigne que merveille fu, & en toute la guerre ne fu
il à fi grant mefchef come il fii à celuy jour. Mont y ot
fait d'armes d'une part & d'autre. Son père le feignor
de Baruth, quy eftoit aie veïr un trabuc que l'on faifoit
devant la Candare, vint au cri, & fes fi-eres de là où il
eftoient, & toutes les gens dou païs vindrent haftivement.
Adonc fil eftabh(rent) [que] meflire Bahan y feroit .j. niois,
& .c. chevahers o luy [&] grant planté de gent à pié, &
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

64 LES GESTES DES CHIPROIS.
"^9 l'autre mois i feroit meffire Bauduyn fon frère à .c. chevaliers
auci, quy moût eftoit fages & vigourous; & le tiers
mois y feroit meffire Hues, quy eftoit des plus beaus chevaliers
& des plus fors & des [plus] avenans dou monde,
& enfi com ly uns des frères y eftoit, l'autre s'en aloit là
où il voloit, & chafcun i revenoit à fon mois. Près d'un
an dura le fiege enfi, & tousjors y ot fait d'armes. Phehppe
de Nevaire fu .j. jor naffré devant la porte dou
bore, & ot plufors playes perilloufes de lances & de
careaus & de pieres. fl fu féru .j. jour en dardans d'une
lance qui h faufà le bras tout outre, o toute la manche
dou hauberc, & la char, tant que fur le cofté brifa la
lance. Le trofon demora o tout le fer au bras. Ceaus dou
chafteau crièrent : cr Mort eft noftre chanteor, tué eft! >
Et le tenoient ja fi hennemi par le frein; mais fon feignor
le fecorut, & le dehvra mont vigouroufement. Le foir
après fift il .ij. coubles de chanfons, & f e fift porter devant
le chafteau à la roche & les chanta en haut & dift. Adonc
forent il bien, cil dou chafteau, que il n'eftoit mie mors.
I f o. C'eft la rime que fire Phehppe de Nevaire fift,
quant il fu nafré devant le chafteau de Deudamors au
fiege :
tN^afré fui, mais encor ne puis taire
De dan %enart Ê' de fa{utre) compaignie,
Qui pour luy eft afamée & honie,
Dedens cMaucrois, oit il maint & repaire.
éMais fe %enart a de fon cors paour.
Que ont meffait li autre vavaffour,
Et ly fer gent, por quei fe laiffent vendre ?
Come bricons leur fait aucuns atendre.
[Car] "Renart fait plus de traïfon faire
Que Guenelon dont France fu traie,
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

n. PHELIPPE DE NEVAIRE. 6f
c4 fon eus a la tainere farfie.
Là feus eft pour maiftrier la terre.
Et de la pais Vefchufle chafcun jor.
Bien eft honis qui fert tel traïtor.
1229
Tour luy fervir le fait Von fà hors pendre.
Et il les fait là dedens les faus prendre.
I f I. Ceaus dou chafteau de Deudamour orent fi grant
famine que le jor de pafques firent il grant fefte d'un maigre
ahnon que il gaaignerent. De cel ahnon fait menfion Phelippe
de Nevaire en la branche de Renart, & dift que (que)
il beneïrent l'aneau as grans oreilles & le mangèrent à
pafques, fi com vous le trouvères. Meflire Anceau, quy
eftoit au fiege de la Candare, tint fi près le chafteau que
merveilles feroit à croire ce que il fift, & le trabuc quy là
fu abaty prefque tous les murs, mais la roche eftoit fi
fort que l'on ne pooit monter, & ceaus dedens eftoient
à fi grant mefaife & mefchef, come ceaus quy eftoyent
defgarnis de robe & d'armes, & avoyent tout geté entre
voyes, quant il partirent de la bataille ; & la bataille fu
à .XV. groces liues loins dou chafteau. Une nuit avint que
Phehppe de Nevaire ala oveques meffire Anceau au gait.
Si entroï paroles de ceaus qui eftoient en une petite tour
depecie, qui eftoit demorée au dit chafteau, & fans tout
ce favoit il leur covine; tantoft fift il une chanfon qui dit
enfy :
L'amrier gaitay une nuit jufqu{es)'au jour,
'Bien près des murs tout foui fans autre gent ;
S'oï pleindre là fus en une tour
Les Candariers qui font mat & dolent;
'Bacet dift Vun à Vautre conpaignon :
ce cAylas, » fait il et feignors las ! que feront
Traï nous a 'Renart, que Deu maudie,
c 9
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

66 LES GESTES DES CHIPROIS.
1229 Et la fauce chartre de la Cajhie,
Que faens vint ains l'aube. »
Lors refpondy uns autres : ce Grant doulor
Et grant peine fouffrom, & grans tormens :
La nuit veiller, matin eftre au labour,
Toy à manger, & povres veftimens :
cA la periere efteut que nous tirons;
Tous les ennuis & tous les maus avons.
Se longuement devons avoir tel vie.
Je pry la mort qu'anuit tous nous ocie,
oAvant que veigne Vaube. »
ce cAprès, >i dift ./'., ce en lermes & en plours
Seront pour nous & amis & parens;
Tous y merotis, car leur trabucheour
V^ous fait nos fours [tout] faens trabucher.
Si de dens murs, & petreaus, & creneaus ;
{Et maifons) s'on nous affaut, coment nous défendrons.
Car noftre gent eft d'armes defgarnié .-*
Li mur ne nous garentiroi[en]t {or) mie :
Fuions nous ent ains Vaube. »
c oibatu eft le molin & le four :
D'atendre plus ne feroit pas grant fens.
Traï nous ont les baus de Deudamor,
Et ont menti vers nous leur fairement.
Toly nous ont le roy en traïfon ;
Et covenant fu que nous Vavrion!
Tuis nous firent conbatre à tNJcoffie,
Tour eaus fauver & nous tolir la vie!
Ja ne voient il Vaube ! »
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

II. PHELIPPE DE NEVAIRE. 67
ce Trop nous tarde le fecors de pafcor ; 1229
Fait eft de nous, fi com je cuit & pens,
éMal veïmes onques l'empereor :
oMerci crier nous covendra par tens.
— Voire ! » dift il, ce fe nous la trovions,
cMais je cuit bien que nous y faudrions ;
Tor ce vaut meaus le fuyr en Turquie,
zMais cil dehors gaitent par eftablie.
Toute nuit jufquà l'aube, a
Quant Gauvain vit fa gent en tel error,
cMout li chanja fon cuer & fon porpens :
En foufpirant leur a dit : ce Beau feignors,
5\y puis trover j. meffage faens,
Quy ofe aler là oit nous vodrions.
Encor eft tel en Chipre ou en Surie,
Quy {en) penfera, fe nous perdions la vie ? «
Et atant parut Vaube.
Quant enfi ois leur pleinte & leur clamour.
Si me revins au gait de nos fergens.
Et le contai à joie & [à] baudour.
Qu'en la Candare avoit duel &• contens.
Si me pria .;'. de nos conpaignons
Et je fis tel, la pleinte fu oye.
Quant ellefu parfaite & aconplye,
Tar tout efclarfi Vaube.
15" 2. En celuy fiege avint que le jeune feignor de Cezaire,
fis de feluy quy avoit efté ocis à la bataille des .v. baus
devant Nicoflîe, il eftabh & heberja fes gens vers une
roche ague qui eft moût près dou chafteau, & faifoit
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

68 LES GESTES DES CHIPROIS.
1:29 traire laens de jour & de nuit. U avoit un moût foutil
aubaleftier quy mont bien conoiflToit meffire Gauvain,
quant il aloit par le chafteau. Tant le gaita qu'il le fery
& l'ocift d'un careau, & fon coufin meffire Guillaume
de Rivet eftoit aie en Hermenie pour fecours, & là moruth.
Adonc fu cheveteine de la Candare Phehppe Chenart,
quy eftoit frère de fire Gauvain de par fa mère, &
eftoit juenes hom viftes & pénibles. Ceaus dedens celèrent
la mort de fire Gavain, & Tabaleftrier dift bien qu'il
l'avoit féru. Ceaus dou chafteau par aucun leuc &
mené en Puille. La fin fu tele, que ceaus dedens livrèrent
le roy, quy eftoit fon nevou, & fes fuers, & les chafteaus
au feignor de Baruth, & jurèrent que jamais encontre luy
ni encontre fes enfans n'encontre ceaus de fa partie ne
feroient; & il & fes enfans pour toute lor partie lor
jurèrent qu'il lor tendroient boune pais, & fu ordené
que le hgnage de fire Gauvayn devoit iffir hors de
Chipre, porce que on difoit qu'il avoit ocis le coneftable,
mais il dévoient avoir lor fiés & l'on les devoit conduyre
fains & fàus hors de la terre. Celé pais traita .j. vaillant
frère de l'Ofpital, qui avoit nom frère Guillaume de
Tineres, & eftoit moût privé de mon feignor de Baruth,
& quant le roy iffi dou chafteau, mont y ot grant fefte &
grant joie faite & grant dons. Meffire Anceau & Phehppe
de Nevaire & le chevalier quy fu laidy, quy avoit nom
Toringuel, ne voftrent eftre prefent à la pais, ne onques
puis ne parlèrent à leur enemis defl^us noumés, mais il
fè miftrent en pais pour faire le gré de leur feignor, &
devant que l'on traitoit la pais, l'on manda querre Phehppe,
& il eftoit à LymeflTon à une nave, où il devoit aler
meffage outremer au pape & au roy de France, & au roy
d'Engleterre, & as .v. roys d'Efpaigne pour conter &
retraire & faire plainte des grans maus & otrages que l'empereor
Federic, & [gens] en fà fiiite, (&) avoyent fait en
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

II. PHELIPPE DE NEVAIRE. 69
Chipre & en Surie. Si toft come la pais fu faite, Phefippe 1229
en voft faire chanfon à rime, mais le feignor de Baruth
ne le voft foufrir; à quelque peine foufri qu'on feïft une
branche de Renart, en quei il nouma belles plufors &
afigura le feignor de Barut à Yzengrin, & fes enfans à
fes louveaus, & fire Anceau de Bries à l'ours & foy
meïfme à Chantecler, le coc, & fire Toringuel à Tinbert,
le chat. Toutes ces beftes font de la patrie d'Yzengrin
au romans de Renart, & fire Heimery afigura il à Renart,
& fire Aumaury à Grinbert, le taifTon, & fire Hue au
finge, & autre fois les avoit il enfi apelés, fi com vous
avés oï, & celés beftes font de la partie de Renart au
roumans meïfmes; la branche dit enfy.
I y 3. C'eft la rime de Renart come Yzengrin le defconfift :
Tant a efté T^enart en guerre,
Quarce & deftruite en eft la terre ;
oMout fu diverce s'aventure
QA toute fois & afpre 6* dure :
éMoutfu "Renart près de fa fin.
Quant defconfit Vot Tiengrin,
Et ajfegé {de)dens éMaupertuis,
Un chafteau qu'ot puis à fon eus :
C^i ot que manger ne que boivre ;
Trop malement fe dut defçoivre.
Se ne fuft noble la bargaigne,
cMortfuft "Renart & fa compaignie,
oMais Deu qui tous les biens parfait,
cA valu otroyer & fait
Tant que %enart a fa pais faite;
cMais ne fu mie bien parfaite
La pais, ains fu ./'. poi trop linge.
Renart & Gimbert & le finge
If ont fans plus de celé part :
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

70 LES GESTES DES CHIPROIS.
1229 V^e font que troy 0 tout "Renart;
Et (tref)toutes les foues ayes
Sont à {la) pais vilement faillies.
Celuy peut on de traiffon
cApeler par droite raifon,
(•Mais Renart n'ot onq{ues) q'une fois
Celé menty plus de .c. fois.
Et les .iij. que fay recordé
5\V font pas à tous acordé.
Car il nom pais qu'à Tiengrin
Et o fes louveaus autrecy ;
Et fi vous dy que les louveaus
C^ orent pas bien tous leur ave aus.
Quant il lor covint faire pais.
T{enart n'ameront il jamais,
Car dan Renart, quant il fu miege,
Et il l[es] ot fait prendre au piège.
Les conpiffa en la louviere.
Tefera leur, s'il ne compère ;
Drois eft s'il fen pleignem & clament.
Et Deu les heit, fe il les aiment.
cMout eft encor à grant contens :
U^a mie pais à toutes gens.
éMeffire Vours, {&) Timbert, le chat,
Dient quil Vy donroit.;'. flat,
Et mejjire Chantecler, le coc.
Que de s'{on) efquicher eft .j. roc,
Ly paffe en chantant par le fiege;
Souvent retrait au loup le piège
Et en chanfons & en fableaus,
Con Von piffa fur les louveaus.
Le coq refaite Vefperon,
Et dit qu'il na fi haut baron
En la court, s'il Voie envàir,
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

II. PHELIPPE DE NEVAIRE. 7I
Tienart, qu'à luy Vira ferir. ^^^9
cAtam efvous Renart acourt.
Et fi veut bien qu'on le hennort.
iMout s'acofta près d Tiengrin;
Tar poi ne fefait fon cou\in :
Les louveaus racoime .j. à un.
Ses bras jet au col de chafcun;
oMout fait laens Renart [fa] noife.
Encontre cuer rit & envoife.
Et dit bien fouvent en fon conte,
éMais de s'ennor & de fa home
éMout parole de la bataille :
Tar my les fent, par my les taille.
Quant Vours les voit, fi les rechigne,
Et dans Timbert, le chat, Venguigne.
ce Cil comande qu'il le fera, »
Fait Chantecler, ce or y parra,
Se dans Renart nous tient pour chievre". »
T^enart Ventent, prent le la fièvre :
cMoute dout Vours, car de bien haut
Le fift jadis prendre ./' mau faut.
S'il le doute, n'eft pas merveille;
cA Grimbert fon coufin confeille,
El dit quil a grant mal au cuer :
ce cAylas ! JJ fait il, ce couiin, je muer ! JJ
Le pous li bat, change coulour;
cAngouffous mal a en paour.
Renart s'en vait en fa maifon;
0 luy vait Guinbert, le taifon,
Et le finge dans Coimreaus.
Et dans R^nars li meieaus,
Et Tercehaye & éMalebranche,
a. Mf. chiuere.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

72 LES GESTES DES CHIPROIS.
1229 Et dame Hermeline la franche;
I font corus come defvés.
ce Sire, dites que vous avés.
— cAlés, M dift il, cr Toft pour le preftre !
Bien poés tuit veïr mon eftre. »
Quant Vont oï, celé frapaille.
Si ont cuidé de voir fans faille
Quil foit de mort en grant paour.
Et com per doit moût bon feignor ;
éMais tout ce eft engin 6* art.
Or a meftier que on fe gart,
Qu'à envis pert Von la couftume
Que Von tient tant que le loup "plume.
Renart, le trechiere plumés,
De trecherie acouftumés,
C'eft porpencés par lecherie
D'une moût fiere trecherie
Qu'en femblant de confefiion
Tardonra 6* querra pardon
cA toute gent en p{e)ril de mort
cA meins de honte & atrui tort,
5\/w à Vours quy le foula,
Envers qu[i] il fe rechata,
cA Chantecler & à Tinbert,
Que fon mal queroy{en)t en apert.
'Bien fait que s'a yaus ne sapaife,
II n'ert afeûr ni à aife,
éMais moût délire leuc & tens
Qu'il puift recomencerpar tens;
Volentiers atifaft le feu.
S'il en eûft [&] hore & leu.
Toute fois le prejhe Dé {y)mande,
a. Mf. toup.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

II. PHELIPPE DE NEVAIRE. 79
{Et le) cors de D^oftre Seignor demande. «29
Et vous venir le Sauveour,
Et dans %enart, le trecheour,
Se fait de .ij. pars fouftenir,
Et dift qu'il voft tout regehir :
ce Sire, en voftre fainte prefence,
De qui tous biens vient & comence,
Vueil regehir que Tiengrin
tN^amai ni n'ameray enfin,
Et quant je fis aman la jure,
San defus venift m'aventure,
Ja n'en euffés autre merfis
Que jÇefos de fes autres amis.
Je hais moût fes louveaus & dout:
Si fai je leur lignage tout;
Et je leur moftrai bien aman,
éMais ne me Vos pas de ceft an.
Houny fuy & cheu en mal puis;
Si m'en repens, quant meaus ne puis.
Or eft Tiengrin mon feignor :
Enfemble en ai duel & paour.
U^obles eft fors de {ma) feignorie :
Ci endroit faut ma trecherie;
Ses louveaus regimbent 0 luy.
S'il femble c'onques nels conuy.-
Je ne lor puis ores plus faire.
Tour Deu le lais, quant nel puis faire ;
Bon jeu par ai [je] d'une rien,
Car lor pais me tendront il bien,
Etfe j{e)'avoye leuc ne aife,
0 eaus m'ardroye en lafornaife;
Trop ai forfait à moût de gent,
Encor en ay moût bon talent.
éMais Deu me puet tout par doner.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

74 LES GESTES DES CHIPROIS.
1229 Qui fait mon cuer & mon penfer.
Tar Deu, fire Vours m'abaty.
Et de mes reins tout me houny ;
Se je fis faire à Tinbert lait.
Il fi m'avoit moût bien meffait.
Tour Deu, Chantecler mandes querre^
Car moût chtYiiu[ce] par ma terre:
Je me vueil acorder 0 luv.
Et fi m'a il moût fait d'ennuy.
Se de ceft mal pooye eft or dre,
éMaimenant emreray en ordre :
cA tous pardoin 6* pardonray.
Quant je de ci me leveray.
Je leur pardoin : or me pardon{er)ent !
Tar ces .ij. mayns quiyci joignent,
S'avant navoye autre pooir,
^7^e leur puis mais guerre movoir;
éMais fe je les pooye avoir.
De cuer lor fer oye affavoir. "
c4u coc mandent de grant randon
Qu'il veigne courant au pardon.
Le quoc refpont : « Tar Deu li dites
Que, fe il muert, qu'il en foit quites ;
éMais je fai que fa maladie
Eft traïfon & félonie.
Se meffire T"^engrin eft fage.
Il maimendra vers luy l'ufage
Que tient le fauconier grifon :
S'il ne fait paiftre par raifon,
Il devenra encor hautein ;
Faffe le venir au reclain.
éMout me poife qu{iï) eft efchapés
De là oit il fu atrapés.
cA pafques fift faire merveilles,
Quant il Vaignel as grans oreilles
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

II. PHELIPPE DE NEVAIRE. J^
O^a beneïr ne manger. 1229
tH^i avoit lors point de danger,
éMais quy or ne fe gardera,
Encor[e] nous engignera. 'i
Li meffage n'i pot plus prendre ;
cA Renart vint fans plus atendre,
Et li conta outréement
Le refpons & le mandement.
Lors dift Renart au chapelain :
ce Je morray anuit ou demain.
Se de ceft mal pooye eft or dre;
éMaimenant emreray en Vordre :
cA tous pardoin & pardonray.
Quant je de ci me leveray.
Tor Deu, fire, car m'afailles.
Car j'ay fait tant d'autres pechiés.
Car je peuffe .c. ans vivre,
tN^ fer oye je pas délivre, JJ
Le preftre Vafot maintenant ;
éMais ce fu par tel covenant,
S'il efchapé qu'il veigne à luy :
ce Oïl, " fait il, a & à autry,
cA quy il devra moût pefer,
Iray je maintenant parler. "
Le preftre ly douna celuy
Quy ne devrait entrer à luy ;
Et il les prent en fa maie houre.
Jhefu s'en part, Renart demore,
Tlein de barat & de mal art,
Diables ot en luy gram part :
éMout ot de luy mal en fa peau;
Defleal traïtour & feau
Eft & fera tant com il vive,
Jufque parte Varme cheitive.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

76 LES GESTES DES CHIPROIS.
1229 I ^4. Après la pais, le bon feignor de Baruth & fés
enfans firent grans biens & grans honors & grant révérence
à leur enemy, & leur donnèrent chevaus, robes &
armes, & autres prelens; & s'aconpaignerent à ceaus,
& " s'en voifoyent d'une robe enfemble, & ne tenoyent
rien au cuer qui eiift efté; mais leur enemis gardèrent &
renndrent leur foies volentés, & bien le moftrerent fi toft
com il porent. Phelippe de Nevaire avoit bien deviné &
devifé en la branche de Renart ce que il firent après.
Meffire Heymeri Barlais eftoit mont haut & s'esforfoit
mont de faire compaignie & fefte au feignor de Baruth &
à fes enfans, & l'apeloit fon feignor & fon père; & meffire
Bahan Tapeloit frère, & mont parloit fouvent de la bataille
quy avoit efté & dou fiege, tant que l'on tenoit à
mal, car mont recorder fà honte eft malvaiftié & mahce.
I y 5". Un jour fu la court pleniere, & meffire Heimery
Barlais & toute fà route y furent. Au derein de tous
entrèrent à la court enfemble meffire Anceau de Brie,
Phehppe de Nevaire & Toringuel. Meffire Anceau les
efgarda mont & vit que il confèilleent enfemble : fi douta
moût & dift qu'il eftoit fi mala[de] que il moroit. Atant
s'en party de la court, luy & les fuens, & fen hoftel;
tantoft fe fift confeffer & comenier, & dift qu'il pardouneit
à toutes gens & qu'il voleit crier mercis as .iij.
de defus només, car il les doutoit mont, por ce que il
ne furent prefent à la pais ni ne jurèrent. U manda gens
de rehgions, qui les prièrent qu'il venifl^ent à luy; & il
ne voftrent aler, mais il ly refpondirent que il moreit,
qu'il en fuft quite; & ce fu avant que la dite branche
fuft faite, & por ce fait Phehppe mencion en la branche.
1^6. Meffire Heymeri & fa partie mandèrent à l'empereour,
fî com il fu dit, ce que avenu eftoit, & grans
a. Après ce mot le mf ajoute : fe veftoient dune robe &.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

II. PHELIPPE DE NEVAIRE. 77
excufations de la pais qui fu faite, & ly mandèrent que il 1229-1231
eftoyent en leur fiés, & avoyent grant patrie de la terre,
& fe il mandaft .j. petit desfors, encores en vendroyent
il bien à chef de ceaus quy eftoyent fes enemis, & d'eaus
meïfmes, & plufours feis mandèrent, ce dit l'on, & en
la fin troverent ce qu'il queroyent.
I f7. En l'an de .M.CC. & xxix, le patriarche Gerolt
de Jérufalem fift .ij. tours à Japhe devers Efcalone, &
Tyglize dou fepulcre fu reconfiliée. Et le patriarche d'Antioche
vint en Accre, légat de la court de Rome,& après
ly fu tolue la légation au patriarche par l'emperere Federic,
qui l'avoit acufé au pape, dont il ala à Rome, &
ot ariere la légation en fon patriarche perpetuaument.
I

78 LES GESTES DES CHIPROIS.
1231 entre voyes; & quant il oïrent les novelles, il fe haftercnt
tant que il ot mont de chevaus recreiis. Toutes voyes
vindrent il bien à rens, & quant il furent enfemble, fi ot
mont bêle gent à cheval & à pié, & firent une mont
bêle moftre, & fe troverent tous armés entre amis &
enemis, entor. v^ chevaliers ; & mont y ot de valès à cheval
& de tricoples. Les Longuebars les doutèrent & n'oferent
defcendre encore, & le rivage fu bien défendu, que cil
ne porent avoir terre ne de Taigue. U envoyèrent mcfl"age
en terre, & mont y ot de paroles dites d'une part &
d'autre. Monfeignor de Baruth metoit tous jors le droit
vers luy, & parloit fi humblement que fes amis en
eftoyent courroufciés. Les Longuebars & fire Heimery
Barlais parloyent mont fouvent enfemble, & de nuit, &
bien fu feii ; & en eiiflTent eft(r)é repris, fe l'on vofift,
mais le preudome ne le voft foufrir, & difoit que aucy
bien pooit il parler de bien come de mal, & fe il voloit
mal faire, que il foufriroyent tant que il feroit aparant &
que il feroient parjur, & que il avroyent brifé la pais,
car fe il comenfoit en euvre por chofe quy eftoit en dit,
Ton poroit dire que il feroit parjur, car trop a grant
conparifon en dit & fait, onques en autre nel pot l'on
mètre, & fi ly dift l'on verayement que Ton le devoit
ocirre en fa tente de nuit en fon ht. Le feignor de Baruth
fe douta; fi ala gezir dedens une maifon, & fe fift gaiter.
I ^g. Les Longuebars conurent que il ne poroyent
defcendre fauvement ; fi gaiterent .j. bon tens & murent
de nuit, & alerent droit à Barut de nuit, & priftrent la
ville fur faut. L'evefque lor rendy come preftre paourous.
Il aflTegerent le chafteau & le tindrent mont près, & le
troverent defgarny de gent, car le feignor de Barut, que
de ce ne fe prenoit garde, en avoit tout le plus de la
garnifon portée en Chipre, & ce meïfme avoyent les
Longuebars bien feii, quant il furent en Chipre ; & de là
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

IL PHELIPPE DE NEVAIRE. 79
orent il confeil d'aler à Baruth. Le chafteau eftoit bien "31
garny de viandes & de vins & d'armeiires, mais poy i
avoit de gens. Les Longuebars avoyent planté de gens
de marine & d'engineors, & de marein & fer & plomb
& de ce que meftier lor eftoit as engins faire. Si en
firent de grans & de petis, & combatirent fortement le
chafteau des engins; & il avoyent ovec eaus .j. defleal,
quy avoit nom Denifès, & avoit efté fenefchal dou feignor
de Baruth, & tout maiftre dou chafteau ; & favoit
toute la covine de la gent. Celuy enfeignoit à geter des
engins là où il faifoient greignor damage : en la fin, ot
il tel guerredon que il fu pendu par la goule come .j.
traître. Le fiege aprocha mont le chafteau, car il avoit
poy de defendeors; le focé dou chafteau fu pris quy eft
.j. des beaus dou monde, & au fons dou folTé firent une
rue coverte tout en tour de gros marain, & minèrent le
chafteau en plufors leus, & par dehors le chafteau en une
place que Ton apeloit le Chaufor, firent les Longuebars
un chafteau de pieres, & de fuft fur luy, qui furmontoit
& defcouvroit tout le chafteau, & faifoit trop grant
damage à ceaus dedens. Ce meïfme lor fu mandé de
Chipre, confeillant que il deiiflTent faire enfy, car les
defleaus quy mandèrent, avoyent ce feii que le feignor
de Baruth fe doutoit moût de celé haute place.
160. Les novelles vindrent en Chipre que en cel point
eftoit le chafteau de Baruth afl^egié, & l'iver eftoit ja entré
moût fort; le feignor de Baruth vint en la court devant
le juene roy Henry, fon feignor & fon nevou. La court
eftoit fi pleniere que tous eftoyent, amis & enemis. U fe
leva en eftant, & il avoit une couftume que il cruifoit
fes jambes, quant il demoroit en eftant; il le fift enfi
com il fot bien, & parla mont haut & à trait, & dift :
cr Sire, je ne reprochai onques le mien fervife & de tout
mon hgnage, à voftre père ni à vous; mais or le m'efteut
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

8o LES GESTES DES CHIPROIS.
'^3' faire. Si contreferay Guillaume d'Avrenie; ja foit ce que
je ne le vaille, quant il ot meftier de fecorre fe[s] nevous,
à Candie, il reprocha à fon feignor le roy Loys tout le
fervife que il avoit fait, & je pues bien dire, & aflTés en
ai garentie, que par mey & par mon lignage, fu voftre
père feignor & rint terre; & fe nous ne fufllens, il eiift
efté deferité ou mort; & quant Deu fifl fon comandement
de luy, vous n'aviés que .ix. mois d'aage, & nous
vous avons norry & gardé, vous & voftre terre, Deu
mercy, jufques au jour de huy; & fè nous n'eùffiens mis
grant conroy, le duc d'Ofteriche vous eiift dezerité; &
.ij. fois avés efté en auci malvais point ou en piour; &
fe nous voficiens guerpir vous & le royaume de Chipre
& celuy de Surie, de legier nous eiift foufert l'emperere
à tenir Baruth en pais. Or eft enfi avenu que les Longuebars
ont prife ma ville & aflTegé mon chafteau fi près
que il eft en péril de perdre & nous & toutes les bones
gens furiens dezerité, dont je vous pri pour Deu & pour
voftre henour & por nos grans fervifes, & porce que
nous foumes d'un fane & d'une naïté norris, & eftes enfemble
o nous, & pry aufy à tous les autres quy faens
font, come mes frères & mes chers amis, que vous venés
en perfone à tout voftre pooir o moy fecorre mon
chafteau. '^ Atant fe taift le feignor de Baruth, & s'agenoilla
devant le roy & devant les autres, & fift femblant
de baifer les pies dou roy. Le roy failly en pies & tous
les autres, & s'agenoillerent; car il eftoit encores à genoils,
& diftrent le roy & tous les autres que il s'acorderoyent
volentiers & meteroyent lor cors & lor avoyrs
à bandon. Le feignor de Baruth les en mercia moût.
Adonc fe leva il, & tous les autres en pié.
*
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

II. PHELIPPE DE NEVAIRE. 8:
Come le feignor de Baruth & les Chiprois o luy vindrent de
C^icoffe à Famagoufte, pour paffer en Surie.
i6i. Le viage fu enpris mont vigouroufement, & ce 1231
fu entor les feftes de Noël. Toft vindrent au port de
Famagoufte. Le tens eftoit fi mal & fi peme, que [à] peines
porent paflTer par le plain de Famagoufte, & moût i ot
chofes perdues entre voies; lonc tens demorerent au port
pour le mautens & en la fin murent au chef dou troublât,
& au tour de la lune, & ne laifTa en Chipre nul
cheveteyne. Les gens en parlèrent mont; Phelippe de
Nevaire le fift aflTaver au feignor de Baruth que Ton en
parleit, & il refpondi, & dift : ce Se je ne meuve adès, je
fai bien que le chafteau fera perdu & tout le païs après, &
fe Deu me doint grâce de paflTer avant, tout fera refcous
& fera honour grant, & fe Noftre Seignor confent que
je fâche la perte, poiflTe eftre entre voies ! je ains meaus
morir ains que je fâche la perte, que après. Ne ja, fe Deu
pleift, ne fera perdue la terre mon feignor en mon tens
ne la moie, & de ce que l'on me blâme que je ne lais
cheveteine en Chipre, je vous diray pourquei je porrai
tel laiflTer quy porroit tout gaaigner là où nous alons, &
mainte fois eft avenu que par .j. preudome eft tout
gaaigné & pour foufraite eft tout perdu, & nous alons
en tel manière & en tel leu où tout fera fur le tabher; &
fe nous foyons perdu, Chipre n'a meftier de cheveteine,
& fe nous perdons, nous ferons tuit quite, & le cheveteine
qui feroit en Chipre ne feroit que languir .j. poi de
tens, & après periroit, car je ne fai en creftianté où il
trovaft receit; & por ce ne vueil que nus de mon lignage,
qui ait furnom d'Ybelin, demore. Se nous vencons, avra
chafcun fa part en Tennor & au profit, & fe nous perdons,
fi morrons tuit enfemble de par Deu en noftre dreit
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

82 LES GESTES DES CHIPROIS.
1231 héritage, là où tout le plus de mes parens ont efté nés
& mors. M Phelippe de Nevaire entendy bien & volentiers
cefte raifon; de luy s'en parti & retraïft tout ce à
tout le plus de gens quy là hors l'atendoient; & chafcun
dift & cria : ce Bien dift le preudome ! alons de par Deu ! >i
Les enemis defl^us noumés qui eftoyent ovec eaus en coverture
de pais d'amour, goupillèrent mont de demorer,
& fe cuidoyent enchafteler à la Caftrie, qui eft dou
Temple. Souvent fu retreit au feignor de Baruth, & ly
loet l'on que l'on les feïft prendre, & il ne le voft onques
faire, & tous jors difoit que il atendroit tant que lor
meffait feroit coneii & aparant, & Noftre Seignor aidereit
au dreit.
Come les Chiprois paffer ent la mer fains & faus, & ariverent
au puy dou coneftable de Triple.
162. La nuit murent tous enfemble, amis & enemis,
& orent moût mautens & grant pluyage, enfi con Deu
plot. Le tens les geta au puy dou coneftable de Triple
fains & faus, & priftrent port. De là s'en fuyrent les
enemis deflTus noumés, & lor fuite furent bien .Ixxx. chevahers,
& alerent de l'autre part à Baruth o les Longuebars.
Mont amerma l'oft, mont en furent esbaï; mainte
gent en orent grant doute. Mon feignor de Barut en
fift grant fefte, & mont en fu fiés par femblant, & dift que
ores eftoit il afegur & que fà gent y ert délivre & netée
des traïtors, & dift qu'il les amoit meaus encontrer en la
bataile & trover les devant luy que derieres, car tant com
il le fiveient, atendoit il adès que il le feriflTent par les
efpaules, & puis qu'il eftoyent foy menti(e) à lor feignor,
& qu'il l'avoient guerpi en champ, & parjur vers lui &
vers les fuens, il n'eftoient pas gens quy les deiift douter;
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

II. PHELIPPE DE NEVAIRE. 83
& de ce fait fe tenoit il amendé, & l'autre partie mont 1231
enpirée. Maintenant le feignor de Baruth ôc fes gens
murent par terre, & lor navie par mer; le premier jour
vindrent par mi le Boutron; là refurent il mont grant
damage de lor navie, car le port eft malvais, & le mautens
enforfa: prefque tous les vaifTeaus briferent, & le
remanant ala en perdecion. Toutes voies les gens murent
de là, & chevauchoient par pluie & par mautens & par
grans flumaires, par fondes & defrivées, & par le Pas
paien, & par le Pas dou chien, quy eft moût perillous à
pafcer; & tant firent que par force que par fens vindrent
au flum de Baruth. Ceaus dou chafteau de Baruth firent
merveiUoufe joie & grant luminaire, quant il les virent.
Grant meftier avoient de fecors, car le chafteau eftoit fi
miné que il cheoit par pièces, & les engins & le chafteau
dou Chaufor les guerreoyent moût.
163. Les novelles efpandirent par toute Surie que le
feignor de Baruth eftoit venus fecorre fon chaftel, & fi toft
com fon nevou, le juene feignor de Cezaire, l'oy dire, que
en cel termine fe trova en Surie, il proumift fiés & douna
moût richement & afTembla tant de gent come il pot,
[&] vigouroufement vint aider fon oncle & fes confins.
Le patriarche de Jérufalem, les .ij. maiftres dou Temple
& de l'Ofpital, le feignor de Saete, le couneftable dou
royaume vindrent mètre pais. Au paflTer devant Sur y ot
befoigne dou feignor de Cezaire & de la garnifon de la
ville, car le feignor de Saete avoit ja rendu Sur as Longuebars
par le comandement de Tempereor. Le feignor
de Cezaire les enchaflTa jufques dedens la porte de la
cité. Mont fu volenriers veù en Toft & mont fu profitable
fa venue. Les .v. feignors deflf'us noumés parlèrent
de pais, mais ne pot eftre; le mautens dura moût loncruement-
fi avint errant chareftié en Toft de viandes &
d'orge, fi que près tous les chevaus ne manjoyent que
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

84 LES GESTES DES CHIPROIS.
• 231 foilles de calemeles. Poy i avoit tentes, car toutes eftoient
perdues en la navie qui perdi devant le Boutron. Les
Longuebars eftoyent à aife, car il avoyent viandes à
planté, & bonnes maifons & bien aifies en la ville.
164. Un jour bien matin, ifllrent les Longuebars de
la viUe de Barut, & vindrent as efcheles faites jufque
fur le flum, que trop eftoit grant. Lors s'il ne fuft fi grans,
il ne fuflTent ja venus : toute jour y furent en tele manière
tant que la nuit les chafTa. Le tens abounaflTa puis,
& le flum aperiflTa. Maintenant l'oft dou roy Henry &
dou feignor de Baruth pafl^a, & vint devant la ville de
Baruth as efcheles faites, & ferirent des efpérons jufques
au fofTé. Une povre iflTue firent ceaus dedens, mais vigouroufement
les rebouta Ton dedens la ville. Ceaus dedens
fe rindrent en la ville afTegé, & parrirent les defences de
la ville ceaus enemis qui eftoyent parri dou roy & de
mon feignor de Baruth, & eftoyent aie de Tautre part.
Ces devers les Longuebars furent eftably à .j. canton de
la ville, où avoit une grant tour, & pour eaus fu elle puis
apelée la Tour des traîtres fouvent, félon la traïfon de ce
que il avoient guerpy lor feignor en champ. Les Longuebars
faifoient garder mont eftroytement par terre & par
mer, que Ton n'entraft au chafteau, & avoient arengié
lor galées & liées à une grant chaene de fer & bien
ormegées tout en tour le chafteau en la mer, & n'avoyent
laiffié que une perite voie par où il entroyent & iflToient.
Le feignor de Baruth mandoit chafcune nuit à noe ce
que il pooit mander de gens d'armes au chafteau ; tels y
avoit qui plonjoyent defous les galées & venoyent tous
nus. Laens au chafteau trovoyent robes & armeiires &
viandes à planté, car laens n'avoyent foufraite que de
gens à armes & cheveteines. Ceaus qui paflToyent à noe
n'eftoyent par tels qu'il peiifTent deflTendre le chafteau.
Si porchafla le feignor de Baruth tant qu'il ot une nuit
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

II. PHELIPPE DE NEVAIRE. 8f
.j. vaiflTeau, & mift dedens .j. fuen fis que Ton apele fire 1231
Johan de Foges pour Tachaifon que vous avés autre fois oï.
Celui fu puis feignor de Sur & coneftable dou royaume
de Jérufalem & bail plufors feis, & fot & valu afl"és;
ovec celui Johan de Foges ot au vaiflTeau .c. homes
armés, entre chevahers & fergens & valès, qui tous furent
de la maihnée & de la noreture dou hgnage d'Ybelin;
meflire Bahan, Tainfné des frères, fe corrouflTa mont &
tenfa fon père, por ce que il ne laiflToit entrer, & difoit
que il eftoit heir; & greignor raifon eftoit que il alaft que
autre. Meffire Bauduin & tous les autres fe par offrirent
mont & mont fe corroufTerent de ce que il y entracent,
& lors refpondy il que greignor befoing avoit il dehors
que dedens, car il atendoyent la bataille de jour en jour;
& enfi les apayfa; & les autres vavafTors de Toft, fi toft
come il forent, y acorurent, qui meaus à meaus, & tant
y entra que a poi le vaifTeau ne noia tous ceaus as quels
le feignor de Barut otroyoit Talée. Le merfierent mont
les privés & les eftranges; & fi eftoit le péril de pafTer
les galées & d'entrer au chafteau & de poyer le défendre;
& parut là & aillors que nus hom fu onques tant amé
de fa gent, car le vaifTeau eftoit fi chargié de gent que
Taigue eftoit jufque au bort, & quant il vint à Tentrée
de la voie eftroite par où les Longuebars aloyent à lor
galées, ceaus des galées s'en aparfurent ; le cris fu moût
hidous & mont y ot lancié & trait. Par le piailler de Deu
il pafTerent, & efchaperent des galées & ariverent à la
roche defTous le chafteau, ne favoient rien de lor venue.
\l lancèrent & traïftrent tant que mont fouffrirent; en la
fin les conurent & les recuillirent [à] grant joie & grant
luminaire feaus dou chafteau, mais au cri qui fu au paflTer
des galées, le feignor de Baruth s'eftendy à terre en cruis
vers orient & cria mercy à Noftre Seignor, & quant il vy
le luminaire au chafteau & les entrefeignes de Tentrée,
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

86 LES GESTES DES CHIPROIS.
1231 humblement rendy grâces à Deu, & tous ceaus de Toft
aucy; & puis que le fis dou feignor dou Baruth & tant de
bonnes gens furent eptré dedens le chafteau, mont fe
défendirent vigouroufement & minèrent à Tencontre des
mineors, & ociftrent les mineors dehors & dedens la
mine, & recovrirent les fofces à force, & ardirent la rue
coverte que les Longuebars avoient faite au focé, puis
firent ceaus dou chafteau maintes belles ifl^ues & gaignerent
aftés fur ceaus dehors, & ardirent plufors engins.
16^. Adonc vit bien & conut le feignor de Baruth que
fon chafteau eftoit en bon point de defence, mais lever
le fiege & vencre fes enemis quy eftoient pour .j. dis, ne
pooit il mie par la gent que il avoit oluy là, mais la
planté d'eaus ne doutoit il mie, car mont volentiers fè
conbarift, mais il eiloyent dedens la ville qui eftoit bien
fermée de bons murs & avoyent le poyer de la mer. Si
penlà à fon cuer qu'il yroit en Accre & porchaflèroit
grant pietalhe & grant navie, dont il n'avoit point, &
mandèrent fon fis, lire Balian, à Triple, & le juene roy
Henry, & (luy) ly donnèrent plein poier de finer & parfaire
le mariage de la fuer le roy au fis dou prince, & douner[ent]
li grant fié en Chipre en mariage par enfi que
le prince lor aidaft de chevaliers & de navie & de gens
d'armes : la parole dou mariage eftoit ja comencée. Grant
tens avoit enfi come il le penfa ; enfi le fift, mais toutes
voyes le fift il aflTaver à ceaus dou chafteau que il ne
s'efmayaflTent pas, car s'alée eftoit por toft revenir à lor
délivrance, & il refpondirent ièiirement alafTent en nom
de Deu, car il fe defenderoyent bien à Taye de Noftre
Seignor & à la foue, & eaus s'i firent.
166. Quant que monfeignor de Baruth s'en partift dou
fiege, mut meflire Balian, fon fis, por aler à Triple. Oluy
ala fire Guillaume Vefconte, quy eftoit fages hom dou
privé confeil de mon feignor de Barut, & avoit comencié
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

II. PHELIPPE DE NEVAIRE. 87
la parole de ceft mariage, & fi eftoit né de Triple. Phe-1231
lippe de Nevaire y ala, quy de luy ne fe parteit, & plufors
autres mont paflTerent de maus paflTages, & par grans
flums, & par devant Gyblet qui eftoit de Tautre partie;
& les moftres fe faifoient toute nuit par my la montaigne.
Toutes voies, fi com Deu plot, paflTerent & vindrent à
Triple & herbergerent dehors en une maifon dou Temple,
qui a nom Moncoqu. Le prince les enfi^ns Tennor[er]ent
moût au commencement, & traitoit on chafcun jor les
paroles & les covenances dou mariage, & de Taye que
le feignor de Baruth demandeit.
167. Sur ce avint que Ton fot à Triple que Toft de
Chipre eftoit party de Baruth ; fi ot mainte gent qui cuiderent
que tout fuft perdu. Les paroles dou mariage refroydirent
mont, & toutes voyes fe tenoyent. Un jour
ala meffire Balian & fa compaignie chevauchant vers
Monpelerin pour trover ceaus quy menoyent les paroles
dou mariage. Au revenir la porte de Montquocu lor fu
clofe à Tencontre, & diftrent ceaus de la maifon que
pour luy il ne voloyent eftre mau de la gent de Tempereor.
Meflire Bahan manda querre herberge à la maifon
de TOfpitau & à ceaus de Beauleu aucy, qui font moines
de Cifteaus & à ceaus qui tenoyent Montpelerin, qui eft
de Tevefque de Bethléem. Chafcun h refpondy come le
Temple avoit fait. Un chevaher eftoit à Triple au jour,
quy eftoit à Triple vicaire de Tevefque de Triple. Celuy
les herberja en une boverie dou dit evefque de Tyghze
que Ton apelle Taire de Tevefque de Tyghze, & fi eft
devant la porte de Triple. Meflire Balian fift defcor(d)er
& netoyer & garnir celé maifon au meaus que il pot dedens.
Si avint que le cheveteine des Longuebars qui bien
favoit que meflire Bahan eftoit devant Triple, (&) fift faire
unes letres Tances de par Tempereor, & furent faites à
Sur en parchemin farazinés, boulées d'une boule de Tem-
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

88 LES GESTES DES CHIPROIS.
1231 pereor que il avoit. En ces lettres fe contenoit, après
mont grant fàlus, que il prioit le prince & fes enfans
coume fes chers confins & fes feaus homes, que il ne
recetafTent Tes enemis, ne que il ne lor dounaffent ni
force ni aye. Le prince & fes enfans mandèrent ces letres
à Phelippe de Nevaire & en une autre remenbrance
efcrite, en quei il avoit plufors paroles; & difbient enfi:
cr Bonnes gens ne tenés à mau. » En la fin de la remenbrance,
eftoit efcrite que il prioyent Phelippe que il
moftraft ces letres à meffire Bahan & à fa gent, & les
excufaft. Et devant eftoit avenu que le prince avoit donné
fié au dit Phehppe, & de fon avoir meïfme ly avoit il
douné que il ly faifoit volentiers à tous. Phehppe Tamoit
& s'en loet mont, mais le fié ne voft il onque retenir ne
decervir, & de ceftuy mandement li fot maugré, & toutes
voyes il ly fift letres à fon feignor, & li conta tout le
fait, & puis fift fans le feii de fon feignor une fimple rime,
& la manda au prince :
éMalvaifes gens, failly de ceur.
Je ne pues foufrir à nul fuer
Que l'on ne die que vous eftes.
168. En Taire de Tevefque de Triple, meflire Bahan
& fa compaignie orent mont d'angoiflTes & de doulors
& de defpis, & ne pooit parrir, car la [ifliie] h eftoit
défendue & par mer & par terre & bien gardée, dont il
avint que il manda au foldan de Doumas que il ly dounaft
conduit & aye, fi que il peiift pafler par la paenime
& aler à Acre. Le foldan ly otroia mont volentiers, mais
chofes avindrent après porquoi il ne fu befoing. Sire
Betram Porcelet, qui eftoit pareftre de fire Heimery & fa
compaignie & les homes de fire Hue de Gibleth, qui
eftoient en la terre de Triple, tornerent mont fouvent
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

II. PHELIPPE DE NEVAIRE. 8g
entor la herberge & moftroyent au doit par où il monte-1231
royent, car il atendoient de jour en jour galées des Longuebars,
& bien cuidoient prendre & ocirre meffire Bahan
& les fuens en celé herberge, & longuement foutTry
cefte angoiflTe.
i6g. Il avint quant Toft des Chiprois s'en party devant
Baruth, que les Longuebars difoient que Toft de Chipre
fuoyt; fi mandèrent fire Heimery Barlais & fire Aumaury
de Bethfan & fire Hue de Gibeleth"& lor gent & le conte
Richart qui eftoit longuebart. Ceaus priftrent toute la
terre fors que le chafteau de Deudamour, où les fuers
dou roy & les gens dou païs s'enchaftelerent, & puis
priftrent Cherines. Ains que Cherines fu prife, meflire
Balian d'Ybelyn porchaflTa tant privéement, que Jenevés
qui eftoient venus à Triple [en] .ij. fayties devindrent fes
homes, & lor douna fiés, & ly orent en covenant que il
le porteroyent en Chipre, & il entendoyent bien, fe il
peiift venir, que il vendroit à chef de ceaus qui eftoient
en Chipre. Le prince s'en aparfut; fi arefta à force les
gens & les vaiflTeaus, & li toly fa muete.
170. Après orrés de mon feignor de Baruth, qui eftoit
aie à Acre : il porchaflTa & moftra tant de raifons à les gens
dou païs, qui doutoient la feignorie des Longuebars, qu'il
eftoient lor deftrucion, que il le firent '^ maire de la comune
d'Accre, & les Jenevés s'acompaignerent mont volentiers
o luy, que pour Tamour de luy, que porce que Tempereor
Federic avoit mandé en Surie que Ton le preïft en avoir
& en perfone. Tant fift le feignor de Baruth que il ot
mont grant navie & grant planté de gent à pié & à
cheval, que legierement pooit lever le fiege de Baruth.
Les Longuebars l'oïrent dire; fi ardirent lor engins, &
guerpirent le fiege de Baruth & à grant honte s'en fuyrent.
a. Mf. feroient.
C 12
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

go LES GESTES DES CHIPROIS.
"3» 171. Quant la novelle fu feiie devant Triple, meffire
Bahan d'Ybehn trova plus d'amis & de conduit; fi s'en
party, & vint à Baruth, & trova le leu mont defgarochié;
& mont ot grant pièce efté, & mont ly fift Ton grant
joye, & là atendy le comandement de mon feignor de
Baruth, fon père.
172. Le roy Henry & le feignor de Baruth & tout
Toft des Chiprois eftoient iflTus d'Accre au Cazal Ymbert.
Là forent la délivrance de Barut. Yqui fe logierent &
atendirent pour avoir confeil qu'i feroient. L'endemain
vint à eaus .j. defleal patriarche d'Anrioche, qui eftoit
lombart & eftoit paflié par Sur & avoit mont parlé à
Longuebars. Il fift entendant au roy Henry & au feignor
de Baruth, que il avoit plein pooir de par les Longuebars
de faire pais entr'eaus, & que il feroit tant que la pais
feroit à Tennor & à la volenté le roy & dou feignor de
Baruth & de tous ceaus de Chipre & de Surie. Le preudome
qui onques ne refufa pais covenable, & (quy) plus
volentiers quant il eftoit au delTus, ala après le patriarche
à Acre; o luy mena de fon confeil & douna [dou] plus
beau & dou mellor de l'oft. Le fuit & grant partie de
Toft demoura à Acre qui n'eftoit mie meù encores, & la
navie encores eftoit au port pour les novelles qu'il avoit
oï dire de Baruth.
173. Le roy Henry fu au Cazal Ymbert en fà herberge
mont efchierement. Toutes voies furent o luy les treis
fys de mon feignor de Baruth, s'eft à faver fire Bauduyn
& fire Hue & fire Guy, qui puis fu coneftable de Chipre
& preudome & vaillant, & fi y fu meffire Johan d'Eybelin,
qui puis fu conte de Jaffe & eftoit chevalier noveau,
qui n'avoit que .xvij. ans d'âge, & fu meflire Anceau qui
eftoit cheveteine de Toft en leuc de mon feignor de Baruth.
Malvaifement eftoyent herbergié l'un sa, Tautre là ; de rien
ne fe doutoyent, ains difoient que il yroient prendre Sur.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

IL PHELIPPE DE NEVAIRE. gi
174. Les Longuebars quy eftoient à Sur efpierent & 1231
forent que il eftoient malvaifement herbergiés, & poy de
gent eftoyent. Murent de Sur fi toft come il fu anuityé ; il
menèrent ovec eaus la gent de Sur à force, & il eftoit
bounace. Si vindrent les .xxij. galées à Cazal Ybert &
aflTaillirent Toft des Chiprois de nuit ; fi les troverent endormis
& defarmés. Aucunes gens avoyent dit à meflire
Anceau que les Longuebars venoient, mais il ne crut mie
ni ne deigna faire afaver, dont il dut eftre mont blahmés.
Onques gens fi forpris meaus [ne] fe defendyrent; les .iij. fis
de mon feignor de Barut, meffire Bauduyn & meffire Hue
& meffire Guy y firent merveilles d'armes;meflire Bauduyn
y fu perilloufement naffré & fon nevou, meflire Johan, quy
eftoit juene y fift tant que toute fa vie fu plus prifié. Meffire
Anceau, pour la valour quy eftoit en luy & por ce qu'il
eftoit cheveteine, (&) fe fenty colpable de ce qu'il avoit
oï, & ne Tavoit noncié. U fift merveilloufes proueflès, le
roy s'en efchapa près que tous nus. U fu mis fus .j. cheval,
& s'en alerent à Acre; & tant com la nuit dura, ne perdirent
les Chiprois la herberge; tout[e] nuit fe combatirent.
Les Chiprois eftoient à pié, les uns fur les chevaus fans
felle, les uns armés de lor haubers tous nus, les autres
tous defarmés. Tel eftoit à cheval quy n'avoit frein, qui
n'avoit lance n'avoit efpée. Toutes voies abarirent il mont
de Longuebars & ociftrent. A Taube dou jour defcendirent
ceaus de[s] galées, & la clarté dou jour defcovry la perite
quanrité des Chiprois. Si fu prife la herberge de tout &
robée; & furent perdues toutes les chevaucheiires, faus
celés où eftoient montés cil quy efchaperent : .xxiiij. chevaliers
priftrent & poy en ocifîrent, plufors en nafrerent, &
toute la herberge, & le plus des armes gaaignerent. Les
chevaliers chiprois, qui bien fe défendirent, s'arefterent
fur .j. petit touronet à une aubaleftée de la herberge; les
Longuebars les veoyent bien, mais n'aloyent pas à eaus.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

g 2 LES GESTES DES CHIPROIS.
[231 17^. Le roy Henry vint à Acre; le feignor de Baruth
failly au cri, & tous ceaus qui le voftrent fivre, mont
doulourous & angoiflx)us. Tout premièrement encontra
le roy, dont il rendy grâces à Deu ; après trova autres
gens qui fuoyent. Quant il le virent, fi efchiverent le
chemin ; un fuen fèrgent s'efmut, & dift que il ireit veïr
fè aucuns des enfans de fon feignor fuft en celé route.
Il Tefcria, & dift : ce Ne faire ! aillors les troverons. Il
n'oferent pas fi loins fuir ne venir là où je fufè. >i Un
poy avant il encontra .j. fuen fèrgent vieill, qui fuoit;
celuy plomra & li dift : cr Tous vos beaus enfans avés
perdus, & mors font, o Le preudome refpondy & dift :
ce Et qu'en eft, fire vilain punais ? Enfi doivent morir chevaliers,
défendant lor cors & lor ennors. J» Grant aleiire
pafl^a avant; quant il aprocha dou Cazal Ymbert, il choifi
ceaus qui eftoyent fur le toron, & fi toft come il le choifirent,
il feryrent chevaus des efpérons après les Longuebars,
quy ja fe partoient. Les Longuebars choifirent les
venans d'Acre; fi fè miftrent à la fuye, & tout fuyant
pafTerent les pas de PalTepoulain. Le feignor de Baruth
trova là les fuens quy fe mehloyent à Tarière garde des
Longuebars, & vit & conut que la mehlée ne la chafl^e
ne valoit rien, car lès enemis avoient ja pris le pas &
avoient mont d'aubaleftriers & d'archiers. Si en remena
les fuens, mont merciant Noftre Seignor de ce qu'il les
trova vis & qu'il s'eftoient fi bien porté. Là trova tous
fes coraus amis, fors que fon fis fire Hue. Celuy trova il
fus une vieille mayfon crénelée, quy eft au cazal. A
celuy avoit Ton ocis fon chevau, près de celé maifon.
Entre luy & .j. chevalier qui li fift compaignie, montèrent
en une maifon & la défendirent à pieres, tant qu'il
conurent le fecors; Ton cuidoit que il fuft mort ou pris:
grant fu la joie, quant il fu là trové.
176. Après ce que Richars, h marefchaus de Tempe-
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

II. PHELIPPE DE NEVAIRE. 93
reor Federic, ot douné Tefchac as Chiprois à Cazal Ym- 1232
bert, il s'en ala à Sur à mont grant gaain, car entre
ceaus de terre & ceaus des galées, enporterent tout ce
que il avoient gaaignié, & por ce que il gaaignerent tant
& le plus dou harnois des armeiires & des chevaucheiires
as Chiprois, lor fu avis que il eftoyent mont au
deflTus de lor guerre, & que lor enemis ne porroyent pas
recovrer en Chipre ne pafl^er jufque à .j. lonc tens. Si
ordenerent lor afaire & laiflTerent garnifon à Sur, & tantoft
paflTerent en Chipre à grant effors & à grant bonaffe,
pour prendre Tihle.
177. Ence fu en Tan de M. ce. & xxxil.
Maintenant que les Longuebars furent en Chipre, le
chafteau de la Candare lor fu rendu. Avant avoit Ton
rendu la tour dou port de Famagoufte à fire Heimery
Barlais & à fire Aumaury de Bethfan & à fire Hue de
Gibeleth, & le chafteau de Cherines auci, fi que toutes
les forterefl^es de Chipre ne fe tenoyent nule au feignor
de Baruth ny au roy, que tant foulement Deudamors.
Laens s'eftoient recuilly les .ij. fuers le roy, dameifele
Marie & Yzabeau, & fire Henris " de Gibeleth, qui eftoit
au jour bailly de la fecrete, que le fire de Baruth avoit
laiffié cheveteine de la terre, quy mont poy i mift de
confeil, & fi avoit Phelippe de Caffran qui adonc eftoit
chaftelain. Laens fe receterent .j. poy de chevahers &
de dames & de damoifeles, que mont fe recuillirent fur
faut & d'autre gent, qui mont eftoient maugarny de vitaille
& de ce que meftier lor eftoit, qu'à poi qu'il ne fu
perdu par foufraite de viande; & à grant mefaife & à
grant mefchef fe tindrent tant qu'il furent refcous ; &
tout plus des dames & des damoifeles & des enfans de
Chipre furent fi forpris qu'il ne porent aler à Deuda-
a. Mf. hernis.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

94 LES GESTES DES CHIPROIS.
1232 mors. Si fe receterent as yghzes & as rehgions, & plufors
en y ot qui fe receterent & mufTerent as monteignes
& dedens caves. Les bergiers & lor enfans come bergerons
& ces femes, aloyent glener les efpis cheans qui
eftoyent, & de ce vivoyent entre les & leur enfans. Auci
a fi très grant doulor que pirié feroit de retraire. Dame
Efchive de Monbeliart, qui au jor eftoit feme de fire Balyan
d'Ybelin, fis de monfeignor de Baruth, fi eftoit recetée
à Tofpitau, & fes enfans ovec ly; & quant eUe oy
que les Longuebars eftoyent arivés, elle ot fi grant paour
qu'ele fe vefty en abit de frère menor & guerpi fes enfans
& fon fié ; & monta en une roche que Ton apele
Bufevent. Là fus la receta .j. viel chevaher qui avoit
nom fire Guinart de Conches, qui là fus eftoit de par le
roy, & eUe s'aporvea tant qu'elle Tôt garny de vitaille,
dont il n'i avoi(n)t point.
178. Les Longuebars vindrent haftivement à Nicoflîe,
& maintenant firent toutes les abominations & les otrages
& les vileinies que il forent & porent. U briferent les
yglizes & les temples, & la maifon de TOfpitau & toutes
les religions, & traînèrent hors les dames & les enfans
quy fè tenoyent as autiers & as preftres quy chantoyent
les mefl^es ; dont il avint en aucun leu que il efpandirent
de la main dou preftre le cors de Noftre Seignor, & le
facrement à terre, & chargèrent les dames & les enfans
fur charetes & fur ahnes moût vileinement, & les menèrent
à Cherines en prifon, & poignant d'aguillons celés qui
ne voloyent toft aler. Les Longuebars gaignerent Cherines
& mont y miftrent vitaille, car lor galées & lor vaiflTeaus
y mandèrent, tout quanque il troverent de par toutes les
marines de Chipre.
17g. Les Longuebars & les autres traîtres alerent aflTeger
Deudamors, & le tindrent moût près, car il favoyent
bien que ceaus dedens eftoient maugarny de vitaille. Il
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

II. PHELIPPE DE NEVAIRE. 95*
miftrent au fiege pour plus deftreindre le chafteau le[s] "3*
plus mortels enemis que le roy & le feignor de Baruth
eiiflTent, & fi miftrent ne fai quantes maiftries d'aubaleftriers
parjurs & traïtors, quy s'enfuirent de Toft des
Chiprois, & s'en entrèrent à Gibelet, quant Toft des
Chiprois paflTeit par devant, pour aler à la refcoufTe de
Barut.
180. Atant fe taift le conte des Longuebars quy font
en Chipre, & cuident tout avoir gaigné & retorné au
roy Henry & au feignor de Barut qui font à Acre, qui
haftivement & vigouroufement fe conrindrent félon le
grant mefchef en quey il fe troverent.
T 81. Le roy Henry de Chipre ot .xv. ans conplis, &
pot donner & faire fon plaifir come feignor d'âge ; fi
proumift & douna plufors fiés à ceaus quy o luy alerent,
& as Jenevés pour franchife & court au royaume de
Chipre, pour aler o luy. Tant foulement que il arivaft
en Chipre, le feignor de Baruth quy adonc eftoit maire
de la comune d'Acre, fi come le conte a dit sa en ariere,
vint devant le patriarche Girot de Jérufalem en la preffence
dou roy Henry & de mont de gens qui là furent,
& s'en plainft au patriarche, qui eftoit légat, dou damage
que les Longuebars avoyent fait au roy & à luy meïfmes
des chofes devant dites. Entre les autres chofes devant
dites, fe recorda & dift fi come les Longuebars avoyent
pris toute la navie le roy, & quant le roy eftoit venus de
Chipre, car ce quy en efchapa au Botron avoit le roy
mandé en Chipre, & avoyent pris celé navie, & tout le
remanant avoient faifi & le royaume de Chipre & aflTegés
les fuers dou roy en j. chafteau ; & le roy les voloit aler
refcorre, mais il n'avoit point de navie come befoing ly
fuft, & les flTalandres, en quey les Longuebars eftoient
venus, [eftoient] au port d'Accre : dont il requeroy(en)t
au patriarche come à légat, que il comandaft que Ton
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

96 LES GESTES DES CHIPROIS.
«232 preïft les ffalandres qu'il avoient au port come ceaus qui
eftoyent efcomenié & quy avoient abatu le chafteau de
la creftieneté, & au roy avoyent tolu fà navie & Ion
royaume. Le bon patriarche refpondy qu'il ne s'entremetoit
dou fait d'armes, mais il avoit veii aucune fois en
fon païs, quant li veneour venoyent à la proye, & la
befte eftoit dedens, qu'il fe menoient lor berfiers & s'efcrioient,
& moftroient à la main & difoient: cr Or pren
le ! jj Lors corurent chevaliers & fergens, & les Polains
dou port as barches & as autres petis vaiflTeaus que il
troverent au port & vindrent as ffalandres. Si en priftrent
.xiij. par force, fi com Deu voft. Les autres naves & flTalandres
fuirent à Sur ; le roy Henry & le feignor de Baruth
retindrent quanque il porent de gent, mais mont
avoyent grant foufraite de moneye, dont il avint que le
jeune feignor de Cezaire vendy partie de fa terre de
Cezaire, & mon feignor Johan d'Eybehn, qui puis fu conte
de Jafe, vendy .j. fuen grant maner qui eftoit à Acre &
prefta les deniers au roy. Haftivement s'apareiUerent &
murent afl^és de Pouleins dou port qui avoient ne fày
quans vaiflTeaus armés, & le roy lor douna fiés, faiffant
le fervize de mer.
182. Le roy Henry & h Chiprois qui o luy eftoyent,
chargèrent lor bernois es vaiflTeaus, & montèrent fus, &
pafTerent devant Sur onque lor vaiflTeaus. Les galées des
Longuebars quy eftoyent venus de Chipre vindrent contre
eaus & fe miftrent fur vent, mais n'oferent aflTembler à
Toft, & tous jors venoyent fur vent, gaitant fe il lor
porroyent faire damage. L'oft des Chiprois ariva devant
Saete ; là vint meffire Balian, qui eftoit venus de Triple
à Baruth & fà compaignie deflTus noumée, & fi vint Ton
frère meffire Johan de Foges & fà compaignie deflTus
noumée, qui avoit efté o luy en garnifon à Baruth & de
Saete, & le roy Henry de Chipre lor douna plufors fiés.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

II. PHELIPPE DE NEVAIRE. 97
183. Dou port de Saete celèrent les Chiprois & vin- 1232
drent en Chipre & ariverent à la grée ; & les galées des
Longuebars venoient adès o eaus fur vent de nuit. Mandèrent
en terre par une efpie où eftoit Toft des Longuebars
& forent verayement que Toft & tout le pooir eftoit
à Famagoufte & lor galées au port.
184. L'oft des Chiprois vint de Famagoufte; les Longuebars
eftoyent en la ville & avoient mont grant planté
de gent à cheval & à pie & mont avoient de chevaucheiires
& d'armeiires, car il avoyent gaaignés au Cazal
Ymbert, & toutes celés qu'il avoyent trovées en Chipre ;
ovec eaus eftoyent ceaus traîtres quy s'en partirent dou
roy au Puy dou couneftable, fi com le conte la devife
devant, & autres gens, qu'il avoyent eii de Triple & d'Ermenie,
& tricoples qu'il avoyent en Chipre tant que Ton
les efmoit, que bien avoient .ij"^. chevaucheiires en lor
oft; le roy Henry & le feignor de Barut n'avoient que .ce.
& .xxxiij. chevaucheiires.
i8y. Quant l'oft dou roy Henry fu venu devant Famagoufte,
il aloient .j. poy loins de terre. Le feignor de
Baruth regarda & vit que le rivage eftoit mont garny de
gent d'armes encontre luy, & grant péril y avoit au
defcendre en terre. U regarda une yfle devers terre, fi a
.j. gué que Ton puet bien defcendre à terre & à chevau
à la marine, quant les aiguës font mermes que la terre
gette & fait bounace. En celé yfle defcendy l'oft des
Chiprois à mont grant mefchef por les roches qui font,
ne onques mais n'avoit Ton cuidé que oft peiift là defcendre.
Maintenant corrurent au chef de Tifle devers la
terre là où eftoit Taigue, & là eftabhrent gent d'armes
pour garder le pas tant que Ton fuft defcendu & bien
apareiUié. La gent de Tempereor fe traïftrent vers là &
y miftrent tout le débat que il porent, trayant ovec les
arbaleftres. Là ot mont lancié & trait d'une part &
c 13
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

g8 LES GESTES DES CHIPROIS.
1232 d'autre ; toutes voyes y defcendirent h Chiprois à loifir
grans & petis, eaus & lor chevaus. La nuit herbergerent
en celé yfle & firent bien garder la nuit le chef devers
le gué par là où il devoyent pafTer à terre, & après mienuit
miftrent barches & aucuns petis vaiflTeaus armés au
port, & corut à .j. des leus de la ville. Le cry fu mont
grant ; maintenant les Longuebars miftrent feu en toute
lor navie qui eftoit dedens le port, & guerpirent la ville
& chevauchèrent & s'en alerent à Nicoffie, & les gens à
pié de Toft le roy y corurent & priftrent la ville de Famagoufte
de nuit.
186. Le bien marin, le roy o fes Chiprois s'armèrent
& firent courir lor chevaus & montèrent à cheval &
paflTerent par celuy gué en terre & as efcheles faites, &
bien cuiderent avoir la bataille au pafTer dou gué, mais
ne troverent nul, & alerent en la viUe de Famagoufte. Là
fe herbergerent .ij. jors ou .iij. pour eaus aifer. Les Longuebars
avoyent laifllé la tour de mer garnie de gent.
Le roy fina à eaus & douna fiés as cheveteines & h rendirent
la tour dou port de Famagoufte. Là meïfme vindrent
à eaus .iij. homes dou roy qui gardoyent la Candare,
por les Longuebars. Le roy lor douna ce que il
requiftrent & il ly rendirent la Candare & Bufevent ; &
le feignor de Baruth & fes enfans pardonnèrent à Tun
d'eaus qui avoit nom Anfrey de Monaigre, que mont lor
avoit mesfait. Le recovrier de la Candare & la tour de
Famagoufte ordena & porchaflTa Phehppe de Nevaire.
Treis jors demora le roy de Chipre en la ville de Famagoufte,
& fina à(s) cheveteine(s), quy avoit nom fire
GuiUaume de Lovre, qui eftoit confele & home de bien.
Le roy h fift quanque il requift; franchifes & court
douna à Jenevés, par toute Chipre, fauve la juftize de .iij.
chofes, c'eft aflTaver de murtre & de rapine & de traïfon ;
& lor douna maifon à Nicoffie & la court delTus la mer
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

II. PHELIPPE DE NEVAIRE. gg
& .j. cazal qui a nom Defpoire. Et là fu tenu au rey de 1232
fairement, & le rey à eaus d'aye & dounement à .j. terme
moty : le don que le roy Henry lor fift fu à tous jors par
fon bon gré, & de mon feignor de Baruth. Les Jenevés
remontèrent en lor naves, & alerent à LymeflTon. Là furent
tant que il forent Tennor que Noftre Seignor fift puis au roy
de Chipre, & as fuens, & quant il forent ce, fi s'en alerent
en Jene. Les galées des Longuebars le forent adès tant
com il furent as aiguës de Chipre, mais onques n'oferent
adezer as naves, quant les naves s'enpalegerent. Les galées
vindrent à Cherines que les Longuebars tenoyent, &
Toft des Longuebars, quant il partirent de Famagoufte,
miftrent feu par my les aires, & par tout le plain & fift
grant damage, car tout le plus dou blé eftoit ja as air[e]s;
& avoyent brifé tous les mohns de la Queterie, neïs ceaus
des mains firent il brifer à Nicoflîe. Quanque il porent
de cefte chofe, fe confortoyent mont h Chiprois, & difoyent
que bien eftoit aparant que il ne s'apareilloient
pas de tenir la terre, quant il ce faifoyent, & Noftre Sires
avoit douné une tele grâce as Chiprois o tout ce que il
eftoyent fi poi de gens, que il lor fembloit avis verayement
que enfi toft come il troveroyent les Longuebars
en champ, que il les defconfiroient.
187. Le roy Henry & le feignor de Baruth & les fuens
murent de Famagoufte & vindrent par lor jornées à
Nicoffie à grant mefchef de bernois & à poi de gent. Si
toft come Richart Philanger, qui eftoit marefchal de Tempereor
Federic, fot que les Chiprois aprochoient, il &
toute fa gent guerpirent la ville de Nicoflîe, & alerent
herberger par les montaignes en une avalée d'un pas
qui eft en haut fur le chemin par où Ten vait de Nicoffie
à Cherines, & yleuc fe rindrent. Lor herberge eftoit beUe
& fort fi que nulle gent ne pooit venir à eaus fors que
par un(e) périt chemin & par une grant montaigne, &
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

lOO LES GESTES DES CHIPROIS.
1232 là eftoit le pas bien garny, ne les Chiprois ne pooyent
fecorre le chafteau de Deudamor que par là meïfme, &
les Longuebars avoient quanque befoin lor eftoit par devers
Cherines, & au chafteau de Deudamors n'avoit viande
qu'à .ij. jors foulement.
188. Le roy Henry & le feignor de Baruth & lor gent
entrèrent à Nicoflîe ; poi y troverent de ce que befoing
lor fu : grant foufraite y ot de pain. Le feignor ne douna
garde qu'il eftoit folement herbergié & efparpeillié par
la ville. Si douta la maifnée des Longuebars, qui volentiers
afl^ailloient la gent de nuit, & à hore de vefpre
fift crier as armes, & dift que les Longuebars venoyent;
fi fè parrirent tous hors de Nicoflîe celuy jour meïfmes
que il vindrent. Si toft come les gens furent hors de la
ville as efcheles faites, le feignor deBaruth fift dire queles
Longuebars eftoient retrais & aparu; mais fi fyft défendre
de par le roy que nus n'entraft en la ville. Dehors la ville
choifirent une place & .j.leu qui a nom leTrahona, où il y
avoit jardins d'une part & une perite fofe. Là fe herbergerent
celé nuit & mont bien fe firent gaiter & à bonnes
entrefèignes, car bien lor fouvenoit de Cazal Ymbert.
i8g. L'endemain marin quy fu par .j. mardy, tout
droit à .XV. jors de juing, fe murent les Chiprois & chevauchèrent
pour aler vers là où leur enemis eftoyent, &
ce fu après .v. femaines que Tafaire de Cazal Ymbert
avoit efté. Le roy & le feignor de Baruth & lor confeil
orent porpenfement que il vendroyent defous la
herberge de lor enemis au plein, & fe les Longuebars
defcendoient à eaus, les Chiprois defiroient la bataille.
Si alerent tant que il vindrent près dou cazal que Ton
nome la Gride, qui eft près d'ileuc el pié de la montaigne,
& de là mandèrent " par nuit aucun confort &
a. Mf. manderoient.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

H. PHELIPPE DE NEVAIRE. ICI
fecours de gent à pié à ceaus de Deudamors par .j. fen- 1232
tier roifte & eftreit qui monte par celé roche. En tel propofement
vint l'oft des Chiprois entre Toft des Longuebars
à la Gride, fi que une partie de leur bernois & de
leur fergens à pié s'eftoient ja mis au dit cazal, & U
autre venoyent après. Si toft come les Longuebars, qui
eftoyent en haut, virent les Chiprois en fi poy de gens,
& à fi povre bernois, il eurent defpit & honte d'efchiver
la bataille, & crièrent à une vois : c« A eaus! à eaus! alons
les prendre ! J^ Quant les Chiprois virent ceaus de Puille
deffendre contre val le pas, les efcheles devifées, chafcune
efchele à fon cheveteine tous apreftés à la bataille,
le feignor de Baruth defcendy lors à pié, & mercia Noftre
Seignor à genoils de ce que fes enemis venoient à la
bataiUe, car bien favoit & difoit que ce eftoit la délivrance
& le meaus que lor peiift avenir. Tendrement
requift & proya Noftre Seignor que il en ceft jour dounaft
honour & vidoire au roy & as fuens. A cel[e] houre
dift Ton que il voa privéement, ce que il fift après, de
foi rendre en rehgion. Les efcheles furent ordenées &
devifées: meffire Balian d'Ybelin, fon fis, avoit tous
jors conduit en cefte guerre la première bataiUe. En cel
point il le fift venir devant luy & li requift que il juraft
le comandement de fainte yglize, car il eftoit en centence
pour fon maryage. Celuy refpondy que il ne pooit
faire fa requefte. Le preudom li refpondy & dift : ce Bahan,
je m'en fi plus à Deu que à voftre chevalerie, &,
puis que vous ne volés faire ma requefte, laiflTés Tefchele,
car, fe Deu plaift, efcoumenié ne fera ja conduifour de
nofire bataille. » Enfi le dift & enfi le fift : il eftabli cheveteine
de la première bataifle fire Hue fon fis, & fire
Anceau de Brie en la féconde, & fire Bauduyn d'Ybefin
en la tierce, & le jeune feignor de Cezaire en la quarte ;
& fu en Tarière garde, car plus n'i ot, & en celé fu le
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

102 LES GESTES DES CHIPROIS.
1232 roy & le feignor de Baruth & fon juene nevou, fire
Johan & autre plufors, qui mont vofiflTent eftre en la
première bataiUe. Le feignor de Baruth comanda à fire
Balian, fon fis, que U fuft o luy à Tarière garde, & U li dift
de par Deu, mais il le fift autrement ^, que il s'en embla, &
s'en ala à la première efchele où eftoit fon frère fire Hue,
& fire Anceau fi lor enorta & enfeigna ce que il fot de
bien, & puis s'en party d'eaus, & fè tint devant eaus
encofte, & avoit .j. poi de gens qui o luy eftoient, car
au jour n'avoit que .v. chevaliers quy o luy parlafTent,
car tous les autres avoyent juré le comandement de
fainte yghze. De ceaus .v., Tun eftoit Phehppe de Nevaire
& l'autre Raimont de Flace ; ces .ij. eftoyent Tes
homes & tenoient de luy ; Piere de Montholif eftoyt h
tiers & eftoit fodoyer & bien de luy, & les autres .ij.
eftoient Robert de Mauneni & Eude de la Fierté, qu'il
avoit norry, & fait chevaher.
igo. Si toft con li Chiprois conurent que la première
efchele des Longuebars venoient por combatte o eaus, fi
s'aprefterent & adrecierent vers eaus, & s'aprocherent
tant que il buttèrent enfemble. Meffire Bafian d'Ybehn
fery des efpérons par mont mau leu, par pieres & par
roches, & ala affembler as autres a mont en mi le pas, &
tant les enconbra & fift d'armes que Ton ne poeit entrer
ne ifllr en celuy pas; & tant y foufry que tuit cil qui le
virent garentiflToyent & difoient que il ne porroyent
cuider c'un foui home peiift ce faire, & plufors fois fu
apoié de tant de lances que chafcun cuidoit que jamais
il peiift efchaper, & ceaus quy eftoient aval o le roy, le
veoyent & le conoyflToient bien as armes & cryoient
aucuns d'eaus à mon feignor de Barut: cr A! fire, fecorons
a. Après ce mot le mf. répète que autrement,
il li dift de par deu mais il le fift
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

II. PHELIPPE DE NEVAIRE. IO3
meffire Balyan, car nous veons que Ton Tocit là fus! « Et 1232
U lor dift : ce LaifTés ly faire ! Noftre Sires ly aidera, fe il
li plaift, & nous chevaucherons eftroit lié grant pas, car
fe nous deroyons, toft poriens perdre, JJ La bataiUe eftoit
férue grant en celé houre d'une part & d'autre, & dura
longuement & en i ot aflTés d'abatus. Le conte Gautier de
Mounepeau conduift la première bataille des Longuebars;
U aflfembla malvaifement [&] ala touchant toutes les
efcheles dou roy, [mais] afchefa fort court tout outre fans
faire grant damage. Aucuns de Tefchele dou roy le voft
gaiter, mais le feignor de Baruth defendy bien que nus
d'eaus ne retornaft ce devant deriere, mais chevahers
chaflTant tous jors devant le conte Gautier & meffire
Joffrei de Mofie, fis dou Juftizier, toutes les efchieles
efchiver[ent] la bataille & tornerent vers la quarte efchiele;
& de là s'en fuirent jufque à la Quaftrie, fans
plus faire. Le conte Berart de Manope qui menoit la
féconde efchele eftoit mont preu de chevalerie, & avoit
bonnes gens d'armes. Celuy aflTembla trop vigouroufement
& mont defconroia la première efchiele des Chiprois,
mais Tefchele de meffire Bauduin les fecorut
vigouroufement, & meflire Bauduin fe porta bien,& mont
y fift d'armes. Meffire Anceau de Brie s'acofta dou conte
Berart, & le prift par le heaume', & le torna à ceneftre,
& il eftoit mont fort des bras & avoit bon cheval &
aracha à force le conte de la celé & abati le conte à terre,
& cria : ce Tue! tue! 'J Et adonc eftoyent venus ja en la
place jufque à finquante ou .Ix. fergens à pié que les
Chiprois avoyent devant mandés à la Gride pour prendre
la herberge. Ceaus coperent la tefte au conte Berart &
à .xvij. chevahers de fa maifnie, que tous eftoyent defcendus
pour luy monter. Celuy " mot cr tue ! tue ! JJ corut
a. Le mf. répète celuy.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

104 ^^^ GESTES DES CHIPROIS.
1232 par la bataille, que chafcun crioit: ce Tue! tue! » En
celé bataiUe avoit .j. chevalier devers les Longuebars que
Ton difoit qui eftoit aleman, qui eftoit covert, luy & fon
cheval, d'orpeau. Celuy aflTembla trop de feis, & mont
fift d'armes, & eftoit fi fors & fi vigorous que Ton ne
le pooit abatte. En la fin fu ocis fon cheval, & les gens
à pié s'afemblerent entour ly, & Tociftrent. Moût en pefa
as Chiprois qui avoient veii fa proueflTe; mont y ot de
gens vers les Longuebars quy afprement aflTemblerent &
mont eftoient grant gens, & une chofe i ot quy mont
aida as Chiprois, de ce qu'il avoient fergens à pié, dont
U avint que quant .j. de luer chevaliers eftoit abatus, que
ly fergens le relevoient & le remontoyent " à cheval, &
quant .j. des autres chevaliers longuebars eftoit abatus,
pieftant Tocyoient ou le menoyent pris; & par ce y ot
mont ocis & pris de ceaus de Puille en celé bataille, &
des Chiprois n'i ot ocis que .j. chevalier qui avoit nom
Série & eftoit né de Tofcane, & fu norri & adoubé à
chevaher en Chipre, & de ceaus de Puille y ot ocis plus
de .Ix. chevaliers, & pris bien .xL
igi. Quant la bataille ot grant pièce duré(e), ceaus
de Puille ne porent plus foufrir le fait, car il recevoyent
trop grant damage, fi fe partirent dou champ, & fe
miflrent à defconfiture tout contremont le pas à aler
vers Cherines, & les Chiprois les acuUirent à chafcier &
s'en aloyent o eaus enfemble pehle & mehle, & enfi les
menèrent trufques as portes de Cherines, où il recuUlirent
à grant mefchef Quant fi Chiprois orent vencu la bataille
& gaaigné le champ & chafcié fi con vos avés oï,
U fe retornerent en une place qui eftoit en la coftyere
au pié de la montaigne, & là fe herbergerent.
ig2. Richart PhUanger, le marefchal de Toft des Lon-
a. Mf. rementoient.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

II. PHELIPPE DE NEVAIRE. 10f
guebars vit que il eftoit enclos, & que il n'avoit gens 1232-1234
afTés & poy de vyande : U ot confeil & manda à Bafe
pour fes galées qui là eftoient; «5c quant elles furent venues
à luy, U eftably les gens que il voft qu'il demoraffent
à Cherines, & il & h autre fe recuiUirent es galies &
s'en alerent en Hermenie, & entrèrent en la fois de Torfot;
& là les refut ly roys Haiton & fon père Conftans,
& mont les honorèrent. U demorerent grant pièce au
païs, fi que une enfermeté les y prift, dont il en y ot
mort mont d'eaus, & tout le plus en furent malades.
Quant il virent que il ne porent durer en la terre, fi s'en
partirent, & s'en alerent à Sur.
ig3. Si toft com ceaus que vous avés oy, fe furent partis
de Cherines pour aler en Hermenie, li roys Henris de
Chipre & fi home s'en alerent herberger de lés [les] murs
de Cherines, & là fè logierent & fi près que nul ne pooit
iffir ni entrer ; & par celé bataille qui ot efté, demora le
roy Henry en fa feignorie bien & en pais, luy & fi home,
ceaus qui o luy eftoyent. Ly fiege fu devant Cherines
trufque après la Pafque, & lors fut faite fin que le roys
rendi & dehvra tous les prifoniers que il tenoit en fa
prifon; & il h rendirent Cherines & tous les prifoniers
que il avoyent à Sur & quy avoient efté pris à Cazal
Ymbert, & toutes les dames que il avoyent prifès à Nicoffie
par les yglizes & es maifons des religions, en leur
venir de la terre. Enfi fu rendu le chafteau de Cherines
au rey & au feignor de Baruth, en Tan de M.CC. &
XXXIIII.
ig4. En tant com li fieges eftoit devant Cherines, la
reyne Aahs, feme le roy Henry, & fille le marquys de
Monferat, qui s'apeloit Longuebarge, por ce que Tempereor
h avoit douné, elle s'eftoit mifè dedens Cherines
o ceaus de Puille & au coumandement de Tempereor, &
fè coucha malade d'une maladie, dont elle moruth.
c H
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

I06 LES GESTES DES CHIPROIS.
1232-1234 Quant eUe fù trefpacée, ceaus qui eftoyent dedens Cherines
Tatornerent, fi con Ton doit atorner reyne, puis
firent demander fiance d'envoyer .j. home parler au rey.
eu qui ot la fiance vint au roy, & fi dift que [fà] feme la
reyne eftoit tref'pafljée de ceft fiecle, & que ceaus quy
eftoyent dedens, fi mandoyent que, fe Uli plaifoit, que il
la feïft prendre & enterrer fi com U afiert à reyne, & que
U en feïft fi come de f à feme. Li roys s'i afl^enri & furent
données triues que Ten ne traifift ni lanfaft defors ni
dedens, tant que la reyne fuft portée à la herberge le
roy. Lors la mirent ceaus de Cherines fors dou chafteau,
& ceaus de la herberge dou roy la refurent, & fu portée
à Nicoffie à grant compaignie par la main des chevaliers
tout à pié, & fù enterré[e] honoréement en la mère yghze
de Sainte Soufie, & Tenterra Tarcevefque Eftorgue. Ci
endroit laitons à parler de Longuebars & des Chiprois,
tant que tens y ert.
igy. Si grant honour & fi grant grâce fift Deu au roy
Henry & au feignor de Baruth & as fuens, que en une
hore dou jour defconfirent lors fors enemis & chaffierent,
fi con vous avés oy dire devant, & dehvrerent Deudamors,
qui eftoit afTegé; & aflTegerent Cherines où les
Longuebars eftoyent receté "; & les fergens qui eftoyent
au fiege de Deudamors de par les Longuebars s'en fuirent,
& n'oferent fuir vers Cherines pour les Chiprois, qui ja
eftoyent devant ; fi fe defruperent devers Plaiffié, & tornerent
devers Nicoffie, mais U n'i oferent entrer de jour,
car de nuit cuiderenr receter as maifons des rehgions ;
dont il avint que Phefippe de Nevaire qui eftoit retorné
à Nicoffie pour aucunes befoignes par le comandement
dou roy Henry & dou feignor de Baruth, il fot que les
fergens dévoient venir : fi aflTembla ce que il pot avoir
a. Le mf. ajoute : Se les fergens qui eftoient recete.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

II. PHELIPPE DE NEVAIRE. 107
de gent & les ala encontrer hors de la viUe. Un poi de-1232-1234
vant la mienuit vindrent Phehppe de Nevaire & la foue
gent, lor corrurent fure & ociftrent, que priftrent .iij^
fergens ou plus, & plufors en efchaperent pour la nuit, qui
fè garirent es yglizes, & en maifons de religions. Phehppe
fift venir devant luy les .iij. maiftres des fergens qui avoyent
guerpi le roy & le feignor de Baruth devant Gibelet, dont
il eftoyent parjurs & traïtors; fi les fift tous defmembrer,
& volentiers les eiifl: fait pendre, mais il n'en ot loifir,
car il avoit poi de maifnée & trop de prifons.
ig6. L'endemain fot Ton que le conte Gautier de
Manepeau & le fis dou Juftizier & lor efchiele eftoyent
foies à la Caftrie el focé dou chaftel, car les Templiers
ne les voloyent receter dedens, por ce qu'il avoyent brifié
devant lor maifon & traï(ft) les dames & les enfans, come
les avés oï au conte devant ; dont il avint que le roy &
le feignor de Baruth y mandèrent meflire Johan le Jeune,
qui puis fu conte de Jaffe & une efchele de chevaliers o
luy. Dedens le focé les troverent & là les priftrent & les
amenèrent à Nicoffie; là furent mis en prifon ovec les
autres qui furent pris le jour de la bataille. Tous furent
livrés à Phelippe de Nevaire, quy les faifoit garder. En
celé prifon avoit .c. & .xlv. prifoniers [qui] y furent
mort de nafres ; fire Hue de Sorel, fire Ente de Chehgen,
fire Gent de Cors y morurent, mais fire Phelippe Obuiffion
gary de mont fieres playes.
ig7. Le fiege fu devant Cherynes, & ceaus dedens
eftoyent mont grans gens & avoyent toute lor navie, en
quoi U eftoyent venus en Chipre & les .xij. galées : fi
avint qu'il eftabhrent cheveteine à garder le chaftel & le
bourc, Phelippe Chenart, quy eftoit frère de fire Gauvain
de par mère ; & fi laiflTerent .1. chevaliers, dont eftoit chevetaine
.j. gentU hom de Puille, quy avoit nom Gautier
de Eguevine, & meflire Richart Filanger le baill «5c grans
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

I08 LES GESTES DES CHIPROIS.
123Z 1234 gens o luy alerent en Hermenie quere fecors, ôc manderont
en Anrioche & à Triple, & difoyent que il revendroient
& fe conbateroient autrefois as Chiprois. En Hermenie
ot aflTés de malades & de mors d'eaus ; à Cherines revindrent
fans nul elploit, & diftrent que trop eftoyent
grant gent de terre & de mer, & trop gaftoient de la
viande dou chafteau. Sur celé achaifon rentrèrent à lors
galées & retornerent à Sur. Oveques Filanger lor bail,
s'en alerent fire Heimery Barlais & fire Amaury de Bethfan,
fon coufin, & fire Hue de Gibeleth demora baill à
Sur, (5c ceaus .iij. alerent en PuiUe querre fecors à Tempereor.
ig8. Phelippe Chenart demora à Cherines cheveteine
& .1. chevaliers o luy & en tour .m. homes à pié entre
abaleftriers & gens de marine, U y ot de mont bons
faifeors d'engins; plufors en i fift Ton faire trabus &
perieres & mangueneaus, & mont bien fift garder le
chaftel, & le bourc afprement fu gardé longuement.
igg. Le roy Henry fift aflTembler toute fa court & fè
clama à fa court de lire Heimery Barlais & de fire
Amaury de Bethfan & de fire Hue de Gibeleth & de
tous fes homes liges qui avoient efté contre luy à la
bataUle puis qu'il fu en âge. Par comun efgart de court
furent tuit déshérité & fortjugié en cors & en avoir, & le
roy douna lor fiés à ceaus quy Tavoi[ent] fervy & aidié.
Mont ennuyoit as Chiprois de ce qu'il n'avoient galées
pour alTeger le chafteau par mer ; les galées des Longuebars
aloyent de Cherines à Sur & de Sur à Cherines. La
volenté de Deu fu puis tele que .xiij. galées de Jenevois
vindrent d'outremer à LymefTon en .ij. carevanes, en
Tune .iiij., & une autre .ix. Le feignor de Baruth i ala
grant aleiire à LymefTon & les retint as fos dou roy, «5c
les mena devant Cherines. Adonc fu aflTegié le chafteau
par mer & par terre que d'eaus que de ceaus qu'on pot
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

II. PHELIPPE DE NEVAIRE. lOg
avoir de Chipre. Mont firent ceaus dehors engins, perieres 1232-1234
de mangueneaus & de grans trabucs & .ij. grans chafteaus
de fuft & mont d'autres garides pour venir as murs.
AflTaus y ot plufors & de jour & de nuit, moût y ot fait
d'armes & dehors & [de]dens, mont en y ot de nafrés
& d'une part & d'autre, car grant planté y avoit d'a[r]baleftiers.
Les chafteaus de fuft furent trait fur le foffé;
de ceaus dedens y avoit meillor piétaille que de ceaus
dehors ; par force y miftrent le feu & mont fe tindrent
vigouroufement pour doute de prifon & de mort. Les
chevaliers dehors montèrent & ferirent des efpérons
jufques au focé ; là defcendirent & entrèrent dedens le
chafteau de fuft qui ardoit, & eftainftrent le feu à force
& les refcouftrent & les ratirent arieres. Mont y ot des
chevahers nafrés ; ceaus dedens parlèrent de nuit au cheveteine
des fergens de ceaus dehors, qui avoit nom Martin
RouflTeau, & tant ly donnèrent & proumiftrent que U lor
otroya à trayr ceaus dehors, & il lor ot en covent que
il lor feroit aflTavoir quant Toft feroit plus efchery; fi
faudroyent ceaus dedens as armes & iftroyent esforféement,
& celuy Martin & fes fergens quy feroyent dehors,
& ociroyent tous ceaus que il poroyent, & trop legierement
pooyent ocirre meffire Hue & mefTyre Anceau de
Brie qui eftoit herbergié plus près dou chafteau que les
autres, & aloient trop fouvent efchargaitié à Tagait des
fergens bien près des murs. Celuy Martin Roufceau pooit
mont de maus faire, car U eftoit mont privé dou feignor
de Baruth & de fes enfans, ôc U avoit efté le plus dou
tens de la guerre ovec eaus, ôc il h avoient fait mont de
bien, ôc fe fioyent mont en luy ôc Tefchargaite dou
chafteau eftoit tout fur luy; fi metoit ôc traioit dou chafteau
ce qu'il voloit. Le plaifir de Noftre Seignor fu tel
que celé traïfon fu defcoverte par .j. home qui ifll dou
chafteau. En celé hore avint que Marrin Roufceau fu aie
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

IIO LES GESTES DES CHIPROIS.
1232-1234 à Nicoffie pour aubaleftiers ôc avoit garnifon quU la
voloit mètre el chafteau. Le feignor de Baruth mena
Phelippe de Nevaire, quy le prift, auci autres faifeors
d'aubaleftiers, qui eftoyent homes hges le roy ôc confentant
" de cefte traïfon, ôc maintes arbaleftes ôc autres
armeiires lor avoit baiUés en Toft. Phehppe de Nevaire
les mena en Toft quy eftoit devant Cherines, ôc reconurent
la traïfon en pleine court. Là turent jugié ôc treigné ôc
pendu, ôc Martin Roufceau fù geté au grant trabuc as
murs dou dit chafteau. Adonc fe hafterent mont cU
dehors de mener lor engins au mur.
200. Un jour lor avint pour lor grant mefchance, que
meffire Anceau de B[r]ies, quy faifoit mener .j. engin
avant, ôc il meïfme boutoit ôc haftoit les autres, fi fu
nafré en la cuilTe d'un careau (de) d'aubaleftre de .ij. pies.
U aracha la flèche ôc le geta, ôc cuida avoir ge:é le fer,
mais il remeft dedens la cuiffe par mefaventure. il feigna
mont de fane, ôc ne voft founer mot tant com Tengin fu
mené avant tant com il dut. Adonc fèn aparfurent ceaus
quy eftoyent près de luy ; fi h aidèrent tant quy vint en
fa herberge; tant ot lèigné * que U fe pahma; tout Toft y
corut, très grant duel en orent tous fes amis, ôc fur
tous homes le feignor de Baruth, quy Tapeloit fon rouge
lyon; ôc il avoit droit, car U fe penoit plus ôc travaUloit
de Tafaire de Toft que nus, ôc mont valoit. Il Temporterent
à Nicoffie à fon hoffel ôc bien jut demy an au fit
ôc plus, que onc le fer ne pot eftre trové jufque au tiers
jor devant fa mort; ôc Deu fift fon comandement de luy.
Grant duel en fift le roy ôc tous les bones gens de Chipre
aucy, mais au jor que U trefpafl^a, le(s) feignor de Baruth
eftoit en Surie, car le chafteau de Cherines eftoit ja rendu;
Ôc adès orrés ôc coment ce fu.
a. Mf. concetent. — b. Mf. feigna.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

II. PHELIPPE DE NEVAIRE. III
201. Si com vous avés oy; le roy ôc fes gens avoient 1232-1234
fait mont d'engins, ôc les menoyent avant ôc eftabhrent
lor aflTaut; meffire Bahan d'Ybelin aflTaily devers le chafteau
ôc fa gent o luy. Le feignor de Baruth ôc fés .iij.
anfans aflTaillirent de toutes pars le bourc tout en tour ôc
bien le cuidi[e]rent prendre, car les engins avoient mont
empirié les murs. Ceaus dedens furent grans gens ôc
doutèrent mort ou prifon, ôc fe défendirent vigouroufement.
Ceaus dedens s'enbatirent eftoutement, mont y ot
de nafrés; des enfans dou feignor de Barut y ot plufors
nafrés perilloufement, ôc de ceaus dedens y ot mont de
mors «5c de naffrés ; à Tanuiter fe retraïftrent.
202. Le feignor de Baruth blahma mont ôc reprift foy
meïfme ôc dift en haut que bien fu entendu : ce Hailas !
come il m'eft mefavenu à cefte fois, ôc de ce qu'il avint
jadis pour .j. home de mon lignage ! Et ce fu quant le
roy Amaury entra en Babiloine, fi comanda à fire Hue
d'Ybelin que U aflTaiUift ôc feïft aflTaihr la cité de Belbeis
qu'U avoyent aflTegié, ôc U fi refpondy que il yroit à
Tafàut ; ôc fi toft com il vint fur le foflTé, U fery des efpérons
ôc failly ens luy ôc fon cheval. Et le cheval brifa
le col ôc mon oncle la jambe ; ôc tout Toft corut à la
refcoufce ; fi refut mont grant damage, car mont en y ot
de mors ôc de nafrés. Meflire Phehppe de Naples, le bon
chevaher, quy eftoit fon oncle, failly au fofl^é après fon
nevou ôc fu tel conreé que par poy ne morut. Si con à
Deu voft ôc plot, la ville fu prife, ôc le roy Amaury Ôc
fes homes firent une afllfe que jamais chevalier ne deiift
n'i feïft fuervife à afaire de ville ne de chafteau, ni en
leuc que cheval nel peiift porter, fe il ne fuft aflTegié, ou
fur fon cors défendant; ôc je, las! cheitif, qui bien fai
Tafllfe quy fu faite pour mon lignage meïfme, j'ay huy
en ceft jour livré moy ôc mes enfans à mort, ôc tous mes
amis pour TaflTaut d'un cheirif chafteau, (quy) qui .j. de
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

112 LES GESTES DES CHIPROIS.
1232-1234 ces jors fe rendra de fain ! » Tous ceaus quy là eftoyent
le réconfortèrent, ôc li diftrent : cr Sire, ne vous en chaut
trop ! y ont plus perdu ceaus dedens que vous. >i Le
fiege dura longuement, ôc moût y ot grans coftenges
faites ôc grans Iodées dounées as fergens ôc as galées;
plus grans tailles firent faire, car il ne fuflTent jamais afeiir,
s'U ne preyfTent Cherines.
203. En Tan de M.CC ôc xxxil, la reyne Aahs de Chipre
ala en France, pour recovrer le conte de Champaigne.
204. Et le patriarche Gerolt de Jérufalem fu acufés à
Rome par Temperere Federic, ôc ly fu tolue la legarion,
dont U ala à Rome, ôc ot ariere la légation en fon patriarchié
perp[et]uelment.
20y. L'emperere Federic oy les noveUes de la Surie
ôc, coment que ce fuft qu'il n'en eiift loifir ou qu'il ne
vofift venir, mais il manda Tevefque de Ciete en Surie ôc
lettres mont amygbles ôc lozengerefl^es, difant que il ne
lor favoit nul maugré de ce qu'il avoyent fait ôc qu'il lor
pardonoit ôc lor rendoit fa grâce, ôc que il fe teniffent
bien ôc loyaument à lui

II. PHELIPPE DE NEVAIRE. I 13
jurer, le bon juene feignor de Sezaire, quy eftoit nevou 1232-1234
de mon feignor de Baruth ôc quy eftoit venu de Chipre
à Cezaire pour fon afaire, ôc entendy ceft fait : fi vint à
Acre haftivement, Ôc en Tore que le fairement devoit
eftre fait, il entra dedens la mère yghze de Sainte Cruis,
ôc comanda à founer la campane de la comune. Quant à
la frariede faint André le fot, U furent as armes ôc crièrent
tuit : ce Muire ! muire ! o L'evefque de Sayete les vit, fi
s'en fui en la maifon de Tevefque d'Acre, ôc fu enclos
en la chapele, ôc fe le feignor de Cezaire ne fuft defcendu,
Tevefque de Sayete eiift efté celuy jour ocis, ôc
le feignor de Sayete ôc le conneftable auci. Mais le
feignor de Cezaire les fift eftre en pais, «5c en mena les .ij.
hors de laens o luy, ôc U fift tantoft favoir tout le fait à
fon oncle, le feignor de Baruth, qui eftoit en Chipre au
fiege dou chafteau de Cherines. Tantoft fe party dou
fiege le feignor de Baruth ôc laiflTa en fon leu fire Balian,
fon fis Tainfné, o le roy Henry, ôc voft mener o luy Phelippe
de Nevaire, mais fire Balian ne le voft fouflTrir.
206. Le feignor de Baruth ala à Acre, ôc tant ordena
ôc fift que les fairemens des Poulains furent tous refreichis,
Ôc qu'il fu maire de nouveau. L'evefque de Sayete manda
au feignor de Baruth, priant pour Deu ôc por fon honour
ôc pour fon profit que il le feïft conduire devant luy,
car il voloit à luy parler. Le feignor de Baruth refpondy
que de par Deu venift. Il manda pour luy, Ôc le fift conduire;
fi toft com il fu en fà prefence, il ly[t] unes letres
de par Tempereor, en queles il avoit Talus ôc créance.
L'evefque dift : ce Sire, il s'en contient es letres que vous
me devés croire : Tempereor vous mande que il fè
repente mont de ce quy a efté entre vous ôc luy, ôc il fe
portera de ci en avant en tel manière vers vous que vous
ôc tous les voftres en ferés riches ôc manant. Mais il
veaut que vous ly faites .j. poi d'ennor, por ce que les
c 15
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

114 ^^^ GESTES DES CHIPROIS.
1232-1234 gens ne puiflTent dire que vous Tavés vencu; Tenour
qu'il vops requiert [eft] que vous venés en aucun leu où
il femble que il ait poer, Ôc que vous dites enfi fimplement,
coment qu'il foit ne coment que non : ce Je me
et met en la mercy de Tempereor come de mon feignor
ce de Baruth. « — cr Sire evefque, à la fin de ma parole,
ferai refpons à voftre requefte; mais tout avant vous
diray .j. conte ôc une efl^ample, quy eft efcrite au livre
des fableaus de Renart; ce m'eft avis qu'il afiert bien à
cefte raifon que vous m'avés dite :
207. ce 11 avint en une foreft planrive Ôc pleine de toutes
manières de beftes, qu'U y avoit .j. mont grant fion ôc
mont mal richignant, maladif ôc malenconious. Un jour
fe gifoit devant fa cave ; fi vit paflTer une grant route de
fers grans ôc de faifons. Le hon dift à fa privée maihnée :
cr Se je ne manjue de cel ferf gras, quy vait devant les
cr autres, les mieges m'ont dit que je fui mors. >J Maintenant
manda au ferf, priant pour Deu que il venift à
luy parler, car U eftoit fi malades que il moroit; le ferf
y ala volentiers come à fon feignor. Si toft come U vint
à Tentrée de la cave, le hon fe hafta de luy prendre ; fi
l'atainft de la paute à la chiere ôc ly avala la peau jufque
fur le mufeau. Le ferf fu fort ôc fain, ôc le lion foible ôc
malade ; fi chey en ariere de fon cop meïfme. Ly ferf s'en
ala la chiere fanglantée, ôc dift que jamais en fa court
n'en entreroit. Toute voies gary le ferf de fa playe un
grant tens. Après avint que le lion manda au ferf ôc dift
que fe Deu ly aidaft, il ly cuida faire joie à Tentrée de
fa maifon, ôc luy acoler, ôc fi avint par mefchance que
fes ongles s'acrocherent en fa chiere, ôc il de fa foiblete
au cheïr le grafigna mau fon gré, ôc por Deu qu'il
venift à luy. Tant y ot de proyeres qu'à luy râla. Le hon
faUly à Tencontre ôc lanfa pour prendre le; fes pautes
Tatainftrent jufques à fa coue de lonc en lonc de fon dos; fi
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

IL PHELIPPE DE NEVAIRE. I I f
enleva .ij. grans corroies. Le ferf faUly esforféement come 1232-1234
bleciés. Le lion eftoit encores foibles ; fi chey de fon
cop meïfme ; le ferf s'en fuy ôc fu longuement malades
de celés nafres prefque tout .j. an. Au chef de Tan le lion
remanda à luy de fes barons ôc tant le farmonerent Ôc
proyerent que traï fu le ferf, ôc revint à court. Le lion
fu amendé ôc eftably; fa privée maihnée le ferf prift, ôc
[o]cift ôc comanda que il fuft efcorchés ôc apareillés Ôc
overt Ôc desfait, car U voloit ma[n]ger de luy ; les beftes
quy manjuent char, fi come Yzengrin ôc Renart, s'en
entremyftrent de Tapareiller. Renart bouta fon groin ôc
prift le cuer ôc le manga. Les autres beftes furent mont
efTr[e]ées; le lyon s'en prift garde Ôc come defloal s'en voft
excufer par fa parole, ôc dift : cr Seignors, ne cuidés pas
ce que pour félonie ne por lechiere, j'ai ocis le ferf, mais
cr por ma garifon Tai fait, car tuit li miege moftrerent
ce que je ne pooye garir, fe je ne manjoye del cuer dou
cr ferf 53 Le cuer ne pot eftre trové, que Renart Tavoit
ja mangié. Le hon jura que ce avoit fait Renart, car il
avoit la barbe fanglantée ; chafcun le moftra au deit «5c
tuit diftrent ôc jugierent que Renart en devoit morir.
Renart dift en audience que preft fu au comandement
dou roy, ôc au jugement de la court fe metoit : ce Seice
gnors, » ce dit Renart, cr le ferf vint antan à court,
ce fi s'en party la chiere fanglante; une autre fois après
cr revint ôc laiflTa .ij. corroyés de fon dos ; la tierce fois
cr revint morir fi nicement, come cil quy n'avoit point de
ce cuer, car fe il eiift cuer, il ne fuft pas revenus la tierce
cr fois, ôc Ton dift .j. proverbe : Ce que n'i eft, ne puet on
cr trover. Le ferf n'avoit cuer, ne je ne Tay mangié. Mon
cr groin en eft fanglant de Tefcorcher ôc de Tovrir. Je
cr pry chafcun en fon endroit que por Deu «5c por s'arme
ce me juge, ^J Si diftrent tuit à une vois que le ferf n'avoit
point de cuer, ôc enfi fu Renart délivré.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

I 16 LES GESTES DES CHIPROIS.
1232-1234 208. ce Et je vousdi, fire evefque, >i fait le fire de Baruth,
cr que je pues bien dire de l'empereor ôc de moy cefl
efTample. U eft le lion ôc je fuy le ferf, .ij. fois m'a deceii:
la première fois à LymeflTon, dont je os bien fanglante
chère; la féconde, quant je party de Deudamor le chafteau,
ôc vins à luy : encontre les covenances, il retint les
fortereces ôc toute Chipre à fon eus ôc puis vendy le roy
ôc Chipre à mes enemis. Ce furent les .ij. corroyés de
mon dos; ôc fè ores vieng en la tierce fois en fà mercy,
je otroy que je foye mort, come fu le ferf, que Ton juge
fèiirement que je n'ai point de cuer; dont je vous di,
fire evefque, ôc veuiU bien que il Tache qu'en fa
manaye ne me tenta il jamais, ôc fe maugré mien par
mefchance [deùfTe] eftre devant luy, ôc U eiift tout fon
pooir ôc je ne eiifl^e pooir ni enfans ni amis ne pooir
plus que dou petit doit de ma main, o celuy me defenderoie
jufques à la mort, 'i Atant fina fa parole.
20g. Quant le fire de Baruth ot bien eftably fon fait
en Surie, il laiflâ en Surie en fon leuc fon nevou le feignor
deCezaire, ôc tantoft revin t en Chipre. Le fiege dou chafieau
de Cherines dura plus d'un an. Cil dedens avoyent foufraite
de mont de chofes ôc favoyent que nul fecors ne lor
pooit venir de Tempereor, ôc il avoient feii dou baUl de Sur
de finer. U parlèrent de pais. Sire Arneis de Gibeleth ôc
Phehppe de Nevaire traitèrent celé pais; la fin fu tele
que il rendirent le chafteau ôc le bourc, ôc tant d'armeiires
Ôc de garnifon come U avoyent fait ôc dedens trové.
Phehppe de Nevaire lor hvra tant de galées ôc de vaiffèaus
come U orent meftier, por aler dedens à Sur fàus
ôc feiirs, eaus ôc lor chofes, ôc tel fu le covenant que
fi toft come U feroyent à Sur, le feignor de Baruth yroit
à Acre ôc menroit o luy tous les prifoniers quy avoient
efté pris en la bataiUe, quy vis eftoyent, ôc Ton h rendroit
les fuens quy avoyent efté pris au Cazal Ymbert ôc quy
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

IL PHELIPPE DE NEVAIRE. II7
eftoyent à Sur. Si fu fait enfi con il le dift : il mena à i234-"36
Acre les prifonniers ; là fu porparlé qu'en my voye d'Acre
Ôc de Sur furent menés les prifoniers d'une part ôc
d'autre; ôc là furent délivrés les uns por les autres. Adonc
demora Chipre en pais, mais en Surie demora .j. malvais
ni, car fire Richart Filangier ôc fes frères ôc plufors
demorerent à Sur.
210. Adonc Tan de M.CC ôc xxxv, vint la reyne
Aalis de Chipre; puis que ele ot recovert le conte de
Champaigne, elle revint d'outremer à Acre, faine ôc
fauve.
211. En Tan de M.CC ôc xxxvi, le feignor de Baruth
ôc fon nevou Johan, feignor de Cezaire, ôc TOfpital
ôc le Temple alerent aflieger Monferant; grant honour
ôc grant fervife firent [à] TOfpital ; après retornerent en
Chipre à grant joie, ôc furent en grant pais ôc en bon
eft a t.
212. En celuy an mon feignor Johan d'Ybehn, le bon
feignor de Baruth, quy bien reconoiftoit les grans grâces
que Noftre Seignor ly avoit faites ôc les grans honors en
achaifon d'une befte quy chey defous luy, U fift fon teftament
fi ordenéement que toutes le[s] gens fe merveUlerent
de fa très grant mémoire. Ses tors fais amenda de
maintes chofes, fift amende que meinte gent ne teniffent
pas à tort fais, fes detes paia, car U avoit au jour grant
mueble «5c eftable fans les fiés, ôc tout douna por Deu ôc
por Tarme de luy, de fa main à boune mémoire, ôc plufors
fiés douna il à fes enfans, ôc comanda que U fuflent
homes ôc teniffent de lor aihné frère. Après fe rendy U
frère dou Temple, fi come U avoit voué. Grant contredit
miftrent fes enfans, ôc grant duel en firent tous les gens
dou pays, mais riens ne valut, ains fe rendy maugré
eaus ôc tout quite au Temple, ôc fe fift porter à Acre;
poy dura frère, ôc fi très bêle fin fift à fa mort qu'à mer-
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

Il8 LES GESTES DES CHIPROIS.
1236-1239 veiUe en creroyt Ton vérité quy tout contaft ; ôc quant il
dut Tarme rendre, requift il que Ton ly aportaft le crufefis.
Phehppe de Nevaire ly aporta devant luy, ôc il
tendy fes mains, ôc baifa les pies de Noftre Seignor Jhefus
Crift, ôc dift fi come U pot : cr In manus tuas, domine,
commendo fpiritum meum! » Et enfy rendy Tefperit à
Deu. Le cors onques ne fè remua à la mort, ôc, fe Ton
croit que bone arme vait devant Deu, Ton deit bien eftre
certein que la foue arme y ala en paradis. Maintenant
meffire Bahan, fon fis, demora feignor de Baruth en fon
leuc, quy bien fe contint ôc vigourofement, ôc U ot bons
frères ôc confins, ôc bons amis quy mont bien ly aidèrent.
213. En celé faifon. Tan de M.CC ôc XXXIX, avint
que une grant cruifée s'efmut dou royaume de France
por paffer en la Terre Sainte. Dont ly plufors pafferent
par Marfeille ôc h autre par Brandis. En celé muete y
furent Theobals, le roy de Navare, quy eftoit cuens de
Champaigne, Hugues, h ducs de Borgoigne, Piere de
Dreues, que Ten clamoit Piere Mauclerc, li cuens de
Bretaigne, Johans de Dreues, cuens de Mafcon, li cuens
de Foroys, h cuens de Nevers, Henris, li cuens de Bar
le duc, Amaury, li cuens de Monfort ôc autres plufors
riches homes, des quels li cuens de Bar ôc ly cuens de
Monfort à lor compaignie pafferent de Marfeille. Celuy
paffage fu apelé ly paffage des barons por ce qu'U y
furent tant de grans barons, come vos avés oï nomer.
Quant cift baron furent venus ôc arivés à Acre, le jour de
faint Cille, quy eft le premier jor dou moys de fetembre,
bien fe troverent en tor de .m. chevaliers, «5c furent herbergiés
par my la ville ôc dehors au Sabelon. Là fi orent
confeil «5c par acort murent por aler fermer Efcalone, ôc
chevauchèrent tant que U vindrent à Jaffe ôc orent les gens
dou païs ovec eaus. Quant il furent là venus, une efpie
lor fift favoir que il avoit à Cadres mil Turs herbergiés.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

II. PHELIPPE DE NEVAIRE. Iig
ÔC leur cheveteine eftoit .j. amiraU que Ton nomoit le 1239
Roquene Hegeni. Quant les creftiens forent ces novelles,
fi s'acorderent qu'il iroyent à celé befoigne .iiij'=. chevaliers.
Si y ala li cuens de Bar le duc ôc ly cuens Amauris
de Monfort, ôc Balyan, feignor de Saete ôc Heude de
Monbehart ôc Johan d'Ybehn, feignor d'Arfuf 11 murent
de Jaffe à prime foir, ôc chevauchèrent fi que il furent au
jour près de Gazere. Lots s'armèrent ôc chevauchèrent les
efcheles rengées celé part où li Turs eftoyent. Quant h Turs
le[s] virent venir vers eaus, fi montèrent ôc fe retreïffent en
une tertre, ôc ly Roch " ot confeil à fa gent qu'il en feroit,
ôc il ly loerent que il fe parrift d'enquy; ôc s'en alaft, car
il n'avoit mie gent por combatte à eaus. Li Roch refpondy
que au partir venroit U tout à tens, mais il enveyeroit
fon gros harneis ôc yroit affayer lor couvine.
Lors le fift enfi com il avoit dit, fi que U envoya .ij^Turs
por hardoier, dont U avint que fi toft com ly hardeour
aprocherent as creftiens, il fe mirent à corre, ly creftien ôc
comencierent à ferboillier ôc bouter foy li .j. en Tautre.
Quant ly charceour virent ce, fi les comencierent plus
à hafter ôc à tenir près. Ly Roch aparfut le malvais contenement
des creftiens, fi s'avala dou ter[t]reoù U eftoit ôc
fe mift à aler grant aleiire vers la befoigne. Si toft com
il vint, U ôc fa gent ferirent des efpérons ôc fi eftouteyment
fe ferirent en my les creftiens por le malvhis femblant
que il lor avoyent veii faire, que mont les menèrent
mal, dont les creftiens fans mètre nul conroy entr'eaus
fe miftrent à defconfiture; ôc quy s'en pot aler, fi s'en ala.
Là fu pris Aumauris, fi cuens de Monfort, Ôc y fu ocis
Henris, le cuens de Bar le duc ; ôc y ot grant maffe de
chevahers que pris que mors; ôc Temphers ôc Hofpitafiers
ôc d'autre gent à pié y furent tous perdus ôc dou
a. Mf. royh.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

120 LES GESTES DES CHIPROIS.
1239 bernois tout le plus. Ceaus quy efchaperent de la bataiUe,
s'en vindrent à Efcalone, où il troverent le roy de
Nevaire ôc le conte de Bretaigne o tout lor oft. Si toft
com il furent là venus, fi grant esfroy fé mift en eaus
tous, que il lor fembloit que ly Sarazin les deiiffent venir
prendre tous, dont il avint que fi toft com il fu anuitié
chafcun fè mift à aler vers Jaffe, fans conroy ôc fans
atendre Tun à Tautre, ains s'en aloyent aucy, come defconfis,
fi que il laifferent grant planté de viandes ôc de
bernois. Quant il furent à Jaffe, U y demorerent mont
poy, ains fe partirent por aler vers à Acre, ôc ne finerent
tant que il furent là venus : fi fe tindrent ôc y demorerent
.j. lonc tens fans rien faire de profit. De celé bataUle
efchaperent, entre les autres des gens dou païs, Bahan,
feignor de Sayete, ôc Phelippe de Monfort ôc Johan d'Ybelin,
feignor d'Arfuf, ôc Eude de Monbeliart ôc plufors
autres des pèlerins.
214. Dedens ceft fait .j. clerc de Triple, quy avoit
nom Guillaume, Champenés en furnom, mais il eftoit
nés de Triple ôc eftoit moût acointe dou feignor de Haman,
ôc ufbit mont entor luy, vint en Toft dou roy de
Navare ôc dift as barons que le foldan de Haman lor
mandoit que fè il voloyent venir vers fa terre, par quoy
il eùft la force ôc Taye des creftiens, il lor metroit en
main fes fortereffes ôc devendroit creftiens, ôc de ce lor
mandoit U, mont priant ôc requérant que U ne demoraft
en eaus que U cefte chofe n'atain fi flènt. Lors fe party
Toft d'Acre ôc chevauchèrent toute la marine tant que il
furent à Triple. Là s'arefterent ôc herb,ergerent devant la
cité defous Montpelerin, ôc de là envoyèrent lor meffages
au foldan de Haman en la compaignie dou devant dit
GuiUaume le clerc, por favoir fe il vodroit porfivre ôc
parfaire ce que il lor avoit mandé. Celuy foldan fift
femblant de demander covenances, ôc les mena par
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

IL PHELIPPE DE NEVAIRE. l2ï
paroles une pièce, ôc en la fin lor failly dou tout, come '^39
celuy quy ne le faifoit fors que gaber; Ôc ceft femblant que
il en fift ne fu que por paour de la dame de Halape, la
mère dou foldan, quy avoit à luy guerre. Icele dame
tenoit la feignorie de Halappe, por ce que fon fis, le
foldan de Halappe, eftoit enfant ôc merme de aage.
Quant li creftiens fe furent aparceiis de la menfonge ôc
dou barat dou foldan de Haman, après ce que il orent
demoré une pièce devant Triple où Beymons, ly princes
d'Antioche, les ot mont honorés ôc fait à plaifir, U s'en
partirent ôc retornerent à Acre ; mais Johans, h cuens
de Mafcon, morut à Triple, ôc fu enterrés au mouftier.
215". Quant nos pèlerins furent revenus à Acre, ne
targa gaires que il s'en alerent herbergier en la paumerée
de Cayphas pour donner herbe à lor chevaus, ôc quant
l'erbe fu faiUie, il s'en alerent herbergier à la fontaine
de Saphorie; ôc en tant con il eftoient là, lor vint .j.
meffage de par le foldan de Damas por traiter de la
triue. Iceluy foldan avoit nom le Salah ôc avoit efté ôc
eftoit encores lor feignor de Maubec, ôc fi fu fis de Seifedin
le Heidel. La chofe ala tant d'une part ôc d'autre
que la triue fu faite de luy as creftiens, ôc leur rendy par
la triue le chafteau de Beaufort ôc le chafteau de Saphet
au Temple ôc toute la terre de Jérufalem que ly Franc
tindrent de la marine jufques au flum Jordein ; ôc ly
crefHen ly orent en covent que U ne feroyent triues ne
fin au foldan de BabUoine fans luy ôc fans fon acort, «5c
que U feroyent enfayé encontre celuy foldan ôc que il
s'en iroyent herbergier à Efcalone ou à Jaffe o tout lor
pooir por défendre que [le] foldan de Babiloine ne pafïàft
la terre Ôc entraft en la terre de Surie ; ôc le devant
dit foldan fe devoit herberger delés eaus, là où le flum
de Jaffe fourt. Toutes ces covenances que vous [avés]
oies furent juré[e]s de tous les barons de Toft ôc dou
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ
16

122 LES GESTES DES CHIPROIS.
1239-1240 foldan, ôc de fes amiraus, ôc de comfaU le lor rendy, le
devant dit chafteau de Beaufort ôc la terre de Sayete ôc
celé de Thabarie.
216. Quant la triue fu jurée tele come vous avés oï
ci ariere, les creftiens s'en alerent herberger à Jaffe ôc le
Salah de Damas o luy, ôc le fire de la Chamele ; fi fe
herbergerent au chef dou flum à tout lor oft. Icefte triue,
dont vous avés oy, avoit efté porchafcee ôc faite par
Tatrait dou Temple ôc Tans Tacort de TOfpitau de
Saint Johan, dont U avint que TOfpitau reporchaffa,
enfi que le foldan de Babiloine fift triues à partie des
creftiens, ôc là jurèrent le roy .de Navare ôc le conte
de Bretaigne ôc mont d'autres pèlerins, ne onques ne
regardèrent au fairement que il avoient fait au foldan
de Damas en ce que celé triue fu faite en la manière
que vous oies. Ly rois de Navare, ôc ly cuens de Bretaigne
ôc h autre pèlerin, quy celé triue de BabUoyne
avoient jurée, fe partirent de Jaffe ôc alerent à Acre ôc
louèrent lor nés pour paffer outre mer en lor païs. Ly
maiftre de TOfpitau, frère Piere de VUebride, quy celé
triue avoit jurée ôc n'avoit riens juré au foldan de Damas,
fe party de Jaffe o tout fon couvent, ôc s'en ala à Acre,
ôc enquy fe tint. Les gens de la terre ôc ly Tempher
ôc le conte de Nevers ôc une partie des pèlerins demorerent
à Jaffe ôc ne fe voftrent parrir ne retraire des covenances
qu'il avoyent eiies au foldan de Damas. Enfy fu
lé fait des creftiens en débat ôc en difcorde, que les uns
fe tindrent à Tune triue Ôc les autres à Tautre triue.
217. En cel an morut meffire Balian, feignor de Sayete.
218. En ceft point que h pèlerin eftoient à Acre, la
royne Aalis de Chipre efpoufa .j. haut home de France,
quy avoit nom meffire Raoul de Saiffons, ôc eftoit frère
don conte de Saiffons.
21 g. Encore en Tan de M.CC ôc XL, vint à Acre le
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

II. PHELIPPE DE NEVAIRE. 123
conte Richart de CornoaiUe ôc frère dou roy Henry 1240
d'Engleterre, ôc mena beUe conpaignie de chevaliers ôc
porta grant avoir; Ôc quant il fu venus à Acre, U fe herberga
en la maifon de TOTpital de Saynt Johan, ôc
quant U ot efté une pièce, ôc U ot harneiffié ôc atiré foi
ôc fes gens, U s'en ala à Jaffe, Ôc là fe herberja o les
autres creftiens quy là eftoient ; Ôc en ce qu'U eftoit là,
fi Templiers le tindrent mont près que il fe tenift à la
triue ôc as covenances dou foldan de Damas ôc que il
la juraft. Ly Hofpitaher auci mandèrent à luy ôc le renpreifferent
moût, que il fe tenift à celé dou foldan de
Babiloine ; ôc à Acre meïfme en avoyent U affés parlé à
luy, dont U ne voft faire ne Tun ne Tautre, ains dift que
Te fi creftien quy eftoyent à Jaffe vofifent aler herberger
à Efcalone, il eftoit preft de fermer le chafteau. Ly baron
de Toft ôc ly Temple ôc ly Hofpital des Alemans orent
confeU ôc virent que ce que U requeroit eftoit porfivement
de covenans que il avoyent au foldan de Damas
ôc le profit de la creftienté. Si s'acorderent ôc murent de
Jaffe. Quant U orent porchafcié ovriers ôc ce que meftier
fu au labour, fi s'en alerent à Efcalone. Quant U
furent là venus, U eftabhrent lor afaire ôc comencierent
lor labour, ôc fu h chafteaus fermés en la manière que
ly roys Richart d'Engleterre, Tonde de ceftuy conte
Richart quy ores le fermoit, Tavoit fermé ; fi le garny
de ce que U pot, ôc lors manda U en Jérufalem à .j.
chevaher quy avoit nom Ganter Pennenpié, quy en
eftoit baiU de par Tempereor Federic ôc tenoit la cité de
Jérufalem par la fiance ôc la triue dou foldan de Babiloine.
Si toft com feluy Ganter Penne fu venus à Efcalone,
ly cuens Richars ly rendy ôc hvra le chafteau que U
deiift garder por Tempereor. Quant le conte Richart de
CornoaiUe ot ce fait, U aferma la triue o le foldan de
BabUoine ôc fift délivrer de prifon le conte Amaury de
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

124 LES GESTES DES CHIPROIS.
1240-1241 Monfort ÔC les autres chevahers que le Roch avoit pris à
la defconfiture que les creftiens orent à Gazere. Quant
le conte Richart ot tout ce fait, il s'en retorna à Acre
ôc loa fa nef ôc s'en ala en fon païs en celuy an meïfme,
ôc où que Toft des creftiens aloit, le foldan de Damas o
tout fon oft eftoit tous jors herbergiés près d'eaus.
Quant il orent efté grant pièce à Jaffe, li pèlerin quy
eftoient demoré après les autres, s'en vodrent retorner
en lor païs, fi que il s'en alerent à Acre ôc enquy loerent
lor nés ôc s'en pafferent, ôc tuit li autre creftien s'en retornerent
lors à Acre.
220. En Tan de M.CC.XLI, Johan d'Eybelin, fis dou
feignor de Baruth, comenfa à fermer le chafteau d'Arfuf
221. Ci en droit vous dirons aucunes chofes des gens
de Tempereor Federic qui eftoyent à Sur. Les Longuebars
quy eftoient à Sur quoy ôc en pais une pièce,
Richart Philanger, ly marefchaus de Tempereor, porchaffa
tant, ôc fift que il atraïft à fa partie les frères
de TOfpital ôc .ij. gransborjois d'Accre quy mont
avoyent grant pooir fur le peuple de la viUe. L'un avoit
nom Johan Vaahn, ôc Tautre Guillaume de Conches.
En cel tens eftoit fi avenus que en Acre n'eftoit nus de
ceaus de Ybehn que .j. tout foui, quy avoit nom meflire
Phehppe de Monfort. Celuy eftoit d'outremer venu,
quant le roy de Nevaire vint à Acre. Il avoit efpoufée
une haute dame dou païs, quy fe nomoit la dame dou
Toron, ôc por elle fu il feignor dou Thoron apelé de
par fa mère ôc eftoit coufin germain à meflire Bafian le
Juene, feignor de Baruth Ôc de fes frères. Adonc eftoit
venu de Toft le roy de Navare, meflire Bahan d'Ybehn,
feignor de Baruth, où il avoit grant tens efté ôc grans
menfions faites; fi fejornerent à Baruth ; fes .ij. frères,
meffire Guy, ôc meffire Bauduyn, quy puis furent de mont
grant afaire, eftoient en Chipre. Meffire Hue, lor frère, ôc
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

II. PHELIPPE DE NEVAIRE. 125"
le juene feignor de Cezaire eftoyent ja trefpaffés de ceft 1241
fiecle, dont mont eftoit grant damage Ôc grant perte à
tous lor amis ôc aies .ij. royaumes; meffire Johan de
Foges, lor frère, eftoit à Sur ôc Eude de Mobeliart, le
coneftable, quy avoit lor cou fine ôc eftoit en leu de baill
à Acre, eftoit à celuy jor à Cezaire, entre luy ôc h Templier
en oft, o parrie des chevahers de la terre, ôc por ce
Richart Philanger fift plus fèiirement celé emprife.
222. Adonc avint que le baill de Sur, meffire Richart
Philanger, quy tant avoit efpié Ôc feii ôc avoit fait le
porchas de ceaus .ij. borgés deffus moty[s], s'efmut ôc vint
coyement de nuit à Acre Ôc entra par une fauce pofterne,
quy eft au bore en .j. jardin de THofpital; ôc de là ala
droit à TOfpital de Saint Johan, ôc laens fu recuillis,
ôc demora .j. jour «5c une nuit. Encore eft apelée celé
pofterne la Porte de Maupas ; les .ij. borgés deffus noumés
alerent à TOfpital ôc parlèrent à luy. U alerent après
par la vUle, requérant ceaus de lor jure, ôc faifoient jurer
tous ceaus qui les voloyent croire d'eftre au comandement
dou baiU qui eftoit venu de Sur. Lor fait fu defcovert
par aucuns de ceaus de la jure, fi que Phelippe de
Monfort le fot, ôc le cry fu en la vUle. Il failly as armes
o tant de gent com il pot avoir; li Jenevois Ôc ly Veneffien,
quy n'amoyent point Tempereor ne fà gent, s'armèrent
tantoft ôc fouftindrent lor rue en Tore. Meffire
Phelippe de Monfort fift tant que il prift les .ij. borgés
ôc les mift en bons fers. Il manda tantoft faire afaver la
convine au feignor de Baruth. Il s'en vint haftivement
ôc amena tout fon esfors ôc grant planté de fergens de
la montaigne. Mont vint haftivement Ôc paffa devant les
portes de Sur. Richart Philanger le baiU quy eftoit à
Acre muffé à Tofpital, fot bien la venue dou feignor de
Baruth ôc la prife de fes .ij. amis. Tantoft s'enfuy de
nuit par la fauce pofterne, ôc s'en revint à Sur. Mont
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

126 LES GESTES DES CHIPROIS.
1241 poy faUly qu'U n'e[n]contra le feignor de Baruth. Entra à
Acre, tantoft fu toute la viUe à fon comendement; Ten
ly douna à entendre que ly Hofpitaher avoyent efté confentant
à ceftuy fait. Il aflèga TOfpital tout environ ôc le
tint mont près, ôc maumena, ôc le pot lors legierement
faire, car ly maiftre frère Piere de ViUebride ôc ly covens
de TOfpital eftoyent adonc au chafteau de Margat por
une guerre que il avoyent au foldan de Halappe por le
fait des marches dou Margat ôc de la cité de Gibel. Le
feignor de Baruth fot puis que Richart Filanger le bail
s'en eftoit fuy de TOfpital ôc aie [à] Sur. Le coneftable
ôc les gens de la terre quy eftoyent à Cezaire, revindrent
de Toft à Acre, ôc furent au comandement dou feignor
de Baruth ôc demorerent .j. grant tens enfy à Accre.
223. Le fire de Baruth tint la maifon de TOfpital Saint
Johan d'Acre affegée entor de .vj. mois, fi que riens n'i
laiffoit entrer ne iffir de la maifon, fans ce que nul
autre forfait y peiiffent faire. Car trop de bonnes gens
s'en eftoyent mis en garnifon dedens la maifon, mais il
y avoit poy de frere[s] por ce que ly maiftre ôc h covens
eftoyent de fors, enfi con vous avés oy dire devant.
Sur ce ly maiftre ôc ly covent de TOTpital acorderent le
fait de lor befoigne ôc s'en vindrent vers Accre ôc fe
herbergerent de hors la viUe en leur vigne nueve. Comuns
amis s'entremiftrent Ôc miftrent acort entr'eaus, ôc le
feignor de Baruth, Ôc ly fieges de la maifon en fu oftés,
dont le fire de Baruth fe rendy mont colpable vers la
maifon de celuy fait, ôc lor requift pardon, ôc lor dift
en apert que cely avoyent fait faire aucunes gens quy
n'amoyent pas TOfpitau, quy h donnèrent à entendre
que ce que Richars FUanger enprift de faire en la cité
d'Accre ôc tout celuy remuement avoit efté par le porchas
ôc Tatrait de la maifon de TOfpital, ôc que Richars
FUanger eftoit encores dedens la maifon de TOfpital, ôc
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

II. PHELIPPE DE NEVAIRE. I27
que por cefte raifon avoit U la maifon affegée, de quoi 1241
h en pefoit tant con il pooit plus. Lor dift ly maiftres de
TOfpital au feignor de Baruth : a Sires de Barut, vous ne
devés pas croire que la maifon de TOfpital feïft ou confentift
à faire fi grant emprife là où nous ôc noftre couvent
eftiens hors d'Accre Ôc fi loins ôc fi enbefoignés con
nous eftiens lors au chafteau de Margat, ôc aviens fi poi de
frères laiffié en la maifon d'Acre, con chafcun fait, ôc
fuft encores que aucuns de nos frères, quy lors eftoyent
en la maifon d'Acre, fè fuffent en aucune manyere malement
portés en celuy fait, portant ne devoit toute la
maifon eftre chargée de recevoir fi vilain charge ne fi
grant honte con d'eftre affegée por fi faite raifon. Ne
por quant, puis que les chofes font acordées au gré des
•ij. parties, les chofes quy font paffées font dou tout à
obliver. »
Come Richart Filanger party de Sur pour aler outremer.
224. En ceft point eftoit avenu que Tempereor Federic
avoit mandé à fire Richart Filanger, fon baiU, quy
eftoit à Sur, que il alaft à luy, car il voloit mander en
Surie .j. autre en fon leuc. Le devant dit fire Richart fe
mift en une grant nef por paffer en Puille, ôc o luy fe
miftrent Henry, fon frère, Johan de Sorent, fe[n | nevou,
ôc lor femes ôc lor enfans Ôc toute lor maihnée ; ôc au
partir laiffa en fon leu Lotier, fon frère, ôc li hvra la
cité de Sur Ôc le chafteau, car il eftoit marefchal dou
reyaume de Jérufalem par Tempereor, en ce que Richart
PhUanger fu parris. Les gens de Sur, quy mont hayoient
les Longuebars, fi vindrent .nij. d'eaus au feignor de
Baruth, ôcly offrirent que U ly renderoyent la cité de Sur
ôc ly deviferent coment. Il en ot confeiU à meffire Phe-
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

128 LES GESTES DES CHIPROIS.
1241 hppe de Monfort ôc à feignor dou Touron ôc à Phehppe
de Nevaire, quy moût eftoit privé de luy. Le conlèU
s'acorda à ce que il s'acordaft à fes gens ; lors refut lor
fairemens des .iiij. borgois de Sur.
22^. Sur ce Phehppe de Nevaire s'apenfa une nuit, ôc
s'en vint à fon feignor, le fire de Baruth, ôc ly dift : ce Sire,
je ay pencé une chofe, quy vous gardera de blahme:
vous favés que vous ôc les autres dou reyaume de Jérufalem,
feïftes homage à Tempereor por le baiUiage de
fon fis le roy Corat ; vous avés bien gardé voftre foy
tous jors, ôc il la foue, fi come il pert ; je vos fais affaver
que le roy Conrat eft d'aage, ôc par raifon eftes vous
mais quite à Tempereor ; mais bien feroit que chafcun le
fâche ains que vous preignés Sur, ne que vous ly tolés
fon baUlage, car encor crie Ton le ban de Tempereor à
Sur, come baiU, ôc vous poés tenir bone voye ôc honorable,
s'U vous plaift. Il eft couftume au royaume de
Jérufalem que le plus dreit heir ôc le plus aparant enporte
Teritage par raifon tant que plus dreit heir de ly
veigne, ôc vous avés en cefte ville madame la reyne
Alis, mère dou roy Henry, quy eft voftre confine germaine,
ôc elle eft le plus dreit heir aparant dou royaume
de Jérufalem, come celé quy eft fille de la reyne Yzabeau
quy fu dreit heir dou royaume de Jérufalem ôc fille dou
roy Amaury. Bien eft voir que le roy Co[n]rat eft deffendu
de Tainhnée fuer; Ôc s'il fuft prefent, il devroit
avoir Teritage, mais jufque atant que U veigne, celé eft
le plus droit heir aparant. Por ce vous loe ge que vous
faciès affembler tous ceaus dou royaume de Jérufalem
ôc que la reyne Alis veigne avant ôc requière le royaume
de Jérufalem par la raifon devant dite, ôc moftre
coment vous efte quite à Tempereor. Et vous ferés tant
que la reyne fera en la feignorie, ôc quant elle requerra
Sur, ôcfè Ton ne li rent, [à]eUe ou à Ton comandement.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

II. PHELIPPE DE NEVAIRE. 12g
(ôc) OU à fon fervife, ôc au confent que vous avrés des 1241
gens de la ville, fé Deu plaift, vous prendrés la ville de
Sur mont bien Ôc à grant hennor de vous, ôc delivrerés les
Longuebars de toute la Surie.»Quant le feignor deBaruth
ot oye cefte raifon, mont en fu liés ôc bien s'acorda maintenant;
tantoft manda por mon[feignor] Phehppe de
Monfort, feignor dou Toron ; ôc Phelippe de Nevaire, par
le comandement dou feignor de Baruth, fon feignor,
retraïft au feignor dou Toron tout ce qui eft deffus dit.
Celuy s'acorda maintenant ôc moût loa Temprife, ôc le
crut, ôc moftra bonnes raifons affés come celuy quy
eftoit mont fages ôc avifiés. Tantoft mandèrent Phehppe
de Nevaire : ala à la reyne Aahs ôc à meffire Raoul de
Saiffons, un haut baron de France, quy eftoit fon mary.
Phehppe de Nevaire li retraïft la volenté des riches homes
deffus noumés, quy anduy eftoyent coufin germain de
la reyne Aalys. Mont en orent grant joie Ôc diftrent à
Phelippe de Nevaire qu'il voloyent que il fuft le couteau,
ôc eaus feroyent la pièce de char ôc poroyent tailer ôc
partir à fon gré. Phelippe porparla Ôc ala, ôc vint tant
que tout fu adrecé. Mont y ot de covenans: entre les
autres chofes fu ordené ôc juré que le feignor de Baruth
ôc celui dou Toron devoyent tenir ôc garnir toutes les
fortereffes dou royaume, por ce que fe le roy Conrat
y(n) venift, qu'il ly peiiffent faire ce qu'il devroyent;
entre Phelippe de Nevaire ôc .j. borgés, quy avoit nom
Phelippe de Bauduyn, qui eftoit fage ôc mont privé dou
feignor du Toron, ordenerent ôc ecriftrent toutes les
covenances fi privéement que parole ne fu feiie par le
païs.
226. Le feignor de Baruth ôc le feignor dou Toron
firent affembler tous les homes liges de la feignorie
d'Acre chés le patriarche de Jérufalem. Les Jenevés ôc
les Veneciens ôc les Pifans y furent, ôc toutes frairies de
c 17
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

130 LES GESTES DES CHIPROIS.
1242 la viUe aufy. La reyne Alis ôc fon mary, Raoul de Saiffons,
y vindrent. Phelippe de Nevaire fu à lor confeil, ôc
moftra lor parole ôc dift mont hautement toutes les
raifons ôc les paroles que vous avés devant oyes, que la
reyne Alys eftoit la plus droite heir aparant à avoir ôc à
tenir la feignorie dou royaume de Jérufalem ; pourquoy
eUe ôc fon mary lor requeroient Tomage ôc le fervyfe
dou royaume. Donc offrirent à tenir les bons ufàges «5c
les bons coftumes dou royaume. Ceaus dou royaume
fe traïftrent à une part, ôc apelerent Phefippe de Nevaire
à lor confeil, ôc lor requiftrent confeU ôc avéement de
faire refpons. Il lor moftra toutes les raifons que vous
avés defus oyes, fi come la reyne Afis eft la plus dreit
heir aparant, ôc coment il eftoyent quite à Tempereor
Federic, puis que fon fys Corrat eftoit d'âge; ôc bien lor
loa ôc confeilla que U meïflentla reyne Ahs en faizine dou
reyaume de Jérufalem, come le plus dreit heir aparant,
Ôc ly feïffent homage ôc fervife par enfi que, tantoft come
le roy Conrat venroit au royaume de Jérufalem, que U
fuffent quite à la reyne Ahs, ôc à luy feïffent ce qu'il
deiiffent. Au confeil de Phehppe de Nevaire s'acorda
toute la court, ôc le prièrent que il meïfme fift les refpons
à la reyne Afis, ôc il le fift volentiers. Adonc ly avint ce
que Ton ly fo[lo]it dire à gas que il meïfme [feïft] le
daim ôc le refpons Ôc Tefgart. Maintenant fu mile la
reyne Alis en la faifine dou royaume de Jérufalem; tout
premier ly fift homage le feignor de Baruth ôc puis le
feignor dou Toron, ôc après tous les autres chevahers
d'Acre, ôc ce fu en Tan de M.CC ôc XLII.
227. Phehppe de Nevaire en fu honorés ôc riches,
car la reyne h douna .m. farazinas de fié ôc li fift payer
fà dete, quy bien monta .m. mars d'argent. Phehppe
fu baiUys ôc tous fires, ôc tant affembla des rentes
que dedens .iij. jors paya les fodoyers ôc les galées.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

IL PHELIPPE DE NEVAIRE. 131
quy alerent au fiege de Sur, car la reyne Alis avoit ja 1242
fait requerre Sur; ôc les Longuebars ne ly voftrent'"
rendre fire Raoul de Saiffons, le baron de la dite reyne
Alis ; ôc monfeignor de Baruth ôc le feignor dou Toron
rerindrent grant planté de fodoyers ôc armèrent galées,
ôc Phehppe de Nevaire acheta une grant nef à ceaus de
la feignorie, quy fu bien garnie de gens d'armes. Les
Jenevés Ôc Veneciens y alerent; moût ot grant gent,
Toft mut de nuit par terre ôc par mer, ôc alerent tant
que il vindrent devant Sur. Le feignor de Baruth fift tant
que il parla aucun de ceaus quy devant ly avoient covenant
de rendre la ville, fi com vous avés oï; fi ne le porent
faire en la manière qu'il avoyent en convenant de rendre
la ville, mais ceaus quy eftoyent de luer confent furent
tous armés à la pofterne devant la Boucherie devers la
mer, ôc firent enfèignes à ceaus de hors de corre. Le
feignor de Baruth fift crier as armes, ôc comanda à
ceaus des galées d'aler, ôc qu'il entraffent par my le port,
fe il deiiffent tuit morir, ôc il monta entre luy ôc fa gent,
Ôc ferirent des efpérons ôc s'en alerent par la mer rés à
rés des murs de la ville, de lés TOfpital des Alemans où
fes amys Tatendoyent vers la pofterne de la Boucherie.
La mer eftoit groce, ôc les chevaus cheoyent por les
pieres; plufors gens en y ot en péril de morir. Celuy
chey en la mer quy portoit la baniere, un juene chevaher
qui eftoit fis de Phelippe de Nevaire, quy avoit nom
Bahan, por le feignor de Baruth, quy eftoit fon parein.
Celuy s'abaiffa ôc prift la baniere quy flutoit en la mer,
ôc le porta après de la ville le feignor de Baruth, ôc fes
gens y entrèrent en la ville par la pofterne mont eftoutement
que par poy ceaus des tours ôc des defences ne les
ociftrent. Tous ceaus des galées y entrèrent aucy mont
a. Le mf. répète ne ly voftrent.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

132 LES GESTES DES CHIPROIS.
1242 eftoutement; quant les autres gens de Toft quy ne favoient
que ce eftoit, virent ce, fi corurent de toutes
pars en la ville. Sire Raoul de Saiffons y monta par les
murs mont eftoutement, ôc le feignor dou Toron fuit le
feignor de Baruth par la pofterne. Quant les gens de la
ville les virent fi abandounéement entrer, fi coururent
fus as Longuebars. Quant Lorier Filanger fenty ôc conut
le fait ôc Teuvre, fi s'arma ôc s'en party de Toftel où il
eftoit, ôc s'en ala courant au chafteau, ôc tous ceaus
de Puille quy en la viUe eftoyent, corurent au chafteau
quy meaus meaus. Plufors en ot que mors que pris, ôc
perdirent quanqu'il avoyent en la viUe. Enfi fu prife la cité
de Sur, quy eftoit une des plus fors dou monde. Cil quy
orent la cité de Sur prife, fe miftrent à afegier le chafteau,
ôc mont le tindrent près, car moût avoit de gens au fiege
ôc grant planté de piétaille. Mont y ot fait d'engins ôc de
perieres, quy getoyent au chafteau ôc deftreignoient ceaus
dedens en quanque il pooyent. Sire Lotier Filanger, quy
eftoit fage ôc vigourous chevalier ôc eftoit cheveteine
dedens, ôc avoit boune compaignie de gens d'armes o luy
au chafteau défendre, le defendy mont vigouroufement,
que ceaus de hors n'i gaignoient riens fur eaus.
228. Endementiers que ceaus de hors tenoyent le chafteau
affegié, une tele aventure lor avint, com vous orrés
dire, par laquele il orent lor entendement dou dit chafteau,
dont Noftre Sires lor fift grant grâce. Car fire Richart
PhUanger, quy s'en eftoit party de Sur, luy Ôc fà
gent, en fa grant nave pour aler en Puille, fi com vous
avés oy avant, quant U orent efté .ix. jors fur mer, une
fortune les prift quy les mena en Barbarie. Là troverent
U lor nef en foible point, com celé quy faifoit aiguë en
plufors lues. U ôc fa gent fe recuiUirent en la barque de
canrier o grant avoir que il portoyent,

n. PHELIPPE DE NEVAIRE. 133
zins apelent en lor lengage karaque ; fi avoit mis dedens 1242
un fuen grant amy, quy eftoit en fa compaignie, quy
avoit nom Piere de Greil ôc eftoit .j. grant genril home
de guerre. Mont ly aida à defcendre de fa nave en la
barche ôc en la quaraque, Ôc recuiUir [luy] ôc fes chofes,
ôc donnèrent lor nef as Sarazins, ne s'ofoient mètre en
pelagre por ce qu'il avoyent petit vaiffeau, car volenriers
fuffent aie vers la Cezile, mais fi tens lor fu mont contraire.
Si fe retornerent toute la rivere en Surie, fi com
Deu plot ; ôc la volenté de Noftre Seignor fu tele que de
Barbarie le tens les ramena jufques au port de Sur qu'il
ne forent noveles. U ariverent de nuit come ceaus quy
cuidoient eftre à fauveté ôc venir en lor hoftels, com cU
quy riens ne favoient des chofes quy eftoient avenues en
la cité de Sur, car fe il Teiiffent feii, aies s'en fuffent vers
Triples ou vers Hermenie. U ariverent ôc calèrent lor
voiles droit encofte la grant nave que Phelippe de Nevaire
avoit achetée ôc garnie por la feignorie, quant Ton
vint au fiege. U demandèrent de quy eftoit la nave.
Atant vint le fait que ceaus de la nave les conurent ôc
priftrent lor cors ôc lor avoir, ôc recuiUirent tout à la
nave. La novelle vint au feignor de Baruth que Richart
Philanger eftoit joint au port. U le fift afaver au feignor
dou Toron, ôc eaus .ij. alerent à meffire Raoul de Saiffons.
Le cry leva par toute la ville ; toutes les gens corurent
au port ôc plufors fe miftrent en barches ôc en autres
vaiffeaus à la dite karaque. Meffire Raoul de Saiffons ôc
le feignor de Baruth s'arefterent à la chaene ôc mandèrent
le feignor dou Toron ôc Phelippe de Nevaire en la nave.
Ceaus priftrent Richart PhUanger o toute fa conpaignie
Ôc quanque il ot d'avoir Ôc d'autres richeffes fans nule
defence que il ne nul des fuens y meïft, car U n'avoient
pas le pooir, ôc miftrent à terre, ôc furent menés à la
herberge de meffire Raoul de Saiffons ; les femes ôc les
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

134 ^^^ GESTES DES CHIPROIS.
1242 enfans les lapidèrent de pierres fi que par poy n'ociftrent
luy ôc feaus qui le menoyent. Le feignor de Baruth " les
requift por avoir les en fa prifon come fes enemis mortels,
quy h avoient abatu fon chaftel de Baruth ôc fait
mont de damages. Sire Raoul de Saiffons ne ly voloit
livrer; Phelippe de Nevaire h dift: c< Por Deu, fire, baUés
ly, car U avra fi grant paour de luy que maintenant vous
fera rendre le chaftel. » Et fur ce ly baillya ôc le livra, ôc
le feignor de Barut h fift autels aneaus de fer come Tempereor
li avoit fait, quant U le tint en prifon «5c en oftages à
Limeffon. Mont ot grant paour de luy «5c de fa conpaignie.
Dedens ce avint que meffire Johan d'Ybelin, quy puys fu
conte de Jaffe, vint au fiege dou chafteau de Sur. Il orent
en confèU ôc firent dire à fire Richart Filanger que U
feïffent tant que le chafteau fuft rendu, ou il le feroient
pendre par la goule devant ceaus dou * chaftiau. Sire
Richart Philanger manda meffage à fire Litier, fon frère,
quy eftoit chevetaine dou chafteau, ôc ly fift afavoir fon
couvine. L'on ne fot de veir que U manda ne que il refpondy
par fon meffage, mais ce fot l'on bien de voir que
il refpondy à ceaus de hors que il feïffent lor volenté de fon
frère ôc de fon nevou, car le chafteau ne rendroit il ja.
Les Torches furent drecées ôc mifes fur une haute tour
qui eft à Tencontre dou chafteau bien près. Sire Richart
Philanger Ôc fon frère ôc fon nevou furent menés laffus
ôc orent les euis bendelés, Ôc la hart au col ôc furent tiré
lamont as forches ôc as cordes quy lor eftoient lies
lamont as piés; ôc n'i avoit que de tirer les chiés de la
corde, le las correùft, ôc chafcun demoraft pendu par
la goule. Meflire Lotier les vit en tel point ; grant duel
ôc grant pirié en ot, Ôc cria. L'on manda Phelippe de
Nevaire là : la pais fu par luy traitée ôc faite en tele ma-
a. Le mf. répète le feignor de Baruth.— b. Le mf. répète dou.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

II. PHELIPPE DE NEVAIRE. l3f
niere que il rendirent le chafteau, ôc Phelippe de Nevaire 1242
le refut ôc lor jura ôc fift jurer que Ton defivreroit fire
Richart Philanger o toute Ta conpaignie ; ôc toutes les
chofes quy avoient efté prifes o luy li devoyent eftre
rendues, ôc defivreroit les prifoniers fains ôc faus, ôc
conduiroit ceaus dou chafteau à fauveté o toutes lor
chofes, ôc .j. de ceaus d'Ybelin iroit ovec eaus ôc les
conduiroit à fauveté en lor requefte là où il vodroient
aler, Ôc en celuy meïfme convenant fu que Ton payeroit
ce que Ton devroit as fodoyers dou chafteau ôc que Ton
rendroit la perte qu'il avoient fait en la vUle, quant U fe
recuUhrent fur faut au chafteau. Tant demora Phelippe de
Nevaire au chafteau poreftablir ces covenances que ceaus
dehors cuiderent que ceaus dedens Teiiffent tué, fi que par
poi meffire Bahan n'ocift fire Richart Filanger ôc toute fa
conpaignie; ôc le feignor de Baruth meïfme comanda à
Bahan, fis dou dit Phehppe de Nevaire, ôc dift que fe
Ton puet Taver ce que Ton ait ocis ton père, ocis les tous
de ta main. »
22g. Quant Phehppe de Nevaire ot parfaitement ordenées
ôc eftabhes les covenances à ceaus dou chafteau,
il ifll hors ôc retraïft tout ce qu'U avoit fait, ôc tout fu
otroyé ôc maintenu bien entrinement à grant joye, ôc à
bon gré ôc de grant volenté. Mont y ot plus douné que
Phehppe ne covenenfa. Le bien marin ifllrent dou chafteau,
ôc Phehppe de Nevaire fivra la fortereffe au feignor
de Baruth ôc au feignor dou Thoron, qu'U dévoient garder
les fortereffes, fi com fe contenoit as convenances
quy furent faites à Acre entre la reyne Afis ôc eaus.
Meffire Johan d'Ybehn conduift les Longuebars là où U
voftrent aler. Adonc fu defraciné(e)ôc araché(e) le pefine
ni des Longuebars, fi qu'onques puis n'orent pooir en
Surie ni en Chipre. Enfi fu prife la cité de Sur ôc le
chafteau, en Tan de M.CC ôc XLii.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

136 LES GESTES DES CHIPROIS.
1242 230. Richart Filanger fe mift en une nef o fon avoir
ôc fa gent ôc le remanant de la gent Tempereor quy
avoient efté au chafteau, ôc s'en paffa en PuiUe, Ôc fi toft
come U fu arivés, h emperere fift prendre luy Ôc Henry
ôc Johan de Sorent, fon nevou, ôc les fift mètre en prifon,
où U demorerent lonc tens, tant que il furent defivrés
par la prière dou conte Reymont de Thoulouze, enfi
con vous oirés dire sa après.
23 I. Lorier, frère dou devant dit Richart Filanger, s'en
ala au prince d'Antioche quy le reffut mont liement ôc
ly douna .j. haut mariage en Antioche ôc riche, où il fe
porta moût bien tant com il vefquy.
232. Raoul de Saiffons requift à meflire Balian, feignor
de Baruth ôc à meffire Phehppe de Monfort, feignor dou
Thoron, la cité de Sur por luy ôc pour la reyne Ahs, fa
efpouze, que il voloient avoir en la manière que il
avoyent les autres chofes dou royaume de Jérufalem.
Ceaus ly refpondirent que il ne l'en livreroient point ni
ne baiUeroyent, ains la garderoyent tant que U féiiffent
à quy il la devroyent rendre ; meffire Raou vit lors que
il n'avoit pooir ne comandement ôc qu'il eftoit auci
come .j. ombre. Dou defpit Ôc de Tengaigne que il en
ot guerpi tout, laiflà fa feme la reyne, ôc s'en ala en fon
pais. Aucuns diftrent que la dite requefte de fire Raoul
de Saiffons ôc de la reyne Aafis fu faite devant ce que li
chafteaus de Sur fuft pris; ou fuft avant, ou fuft après,
U n'orent mie lor entendement.
Coment li cuens R^mont de Thouloufe s'en ala à R^me
pour querre abfolution du pape Grégoire.
233. En celé faifon li cuens Reymont de Tholoufe,
quy avoit efté blafmés ôc efcomeniés por aucune raifon
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

II. PHELIPPE DE NEVAIRE. 137
de herefie, s'en vint à Rome au pape Grégoire por foi 1242
purger ôc abfolurion querre. Ly pape TacuiUy affés cortoifèment,
ôc après moût de paroles, ly pape comanda
qu'U fuft abfos, ôc fu comife fa abfolution à Tarcevefque
de Saint Nicolas de Bar, quy lors eftoit à Rome. Ly arcevefque
Taffoft par Ta6torité ôc le comandement dou pape.
Li arcevefque eftoit grant clerc ôc fages hom ôc gentil
home dou règne, car il yert frère germains de fire Richart
Filanger, de quy vous avés oï parler sa ariere. Il s'acointa
mont au conte de Theloufe, ôc li cuens fè tint bien à
payés de luy,
234. U avint que fi cuens de Theloufe prift congié
dou devant dit pape por aler veïr Tempereor, car il avoit
felonc fon dit grant volenté de foy travaiUer de mètre
aucun adre[ce]ment entre le pape ôc Tempereor ; ôc
quant ce vint qu'U dut partir de Rome, ly arcevefque de
Bar ly preia mont «5c fift preyer par plufors de cardenaus
que il fe travaillaft de la defivrance de fes frères ôc de
fon nevou, quy eftoient en la prifon. L'empereor ôc fi
cuens otroya volenriers de faire ent fon poeir. Li cuens
s'en ala en Puille ôc fu mont honoréement receii ôc traitié
de Tempereor. Il fejorna .j. tens, ôc parlèrent affés enfemble
d'un ôc d'autre, ly empereres ôc luy, enfi con
à eaus plot; de Tadrecement de Tempereor à Tyghze, n'en
pot U riens faire ; fi s'en laiffa. Lors fe mift à requerre .j.
don à Tempereor, ôc U ly otroia. Si h requift Richart Filager
ôc fon frère «5c fon nevou que il avoit en fà prifon.
A Tempereor defplot mont la requefte que ly cuens avoit
faite ôc moût eiift volu que li cuens s'en foufrift de celé
requefte faire, ôc moût charja fire Richart Philanger ôc
les fuens de plufors fautes 'que U avoient faites vers fon
empire, ôc tout ce faifoit U à ce que li cuens s'en foufrift
de celé requefte faire, mais ly cuens ne s'en laiffa por tant,
ains le tint fi court que Tempereres le[s] fift traire de prffon
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ
18

138 LES GESTES DES CHIPROIS.
1242 ÔC lyvrer au conte par enfy que il devoyent vuider tout
fon régner. Li cuens Ten mercya ôc prift congié à Tempereor,
ôc s'en retorna en Ton païs, ôc mena o foy fire
Richart Filanger ôc fon frère ôc fon nevou. Là luer douna
il boune chevance, ôc U demor[e]rent jufques à ce que ly
empereres Federic fu depofé par pape Innocent le quart,
ôc mort efcomenié, enfi con vous oirés dire sa après.
23^. Ceftui lyvrefu conply le mercredy à .ix.jors d'avril,
Van de M. CCC. ôc XLIII de Crift.
236. Et il Va efcrit, JoHAN LE MiEGE,priiounier à mon
feignor Heymery de éMilmars, tenant leuc dou chaftelain à
Cherines.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

m
CHRONIQUE DU TEMPLIER DE TVR
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

LIVRE III
CHRONIQUE DU TEMPLIER DE TTR
* *
*
EPUIS que vos avés oy retraire tous les 1242
erremens quy font avenus de sa la mer en
Surie ôc en Chipre, quy apartient foulement
de Tempereor, à fiaus de Chipre, fi
vos viaus retraire pluffors autres chozes
quy font avenues en Surie ôc en Chipre ôc en aucuns leus
as parties d'outremer, des chofes quy à tourner font.
238. Entre tant con fefte guerre dura entre fiaus de
Chipre ôc la gent de l'empereor, fi com vos avés oy, le
dit empereor entendi coment les Jenevés abondonéement
avéent aydés les Chiprois contre fa gent ôc avéent
meïfmes efté contre luy. Quant il fu à Acre en Taye
dou feignor de Baruth, ôc pour ce U voft grant mal à
Jenevés, ôc comanda par tous les leus de fa feignorie que
Jenev[é]s ne demoraft, en peine de la tefte, à un terme
quy lor mift, ôc defendy que forment ni autre vitaiUe
ne deuft aler de fa terre en Jeune fous une grant peine;
ôc por ce devint le froment fi cher en Jeune, que la mine
valut .c. fos de fêle monée, ôc la cité de Jeune, fe peut
bien fouftenir de tout fe que meftier ly eft, fauf que de
fourment.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

142 LES GESTES DES CHIPROIS.
1242 23g. Dedens fe, le pape Seleftin de MUan avoit mandé
à plufors perlas de venir à luy à Rome; ôc pour ce que les
perlas n'ozerent paffer par la terre de Tempereor ny par "
Pize, fi vindrent en Jeune, ôc firent armer * plufors guallées
pour paffer en Rome. Dont le dit enperor entendy
coment fes perlas dévoient paffer offes guaUies de Jeune:
fi fift armer en Pize .xl. guallées; ôc alerent fes gualées
ôc fes perlas. Et ce fu por mau que il voloit as Jeneus
Ôc por defcorde que U avoit à Tighfe, ôc prirent les dites
guallées ôc les damagerentÔc tuèrent pluffors ôc menèrent
les perlas en Pize, dont aucuns étirent les courones de
lor teftes efcorchées, ôc autres furent mort en prifon.
240. Quant le pape entendy cefte chofe, efcomenia
le comun de Pize, dont U fu Ion tens efcoumenié, ôc
quant le Jeneus furent damages, fi armèrent guaUies ôc
autres leins, ôc alerent en cours fur les Pizans ôc fur la
gent de Tempereor, ôc lor firent menuement damage.
241. L'empereor tantoft fi fift armer .Ixv. guallées de
Sezille ôc de PuUle, ôc vint en Pize, ôc Pizans armèrent
.xl. guaUies, quy furent .cv. guallées, ôc fift fon amirail .j.
Jeneus, quy ot nom fire (Ôc) Anfàut Damar, lequel eftoit
amiraU de Tempire; ôc auffi ordena Tempereor .j. hoft
de jens à chevau, que manda en Jeune par terre, ôc gent
à pié; Ôc alerent Tes .ij. hoft par terre ôc par mer afeger
Jeune, ôc fiaus des guallées de Tempereor geterent plufors
piles ôc caryaus, quy avoient lor fers d'argent, ôc fe firent
U auffy come par une gra[n]t noblece; ôc Tautre hoft
(quy) vint par terre en .j. leuc quy fe nome Levant, quy
eft .j. leuc mont eftroit ôc mont afpre de roches por gens à
chevau, ôc fi a .ij. bours as coftieres des montaignes, ôc
par mi leuc de fes .ij. bours fi a une valée mont eftroite
qui vait ver la mer, où il y a une efplage de fablon
a. Mf por. — b. Mf. armes.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

III. LE TEMPLIER DE TYR. 143
joinant à la mer, ôc en celuy leuc, les Jenevés quy de- 1242-1243
morent là Ôc autres, que le comun manda, defconfirent
la gent de Tempereor malement, Ôc en y ot afés mors
de lanfes longues ôc de caryaus, ôc en fefte manière furent
defconfis par terre la gent de Tempereor.
242. En feluy meïfme jour Jenevés par mer nifllrent
à conbatre à guaUées de Tempereor, à .Ixxx. guallées
mont bien armés, que chafcun en perfone i monta de
fus por défendre lor terre ôc lor henor, ôc Dieu les ayda
en lor droit ôc voft que les perlas fufent vengés de fiaus,
que les .c. guaUées de Tempereor furent defconfis devant
la cité de Jene, ôc prirent les Jenevés .xxj. guaUée[s], les
.viij. de fiaus de Tempereor ôc les .xiij. de fiaus de Pizans ;
ôc fu cefte bataille faite en fel an que les Chiprois prirent
Sur des Longuebars, quy fu Tan de Tincarnafion de
Notre Seignor Jhefu Crift M.CC.XLII, le mois de jung,
243. Ceftu emperor, quy fu mont cruel home de cuer
ôc fans pité, Ôc fu moût contraire ôc perfecutor de fainte
yglife, ôc por ce li mefchut, ala à nient, luy ôc ces hairs, ôc
entre les cruautés que il fift, [eft] une que je vos diray.
244. Il avint que plufors des homes chevahers ôc borgois
ôc autres gens mesfirent envers luy felonc le dit de
feaus quy les gardèrent ; lequel mesfait il atainft en veryté
ou autrement : U les fift prendre, yaus ôc lor femes,
ôc lor enfans grans ôc petis, quy eftoient nés de .viij.
jours, ôc fift crever les ziaus à plufours, ôc puis treftous
enfemble les fift ardre en .j. feue, ôc furent par tout bien
.v*^. perfones.
24f. Quant vintTan de Tincarnafion de Noftre Seignor
Jhefu Crift M.CC.XLIII, pape Seleftin morut, ôc fu fait
pape Inofent cart, quy fu né de Jene, d'un grant hngnage
quy s'apelet Dalfles ; ôc ceftu pape amonefta mont Tempereor
de venir à amendement de fainte iglize, ôc que U
le refevreit volentiers, mais Tempereor ne voft onques
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

144 LES GESTES DES CHIPROIS,
1243 riens oïr, ôc pour ce le dit pape defpoza Tempereor de
Tempire, ôc afembla oft, ôc ala contre luy ôc fè combaty
à ly devant la cité de Bahne, ôc fu defconfit malement
le dit emperour ôc fon hoft en tel point que onques puis
il n'en ot poier de grever fainte ighze, ôc vefquy après
fe que poft, ôc puis morut .vj. ans après ce que il fu
defconfit, ôc remeft après luy fon fis le roy Conrat, quy fu
fis de la reyne de Jérufalem, ôc feftu Conrat efpouza la
fiUe dou duc d'Ofteriche, qui eft .j. grant menbre d'Alemaigne
ôc mont riche ; ôc fi eiit le dit Corrat de cefte
dame, fà feme, .j. fis quy ot nom Coradin, dou quel vos
orés encore aparler de luy en ce livre.
246. Ceftuy Conrat, dont je vos parle, en fon tens fe
porta afés pis contre fainte yghze, que fon père Tempereor
n'avoit fait, ôc morut aufi efcomenié, con fift fon
père.
247. Se dit emperour avoit encores .j. autre fis, quy ot
nom Manfrey, quy fu nés en avoltire, ôc vous dirai(s)
coment.
248. Il avint que le dit emperor Federic fi ama gentille
dame de Lonbardie, quy eftoit marquizane; mais
quant à Tempereor, elle n'i eftoit mye pareille. Et de cefte
dame il eiit feftuy fien fis Manfrey ; ôc avint que la dite
dame fu malade près de mort, ôc Temperor qui eftoit
fans feme, fi la voft efpouzer por aliauter fon fis Manfrey
que il amoit mont ; ôc pour ce il enquift as mieges
fe eUe poiet garir de fèfte maladie, ôc tous les mieges le
fertifierent que eUe ne poiet guarir en nule fin dou monde.
Et por cefte feiirté Tempereor Tefpouza, ôc fi come U
ploft à Noftre Seignor, la dite dame guary de feUe maladie
ôc vefquy .j. tens, ôc par fèUe manière fu Manfrey
aleauté, dont il avint que quant le roy Conrat morut,
feftuy Manfrey fe mift en avant, Ôc prift Ôc faify la feignorie
ôc les biens de Tempereor Federic fon père ôc
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

III. LE TEMPLIER DE TYR. I4f
avotre " ôc difet que U eftoit aleiauté ôc que U eftoit plus 1243-1244
droit hair, qui eftoit fis de Tempereor, [que le] fis dou
roy Conrat, fon frère, dou dit Manfrey.
24g. Dont tous les barons dou royaume de Sezile ôc
de Principat ôc de PonUe fi le refurent au feignor ôc le
couronerent dou royaume de Sezile, ôc e[n] fu feignor.
2yo. Quant la mère dou Coradin, fis dou roy Conrat,
oï dire que Manfrey s'eftoit fait feignor ôc corouner, fi
li fembla bien qu'il avoit dezerité foç fis Conradin, ôc
douta mont que le dit Ma[n]frei n'en feïft enpoiffoner
fon fis par aucun engin, por foi délivrer quy ne le chalongaft,
quant fuft en aage ; ôc por ce la dite dame norry
fon fis, enfemble o luy .xij. anfans de fon aage, ôc les
veftoit tout d'une colour ôc moftroit auffi grant amour à
Tun come à Tautre ; ôc por fe ne poiet nulle perfonne
conoiftre bien ferteinement lequel des anfans eftoit fon
fis, ôc en tel sruize garda cefte dame ce fien fis.
2y I. Ceftu Manfrey quy ce fift roy, con vos avés oy
ce, efpouza une dame, fille d'un haut home de Grèce,
quy ot nom Micalichie, de la quele U eut enfans ôc fis
autre fés, ôc vos diray d'autre rayfon por devizer les
chozes, mais je là, je laray aparler d'eaus jufques à un[e]
autre fés, ôc vos diray d'autre rayfon pour devizer les
chozes quy font avenues par les années.
2f2. Quant fè fu en Tan de M.CC. ôc XLilli de Crift,
avint au reaume de Jérufalem que une lignée de Sarazins
quy font apelés Hourfemins, fe conbatirent as creftiens
en .j. leuc quy s'apeUe Forbie, «5c avint par la foufrance
de Dieu que les creftiens furent defconfis malement, ôc
furent mors ôc pris frère Harmant de Guor, maiftre dou
Temple, ôc frère Guillaume dou Chaftel, neuf maiftre de
TOfpital, ôc le conte Gautier de Jafe, ôc Tarfevefque de
a. Mf. auota.
C '9
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

146 LES GESTES DES CHIPROIS.
1244-1247 Sur, ôc Raoul, vefque de Saint Jorge, ôc les .ij. fis dou
feignor dou Boutron ôc le marefchau dou Temple, frère
Hugue de Montagu, ôc plufors autres barons ôc chevahers.
2^3. En fel an, Ballyan, noviau feignor de Baruth, fu
féru au bras deftre d'un Haffifi, fi com U paffet par le
Change d'Acre, ôc fu le cop d'un coutiau, mais ne morut
mie, ains fu mahanié.
2)4. En fel an meïfmes, Jofrey de Sardeine tint herbe,
ôc le Temple o luy à Jafe, ôc ly fu aferme la triue o le
foudan de Domas, quy rendy as creftiens Jérufalem ôc
la terre de sa le flum, fors Naples ôc Jerico.
25'f.L'an M.CC.XLV, le fufdit pape Ynofent rint confeil
à Lion, ôc par le confèU defpouza (a) Federic de
Tempire, pour ce que Ton difoit que le pape Tavoit
defpozé avant par la volenté, ôc pour ce que il eftoit
Jenevés, mais le confeil jeneral le defpoza por fes maies
heuvres.
25*6. En celuy confeil fu doné[e] la crus au bon roy
Lois de France por le fecours de la Terre Sainte, ôc lé
crufferent fes frères o luy Ôc autres contes ôc barons
chevaliers.
2^7. En Tan de M.CC.XLVI de Tincarnafion de Crift,
trefpaffa de fe fiecle la raine Aalis de Chipre, mère dou
roy Henry gras, ôc remeft tout le royaume de Chipre
au dit roy Henry, ôc le feignor de Baruth fu baiU dou
royaume de Jérufalem, ôc Phelippe de Monfort, feignor
dou Thoron, fi ot Sur affa garde.
2^8. Et en Tan de M.CC.XLVII de Crift, le fouldan
de Babiloine fi prift la cité de Thabarie, ôc là furent mors
ôc pris mont de creftiens, ôc fi fift afeger le fouldan Efcalone
par terre ôc par mer de .xxj. guallée[s] ôc une nave,
que toutes bryfèrent par fortune de tens, ôc toute fois
prift Efcalone, quy fu grant damage à creftiens.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

III. LE TEMPLIER DE TYR. 147
2yg, En cel an, morut le feignor de Baruth, baUl dou 1247-1249
royaume de Jérufalem, ôc fu baiU après luy, fon frère
Johan d'Ybhn, feignor d'Arfur.
260. En cel an morut GiUe, feignor de Sayete, quy
fu fis de Balian, ôc remeft de luy .j. fis quy ot nom Julien,
quy vendi puis Sayete au Temple.
261. Et en Tan de M.CC.XLViii, à .xxvij. jours de
fetembre, ariva le roy de France Lois en Chipre à Limeffon,
ôc amena mont grant naville, entre la quele naviUe i ot
.XV. guallées de Jenevés, ôc .iiij. naves grans à fos dou roy,
ôc mena la royne de France s'efpouze ôc ces frères, mon
feignor Charle, conte d'Ango, ôc mon feignor Anfois,
conte de Poitiers, ôc le conte d'Artois, lor couzin jermain,
ôc Guillaume, conte de Flandres, ôc fi mena autres barons
que je ne peu treftous nomer, ôc furent par tout chevaliers
viij".
262. Le roy Henry de Chipre ôc les autres feignors de
Yblin la refurent à mont grant henour ôc à mont grant joie,
ôc demoura en Chipre tout fel yver, ôc vindrent d'Acre
au leur [oftel] les maiftres dou Temple ôc de TOfpitau,
ôc chevahers ôc autres gens, ôc en Chipre confeilherent
ôc ordenerent de paffer au primtens en Egipte, ôc quant
vint après Pafques, que le roy manda la raine de France
en Acre, ôc d'Acre elle ala au Chaftiau Pèlerin, quy eft
dou Temple, ôc eft fur mer près d'Acre .vij. hues.
263. Et en Tan de M.CC.XLix, à .xx. jours de may,
fe party le roy de France de Limeffon de Chipre, ôc alerent
o luy Temple ôc Ofpital ôc grant chevalerie de Chipre ôc
de Surie, ôc demora fur mer .xiiij. jours ; prift terre par
force, ôc à .vj. jours de jugnet, prift la fité de Damiate,
fans cop ferir; Ôc jafoit fe que U avoient novelles de la
venue don roy de France de sa mer, toute fois U ne
faveent mye bien où U devoit ferir, Ôc por ce i(l) mirent
U poy de pourveance, ôc furent furpris, dont noftre gent
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

148 LES GESTES DES CHIPROIS.
1249-1258 mirent efcheles as murs, ôc y montèrent fans defence,
car en Damiate n'en i avoit menue gent, ôc fi y avoit
aucuns defendeors, fi y avoit mont poy.
264. Quant la chofè fu enfy avenue, le léguât ôc le
patriarche de Jérufalem «5c le roy de France ôc les autres
barons fi rendirent grâces à Noftre Seignor de cefte belle
aventure que Dieu lor avoit fait en lor première venue, de
fe que nulle defence ne lor fu encontre au prendre de
la terre, ôc fembla que ce fu volenté ôc euvre de Dieu.
26f. Les Sarazins de Babiloine ôc d'Ahxandre, quant
U entendirent que les creftiens avéent priffe Damiate, il
furent mont esfreés ôc à grant paour, ôc le fouldan de
Babiloine afembla tout fè quy poft aver de gens à chevau
ôc à pié por défendre foy contre les creftiens, ôc fe
Dieu euft volu confentir, le roy de France ôc fon hoft
eiift pris toute Babiloine ôc la terre de là entor, mais
Deu ne voft plus confènrir à creftiens, fi con vos entend[er]és
fi avant.
266. Quant le roy de France " entra en Damiate, con
je vos ai dit, ôc qu'y ne trova nule defence, fi troverent
la terre toute plaine de biens acés ôc efpecyaument de
vitaiUe, dont la menue gent roberent, ôc prirent tout ôc
s'en aiffe[re]nt une pieffe.
267. Le roy de France ôc les autres barons furent au
confeil par pluffors fois, coment devreent faire de lor
prendre les autres terres là entour, ôc fur ce ot plufors
paroles dites entre aus que je ne peus tout retraire, ôc
fu la fin de lor confeU de chevaucher de hors par la
terre ôc damager les Sarazins, quant que Ton poroit, fi
come il firent, ce Dieus eiift confenty que lor fait fuft aie
en avant; mais je vos layray à parler dou roy de France
Ôc de fon hoft ôc de fa naviUe, quy font en Damiete, ôc
a. Le mf. répète le commencement du paragraphe.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

IIL LE TEMPLIER DE TYR. 14g
vos diray d'une guerre, quy avint à Acre entre Pizans 1249-1258
ôc Jenevés, ôc après retornerons à noftre matière.
268. Les Venefiens mandèrent confermer cefte compagnie
en Veneife par .j. bourgois d'Acre, quy fe noumoit
fire Piere Briffe, quy revint de Venife, ôc vint fire
Lorens Cape capitaigne de .xiiij. gallées, Ôc portèrent
fur gallées dens banieres de Pize ôc de Veneife, ôc les
portèrent puis fur lor naves longuement, ôc avint que le
prince Baimont par le trait dou conte de Jaffe Johan
d'Yblin ôc par le maiftre dou Temple, frère Thomas
Berart, manda querre fà feur la rayne Plaiffance, quy
eftoit veuve de fon efpous le roy Henry gras, ôc avoit
.j. fis quy ot nom Huguet, enfant dou roy Henry gras
ôc eir dou baillage dou royaume de Jérufalem, pour
mener la à Acre contre les Jenevés, ôc des Pizans ôc
Venefiens.
26g. La guerre ôc l'apareiU de guerre fe faizoit à
grant force, ôc au tens d'adons avoit un cons[e]le de Pize
à Acre, quy avoit nom meflire Signer de la Seete, quy
fu mont vaillant home ôc favoit mont de guerre ôc fu
mont artillous home ôc fi faizoit ordener de guarnir la
tour de Pize; ôc avint que .j. jour eftoit fur la tour de
Pize, Ôc le conte de Jaffe o luy qui ot nom meffire Johan
de Ybhn, ôc eftoit le conte tout à defcovert; ôc fur la tour
de Jene quy eftoit mont près de la tour de Pize avoit à
fel[e] houre .j. mont bon abaleftrier quy tendy Tabaleftre
ôc voft ferir le conte de Jaffe, mais .j. des .ij. confeles de
Jene fè trova là, quy fè nomoit Aufiau d'Infeba, ôc defendy
as fergens de non ferir, pour ce que la triue duroit
encores; dont cefte bonté que fe confele fift, fu retraite
au conte de Jaffe, que puis la guerre h rendy bon guerredon,
car il le fift chevalier ôc ly douna fié à Jafe .v*^.
bezans Tan, toute fa vie, mais U en ot grant charge dou
coumun de Jeune, cuydant que le conte h eiift fe fait
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

lyo LES GESTES DES CHIPROIS.
1249-1258 par aucune traïfon, que U Teiift fait contre le comun ;
mais quant il fu feii la vérité, fiaus de Jene Torent pour
efcuze ôc Torent ce que il fift, pour ce que U fift loyauté,
Ôc lors fe repaira en Jene.
270. Les Jenevés avéent por ufàge de mander chafcun
an [en] Acre .ij. cons[e]les, fi que au tens de cefte guerre
furent cons[e]les meffire Lion de Grimaut ôc meffire
Anfiau d'Infèba, de que je vos ai(s) parlé orendroit; ôc
quant les feignors d'Acre virent fi grant aparaill faire, fi
fe travaUlerent, fecufiers Ôc rehgions, ôc les afemblerent
en .j. grant hoftel quy eftoit dou feignor de Sur. Meflire
Phehppe de Monfort ôc les Alemans à Acre parlèrent
entre yaus de faire aucun acort, ôc avint entre pluffours
paroles que fire Lorens Copecape dift au cons[e]le de
Jeune que il ne parriroit d'Acre tant que il porteroit en
Veneize une piere dou fondement de la tour de Jene. Et
fâchés que, enfi come U le dift, tout enffi le fift, fi con
vos Tentenderés. Si toft come fire Lion de Grimaut, Tun
des cons[e]les, oy fefte parole, fi mift main à Tefpée Ôc la
traïft ôc courut fus au dit fire Lorens Cope, ôc ce failly
poy que il n'en eiit grant mortalité des uns as autres,
mais les feignors d'Acre ôc Temple ôc Ofpitau les départirent,
ôc adons comenfa la guerre entr'iaus, quy fu mont
mortal, ôc geterent les uns as autres de plufors manières
d'engins ôc grans ôc petis, '' ôc tel engin avet, quy getet
une piere fi grant, quy pefet .c. zotes, ôc avoient les engins
chafcun fon nom. Les Jenevés avéent .ij. moût grans que
Tun s'apelet Bonerel ôc Tautre fé nomoit Vincheguerre ôc
Tautre Peretin, ôc Venefiens (ôc) avéent .j. mont grant quy
fe nomoit Marquemofe, ôc damagerent mont les uns à les
autres, ôc abatirent plufors maifons, ôc dura fefte guerre
entour de .xiiij. mois.
a. Z,^»Z/'./2;O«/É': les uns as autres grans & petits les uns as autres.
de pluffors manières dengins &
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

III. LE TEMPLIER DE TYR. I f I
271. En ceftuy mileuc, le prince Baimont, prince 12^49-1258
d'Antioche ôc conte de Triple, qui avoit fait venir fa fuer
à Triple, quy ce dizoit la rayne Plaiffance de Chipre, ôc
mena fon fis Huguet droit hair dou royaume de Jérufalem,
ôc fu par Tatrait dou conte de Jafe Ôc de frère Thomas
Berart maiftre dou Temple, ôc la mena le prince à
Acre ôc fon fis Huguet, dont la dite raine par le confeU
de fon frère le prince fift reverfer tos les homes de la
feignorie en Taïe ôc as fodées des Pizans ôc des Venefiens
contre les Jenevés, défendant leur eftroitement de non
prendre fodées o les Jenevés; mais aucuns gens furent
quy ne fe partirent nule fés de Jenevés, quy efteent Suriens
de la loy de Grèce, quy eftoient de la flarie de faint
Jorge ôc de Befian, ôc fe teneent homes de TOfpitau, ôc
TOfpitau meïfmes fu aidant à Jenevés de Safour Ôc vint
le feignor de Giblet à Acre, ôc amena en Taye de Jenevés
.ce. archiers creftiens, vylains de la montagne de Giblet,
quy furent puis tous mors en felle guerre.
272. U avint .j. jour que les Jenevés coururent par
une rue de la Raine por ce que fêle rue avoit une maifon,
quy fu de la raine Aalis, ôc pafferent en .j. autre
rue quy fe dizoit la Carcaifferie, Ôc s'arefterent là ôc le
cry fe leva en feluy leuc, dont le prince vint là à chevau
covert, «5c chevaliers armés o luy, ôc entre les autres y fu
meffire Betran de Giblet, fis de meffire Hue; ôc le prince
coumanda au dit meffire Betran de poindre premier
contre les Jenevés, dont meffire Betran li pria de luy efparagner,
pour fe qu'il eftoit eftrait d'iaus, mais le prince le
fift aler, vozift U ou non, ôc quant U y ala, fi mift le fer
de fà lance derier fa feUe, difant à Jenevés, quant U lor
fu près : cr Je fuy Bertran de Giblet! « ôc pour ce de puis,
le prince l'y fot trop mavais gré ôc le moftra bien après
au feignor de Giblet, con vos entenderés fi après.
273. Cefte haine que le prince aveit à Jenevés n'en
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

If2 LES GESTES DES CHIPROIS.
1249-1258 eftoit mye por mesfais quy ce furent fais de rien, mais
le prince ôc fon père Ôc fon ayol lor tenoit la rayfon
quy dévoient aver à Triple, la quele il conquyrent à
prendre la cité de Triple, quant il furent en Taie dou
conte de Toulouze Raymont quy la prift, ôc les Jenevés
furent o lor guallées, fi com U confient au Livre dou
Conqueft, ÔC pour ce le prince doutoit que les Jenevés
ne veniffent au defus de la guerre, ôc le metreent plus
toft en bregue Ôc en carelle plus toft ôc plus hardiment,
ôc pour ce fi fe travaUloit d'eaus grever.
274. Depuis que le prince fu venu à Acre, fi con je vos
ai dit, toute la gent lor fu encontre ôc lor failly la vitaille
devenir en lor rue, fauve que por TOfpitau de Saint Johan
quy avoit .ij. portes, l'une porte ver le Seignor ôc l'autre
ver la rue de Jeune, ôc par TOfpitau pafér[ent] la vitaille
quy lor veneit.
27f. Meffire Phelippe de Monfort, feignor de Sur Ôc
dou Toron, fi ayda mont les Jenevés de tout ce qui eft,
ôc de fà fité de Sur venet à Acre en la rue de Jeune ôc
vitaille ôc fergenterie, quy lor pafbit par la maifon de
TOfpitau de Saint Johan.
276. En la rue de Jeune avoit de toutes lengues bien
.viij*^. homes d'armes, fans femes ôc anfans ôc villars ôc
nafrés, quy pafferent afés de mezaizes.
277. Les Veneffiens avéent .xx. guaUées, quy lor
vindrent de Veneife autre que les .xiiij., quy vindrent
avant.
278. Le prince Ôc la rayne Plaiffance, fa feur, ôc fon
fis, heir de Chipre, partirent d'Acre, ôc retornerent à
Triple, " ôc la dite rayne ôc fon fis alerent en Chipre.
27g. Quant vint à Tan de M.CC ôc LViii de Crift, ariverent
à Limeffon .xlviij. guallées de Jenevés «5c .iiij. naves,
a. Le mf. ajoute: la dite rayne.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

m. LE TEMPLIER DE TYR. I f 3
quy vindrent au fecours de lor rue ôc des Jenevés d'Acre, 1258-1260
les quels guallées ôc naves ariverent à Sur, ôc là ordenerent
o le feignor de Sur ce quy deveent faire, ôc fu cheveteine
ôc amiraUl Rous de la Turque.
280. [T]out[e] fois le feignor de Sur ôc les Jenevés
ordenerent que le fegnor de Sur, à tout ce que U poroit
aver de gent à chevau ôc à pié, iroit à Acre ôc fe teroit
en .j. leuc quy fe dizoit la Vignie Neuve, ôc là averoit
à luy le maiftre de TOfpitau ôc fon poer, quy fe teroit
là ou luy, ôc quant il verrent que les guaUées des Jenevés
eiiffent guaigné, quy deiiffent entrer à Acre ôc prendre
les .ij. rues de Pizans Ôc Venefiens ; ôc enfi con il ordenerent
le firent, que le feignor de Sur vint à Acre, ôc fe
tint en fel leuc, ôc là vint à luy le maiftre de TOfpitau.
281. Les guallées de Jenevés partirent de Sur ôc alerent
devant Acre, ôc furent .xlviij. guaUées ôc .iiij. naves, ôc
chafcune nave avoit .j. engin, ôc s'il eiifîent féru tant
toft, il euffent tout guaigné, car les gualées des Veneffiens
quy furent .xl., n'en eftoient encores reculis, ôc
Tachaiffon fu que Pizans ôc Veneflîens doutèrent de monter
ôc abandoner lor rue, Ôc que Jenevés de terre ne le
treïffent, ôc s'il ne monteent fur les gualées, ôc Jenevés
de mer defèndreent en terre, il per[dr]eent tout, dont il
furent en grant balanfe de ce fait ôc en paour, ôc parlèrent
de ce fait au conte de Jafe, quy lor confeU lya
d'aler au maiftre dou Temple, frère Thomas Berart ; ôc
le dit maiftre dou Temple eftoit aie démonter à la maifon
des chevaliers de Saint La(n)dre, pour eftre loins de
la bataiUe des engins, quy fe lanfoient, car la maifon
dou Temple eftoit mont près des Pizans.
282. Le conte de Jaffe ôc le cons[e]le de Pize ôc le
baiU de Veneife parlèrent au dit maiftre " de lor afaire
a. Le mf. répète maiftre.
C 2e5
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

I5'4 LES GESTES DES CHIPROIS.
1258-1260 fur le fait que vos avés oy, ôc le dit maiftre fi lor proumift
que U lor manderoit tant de frères ôc d'autre gent
à cheval ôc à pié quy gardèrent lor rues ôc lor maifons,
tant que la bataiUe fera faite en mer ; Ôc tout enfy com
il dift, enfi le fift, ôc pieftant les frères montèrent à chevau
covers, ôc tricoples Ôc autres, ôc alerent au confanon levé
guarder les .ij. rues de Pizans ôc de Venefiens, ôc en lor
pafer les Jenevés de terre cuyderent qu'il veniffent
contr'iaus ôc faiUierent au cry, ôc gardèrent lor rue.
283. Le feignor de Sur vint de Sur par terre à Acre,
ôc fi ot o luy .Ixxx. homes à chevau ôc .ccc. archers vilains
de fa terre de hors, ôc fe herberga à la Vigne Neuve près
d'Acre, Ôc le maiftre de TOfpitau, frère Guillaume de
Chaftiauneuf, fi niffi hors d'Acre ôc mena o luy fe qu'il
poft de ces frères ôc tricoples, Ôc fe tint aveuc le feignor
de Sur là, ôc atendirent de veïr fe les guaUées fereent
pour parfaire lor entendement.
284. Les Venefiens ôc les Pizans, quant il eurent quy
garda lor rues, fe firent crier lor banc par la fité, que
quy voroit lor fodées à monter fur lor guallées pour
fuvre faiUant, fi le venift prendre .x. bezans farazins le
jor ôc .ix. bezans pour la nuit ; Ôc pour ce U eurent mont
de gens ôc montèrent fur lor guallées quy furent .xl., ôc
fi armèrent autre[s] barques, ôc par efcalmes ôc panfles
quy furent plus de .Ixx., en que avoit en chafcun abaleftriers,
quy firent à Jenevés trop de damages ôc d'enuis;
ôc quant Toft des gualées ôc barques furent tous reculis
ôc hiffus hors contre les guaUées des Jenevés, tant toft
les Jenevés fe mirent tout par eaus en rout, ôc aucunes
guaUées atendirent quy fé combatirent. Si furent prizes
.xix., ôc mors ôc pris .m. ôc .vij^ perfones, car apareiUés
i ot quy ofterent lor lamieres ôc lor chapiaus de fer, ôc
fe recuUirent as autres guaUées, que par force de rins
efchaperent ôc alerent à Sur, ôc autres .v. guaUées furent
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

III. LE TEMPLIER DE TYR. I ff
des Jenevés, quy foirent les .iij. à Caïfas ôc les .ij. à 1258-1260
Chaftiau Pèlerin, quy eftoit dou Temple, dont les Venefiens
mandèrent de lor guaUées après ôc les prirent, c'eft
afaver ,v. guallées fans les homes. En cefte manière
prirent des guallées des Jenevés .xxuij., ôc homes entre
mors ôc pris .m.vij*^., fi com je vos ay avant dit, car
av(r)é[s] conu(ftre) que Jenevés furent de lor gent à Sur,
tant en troverent mains, ôc les .iiij. naves des Jenevés.
Quant fiaus des naves virent que lor gaUées furent
vencus ôc desbaratés, fi firent vêle, ôc alerent à Sur.
28^. Le feignor de Sur, quy eftoit à la Vigne Nue(e)ve,
com je vos ai(s) dit, ôc fa gent o luy à cheval ôc à pié, ôc
le maiftre de TOfpitau ôc aucuns des frères quy eftoient
aufi venu, cuydant que Jenevés deiiffent guaigner por
faire lor entendement, quant il virent fe que Jenevés
furent defconfis, fi furent mont dejuglés ôc coroufés, ôc
fe parti le feignor de Sur ôc retorna à Sur en fa terre, ôc
le maiftre de TOfpitau fé tint là, y demoura tant que .j.
maladie le prift, dont il morut, Ôc les frères firent .j. autre
maifbe prodome ôc fage, quy ot nom frère Hugue
Revel, quy adons eftoit grant comandor. En tel manière,
con vos avés oy, furent defconfites les guallées des
Jenevés ôc ce lor avint, por ce que il armeent de gent
à fos Lonbars, quy ne faveent riens de mer Ôc perdirent de
puis en autre leus gualées, con vos orés, mais U puis
defconfirent Pizans ôc Venefiens, con vous entenderés en
fe hvre, fi con chafcun fet.
286. Les Jenevés quy teneent lor rue Ôc quy s'eftoyent fi
grant pièce défendus ôc foufert grant travaUl «5c pafé grant
chareftié, que un euf fe trovoit à envis por un nafré, quant
il virent lor guaUées defconfites, fi guepirent lor rue, ôc fe
mirent en TOfpitau, ôc puis alerent démonter à Sur; ôc les
Pizans ôc Venefiens abarirent lor rue Ôc la tour «5c toutes
lor maifons, fauve Tyglize, ôc fire Lorens Cope porta en
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

If6 LES GESTES DES CHIPROIS.
1258-1260 Veneize .j. piere dou fondement de la tor de Jene ôc des
autres pieres ; les Pifans ôc Venefiens murèrent lor rues.
287. En ce dit an avint par le plaizir de Dieu que le
feignor d'Arfur, baiU d'Acre, Johan de Ybhn, morut.
288. Quant vint Tautre ifté après Te fait, Jenevés
armèrent .xx. guallées ôc firent .ij. amirails, ôc fu Tun
fireBeneit Sacarie,ôc Tautre ne vos fais nomer. Et vindrent
fes .XX. gualées à Sur, ôc les Venefiens armèrent .xxiiij.
guallées ôc vindrent à Acre,'ôc d'Acre à Sur, ôc par
devant Sur nefirent les .xx. guallées des Jenevés, ôc fe
conbarirent as Venefiens en tel manière que fire Beneit
Sacarie fery as .x. guaUies, ôc (ôc) Tautre amiraiU tourna
en deriere fans ferir ôc entra dedens le port; ôc fire Beneit
Sacarie fu pris,* ôc fi fu mené en Veneiffe, là où il fu
en prifon .j. tens, ôc fi firent jurer les Venefiens de non
venir à nul tens contre Venefiens, ôc ly firent fouffrir
en prifon mezaifes afés; «5c en cefte manière les Jenevés
perdirent devant Sur fes .x. gualées.
28g. De puis vous diray encores que il avint as Jenevés
de mefchef: il armèrent .xxvj. guallées Tautre ifté après,
ôc les mandèrent por damager les Venefiens par là où
il les trovaffent, ôc fu lor amiraU .j. quy fu apelé Borborin,
ôc feftu vint à Trappe ôc fu fi poy curious, ou que il le
feïft de fon gré por deniers que Ton veut dire que Venefiens
ly donerent, que fèftu laiffa défendre les gualées en
terre par les jardins de Trape, quy ne remeft pas en
chafcune gualie .Ix. homes, ôc furvindrent .xxviij. guallées
de Venefiens quy les endorent au port ôc prirent tous
les .xxvj. guallées fans nul home, car, fi con vos avés oy,
tous eftoient en terre, ôc fiaus qui fe troverent fur les
guallées, fi fè virent poy ôc fe lanferent en terre, ôc
meïfmes lor amiraiU Borborin ôc fon fis quy fe troverent
en terre, fi fouyrent hors de la ville par terre ; ôc par
tel manière furent perdus fiaus guaUées.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

m. LE TEMPLIER DE TYR. I f 7
2go. Encores armèrent .j. autre fés les Jenevés .xxviij. 1258-1260
guaUées ôc mirent defus .iiij. amirails que fes font lor
nons : Tun fu apelé Oric, duc quy eftoit de fiaus d'Efpine,
ôc Tautre fu nomé Otevent, ôc Tautre fi ot nom Simon
de la Charité, ôc le cart ne vos fais nomer ; ôc vindrent
fès .xxviij. guallées fufdites en .j. leuc quy s'apele Settepons,
ôc là s'encontrerent as Venefiens, quy furent autre
.xxviij. guallées, ôc fe combatirent les uns as autres, ôc
avint au derain que les Jenevés furent defconfis ôc perdirent
.xiij. guallées ôc efchaperent les .xv., ôc furent
mors en la bataille mont de gent d'une part ôc d'autre,
ôc morurent .ij. des iiij. amiraus, s'eft afaver fire Oric duc
ôc fire Othevent, ôc Simon de la Charité ôc Tautre efchaperent.
Et quant les Jenevés fe virent ainffi mefdit, fi fe laifferent
d'armer .j. grant tens, fauve tant que il armèrent
lains menuement, ôc damagerent mont lor henemis par
plufors leus, ôc n'entendeit mie que fes .ij. armées que
Jenevés furent ôc perdirent, ôc furent faites en [un] an,
ains furent faites en .iij. années par .iij. iftés, ôc dedens
ce, mont de chofes furent avenues outremer, «5c en Surie,
fi con je vos devizerai(s) fi avant.
2g I, U avint chofe, que depuis que cefte guerre des
Jenevés fu finée, que le prince d'Antioche ôc conte de
Triple fu mont efcur Ôc de maie volenté contre le feignor
de Gibleth ôc contre fire Betran de Giblet ôc lor
hngnage. Atant moftra le prince de fenblant ôc en fait «5c
en dit que le feignor de Giblet ôc fire Betran de Giblet
ôc lor hngnage s'en aperfurent bien ôc ne moftrerent
nul femblant, ôc Tachaifon fi fu por ce, con vous avés
oy, que le feignor de Giblet manda fecours as Jenevés en
Acre en .j. fien lein, quy fè difoit poindor, quy voguet
.c. rins,

iy8 LES GESTES DES CHIPROIS.
1258-1260 lance Ôc le fer deriere fa fêle, con vos oyftes, ôc eftant à
fel eftât le prince de volenté, con je vous dis, avint que
les chevaliers de Triple eurent contens au prince pour
chaifon des Romains.
2g2. Dont il avint que le feignor de Giblet ôc le feignor
dou Botron ôc les autres chevahers fe révélèrent
au prince, ôc fe parrirent de Triple ôc firent chef fur
yaus Betran de Giblet; Ôc fèftu Betran fi fu celuy qui
parla en Damiate devant le roy de France pour henor
de ceftuy prince, con je le vos ai dit, ôc efteit chevaher
preu ôc hardy «5c fort ôc bien menbrant; dont il ôc la
gent que il ot à chevau, ôc la favor de TOfpitau de Saint
Johan, chevaucha par la terre dehors ôc damagierent la
terre dou prince, dont le prince fu mont couroufé, ôc an
ifir en champ contre iaus il n'en avoit la gent, ôc le
Temple fi eftoit en Taye dou prince, fi con TOfpitau
eftoit en aye de fiaus dehors, fortant que fu [efta]bly
coment il ne le moftreent pas.
2g3. Il avint un jour que ceftu meffire Betran de Giblet
fi vint par devant la cité de Triple ôc mena o luy
mont de gens à chevau ôc à pié, car, fi con je vos ai dit,
tous les chevaliers la plus grant partie fi efteent tos
dehors révélés contre luy, mais quant il fe vy afegé, fi
en eiit grant defpit, ôc afembla fé qu'il poft aver de
gens, ôc nifll dehors, ôc fe combaty à ciaus de hors;
ôc en la fin le prince fu defconfit ôc fe mift à aler tant
come il poft à Triple, mais le dit Bertran Taparfut, fi ly
courut ?près ôc Tatainft à Tentrer de la porte de la fité,
ôc le fer Tatainft à Tefpaule, ôc h fift une plaie criant: ce Le
vil ôc mauvais, retornés ariere, «5c ne foies mie ! JJ
2g4. Le prince entra en la fité ôc pour fa plaie jut au
lit grant pièce, ôc puis qu'U vint à amendement, U
s'apenfa moût de pourchafer privéement par vilains des
cazaus coment U meïft à mort le dit Bertran, ôc tant fift
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

III. LE TEMPLIER DE TYR. I f g
ôcpourchafay que par fes vilains meïfmes, don dit Bertran 1258-1260
il eiit la tefte, fi con je vos diray.
2gy. U avint que le dit Bertran, luy Ôc .j. chevaher
jeune fon compagnon, ala pour veïr .j. fien cazau ôc
fes rentes, ôc quant il fu à la montée dou dit cazau,
ôc il fu fur .j. replait dur ôc efquyUant près d'un mur
bais d'une vingne ôc derere feluy mur, failhrent vUains
en tour de .x. ou .xij., quy là faiUirent as ars ôc h
traïftrent piles, dont il cuyda torner à yaus Ôc atorner.
Le chevau ly chey deffus luy fur feluy replat efquillant
en tel manière que le chevau ly jut fur la cuffe, quy
ne fe poft redrefer, ôc U avoit l'efpée nue en la main
que autre arme il n'en aveit, ôc fe defendeyt que nul n'en
ozet aprocher à luy, mais tant ly traïftrent de piles qu'U
le tuèrent ôc taiUerent fa tefte, ôc Tautre chevalier fon
compaignon fu féru, luy ôc fon chevau, de plufors
piles, ôc s'eftoit mis à aler ôc eftoit ja venu à pié de la
montaigne, mais les vilains li coururent après, ôc li
coperent la tefte, dont les vylains portèrent la tefte dou
dit fire Bertran en .j. profiniau au prince, quy en ot grant
joie ôc les paia mont bien.
2g6. La novelle fu dite entre les chevaliers quy furent
mont doulouros ôc perdirent le cuer trop malement que
nul rien ne les pot conforter ny afeiirer, ôc meffire Hue
de Giblet, père dou dit Bertran, fi les reconfortoit «5c difoit
que U lors feroit en leuc de fon fis, " ôc les amoneftoit de
maintenir la guerre ôc non abandoner le fait, quar U feroit
pis pour yaus, moftrant leur pluzours rayfons, mais U ne
voftrent entendre, ains porchafferent lor pais au prince,
ôc tornerent à Triple fauf le feignor de Giblet, quy fu
enconfiné à Giblet; ôc le feignor dou Boutron ala en
Acre, ôc fu fait coneftable dou reyaume de Jérufalem,
a. Le mf. répète : Se que il lors feroit en leuc de fon fis.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

l6o LES GESTES DES CHIPROIS.
1258-1260 tant com U fu, ôc meffire Johan de Giblet, frère de meflire
Hue, ala aufi à Acre ôc fu fait marefchau dou royaume
de Jérufalem ôc morut à Acre après .j. tens, ôc meffire
Hue de Giblet, père dou dit Betran, mena o luy les
anfans de fon fis à Acre, ôc demoura à Acre, ôc toute fa
vie porta barbe pour deul de fon fis. Or vos laira d'eaus
à parler, ôc fi vos parleray d'autre rayfon.
2g7. En celuy tens que ce fait avint, .j. haut home de
France, qui ot nom meffire Jofrey de Sardeigne, fu fait
baiU dou royaume de Jérufalem à Acre, ôc fe fu après
que meflire Johan de Ybhn, feignor d'Arfur, qui eftoit
bail, fu mort.
2g8. Ceftu meffire Jofrey fi fu mont fort juftizier, ôc
en fon tens pendy mont de larons ôc de murtriés, ni
onques ne voft nul efparaigner pour lingnage ny por
aver que Ton li peiift doner, ni por amifté ni por autre
chofe, ôc entre les autres pendy .j. chevaher quy ot nom
fire Johan Renia, quy avoit tué .j. vefque de Famagoufte,
ôc le prift par force à gens d'armes de la rue de Pize où
il s'eftoit refeté, ôc Pizans le rendirent; ôc fi vos laira à
parler de luy ôc vous diray d'un[e] autre eftoire.
2gg. En Tan de Tincarnafion de Noftre Seignor Jhefu
Crift M.CC.LX, que le plus grant feignor quy fu chef fur
tous les Tatars quy font dever nos parties, quy ot nom Halaon,
lequel avoit .iij. frères, ôc il eftoit le cart,ôc furent
fis dou haut feignor des feignors des Tatars, lequel quant
il morut, fes .nij. fis quy demorerent après luy fi furent
en contens de partir la feignorie entre iaus, Ôc en la fin
s'acorderent quy parrirent Taver ôc la gent au tel part à
Tun come à Tautre, ôc lor abitade fu geté affort, car
enfemble il ne porent vivre fi grant gent, ôc fu fait .iiij.
pars, Tune ver levant ôc Tautre ver ponent, ôc à tramontane
ôc à demy jour, ôc avint chofe que la part de ceftu
Halaon vint ver nos parties, ôc les autres frères eurent
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

III. LE TEMPLIER DE TYR. lOI
lor parties, en la quele chafcun ala demourer en fa partie, 1260
ôc conquift chafcun en dreit fei fe qu'il poft con querre
ôc acreiftre de feignorie.
300. Ceftu Halaon, dont je vos parle, fi fu mont vaillant
home ôc plus prous entreprenant que nul de fes
frères ; fi conquift ôc fift plus de biaus fais que nul de fes
frères ne firent, ôc fi ot à fa part la meillour gent d'armes
qui demorerent de Toft de fon père, fi con s'aventure
fu à partir, quant les frères partirent Taver ôc Ta[r]gent
quy demora de lor père.
301. Ceftu Halaon fi conquift Baudac ôc Toris ôc
Perce, fi con je le vos devizerai après en ceftu livre, ôc
ores chevaucha vers la Surie Ôc conquift ôc prift Halape
ôc Harant Ôc Haman Ôc La Chamele, ôc vint à Doumas,
ôc la prift, quy eft mont grant cité ôc moût abitée de
gens ôc de jardins; ôc toutes fes cités eftoient des Sarazins
ôc les prift fans defence nule que il feïffent, car les Tatars
eftoient bien .c.xx"*. homes à chevau.
302. Haiton, roy d'Ermenie, fi ala à fe puiffant feignor
Halaon, ôc ala en fa terre avant fè qu'il fe mift à
venir, ôc fe fift fon home, ôc tant Tenorta ôc confeilla
que il fe mift à venir à fi grant hoft, con vos entendes,
ôc ci fift ôc porchaffa le bon roy d'Ermenie pour mau
des Sarazins ôc par pourchas dou roy d'Ermenie, ôc le
prince Baimont quy ce dizoit le biau prince, Ôc fu moût
en la grâce de ce haut feignor Halaon, car le dit prince
eftoit gendre dou roy d'Ermenie.
303. Le roy d'Ermenie ôc le prince d'Antioche devant
dis fi alerent en l'oftel des Tatars, Ôc furent à prendre Domas;
ôc quant Domas fu prife, le prince pour defpit des
Sarazins ôc pour lor honte, fi fift faire neteer ôc enfenfer
une mont bêle igfife, quy fu dou tens des Glrés des creftiens,
au tens que Eracles fift labourer Domas, en la quele
yghze aourerent par dedens les Sarazins à Mahomet, quy
c 21
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

l62 LES GESTES DES CHIPROIS.
1260 fu anfienement des Grés lor yglize, ôc fift laens chanter
meffe des Frans ôc foner campane, ôc en les autres mefquylées
de Mahomet, là où Sarazins aouroient, fi fift
faire mètre ronfins Ôc ahnes, ôc efpandre vin par les murs,
ôc oindre de char de porc freche ôc falée, ôc fi comandoit
à fa gent de faire .j. ordure, il en faiffoient .x. Et
puis que le dit Halaon ot prifes ces fités que je vos ais
només, U fift fon retor ôc fe paira, ôc s'en ala en fa terre
ôc fift de biaus dons au prince affés, ôc TacuiUy en s'amifté
de là en avant ; ôc remeft en la terre dou royaume de
Jérufalem .j. grant feignor tatar, quy ot nom Coutbaha,
ôc une grant gent de Tatars quy alerent à Seete, ôc la
prirent fubitement ; ôc au prendre y ot aucune defence
par le feignor de Seete, meffire Julien, quy eftoit fur fon
chevau à Tentrée de la porte, ôc defendoit Tentrée, aufi
poy de gens com il ot, fi vigouroufement, ôc ofift .ij. chevaus
fos ly, ôc tant mainrint à défendre Tentrée que la
menue gent ôc eiirent grant efpafe d'eaus recuUir à .ij.
chafteaus de terre ôc de mer. Et lor avint .j. autre avenmre,
quy vient bien à la menue gent, que .ij. guaUées des
Jenevés veneent de Sur ôc aleent en Ermenie, ôc efteent
de fire Franfefquin de Grymaut, ôc fè troverent feluy jour
à Seete, quy recuUirent mont de gens, ôc les mirent en
une ihle, quy eft devant Seete bien près dedens le chafteau
de mer, ôc en la fin le feignor de Seete ne poft foufrir
le charge des Tatars, defquels il en ofift ôc abaty afés fur
le pont devant la porte, ôc s'en repaira ôc entra au chaftiau
de terre. Et les Tatars entrèrent adons, ôc prirent la
vUe ôc taindrent aucunes menues gens qu'il tuèrent, ôc
autres que U prirent, ôc rindrent tant Sayete que il abarirent
les murs de la viUe ôc donnèrent aucun afaut au chaftiau
de terre, mais U ne firent rien, ôc fe parrirent ôc alerent;
ôc en fel an meffire Julyen fi vendy Sayete au Temple, car
il n'en ot de que refaire là des murs quy furent abatus.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

IIL LE TEMPLIER DE TYR. 163
304. Ceftu Juhen fu .j. chevalier prou ôc hardy ôc 1260
vygourous, mont eftordy Ôc legier de la tefte, ôc de perfone
grant ôc menbru, ôc gros os Ôc fournis [avoit] ôc
eftoit moût lufllrious de fes chars ôc grant jonour de
hazart, ôc y fe mift por le jeuc à nient. U fu fis dou
nevou de meffire Phelippe de Monfort, feignor de Sur
ôc de Thoron, ôc par fa eftotie fift guerre à ceftu fien
oncle, ôc vint devant Sur à chevaliers ôc tricoples, ôc
là fift damage à fa terre dehors, ôc s'en torna à Saiete ;
mais je vos laira à parler de cefte rayfon, ôc dirai(s) autre
chofe.
30^. En ceft an avint que le Temple ôc le covent d'Acre
ôc de Safet ôc de Chaftiau Pèlerin ôc de Biaufort, ôc meffire
Johan d'Ybhn, feignor de Barut, fis quy fu de Balian
d'Ybhn, feignor de Barut, quy prift Sur des Longuebars,
ôc Johan de Giblet, maurelchau dou royaume de Jérufalem,
ôc chevaher plufors d'Acre fe partirent ôc alerent
brizer une grant herberge de Turquemans ver Thabarie,
ôc furent malement defconfis; ôc furent pris meffire
Johan d'Ybelin, feignor de Barut, ôc Johan de Giblet,
marefchau dou royaume, «5c le coumandour dou Temple,
frère Mahé Sauvage, ôc plufors autres chevahers d'Acre;
ôc mont de fergans à chevau ôc à pié furent mors ôc
pris, ôc perdi le Temple tout fon harnés, ôc efchapa frère
Eftience de Saifi, marefchau dou Temple, dou quel fu
dit que il fift fon poindre fur les Turquemans mauvaifement
ôc ne fery mie, ains torna au parfait dou cuer, ou
que il le fift volenriers, par maie volenté que on difoit
qu'il portoit au feignor de^ Barut por envie d'une foie
jelouzie d'une dame de fe païs, mais ou qu'U fuft enfi
ou autrement, le maiftre dou Temple le manda outremer,
ôc fi leva Tabit, lequel demoura à la court de Rome
tant que pape Grégoire Plaifenty, que eftoit à Acre quant
U fu ehfit à pape; ôc ceftu frère Efîiene de Saifi vint por
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

164 LES GESTES DES CHIPROIS.
1260 luy à Acre, ôc adons par ce pape recovra Tabit dou
Temple, ôc ala outremer o le dit pape.
306. Le feignor de Barut fu pris des Turquemans, co[n]
vos avés oy, ôc furent pris frère GuiUaume de Biaujeu,
quy fu puis maiftre dou Temple, ôc fu pris Tibaut
Gaudin, ôc fu puis comandor de la terre dou Temple
longuement, ôc aucun autre frère.
307. [L]a raenfon dou feignor de Baruth ôc d'aucuns
autres o luy, fu parlé ôc fu racheté por .xx*". bezans
farazinas, ôc furent délivrés luy ôc meflire Johan de
Giblet, marefchau dou royaume de Jérufalem, ôc Jaque
Vidore ôc autres chevaliers, ôc frère GuiUaume de Biaujeu
par fes amis fu délivré ôc .j. fien conpaignon, ôc frère
Tibaut Guaudin ôc autres .xiij. frères, car plus ne fé troverent
vis ; ôc ores vos laira à parler de cefte raifon, que
autre choze ne fu, Ôc vos diray des Sarazins de Babiloine.
308. Qant les Tatars eiirent prize Halape ôc Harent
ôc Hama Ôc La Chamele des Sarazins, ôc puis Sayete des
creftiens, con vos avés oy, le foudan de BabUoine fu
mont couroufé ôc afembla quant que il poft aver de
gens à chevau ôc à pié, ôc iffy de Babiloine, ôc avint au
royaume de Jérufalem, ôc manda mefages à Acre preant
les creftiens qu'il les deiiffent foufrir à pafer par lor
terre à aler contre les Tatars. Les creftiens lor otroierent
volenriers, ôc ce fu por ce que les creftiens furent couroufés
as Tatars por le mau que il afeent, ôc le foudan
vint à tout fon hoft devant à Acre, ôc fé herberga au
plain bien près de la fité d'Acre, ôc entrèrent pour iaus
dehdure. Et entre les autres entra .j. grant amiral quy
ot nom Bendocdar, quy fu puis foudan, ôc fift mous de
maus à la creftienté, con vos orés après, ôc por ce que il
entrèrent tant des Sarazins, que fiaus d'Acre doutèrent
d'eftre trais, ôc les boutèrent hors par force ôc par
amour.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

III. LE TEMPLIER DE TYR. l6f
30g. Les creftiens traitèrent .j. marché as Sarazins que 1260
toutes les beftes chevahnes quy guaignireent des Tatars,
les deveent vendre as creftiens à .j. lèrtain pris, quy fu
dit entre iaus, dont U avint que Sarazins, quant U heiirent
gaaigné, ne firent point.
310. Ce dit foudan feiit noveles par fes [es]pies que
Tatars eftoient mont efpandus par celés contrées : fi fe
parri dou plain d'Acre ôc ala à iaus, ôc fift cheveteine de
Tizeq de fon hoft, s'eft à faver Tavant garde, ceftu fien
amirail Bendocdar, lequel avoit efté fon memelouc, acheté
de fes deniers, ôc portet Tare de mot dou foudan, ôc pour
ce fu il apelé en farazins Causbondoc. Et feftu Bendocdar
fut mont hardy ôc mont prou, ôc afronta premier à
Tatars, ôc les defconfill:, ôc desbarata malement ôc en
ofift afés, ôc Tatars fe ralierent, ôc en tant fu venu le foudan
à fon grant esfors, ôc fu la bataille entre yaus mont
fort; mais Tesfors des Sarazins fu fi grant que Tatars ne
le porent foufrir, ôc fe mirent à defconfiture, ôc fu mort
en la bataille lor cheveteine Cotbaha, ôc fiaus quy fouirent
de la defconfiture, les vilains de la terre par les cazaus fi
les tuèrent ôc fiaus quy fè porent rafier, alerent en Ermenie,
ôc là '' fe fauverent, ôc fefte bataille fu à .iij. jours
de fetembre de ce dit an, as plains de Thabarie.
311. De puis cefte bataiUe que vos avés oy, le foudan
de Babiloine fe mift à retorner en BabUoine à moût
grant boubanfe Ôc à grant joie, que poy li dura, car entre
vées fi com il fe tornoit, feftu amiraU Bendocdar, par
affent des autres amiraus, quy furent la plus grant partie
de fon afent ôc de fa fuite, fi ofift le foudan ôc s'en parti
pieftant luy ôc aucun des amiraus de s'amifté, ôc ala en
BabUoine, ôc entra au chaftiau dou Caire, ôc trova feluy
quy gardoit le chaftiau quy ot nom Tebec, ôc s'apelet
a. Mf. le.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

l66 LES GESTES DES CHIPROIS.
1260-1261 f[r]eres Cataie, fage home ôc mont anfien de la païnime,
ôc quy favet mont bien dou fiecle. Seftuy Bendocdar fi
fift entendant coment le foudan eftoit mort entre vées,
ôc que il ne conuffet nul autre en la païnime plus fàge
ni plus digne à eftre foudan que luy, ôc de ce il le reveftoit;
ôc à ceft parole il traïft s'efpée «5c la voft mètre
en la main en manière de luy reveftir de la feignorie,
mais feluy fu fage ôc ne voft prendre Tefpée Ôc dift que
la foudanie aferet miaus à luy que à nul autre que U couneiift
au monde, pour la grant promeffe ôc valour de
luy, ôc Bendocdar refpondy : cr ....puis que il vos femble
que je foie digne d'eftre foudan, ôc que vos avés .j. autre
foudan fait, quy a nom Melec el Vahar, » quy vient
à dire en francés le roy aparant, car les foudans ont par
ufage quy fè font apeler quei non que il veuUent autre
que lor non propre, fi com les papes font. Et enfi fu fait
foudan, ôc fift crier le banc par la terre, con vos avés oy
devizer, ôc tous les autres Sarazins de Toft entrèrent en
biau[s] troupiaus, les uns amiraus après les autres, ôc fi
com il entrèrent, aleent au foudan nouviau jurer à luy Ôc
i faire reverenfe.
3 12. Et en Tan de Tincarnafion de Jehfu Crift M.CC.LXI,
morut pape Alixandre, ôc après luy fu fait pape Urbain,
qui fu patriarche de Jérufalem. Ceftu rapela le don que
pape Alixandre avoit doné faint Lardre de Betanie, ôc
Montetabor à TOfpitau de faint Johan.
3 13. Et en fe dit an, morut la raine Plaiffance, quy fu
feme de Henry, roy de Chipre, ôc mère de Huguet, heir
de Chipre, la quele trefpaffa à .xxvij. jours de fetembre.
3 14. Et en fe dit an meïfmes, fu fait bail dou royaume
de Chipre Huguet de Lezingniau, quy fu fis de Henry
dou prince ôc de madame Yzabiau, feur dou dit roy
Henry de Chipre.
315". Et en ce dit an meïfmes à .xxv. [jours de jungnet,
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

ÎII. LE TEMPLIER DE TYR. 167
les Grés] prirent Coftantinople des Latins, ôc Pafilogue 1262-1263
fe fift enperor, ôc ce fift nomer Coftantin.
316. Et en Tan de Tincarnafion M.CC ôc LXII, le foudan
de Babiloine Bendocdar, quy fe fift nomer Melec el
Vaher, ala afeger Antioche, mais le roy d'Ermenie fi eftoit
aie à Tatars, ôc les fift ehmeuer de venir, ôc les Sarazins
laiferent le fiege d'Antioche, ôc s'en tornerent en Babiloine.
317. Et en fe meïfmes an, Tan de M.CC ôc LXII de
l'incarnafion de Crift, Charle, conte d'Ango, frère dou
roy de France, fi afega MarfeiUe, dont fil dedens fe rendirent
à ly par force, (5c en fu feignor, ôc mift juftizier
en la terre de par luy.
318. Et en Tan de Tincarnafion de Crift M.CC ôc LXIII,
Bendocdar, quy eftoit novyau foudan, manda mefages
à Acre à la creftienté, que il voloit changer les efclas
creftiens quy tenoit, por les efclas farazins que creftiens
tenoient, ôc donnés " .ij. Sarazins pour .j. creftien. Et fur
fefte chofe furent au confeil creftiens, ôc fi lor fembla bien
afaire Ôc amohne, mais le Temple ôc Ofpitau ne s'acorderent
pas, diffent que lor efclas eftoient lor grant proufit,
car il eftoient tous gens de meftier, ôc que trop lor
coufteroit à tenir à fodées autres gens de meftier, ôc
pour ce ne fe voftrent acorder à fe, ôc ja foit fe que il
diffent vérité, toute fois il le deiiffent avoir fait pour
Dieu ôc pour la delyvranfe des povres efclas creftiens.
31g. Le conte de Jaffe, Johan d'Ybhn, fift efchange
de fes efclas au foudan, ôc le foudan ly fift triue ôc tint
fa terre en pais ôc à repos, Ôc envers les autres creftiens fu
il pour ceftu fait mont couroufé ôc le moftra bien après,
car U vint devant Acre à .xiij. jours d'avril en dit an.
320. Et à .XV. jours d'avril *, courut jufques as portes
a. Mf doutes. —b. Ces mots dans le mffinijfent le ^ précédent.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

l68 LES GESTES DES CHIPROIS.
1263-1264 d'Acre dont la fité fu en grant perU, Ôc adons fu nafré
de piles le baU d'Acre, meffire Jofrey de Sardeignes, ôc
plufors autres chevaliers ôc fergans, de quei plufors en
furent mors ; ôc en fel an vint à Acre Izabiau, feme de
Henry, dou prince, ôc feur dou roy Henry gras, de
Chipre, ôc fon efpous requift le baillage dou royaume
de Jérufalem, ôc requift les homages des homes quy ne
h voftrent faire, pour ce que le droit heir n'en eftoit en
prezence. Et toutes fois le refurent à baill, «5c vint fel an à
Acre à .xxv. jours de fetembre, léguât ôc patriarche de
Jérufalem ôc meniftre del vefque d'Acre, Guillaume, quy
avoit efté vefque d'Agent, ôc s'en torna à Rome là léguât
Thomas de Lentin ; ôc ores vos lairay de ce à parler, ôc
vos diray d'un[e] autre aventure.
321. Et en Tan de Crift M.CC ôc LXIIII, les Jenevés en
Jene armèrent .xxj. guallée[s] de la gent de la cité de
Jene ôc de lor rivière ; ôc fu amirail «5c cheveteine .j. grant
home de Jeune, fàge ôc counoiffant, ôc quy s[av]oit mont
de guerre, quy fu nomé meffire Simon Gril. Quant feftu
party de Jeune, fi fu dit que fiaus de fà contraire part
de Jenevés meymes firent afaver le fait des guallées à
Veneffiens en Veneyffe, «5c coment fès guallées des Jenevés
efteent iffues ; ôc por ce armèrent Veneffiens tant
toft .1. guallé[e]s por aler après les guallées des Jenevés ;
mais je vos diray l'engin que feftu Simon GrU fift en fon
viage.
322. U fe party de Jene à fes .xxj. guallée[s] ôc vint
en Sezille, ôc jeta la vos que il aloit à Sur de Surie ; ôc
meïfmes avoit leuc en Gène marchans aucuns, cuydant
fes marchans que il alaft à la Surie, ôc de fon corage
n'en voft dire à nuUuy, ôc party de Sezille ôc ala à l'entrée
dou goulf, ôc tous les leins quy trovoit, diffoit à la
gent que U alet à Sur ; ôc de puis que U ot bien puUy
que par tout que U aloit à Sur, fi repaira ôc fè mift à l'ihle
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

III. LE TEMPLIER DE TYR. l6g
de Maute, ôc mift à Tagait de Tiflùe dou goulf de Ve- 1264
neife .j. lein foutU pour defcovrir. Et eftant U à Maute,
les Veneffiens quy avéent armé .1. guallées, con je vos ay
dit, niffirent de lor goulf par cil leins quy avéent trové
les guallées des Jenevés, ôc lor diftrent qu'il efteent alées
à Sur ; ôc pour cefte feiirté fès Venefiens de fes guaUées
mandèrent .j. lein à Veneiffe faire affaver à la caravane
des marchans veneffiens quy dévoient aler à lor veage,
car il eftoient fertains que les guallées des Jenevés eftoient
aies à Sur, ôc que il aleent après; ôc pour fefte novele les
marchans partirent à lor caravane de Veneife, ôc fe mirent
en lor veage, ôc les .1. guallées des Veneflîens alerent
dreit à Sur. Mais je retornerai(s) à dire de Simon Gril
ôc des guallées de Jene qui eftoient à Maute. Le lein quy
avoit laiffe por defcovrir, quant il vy les guallées dou
Veneife pafer outre ôc niffir dou goulf, fi vint en Maute,
ôc le fift afaver à Simon Gril, que tant toft fe parti de
luy à toutes fes gualées, ôc entra entre le goulf de Veneife
; Ôc par .j. bien matin defcovrirent la caravane des
marchans veneffiens, quy efteent .xxij. tarides ôc une
grant nave quy fe nomoit Roquaforte. Et fy toft con
les Venefiens virent les gualées, fi fe tindrent à enginiés,
ôc fe recuUirent treftous en la grant nave dou Roquaforte
lor perfones ôc Taver fouril ; dont les Jenevés prirent
toutes les dites tarides ôc le levèrent ce que il lor ploft ;
Ôc puys mirent le feue à toutes les tarydes, ôc cuyderent
bouter une des tarides alumé[e]s de feue par defus la
nave de Roquaforte ; mais le vent s'esforfa, ôc la nave
fift vêle, ôc entra en Veneyfe ; ôc le dit Simon Gril fé
paira en Jene, ôc là où il avoit bien fait, fi fu il chargé,
por ce que il n'en ala en Surie, fi com il fu coumandé.
Or vos laira de Simon Gril, ôc vos diray des .1. gualées
des Veneffiens, quy aleent après Simon Gril, con vos
avés oy. Si vindrent par .j. bien matin à Taube dou jour.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ
22

170 LES GESTES DES CHIPROIS.
1264 ÔC s'enbatirent fubitement devant la fité de Sur ôc fe fayly
poy, s'U fe fucent avertis, que il l'euffent prife, car tout
le plus de la gent dormeent encores, ôc toute fois fàilfirent
la gent, ôc s'armèrent. Et les Jenevés quy demoureent
à Sur avéent .j. cons[e]le, quy avoit nom fire Melian
de Marin, quy favoit de guerre ôc fift en la defenlè afés
de bien, car les Venefiens prirent aucunes de lor tarides,
des plus grans, ôc firent des .ij. piefes de lance ne de
proe, ôc les fièrent Tun à Tautre, un pont ; ôc au chef
dou pont avoit une guage rionde encurée faite à la
forme de cage de nave, ôc mirent .j. home dedens, ôc
colerent les antenes haut; ôc s'acofta la guaUée à mur de
la viUe en .j. leuc qui eft entre la Tor de la Cheene ôc
la Tour de fainte Catehne, ôc veneit fêle cage, ôc Tome
quy eftoit de dens fi haut fur le mur, quy lanfeit javelos
ôc pieres fur fiaus qui efteent fur le mur, fi que nul n'en
ozeit eftre fur les murs, en feluy leuc, la quele chofe poet
eftre à grant péril. Et avint chofe que le cons[e]le des
Jenevés, fire Milian de Marin, fi fe trova cel endreit, ôc
Tome de la cage li lanfa .j. javelot, ôc le fery fur la tefte,
ôc li faufa .j. elme pizanés tout outre; Ôc s'il n'en eiift eu
defous une fervefiere, mort Teiift ; ôc fe cop fu veii de mont
de gent, ôc adons le cons[e]le ôc les Jenevés prirent arbres
de guallées ôc de grans vaulfiaus, ôc les claverent fur le
mur, ôc firent cages com cage de nave encurée, ôc les
coulèrent en fiaus arbres ; ôc veneent plus haut de guages
des Veneffiens, dont les homes veneffiens quy de dens
eftoient n'ozerent pariftre ny ferir ni lanffer ; ôc fe parrirent
dou mur ôc alerent o lor autres guallées. Et d'Acre
lor avint autre .vij. guallées de Venefiens, ôc le feignor
de Sur fift venir à Sur fergans, archiers, Sarazins, vilains
de fa terre, ôc d'Acre meïfmes ly vindrent gens en s'aye,
ces amis, fi que Venefiens fe partirent ôc alerent à Acre,
ôc là entendirent fertainement coment les guallées des
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

m. LE TEMPLIER DE TYR. 171
Jenevés de Simon GrU prirent la caravane des machans 1264-1265
venefiens entre le goulf
323. Et en fe dit an morut pape Urban cart, ôc fu fait
maiftre Guy pape, cardenal, quy [fu] vefque de Sabine
ôc arfevefque de Nebone, ôc fe fift apeler Climens cart.
324. Et en fe dit an de Crift M.CC ôc LXIIII, morut
Johan d'Ybhn, feignor de Baruth, ôc fi laiffa ,ij. fiUes,
ôc morut à Acre Huet, heir de Sezare.
325*. Et en fe dit an, le roy de Caftel fe combaty as
Sarazins de Grenate entre Corde ôc Sebille, Ôc ofift Sarazins
.iiij. à chevau, fans fiaus quy eftoient à pié, que
furent afés.
326. Et en fe dit an, paffa en la Terre Sainte à Acre
meffire Oliver de Terme, quy fu .j. haut home d'Efpaigne
prou ôc fage d'armes.
327. En ceftu an, le pape fift fenatour de Tiglife
Charle, le conte d'Anguo ôc de Provence, frère dou roy
de France Loys.
328. En Tan de M.CC.LXV, le foudan de BabUoine
Bendocdar, ôc fe faifoit dire Melec el Vaher, vint de
Babiloine ôc prift Seffaire ôc Surie à .vij. jours de mars,
ôc puis afega le chaftiau d'Arfur, quy eftoit de TOfpitau
de faint Johan de lor achet, quy Tachetèrent de meffire
Balian d'Ybhn de que il eftoit, le quel chafteau fu mont
bien garny des gens d'armes ôc d'autres chofes, mais le dit
foudan le prift par force d'engins ôc de mines, de .xv. jours
de mars jufques au derain jour d'avril que il le prift, ôc
furent pris dedens chevahers de refigion ôc de fiecle ôc
fergans d'armes .m. ôc plus, ôc fu veu en Acre .j. figne
cler come efpée dou lonc d'une lanfe ôc large d'un[e]
paume ôc venoit devers orient ôc fe fery par femblant
dedens le campagnier de Sainte Crois d'Acre, ôc meflire
Hugue de Lezingniau, quy eftoit bail de Chipre, vint
au fecours d'Acre ôc amena beUe navie de gualées
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

172 LES GESTES DES CHIPROIS.
1265 & d'autre[s] vauffiaus ôc .c.xxx. chevahers ôc fergans ôc
valès à chevau pluffors ; mais ores vos laira à parler de
luy, ôc vos diray .j, autre aventure quy avint outremer.
32g. En ceftuy meïfmes an, il avint que .j. haut home,
qui avoit nom Simon de Monfort, qui eftoit en Engleterre
ôc avoit pour feme la feur dou roy d'Engleterre, de
quei U en avet plufors anfans ôc eftoit conte de Glofeftre,
ôc fi ot grant guerre aveuc le roy d'Engleterre, fi
come je le vos moftreray.
330. U avint que ceftu roy d'Engleterre ne laifbit rien
quy ne dounaft, ôc fbvent venoit à luy gens eftrangers
de pluizors provinces, les quels il acuiUoit ôc avanfoit
en toutes chofes, ôc ja foit fè que il poiet tout fe faire
co'm feignor, toute fois les chevaliers d'Engleterre la plus
grant partie fè couroufèrent mont de pareils " fès, en parlèrent
de ce, ôc en la fin vindrent au roy, ôc h dirent
debonairement que U ne deiift plus acuUir gens eftranges
au païs, dont le roy pour ce qu'il requ[i]ftrent fé amiablement
ôc pour ce que li moftreent par plufors raifons
que ce eftoit le profit de luy ôc de fa terre, fi conpli lor
proieres ôc lor promift en prezence les uns ôc des autres
que il plus ne doit doner fieis ni terre à nul arme dou
monde que par le gré de fes homes, ôc manda pour le
conte Simon de Monfort, ôc voft que il fuft chef de fés
homes en ce fait, dont il s'en efcuza mont, ôc ne voft
eftre, ôc defconfeila moût le roy; tant Tesforfà que il li fift
otroer ôc jurer fur fains, dont le conte Simon h dift bien
que U fe gardaft, puis que il les faifoit jurer, que il poroit
aler contre fon fairement. Sefte chofè pafà un grant tens,
ôc quant la chofe fu enveillie, le roy faiUy de fe fait
contre les homes, dont avint choze que les chevaliers
requiftrent au conte Simon de Monfort, quy fuft chef de
a. Mf. pareille.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

IIL LE TEMPLIER DE TYR. 173
fefte bezoigne, par le fairement que il avoit fait, ôc pour 1265
le fairement maintenir, fe mift en Taye des chevahers
d'Engleterre ; ôc quant le roy d'Engleterre entendy lor
afaire, fi fe confeUlerent, luy ôc fon frère, le conte Richart
quy fe nomoit roy d'Alemaigne, ôc .j. fien fis, qui fe noumoit
Odoart, qui eftoit ja parcreiis " ôc grant ôc biau
chevalier, de prendre le conte de Monfort ôc aucuns
autres contes «5c vavafours, ôc puis autres venreent bien
à chef; mais avant fe qu'il euffent mis à euvre lor propres,
le conte Simon de Monfort ôc les autres fe partirent ôc
yffirent hors de la fité où li rois eftoit, ôc firent .j. hoft
contre le roy, dont le roy veant les venir contre luy, fi
lor vint à Tencontre à cel poy de gens qu'il poft avoir,
mais fiaus dou conte furent afés grant gens, ôc dura la
bataille poy, ôc en la fin le roy Ôc les fiens furent defconfis,
ôc fi ot pluffors mors d'une part Ôc d'autre, ôc fu le roy
fon cors pris, ôc fu pris fon fis meffire Odoart ôc le frère
dou roy, qui ot nom Richart, Ôc fe difoit roy d'Alemaigne,
ôc aucuns autres chevaliers, ôc pluffors efchaperent de la
bataille, quy fouftindrent ôc maintindrent les chafteaus

174 L^^ GESTES DES CHIPROIS.
1265 quy deiiffent venir en .j. leuc, qui lor manda devizer,
qui eft près de fel chafteau où il eftoit, ôc quant U fèreent
venus là, qu'il h feïffent à faver pieftant, ôc que il fè
meïfent là de nut tous enffi, com U lor manda. Enfi le
firent, ôc furent .ccc. chevaliers armés ôc bien montés fur
lor chevaus fans nul autre maihnée, «5c fe mirent de nut
en celuy leuc, ôc pieftant le firent afaver à meffire Odoart
par .j. garfon ôc entrefèignes.
332. Quant vint à Taube dou jour, le conte Simon
de Monfort fi chevaucha, fi com il eftoit uzé, ôc meflire
Odoart o luy, quy fu monté fur celuy fien chevau, fi fè
mift à gualoper à deftre ôc à feneftre, foi aloignant tout
jour de la route dou conte ; ôc quant il fu bien aloignés,
fi fe mift à courre diffant : ce Adieu, conte de Montfort ! »
Et s'en ala ver le " leus où ly chevahers de Tenbuchement
eftoient, quy faillirent tantoft hors, ôc le refu(e)rent. Le
conte ôc fà gent li aleent après ôc ne le porent ataindre,
ôc quant il virent les chevahers yffir de Tenbuchement,
fi réparèrent arier, ôc fiaus en menèrent meffire Odoart,
quy fu délivré, con vos entendes,
333. Meffire Odoart fi afembla gent, tout ce qu'il
poft aver à chevau ôc à pié, ôc vint encontre Simon de
Monfort, ôc quant il fu près, fi manday avant un * poy de
gens à chevau, quy porteent banieres as armes de Monfort.
334. Le conte Simon avoit mandé à ces .ij. fis, quy
eftoient en .j. autre chafteau, coment meffire Odoart eftoit
efchapé de fa prifon, ôc coment il afembleit moût de gens
pour venir ly encontre, ôc que iaus le veniffent fecourre;
ôc por ce quant le conte Simon vy la gent de meflire
Odoart venir, quy porteent banieres de Monfort, fi yffi
encontre pour iaus refevoir, ôc toute fois niffi U armé
a. Mf ly. — b. Mf en.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

m. LE TEMPLIER DE TYR. 17^
luy ÔC fa gent, mais fans nul ordenement, con fil qui ne fe "65
prenoit guarde de ceft aguait ; ôc s'U fuft yffu ordonéement,
ne li fuft pas mezavenu, car il eftoit prou chevaher
ôc hardy ôc de grant cuer, dont U avint que quant il fu
hors o parrie de fa gent ôc de fon poer, fi fe trova defeii,
con vos avés oy, car la gent de meffire Odoart, quy
veneent premier, jetèrent à terre les banieres de Monfort
ôc levèrent les armes de meffire Odoart, ôc coururent fus
au conte Simon de Monfort ôc à fa gent, ôc fu la bataille
entr'eaus, ôc meffire Odoart furvint après, quy lor
corut fus tous frès, ôc fu la bataille mont afpre, ôc morut
gens afés d'une part ôc d'autre, ôc en la fin le conte
Simon de Monfort fi fu defconfit, luy ôc fa gent, ôc le
conte fon cors fi fu pris en perfone vif, ôc quant il vint
meïfmes de la bataille, meflire Odoart demanda confeil
à .j. fien couzin germain, qui ot nom meffire Henry d'Alemaigne,
lequel eftoit aufy couzin germain des anfans
dou dit conte Simon, enfans de .ij. feurs, fe que il feroit
dou conte Simon. Le dit meffire Henry li confeilla ôc li
dift que [s']il voloit aver repos ôc mètre fin à la guerre, que
il feïft tailler la tefte dou conte Simon, ôc fereit dire que
il fu mort en la bataille, por fe que Ton ne le tenift à laidure
d'aver le tué puis que il fu pris ; dont meflire Odoart
par le confeil dou dit meffire Henry d'Alemaigne fift fêle
nut coper la tefte au dit conte Simon de Monfort, ôc fi
le fift jeter au champ entre les autres mors. Saches que
en felle bataiUe furent mors mont de chevahers ôc autres
gens, dont aucunes y ot contes ôc barons, de quey le
païs en fut mont amerme.
3 3 y. Après ceft mortel bataiUe, tous fiaus de la partie
dou conte Simon de Monfort furent mont defconfortés
ôc efmaiés fans plus d'efperance, ôc delyvrerent le roy
d'Engleterre ôc fon frère le roy d'Alemaigne, ôc les autres
quy eftoient en priffon.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

176 LES GESTES DES CHIPROIS.
1265 336. Ly roy, quant U fu en Safibiere, U mift main fur
fés averfaires Ôc fift morir aucuns, ôc plufors autres tint
en priffon là où U moroient de fain ôc de mefaife ôc par
deftrece.
337. Or vous diray de puis qu'U avint cefte guerre,
ceftuy haut home, meffire Henry d'Alemaigne, vint en
une vile qui a nom Viterbe, ôc aleit à Rome por eftre
empereor d'Alemaigne; ôc eft[oit] là à Viterbe dedens une
yghfè, où il oyet meffe, Guy de Monfort, fis qui fu dou
conte Simon de Monfort, dont je vos ai parlé, ôc le dit
Henry confeila à meflire Odoart de talyer la tefte au dit
conte Simon de Monfort. Si vint là à Viterbe, ôc entra
en la cha(m)pele, ôc fery d'un bourdon par mi le cors
dou dit Henry d'Alemaigne, en vangance de fe qu'il
confeiUa de tallier la tefte de fon père, con vos Tavés
oy; ôc fe party, ôc ala en Tofcane.
338. Ceftuy Guy de Monfort fi avoit à feme la fille
dou conte Rous de Toufcane, ôc amena o luy de la gent
de fon fengneur .1. chevaliers ôc autres gens à chevau
por fe fait faire, dont le pape l'efcomenia .j. tens, ôc
puis fu afot; ôc fâchés que ceftu Henry d'Alemaigne
eftoit couzin jermain, enfans de .ij. feurs, fi con je vos
ay dit autre fois ; ôc ores vos lairai à parler de ce, ôc vos
diray .j. autre aventure.
33g. Il avint en fe dit an de .M ôc CC ôc Lxv de Tincarnafion
de Crift, que .j. faint home des haus barons de
France, quy fu conte de Never(e)s, ôc le conte de Nantuel,
ôc meffire Alart de Valérie ôc .Ix. chevaliers de
France, fi vindrent en la terre fainte de Surie ôc au fervife
de Dieu, ôc ploft à Noftre Seignor que fe prodome,
conte de [Ne]ver(e)s, morut à Acre ôc fift fon teftament
de tout ce quy fe trova dou fien de monoie Ôc de harneis
donner tout pour Dieu as povres gens ; ôc fâchés
que Noftre Seignor fift pour luy miracles, car tous ma-
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

m. LE TEMPLIER DE TYR. 177 •
lades quy atouchoi[en]t à fon monyment eftoient tant toft 1265
guaris de lor maladie. Or vos laira a parler de ce, Ôc vos
diray .j. autre grant fait, quy avint en ce dit an Tan de
M ôc ce Ôc LXV de Crift.
340. Charle, conte d'Ango ôc de Provence, frère dou
roy Loys de France, quy prift Damiate, fi vint à Rome
ôc mena o luy .m. chevaliers francés, ôc fu coroné dou
royaume de Sezile par le comandement dou pape Climens
; ôc après ala contre Manfré, quy eftoit conte de
Sezille, de quei je vos [ai] autre fois parlé, dou fis de
Tempereor Federic, ney avant dou mariage, Ôc vos ai(s)
dit coment Tempereor efpouza fa mère, quant eUe vint
à mort, pour luy aleauter.
341. Ceftuy Manfrey, quant il oy que Charle fé fu
encourouné de fon royaume, ôc li venoit encontre, fi porchafa
gens par deniers ôc par amifté, tant que il afembla
.j. grant hoft à chevau ôc à pié, ôc efpeciaument aprocha
à luy les Sarazins de Nocheres, ôc ce fia de tout à fa
force, ni ne fe voft de tout premier acorder à Tiglize. Si
ala en la bataille efcomenié, ôc er[t] rebel contre Tiglife ;
ôc fâchés que gens quy regardèrent à fors à qu'il fift
reguarder, ôc li avéent dit que il trovoient en lor fors
ôc par lor reguart, que il devoit morir en la bataille en
.j. champ des flours; ôc por cefte paor il efchiva quant
que U poft d'encontrer foy au roy Charle, ôc por ce
efchiva tant quy ne poft puis, car tant con le roy Charle
entroit en fa terre, ôc Manfrey aloit droit de lonc par
devant, Ôc fi come aventure done, le roy Charle prift à
torner en deriere, ôc non à penféement, Ôc fift fon tor
par une autre vée contre Manfré. Et Manfré que riens ne
favoit de fe, fi aloit tous jours de lonc, cuydant que le
roy Charle li venift deriere, mais quant vint le matin à "
a, Mf. au.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

178 LES GESTES DES CHIPROIS.
1265 Taube dou jour, les .ij. oft fe vont encontrer, ôc quant
Manfré le vy, ne voft retorner por non mètre la gent en
route ; ôc areftant enfi Manfré demanda de feluy leuc le
nom. L'on li dift que ce eftoit de Saint Jermain TAguilfier,
ôc que ce champ où Toft eftoit, avoit à nom le
Champ des flours. Manfrey de fefte parole fu mont defconforté,
ôc douta la devinaille, ôc toute fois fe prill à
conforter, ôc atendy la bataiUe. Et le roy Charle fift
armer fa gent ôc devizer fes bataiUes ôc fift chanter mefé
à Thenor de Dieu, ôc ala vers la bataUle de Manfrey, qui
venoit efcomeniés à la batayUe, y venoit perilhouzement,
ôc por ce h mefchut, ôc le roy Charle ot chevahers francés
.m. ehlis adurés " d'armes, ôc fi ot fergans à chevau
ôc veUès ôc mehnée, gens aydans autres .m. largement,
ôc fergans à pié une grant cantité. Manfré en avoit de
toutes gens, .v. à chevau ôc plus, ôc gens à pié une
grant cantité, fi que la bataiUe comenfa moût près, ôc fi
ot de cos donés ôc pougneïs fais les uns as autres ; ôc en
fé mileuc, nus ne fe conuffoit mye bien, quy avoit le
meiUior, fi que une aventure avint que Manfrey fe tenoit
d'une part fur .j. tertre, ôc avoit .xl. chevaliers en tour
ly. Si avint, fi come aventure donne, que .j. cariau d'abaleftre
fery en la main de feluy quy tenoit le confanon de
Manfré devant luy, ôc perfa la main o tout la tefte, fi
que le confanon chanfela fi bas, quy fembla as chevaliers
francés quy fu abatu par lor gens, ôc crièrent mont haut :
(c Alons avant ! que tout eft noftre ! o Et courut le roy
Charle ôc le meiUor de fon hoft en fêle place, fi que
Toft de Manfrey ne poft durer ôc fe mift en defconfiture
fans retour.
342. En ceUe bataUle fi ot mort gens affés à cheval
ôc à pié entor .x'". perfones, ôc fu trové mort le roy
a. Mf. adurer.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

III. LE TEMPLIER DE TYR. 17g
Manfrey, ôc fi toft ciaus de SeziUe ôc de Principautôc de 1265-1266
Poylle ôc de Calabre fé rendirent au roy Charle.
343. Le roy Charle prift la feme dou roy Manfré Ôc
.j. fien fis ôc une foue fille damoifele, ôc les tint en prifon
en .j. chaftiau.
344. Ceftu Manfrey fi avoit .j. autre fiUe, qui ot nom
Coftance, quy eftoit mariée au roy Piere d'Aragon, quy
avoit .j. fis ahné, quy fu nomé Jame, que puis fu roy
d'Aragon, ôc Tautre fu apelé Federic, des quels je vos parleray
fi avant, quant tens fera.
34f. Et quant fu en Tan de Crift M.CC.LXVI, Bondocdar
[fu] foudan de Babiloine ôc de tous les Sarazins, car à
fon tens il n'en avoit en nulle terre foudan nul des Sarazins
for ly, ôc toute la païnime fu fous fa feignorie.
346. Le foudan vint devant Acre, ôc demoura. viij. jours
au mois de gun, Ôc puis ala afeger Safet, chaftiau dou
Temple, mont biau ôc mont fort en la montaigne, loins
d'Acre une jou[r]née, ôc manda à fiaus dou dit chaftiau
fon prefent à Tufage des Sarazins; mais fiaus dou chaftiau
li geterent fon prefent as manganiaus, de quei le
foudan fut mont couroufé, ôc jura par fon Mahomet qui
les meteroit tous à l'efpée, ôc tant toft fift drefier fes engins,
Ôc faillirent le chaftiau, ôc h douna mont d'afaus
jufques à .xxij. jours de jungnet que U le prift; ôc fi vos
diray la manière coment il le prift.
347. Quant la gent dou foudan prirent la barbacane
dou chaftel, il perdy mont de fà gent, car au chaftel avet
bones gens d'armes, frères ôc fergans, ôc douta le foudan
de prendre le par force quy ne perdift de fa gent, ôc defendy
TafaiUir, ôc fift crier fon banc que tous les Suriens,
fergans, archiers puiffent niffir hors dou chafteau à fa
fiance, ôc ce fift U pour mètre defcorde entre les Frans Ôc
les Suriens, fi que les Frans diftrent as Suriens quy les
avéent trais, ôc firent d'aun bataille entre yaus; ôc adons le
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

l8o LES GESTES DES CHIPROIS.
i66 foudan lor fift doner fort afàut, ôc fiaus dou chaftel avoient
perdu la barbacane, ôc afeblis [eftoient] durement, ôc fi
eftoient en grant defcort les uns as autres, ôc fi n'en atcndeent
fecours de nule part, car le chaftiau eftoit avironé
des Sarazins de toutes pars, ôc fe crièrent as Sarazins quy
fe tenifent de non conbatre, car yl voleent mander lor
mefage. L'on dift au foudan, quy fift remai[n]dre le combatte,
«5c fiaus dou chaftiau fi furent au confèill ôc ordenerent
de mander au foudan .j. frère fergant dou Temple,
quy avoit nom frère Lion Cazeher des cazaus de Safet, ôc
favoit mont bien la lengue fàrazinefe, ôc li enchargerent
à demander au foudan fiance pour les Frans, fi com il
avoit doné as Suriens par le banc quy fift crier. Ceftu
frère Lion nifll hors, ôc ala au foudan, ôc li dift fà mefagerie,
ôc le foudan li fift en audiens fi bon refpons come
il poft, mais il après foui à foui parla au dit frère Lion,
ôc h dift que il eftoit moût couroufé vers fiaus dou chafteau,
quy li lanferent fon prefent, ôc li avéent mort mont
de fès gens, ôc que U les voloit tous faire morir, fi que
il lor voloit doner fa fiance par la main d'un amiraiU
quy avoit tout fà femblance, ôc puis le[s] feroit mette tous
à Tefpée, ôc fé il fe voloit travaiUer à porchafcer feftu
fait, que il li feroit mont de biens, ou fe non, le chaftiau
quant il le perroit, il ly feroit faire afpre mort. Quant
frère Lion entendy Iç foudan, fi ot grant paour que il li
otrea de faire cant que U voft, ôc torna au chaftel, ôc lor
dift que le foudan h avoit otroié fiance à treftous ôc que
il en perfone lor jurera lor veant. Se firent mont grant
joie feaus dou chaftiau, ôc quant vint Te[n]demain matin,
le foudan fift venir fel amyrail quy h refembloit ôc le fift
aler par devant le chaftel à tel henor con Ton faifoit à fon
cors, Ôc quant fiau dou chafteau le virent, fi cuyderent
que fe fuft le foudan, «5c fe tindrent mont afeur, mais U
furent trais Ôc defeus, ôc feluy amiraU lor jura fiance de
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

m. LE TEMPLIER DE TYR. l8l
condure les à Acre fauf ôc feiirs, ôc nyfllrent dehors le 1266
chaffiau à toute[s] les mulafes trofées de lor harneis, con
pour aler pieftant à Acre, car il non y a de chemin de
Safet à Acre que mains d'une journée. Et le foudan lor
fift dire que U lé repozafent fêle nut, ôc le matin le feroit
mener à Acre, ôc enfi lor covint faire, ôc au matin fi les
fift tous prendre ôc mener loins de Safet demi hue fur
un toron, ôc là les fift morir les teftes taUées, ôc de puis
fift faire .j. ferne d'un mur entour yaus; ôc encore perent
lor os ôc lor teftes, Ôc dit on, ôc fu fertaine chofe, que
luminaire dou fiel vint fur lor cors plufors fois, ôc crefriens
ôc Sarazins aucuns le virent, ôc .ij. frères menors
furent aveuc yaus, quy les tindrent fermes en la foy pour
lor prefcher, qui lor fu grant profit à Tarme. Et frère Lion
le Cazefier, que pour paour de mort fift fefte traïfon, fi
fe regnea ôc devint Sarazin ; ôc ores vos diray autre chofe
que le foudan fift.
348. Quant le foudan prift le chafteau de Safet, con
vos avés oy tant toft, fe party ôc ala " au royaume d'Ermenie,
quy a mont fort entrée ôc mont eftroite, mais
il y entra par fa grant force ôc courut toute, Ôc là guafta
ôc deftruft mont de cazaus, ôc prift menue gent; ôc le roy
d'Ermenie n'eftoit pas, ains eftoit aie à Tatars, fi que U
avoit laiffe fes .ij. fis : l'un avoit à nom Toros, Ôc Tautre
Livon, ôc le foudan ofift Toros, ôc Livon prift vif ôc le
mena en Babiloine, ôc mena mont de grant peuple de
menue gent.
34g. Et quant vint au mois d'aouft, meffire Hugue de
Lezingniau, baiU dou royaume de Chipre, vint à Acre ôc
mena mont beUe compaignie de gens d'armes, chevahers
ôc autres, ôc puis que U vint, luy ôc le Temple ôc TOfpitau,
ôc les Alemans ôc les chevahers franfois ôc mont
a. Le mf. répète Se ala.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

l82 LES GESTES DES CHIPROIS.
1266-1267 d'autre gent à pié ôc à chevau, ôc alerent en une chevauchée
vers Tabarie, ôc en lor chemin damagerent mont
de leus de Sarazins ; donc le cry fe leva par la terre, fi
que les Turs dou Safet de fyaus leus entour s'enbucherent
au Caroublier, ôc au plain d'Acre frirent fur Tavant garde
de noftre gent, que pour covoitize dou guaign eftoient
bien .iij. liues devant les autres, ôc les defconfirent laidement,
s'eft à faver TOfpitau Ôc les Alemans ôc les chevaliers
franfés de la compaignie de meffire Jofrey de Sardeignes
ôc pluffors autres, ôc en morut bien .v'=. homes
ou plus, que à pié que à chevau, des qués mont en fuffent
efchapés, mais les vilains de la terre, quy font tous Sarazins,
les tuèrent la nut, trovant les amufés par les boiffons,
por lor armeùres ôc por lor robe prendre ; ôc fi avint en
tel guize de celé chevauchée de la creftienté, ôc en fel an
au mois de délier morut, .j. mont haut home quy ot nom
monfeignor Johan de Ybhn, conte de Jaffe, de quey je
vos ais autre fois parlé fi ariere.
3 yo. Et quant vint en Tincarnafion de Crift M.CC.LXVII,
ceftuy foudan de Babiloine vint devant, Ôc tout fon hoft,
le fegont jour de may, portant banieres dou Temple ôc
de TOfpitau ôc de Sur, ôc furprift la povre gent de menue
au plain d'Acre, quy eftoient niffus pour guariter " ; ôc
courut jufques as portes de la ville, ôc ocift des menues
gens qu'il ot pris .v

III. LE TEMPLIER DE TYR. 183
ÔC fift coure au plain d'Acre bien .fij*". homes à chevau, 1267
dont la gent d'Acre fàiUyrent as armes, ôc fonerent la
campane por ce que tous gens yffifent dehors. A fel tens
eftoient venus à Acre .ij. haus feignors, frères andeus,
mais il eftoient de bas fis dou roy Jame d'Aragon le
veill : fes iffirent dehors ôc le Temple «5c TOfpitau furent
fur .j. toron, quy eft devant Acre, fi près des murs come
une abaleftre traieret ôc poy plus, ôc virent les .iij*". Sarazins
par devant eaus, ôc dou foudan qui eftoit enbuché
au Toron Salaheldin, con je vos ay dit, ne favoit Ton
novelles, fi que [les] .ij. feignors, fis dou roy d'Aragon que
je vos ais només, fi voleent ferir as Sarazins, ôc hafterent
mont les Templiers ôc les Ofpitaliers, ôc lor diftrent de
grofes paroles, miaus fiaus ne lor voftrent croire de rien,
car s'il eiiffent féru, la fité fuft efté perdue, fi con je vos
le diray après fe.
3 y I. Eftant enfi les Sarazins, con je vos dis, bien matin,
vos diray que mefchance avint as creftiens. Nos aveemes
de sa la mer .j. haut home de France, quy fe nomoit
meffire Robert de Crezeque, que felle nuit avoit, luy ôc
meffire Oliver de Terme Ôc autres chevaliers Ôc tricoples,
eftoient iffus hors pour briffer cazaus de Sarazins, ôc
furent bien .c.xxx. homes à chevau d'armes fans les
efcuers, ôc chevauchèrent as parties d'un chaftiau quy
a nom Monfort des Alemans, ôc à felle houre que fes
Sarazins eftoient au plain, ôc le foudan enbuché, fi com
je le vos ays dit, meffire Robert de Crezeque Ôc meflire
Olivier de Terme retornoient de lor chevauchée, ôc en
lor venir firent fi grant poudrière que les Sarazins fe
aperfurent, ôc chevauchèrent encontre yaus, ôc s'arefterent
entre noftre gent quy eftoient fur le touron ôc fiaus quy
veneent, ôc quant les uns furent fi près des autres, fi furent
coneiis. Meffire Ohvier dift à meflire Robert que les Sarazins
eftoient trop grant gent, Ôc que meiUour fi feroit
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

184 LES GESTES DES CHIPROIS.
1267 d'efchiver la bataiUe, car meffire Ofivier counuffet bien
quy fe pooient bien mètre dedens la viUe d'Acre favement
par les jardins devers la Porte de Maupas ; mais
meffire Robert li refpondy que il eftoit venu de sa la
mer, pour morir pour Dieu en la Terre Sainte, ôc que il
yroit en toutes manières en la bataille; ôc toute fois .j. fien
fis que meffire Robert avoit o luy por ce que U eftoit
enfant, manda il aveuc meflire Olivier, ôc s'en party
meffire Olivier ôc entor de .vij. ou de .viij., Ôc rint fon
chemin par les jardins, ôc fé mift dedens Acre. Entretant
fe furent aprochés les uns as autres, quy n'en avoit
que de ferir as Sarazins, quy eftoient entour de .iij"".
A tout fe n'en ozerent premier envers noftre gent enbatre
quy n'eftoient pas .ij'^., ôc meffire Robert ne targa
mie, ains fery luy «5c fa compaignie par les Sarazins quy
lor ovrirent vée ôc les pafferent outre, ôc tindrent le chemin
ver à Acre, ôc fi com il repairoient, ôc Sarazins les
covrerent derieres ôc laiUirent .j. chevalier francés, meffire
Bauduin de Saint Jorge, frère fu de f Henry de Guines,
ôc h tuèrent fon chevau, fi que meffire Robert adons fe
fery dedens les Sarazins pluiffors, ôc fe défendirent
fi longuement que Sarazins ne les poient abatre, ains
crièrent les uns Sarazins as autres que Ton deiift ferir
les greniers de Torge, ce eft à entendre de ferir as chevaus;
ôc fefte parole diftrent covertement que Frans aucuns
ne Tentendiffent, ôc fi toft con les Sarazins entendirent
à férir ôc à tuer les chevaus, fi fu la bataille plus
toft délivre, car fi toft come .j. des nos eftoit à pié, fi
eftoit mort, ôc en la fin furent les defconfis ôc mors les
noftre, quy furent plus de .iiij^ perfones à conter o les
efcuers, de quey ot pris vif aucuns, ôc de fés que Ton
prift vif quy furent bien poy, fi furent les .ij. nevos de
meffire Ohvier de Treme, que puis furent mors en prifon
de BabUoine, Ôc .j. autre chevalier catelan, qui ot
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

III. LE TEMPLIER DE TYR. l8f
nom Cordate. Et ceftu puis qu'U fu pris, fu mis en une 1267
maifon à .j. cazau de fout Safet, quy avoit une feneftre
o mifieuc de la tarafe que avoit .j. bafton de bûche travers
la feneftre, ôc le feft de la maifon n'eftoit mie fi
haut, mais bais come maifon de vilain ; ôc feftuy Cordate
eftoit chevaher mont figier ôc bien aidant, ôc li valut, car
ligierement failly en haut à la feneftre, ôc fe prift au bafton
de la taraffe, quy eftoit de terre Ôc defendy de la
taraffe, ôc fe mift en chemin vers Acre [par] champ Ôc travers
hors dou droit chemin, par feignau d'aucun[e] eftele,
ôc fu à Taube dou jour à Acre, ôc fu devant le patriarche
ôc les autres feignors, que il conta tout fon errement, con
vos avés oy, ôc dift tant que celle gens d'Acre quy eftoient
fur le toron, s'il eiifent féru, que la terre fuft efté perdue,
car le foudan fon cors [eftoit là] à .xv'". homes à " chevau
[s] efcheris, chafcun fur fa befte aparaillés, ôc atendant
que ciaus d'Acre feriffent fur les Sarazins dou plain,
ôc le foudan, fon enbuchement feroit tant toft failly ôc
féru vers la ville.
3^2. Les gens d'Acre yffirent ôc mandèrent querre les
cors des mors creftiens, quy eftoient fans tefte, car les
Sarazins lor avéent levé les teftes à tous yaus quy
eftoient mors à la bataille, que à paine poiet on conoiftre
fon parent par aucun figniau que il y euft en
fa char.
3^3. Encores après poy de jours revint le foudan de
Safet à Acre, ôc fift abatre les molins ôc les tors des jardins
ôc tayllier les arbres Ôc les vignes quy eftoient hors
d'Acre, ôc fift mont de maus, mais tout en fome vous viaus
dire de fes afaires que fift en Surie, que il prift à fon tens
jufques à ce jour ôc le Crac de TOfpitau ôc Gibelcar, ôc
prift encore autre leuc après fe que ja vos ays dit; mais je
a. Mf au.
C 24
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

l86 LES GESTES DES CHIPROIS.
1267 vyaus laiffer à parler de luy ores, por dire vos aucunes
autres chofes, quy avindrent en fefte dite année.
3 ^4. Il avint que les Jenevés quy avéent grant entendement
de yaus vengier de lor henemis pifans ôc venefiens,
fi ce voftrent affaler encores d'eaus venger de lor
henemis, ôc armèrent en Gène .xxviij. guallées, ôc fu lor
amiraiU Luquet de Grimaut, ôc fi ot o luy en fa compaignie
.ij. fages homes ôc artyllous de mer, meffire
Pafquet MaUon ôc Papon Mallon, ôc vindrent à Acre fubitement
à .xvj. jours d'aouft de ce dit an de M ôc ce ôc
Lxvii de Crift, [en] le port d'Acre, Ôc ardy[rent] .ij. naves
de Pizans dedens le port, ôc mirent lor enfeigne defus la
Tour des mohches, ôc demourerent au port .xij. jors; ôc
dedens ce, le dit Luquet de Grimaut fe party ôc amena
o luy .XV. guaUies, qui avéent bezoign d'adouber, ôc ala
à Sur, ôc fi laiffa au port d'Acre .xiij. gualées, Ôc [en] fon
leuc fe mift Pafquet MaUoun, quy ot o luy Papon MaUon,
ôc eftant là à Sur, Tamirail de les Venefiens vindrent à
.xxviij. guaUées à Acre quy furent armés à Veneize, ôc
furprirent fes .xiij. guallées des Jenevés. Mais quant les
Jenevés virent les Venefiens, fi fe partyrent, ôc lor alerent
encontre, ôc fe firent il por aver plus large mer à efchaper,
car s'il les eiiffent trovés au port, toutes les euffent
prifes, mais à la manyere que U firent, ne perdirent mie
tant, car il fe mirent par my les Venefiens ôc paferent
outre, fi que les Venefiens en retindrent .v. à toute la
gent quy furent mors, ôc après les autres .viij. guallées
alerent à Sur ôc fure[n]t o les autres guaUées quy s'adoubeent
dedens le port de Sur, fauve .iij. guaUées quy
aleent vers Sayete pour parler au maiftre dou Temple,
ôc TamiraU Luquet de Grimaut dedens, à quy Ton manda
la novele, ôc tantoft il torna en deriere, car U n'eftoit
mie aie trop loins, ôc fu durement courefié. Et tant toft
celé nuit meïfmes s'en partirent de Sur Ôc repairerent en
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

III. LE TEMPLIER DE TYR. 187
Jeune, mais les Venefiens à lor .xxviij. guallées vindrent 1267-1268
devant Sur, ôc cuyderent trover les guallées des Jenevés,
ôc quant il ne les troverent, fi fe repairerent d'Acre " en
Veneyfe, ôc firent triues entre Jene ôc Veneife à .iij. ans,
Ôc^chafcun .iij. ans renoveUeent la triue, por fe que les
Jenevés voleent corte triue, car lor entendement eftoit de
yaus vengier, fi com il firent, ôc Tores en ce livre.
3ff. Il avint en fé dit an que Huguet, hair dou
royaume de Chipre, ôc fu fis dou roy Henry gras ôc de
la raine Plaiffanfe, fi trefpaffa de fe fiecle au mois de
novenbre, ôc fu fait roy après luy Hugue de Lezigniau,
le jour dou Nouel, par le patriarche Guillaume, qui eftoit
aie pour viziter les ygUfes de Chipre; ôc feftu Hugue fu
coufin jermain de feftuy Huguet qui morut, car le dit
Huguet fu fis dou frère que fu roy Henry gras, ôc Hugue
de Lefigniau fu fis de la fuer, ôc .j. autre Hugue avoit
quy fu fis de une autre feur ôc dou conte Gautier de
Breine, que morut en pryffon des Sarazins, con je vos ay
dit avant, dont feftu Hugue, conte de Brene, chalonga
le royaume de Chipre, mais il n'efploita nient, ôc fe party
dou païs ôc ala outremer, ôc remeft le roy Hugue de Lezigniau
roy faifll ôc tenant par efgart de court.
3

l88 LES GESTES DES CHIPROIS.
1268 3 y8. En celuy meïfmes an, avint que Corradin, qui fu
fis dou roy Courrat ôc de la fille dou duc d'Ofteriche
d'Alemaigne, entendy coment le roy Charle avoit defconfit
ôc mort le roy Manfré fon oncle ; fi fift un grant
hoft de gens à chevau ôc à pié, pour aler encontre le roy
Charle, ôc tout ce fift U par Tariffement des Pizans, ôc le
conte Girart de Pize ala il meïfmes o luy en Alemaigne
ôc vint o ly en la bataille, «5c fi vint aufy .j. grant home
de Jene, frère de Aubert Efpine, quy fu capitaine de Jeune
.j. tens, ôc fe party le dit Conradin d'Alemaigne ôc vint
encontre le roy Charle, ôc mena o luy fon oncle le duc
d'Ofteriche ôc autres barons d'Alemaigne.
3fg. Le roy Charie afembla fa gent ôc ly ala à Tencontre,
ôc quant U fe furent entrevées, fi ordenerent lor
batailles ôc lor efchelles, fi come U deveent, dont la gent
de Corradin ferirent primier ôc chargèrent fi fort la gent
dou roy Charle, que il les boutèrent dedens lor paveillons,
ôc tant con la gent dou roy Charle fe defendoyent
dedens lor paveiUons, le roy Charle fi fu fur .j. tertre haut
ôc avoit une grant efchele des chevaliers des meillours
qu'U avoit, ôc fi fu o luy .j. chevalier de France quy fu
nomé meffire Alart de Valérie, chevaher prou ôc hardy
ôc de grant renomée ôc favoit mont de guerre, ôc à fêle
oure que le roy Charle vi fa gent fi rebutés entre les
tentes, fi fu mont efmaiés ôc demanda à meffire Alart de
Valéry s'U y avoit aucun chaftiau où il fe peiiffent référer,
fe bezoigne fuft ; ôc meflire Alart U refpondy que il
y avoit Paris, ni autre il ne favoit, ôc que U penfaft d'autre
chofe faire ; ôc adons vint à luy .j. valet quy ly dift :
ce Sire, penfés de fecoure voftre gent, quy font trop maumenés
! » Et le roy Charle li refpondy : ce Laiffés faire,
car les bons ôc les fors ôc hardis nos remaindront, car
la paUle vait au vent, ôc le forment demoure. » Sur ces
paroles meffire Alart de Valérie vy niffir des herberges
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

m. LE TEMPLIER DE TYR. 189
• • " • • • • • ' • • •!• , • • • • • • • —
de la gent de Conradin chargés de robe qu'U enpor- 1268
teent, ôc dift au roy Charle : ce Alons, fire, fecoure nos
gens, ôc vaincrons nos henemis ! 't
360. Le roy Charle defendy au plein, frès ôc repofés,
ôc chevahers des meiUours qu'U avoit, ôc s'enbari fur la
gent de Conradin, ôc les troverent las ôc travaiUés, ôc
autres eftoient chargés des robes ôc harnès que il avéent
guaigné de la herberge ôc efparpoulhés les uns des autres:
fi les foulèrent primier de cos de lances ôc après de bordons,
fi que la bataiUe fu mont mortal, ôc y morurent
moût de gens. Et en la fin Corradin ôc fon oncle duc
d'Ofteriche ôc le conte Girard de Pifé ôc .j. home de
Jene de grant lingnage, quy avoit nom Thomas Efpine,
quy eftoit capitaine de Jene, les .iiij. foïrent de la bataiUe,
ôc alerent près de la mer ôc fe mirent en une grote.
Là U furent .ij. jours fans manger, ôc fur ce vint là une
barque pour pehcher, ôc feftu Thomas Efpine niffi ôc
parla à yaus, coment feaus vofiffent lever luy ôc autres
.uj. chevahers efchapés de la bataiUe ôc mener les affavement,
Ôc les paier[e]ent moût bien ; s'oyrent parler de
tel rayfon, f\ lor otroerent ôc lor vendirent pain de quey
U mangèrent, ôc entre tant .j. de fiaus de la barque ala à
Naple, ôc le fift afaver à court quy mandèrent gens quy
les prirent ôc les menèrent à Naples, ôc quant U furent
là, le roy Charle les fift juger, ôc par juges furent jugés,
ôc taUfier lor teftes.
361. Corradin fi ot taiUé fa tefte premier, ôc puis le
duc d'Ofteriche, fon oncle, ôc diftrent que U ne fe voft
confecer, ains fe defpera difant tous les maus qu'U poiet
de defperafions; ôc après fli taiUée la tefte dou conte
Girart de Pife, ôc fire Thoumas Efpine fi ot crevé les
ziaus ôc taiUé le nés ôc les .ij. mains, ôc le laifferent aler.
362. Ceftu Conradin que je dis, fi fu fis dou roy
Courat, fon père, de ceftu Conradin, fi fu fis de Tem-
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

igO LES GESTES DES CHIPROIS.
1268 pereor Federic ôc de la raine de Jérufalem, de quy je vos
ais devifé ôc parlé coment Tempereor Tefpoza ; Ôc à ceftuy
veneit le royaume de Jérufalem de par la mère de
fon père, ôc puis quy fu mort, fi com vos avés oy, ôc
n'en aveit nul heir, le royaume de Jérufalem retourna
au figniage de la mère de fon père.
363. La novelle de fa mort vint à Acre, ôc coment le
roy Charle avoit guaigné la bataiUe, fi que la gent d'Acre
firent grant fefte ôc grant luminaire, quy dura aucuns
jours, ôc fu fefte de la mort de celuy quy [de]voit eftre lor
feignor, mais la fefte ne fu faite par mavaifté nuUe, mais
pour apaiffer fainte ygfife pour le roy Charle, quy eftoit
defendeor de fainte yglize ôc fanatour, ôc Tautre [raifon fu]
que Dieu le voft enfi confènrir pour déshériter les heirs de
Tempereor ôc fes fis, le roy Courat ôc Manfré, quy furent
parfecutour de fainte yglize tous tens de lor vie, ôc morurent
efcomeniés ; ôc je vos vès ores laifer de fefte raifon,
ôc vos dirais de la terre de Surie fe qui avint en fé
dit an.
364. Ceftu foudan que je vos ais autre fois parlé, quy
fe difoit Melec el Vaher, mais fon nom plufors fés fi
eftoit dit Bendocdar, fé yffi de Babiloine ôc junft à Jafe
à terre des creftiens, ôc la prift à .viij. jours de mars par
traïfon ôc dedens triue, ôc ofift mont de menues gens,
ôc les autres laifa aler en Acre ou toute[s] lor chofes, ôc
lor douna condut, ôc prift la terre de Saint Jorge, ôc Tenporta,
ôc fift ardre le cors de fainte Creftiene que Tevefque
Johan de Troies avoit laiffe à Jaffe.
36^. De là fe party le foudan ôc [a]la à Biaufort, quy
eftoit dou Temple ôc le prift par force à .xv. jours d'avril,
ôc après ala en Antioche, ôc l'afega, ôc la prift fans nule
defence, à .xix. jours de may, ôc furent ofis dedens la fité,
puis que ele fu prife, .xvij"*. perfones ôc plus, ôc furent pris
homes ôc femes ôc enfans, que de religion que d'autres,
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

m. LE TEMPLIER DE TYR. igi
plus de .c. perfones, ôc le Temple abandonerent .ij. chaf-1268-1269
tiaus quy font là de près, Guafton ôc Roche de Roiffel, ôc
la terre de Porbonel à Tentrée d'Ermenie.
366. Et dedens le dit foudan pourchaffa la defivranfe
d'un haut home farazin, qui avoit nom Zencor el Efcar,
que Tatars teneent, lequel fu délivré ôc vint en Babiloine
pour change de Livon, fis dou roy d'Ermenie.
367. Et en ce dit an, fu fait baill dou royaume de Jérufalem
Balian de Yblin, feignor d'Arfur.
368. Et Tan de M.CC ôc LXIX, fu .j. grant croie en
Ermenie, quy fondy .v. chaftiaus ôc .iij. abaïes d'Ermins,
ôc .xij. cazaus; ôc morut meffire Jofrey de Sardeignes, à
.xj. jours d'avril, quy fu fenefchau dou reyaume de Jérufalem
ôc cheveteine des gens dou roy de France. Or veus
moftrer .j. autre rayfon quy avint en fe dit an.
36g. U avint que le roy Hugue de Chipre, quy fu fis
de Henry, dou prince, ôc fe faifoit dire Huguet de Lezingniau
de par fa mère, par quey le royaume h vint de
Chipre, quant il vy que Conradin fu mort, le quel fu
luy ôc le dit roy Hugue, enfans de couzin ôc de couzine
jermaine, car Corrat quy fu fis de Tempereor Federic, ôc
fu père de Conradin, ôc la mère dou roy de Chipre Hugue
de Lezegniau ôc le roy Courat furent jermains de .ij. feurs,
de là où le royaume de Jérufalem meiit, ôc por ce le dit
roy Hugue fé fift couronner dou royaume de Jérufalem
ôc fu couronné à Sur. Or avint chofe que le roy Hugue
de quey je vos parle, fi avoit une fiene ante, feur de fon
père ôc de par mère, ôc fi eftoit la dame apelée damoifelle
Marie, pour ce que elle nen ot onques baron, ôc avoit
à fe jour plus de .xl. ans d'aage. Cefte damoifele Marie
chalonga au roy Hugue le royaume de Jérufalem, ôc
difoit que eUe eftoit plus prochaine d'un degré à aver
le royaume que le roy Hugue de Chipre n'en eftoit, ôc
avint que Phehppe de Monfort ôc Temple ôc Ofpitau ôc
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

ig2
LES GESTES DES CHIPROIS.
1269 autres gens de rehgion fi fe miftrent à adreffer les, ôc ne
porent, ôc que cefte damoifele s'aprocha à la maifon dou
Temple, ôc ala outremer requerre fon droit devant le
pape; ôc quant avint que le jour que le roy fe courona
dou royaume de Jérufalem, vint dedens Tiglize .j. clerc
ôc un notaire o luy, ôc cria à haute vois en la prezence de
la gent qu'U con[tre]dieffoient le couronement dou roy,
fi com U fu comandé de contredire, ôc s'en fouy tant
toft par la prezence de la gent que Ton ne fot que U
devint, ôc de demoifele Marie ne vos diray plus orendroit
que autre fés, car je viaus fi dire d'autre chofe.
370. P[h]elipe de Monfort, quy tenoit Sur de don dou
roy Henry de Chipre, lequel don n'eftoit mie ferme pour
ce que Conradin vivoit, fi douta que le roy Hugue ne h
vofift requere Sur, ôc por ce U porchaffa, ôc fift tant que
le roy Hugue dona fa fuer à Jehan de Monfort, fis dou
dit Phehpe de Monfort, ôc le roy Hugue conferma le don
de la fité de Sur à ceftu Johan de Monfort, en teUe manière
que ce la dite feme eùft enfant, que la fité de Sur
lor demouraft à iaus ôc à lor heirs, ôc s'il mefavenift de
Johan de Monfort, ôc la dame n'en eiift enfant nul, que
la cité de Seur [deiift] retorner au roy Hugue ou à fes
heirs, donant le roy Hugue ou fés heirs as hairs dou
dit Johan de Monfort .cT". bezans farazinas pour les
grans defpenfes que meffire Phehppe de Monfort aveit
fait en esforcier la ville ôc amender la; ôc enfi fu le mariage
confermé, ôc ala Johan de Monfort en Chipre, ôc
conferma ôc efpouza la dite feur dou roy, ôc fu fait moût
gran fefte, com il fe deveit faire pour fi haut nofes, ôc
la mena Johan de Monfort à Sur ôc le roy Taconpaigna
jufques à Famagoufte, ôc ly fift armer .iij. gualées quy la
condurent aveuc une guallée de Sur, quy s'apeloit panfle,
ôc armèrent à Sur là où fu faite grant fefte.
371. Cefte dame, quant eUe fu mariée, fi eftoit grant
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

m. LE TEMPLIER DE TYR. ig3
damoifele de .xxiiij. ans, ôc fu la plus beUe dame ni da- "69
moifele quy fuft de sa mer à fon tens, ôc efpeciaument
de vifage, Ôc fi le peus bien dire ferteinement, car je la
vis mont fovent, con fil quy fus .j. des .iiij. vaUès quy la
fervimes le premier an ; ôc fi fu mont bone dame ôc mont
fage ôc mont amohniere, ôc s'aimèrent mont, eUe ôc mon
feignor fon efpous. Et de puis elle engraffa trop hors de
raifon, ôc fembla à fon père, quy [fu] mont gras, ôc monfeignor
de Sur fi fu fi travaillé de goûte à piés ôc à mains
qu'U en fu tout desfait, car U fu mont biau chevalier ôc
moût plaiffant, ôc prodome ôc fage, ôc bien aidant chevaher
; ôc fi avoit ,j. frère quy ot nom Anfré de Monfort,
biau chevaher ôc grant, quy n'en avoit per à luy
ôc à fon tens, le quel avoit por efpoze la fille quy fu de
Johan de Yblin, feignor de Barut, quy avoit une feur
aheiné[e] d'elle, quy fu " medame de Barut. Mais je laira
ores d'eaus à parler, ôc vos diray d'autre rayffon quy
avint à Tincarnafion de ce dit an, por fivre à dreit ma
matière.
372. Vous favés coment je vos ay retrait que le roy
de France ôc le roy de Navaire ôc les anfans dou roy de
France, ôc le roy Charle Ôc meffire Odoart, fis dou roy
d'Engleterre, ôc fon frère, Ôc autres contes ôc barons
d'Engleterre Ôc d'Alemaigne ôc d'Efpaigne, s'eftoient
crufés pour paffer en la terre fainte de Surie : U s'afemblerent
tous, ôc fu lor confeU d'aler prendre Tunes, quy
eft une grant fité des Sarazins, ôc afemblerent mont de
naviUie, ôc alerent à Tunes, fi com U eiirent ordené, ôc
prirent terre fans nul contredit, ôc fe troverent de toutes
gens à chevau entor de .xix"*., ôc de gens à pié eurent
trop grant cantité, ôc de gens de mer fi ot grant naviUe
ôc grant gent; ôc entre les autres fi ot .xvij"*. Jenevés o
a. Mf fe.
c 25
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

I g4 LES GESTES DES CHIPROIS.
1269-1270 tout lor navUle, car lor entendement eftoit quy peuffent
recouvrer lor droir d'Acre.
373. Eftant enfy l'oft devant Tunes, les Sarazins lor
firent mont d'enuy ôc de contraires''j que il chevauchoient
les Sarazins, quant il faizoit grant vent, ôc la poudrière
venoit fi fort fur nos gens que Tun ne veet Tautre, ôc
avoient fait une foce entre noftre gent «5c aus que Ton
poiet aler à yaus, ôc fe nos gens à pié lor lanceent javelos
d'aubaleftres de quey Ton ofioit pareiUs, fâchés il
eftoient fi grant gent que Ton ne les poroit par tel chofe
confumer; ôc pour ce que Dieu quy conut ôc quy feit
tout Ôc que noftre gent avéent deftorné le fien fervize
de fa Terre Sainte, ôc eftoient aies où n'eftoit mie fi grant
bezoin, fi ne le voft guaires confeillier, par coy une grant
enfermeté vint en Toft, de tel manière qu'U morut mont
de gens, Ôc entre les autres morut le bon roy de France
Lois ôc le roy de Navare, Ôc Johan Triftan, fis dou roy
de France Tus dit, ôc pluffors barons ôc autres chevahers
que je ne peus treftous nomer, «5c autres quy remeftrent
en vye conurent bien que lor bezoin[e] eftoit toute deffaite.
Et eftant enfy les creftiens con je vos dis, fi com il
ploft à Dieu, le foudan de Tunes manda traiter au roy
Charle aucun acort, Ôc pour ce que autre ne fe poiet
faire, fi s'acorderent à luy pour une cantité d'aver que il
promift à doner tous les ans au roy Charle, ôc de ce lor
fift tel feùrté com il s'acorderent, Ôc dona en .j. cop de
mon[e]ée qui fu de ce que Toft avoit coufté, Ôc fe partirent
ôc repaira chafcun en fa terre ; ôc fi après vous viaus retraire
aucun[e] autre aventure quy avint en Surie.
374. En Tan de M.CC ôc LXX de Chrift, Bendocdar,
foudan de BabUoine, que volentiers pourchafoit ôc faifoit
maus as creriens, fi favet bien que meffire Phelippe
a. Mf. contraites.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

IIL LE TEMPLIER DE TYR. igf
de Monfort, feignor de Sur, efteit mont fage feignor, ôc 1270
que riens ne fe faifoit entre les creftiens de Surie que par
Ion fens, ôc faveit meïfmes coment il mandeit letres ôc
mefages as rois ôc feignors d'outremer por faire les
meuvre à venir de sa, dont le dit foudan fi le voft ocirre,
ôc pour ce il prift des Sarazins que Ton apele Haffiffes, Ôc
les vefty en abit d'ome[s] d'armes, Ôc les manda à Sur, ôc
lor comanda de tuer le dit feignor de Sur ôc le feignor
de Sayete, celuy quy la vendy au Temple, ôc quy eftoit
nevou dou feignor de Sur, car feftu feignor de Sayete, ja
foit ce que il efteet home de volenté ôc avoit maufait fes
afaires, toute fois en confeiU de fait d'armes U eftoit bien
afage ôc bien conuffant ôc prou «5c hardy ôc grant ôc fort,
Ôc por ce voft auffi le foudan quy fuft mort. Ses .ij. Haffiffes
vindrent à Sur à chevau, faint d'armes turquezes ôc
de fainture d'argent à la manière de gens d'armes farazins,
ôc vindrent droit au feignor de Sur, ôc h requiftrent
batehme. Le feignor de Sur, que de fe ne fe gardoit, fi les
fift batier, ôc à Tun mift fon nom ôc l'apela Phehppe, ôc
à Tautre le feignor de Sayete le fift batier, ôc fu fon parain,
ôc li mift fon nom Juhen; ôc le feignor de Sur retint
tous les .ij. en fon fervize come tricoples, ôc ce fia le
feignor de Sur mont à yaus, ôc toute fois fu dit au feignor
de Sur que il fe deiift garder, car le foudan pourchaffoit
fa mort ôc ly avoit mandé Haffiffes pour tuer,
dont le feignor de Sur fi refpondy que il n'en eftoit plus
feignor de Sur, ôc que fon fis en eftoit feignor, fi que le
foudan n'en avendroit ryen de luy ocirre, ôc toute fois
faiffoit il à fon vif conte fèrcher ôc conoiftre les eftranges
gens quy veneent à Sur, mais il ne fe garda mie de ces
.ij. dis que il tenoit en fon hoftel. Or avint .j. jour que
fes .ij. Haffiffes avéent pris une grant acointance à un
Surien dou levant, quy fervet le feignor de Sur, Faraifs,
c'eft afaver de efcouer ôc neteer ôc arozer d'aiguë le pa-
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

196 LES GESTES DES CHIPROIS.
1270 lais ôc la court ôc afure[r] tentes, quant U eft bezoing; ôc
ceftuy Farafs ala un jour à manger aveuc fes .ij. Haffifins,
Ôc quant il fu en lor oftel, ôc Tun d'iaus fu aie acheter
pain en la plafe ôc fu Tautre aie à la couzine, ceftuy
Parais rira .j. piUet de lor tarquais, ôc avet au tarquais .j.
coutyau oint de venim enveloupé d'un drap ; ôc par ce
connut U que U eftoient Haffifins. Et quant U furent enfemble
en la table ôc mangèrent, ceftuy Faraifs lor voloit
defcovrir tout Tafaire coment il avoit trové le dit coufriau;
ôc quant fiaus virent quy furent defcovers, fi le
gehirent lor fait, Ôc fi diftrent que U dévoient tuer de par
le foudan le feignor de Sur ôc le feignor de Sayete, ôc fi
promirent à doner .c. bezans veiUs dedens dimenche.
Et fefte chofe fu le jeufdy, ôc quant vint après, fes .ij. Haffiffms
fe penferent que s'il ne douneent les .c. bezans au
dit Faraifs le dimenche, que U les defcovreret, ôc por ce
penferent de heter lor fait fe dimenche venant ; ôc en
mUeuc, le feignor de Sayete eftoit aie fejourner à Barut,
dont Tun des .ij. Haffiffins, celuy quy fu fiUeul dou feignor
de Sayete, s'en ala à Baruth por tuer le feignor de
Sayete, Ôc l'autre remeft à Sur; ôc ordonerent que fe dimenche
venant, Tun feret fon fervize à Sur, ôc Tautre à
Barut tout en .j. jour. Ceftuy dehleau Faraifs fi tint Tafaire
fecrete " atendant à aver les .c. bezans que yaus ly avéent
promis, ôc ne le fift à faver ny à feignor ni à baiU, come
defleau ; ôc quant vint le jour dou dimenche, le Hafllfi vint
bien matin à court, ôc ala ver la chapele dou feignor, Ôc
trova meflire Phehppe de Monfort à Tavant * de fa chapele,
quy eftoit en pié, ôc parloit avé .j. fien borgois, ôc
fe Haffifi vint ver luy ôc le falua, dont le feignor fi dift
qu'U eftoit bon creftien ôc faizoit bien de venir à la meffe,
ôc fi douna deniers, por ofrir, car un[e] autre meffe eftoit
a. Mf feere. — b. Mf. len vant.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

III. LE TEMPLIER DE TYR. I97
comenfée au feignor jeune fon fis meflire Johan de Mon-1270
fort, ôc à fel[e] oure eftoit Tofrande; ôc le Haffifi prift le
denier ôc ala ofrir, ôc adons U vy que U n'en avoit en la
chapele que le jeune feignor ôc .j. chevaher foulement
quy fe nomoit GuiUaume de Pinquegny : fi fi fembla
quy poiet fon mau faire, Ôc au niffir que il fift, U s'acofta
de grant feignor meffire Phelippe de Monfort, ôc le fery
dou couriau par la tétine, ôc por ce que à cel[e] oure le
dit feignor maniet .j. aniau fien dedens fon deit ôc Tautre
main, fi ly perfa au ferir la main quy tenoit fon pis, ôc
ly laiffa le couriau, ôc mift main à fa efpée ôc entra à la
chapeUe pour tuer Tautre feignor, mais quant il fery le
grant feignor, le cop fona fi fort que le jeune feignor
quy eftoit en la chapele fiffant " fon fivre, torna fa chère
faver que ce efteit, ôc adons vy venir le Hafllfi Tefpée en
la main nue, fi que il fe bouta dedens Tautier quy avoit
une table enpainte de fains par devant, ôc eftoit entré
dedens, Ôc au bouter que le feignor jeune fift dedens
Tautier, le Haffifi lanfa Tefpée pour luy ferir fur la table
de l'aurier, ôc fe tint fi fort quy ne la poft aracher; ôc fire*
Guillaume de Pinquegni vint ôc enbrafa derier le Hafllfi
fi fort can qu'il poft, ôc dift au feignor que il yfift hors, ôc
le feignor yffi ôc le prift par les cheviaus de Tune main ôc
[de] Tautre main li voft ofter Tefpée, ôc fe trencha .ij. deis
de fa main ; ôc en fe mileuc, le grant feignor de Monfort
ifll de Tavant de fa chapele, ôc ala bellement fur fes piés
ôc s'afift fur .j. banc de piere devant Tentrée de fà chambre,
ôc feluy qui parleit à luy fi fe leva ôc jeta le cry à fergens
que tantoft montèrent lamont ôc alerent vers le grant
Teignor quy lor dift : ce Aies ayder mon fis à la chapele,
que le Sarazin le tue ! JJ Et tous coururent à la chapele, ôc
tant toft tuèrent le Haffifi, ôc délivrèrent le jeune Teignor
a. Mf liffeit. — b. Mf. f. guillaume.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

ig8 LES GESTES DES CHIPROIS.
1270 de Sur quy vint vers fon père, ôc le père ovry les ziaus
ôc le vy fain ôc fauf, fi leva fes .ij. mains ver le fiel, merfiant
Dieu fans parler plus, ôc Tarme h party ôc fu mort ;
ôc le Haffifi fu mort come U fb. Si fu trainé ôc pendu,
ôc tantoft fu mandé à Baruth une barque par mer, ôc par
terre .j. tricople faire afaver au feignor de Sayete quy fé
gardaft dou Hafllfi ôc prendre le, mais fi toft com le
Haffifi oy parole de ce, fi monta fur fa befte, ôc fe foy as
Sarazins, Ôc fu fauf, car U n'en avéent guene à aler des
creftiens as Sarazins; ôc le dehleau dou Tarais, quant il vy
le fait fi avenir, fi fe deftorna là où nul[e] arme ne favoit
rien de fon fait, ôc por ce fu aparfeu quant U fu demandé,
fi que U fu quis, Ôc après ôc fu mis en gehine, ôc confefa
ce qu'il en faveit, don la lengue h fu traite defous le
monton ôc la main deftre taUlée, ôc tray né ôc pendu.
Le feignor de Sur fu entêté à la mère yghfe de Sur quy
a nom Sainte Crus, don la creftienté en refut grant damage.
Or lairons à parler de luy, que Dieu en ait Tame,
ôc vous diray un[e] autre rayfon.
375". Et en feftu meymes an, damoifele Marie, ante
dou roy Hugue de Lezigniau, quant elle vit que fon
nevou le roy Hugue ce fu fait roy ôc encourouné dou
royaume de Jérufalem, fi con je vos ay dit, ôc qu'ele fift
mètre débat par clerc ôc .j. notaire, fi con je le vos ay
devifé fi avant, elle fe parti d'Acre, ôc ala à la court de
Rome, ôc fé plainft au pape dou dit roy Hugue. Et fu
pape Grégoire, dont le pape Ôc fa court entendyrent fa
raizon, mais en ce mileuc que fa requefte duroit, la dite
damoifele Marie s'acofta au roy Charle ôc trayta ôc pourchaffa
o luy que eUe ly fift don de fon droit ôc de fa
raizon, ôc le roy Charle adons ly fu en aye, quant que
U poft, ôc quant la queftion fu condute à fe qu'ele dut,
Ôc que fentence fe dut doner, eUe fe douna par le pape
ôc par fa court coment la dite damoyffele Marie eftoit
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

m. LE TEMPLIER DE TYR. igg
plus droit heir dou royaume de Jérufalem ôc que le roy 1270-1271
Hugue n'eftoit, ôc fu confermé par le pape ôc par fa
court le don que la dite damoifele Marie avoit fait au
roy Charle de fon droit, que le requeroit dou royaume
de Jérufalem, ôc le roy Charle douna à la dite damoifele
une cantité de monoie chafcun an à fence fur fa terre en
Franfé, mais après .j. tens il afena en fa terre " en PoiUe.
376. En Tan de M ôc ce ôc LXXI de Tincarnafion de
Crift, à .xviij. jours du mois de février, Bendocdar, foudan
de Babiloine, afega le chafteau dou Crac, quy fu de
TOfpitau de Saint Johan de Jérufalem, Ôc le prift à fiance
à .viij. jors d'avril, fauve lor vies. Et en fel an meymes,
à .ix. jours de may, ariva à Acre monfeignor Odoart, fis
dou roy d'Engleterre, que en fon veage ot moût de tempefte
de mer, que .j. fifon fery en fa nave que poy ne la
nea; ôc amena fà feme o luy, ôc vint le conte deBretaine,
ôc au mes de fetembre, vint à Acre meflire Arniot, frère
de meflire Odoart. Et en fe dit an afega Bendocdar, foudan
de Babiloine, Gebelacar, quy eftoit dou prince d'Antioche,
ôc le prift à fiance.
377. En ce dit an, vos diray une autre aventure, que
le foudan fift armer .xj. guallées de Sarazins, ôc les manda
pour damage faire en Chipre, ôc quant U vindrent as
aiguës de Limeffon, elles eftraquerent ôc brizerent toutes
par faute de pedot par la volenté de Dieu, ôc non par
autre rayfon, car il eftoit grant bounafe ôc de vent Ôc de
mer, ôc furent tous pris efclas, ôc .ij. guallées efchaperent
ôc alerent e[n] Alixandre, ôc s'enfi ne fuft avenu, U eiiffent
deftrut Limefon ôc autres leus de Chipre.
378. En cel an, afega le foudan Monfort des Alemans,
.j. chaftyau bien près d'Acre, ôc le prift à .xij. jours dou
mois de jun à fiance, fauve lor vies, ôc à .xvj. jours de
a. Le mf. répète en fa terre.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

200 LES GESTES DES CHIPROIS.
1271-1272 gunet mena les gens devant Acre, ôc les laiffa aler ; Ôc
feluy jour la gent d'Acre fi furent tous as armes pour
défendre la terre, Ôc adons meffire Odoart vy Toft dou
foudan ôc fon grant poier, ôc conut bien que il n'en
avoit pas gens de combatte au foudan, ôc por ce n'en
oza nul des creftiens yffir à luy, ôc Tendemain fé parri
le foudan, ôc ala en BabUoine.
37g. Et de puis meflire Odoart fift une chevauchée, ôc
ala brifer unfe) riche cauzau quy a nom Saint Jorge, qui
eft près d'Acre à .iij. hues, ôc furent o luy Temple ôc
Ofpitau, ôc Tautre gent d'Acre, ôc ce fu à Tiffue de gunet
quy faifet mont grant chaut, ôc brizerent le dit cazau ôc
tuèrent mont de Sarazins, ôc firent grant guain, mais de
noftre gent y morut acés par chaifon dou miel d'abeiUe
ôc d'autre chofes quy mangèrent, fi con ge[n]s à pié fon[t]
ufés de faire, fi que il moreent par le chemin ôc pour le
chaut ôc pour le travaiU ôc pour les viandes chaudes qu'U
avéent mangé.
380. Le roy Hugue de Jérufalem ôc de Chipre pafa
de Chipre à Acre, ôc fift grant henor à meffire Odoart,
ôc orent grant amor enfemble, ôc aufi meymes i vint
Baymont, prince d'Antioche ôc conte de Triple, quy eftoit
couzin germain dou roy Hugue de Lezigniau, nés de .ij.
frères, mais le prince demoura poy à Acre, ôc fe party
ôc ala à Triple en fon païs.
381. A .xxuij. jours dou mois de novembre dou dit
an, monfeignor Odoart ôc le roy Hugue ôc la chevalerie
de Chipre ôc d'Acre, ôc le Temple ôc Ofpitau alerent
brizer .j. cazau quy a non Cacon, qui eft en la terre de
Sezaire loins d'Acre .xij. hues ôc plus, ôc firent grant damage
à Sarazins ôc gaignerent .ij. herberges de Turquemans,
ôc tuèrent Sarazins afés ôc prirent beftiaU gros ôc
menu .xij"^., ôc afegerent aucuns Sarazins dedens une
tour quy eft à Caco mont fort environée de focés plains
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

III. LÉ TEMPLIER DE TYR. 201
d'aiguë, ôc bien Teiiffent prife, mais nos gens doutèrent 1272-1273
de trop demorer pour le cry quy eftoit par la terre, ôc [l]à
Sarazins eftoient ja afemblés de toutes pars, dont noftre
gent fe partirent ôc vindrent à Acre à tout lor guain fain
ôc fauf
382. Or vos diray fe quy avint à monfeignor Odoart :
il avint que .j. Sarazin home d'arme fe vint barier à Acre,
ôc meflire Odoart le fift faire creftien, ôc le rint de fon
hofteT Ceftu fi fift atendant à meffire Odoart que U yroit
efpier les Sarazins là où Ton lor poroit maufaire, ôc avoit
ja fait ce fervize aucune fés; ôc par luy alerent nos gens
à Saint Jorge ôc à Caco, dont meffire Odouart fe fia tant
en luy, que il comanda que U ne fuft défendu de parler
à ly ni de jour ni de nut. Si que il avint une nut que il
vint à la chambre où monfeignor Odoart ce dormoit o
la raine, ôc mena o luy le durgeman, Ôc fift entendant que
il venoit d'efpier ôc voloit parler à monfeignor Odoart,
fi que monfeignor ly ovry fa chambre il meïfmes, veftu
foulement en chemife ôc braie, ôc le Sarazin s'acofta à luy
ôc le fery d'un couriau fur la hanche, quy ly fift un[e]
parfonde plaie ôc perelyoufe, Ôc meffire Odoart fe fenty
féru ôc le fery .j. cop dou poin, par mi le temple, quy
l'abaty eftordi à terre une pieffe, ôc puis prift .j. coutiau
de table quy eftoit en la chambre, ôc le fery en la tefte
ôc Tocift. Le cri fe leva entre la mahnée, ôc virent lor
feignor féru, ôc jetèrent le cry par la ville d'Acre, dont les
feignors s'afemblerent là ôc firent venir tous les mieges
ôc efclas quy li fuferent fa plaie ôc en traïftrent le venim,
dont il fu bien guary, la mercy Dieu, ôc fe party à .xxij.
jors de fetembre, ôc ala outremer en fa terre.
383. Et quant vint Tan de l'incarnafion de Crift M.CC
ôc LXXIII, frère Thomas Berart, maiftre dou Temple, fi
morut, Ôc fu fait maiftre frère Guillaume de Biaujeu, quy
fu mont gentU home, parent dou roy de France, ôc fi fu
c 26
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

202 LES GESTES DES CHIPROIS.
1273-1276 mont large ôc lyberal en mont de rayfons ôc mont amonier,
dont U fu moût renomé, ôc fu le Temple à fon tens
moût henoré ôc redouté, ôc quant il fu fait maiftre, il
eftoit en PoiUe comandour, ôc demoura outremer .ij. ans,
vifita toutes les mayfons dou Temple au royaume de
France ôc d'Engleterre ôc d'Efpaigne, ôc amafa grant trezor
ôc vint à Acre.
384. En Tan de M.CC ôc Lxxnil, au mois de may, fi
fu le confeU dou pape à Lion fur le Rofne ", ôc furent
adons defpofés les Frères du Sac * ôc les Frères Apoftles
ôc autres refigions.
38f. Et en Tan de M. ôc ce ôc LXXV de Crift, le prince
Beymont que Ton difoit le Biau Prince morut, ôc fu fait
prince fon fis, quy fu aufi nomé Baymont, ôc ce fu ceftuy
le fin de tous les princes d'Anrioche ôc contes de Triple,
mais il avoit une féur quy eftoit en PoiUe mariée à meffire
Narguo de Toufi, amiraiU de Poille, ôc fy avoit fa
mère quy eftoit feur dou roy d'Ermenie. Ceftu dit Beymont,
pour ce que U eftoit moût jeune, fa mère fift venir à
Triple .j. parlât quy eftoit vefque de Tourtouze ôc vicaire
dou patriarche d'Anrioche, qui avoit nom Bercheleme
ôc fu nés d'Antioche, mont grant clerc. A feftu dona la
princeffe, mère dou prince, tout fon poier, ôc le fift governeor
de Triple, fi que les chevaliers eurent à grant
defdain d'eftre governés par clerc, ôc toute fois le foufryrent
ôc ne firent femblant. Et quant ores, je ne vos
diray plus de lor fait, ains vous diray d'autre rayfon.
386. Et en Tan de M.CC ôc LXXVI, à .xxvj. jours dou
mois de mars, Bendocdar, foudan de Babiloine, niffy o
tout fon hoft de Babiloine, ôc ala en Ermenie, Ôc là corut
ôc deftruft ôc mift à Tefpée ôc tous fiaus qu'U atainft ^
387. Et en fé dit an, meflire Guillaume de Rozelon vint
a. Mf. règne. — b. Mf. dofac. — c. Mf. que la taift.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

III. LE TEMPLIER DE TYR. 203
à Acre au mois de huytovre ôc amena gens à chevau ôc 1276
à pié de par le roy de France, ôc fu lor cheveteine.
388. Et en ce dit an, morut pape Grégoire, ôc fu fait
pape Clymens quint, ôc en fe dit an, à .xxviij. jors de gun,
fu neé devant Sur meflire Henry dou prince, qui fu père
dou roy Hugue, roy de Jérufalem ôc de Chipre, fi come
il venoit en une nave des Alemans, ôc aloit à Triple, Ôc
la nave fery en une roche Ôc briza, ôc le dit meffire Henry
fu trait de la mer ôc porté dedens Sur à fa fille, quy eftoit
dame de Sur, feme de Johan de Monfort, feignor de Sur
ôc dou Toron, qui le firent enterrer à TOfpitau de Saint
Johan.
38g. Et en ce dit an meïfmes, morut pape Clemens
quint, ôc fu fait pape Andrian quy morut Tan meymes;
mais je vous veul devizer une grant riote quy avint en
Surie en fe dit an meïfmes.
3go. Vous avés oy coument la princeffe, mère dou
prinfe Tenfant, fift venir le vefque de Tourtoufe, ôc le fift
gouverneor de Triple.^ Or aveit en fon tens un feignor
de Giblet, quy avoit nom Guy ôc eftoit fis de la feur dou
feignor de Baruth, Johan de Yblin le jeune, que mort
eftoit ; fi fe faizoit apeler le feignor de Giblet Guy de
Ybhn, mais U fu eftrait de la fité de Jeune dou figniage
quy fe dit Enbriac ôc de GuiUaume TEnbriac quy fu fire
de Giblet, ôc de la feur dou prinfe fu fon comenfement ;
ôc por ce que feluy prince «5c cefte foue feur fu eftrait de
fiaus des baus quy o[n]t lor armes à eftele, tous les feignors
de Giblet ôc lor finnyage portent lor armes à eftele.
3g I. Ceftu feignor de Giblet avoit grant amor, ôc fe
novyau prinfe fon feignor, ôc avoit pour efpouze fa couzine
jermaine dou prince, quy eftoit fille dou feignor de
Seete, que mors eftoit, Jufien, ôc fu ce feignor de Giblet
mont bel home de grant manière, car il fu grant ôc bien
menbru Ôc blanc ôc blond ôc vair ôc couloury d'une vive
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

204 LES GESTES DES CHIPROIS.
1276 coulour, ÔC prou ôc hardy, mais U fu un poy eftout ôc de
volenté, ôc avoit .ij. frères : .j. chevalier qui ot nom fire Johan,
quy fu aufi mont biau chevalier, ôc Tautre fu vallet,
qui ot nom Baudinet. Dont il avint que fé feignor de
Giblet prya le prince de otroer à fon frère le mariage
d'une damoifele quy avoit .j. grant fié de par fon père
meffire Hugue Salamon, ôc le ly otrea, dont le vefque de
Tortoufe, qui avoit .ij. fiens nevous, voft aver la dite damoyfele
pour .j. fien nevou ôc converty tant le prince,
quy h otroia; ôc quant le feignor de Giblet fènty le fait,
fi ala tant toft ôc ferma le mariage de la dite damoyfèle
à fon frère, de quey le prince ôc le vefque furent mont
courofés vers luy, ôc fe partirent de Triple le feignor de
Giblet, ôc fon frère, ôc alerent à Giblet ; [ôc le feignor de
Giblet] ala à Acre ôc fe fift confrère dou Temple, ôc eiit
grant amifté au maiftre frère GuUlaume de Biaujeu, quy
ly promift de luy aider de quant que il porra, ôc tourna
le feignor de Giblet à Giblet, ôc fè mift à ufer dou fié
ôc des rentes que fon frère avoit pris en mariage, dont
le prinfe ne le voft foufrir, «5c fe mut enfi le contens entriaus,
ja foit fe que il avoit autre achayfon par anfienes
haynes.
3g2. U avint que le feignor de Giblet ala esforcéement,
ôc prift par force de la terre de fon frère fe que il en poft
aver, dont le prinfe fu mont couroufé ôc le fift femondre
par court, fi que le feignor de Giblet ala à Acre ôc parla au
maiftre dou Temple, qui li dona .xxx. frères qu'i[l] mena
o luy à Giblet, ôc adons guerroia le prince en aparant,
ôc ly fift plufors damages en fa terre, dont le prinfe fift
abatre la maiffon dou Temple de Triple, ôc le bois dou
Temple quy a nom Moncucu; ôc quant le maiftre dou
Temple Te[n]tendy, fi arma guallées «5c autres vaufiaus, ôc
ala à Giblet ôc mena o luy .j. grant covent de frères, ôc
vint de Giblet à Triple ôc Taféga pluzors jours, dont ne
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

m. LE TEMPLIER DE TYR. 205"
fù nul quy nilïft contre luy ni à chevau ni à pié, ains 1276
gardèrent les murs de la viUe, dont le maiftre ôc fa gent
parrirent ôc retornerent à Giblet, ôc en lor chemin fift le
maiftre abatre .j. grant maner, quy eftoit à Boutron, que
Ton Tapelet le Chaftiau, ôc alerent les Temphers afeger
Nefin, un chaftiau dou prinfe fur mer, mont fort; ôc avint
chofe que .j. jour .xij. frères ôc .j. chevaher fécuher qui
ot nom Pol de la Teffaha, s'enbarirent à cors de chevaus
dedens Nefin par my la porte, mais le[s] fergans furent fur
la porte en haut ôc valerent la porte clofe, ôc furent enfi
pris, ja foit fe que dedens le chaftiau meïfmes U ne fe
voftrent rendre que à fiance, fauve lor vies, dont il furent
pris ôc mis en prifon, Ôc puis furent mandés à Triple; le
prince les rint en fa prifon dedens fa court.
3g3. Le maiftre parri de Giblet, ôc vint à Acre, ôc laiffa
.xxx. frères au feignor de Giblet ôc lor chevetaine qui ot
nom frère Mafé Goulart, ôc depuis que le maiftre party,
le prince fift .j. hoft de gens à chevau ôc à pié, ôc vint
pour afeger Giblet ; mais quant U fù entre le Boutron ôc
le Pié dou coneftable, novelles ly vindrent que fiaus de
Giblet eftoient nyfus, fi que le prince ot confeiU que fon
cors ne deuft aler, ôc de feluy leuc torna à Triple, ôc
manda fa gent encontre fiaus de Giblet, ôc fiaus de
Giblet eftoyent yffus à .xxx. frères ôc chevaliers ôc valès
ôc tricoples, tant quU furent bien .c. à chevau fans les
efcuers, ôc la gent à pié de Triple furent plus de .ij*^. à
chevau ôc grant gent à pié ôc lor efcuer, ôc s'enbatirent
les uns as autres, ôc en la fin fiaus de Triple furent defconfis
malement, ôc fù pris Raimont, frère dou prince de
bas, Ôc fire Manfél, nevou dou vefque de Tourtouze qui
ot .ij. cos d'efpée en fa chère, ôc fi ot taiUé la tefte de
fire Rogier de la Colée, chevaher, ôc ot taiUé la tefte
fire Guillaume Trabuc, fis dou marefchau de Triple, ôc
autres y ot mors ôc pris que je ne fay nomer, ôc fii mon
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

206 LES GESTES DES CHIPROIS.
1276-1278 meffire Balian, feignor de Sayete, fis de fire Jufien, frerc
de la feme dou feignor de Giblet ôc coufin jermain dou
prince, ôc morut eftaint, fi come il eftoit à pié, ôc fé defàrmet,
ôc Toverture fe trova clofé fur la chère de fà curace,
ôc fu trové la tefte dedens la curaffe, ôc morut, «Se
le fane fi niffoit dou nés, «5c après fefte bataiUe fu fait
triue entre le prince ôc le feignor de Giblet à .j. an.
3g4. L'incarnafion de Noftre Seignor Jehfu Crift M ôc
ce ôc Lxxvil, fu fait pape Johan ; à .xij. jours dou mois
de may dou dit an, morut le dit pape Nicole en novenbre,
le jour de la fefte de Sainte Cateline.
3g5'. En ce dit an, avint que Bendocdar, foudan de
Babiloine, ala à Tatars ôc le combaty à yaus ôc fu defconfit
malement, ôc perdy mont de fa gent ôc repaira en
BabUoine.
3g6. Et en Tan de Crift M.CC.LXXVIII, au mois de
gunet, le roy Hugue de Jérufalem ôc de Chipre fe parti
d'Acre ôc abandouna la feignorie, ôc ne voft que de luy
j eùft nul gouvernement, ôc manda lettres au pape coment
il ne poiet plus gouverner la terre por le Temple ôc TOfpitau,
ôc s'en ala en Chipre, ôc ce fift il par coverture
pour ce qu'il avoit entendu que s'ante damoifele Marie
quy fi chanlongoit le royaume de Jérufalem à la court
dou pape, ôc que celle avoit fait don au roy Charle de
fa raifon, ôc que le roy Charle mandoit le conte Rogier
de Saint Sevrin à Acre de par luy pour faiffir le royaume,
ôc le roy ne fe voft trover à Acre.
3g7. Et de puis que le roy fu en Chipre, U manda en
fon leuc baUl meffire Balian, feignor d'Arfur.
3g8. En ce dit an, au mois «de fetembre, vint à Acre
le conte de Saint Sevry, conte de Marfeille, de par le roy
Charle en .vj. guaUées, ôc porta letres dou pape ôc dou
roy Charle ôc damoifele Marie, coment damoifele Marie
avoit guaigné le royaume de Jérufalem par la fentenfe
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III. LE TEMPLIER DE TYR. 207
de la court de Rome ôc avoit doné fon droit au roy 1278-1279
Charle, ôc que Ton Teiift pour roy de Jérufalem ôc feignor;
il furent leuiies les letres, oyant tout le peuple, ôc
fe party dou chaftiau Bahan de Ybhn, feignor d'Arfur,
ôc guerpy le baillage, ôc le conte Rogier s'afift o chaftiau,
ôc fe herberga dedens. Le dit conte fift grant femblant
d'aler à Sur ; mais le comun de Veneyfe voft aufi aler
pour lor rayfon aver, dont il furent en riote, mais meffire
Johan de Monfort, feignor de Sur ôc dou Toron, pourchaffa
que le baill de Veneize, Aubert Morifin, vint au
Cazal Inbert ôc s'acorda à ly, ôc rendy à Venefiens fe qu'il
avéent de dreit à Sur.
3gg. A M ôc ce ôc LXXIX de Tincarnafion de Crift,
le maiftre dou Temple, quant la triue failly de luy au
prinfe, il fift armer .xiij. guallées, ôc les manda à Giblet,
Ôc plufors frères alerent dedens ôc furent à un fort cazau
don prinfe, quy a nom Dôme, ôc fe combatirent as chevaliers
dou prince, Ôc les defconfirent, ôc en ot aucuns
mors ; ôc alerent les guallées dou Temple devant Triple,
ôc avint que mautens fe mift, quy fift ferir à terre .m. gualées
vers Nefin, mais la gent dou Temple ôc de Giblet,
quy avoient afegé Nefin, guaretirent les homes des gualées.
400. Après fe le prince fift armer .xv. gualées ôc les
manda à Sayete, quy eft fité dou Temple, «5c roberent Ôc
damagerent une yhle, quy eft la devant, ôc prirent aucuns
frères Ôc lor mehnée, ôc retornerent à Triple atout lor
guaign. , , ,,
401. En cel an, vint à Sur le roy Hugue de Jérufalem
ôc de Chipre, ôc amena o luy grant gent à chevau ôc à
pié, cuydant recovrer Acre, mais ne poft riens faire pour
ce que le maiftre dou Temple h fu contraire, ôc s'en tourna
en Chipre ôc fift abatre la mayfon dou Temple à Limeffon,
ôc arefta tous lor biens en Chipre.
402. Et en ce dit an, le maiftre de TOfpitau, frère Hugue
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2o8 LES GESTES DES CHIPROIS.
'279 Revel morut, ôc fu fait maiftre frère Nicole le Lorgne, quy
ala à Triple ôc fift pais entre le prinfe ôc le Temple, à .xvj.
jours de jugneit ; mais je vos diray une beUe aventure quy
avint à la creftienté.
403. Et en fe dit an, [an] Tyfue d'eutoubre, frères de
TOfpitau dou Marguat firent une chevauchée fur Sarazins
de hors, ôc lor firent grant damage, car il troverent la
terre guarnie "", ôc firent grant guain de beftial ôc d'autre,
ôc fi come il retornerent à Marguat, pacerent par Chaftiaublanc,
fi que .ij. herberges de Turquemans ôc plufors
Turs de Babiloine s'afemblerent, ôc firent bien .v'". homes
à chevau ôc plufours à pié, ôc vindrent après l[es] OfpitaUiers
jufques à Mareclée ôc les hafterent mont; dont
les Ofpitalliers fi tornerent à yaus, quy ne furent que .ij"^.
homes à chevau, ôc defconfirent les Sarazins, ôc tuèrent
grant cantité ôc firent grant guain, ôc retornerent à Marguat,
ôc, la Dieu mercy, il ne perdirent que .j. foui frère
fergant.
404. Il avint en fe dit an meïmes que Bendocdar, foudan
de Babiloine, à mont grant hoft ôc ala contre Tatars
jufques as Aiguës Froydes, ôc paffa Taigue en cefte manière
que il dift à fes amiraus : « Qiii m'a[i]nt fi me foie * ! JJ ôc
s'en lanfa lor veant à toute fà befte au flum, ôc paffa à
noe de Tautre part, ôc les amiraus ôc tout les autres, veant
cefi, fe lanferent après ôc pafferent outre, ôc fi ot tant neés
homes ôc beftes que les uns paffent fur les mors ', ôc trova
les pons tous labourés que Tatars avee[n]t fais pour lor
pafer, ôc n'eftoient pas mis, mais le foudan les fift mètre ôc
paferent tout fon hoft, ôc chevaucha .ij. journées; ôc au
tiers jor furprift une herberge des Tatars, quy furent bien
.XX'"., ôc ne fé preneent guarde ; ôc lor corut deffus, ôc en
ocift la plus grant parrie, ôc guaigna toute felle herberge,
a. Le mf. ajoute Se firent garnie. — b. Mf. foie. — c. Mf. murs.
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III. LE TEMPLIER DE TYR. 2o9
ÔC fe repaira ôc paffa les pons, ôc puis les fift desfaire, ôc 1279
fe vint à Domas, ôc là le prift une maladie fubitement
dont U morut, ôc dient qu'U fu enpoiffoné, ôc fu fait fon
fis foudan après luy ; fu noumé Melec el Sahit.
40f. En la painime avoit .j. grant miraiU, qui fe nomoit
Lelfi ; ceftu fi fu fage, ôc defenuza mont le foudan,
quy morut, Bendocdar, ôc ceftu ot une fille, la quele U
douna pour feme à ceftu novyau foudan Melec el Sahit,
mais il avint que dedens poy de jours feftu novyau foudan
Melec el Sahit morut en Babiloine ôc fu porté, à Domas
ôc enteré près dou moniment de fon père Bendocdar,
Ôc ceftu grant amiraiU Lelfi fe fift foudan, ôc prift .j.
garfon, frère de feftu Melec el Sahit, ôc fis de Bendocdar,
quy avoit nom Haute, ôc le manda en Coftantinople en
effil; feftu dit Melec el Sahit .j. fien oncle, frère de fa
mère, Tocift, quy avoit nom Beidera, qu'U cuyda eftre
foudan.
406. Et en fe dit an de Tincarnafion de Crift, avint une
belle aventure à creftiens, quy avint au chaftiau de Marguat,
quy eftoit de TOfpitau de Saint Johan de Jérufalem,
s'eft afaver que les Sarazins de fêles contrées s'afemblerent
de toutes pars, quy furent entor de .vij"^. homes à chevau
ôc pluiffors gens à pié, ôc vindrent à penféement aufi com
pour afeger le chaftiau de Marguat, ôc donnèrent afaus au
dit chaftiau, ôc gafterent la terre d'entor Ôc firent tous les
maus que U porent faire. Dont il avint que les frères de
TOfpitau quy eftoient dedens le dit chaftiau de Margat,
nifirent à yaus ôc frire[n]t dedens Toft des Sarazins, «5c
tant firent d'armes que o Taye de Dieu defconfirent les
Sarazins ôc en tuèrent afés, ôc guaignerent mont de beftes
chevahnes (5c d'autre[s], harneis ôc autres chofes-, ôc fâchés
que en fèft hoft avoit mont de Turs, gens d'avantage ôc
bien adurés d'armes, quy eftoient venus des chaftiaus, ôc
les autres eftoient Turquemans ôc autres Sarazins, ôc les
c a7
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

2IO LES GESTES DES CHIPROIS.
1279-1282 Ofpitahers ne furent que .vj^ à chevau, ôc ne perdirent
que .xij. fergans ôc .j. fi*ere, la mercy de Dieu.
407. En Tan de M ôc ce ôc LXXXI de Tincarnafion de
Crift, les Tatars nyffirent de lor terres Ôc pafferent les
Aygues Froides à mont grant hoft ôc coururent la terre
de Halape ôc de Haman ôc de La Chemele, ôc là s'arefterent
ôc firent grant damage as Sarazins, ôc en tuèrent
afés, ôc fu le roy d'Ermenie aveuc yaus ôc aucuns chevaliers
frans de Surie.
408. Quant le foudan Melec el Monfour entendy fefte
novelle, fi afembla tout fe que il poft aver de gens à chevau
ôc à pié, tant qu'il furent .Ixxx"*. homes à chevau ôc
entor de .c"*. perffones à pié, ôc yffi de BabUoine, ôc vint
à La Chemele, ôc trova les Tatars, ôc fe combaty à yaus
à .XV. jours de fetembre devant La Chemele. Le chevetaine
des Tatars fi ot nom Manguodamor,

III. LE TEMPLIER DE TYR. 211
vau .xxv., ÔC gens à pié bien .iiij^, ôc vint à Triple ôc ariva 1282
entre la mayfon dou Temple ôc les Frères P[r]echours, ôc
defendy entre luy ôc fa gent ôc les chevaus, ôc puis fift
esfondrer la guaUée ôc la grant faitie, ôc laiffa la perite
enriere, ôc s'en ala au Temple ôc demanda le coumandour
frère Renddecuer, ôc il n'y eftoit pas, dont il fu mont mefcoragés,
ôc s'en party «5c ala vers Toftel dou prince, ôc
manda .j. chevaher Pol Teffaha querre le bezoign de la
guallée, Ôc feluy Pol fé mift au colonbet ôc .iiij. banieres,
ôc s'en fuy à Barut. Le feignor de Giblet fu à Toftel dou
prince, ôc vit que le bezoing de la gualée ôc feluy Pol
[qui] fé mift au cou[lombet] ne venoit, ôc que la gent
Tavoient fentu ôc eftoient yfus armés ôc venoit au cry, ôc
de fiaus de s'amifté (ôc) ne vy nul venir, fi fu de tout
mefcouragé, Ôc fe party Ôc ala dedens TOfpitau de Saint
Johan, qui eft juignant dou mur de la viUe, ôc avoit une
porte par laquele il s'en poieit yffir, mais il fu fi efperdu
qui fe mift dedens la tour ôc fa gent o luy.
410. Le prince quy fe dormoit s'efviUa, ôc s'arma ôc
vint à TOfpitau ôc fa gent, Ôc afega la tour, le feignor
de Giblet ôc fes chevaliers, dont le comandour de TOfpitau
fu mancier, ôc fi fift .j. acort entre yaus que le feignor
de Giblet feroit .v. ans en prifon dou prince, ôc fes .ij.
frères ôc toute fa gent, ôc après les .v. ans le devoit délivrer
ôc rendre ly fa terre; ôc ly jura le prince fur la fainte
évangile de Dieu : mais le prince, puis que il les ot en
fon poier, fi fift crever les ziaus à tous fiaus quy eftoient
Jenevés ôc eftrangiers, mais ces que furent " de Giblet,
n'en orent mau por ce que U eftoient fes homes, ôc lor
covint venir par force, ôc le feignor de Giblet Ôc fes .ij.
frères ôc lor couzin Guillaume de Giblet ôc Andrey de
Clapiere, le prince les manda à Nefin ôc les fift mètre
a. Mf. firent
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

212 LES GESTES DES CHIPROIS.
1282 en une foce ôc mafouner ôc clore les dedens, ôc morurent
de fain.
411. Cefte novele fu feiie par tout, dont mon feignor
Johan de Monfort, feignor de Sur ôc dou Toron, pieftant
chevaucha, ôc fa gent o luy, ôc ala à Baruth ôc manda
une guallée quy eftoit à Sur de Jenevés de fire Papon
Mallon à Giblet; mais fi toft con mon feignor de Sur fu
à Barut, ôc cuyda mètre confeiU de défendre Giblet; fêle
nuit fu veu fur les murs de Giblet le feue dou luminaire
quy faiffeent de la ville quy eftoit rendue à la gent dou
prince, ôc fu la dite guaUée fi près que U oyrent crier le
los dou prinfe, ôc retourna à Sur, ôc mon feignor de Sur
s'en torna à Sur.
412. Les Pifans d'Acre fi firent mont grant fefte de
la prife dou feignor de Giblet, ôc firent grant lumynaire
par la rue ôc fur lor maifons, ôc tronbes ôc chalemiaus ôc
nacares ôc mont d'eftrument, ôc firent danfes ôc beveries ôc
autres feftes de pluifors manières, ôcveftirent .j. home richement
de belle robe, fainture d'argent ôc efpée argentée,
ôc Taciftrent en une chayere ôc le contrefirent au prince,
ôc avoit fergans devant, ôc prirent un home grant de perfone
ôc le veftirent d'unes efpauheres ôc .j. mantiau forré
de bone forrure de vair fur ly ôc le contrefirent au feignor
de Giblet, ôc le fayffoient prendre as fergans, ôc mener
devant le prince, ôc s'agenoilla par devant luy, ôc le prince
ly difoit : cr Guy de Yblin, me connus tu ? ne fuy je le
prince, ton feignor ? » Et feluy refpondy : cr Oïl, fire. JJ
Et puis li difoit : ce Je te feray morir come traître. >> Et
enffi le firent celle nuit .iij. fois ou .iiij.
413. La nuit que Pifans fayfoient cefte fefte, fire Thomas
Efpine, quy eftoit de la cité de Jeune .j. grant home
ôc de grant lignage, fi eftoit à Acre pour aucune bezoigne,
ôc eftoit hetbergé à TOfpitau de Saint Johan, «5c vy le luminaire
ôc la fefte que Pifans faifoient pour le feignor de
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III. LE TEMPLIER DE TYR. 213
Giblet, dont ill ot grant defpit ; ôc proumift ôc jura que 1282
fe il aloit en Jene, quy lor feroit damage en quanque
U poiet, ôc fâchés que enfi le fift U, car U fu feluy que
plus atiffa ôc confeiUa encontre Pife, de quei les Piffans
refurent grant damage, com U fu feii après, ôc il fu celuy
quy primier lor fift damage, fi com vos Tentenderés fi
après en fe livre ; mais je larais ores à parler de ce, ôc
vos dirais aucun[e]s aventures quy vindrent en fe dit an
de M ôc CC «5c LXXXII de Tincarnafion de Crift.
414. U avint que le roy d'Aragon fift armer, xxx. guallées
ôc .iiij. faities, ôc fu fon entendement d'aler en Grefe
faire aucun aqueft, ôc fe meïfmes entendement U avoit
d'aler fur le grant roy Charle, mais n'en avoit encores
nul femblant moftré.
41 y. L'enperour de Coftantinople Palilogue qiîy avoit
tous jours fous pité ôc paour que Frans ne ly veniffent
fus, fi avoit porté les oreiUes là, ôc quant il entendi l'armement
dou roy d'Aragone, fi eiit efpié fon entendement,
fi manda de par luy .j. mefage au roy d'Aragon, ôc fu le
mefage au roy d'Aragon .j. bourgois de Jene quy ot nom
s[ire] Benêt Zaquerie, ôc traita ôc pourchafa Tacort entr'iaus
pour une cantité d'aver que le dit empereor manda
au roy d'Aragon ; ôc fire Benêt Zaquerye fi porta après,
ôc fe retint d'aler en Grefe, ôc quant le roy d'Aragon eut
Taver Ôc les guallées toutes aparaiUies, fi enprift d'aler
en SeziUe, Ôc manda en Palerme porchaffer de révéler
la terre, dont il avint que Tendemain de Pafques fe révéla
Palerme contre le roy Charle, ôc au mes de may fu révélé
Mefine, ôc tuèrent mont de gent d'outre les mons.
416. Le roy Charle fur fe fift une grant armée, ôc mena
chevaliers ôc autres gens à chevau ôc à pié o luy, ôc ala
devant Mefine ôc Tafega, ôc fiaus de Mefine yffirent ôc depeferent
ôc taUlerent les vignes ôc les jardins, veant le roy
Charle; ôc quant il vy que fiaus de Mefine meymes def-
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

214 ^^^ GESTES DES CHIPROIS.
1282-1283 trueent tout, fi s'en party pour ce qu'U ne voloit pas le(s)
deftruement dou païs, car il avoit entendement de recovrer
Tafainement.
417. Et quant vint au mois d'aouft, le roy d'Aragon
vint en Palerme, ôc amena .xxiuj. gualées ôc fairies, ôc fiaus
de Palerme le refurent volentiers, ôc puis vint à Mefine.
Siaus de Mefine le refurent à grant henor, ôc le tindrent
au roy Ôc au feignor. En après U manda querre fa feme,
quy ot nom Coftance, qui fu flUe dou roy Manfré ; de
par elle fe tenoit droit heir dou royaume de SeziUe, mais
je vos lairay à parler de fe, ôc fi vos diray d'autre rayfon.
418. Vous favés coment je vos ay dit quele roy Charle
avoit la feignorie dou royaume de Jérufalem de par damoifele
Marie, ôc s'apeloit roy de Jérufalem, dont il fift
fire Heùde Pelechien fenefchau dou royaume de Jérufalem,
ôc le manda en Acre en leuc de luy baiU, ôc retorna
outremer le conte Rogier de Saint Sevrin, ôc fift .j, chevaher
de France maurefchau dou royaume, quy vint à Acre,
aveuc fire Heude Pelechien, dedens le chafteau d'Acre.
41g. Et quant vint Tan de M ôc CC ôc LXXXIII, le premier
jor d'aouft, aryva à Barut le roy Hugue de Jérufalem
«5c de Chipre, ôc mena o luy .ij. de fes enfans, que
Tun fu nomé Baymont, fegont fis, «5c Tautre, aihné de tous,
ot nom Johan quy eftoit remés en Chipre ; ôc Tautre fu
nomé Henry, qui fu après roy, fi con vos orés, ôc mena
o luy bêle gens d'armes, chevaliers ôc autres, ôc à. vj. jours
dou dit mes, fe party de Barut ôc ala à Sur ; ôc le jour que
U ariva à Sur, une foue baniere as armes de Lezingniau
chay en la mer, ôc à Tentrée de la ville fu deffendu en
terre. La tore des Juis ly fu porté à Tencontre, fi com eft
ufage que Ton fait as roys, ôc [un] Jude quy avoit nom
Samouel le Miege, au paffer que U fift après la tore, coty
le clerc quy portoit la crus devant la prefefion, que la
crois qui fù fy haut, chay fur ce Jude, ôc fi bryfa la tefte.
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m. LE TEMPLIER DE TYR. 2If
Et tout fois fu fi roys à Tiglife, ôc puis monta à chevau, 1283
Ôc ala herberger à l'oftel de monfeignor de Sur, ôc fes
beftes qui demourerent à Barut ôc partie de fa gent de
mehnée qui veneent par terre à Sur, ôc quant il furent à
Sur entre Chaftelet ôc le [Flun] d'amor, en .j. mauvais
pas, les Sarazins les affailierent, ôc fu tué .j. chevaher ôc
plufors autres menues gens, ôc aucuns furent pris vif
420. En ce dit an, enfi com il ploft à Noftre Seignor, à
.xxvij. jors de novenbre, trefpaffa le bon feignor ôc debonaire
mon feignor Johan de Monfort, noble feignor de
Sur ôc dou Toron, qu'U a efté mont grant damage, ôc fu
enterés à la mère yghfe de Sur dedens le moniment de
fon père, ôc fe fu la vegile de fainte Catehne. Ce feignor
fu mont prodome en toutes rayfons ôc à Dieu ôc à la
gent, ôc pour ce fu U aymé de toutes maniere[s] de gens;
efpeciaument fa mehnée Taymeent mont, ôc le plourerent
mont, ôc il avoit à feme la feur dou roy Hugue, fi con
je vos ay dit devant, quy ot nom Marguerite, mont bone
dame ôc fage ôc de grant biauté, laquele n'en ot de luy
nul enfant. Mon feignor Anfrey, fon frère, quy tenoit
Barut de par s'efpouze madame Efchive, quy fu fiUe de
monfeignor de Barut Johan de Yblin, quant Ton le manda
querre, il vint; fon aihné frère, monfeignor de Sur, fus
ceUe nut morut, Ôc fu fon enterer.
421. Le roy Hugue de Lezingniau fift afem[bler] fa
court, ôc les Jenevés ôc Pifans ôc Venefiens, ôc en prezence
de tous, revefty ôc faizi le dit monfeignor Anfi-ey de Monfort
de la terre dou Toron, ôc meffire Anfrey h en fift homage,
ôc de la fité de Sur fi le faifi par condifion de dens
terme, c'eft afaver por tout may prochain venant, ôc fe
dedens fe dit terme le roy h eiift doné .cl"*, bezans farazinas,
que Sur deiift revenir au roy, ôc fé le fus dit terme
eftoit paffé, ôc que le roy ne fi eùft doné .cl, bezans
farazinas, que Sur demouraft au dit monfeignor Anfrey,
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216 LES GESTES DES CHIPROIS.
1283-1284 mais fe fait que je vous dis, fi ala pis outremer ", con vous
en pores oïr.
422. Et avint à fiaus jours que le bon enfant ôc le debonaire
ôc large ôc courtois Beymont, fis dou roy Hugue,
coucha malade, ôc ly monta au col une leveùre mont laide,
ôc furent mandés querre .ij. myeges d'Acre, qui le flemerent,
fi que por Tenfleùre ôc por autre dehait trefpaffa
de fe fiecle à Tautre, à .iij. jors dou mois de novenbre
dou dit an, quy fu moût grant damage, car U fu biau ôc
bon ôc cortois.
423. Et quant vint à .xij. jours dou mois de février dou
dit an, trefpaffa monfeignor Anfrey, frère de monfeignor
Johan de Monfort, feignor de Sur, ôc fu enterey à la mère
yghfè de Sur en un moniment d'un fien frère quy fu apelé
Johan, quy fu fis d'un[e] autre dame que fon père avoit
eu outremer, couzine jermaine dou roy de France, le quel
eftoit venu de sa mer, valet, veïr fon père, ôc morut feftuy
monfeignor Anfrey, qui fu moût biau chevalier de grant
manière, que quant il vy le roy de France, fi douna tefmoin
que il eftoit le plus biau chevalier que il onques vit
jufques à fel jour. Se feignor meffire Anfrey fi laiffa .v.
fis ôc une fille, quy furent mont biau[s] enfans, ôc l'aihné
ot nom Johanin, ôc Tautre Phehppe, ôc Tautre Guyorin ôc
Tautre Aumaury, ôc Tautre Rupin, ôc la fille Afifon, les
queles morurent anfans les .iij. fis, ôc la fille en .j. poy de
tens morut chevalier jeune ôc Rupin morut aufi chevalier
mont jeune, ôc laiffa .iij. anfans, .j. fis quy ot nom
Anfrion ôc .ij. filles, Johanete ôc Heluis.
424. Et quant vint à .xxiiij. jours dou mes de mars,
que define en Tan de M ôc CC ôc LXXXIII, ôc comenfe
à M ôc ce ôc Lxxxilli, trelpaflà le très noble roy Hugue
de Lezingniau, ôc fu grant damage à la creftienté pour
a. Mf. pus autremer.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

m. LE TEMPLIER DE TYR. 217
le grant fens Ôc bonté de luy ; ôc fi fu roy de Jérufalem 1284
ôc de Chipre, ôc fi fu biau ôc fi noble que, s'il fuft entre
.m. chevaliers, Teuft Ton coneù pour roy, le quel fu mis
en .iij. tabous, Tun dedens Tautre, bien calafatés ôc bien
enpeefchés, Ôc vint à Sur le coneftable Simon de Montholif,
ôc enporterent en Chipre le cors dou roy ôc feluy
de fon fis ôc le cors de fon père dou roy Hugue quy
morut neé, ôc furent portés en Chipre ôc mis à la mère
yghfe, quy a nom Sainte Sofie. Mort furent à Sur fes .iiij.
feignors, le roy ôc les autres; morurent en .iiij. mes, con
vos avés oy.
42^. Et après, en mois dou may dou dit an, fu courouné
en Chipre à roy monfeignor Johan, ahné fis dou
devant dit roy Hugue, ôc fu fait mont grant fefte, mais
il ne vefquy guaires, fi con vous orés dire.
426. Et fe dit an de M ôc cc.LXXXllli, à .v. jours de
gunet, fiaus de Mefine avéent armé .xxiiij. guallées ôc
vindrent devant Naples, quy eft dou roy Charle ; ôc le fis
dou roy Charle, quy avoit nom Charle ôc eftoit à fel jour
prince de Salerne, arma .xxx. guallées ôc il monta fon
cors fur les guaUées, ôc ala ferir as guallées de Mefine,
dont les gualées dou prince furent defconfites, ôc il fu
pris en perfone Ôc autres bones gens chevaliers «5c autres,
[ôc] menés à Meffine en pryfon.
427. En ceftuy an meïfmes, à .vij. jours de jenvier, trefpaffa
le roy Charle le grant en .j. chaftiau, quy a nom
Foges.
428. Et à .xij. jours de mars dou dit an, trefpaffa frère
Nicole de Lorgne, maiftre de TOfpitau de Saint Johan,
ôc fu fait maiftre frère Johan de ViUier.
42g. Et en fe dit an de M ôc CC ôc LXXXIIII, vint le
foudan Melec el Monfour à Domas ôc fift fon atir, ôc ala
afeger Marguat, chaftiau de TOfpitau de Saint Johan, ôc
le tint fiegé de .xvij. jours d'avril en jufques à .xxvij. jours
c 28
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

2l8 LES GESTES DES CHIPROIS.
1285 don mois de may, qu'U le prift à fiance, car U eftoient
minés devers la Tour de TEfperance quy eftoit cheue,
ôc le foudan manda toute fa gent à fauveté à Triple ôc
à Tertoufe.
430. En Tan de M ôc CC ôc LXXXV de Crift, fu dehvré
de la prifon de Mefine le roy Charle, fis dou grant Charle,
ôc les autres, quy furent pris o luy.
431. En ce dit an, à .x. jours de may, morut le roy Johan
de Chipre, fis dou roy Hugue, ôc ne fu roy que .j. an.
432. Et en fe dit an meïfmes, fu courouné après luy
dou royaume de Chipre Henry, fon frère, quy deftruft
les Jenevés.
433. Et en fé dit an, le roy de France Phehppe, fis de
Lois, quy eftoit aie à Gironde en Aragon ôc Tavoit prife
par force d'efpée, fi morut là (là), ôc fu fon cors porté
à Paris, ôc trefpaffa Lois de Biaujeu, couneftable dou
royaume de France, à Gironde, ôc autres vavafors, ôc ceftu
couneftable eftoit frère dou maiftre dou Temple, frère
Guillaume de Biaujeu.
434. Et à .XX. jours depuis la mort dou roy de France,
morut le roy Piere d'Aragon, Ôc s'en party Toft des Francés
ôc retourna en France; ôc ores laira de ce, ôc vous
diray autre aventure.
43 f. Et en fe dit an de M Ôc CC ôc Lxxxv, le roy Henry
de Chipre voft venir à Acre, ôc pour ce que U eftoit mau
dou Temple, h fembla que U ne poroit venir fans guerre;
fi manda j. chevaher, s[ire] Julien le jaune, mefage au
maiftre dou Temple, frère GuiUaume de Biaujeu, ôc fu herberge
dedens l'Ofpitau de Saint Johan de Jérufalem à Acre,
lequel parla par plufors fés au dit maiftre dou Temple
en manière que la bezoine fù mize en acort, lequel acort
fil premier efcrit par ma main, ôc pour ce que U feroit
trop lonc à mètre par efcrit, pour ce ne Tay je pas mis
en fe fivre.
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III. LE TEMPLIER DE TYR. 2ig
436. En ce dit an de M ôc ce ôc LXXXV, à .v. jours de 1285-1286
gunet
437. Et quant vint en Tan de Tincarnafion de Crift
M ôc ce ôc Lxxxvi, le roy Henry de Chipre ariva à Acre
le jour de la fefte de faint Johan Batifte, au mes de gunet,
ôc vint o luy meflire Bauduyn d'Ibhn, fon oncle, couneftable
dou royaume de Chipre, Ôc mena mont belle chevalerie
ôc autres gens à chevau ôc à pié ôc belle naville
de guallées ôc d'autres vauffiaus, ôc fu refeù de toute gens
à trop grant henor ôc à grant joie, ôc h vint à Tencontre
la prefefion «5c tout le peuple, ôc le menèrent à la mère
ygfife, quy a nom Sainte Crus. Et quant il fu là, il dift
qu'U ne herbergeroit que au chaftiau, ôc fire Heude Pelechien
quy tenoit le chaftiau pour le roy Charle, avoit mis
aucuns jours avant la gent dou roy de France ôc autres
gens d'armes dedens le chaftiau, ôc fift atirer engins, ôc mift
le chaftiau en defence contre le roy Henry.
438. Sur ce le maiftre dou Temple ôc le maiftre de
TOfpitau ôc le maiftre des Alemans eftoient tous .iij. au
Temple, ôc ne vindrent mye à Tencontre dou roy à luy
acuUir, ôc fé firent U pour la rayfon de ce que il eftoient
gens de religion [ôc] ne fe voleent travailler de ce fait, por
non aver le maugré d'aucunes des parties, ôc toute fois
quant iU oyerent la fiote quy conmenfoit ôc que il y ot
trait carryaus ôc piles d'une part ôc d'autre, ôc que fiaus
dou chaftiau avoient trait des engins, ôc que grant péril
poiet eftre, fi fe vindrent tous les .iij. maiftres devant només
là où le roy eftoit à Tiglife, ôc li firent grant joie, ôc
parlèrent à luy Ôc alerent au chaftiau ôc parlèrent à fire
Heude Pelechien, Ôc menèrent la chofe à ce que meffire
Heude Pelechien proumift de rendre le chaftiau à .iij.
refigions, ôc le roy s'en ala herberger à Toftel quy fù
dou feignor de Sur [au] delà dou Sépulcre, ôc .iiij. jours
après fu rendu le chaftiau, ôc il ala herberger dedens.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

220 LES GESTES DES CHIPROIS.
1286 43g. En fe dit an meïmes, à la fefte de Noftre Dame
d'aouff, le dit roy Henry fu encouroné à Sur dou royaume
de Jérufalem, ôc le courona frère Bonacours, arfevefque
de Sur, ôc fu fait mont grant fefte à Sur, ôc puis que le
roy vint à Acre, U tint tèlte .xv. jours dedens .j. leuc à
Acre, quy fe dit à la Herberge de TOfpitau de Saint Johan,
là où U y avoit .j. moue grant palais,

III. LE TEMPLIER DE TYR. 221
mun de Pize; dont les Jenevés le tindrent à mau ôc man- 1286
derent en Pize mefage tel home quy ne deiiffent ceftu lor
home refever, fi com U ne voreent que Jenevés feyffent
à yaus dou tel cas; ôcles Pizans ne voftrent oïr cefte chofe
ôc s'en firent mont efchif, pacant toutefois en biau refpons
fans euvre ; ôc Tenemy d'infer quy volentiers pourchaffe
difcort ôc guerre entre la gent, fi conduft la chofe
à ce que une nave vint de Surie en Jene ôc porta novelles
des oftrages Ôc des maus que Piffans fayffeent à Jenevés
à Acre, ôc fu fi grant remour en Gène que chafcun cria
guerre à Pize. En feluy jour eftoit un lain armé de Pizans"
en Jene quy avoit porté .]. mefage de Pife à faire le refpons
as Jenevés fur le fait de juge de Cheniere, quy fe
party, ôc tourna en Pife fans bien faire.
442. Le comun de Jene arma .xx. guallées, ôc fu lor
chevetaine le dit amiral fire Thomas Efpine, qui [a]la [à]
.ij. ihles quy font des Pizans ôc près de Pife, ôc les prift ôc
depefa ôc deftruft Tun[e] ihle, ceUe quy a nom Planoge;
ôc Tautre quy ot nom TElbe, fi prirent les abitans de fêle
ihle, ôc donerent lor femes ôc lor enfans en hoftages as
Jenevés, ôc promirent qui fe ter[re]ent pour le coumun
de Jene, mais dedens poy de tens tournèrent au comun
de Pize ôc laifferent lor oftages.
443. Sire Thomas Efpine demoura en fiaus ihles, ôc h
fembla quy ne faifoit rien entre .ij. de partir ou de demourer,
ôc fa gent meïfmes le hafteent mont de partir,
mais tel fu l'aventure qu'il promift de tendre .j. jour là
ôc nient plus; ôc quant vint Tendemain, il virent pariftre
.ij. coulonbès armés, ôc alerent encontre yaus, ôc fi toft
come les coulonbès virent les guallées, fi fe myrent à
fouir, ôc geterent .j. bariU en Taigue, mais les guallées
les chafferent tant que les prirent, Ôc prirent le barU au
a. Le mf. répète de pizans.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

222 LES GESTES DES CHIPROIS.
1286-1287 quel il troverent dedens moût de letres par les queles
furent feiis coment .v. naves ôc .v. guaUées de Pizans veneent,
ôc porteent argent qu'U avéent amafé de Targentiere
de lor " chaftiau quy a nom Caftel de Caftre, dont
Pize refut grant damage.
444. Et en Tautre an après, les Jenevés armèrent .xv.
guallées, ôc fu lor amiraiU fire Origue Damar, ôc ala en
cours fur Pifans ceftu Oric Damar : fi prift une petite nave
por la quele U ot noveUes par les gens quy eftoient dedens,
coment en Pize s'armet .xxv. guaUées, quy deveent
condure .iij. naves, quy porteent gens d'armes en Sardeine
à Caftel de Caftre, ôc fur fefte chofe que je vos dy, .v.
guaUées de marchans Jenevés qui aleent ôc veneent de
Romanie, pafferent par fés guaUées d'Oryc Damar, ôc le
dit fire Oric fi les retint par force o luy, ôc fe fift à eftre
plus fort. Si fe trovafent aveuc fiaus de Pizans quy furent
.XXV., ôc eftant enfi atendant les .xxv. guallées de Pizans
Ôc les .iij. naves, niffirent, ôc les trova .j. fi fort tens quy
les defparty des naves, car les naves velegierent toute la
nut, ôc le matin eiirent grant bonafé, ôc les guaUées de
Jene les avéent veù paffer de la nut avant, ôc les traffeent
toute la nut à périt velles de chanavas à grant travaU ôc
à grant doulour, ôc le marin fe troverent à la vifte des
naves [ôc] esfondrerent Tune, là où U efteent les chevaus,
ôc les conbarirent une fés moût fort, ôc à la fegonde, les
Pizans ne porrent plus, ôc fe rendirent, ôc les menèrent
en Jene, ôc fu pris entre les autres naves .j. grant conte
de Pize quy fu nomé conte Face, mais le jour que U furent
pris, fi con je vos ay dit, les .xxv. guaUées de Piffans quy
les conduyffoient joingnierent là à my jour, ôc virent lor
naves prifès, Ôc les Jenevés les envaïrent ôc les enveftirent,
ôc fu la bataiUe entr'eaus, mais Piffans avéent toute nut
a. Mf. 1er.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

m. LE TEMPLIER DE TYR. 223
foufert grant paine de la fortune, ôc n'en ont pas fi ufé 1286-1287
ni apris le travaUl de la mer con les Jenevés, ôc fi furent
de mau corage de lor naves, quy les virent prifes, fi furent
vencus; ôc prirent les Jenevés .xij. ou .xiij. guaUées,
ôc les autres furent d'autre part en une flote. Les Jenevés
efteent las ôc travaillés, ôc le foulaiU eftoit couché : fi laifferent
le combatte, ôc firent de lor guaUées un ferne entour
fêles des Pifans pour prendre les le matin, mais U
avint autrement que à minut efcure fiaus gualées des
Pizans .xij. ou. xiij. que il furent fe partirent fi coyement
que U ne furent féntis, ôc s'en alerent fauvement, fauve
le damage qui refurent à la bataiUe.
44y. Quant le comun de Pife ot reffeù fi grant damage,
con vos avés oy, fan pluffors vaffiaus menus ôc naves que
Jenevés lor avéent pris, fi eurent confeU de mètre tout
pour tout, ôc armèrent.xxxv. guaUées. Et à fel tens avoient
fiaus de Pize .j. apoftau en Pize quy eftoit un grant home
de Veneyfe, quy avoit nom meflire Aubert Morizin, ôc
fift venir de Veneyfe plufours gens afés dou coumun de
Pifé, ôc les mirent devant la cité fur lor guallées, ôc fe
parrirent ôc vindrent devant la fité de Jene, ôc fu lor
capitan feftu dit Aubert Morizin, ôc y demourerent .ij.
jours.
446. Les Jenevés tantoft armèrent .Ixx. gualées, ôc dedens
fe un mautens fe mift, ôc Pizans doutèrent le mautens
pour ce que feluy leuc eft afpre ôc mauvais, ôc leuc
de leur enemis. Si s'en partirent, ôc tournèrent en Pife les
Jenevés quy furent aparaiUés. Si toft con le tens abonafa,
fi fe mirent aler après les Pifans, ôc aloient par lor traffe
celon les choies qui troveent en la mer quy chaye[en]t
des gaUées, ôc alant enffi, U encontrerent .xx. guaUées de
Jene d'un lor chevetain quy a nom meffire Benoit Zacarie,
au quel U moftrerent le fignal quy eft ufé entr'eaus,
ôc s'afemblerent tous enfemble, ôc fu lor conféU de non
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

224 ^^^ GESTES DES CHIPROIS.
1286-1287 moftrer tout lor gaUées '', mais moftrer .Ix. ou .Ixx., par
ce que Pifans niffent plus volenriers, ôc le firent enfi
qu'U moftrerent .Tx. alant à vêle, «5c les autres .xxx. efteent
derieres fans vêles;ôc quant fiaus de Pife virent fi poy de
gualées, fi remontèrent fur lor guallées ôc furent .Ixxxfiij.,
ôc armèrent pluzours barquetes ôc faities en quei avoit
aubalefiriers dedens.
447. Quant les guallées de Pize furent hors, meffire
Aubert Moryfin fu defus, ôc féluy les mift à cefte enprize,
ôc fi furent .ij. eftendars; Tun eftoit tout(e) vermeU(le}, ôc
avoit la fugure de Noftre Dame quy eftoit toute blanche,
tenant Jhefu Crift en fés bras, ôc quant Pizans furent yffus
ôc virent * que Jenevés avéent afés plus de guaUées
quy ne pareent, h furent repenris de lor yffue, mais riens
ne lor valut que partir ne poeent, ains eftoient à la veryté,
ôc fe fu à un jor d'une fefte que Jenevés apelent faint
Sifte ^ quy vient à .vj. jours d'aouft, ôc nous faizons en
Surie celuy jour la fefte de Saint Sauvor.
448. Eftant les uns devant les autres dou marin jufques
au vef près, ôc Pizans furent mont chargés d'armes, ôc fayfoit
grant chaut, fi que U fùerent fi fort que il devindrent
tout aiguë, ôc les Jenevés tout le jour furent fans armes
frès ôc repos, «5c fe vos volés dire coment Pilàns ne les
aleent enoier, fâchés que U eùfent bien fait, mais les Jenevés
n'eùfent pas atendu con fil quy guayteent lor point,
fi come vos orés, ni parrir Pizans n'i poeent qu'U ne lor
fuft efté honte «5c damage. Pizans avoient lor guallées
groces ôc chargées par les bandes des efcus grans, [autant]
que en prendre [pooient], por ce que il moftreent
ôc fait avoient, car pluylTours guaUées avoient par engin
fait à lor proe ce '^ arganel, que quant il tourneent,
a. Le mf. répète mais moftrer pète Se vyrent. — c. .Mf. faint ifift.
tout lor gualées. — h. Le mf. ré- — d. Mf. proefle.
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m. LE TElVtPLlER DE TYR. 22f
avoient efpées longues de .ij. paumes chafcune ôc large[s] 1286-1287
d'un paume, de cant quy tourneent come un mofin, ôc
aufi avoient flayaus quy tornoyent, aufi come je vos
devife.
44g. Quant les Jenevés virent que Piffans furent bien
efté à foulail armés, ôc le foulail fu deriere les efpaules,
firent donner pain ôc vin à lor gens, ôc puis s'armèrent
ôc alerent enveftir les guallées des Pizans, ôc fu la bataille
mont mortau, dont il avint que fire Beneit Sacarie fift arbourer
.ij. de fes gualées, ôc fe fift lier une longue corde
ôc forte de Tarbre de Tune guallée à Tarbre de Tautre, ôc
enfy que fes .ij. guallées, quy avéent cefte dite corde à
travers de Tun arbre à Tautre, fi prirent une voge de bien
lyés, ôc alerent enveftir la gualée de Tamirail des Pizans
là où eftoi(en)t Teftendar vermeil, dont la corde vint à travers
la perche, dont le dit eftendar d'oune part à Tautre
fu bandé ", ôc brizerent la perche de Teftendar, ôc chay,
dont les Jenevés prirent baudour, ôc hafterent les Pifans,
ôc jetèrent cry : cr Sus ! fus as Pizans ! JJ , qui fe defconfirent,
Ôc perdirent à feUe fois .xlviij. gualées, ôc fu pris
lor capitaine fire Aubert Moryffin, qui féru * en la chiere
.ij. fes aparans.
4^0. Les Jenevés alerent en Jene, ôc menèrent mont de
Pizans pris, ôc rendirent grâce à Noftre Seignor de ceUe
vidoire.
45'I. De puis fefte grant perte que Pizans refurent, il
furent de tout rous, ôc ne orent plus de poer armer ; ôc
les Jenevés mandèrent s[ire] Beneit Zacarie ôc gualées au
port des Pizans, ôc abatirent .ij. tours dou port. Et [sire
Beneit] coingnia monée ôc fe party, ôc laiffa .vj. gualées
pour garder le port que nul n'y entraft n'en iffift, ôc furent
a. On lit dans le mf. : dit lef- part a lautre fu de lautre bande.
ten(lar en lune gualée fu doune — b. Mf furu.
c 29
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

226 LES GESTES DES CHIPROIS.
1286-1287 Pizans mont deftroit ; ôc fâchés que Pizans perdirent à celé
fois, ôc par pluzors autres fois, homes d'armes .xxij"*., des
qués fé trova en Jene .xvij'". en priffon, ôc perdirent guallées
.Ixviij. ôc autres leins .1. ôc plus, ôc en tel point eftoit
Piffe con je vos dis, ôc tous fiaus quy faizeent elcale par
Pize, la firent par Jene, pour naveger en mer.
4f 2. Syaus de Jene armèrent autre fois Ôc vindrent
à Plonbin dou coutei de Pize, ôc défendirent en terre, ôc
Pizans faiUirent d'un agait, Ôc tuèrent pluzours Jenevés,
ôc prirent aucuns, entre les quels fu pris .j. des gentils
homes de Jene quy ot nom Nicoloze Damar ; ôc Pizans
à feluy taUierent la tefte, veant les Jenevés des guallées,
ôc les Jenevés taille[re]nt les pour feluy à .iij*^. Pizans quy
ave(ne)ent pris.
45*3. Syaus de Plonbin armèrent après fè .ij. guallées
ôc .j. lain, quy furent mont bons ôc ligiers, pour corfegier,
ôc fe partirent dou Plonbin, ôc fé mirent à aler en
cours fur Jenevés, ôc firent damage à la rivyere de Jene
par les viletes, ôc cy toft come il furent defcovers, fi fe
partirent ôc alerent en autres aiguës, ôc avint en fé que
le comun de Jene armèrent .v. gualées, quy lor alerent
après, ôc les troverent as aiguës de Tunes, ôc lor donnèrent
chaffe fi près que U furent afailfis de fus, ôc fu chaffant
à vêle, mais la vêle chay jus de la gallée de Jene
par Tarbre quy brifa, ôc enfi efchaperent les Plonbinés ;
ôc cefte gualée quy efchapa enfi, con vous oyés, fi fu d'un
vaillant bacheher de Plonbin, quy avoit [nom] MaiUyant,
à quy je oy fé retraire au maiftre, ôc le chevetaine des .v.
guaUées des Jenevés fi fu .j. vaiUant home ôc anfien, mais
il favoit affés de guerre de mer.
454. Les lains de Plonbin alerent en Surie ôc à Acre.
Seftu fireRolant Daffer eftoit tourné en Jene, ôc fu ordené
fire Thomas Efpine pour aler mefage au prince Baymont
de Triple, Ôc ly fu armé une gualée, ôc fes .v. gualées
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III. LE TEMPLIER DE TYR. 227
de Rolant le deveent aconpaigner, pour ce que Ton favet 1286-1287
que les leins de Plonbin eftoient venus en Surie, ôc avéent
fait aucun damage as Jenevés; il fé vindrent de Jene, ôc
ariverent à Bafe, «5c fire Thomas Efpine fe party de Rolant
Daffer, ôc ala en fa gualée foule en Ahxandre mefage au
foudan ; Ôc Rolant Daffer s'en vint droit au port d'Acre
de nut fubitement, ôc dehors le port troverent pluiffors
barques de pefqours. Poulains Pizans, ôc, pernans les, furent
fenris fi que les .ij. leins des Plonbinés eftoient yffus hors
des efquel[es] de la Tour des Moches, ne fay où il dévoient
aler, ôc s'en fouirent dedens le port, ôc les gualées des
Jenevés les chafferent jufques devant le port de cheene,
ôc Tune gualée à dure, «5c faillirent les guallées à Taigue,
ôc tirèrent hors la gualée. Le matin au jour fait, quy fu
le famedy, la vegile de paintecoufte, ardirent au port
d'Acre une grant nave de Pizans, quy eftoit de fire Raymont
Drapier, charget de nouzilles «5c d'autres biens, ôc
le comandour dou Temple, frère Tibaut Gaudin, requift
en graffe les povres pefqours que il avoient pris, ôc il les
manda ; ôc party feluy jour, ôc ala faire la pentecofte à Sur.
Le maiftre dou Temple eftoit au Chaftiau Pèlerin, ôc Mayllant
de Plonbin à fon lein eftoit là, pour parler au maiftre
dou Temple ôc prendre congé de luy pour aler outre
mer, mais avet autre entendement, car luy ôc les autres
.ij. leins de fa conferve deveent aler ver Alixandre pour
encontre fire Thomas Efpine qu'il fauveent qu'il eftoit là,
ôc quant il fot que les gualées de Jenevés eftoient venus
à Acre, fi tira fa gualée de fous les murs dou chaftiau, ôc
mift la gent en terre, ôc Tendemain eut novelles que mon
feignor le maiftre qu'il eftoit aies à Sur, ôc Maillan à fon
lain ala à Acre.
45"f. Monfeignor le maiftre vint à Acre, ôc Pizans ôc
Venefiens fi armèrent plufors leins tant qu'il furent .xj.
leins de tire, c'eft affaver .iij. de Plonbin ôc .ij. de Venef-
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

228 LES GESTES DES CHIPROIS.
1286-1287 fiens ôc .vj. tarides, mais U n'avoit as tarides que .j. home
par banc quy voguet, ôc combators affés, ôc panfles barboutes
plus de .xl., en quei avet abaleftriers, ôc les tarides
eftoient barboutes tout entour de tables ôc de efcus, quy
eftoient grevées, ôc mirent .j. grant eftendar de faint
Marc, Ôc fu lor amiraiU .j. Veneffien que je ne vos fais
nomer.
4^6. Et quant vint le famedy les huytaines de la pentecoufte,
les gualées de Jene vindrent à la Cale dou marquis,
ôc furent .v. ôc une grofé faitie de .Ixxx. rins ôc .ij.
coulonbiaus ; ôc mon feignor le maiftre iffi parler à yaus,
ôc lor pria de tourner à Sur, ôc s[ire] Rolant Daffier promy
de tourner, ôc par enffi que lès henemis n'en yffifent,
car après luy feroit honte de parrir. Et le maiftre li dift
que Pizans «5c Venefiens ly avéent promis de non yffir
hors dou port, tant que lor feroit refpons ; Ôc fur fes paroles
Tarmement des Pizans yffi, ôc s[ire] Rolant Daffer
ala encontre à biafs en poy pour tirer les hors à fe que
le vent les parpereilliaft, ôc fur le biaffer cuyderent Pizans
que U fouyffent, ôc les hulerent fort ; ôc fiaus alerent
ôc prirent le port fi toft que U furent armés à grant ayffe
avant ce que Pizans furent retornés, mais, quant il furent
près Jenevés, les afaiUirent de lanfes longues ôc de pieres
ôc de cariaus, que il en tuèrent aucuns, ôc nafrerent pluifours,
dont les Pifans s'en alerent vers le pont de Veneyfe,
quy miaus à miaus : fiaus des tarides fe lanferent à Taigue,
ôc jetèrent les Jenevés .j. rampagour fur la taride là où
eftoyt Teftendar de Veneyfe, pour tirer la, mais maiUiate
ly fift fourgre .j. ancre de proue, ôc quant les Jenevés la
fentirent dure à tirer, fi taillèrent le caf dou rampagour,
Ôc laifferent fur la taride atout la chaene, le quel fu veii
devant la loge de Veneyfe. Sire Rolant Daffer fi fu au
port .iij. jors, que onques pour rien que Ton feiift faire
nul ne voft monter fur Taigue, ôc les Jenevés fe partirent
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

III. LE TEMPLIER DE TYR. 22g
ÔC alerent à Sur, ôc revindrent au port d'Acre, ôc 1286-1287
atendy luy, ôc fi f e party, ôc ala à Sur.
4^7. Sire Thomas Efpine fift fon mefage au foudan, ôc
s'en party, ôc vint droit à Triple, ôc dift fa mefagerie au
prince, ôc puis fi s'en vint ; ôc puis qu'U fu party dou
prince, ordena que quant le dit s[ire] Thomas tornereit
à ly pour aver refpons, il le devet prendre ôc mètre en
prifon, mes .j. chevalier dou confeil dou prince fift afaver
au maiftre mon feignor. Le maiftre me douna felle
letre que le chevalier li manda, mais il ofta le nom à force,
ôc je fans le nom(s)la mandais à fire Thoumas Efpine, por
la quel letre il fe garda d'aler au prince.
458. Encores autre fois vindrent les gualées de fire Rolant
Daeffer, ôc fire Thomas o luy, ôc furent .vj. guaUées,
ôc afegerent le port fi que, Piffans ny Veneflîens, nul n'en
yfll à yaus, ôc prirent .j. grant leing de Piffans quy venoit
de Damiate, quy eftraça la pelage ", Ôc efchaperent les perfones,
ôc fire Thomas Efpine parla au maiftre au Cazal
Ynbert, ôc puis fe party, ôc ala à Sur.
4yg. Encores vint un autre fois fire Rolant Daeffer au
port, ôc demouraMiij. jours, Ôc dift qui ne fe partiroit dou
port d'Acre, fe Ton n'y chafaft les Plonbinés*.
460. Les feignors d'Acre virent que cefte chofe qu'il
faizoit eftoit layde à la creftienté, ôc perehoufe que Sarazins
poreent prendre fample de ce faire : fi li mandèrent
mefages .ij. frères menors, priant ly de partir dou port.
Son refpons fu qu'U fe partiroit à lor prière par enffi que
tous les feignors d'Acre ly feïffent une chartre coment à
lor prière eftoit il party dou port ; Ôc li firent de ce une
chartre fee[lée] dou feau dou baill quy tenoit leuc dou
roy, ôc dou Temple ôc de TOfpitau, ôc en tel manière fe
party que depuis ne revint, ôc autrement ne le porent
a. Mf lafpelage. — b. Mf. blonbines.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

230 LES GESTES DES CHIPROIS.
1287 chaffer, car il avoit ligieres gualées, ôc atendoit quant il
voloit ôc aleit quant il voloit, Ôc Pizans ne fu nul quy vozift
plus monter as gualées por combatte. Et ores ne vous
dirais plus de cefte rayffon, car il n'en y a plus à chre, ôc
vos diray autre chofe.
461. En fe dit an de M ôc CC ôc Lxxxvi[i], avint que le
foudan de BabUoine fi ot grant riote, ôc contens à .j. grant
amiraiU, quy avoit nom Sencor Lefquar, feluy qui fù délivré
des Tatars pour change dou fis dou roy d'Ermenie,
con je le vos ais dit fi arier. Ceftu dit amiraiU fe party de
Babiloine à grant canrité de gens, ôc vint à Domas, ôc
la cuyda fufmetre à fon poyer, mais U ne poft, ôc fe parti,
ôc ala à .j. chaftiau que Sarazins tenoient, ôc a nom Sahone,
ôc fu avant dou prince, ôc le prift ôc fe mift dedens.
462. Le foudan, quant il entendy que ceftu h eut pris
fon chaftiau, manda .j. grant hoft de Babiloine, «5c .j. fien
amiraiU chevetaine Turentay, quy vint atout ceft hoft à
feluy chaftiau de Saoune, ôc Tafege ; ôc Sencor Lefcar quy
nen avoit pas tant de gent quy peuft yffir contre luy, fi
rendy le chaftiau, ôc feftu Turentay s'en party, ôc vint en
une ville dou prince, quy a nom la Liche, ôc la prift.
463. Et ore vous veul dire ce qu'il avint à Naples au
conte d'Artois en fé dit an, à .xxiiij. jours dou mes de
gun, la vegile de Saint Johan Batifte. De Mefine vindrent
à Naples .xfinj. guallées, ôc le conte d'Artois, quy eftoit en
leuc dou roy, fi fift armer, ôc nyffi encontre, ôc fe combaty
à fiaus de Mefine, ôc dura la bataille de tyerfe jufques
à vefpres, ôc en la fin furent defconfis fiaus de Naples, ôc
fi eiit que pris que mors de frans homes de la lengue de
France, ôc y fu pris le conte de Bretaine,ôc meffire Johan
de Monfort, conte d'Efquilac ôc de Montecaius, ôc meffire
Guy de Monfort, quy morut là en prizon, ôc fe fu
feluy quy taiUa la tefte à Henry de Lemaigne, ôc plufours
autres que je ne fais nomer, dont le damage fu grant.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

m. LE TEMPLIER DE TYR. 23 I
464. Et en fe meymes an de M ôc ce ôc Lxxxvii, à 1287-1288
.xix. jours dou mois de huitovre, le prince Beymont,
prince d'Anrioche ôc conte de Triple, trefpaffa de fe fiecle
ôc morut, ôc depuis luy nen eiit autre prinfe, car il n'en
eiit nul enfant, ôc efchut le prinfeé à une foue feur, feme
de meffire Marguo de Tocy, quy eftoit amiraiU dou roy
Charle en Poille au jour.
465". Et en Tan de M ôc ce ôc LXXXVIII de Crift, vos
diray une grant mefchance, quy avint à la creftienté de
Surie.
466. U avint chofe, que le prince devant dit fu mort,
que les chevaliers s'afemblerent Ôc alerent à la princeffe,
mère de ce dit prifice, ôc ly diftrent que il voreent volentiers
que li pleùft de mètre aucune perfone quy gouvernaft
la fité, car eUe n'i poiet entendre pour fon deul que
elle demenoit, ôc elle lor refpondy que elle manderoit
querre tel perfone que bien governeroit eaus «5c la terre,
ôc yaus li refpondirent que bien lor plaifleit.
467. Quant vint aucuns jours après, il entendirent que
eUe devoit faire venir le vefque de Tourtoufe, por le quel
il avoient eu contens ôc ryote ôc grant efcandele entr'iaus,
ôc troverent letres coument la princeffe por luy faire venir
: fi diftrent entre iaus quy ne le fouferoient, ôc alerent
à la princefe, ôc li moftrerent les letres, ôc li diftrent que
ce vefque eftoit lor henemy, ôc quy ne feroit ja lor governeor,
ôc fé parrirent ôc alerent à confeiU, ôc adons ordenerent
une coumune à Thenor de la béate Virge Marye,
mère de Dieu, ôc ordenerent chevetaines ôc prevoft, ôc
fé qu'il lor fembla à faire, ôc fe mainrindrent par yaus,
ôc à ce que il fucent plus fors, fi mandèrent .j. mefage
en Jene, quy ot nom Pierre d'Auberguamo, notaire, ôc
qu'U mandaffent à Triple, ôc eaus mandèrent toutes lor
rayxons ; dont le coumun fi lor manda meffire Beneit Zacarie
[ôc] .V. gualées, ôc vint à Triple ; le refurent à grant
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

232 LES GESTES DES CHIPROIS.
"88 henour Ôc à grant joie, ôc quant U ariva à Triple, U trova
le maiftre dou Temple, ôc le maiftre de TOfpitau, ôc des
Alemans, Ôc le baiU de Veneyfe quy eftoit dehors les portes
de Triple en tentes Ôc pavelions herberges, ôc eftoient venus
por mètre acort entre la feur dou prince, dame Lufie,
ôc les gens de Triple.
468. Et ores vous diray coment fèfte dame Lucie de
Puille, quant le prince morut, la novelle ala outremer, ôc
meffire Marguo deToucy, amiraU dou roy Charle, manda
fefte dame, quy eftoit fa efpouze ôc féur dou prince à Acre,
ôc la manda recomander à TOfpitau de Saint Johan, dont
les Olpitalliers la prirent à maintenir, ôc la menèrent à .j.
chaftiau quy a nom Nefin, quy eft près de Triple à .iij.
fines, ôc fé tenoit por la dite dame, come felle quy eftoit
dame ôc heir dou prince, ôc pareUl[e] fois les Ofpitalhers
avéent eii bataUle à fiaus de Triple, de quey aucuns frères
ôc autres furent mors. Et mandèrent fiaus de Triple une
lettre à la dame defus dit[e], par la queUe yaus li faiffoient
faver que à elle n'eftoit mye chofe fêlée, coment elle devoit
bien faver les outrages que fon frère le prince lor
avoit fait, «5c encores ly failèent faver que fon père le prince
ôc fon ayol lor avéent tous jours fait moût de maus, ôc
d'outrages, ôc de force à chevaliers ôc as bourgois ôc as
autres gens, que il ne voleent plus foufrir à ce que yaus
ôc lor anfeftres, qui furent au conqueft de la terre de Triple,
avéent foufert ôc pacé, ôc pour non venir plus à celle condecion
avéent ordené ôc fait .j. coumun entr'iaus à Ténor
de Dieu ôc de Noftre Dame à quy nom lor comun eft
noumé, ôc que il ne Ton[t] fait pour dezeriter nul[e] arme
ny contre fainte yglife, ains eftoit fait por maintenir chafcun
en fon droit ôc en fa raifon, ôc que U font aparaUlés de
refever la come dame, par enffi qu'eUe juraft à la coumune
de fouftenir ôc maintenir la dite coumune, ôc fe eUe ne
vyaut jurer, bien ly faifeent à faver que il ne la foufe-
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

ÎII. LE TEMPLIER DE TYR. 233
roient d'entrer à Triple à nul tens, fi deiiffent enguager 128a
ou vendre tout fe que il ont jufiques à la chemife de lor
femes ôc de lor enfans. Et fur ce que il h firent ce, mandèrent
les dites gualées venir(ent) des Jenevés, dont il en
furent plus efchif de Tacorder, ôc fe partirent fes feignors
le maiftre dou Temple ôc de TOfpitau ôc des Alemans,
Ôc le baill de Veneyfe, quy eftoyent là venus pour mètre
aucun acort, Ôc s'en vindrent à Acre fans rien faire.
46g. Le dit fire Beneit ôc la coumune de Triple firent
compaignie au coumun de Jene, ôc lor proumirent de
rendre ôc donner tout fe quy eftoit de lor raifon, mais
au coumenfement lor donerent par dedens la vUle de
Triple une devife de rues qui de[ve]e[nt] eftre de lor apartenanfes,
ôc ma dame Lufie s'en vint à Acre, ôc s[ire] Beneit
Zacarie ala en Ermenie.
470. L'entendement de meffire Berthelemi de Giblet
fi fu d'aver la fiUe dou feignor de Giblet à fon fis, ôc fa
fille deiift eftre feme dou feignor de Giblet, quy eftoit anfant;
ôc plufors autres franchifes fufent otr[e]ées à chevaliers
ôc à bourgés, que trop feroit lonc à mette par efcrit,
ôc de cefte choze mandèrent une[s] letres que ce elle voffift,
ma dame Lucie, otreer cefte lor requefte ôc otroer as
Jenevés fe que lor avéent douné, foulement fans donner
lor plus, que yaus la refévere[e]nt pour dame, ôc ne dovreent
as Jenevés nul[e] autre choze.
471. La dame refut cefte letre, ôc fe confeilla fur la
forme de la letre, fi que cefte letre ala par aucune mains,
tant quy fu une perfone quy là encontre efcrift, ôc la
manda à fire Beneit Zacarie en Ermenie.
472. Le dit s[ire] Beneit refut fêle dite letre entrevées
venant vers Triple, ôc quant fire Beneit refut la letre, ôc
rendy la ténor, U ne fift nul femblant, ôc entra à Triple,
ôc fu .j. jour, ôc s'en party, ôc ala à Sur, ôc là manda à
Acre à ma dame Lucie que, fe eUe vofift venir en adrefe-
c 30
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

234 LES GESTES DES CHIPROIS.
1288 ment o luy des raizons dou coumun(e), qu'ele venift à Sur,
ôc amenaft " fon confeiU, ôc fé eUe ne vozift venir, feuft
eUe bien qu'il feret venir de Jene .1. gualées à Triple, ôc
après elle ny en feroit jamais dame. Et quant la dame oy
ce mandement, fe que le dit Beneit Zacarie avoit mandé,
fi fe confeilla à fon conféU TOTpitau, quy fi armèrent une
faitie, ôc la menèrent à Sur, dont frère Bonyface de Calamandrane
de TOfpitau, .j. grant feignor, vint à la dite
dame, ôc parlèrent enfemble au dit s[ire] Beneit ; ôc tant
y ot dit ôc debaty d'une part ôc d'autre, quy s'acorderent
au gré des .ij. parries, ôc alerent à Triple; mais je vos
laira de lor fait,ôc vos diray un[e] autre rayfon, quy touche
à yaus.
473. U avint enffi que, quant les Jenevés furent venus
à Triple, car vos avés oy, .ij. perfones montèrent d'Alifandre
au foudan, que je por ce dire que U font, fe je
vorée, ôc parlèrent au foudan, ôc fi moftrerent coument
Triple par eUe fans les Jenevés armereit ligierement de
.X. à .XV. leins, ôc ores que Jenevés Tont à lor main, il
en armeront .xxx., car Jeneveus de toutes pars veront à
Triple, ôc s'il ont Triple, il feront feignors de fès aiguës,
ôc convera que fiaus quy veront en Alyffandre feront à
lor mercy, alant ôc venant, ôc dedens le port, la quel
choze tourne à grand perU des marchans, quy huzent en
voftre royaume.
474. Quant le foudan Toy, fi ly lémbla que cefte eftoit
rayfon quy fembloit bien que enfi deuft eftre, ôc le my en
euvre, fi com U moftra après, ôc par my tout fé, il avoit
grant volenté contre Triple pour le prince quy fu à Domas,
quant les Tatars le prirent, ôc fift mont de honte as
Sarazins ; dont le foudan eùft confeU à fes amiraus, ôc or-
a. Le mf. répète Se ce elle nen des rayfons dou coumun, que elle
vozift venir en adrefement o luy venift à Sur & amenaft.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

III. LE TEMPLIER DE TYR. 23 f
denerent d'aler à Triple, ôc fift aparaiUer les gens d'armes, 1288
ôc les camés par les chemins, mais il y avoit .j. amirail
quy eftoit anfien, ôc .j. des .iiij. quy foftenoient la païnime
; fi fift à faver à mon feignor le maiftre dou Temple
fefte novele, ôc avoit nom feftu amirail hemir Salah quy
eftoit hufé d'avertir le maiftre dou Temple dou proufit
de la creftienté, quant le foudan voloit grever la creftienté
en aucune manière, ôc coftoit au maiftre de biaus prezens
chafcun an, que U ly mandoit. Et quant le foudan fu hors,
ala [à] Salahie, ôc tout fon hoft : le maiftre manda .j. home
de fa mahnée à fiaus de Triple, coment le foudan venoit
fur yaus à Triple, dont il ne le voftrent croire, ôc dyzeent
quy venoient prendre Nefin, ôc autres difeent laides paroles
dou maiftre, que ce faifeent U pour eaus esfreer por
ce que il euffent bezoing de faire le menejer vers le foudan,
«5c femblerent que il Teùft fait retorner, mais U ne
venoit mie. Et quant le foudan fu venu plus avant, le
maiftre manda .j. autre mefage de grant aparance : fi fù
frère Reddeceur, frère chevalier efpaignol, ôc lor fift fàver
coument le foudan [venoit]; ôc à tout fe furent U entre .ij.
dou creire ou non, ôc toute fois ordenerent lor fait, ôc Reddeceur
revint à Acre, ôc le foudan vint devant Triple, ôc
mon feignor Aumaury de Lezingniau, frère dou roy Henry,
roy de Jérufalem ôc de Chipre, quy s'apelet feignor de
Sur ôc couneftable dou royaume de Jérufalem, vint à Triple,
ôc mena beUe gent d'armes, chevahers ôc autres, ôc y vint
le marefchau dou Temple frère Jofrey deVendac, ôc frère
Piere de Montade, coumandour d'Acre, ôc frère Reddeceur,
ôc pluffors frères de TOfpitau, ôc pluffors chevahers
ôc fergans dou roy de France, ôc avoit des Jenevés .nij.
gualées ôc .ij. de Venefiens quy vindrent puiffes, ôc Pifans
y vindrent affés, quy eftoient henemis des Jenevés
ôc de fiaus de Triple, de quey fe faiUy poi que il n'en
y ot entre yaus .j. mavais haitin, ôc meïfmes Ofpitahers
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

236 LES GESTES DES CHIPROIS.
1288 avoient grofe volenté à fiaus de Triple pour la guerre que
U avoyent eu. Quant U teneent Nefin enfement, y avoit
.iij, grans dames : il avoit la feme dou prince ôc ma dame
de Sur, la feme qui fu de mon feignor Johan de Monfort,
feignor dou Toron, quy avoit tenu le baiUage de Triple,
come le plus prochain hair aparant, tant que ma dame
Lucie fù venue, ôc eftoit meymes la terre mont puplée,
ôc plaine de mont bones gens, chevaliers ôc bourgeis ôc
d'autres gens.
47^. Le foudan Melec el Menfour afega la cité de Triple,
le jour dou jeufdy à .xvij. jours dou mois de mars dou dit
an, ôc toute fefte gent, que je vos ais devant només, fi
vindrent à fecoure là, aucuns avant que eUe fu afegée, ôc
autres après.
476. Le foudan drefa fés engins ôc grans ôc péris, ôc fift
fon bûcher par devant la ville, ôc fés carabohas, ôc failly
la terre, ôc fift fes mines defous terre, ôc vint dedens les
premiers focés.
477. La fité fu mont forte, ôc de fors murs mafonés,
mais le foudan fi la fill afailir ôc charger par le(s) plus
faible leuc quy fuft en la viUe, ce fu la Tour dou vefque,
qui eftoit veiUe durement, ôc tant y ferirent les engins
qu'eUe fu toute depeffée, ôc enfement la Tour de TOfpitau
quy eftoit forte ôc neuve ; fi fu meymes fi fendue que
chevau peuft pafer par my. Le foudan avoit fi grant gent
que en chafcune archere eftoit ordené de traire .xx. archers
farazins, fi que nul de nos abaleftriers nen ozet
moftrer Teul pour traire d'arc ni d'abaleftre, ôc s'U aloit
pour trayre, fi eftoit tantoft feru; fi que la vUle eftoit en
mont mal condicion, Ôc par my tout fe les marchans venefiens
quy avoient là les .ij. gualées, s'i recuUfirent pour
aler en Ermenie, pour ce que U virent que la terre eftoit
fur prendre. Et quant Beneit vi que Venefiens eftoient recuUlis,
fi fe douta quy ne le preïffent fes gualées ôc le
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

III. LE TEMPLIER DE TYR. 237
layffafent en terre, luy ôc fa gent, fi n'en avereent ou re-1288
cuiUir au bezoing, ôc poreent eftre perdus, ôc pour cefte
dout[e] fi fe recuUy luy Ôc fa gent fur fes gualées, ôc adons
s'aperfurent Sarazins que il avoit poy de defendeors, ôc
la hafterent tant que au derain la vyUe fu fi afebfie que
à un afaut la prirent Sarazins, à .xxvj. jours dou mois d'avril
dou dit an, ôc fu par faute de defendeors, que Tun
pour Tautre guerpi fa defence, ôc efchaperent les .iij. dames
que je vos nomay, la feme dou prince, ôc la feur dou
prince, ma dame Lufie, «5c la dame de Sur, feme quy fu
de meffire Johan de Monfort, ôc tous les grans feignors
que je vos nomeray : meflire Aumaury, frère dou roy
Henry, qui s'apeloit feignor de Sur, porce que le roy puis
la mort de meffire Johan de Monfort ôc de meffire Anfrey,
fon frère, le roy Henry, douna Sur à feftu fien frère
meffire Aumaury, ôc le fift couneftable dou royaume de
Jérufalem; ôc efchapa aufi le marefchau dou Temple ôc
le comandour de l'Ofpitau, frère Mahé de Clermont, Ôc
meffire Johan de Grill, chevetaine des gens dou roy de
France ôc fenefchau dou royaume de Jérufalem. Tous
fes que je vos ays només fe recuillirent povre gent, ôc
entre les quels fu mort meffire Berthelemé de Giblet,
maire ôc chevetaine, meffire Henry de Giblet efchapa,
ôc morut en la bataiUe frère Piere de Moncade, coumandour
dou Temple, ôc Guilerme de Cardone, frère
dou Temple, ôc fu pris vif frère Reddecuer, Ôc frère
Huguet, fis dou conte d'Enpures, frère dou Temple, ôc
meymes furent mort Ôc pris aucuns frères de TOfpitau
de Saint Johan.
478. Et enffi avint fefte grant mefaventure de la fité
de Triple, con je vos ais dit, ôc le foudan la fift abatre
toute à terre, que vos ne troverés une foule mayfon entière,
ôc ce a efté pour achaiffon d'une vUle, que Sarazins
ont labouré en un leuc, quy a nom Montpelerin, qui eft
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

238 LES GESTES DES CHIPROIS.
1288 loins de la mer en fus de Triple mains d'une hue, ôc s'apele
la vUe de Triple la neuve.
47g. De puis la perte de Triple, le roy Henry party
de Chipre, ôc vint à Acre .iij. jors après, ôc ferma la triue
de Surie ôc de Chipre au foudan, ôc le jura le roy au foudan,
ôc le foudan au roy; ôc le foudan au mes d'aouft
tourna en Babiloine, ôc le roy Henry retorna en Chipre
à .xxvj. jours de fetembre dou dit an, ôc fi laiffa à Acre
à fon leuc meffire Aumaury, feignor de Sur, fon frère ; ôc
ores vos diray la manière ôc la rayfon coment Acre fu
prize des Sarazins.
480. U avint enffi que pour achaifon de la perte de
Triple, le pape manda .xx. gualées de fecours à la fité
d'Acre, lequés gualées furent armés en Veneyze, ôc fu lor
capitaine .j. grant home de Veneyze quy fe noumoit Lefcople,
quy fu fis dou duc de Veneyfe s[ire] Lorens Toupie
quy mors eftoit, ôc U vint .j. chevaher, grant vavafour,
quy ot nom Lerous de Souly, ôc fe cruyferent ôc vindrent
à Acre mont de menues gens d'Itaille, ôc eftant cefte gent
à Acre, la triue que le roy avoit fait au foudan fe maintenoit
bien entre les .ij. parties, ôc les povres vilains Sarazins
entreent à Acre, ôc porteent les biens à vendre, fi
com il avoient ufé à faire. Si avint .j. jour par Teuvre de
Tennemy d'infer, que volenriers porchafle maies heuvres
entre bones gens, fift enffy que fes cruyffés qui eftoient
venus pour bien faire ôc pour Tarme d'yaus au fecours
de la fité d'Acre, fi vindrent affa deftrufllon, car il coururent
.j. jor par la terre d'Acre, ôc mirent à Tefpée tous
les povres vUains qui porteent les biens à Acre à vendre
ôc forment ôc autres chofes, quy eftoient Sarazins des cazaus
dou pourpris d'Acre, ôc aufi meïmes tuèrent pluiffors
Suriens qui porteent barbes, Ôc eftoient de la ley
de Greffe, que pour lor barbes les tuèrent en change
de Sarazins, la quele chofè fu trop maufaite, Ôc ce fu la
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

ÎII. LE TEMPLIER Î)Ë TYR. 23g
chofe por coy à Acre fu prife de Sarazins, con vos en- 1288
tenderés.
481. Quant le vilains furent mors, fi com vos avés oy,
la novele fu dite au foudan en Babiloine, le quel en fu
mont couroufé, ôc menaffa mont la gent d'Acre, ôc meïfmes
fi ly fu porté les chemizes banies de fane de fiaus
quy furent mors, ôc ja ^ foit fe que le foudan eut eu propres
de grever la fité d'Acre, toute fois il manda fès mefages
as feignors d'Acre, coument U avoit trové as creftiens,
ôc que fur triue Ton li avoit fait, ôc tué fès gens
vUains Sarazins, ôc requeroit Tamende ôc la juftize de fiaus
qui avoient fe fait. Les feignors d'Acre furent fur ce fait
au confeil, ôc entre plufours paroles dites entre yaus, mon
feignor le maiftre dou Temple confiUya que Ton preïft
de tous ^ les prifoniers de la prifon reau «5c dou Temple,
ôc de TOfpitau ôc des Pizans ôc Veneffiens, fiaus quy dévoient
morir pour les malefaites, ôc dire que fes eftoient
fiaus quy avoient route la triue, ôc [tué] tous ^ les vilains
Sarazins, ôc enfy fé tera à payé le foudan, ôc le débouterons
de nos grever par celte juftize que Ton fera de fés, puis
que il deveent morir. De fefte chofè furent aucuns que
fi acorderent, mais pluifors autres ne s'en acorderent mye,
ôc remeft la chofè que riens ne fè fift ; ôc firent refpons au
foudan fi com il lor fembla à faire ; mais celon fe que je
peus entendre, il mandèrent dire au foudan que fes cruyffés
qui avoient fe fait eftoient gens eftrangiers d'outremer
ôc non pas de lor juftize, as quels il ne lor pooient mètre
main de fus ; de quei le foudan fé tint mal à payé, ôc
atira fon fait, Ôc fes engins, Ôc acrut fon hoft de gens
d'armes affés, ôc fift apareUier les camés par la berrie pour
fon paffer, c'eft afaver les piaffes ôc les viandes, ôc manda
.j. fien amyraiU, quy ot nom Tocfo, as parties d'Acre,
a. Mf. je. — \i.Mf. tout.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

240 LES GESTES DES CHIPROIS.
1288-1290 quy demoura .iiij. mes entre Chaftiau Pèlerin ôc Sezaire, ôc
firent" taUyer bûche de quey il deveent faire lor buhcher,
aufi come guarides contre la fité d'Acre, ôc difoit que
cefte bûche devoit aler en BabUoine, por fé que creftiens
ne s'aparfeùffent ; ôc de dens fé émir Salah, amirail quy
eftoit amy dou maiftre dou Temple, fift afaver au dit
maiftre que le foudan en toutes manyeres devoit venir
afeger Acre, dont le maiftre dou Temple le fift afaver à
tous les feignors d'Acre, ôc ne le voftrent croire.
482. Et quant il vint en Tan de Tincarnaffion de Noftre
Seignor Jehfu Crift M ôc CC ôc xc, au mois de huitovre,
le foudan parti de Babiloine Melec el Menfour, Ôc vint à
tout fon poier en .j. leuc qui fé dit la Salahie, de quei il
morut, ôc Tachaifon de fa mort je la vos devizerais en ce
livre.
483. Ceftu foudan fi avet noury .j. garfon qui eftoit
turc, ôc tant Tavanfa que après le foudan n'en avoit nul
en païnime quy fuft plus puiffant de luy, Ôc avoit nom
Turentay. Or fu dit que par fa grant puiffance il monta
à fi grant orgueil quy cuida eftre foudan, fe le foudan
moreit ; ôc pour ce il fift tant que il enpouzouna le foudan,
en manière que U en fu aperfeu ; ôc quant le foudan
vint à mort, U fift venir fon aihné fis, ôc fi dift coment
U moreit, ôc que il ly enchargoit ôc prioit de parfaire
Tenprize que il avoit enpris d'aler prendre Acre ôc vengier
le fane des Sarazins, qui furent tués. Le fis ly promift;
ôc après ly pria de faire morir Turentay, par fe que
il Tavoit mort par poiffons ; le fis tint tout fe que le père
li encharga, fi come vos Tentendrés.
484. Le foudan fur ce morut ôc fut enterés, ôc tantoft
celé nuit fift prendre feftu Turentay, ôc le fift eftrendre
devant luy à revers les mains fort fiés, ôc fi monta à
a. Mf faite.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

ni. LE TEMPLIER DE TYR. 241
genouUs fur le pis, ôc de fes mains meymes fi aracha la 1290
barbe, ôc ly dift : cr Dehliau, tu as tué mon père, Ôc je
te feray morir. » Et puis le fift prendre ôc tuer, ôc defmembrer
fans fepulture, dont aucuns diftrent que il gehi
coment que il enpouffona le foudan ; mais coument que
ce fu, U morut enffy. L'oft de Babiloine ne fe mut de là
où il eftoit, hors de Babiloine, ôc le foudan novyau, fis de
ceftu quy fu mort, qui fe fift apeler Melec el Efferaf, vy
Toft aparaiUie, ôc les camés par les chemins, ôc fe mift à
venir à Acre à mont grant gent à chevau ôc à pié; ôc dit
Ton que il furent plus de .Ixx. homes à chevau, ôc gens
à pié plus de .c. ôc .1'". ôc plus. A Acre n'en avoit de tout
entre femes ôc homes ôc enfans que de .xxx. à. xl., des
quels eftoient à chevau de .vij*=.à.viij'^., ôc à pié, à conter
les cruiffés, avoit entour de .xiiij"^.
485". Syaus d'Acre, quant U oïrent que le foudan Melec
el Menfour [eftoit mort], con vos avés oy, fi orent
grant joie, ôc cuyderent eftre delyvrés, mais ne penféent
pas que ceftu autre foudan Melec el Efferaf deuft au premier
an de fa feignorie fi toft chevaucher en oft, «5c por
fe donnèrent grant merveiUes, ôc s'atirerent de fa venue
d'engins ôc d'autres chofes que meftier lor fu, «5c garnirent
bien leur garides, ôc y comencerent à faire lor guais,
fi come Ton doit faire, quant Ton a henemy, ôc ordenerent
un mefage tous fiaus d'Acre ôc prefent qui ly man-
[derent]. Et furent les mefages meffire Phelippe Mainebeuf,
chevaher d'Acre, quy favoit mont bien le lenguage farazine,
ôc .j. frère dou Temple chevalier, quy ot nom frère
Berthelomé Pizan, ôc eftoit nés de Chipre, ôc .j. frère de
TOfpitau, Ôc .j. efcrivain quy ot nom Jorge ; ôc furent
devant le foudan, quy refuza les letres ôc le prefent, ôc
retint les mefages en prifon, con fé foit chofe que avant
fé que les mefages furent mandés au foudan, le foudan
manda letres au maiftre dou Temple qui furent, encontre
c 31
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

242 LES GESTES DES CHIPROIS.
1290 efcrites de letres fàrazinezes, en letres franfezes efcrites
de ma main, le quel contre efcrit je portay ôc moftray
à mon feignor le maiftre ôc à tous les feignors d'Acre,
c'eft afaver au patriarche, ôc léguât, ôc au maiftre de TOfpitau,
frère Johan de Vilhers, ôc au coumandour des Alemans,
car lor maiftre eftoit partis outre le gré des feignors
d'Acre, ôc ala en Poille demourer, Ôc le moftray " au cons[e]le
de Pize, ôc au baiU de Veneize que nul ne voft afertefier
que le foudan venift, tant que fé fuft bien aproché,
ôc que fiaus d'Acre le mandèrent lor mefages, con vos
Tavés oy.
486. Or vous vyaus moftrer la ténor de la dite letre,
que le foudan manda au dit maiftre doùTemple : fi pores
favoir en quel guyze eft devizé(e) le falus que le foudan
manda en fes letres, quy devizeent enfy :
487. cr Le foudan des foudans, le roy des roys, le feignor
des feignors, Melec el Efferaf, le puyffant, le redouté,
le chafteours de rebels, le chaffeour des Frans ôc des Tatars
ôc des Ermins, aracheour des chaftiaus des mains des
mefcreans, feignor des .ij. mers, ferveour de[s] .ij. fains
pèlerinage Calohonel [ôc] Salahie, [à] vous le maiftre,
noble maiftre dou Temple, le véritable ôc fage, falus ôc
noftre boune volenté ! Pour ce que vos avés efté(s) home
véritable, fi vous mandons letres de noftre volenté, ôc vos
faifons afaver que nous venons en vos parties por amender
les tors fais, pour quey nos ne volons que la comunauté
d'Acre nous dee mander letres ny prezent, car nos
ne le refevons point. »
488. Et ^ tel fu le mandement ôc la tenour de la dite
letre dou foudan, con vous avés oy, mais ja pour ce ne
laifferent de mander leur mefages, fi con je le vos ay dit,
a. Mf maiftray. — b. Ce mence plus haut à vous \t ma.iûre.
paragraphe dans le mf com-
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

III. LE TEMPLIER DE TYR. 243
les quels furent areftés ôc mandés en prifon en Babiloine, 1290-1291
là où il moururent de puis à grant mefaize.
48g. Le foudan vint devant Acre ôc Tafega par .j. jeufdy
à .V. jours d'avril, en Tan de M ôc CC Ôc xci de Tincarnafion
de Crift, ôc la prift à .xviij. jours dou mois de may
prochain venant dou dit an ; ores entenderés coument
il avint.
4go. Le foudan fi fift fermer fes tentes ôc fes paveUions
mont près Tun de Tautre, quy tenoient dou Toron, alant
jufques vers la Semerrie, que tout le plain fu couvert de
tentes ; Ôc la tente dou foudan, quy s'apele dehlis, eftoit
fur .j. toron hautet, là où ele avoit une bêle tour ôc jardins
ôc vignes dou Temple, lequel dehlis eftoit tout vermeiU,
ôc une porte overte vers la fité d'Acre, ôc eft enfy hnzé
des foudans que vers [là où] la porte dou dehlis eft overte,
chafcun feit que le foudan doit aler par fel chemin ; .viij.
jours demoura devant Acre fans riens faire, fors aucune
fois avoit aucun butin de nos gens à la leur, quy aucuns
en moroit d'une part ôc d'autre ; ôc à terme de fes .viij.
jours, adreferentôcafeïrent au point lor engins, que la piere
quy getoit pezoit un quintar. L'un de fes engins quy avoit
nom Haveben, quy vient à dire yrious, fi eftoit devers la
garde dou Temple, ôc Tautre engin, quy getet contre la
garde des Pizans, avoit nom le Menfour, ce eft à dire
le vidoire, ôc Tautre grant, que je ne vos le fay nomer,
getoit contre la garde de l'Ofpitau, ôc le cart engin getoit
contre une grant tour, quy a nom la Tour maudite, qui
eft à fegons murs ôc eft de la garde dou roy.
4g I. Il mirent efcus grans ôc efcus fais de verges, la
première nut rengés contre nos murs, Ôc la fegonde nut,
les acofterent plus avant, ôc la tierce nut, auffi les acofterent,
ôc tant les acofterent que il vindrent fur la doune
dou focé, ôc deriere les dis efcus avoit les gens d'armes
défendus de lor chevaus en terre ôc Tare en la main, ôc
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

244
LES GESTES DES CHIPROIS.
1291 fe Ton vozift dire coment Ton les layfoit aprocher tant
avant, Ton ne les poiet défendre, ôc vos diray pour coy :
fefte gent avoient lor gent à chevau tous armés, à chevaus
covers, de Tun chef de la fité jufques à Tautre, qui
eft à entendre de Tun[e] mer jufques à Tautre", ôc eftoient
fes plus de .xv., ôc fe changeent .iiij. changes le jour,
fi quy lor venoit poy * de travaiU, ôc le nul de nos gens
fuftent yffus à fiaus quy eftoient deriere les efcus, fès quy
lor eftoi[en]t ariere dos, U les euffent fecourrus ôc défendus,
con fé foit chofe que aucune fois nyffirent nos gens
à yaus, dont fes à chevau les defendeent, fi que en la fin
vindrent fur la doune dou focé, con je vos ais dit, ôc
porteent fiaus à chevau la bûche chafcun fur le col de
fon chevau à .iiij. ôc à .v. les bufches, ôc les jeteent deriere
les efcus, que quant veneit la nuit, fi les meteent par
devant lor efcus, ôc lyeent une corde par defus, Ôc deveneit
come .j. mur que .j. engin n'i euft riens fait, car aucuns
de nos meens engins lanfèent ôc fereent de fus, ôc ne
faizeent riens à yaus, [mais] reboutoit la piere au focé; ôc
après drefèrent lor carabouhas, quy font engins petis turqueis,
quy lé tirent as mains, ôc geteent mont fouvent, ôc
faizoient plus de maus à la gent que les grans engins, que
le leuc où le carabonha lanfet, nul n'en ozet acofter, Ôc
par devant lor carabonha avoient fait déhanchée bien fort
ôc fi haut que nul n'i poiet ferir ni lanfer à fiaus quy le
tire[e]nt; ôc enfi dura fèfte befoine tant come U mineent,
car.j. grant amiraiU, qui ot nom Lefgay, fi eftoit ordené
contre une tourete neuve as premiers murs devant la Tour
maudite, quy fe difoit la Tor dou roy. Ceftu Elefgay fift
miner contre fêle dite tor, ôc aufy minèrent .j. baril, qui
fe difoit le barU dou roy, ôc Tapuerent tout, dont noftre
a. Le mf. répète quy eft a en- lautre. — b. Le mf. répète poy.
tendre de lune mer jufques a
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

m. LE TEMPLIER DE TYR. 24f
gent mirent le feu, ôc le firent chayr tout en .j. mont; ôc 1291
meymes firent un autre mine les Sarazins contre la Tour
de la conteffe de Blois, que eUe fift faire quant eUe vint
de sa mer por l'arme d'eUe, ôc nos gens lor faifoient mynes
encontre, Ôc fe defendeent vigourouzement; mais Sarazins
veneent tous jours gens frès, por fe que il eftoient grant
gent. Et quant vint .j. jour noftre gent furent au confeiU de
nifllr de toutes pars à chevau ôc à pié, ôc ardre le bufcher,
fi avint que mon feignor le maiftre dou Temple ôc fa gent
ôc meffire Johan de Granfon ôc autres chevahers [vinrent]
une nuit devers la partie dou Temple, qui eftoit à
Tutremer de la Porte de Saint Ladre, ôc ordena le maiftre
.j. provenfau, quy eftoit vifconte dou Bort à Acre, de mètre
le feue à buhcher dou grant engin dou foudan, ôc niffirent
ceUe nuit, ôc furent jufques au dit buhcher, ôc feluy
qui dut geter le feue, Ôc le geta fur paour en tel manière
quy vint court, ôc chay à terre, ôc alumet fur terre. Tous
fiaus Sarazins, quy là fe troverent, furent tous mors, gens
à chevau ôc à pié, ôc de noftre gent, frères ôc chevahers
dou fiecle alerent fy avant entre les paveiUons, que lor
chevaus s'enconbrerent as jambes des cordes des tentes
ôc trabucheent, ôc adons les Sarazins les tueent, Ôc en tel
manière perdîmes fêle nuit .xviij. homes à chevau, frères
dou Temple

246 LES GESTES DES CHIPROIS.
1291 hers Ôc autres, ôc frères, ôc valès, ôc tricoples .iij',, ôc en
les autres leus quy fu ordené enfi à faire, ne fù rien fait,
car Sarazins s'en aparfurent ôc s'en prirent garde, car il
chargèrent creftiens fi fort que il tornerent làns riens faire.
4g 2. Encores fu ordené que tous les feignors «5c le poier
d'Acre à chevau [deùffent] yffir à demy nut de la Porte
Saint Antoine, ôc ferir fubitement fur les Sarazins, ôc fu
ce fait ordené fi privéement que nul ne le fot tant que
l'on coumanda: cr Montés à chevau ! », ôc quant nos gens
furent montés ôc yffus hors de la Porte de Saint Anthoine,
ôc la lune à fel[e] oure nen rayeit mie, ains efteit mont
efcur[e], «5c Sarazins furent avéras, ôc firent .j. fi grant
luminaire [de] fanons, quy fembloit eftre jour entre yaus,
ôc fe vindrent fur noftre gent une fi grant efcheUe, où U
y eut bien .x., ôc chargèrent noftre gent fi durement de
piles traire, qui fembloit que ce fuft pleve, de quei noftre
gent ne le porent endurer, ôc repairerent dedens la fité,
ôc fi ot gens à chevau blefiés pluffors. En tel doulour ôc
en tel condefllon eftoient noftre gent à la fité d'Acre, ôc
ja fe dU"oi[en]t noveles que le roy Henry devet venir de
Chipre à bon fecours qu'il amenoit, ôc Ton Tatendoit de
jour en jour.
4g3. Le roy avoit femons fa gent en Chipre, ôc les
afembla, ôc fe party de Famagoufte, ôc ariva à Acre à .iiij,
jours de may; la vylle eftoit en mauvais point, car, fi con
je vos ais dit, le bail fu mené, ôc eftoit chëu de la tour
[qui] eftoit minée, mais toute fois fu grant confort à la
gent fà venue, ôc fur ce que le roy vint après poy de jors,
mandèrent mefages au foudan meffire GuiUaume de VUlyer,
chevaher, ôc .j. home de la maihnée dou maiftre dou
Temple, Guillaume de Cafrane, ôc le foudan vint de fon
dehht par devant la porte de la viUe, qui difoit Ton Porte
dou léguât, Ôc fu défendu d'une part Ôc d'autre de non
traire. Les meffages nyffirent defarmés, ôc furent par de-
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

III. LE TEMPLIER DE TYR. 247
vant le foudan quy eftoit dedens .j. petit pavUhon, ôc tant 1291
toft con les mefages Teùrent falué à genonUons par .iij.
fois, fi les aprocha vers luy, ôc lor dift : ce M'avés vous
porté le[s] clés de la viUe ? » Et les mefages refpondirent
que ce n'eftoit mie fité que fe doit rendre de ligier, ôc que
U venoient à luy por ly requerre aucune manyere de pitié
pour le povre peuple, ôc adons le foudan lor dift : ce Je
vos feray tant de grâce que vous me vudés les pieres foulement,
«5c enportés tout Tautre, ôc yffés ôc aies vos ent,
ôc fe vous fai ge pour voftre roy, qui eft venu ôc qui eft
enfant, fi con je fus, ôc autre choffe je ne vos feray. » Et
les mefages adons ly diftrent que fe ne poiet eftre, car la
gent d'outremer nos tereent à traytours, ôc il dift : c Donc
vos en aies, que je ne vos feray autre ! » Et fur fes paroles
.j. engin eftoit que les cruffés governerent à la Porte
dou léguât, ôc ne fay par quel aventure il traïft ôc vint la
piere fi près dou paveiUon où le foudan eftoit ôc les meffages,
que le foudan par bachelerie, non volant maufaire,
fi fe leva en piés «5c mift fa main fur s'efpée, ôc traïft bien
une paume, ôc dift : cr A! porspunais, quy me tient, que je
ne vos taille les teftes ! » ôc Lefèjay fi ly dift : cr Sire, Dieu
nos en gart de foulier le fer de voftre efpée au fane des
pors, car fiaus quy ont trait, fi ont fait que traytours, mais
vos les lairés aler com fiaus quy font vos remanans. » Et
s'en tournèrent les mefages à Acre, ôc comenfierent puis
lor labour de traire les uns as autres de manguenyaus, ôc
de fe qui Tavoient uzé au faire come henemis.
4g4. La tour neuve que l'on difoit la Tour dou roy fi
fu fi menée, que la frontière devant chey en .j. mont par
dedens lé focé, fi que par de fus les pieres ne fe poyeent
paffer, dont les Sarazins firent faques petis de chaneva^s
plains de fablon, ôc chafcun home à chevau porta .j. fac
fur le col de fa befte, ôc le geta à Sarazins dou bufcher,
quy eftoient là en fel endroit ; ôc quant vint la nut, fiaus
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

248 LES GESTES DES CHIPROIS.
1291 prirent les facques ôc les eftendirent fur les pierres, ôc planèrent
coum'un pauvement, ôc Tendemain le mecredy à
vefpres pafferent fur les facs, ôc prirent la dite tour, quy
avoit encore la moytié de la vote entière devers la ville
tout en piés, ôc furent noftre gent main à défendre la tour,
Ôc ne valut rien la defence, que il la prirent; ôc myrent
Tenféigne dou foudan, fi que nos atorfàmes les engins,
ôc efcandelyames à lanfèr à la tour ; ôc lanferent ôc aucun
tuèrent, ny ja pour ce ne la guerpirent, ôc noftre gent
quant U virent la dite tour prife, fi labourèrent vendifiement
de marain encuré, quy s'apelle chat, ôc mirent gens
par dedens, que fiaus Sarazins quy avoient pris la tour ne
peuffent paffer avant,
4gy. Cant la tour fu enfll priffe, con je vos deviffe, la
gent furent mont efmaiés, ôc tout le plus montèrent lor
femes ôc leur anfans fur mer, ôc quant vint Tendemain
le jeufdy, U fift un mont mautens, ôc fu la mer fi grofé
que les femes ôc les anfans qui eftoient montés au[s] vauffiaus,
ne le porent foufrir, ôc défendirent en terre ôc tournèrent
en lor mayffons.
4g6. Et quant vint le jour dou vendredy avant jour, une
nacare founa mont fort '', ôc à fon de felle nacare, quy
avoit mont oryble vois ôc mont grant, les Sarazins afàillierent
la cité d'Acre de toutes pars, ôc le leuc dont il entrèrent
premier, fi fu par cefte maleite tour, que il avoient
prife, ôc vos diray la manière coument il veneent.
4g7. U vindrent tous à pié quy furent tant fans nonbre;
ôc par devant veneent feaus quy porteent grans targes
hautes, ôc après veneent feaus quy jeteent le feue gryzés,
ôc après eftoient fiaus qui trayoient les piles ôc féetes enpenées
* fi efpeffement quy fenbloit pleve quy venift dou
a. Tout ce commencement de pa- dans le mf. en tête du paragraphe
ragraphefe trowve déjàpar erreur précédent. — b. Mf. enpenfes.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

tîî, LE TEMPLIER DE TYR. 24^
fiel, ÔC noftre gent, quy eftoient dedens le chat, Tabando-1291
nerent. Sur fe fes Sarazins que je vos dis, prirent .ij. vées,
puis que il furent entre les .ij. murs de la vylle, c'eft à entendre
entre les premiers murs ôc focés, quy fe dizoit la
barbaquane, ôc entre les grans murs ôc les focés de la fité :
dont les uns entrèrent par une porte d'une grant tour, quy
fe difoit la Tour maudite, ôc alerent vers Saint Romano,
là où les Pizans avoient lor grant engins ; les autres en
tindrent lor chemin, alant à la Porte de Saint Antoine.
4g8. Le maiftre dou Temple, quy eftoit affa herberge,
ôc fon couvent qui eftoit à lor defence, fi com il fenty la
nacare founer, s'il fembla que Sarazins douneent aucun
afaut, ôc prift .x. ou .xij. frères ôc fa mehnée, ôc vint vers
la Porte de Saint Antoine tout par entre les .ij. murs, ôc
paffa par la garde de TOfpitale, ôc mena le maiftre de
TOfpitau o luy, lequel mena aucuns de fes frères o luy;
ôc vindrent à la Porte de Saint Antoine ôc troverent fes
Sarazins venant à pié : s'atirerent à yaus ôc riens ne valut,
fi con je vos ais devifé, ôc aucuns chevaliers de Chipre
ôc de la terre, ôc fergans à pié, car Sarazins furent trop
de gens. Et quant les .ij. maiftres dou Temple ôc de TOfpitau
furent venus là fi poindans fur eaus, fi fembloit ferir
fur .j. mur de piere; ôc fiaus quy getoient le feue grizés
le getoient en fi fouvent ôc fi efpès que la fumée eftoit fi
grant, que Ton ne veoit Tautre à grant poine ; ôc par my
la fumée les archiers trayeent efpeffement les piles enpené(e)s,
qui blefeent noftre gent ôc nos beftes trop malement.
Et avint que par le feue qu'U getoient, fu pris dou
feue .j. povre valet englès fi malement, que fon fuvrefeigniau
fu alumé, qui n'ot nul quy le fecouruft, que il ot ars
la chère, ôc puis tout fon cors ôc alumet aufi con fe fuft .j.
chauderon de puis, Ôc là morut; ôc quant fe le avint, il eftoit
à pié, que fa befte li fu tuée de fous luy. Et quant Sarazins
avoient en poy demouré, fi leveent lor efcus, ôc pafferent
c 32
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

25'0 LES GESTES DES CHIPROIS.
1291 . j. poy avant, ôc quant [on] lor pounoit de fus, ôc il encaleent
tantoft lor efcus Ôc arefteent; ôc tout jour le jeter dou
feue ôc des piles ne fefoit de labourer, ôc demoura fefte
ryote ôc feftu huitéin jufques à tierce, ôc en ce my leuc
avint une grant mefaventure, par laquele fes Sarazins qui
fi entroyent, que je vos dis, entrèrent plus legierement,
ôc que toute la gent furent mefcouragés : Tachaifon fi fu
que .j. pilet vint vers le maiftre dou Temple, ôc au lever
que le maiftre fift de fa main feneftre, ôc n'en avoit point
d'efcu fors fon dart à fa mayn deftre; afel pilet le fery
fous l'afeUe, ôc fi entra une paume de canne dedens le
cors, quant U vint au vent là où les plates ne joinent
point, car fes ne furent mye fes curaffes fiables, ains furent
curaffe legiere, d'armer figierement à .j. cry. Et quant
U fe fenty feru à(u) mort, fi fe mift à aler, ôc Ton cuyda
que il s'en alaft volentiers pour foy fauver ; ôc celuy dou
confanon le vy aler, fi fe mift aler devant luy, ôc adons
toute fa mehnée le feguyrent, ôc enfi come U s'en aloit
bien, .xx. des cruffés do Val d'Efpofite fi vindrent au devant,
ôc ly diftrent : ce A pour Dieu, fire, ne vous partes,
car la ville fera tant toft perdue ! » Et U lor refpondy hautement,
que chafcun Toy: ce Seignors, je ne peus plus,
car je fuy mort; veés le cop. » Et adons veyme nos le
pUet clavé en fon cors ; ôc fur celé parole, il jeta le dart
en terre, ôc torfa le col, ôc voft chair de la befte, mais
fa mehnée faiUirent jus de lor beftes ôc le fouftindrent, ôc
le defchevaucherent, ôc le myrent fur .j. efcu, quy troverent
là jeté, quy eftoit pauvés grant ôc lonc, ôc le portèrent
à enterer par la Porte de Saint Antoigne, ôc la troverent
cloze, Ôc troverent une petite porte quy avoit .j.
po(i)nt alant fur le focé en Toftel de damoyfèle Marie, quy
jadis [fu] de meffire Jaque de La Mandelée, ôc là le defarmerent
fa mehnée,ôcly taiUerent les curafes fur les efpaules,
car autrement ne fe poft faire, pour le cop que U avoit,
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

m. LE TEMPLIER DE TYR. 2^1
ÔC puis atout fes efpauheres le mirent dedens un cover-1291
tour, ôc le portèrent vers la marine, c'eft afaver en la
fplage qui eft entre la boucherie où Ton tueit les beftes,
ôc la mayfon quy fu dou feignor de Sur. Et là aucun cry
vint dever la Tor dou léguât que il efteent les Sarazins,
fi que aucuns de fa mehnée fe mirent enla mer pour avenir
à .ij. barques quy eftoient là, que plus n'en y avoit, car
la mer eftoit fi malement tempeftouze ôc fi grant ondes
que barche n'i poiet durer, ôc pour ce furent mont de
gens perdus ; ôc aucuns autres de la maihnée dou maiftre
le portèrent au Temple par Taide d'autre gent, ôc le mirent
par dedens la maizon, non pas par la force qui ne voloient
ovrir, mais par un leuc le mirent d'une court où
il getoient le fumier, ôc vefquy tout feluy jour fans parler,
car puis que Ton le mift de Ton chevau jus, il ne parla,
fors une parole foule au Temple, quy fenty le brut de la
gent, quy foueent de la mort, Ôc demanda que fe eftoit,
ôc Ton ly dift que gent fe mehleyent, ôc coumanda que
Ton le mift en pais, ôc depuis ne parla, ôc rendy Tarme
à Dieu, «5c fu enteré par devant fon tabernacle, quy eftoit
Tautier où Ton chantoit meffe, ôc Dieu ait Tarme de luy,
que grant damage fu de fa mort!
4gg. Or vous diray que avint puis quy fu feru: quant
chafcun fot de fe quy fu feru, ôc le vyrent porter, fi fé
mirent abandonéement à fouir chafcun, car Sarazins quy
pafbient, con je vos ai dit, par la Tour maudite, ôc alerent
droit par Saint Romano, Ôc mirent le feue o grant engin
des Pizans, Ôc fe mirent par la droite rue à aler as Alemans,
ôc prirent Saint Linart, ôc mirent à Tefpée quanqu'il
troverent devant fiaus; ôc autre[s] Sarazins conbatirent à
la Tour dou léguât, quy eft fur mer, ôc levèrent le[s] Sarazins
dou fons de la mer au pié de la tour un trelis quy
avoit clo[ée]s les pointes contre mont, par fe que chevaus
n'i poiffent pafer. Adons entrèrent grant gent à chevau
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

2^2 LES GESTES DES CHIPROIS,
1291 Sarazins, fe que meflire Johan de Grill, ôc meffire Ote de
Gualanfon, ôc la gent dou roy de France firent grant defence,
de quey il y ot afés nafrés ôc mors ; ôc meffire Johan
de Grely ôc meffire Ote de Gualanfon ne porent plus
foufrir le charge des Sarazins, ôc fé defpartirent dou leuc
ôc fé fauverent, ôc fu meffire Johan de Grely nafré.
yoo. Le roy Henry de Jérufalem ôc de Chipre, quant
il vy fefte mefchanfé, fi vint au maiftre de l'Ofpitau, ôc
vyrent bien que nul confeil ny fecours ne vaUoit plus : fi
fe lavèrent ôc montèrent es gualées.
5^01. Saches que feluy jour fu oryble à veyr, car les
dames Ôc les bourgoizes ôc damoizeUes [furent] reftondues,
ôc autre menue gens aloyent fouyant par les rues,
lor enfans en lor bras, ôc eftoient ploureuzes" ôc efperdues,
ôc fouyeent as marines pour yaus guarentir de
mort; ôc quant Sarazins les encontreent, Tun pernoit la
mère ôc Tautre Tanfant, ôc les portoient de leuc en leuc,
ôc les departoient Tun de Tautre, ôc tel fés eftoit que il
eftoient en tenfon, Tun Sarazin ôc Tautre, pour la feme,
que elle eftoit tuée par yaus; ôc aucunes [fois] eftoit que la
feme eftoit enmenée, ôc Tanfant alaitant en eftoit geté à
terre, que chevaus le fouloient, ôc enfy eftoient mors ; ôc
de tel dames avéent [qui] eftoi[en]t grofes ôc eftoient fi
dreites en la preffe quy moroient eftaintes, ôc la créature
qui eftoit en fon cors aufll, ôc teles avoit que fon baron
ou fon enfant eftoit malade au trait à Toftel ou nafré,
quy le laifoient foui, ôc s'en fouoient, ôc Sarazins les
ofioent tout. Se fâchés que Sarazins mirent le feue as
engins ôc as guardes, que toute la terre alume[ren]t de
feue ; la plus grant parrie de la gent, homes ôc femes ôc
enfans, fe mirent dedens le Temple, ôc furent plus de
.X. perfounes, car le Temple eftoit le plus fort leuc de
a, Mf. plourinzes.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

m. LE TEMPLIER DE TYR. 2f3
la viUe, ôc eftoit fur mer en grant leuc, com .j. chaftiau, 1291
car il avéent fur Tentrée une haute tour ôc fort que le mur
eftoit efpès, maffis .xxviij. piés, ôc fur chafcun canton de
la tor avoit une tourete, ôc de fur chafcune des touretes
avoit .j. lion paffant, grant come .j. ahaie, doré, quy coufterent,
les .iiij. lions ôc l'or ôc le labour, .m. ôc .v^ bezans
farazinas, ôc eftoit une grant noblece à veïr; ôc [en] Tautre
canton de vers la Rue de Pize, ôc avoit une autre tour, ôc
de près fêle tour fur la Rue Sainte Anne avoit .j. moût
noble palais, qui eftoit dou maiftre, ôc en là avant fur la
mayffon des nonains de Saint Anne avoit une autre tour
haute, où eftoit canpanes, ôc mont noble yghfè ôc haute,
ôc fi avoit une au[tre t]our fur la mer mont anfiene, que
Salahdin l'avoit faite, c. ans avoit, en quei le Temple tenoit
fon trezor, «5c eftoit fi fur la mer que les ondes y batoient;
«5c autres biaus maners avoit dedens le Temple mont
nobles, de quey je ne fais menfion ores.
^02. L'ofpitau de Saint Johan eftoit bien herberges des
tours Ôc de biaus palais affés, mais il eftoit au myleuc de
la cité; ôc avoit .j. autre leuc, quy s'apeloit la Herberge, en
quei avoit .j. mont noble piaffe, moût lon[gu]e ôc mont
beUe ", quy tenoit de longeffe .c. «5c .1. canes, ôc avoit mont
grant propris de court ; ôc là fu fait la fefte dou couronnement
dou roy Henry, fi con vos avés oy devizer, ôc yquei
herbergoit le marefchau ôc le covent de TOfpitau.
5*03. Les Alemans avoient aufi mont bel hoftel ôc mont
noble tour, quy eftoit fi groce ôc fi belle come celé dou
Temple, ôc les Pizans ôc Venefiens eftoient mont bien herberges
de tours ôc de palaif s, ôc d'autres nobles mayfons de
chevaliers ôc de bourgois eftoit la fité plaineôcbien fournie,
ôcverayement il avoit .j. chaftiau grant ôc biau, mais n'en y
avoit point de focés, fi ne fuft d'une part devers le bourc,
a. Mf. biau.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

25*4 LES GESTES DES CHIPROIS.
1291 Je ne vos viaus plus devizer, mais eUe eft des beUes ôc
des nobles cités dou monde de fon grant; ôc fi eftoit
port ôc rivage de tous les gens quy veneent en Surie, ôc fu
grant damage de fa perdecion, ôc orés viaus tourner à parfaire
ma matière. Toute la gent porent avenir au Temple ;
fi fe mirent layens; Ôc le roy ôc tous les autres, quy eftoient
reculis as guaUées ôc as vauffiaus, fy fe partirent ôc firent
veUe, ôc les tarides ôc naves de la caravane de Veneife
fe partirent aufi, ôc le bon proudome patriarche ôc léguât,
frère Nicole, fi fe recuUy fur une nave de Veneflîens, ôc
.j. marenier le prift par la main, ôc U efchapa ôc chay en
mer, ôc fu neé. Or ne fait on pas fi celuy qui le prift par
la main le layffaft aler, pour ce que il avoit mis en fêle
nave fon aver, ou fe il ly efchapa de main, pour ce que
il ne le poft tenir; mais en quel que manière que ce fuft,
le predome morut neé, fi con je vos dis. Et quant tous
fes leins firent veUes, tous en une fés enfemble, fiaus dou
Temple qui là s'eftoient recuUis, jetèrent .j. mont haut cry,
ôc fé partirent les vafiaus, ôc alerent en Chipre, ôc furent
déguerpis la boune gent quy dedens le Temple c'efteent
mis, come vos avés oy, ôc fâchés que il y avoit .vj. leins
armés de Tighfe, ôc [..] guallées dou roy, ôc .ij. guallées de
Jenevés quy firent moût de bien, com chafcun le fait, car
U recuylhrent les gens de la mer, ôc les meteent fur les
naves ôc fur les autres leins, Ôc eftoit fur ces .ij. guallées
.j. Jenevés, quy avoit non André Peleau.
f 04. Or vous diray de la fité de Sur qui eftoit une des
fortes cité[s] dou monde : il avoit .j. bail en leuc dou roy,
qui avoit nom meffire Adan de Cafran, que fy toft come
il vy les vaffiaus à vêle quy eftoyent partis d'Acre, fi vuda
ôc abandonna la fité de Sur, ôc tous les autres chevaliers
ôc riche[s] gens; ôc les povres gens chaitis demourerent,
homes ôc femes ôc anfans, que n'en avoyent vauffiau ou
reculhr.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

ÎII. LE TEMPLIER DE TYR. 2ff
yof. Or vous dyrons des gens quy eftoient dedens le 1291
Temple : il y avoit le marefchau frère Piere de Sevry, ôc
frères dou Temple aucuns, ôc aucuns autre[s] frères quy
gezoient layens nafrés, ôc chevahers dou fiecle aucuns, ôc
dames ôc bourgoizes ôc autres gens afés. Celuy jour quy
fé recuiUirent layens, vint au Temple frère Mahé de Qermont,
marefchau dou TOfpitau de Saint Johan, Ôc vy le
maiftre dou Temple quy eftoit mort, con je vos ay [dit], ôc
retourna à la bataiUe, ôc mena o luy tous fes frères, que
nul ne le voft abandoner, ôc aucuns frères dou Temple
y alerent, ôc vyndrent en la place de la rue, quy fu des
Jenevés, quy eftoit place vude de mayfons, ôc là fe conbaty
vigourouzement le dit frère Mahé, qui eftoit maurefchau
au jour de TOfpitau, ôc ofift luy ôc fes compagnons
mont de Sarazins, ôc en la fin il fu mort, luy ôc les autres,
come chevahers preus ôc hardis, bons creftiens, ôc Dieus
ait Tarme de yaus !
^06. Saches, biau feignors, nul ne porroit «dire ni conter
le piour «5c la doulour quy fu feluy jour, ôc la pirié
des petis esfondrés ôc esboudés des chevaus, quy lor paffent
defus, ni eft home au monde que bien eùft du ceur,
quy n'en plouraft à veïr feUe juftize, ôc pour ce fu ge fertain
que tout gent creftiens ploureent fel jor quy fe virent,
car Sarazins, fi come Ton a feu, avoient eu depuis pité
ôc ploureent.
^07. Le Temple fe tint .x. jours, ôc le foudan fift parler
à fiaus quy eftoient au Temple, s*il fe voloyent rendre
à fiance à yaus, ôc li mandèrent dire qu'il fe renderoient
par enffy quy les feyffent condure à faveté là où U voreent
aler; ôc le foudan lor manda otroyer, ôc fi manda layens
au Temple .j. amiraU, quy mena o luy .uij^ homes à chevau
dedens le Temple : U vyrent tant de gent ôc de peuple,
ôc voleent prendre les femes quy plaifeent ôc ahontir, fi
que les creftiens ne le porent foufrir, ôc mirent main as
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

2^6 LES GESTES DES CHIPROIS.
1291 armes, ôc coururent fus as Sarazins, ôc tous les tuèrent ôc
decoperent, que nul n'en efchapa vif, ôc fé mirent en volenté
de défendre lor cors jufques à la mort, mais le foudan
qui fu mont couroufé de ce fait, fi ne moftra nul
femblant, ôc lor manda une autre fés que il favoit bien
que par la folie de fes homes furent U mors, Ôc por lor
otrage, ôc que il ne lor favoit nul maugré, ôc poieent iffir
feurement à fiance. Le marefchau dou Temple quy fu mont
proudome bourgognon, ôc avoit nom frère Piere de Sevry,
ôc autre fois le vos ais nomé, fi eut foy au dit foudan,
ôc niffi à luy, ôc demourerent à la tour aucuns frères
quy eftoient nafrés.
^08. Tant toft come le foudan tint le marefchau ôc les
gens dou Temple, ôc fift taïUier les teftes à tous les frères
ôc les homes treftous ; ôc quant les frères, quy eftoient dedens
la tour, quy n'eftoient mye fi malades quy ne " fe
peiiffent bien ayder, oïrent dire que le maurefchau ôc les
autres eurent les teftes taiUyes, fi fé mirent en defence,
dont les Sarazins fe myrent à miner la tour, ôc la minèrent
ôc eftancelerent, ôc adons fiaus dedens la tor fe rendirent.
Et les Sarazins entrèrent tant de gens dedens la tour, que
les eftanfons quy la foufteneent faiUirent, ôc la dite tour
chay, ôc fiaus frères don Temple, Ôc les Sarazins quy dedens
eftoyent furent mors, ôc meyfmes, au chair de la tour,
elle verfa vers la rue, ôc efckaka plus de .ij. Turs à chevau.
Et enfll fu prife ôc délivre la dite fité d'Acre le jour
dou veredy, à .xviij. jours de may dou dit an, ôc la maifon
dou Temple .x. jours après, tout en la manière que
je vous ais devyfé.
fog. Or vos diray de la viUe de Seete, quy eftoit dou
Temple, Le grant coumandour de la terre, quant il vy le
maiftre GuiUerme de Biaujeu quy fu mort, ôc il y a au-
a. Le mf. répète quy ne.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

ÎII. LE TEMPLIER DÉ TYR. 2^7
cuns frères qui eftoient efchapés as vaufiaus, qu'il alerent 1291
droit à Seete, Ôc fe mirent dedens le chaftiau de mer, ôc
troverent tout[e] la gent, quy eftoient montés en un[e]
yhle, en quey a .j. mohn. Ceftu coumandour de la terre
(quy) fe fift maiftre dou Temple par Tehlafion des frères
que U avoit o luy ôc dedens; fe manda le foudan un fien
amiraiU le Segay, qui afega le dit chafteau de mer d'engins,
ôc de fe que il les poft grever, fi les greva, ôc prift la
ville de Sayete quy les abitans avoient abandonnée, ôc
eftoient montés à Tihle, ôc de Tihle alerent en Chipre.
f lO.Le maiftre novyau fi avoit nom frère Tibaut Gaudy;
fi fe vy [affaUly] ôc penfa que à fon comenfement il ne
abandoneroit mye le chaftiau, ôc eu confeU à fes frères,
ôc par lor volenté, proumetant leur quy lor manderoit
fecours, ôc s'en ala en Chipre ; ôc quant il fu en Chipre,
fe porta lahchement de mander lor fecours, dont il avint
que les frères dou Temple quy eftoient en Chipre amis
des frères, quy eftoient à Sayete, fi lor mandèrent dire quy
penfafent de tout abandonner, car le maiftre ne fayffoit
nul femblant de mander lor fecours niffum. Et quant fiaus
frères dou chaftiau oyrent fe, fi fe furent mont mefcoragés,
ôc de Tautre part Sarazins les avéent mont haftés, ôc
avéent geté frehches ôc par de fus fablon, quy tenoit de
terre de la rive de mer, jufques au mur dou chaftiau, quy
veneent par de fus apieftant, Ôc fecha toute fêle mer, dont
les frères eiirent confeUl entre yaus d'abandoner ôc aler
en Chipre, ôc meyfmes il fe doutèrent que Sarazins ne
mandaffent de la Liche leins armés, ôc ne poreent puiffes
partir à lor volenté, ôc por fe une nut fe parrirent fi coyement,
que Sarazins ne les fentirent point jufques à Tendemain
au jour.
yi I. Quant Sayete fu fi abandonée, con je vos devyfe,
ôc les Sarazins prirent le chaftiau, û Tabatirent en .j. mont,
ôc eftant le Segay à Sayete, fiaus de Barut ly mandèrent
c 33
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

2^8 LES GESTES DES CHIPROIS.
>29« mefage, ôc ly mandèrent quy lor fift afaver ques eftoit fà
volenté ver yaus ; ôc U lor manda qu'U avéent bone tryue
au foudan, ôc que U fe teniffent à feur, mais que il deùffent
faire fefte de la priffe de Sayete, ôc que quant U pafferoit
par yaus à Taler ver Doumas, quy ly veniffent à
Tencontre. Et U le firent enfi, que, quant le dit Segay fe
party de Sayete, U paffa par Barut, ôc niffirent dou chafriau
de Barut, ôc ly vindrent à Tencontre pour luy henorer,
ôc pour ce qui lor avoit enfi mandé, con vous Tavés
oy ; ôc il, come dehleau, le[s] fift tous prendre, ôc prift la
ville ôc le chaftiau, ôc fift abatre les murs de la ville, ôc
puis abatre tout le chaftiau à terre.
f 12. Or Tachés que fiaus dou Chafteau Pèlerin, quant
U virent que tout fu perdu, fi virent bien que il n'en avéent
poier de défendre le chaftiau; fi Tabandonerent [ôc
alerent] en Tihle de Chipre, ôc Sarazins depuis le firent
abatre tout à terre.
y 13. Enfi con vos poés entendre, fu toute la Surie
perdue, ôc la prirent Ôc deftrurent Sarazins, ja foit fe que
devant furent prizes pluzors leus que je vos ay devizés.
Cefte fois fu tout perdu, que treftous creftiens ne tindrent
.j. paume de terre en Surie.
5*14. Près de cefte Surie, eft une ihle qui a nom
Chipre, mont riche ôc bone Ôc bien plaintive de tous
biens, ôc a pluffors bonnes villes en cefte dite ihle, que
je vous noumeray. La fité où demourerent les chevahers,
qui eft chef des autres, a non Nicoffie, ôc eft
en f [e]r[m]e terre, [ôc Tautre] quy eft fur marine a nom
Famagoufte, ôc Tautre fur marine a nom Limeffon, ôc
Tautre fur marine a nom Bafe, ôc Tautre fur marine eft
chaftiau Ôc bore clos de mur, fi a nom Cherines ; ôc en
ferme terre a .iij. chaftiaus, Dieudamour ôc Bufevent ôc
la Candare.
f I y. Cefte Uile fi eft reaume, ôc en eftoit roy ôc feignor
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

III. LE TEMPLIER DE TYR. 2^()
le roy Henry de Lezingniau, de quey je vos ay parlé, dou 1291
roy de Jérufalem.
y 16. En cefte ihle de Chipre fe recuiUirent la gent quy
efchaparent d'Acre ôc des autres leus de Surie, ôc là furent
à grant povreté, ôc fe aucun fu qui euft peu traire dou
fien ôc aporté o luy, fi valut mains la mité, por ce que
les chofes de vitaille enchérirent moût, ôc meïfmes les
maifons, qui fe leueent à .x. bezans Tun[e] le mes, montèrent"
à ,c. bezans Tan, ôc tous lor amis de Chipre le[s]
mefconurent ni fayzoient d'yaus menfion de mité ôc
d'amifté aucune, mais le roy Henry confiUia, ôc fe fift
mette à fodées les povres chevaliers Ôc fergans, dont il
fift grant amone Ôc grant bien, ôc '^ la rayne eftabhrent ôc
le roy amohnes ordenées à douner à povre gens.
y 17. Or avés oy coment le reaume de Jérufalem a efté
tout perdu, ôc m'a fèmblé de mètre à mon livre les no[n]s
des fités ôc chaftiaus de la Surie, fi con je les ay en .j. efcrit,
quy de fus font noumés.
y 18. La première fité fi fe doit nomer Jérufalem, quy
eft chef de tous les autres ; la terre de Naples vous dyray
pour ce que elle eft près de Jérufalem, ôc la terre d'Acre,
Ôc la terre de Sur, ôc la terre dou Toron, ôc la terre de
Jafe, Ôc la terre d'Efcalone, ôc la terre de Guadre, ôc la
terre de Safet, ôc la terre de Sayete ôc Biaufort, ôc la fité
de Sezaire, «5c la terre de Beffan ôc le Crac de Monreal,
ôc la terre de Saint Abraham, ôc la terre de Beliem, ôc la
terre de Gerycop, ôc la terre de la Blanchegarde, ôc la
terre de Saint Jorge, ôc la terre dou Ledde, ôc la terre de
Arfur, ôc la terre de Saint Jorge dou Sabaft, ôc la terre
dou Merle, Ôc la terre de Chaftiau Pèlerin, ôc la terre de
Cayfas, ôc la terre de Caymon, ôc la terre de Nazerel, ôc
la terre dou conte Joféhn, ôc la terre dou chaftiau dou
a. Mf. monta. — b. Le mf. répète Se.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

26o LES GESTES DES CHIPROIS.
1291 roy, ôc Efcandehon o s'apartenanfe, ôc la terre de Belynas
ôc Chaftiauneuf, ôc la terre de Barut.
yig. Or avés oy les nons des terres, ôc ores vos diray
les férvizes que chafcune terre doit faire au reaume, quant
il eft bezoing de chevahers ôc de fergans.
y 20. A Jérufalem doit chevaliers .xij., ôc la barounie
de la fité de Jaffe, ôc Efcalone, ôc de Rames, ôc de Mirabiau,
ôc Ybhn font .c. chevahers, ôc la princeé de GualUée
font.c. chevahers, ôc la feignorie dou Crac de Monreal
.Ix. chevaliers, ôc la feignorie dou conte Jofehn doit
.xxiiij. chevahers, ôc la fité de Naples doit .lxxxv. chevahers,
ôc la feignorie d'Acre doit .Ixxx. chevahers, ôc la
feignorie de Sur doit .Ixxviij. chevahers, que .v^viij.
^21. Et ores vous diray la cantité des fergans que chafcun
doit doner de fervize : le patriarche de Jérufalem
doit fergans .v'=., ôc le chapitle dou Sépulcre doit fergans
.v'., ôc le Safet doit fergans .cl., ôc la larine doit fergans
.c, ôc le vefque de Thabarie doit fergans .1., ôc la fité de
Jérufalem doit fur la gent de la ville fergans .v"^., Ôc la
fité d'Acre doit fergans .v''., ôc la fité de Naples doit fergans
.iij*^., ôc la fité de Sezaire doit fergans .1., ôc le vefque
de Belien doit fergans .ij^., ôc 'Ybhn ôc Mirabel doit fergans
.cT, ôc le vefque de " Saint Jorge doit fergans .ij'^.,
ôc Arfur doit fergans .ce, ôc le vefque de Saint Abraham
doit fergans .1., ôc Tarfevefque de Sur doit fergans .cl.,
ôc le vefque de Seete doit fergans .L, ôc Tarfevefque
de Sezaire doit fergans .1., ôc Efcalone doit fergans .cl.,
ôc le Ligon doit .c. fergans, ôc le Gerin doit .xxv.,
Caifas doit fergans ,1., ôc Thabarie doit fergans .1,, que
.iujlxxv.*,
f 22. Or vos ay retrait la doulourouze perte d'Acre,
ôc de toute la terre de Surie, ôc les nons des terres, Ôc les
a. Le mf. répète de. — b. On lit dans le mf. .iijmvclxxx.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

III. LE TEMPLIER DE TYR. 261
fervizes. Or nos vous retrayerons les aventures que depuis 1291
font avenues.
y23. Quant la nouvelle ala outremer, le pape ôc toute
la creftienté de là fi en furent moût douloros de cuer, Tun
des povres creftiens, quy eftoient perdus, ôc l'autre pour
honte de la creftienté.
y 24. Le pape de Rome fi fift tant toft armer .x. guallées
en Ancone, ôc les manda en Chipre pour garder
Tihle de Chipre, Ôc les povres creftiens, quy ens efteent,
ôc aufi manda autre[s] .x. gualées, quy furent armés en
Jene, laquel chofe fu grant confort contre Torgueul que
le foudan avoit, ôc fon propos eftoit de venir en Chipre.
y2y. Le roy Henry de Chipre, quant fes gualées furent
venues, il fift armer .xv. guaUées, ôc toutes fes gualées
enfemble alerent à .j. chaftiau de Turs, quy a nomleCandelor,
ôc prirent la tour quy eft fur la mer, ôc cuyderent
prendre Tautre, ôc ne la porent prendre, car les Turs fi
forent lor venue, ôc fe gardèrent ôc fe garnirent, ôc, ce
par grant esfors d'armes ne fuft. Ton n'en eùft ja pris ceUe
tour, quy fu prize, mais puis qu'il ne porent autre chofe
faire, fi abandonerent la dite tour, ôc fe partirent ôc alerent
en Ahffandre; ôc firent aucuns jours là devant, ôc puis
revindrent en Chipre.
y 26. Et quant fu Tan de Tincarnafion de Noftre Seignor
Jehfu Crift M ôc CC ôc XCI " de Tincar[na]fion,le foudan de
BabUoine, quy avoit enffi deftruite la creftienté de Surie,
que les gualées vindrent afeger fon port d'Aliffandre, con
je vos dis, fi en eut mont grant defpit, ôc douta ôc penfa
que Chipre fi poroit faire mal affés, ôc por ce U afembla
fes amiraus, ôc lor dift que U voloit fans faiUe prendre
Chipre, ôc por ce il ordena .c. amiraus, quy h deùffent
faire .c. gualées chafcun amirau, félon fon poier, dont les
a. On lit dans le mf u Se ce Se LXXXI.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

262 LES GESTES DES CHIPROIS.
«291 amiraus fi Otroierent, con fiaus que mont le doutoient. Enfi
con vos avés oy, voloit il deftrure de tout la creftienté,
ôc le povre peuple quy eftoit refet en Chipre, mais Dieu,
quy eft plain de mercy, atourna le fait autrement, ôc en
tel manière con je le vos diray.
y27. Le foudan afembla .j. autre fés fes amiraus ôc lor
dift : ce Biau[s] feignors, je me fuy apencé que, après que
je averay pris Chipre, me covient faire une grant euvre
pour quei je fuy fi, ôc fi veull que vous foies aparaiUés
de fivre moy, car je veus aler prendre Baudac, ôc feïr au
fiege de la Hahfe. » Et quant les amiraus virent que il enprenoit
fi fors enprizes ôc fi perelioulès, fi parlèrent entre
yaus de luy offire, car il ne pooient fouffrir fon orgueil,
ôc enfy come il le penferent, enfi le firent, ôc fe jurèrent
Tun à l'autre; ôc avint fi come il eftoient aies .j. jour à
la chaffe, il ly coururent fus ôc le tuèrent, ôc feluy que
premier le fery, fi fu Beidera, quy eftoit fon oncle, frère
de fa mère, ôc le fery fi lahchement, qui ne li fift nul cop
mortau, ôc adons le fery un amirau, quy ot nom le Chin,
quy dift à Beidera : ce Tu n'en a[s] mye feru cop d'ome
quy veulle eftre foudan, mais je ly dourai(s) cop de bras
d'ome. » Et tant le fery qu'U le partua, ôc fu enfi vengé
la creftienté des maus quy lor fift.
5'28. Sur fe fait furent Sarazins en efcandle, car chafcun
voloit eftre foudan, ôc fu grant bataille entre yaus,
ôc en morut affés, ôc en fu levé foudan Beidera, que Tendemayn
lui ôc fà parrie furent tués, ôc fu fait foudan Cot
Boha; ôc le Chin, de quey je vous pariay, quy tua le foudan,
fi chaffa ceftu Cot Boha, ôc ly toly la feignorie, ôc
ofift tous fiaus de fà partie, ôc puis fu [mort] ceftu le
Chin ôc tous les fiens, ôc meïfmes le Segay, quy fu grant
amirau de la païnime, morut tué de maie mort.
f 2g. Enfi furent mors ôc deftrus tous les amiraus perfecutours
de Jehfu Crift, ôc ja foit fe que Dieu foufry que
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

III. LE TEMPLIER DE TYR. 263
nos fumes punis par eaus pour no(u)s maies euvres, pour "9»
ce ne demeure que Dieu ne les puny dou mau quy nos
firent, ôc meïfmes voft Dieu punir le peuple, pour les
hontes que U firent à la creftienté de batre les yglizes ôc
trayner les ymages, quy font fais en remenbrance de Dieu
ôc de Noftre Dame; fi lor manda Dieu grant chareftié ôc
grant famine, quy n'en orent onques tant, ôc morut mont
grant cantité de peuple, ôc de la mortahté naffi fi grant
enfermeté entre yaus que les plus riches en morurent affés
; enfi prift Dieu venganffe des meffcreans Sarazins.
^30. Par my tout fes erremens, vous veuU je moftrer
une raifon, quy fe doit bien retraire, ôc chafcun, je croy.
Ta auffi bien coneù fi con je fay, c'eif afaver que de puis
que Acre ôc la Surie fu perdue, la gent furent fi malement
changés de bon en mau, que nul ne voloit amer à l'autre
ni fervir ni fecorre, ôc fi vis la noble gent fi abayffés ôc
fi aviUés, que menfion ne fe faizoit de yaus, ôc me fift fi
grant mau ôc pirié que je me doUée tout, dont je meïfmes
[me mis] à trover par rime fur Teftat dou fiecle qui eft
ores, après que Acre ôc Surie fu perdue, la queUe rime que
je ais trové. Tais mize dedens Te fivre fi après, por ce
que eUe foit tous jours trovée ôc remenbrée, la queUe
comenfe enffy :
a. Mf. je ais veu.
Tour ce que je voy treschanger
éMout de chofes de blanc en ner,
cA fe tens d'ores oiije fus,
Selonc les biens que j'ai veus ",
Je fuy par .j. talant rremis
D efcrire à rime[s] aucuns dis
Sur ce fiecle & fur la faifon
Qui fait fon cors par mefpriion.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

264 LES GESTES DES CHIPROIS.
1291 Tenir ne me peus à nul feur.
Car trop me pefe fort au cuer
Dou tens que je voy fi contraire
cA la franche gent de boun aire.
Etfe nul dit que n'apartient'^
D'oyr tel chofe que provient,
Facent rayfon que ./'. fabliau
Ont oy quy eft fait nouviau,
Et ne Vayent pas à folie.
Que maint prodome s'eftudie
cAucune fois & fe tremet[e]
Bones rayfons en ryme à mètre ^.
Quar en rimes & en chanfons
Teut on aprendre samples bons.
Que maintes fois peut avenir
Qu'aucun parfait peuent tenir.
Sur fe ciecle coumenferay.
Et aucune chofe diray
Que à chafcun de{n)vra fembler
Que que je diray eft [bien] ver{s).
Tuis qu'cAcre fu déshéritée
Et toute Surie gaftée,
Eft noftre '^ fiecle entalant[é]
De bonté en grant mavaifté.
Et sil furent aucuns mauvais :
Or font devenus plus punais,
a. Mf. ma partient. — b. Mf. En b. r. a. ryme mètre. — c. Mf. le.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

III. LE TEMPLIER DE TYR. 26 f
Quar félon [ce] qui m'eft avis, 1291
Lun à Vautre n'eft plus amis ;
Car rancure, defcorde, haine
Entre la gent a fait rafine
Et amour d'iaus [eft] départie,
Et eft cemé entre yaus envie ;
Tar coy il font en grant débat
Tor aver chafcun meillor part
De fe fiecle & [por] tant monter
Que nul ne puiffe eftre à luy per ^,
Et qu'il f oient ^ plus hennoré
De fon viiin & redouté.
Et grant robes faire & veftir.
Et les grans orguels maintenir.
c5Wa[ïV] pour marier orfenines
Ou fouftenir veves mefquynes
5\y verres ' à nul amacer
Deniers, pour amohne douner.
Tés font tout le plus de la gent ;
Très changés font trop malement.
Et ja foit ce que fans mefdis
Chafcun en eft bien avertys.
Toute fois [veul] mètre & metray.
Et par rime vos moftreray
Que fens, bonté & courtoiffe
Fait orendroit moût poi d'aye,
a. Mf. ne foit a luy pareill.—b. Mf. que il font. — c. Mf Ve verrefi.
c 34
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

266 LES GESTES DES CHIPROIS.
1291 S^i par biau dire ni valoir
cA peine à nul bien ny " henor,
éMais de blandir & de flatir,
Teut on plus toft à bien venir;
a. Mf. vy.
Tar faver eftre en beveries,
Dire mottes de rybaudies.
Et lo^enger, 6* preiens faire,
Tel gens peuent lor valoir faire,
Et qui fe feit afoutillier
D'un barat & engin moftrer.
Et controver novel u^age,
Seluy fi eft tenu à fage.
Et quy fe fera orgueillous
Et chafcun dehue refpons
Et fera baude 6* enbatam,
Seluy eft tenu à vayllam,
éMais .j. fimple home debonaire
Sans maliffe & de bon afaire.
D'un tel n'en eft fait menfion,
éMais eft tenu pour un moton ;
Car nuluy pour humelité
5\ï por dire fens ny bonté
^^iy par u^er de bone vie
cA peine peut [il] aver vye ;
Et pour ce vos puifs dire en fome
Que poy voit on que nul prodome
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

III. LE TEMPLIER DE TYR. 267
Tour honte qu'il ait ny faver 1291
En grant prifs venir ni monter.
éMais fiaus qui preftrem à u'iure{s)
Henor es font [à] ma mefure
Et acullis & bien aymés
Tlus c'un leau prodome [ ].
Et gent chaitis de vil nayffance
Sont acuillis des bons en dance.
Et lor fait [on] henor & pris.
Et des nobles gens accuillis.
Tour aucuns deniers que il ont ;
éMau dahé foit en my le front
Que tel gent pour ce henorera.
For de tant con les conuftra !
Dont vait le fiecle à reculons,
Quant Von tient le[s] mavais por bons.
Bien fu ce têtu profetifé
Tar lafebille en veryté.
éMais que que je die en la fin.
Je counus bien par faint éMartin
Que s'il que argent nen avra,
Ja bien acuilly nen fera ;
Et pour ce a chafcun fon pencer
D'or & d'argent bien amaffer ;
Tor fe qu'il n'ait d'autruy envye,
Ont lor confienfe alargie ".
a. Mf. Ont Ion tonfi en fer a largie.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

268 LES GESTES DES CHIPROIS.
1291 Et fi ne foleent pas faire
Les bones gens frans de bon aire,
cAins uieent de vérité.
De bonté & de leauté ;
éMais vil gens ne font nule force,
Se lor parole vait à Vorce,
Tour amafer or & argent
Et fur ce monter {la) bone gent.
Tel gens le fiecle [ont] corronpu ;
Grant perill eft d'ahne cornu :
Ces ont cornes dor & d'argent ;
Hurter peu[ven]t à toute gent ;
Et fe tous font [la] créature
De Dieu;fi n'eft mie droiture
Que tous fomes en ./'. degré
Tar la volenté de Dé".
cAbraham fi mift Ifmael
Sous les piés d'IMac jovenfel,
Que en la dame engendré fu ;
Ifmael pour ferf fut tenu,
Quy baftard [fu] né de la ferve.
éMais nul orendroit ne conferve
Fors qui quy foit, s'il a deniers :
Tour ce font les gens enpirés.
Toute riens vait orre{s) à rebours ;
Gens devienent en tout ^ le cors
a. Mf. dieu. — b. Aï/: de tout en tout.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

HI. LE TEMPLIER DE TYR. 26g
Quy font de [très] vil eftraiture, 1291
Si ont deniers hors de mefure.
Se poi^e moy, ce Dieu m'ait !
Or vos ay de moy le voir dit,
Car grant p[e]ché eft de grans " mau[s]
Quant ahne[s] devien[en]t chevau[s].
Encores por deniers aver.
Les uns vont les autres rober,
Et l'un à l'autre terre prendre.
Et crefti[emé] par tout vendre.
éMout m'en poi^e de tel faifon,
Qui fait fon cors contre raifon,
Que fiaus quy font de bien eftrais
Sont abayfiés par fi fais * trais.
Et partout vois raifon faillir
Et vérité '^ de tout morir,
Que,fe aucun a acarele,
QA home qui avra poier
De femonfes ou preiens faire
De bons vins 6* de laytuaire,
Seluy fera bien ef coûté,
Et Vautre fera rebuté.
Toute rien vait de mal en pis ;
Je ne fay que autre vos dis :
éMais Dieu fera{y) fon jugement.
Soies fertain, tout autrement.
a. Mf grant. —h.Mf fait. — c. Mf vente.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

270 LES GESTES DES CHIPROIS.
1291 Or vous vyaus dire de cleriie.
Que tous uient de femonie,
Que nul por bonté ny faver
t^avra provende fans douner ;
tNj benefiffe de Vigli^e
!7^en avra nul en nulle guiie,
5\j' baitier ni enterer,
Se il n'en eft par don denier ;
Et fe nul ovre quiert de faire.
Se il {ne) counuffent que Vafaire
Soit pour aucun povre mefdit,
Si fe faignem par aucun dit.
éMais pour [aucun] riche & manant,
Toft s'en vienent de maintenant
En chantant à prefefion :
Tel eft orendroit la faiffon.
Saint Tiere nen " ordena mie
Que enfi le fift [la] clergie ;
éMais comunal à toute gent.
Sans demander or ny argent ;
Et quant aucun en fainte yglife
Devient parlât ou ait ofice,
Tu{n)t [en] devient fi orguillous
Que d'un anel fe fait .j. ours.
Trefchours & éMenors n'ont pas mains
D'orguel aucunes fois '', fertains,
a. Mf. ven. — b. Mf. aucuns fées ce fertains.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

III. LE TEMPLIER DE TYR. 271
éMais d'eaus fe peut feftu bien dire : 1291
Le fiecle feroit afés pire,
Se il ne fuffent ferrement.
Que par lor amoneftement,
Quifevent bien dire & retraire,
éMout de gens trayent de maufaire.
Des roys, des princes & barons,
De fiaus ne fai ge menfions.
Car chafcun voit apertement
Coment {il) font leur gouvernement.
Je fuy fert, que, fans le mien dire,
Chafcun voit con le fiecle enpire,
Et fe Von dit que doit on faire.
L'on fe doit de tous maus retraire.
Et des orgueuls dou fiecle eijjir.
Et Dieu{s) henorer & fervir;
Car quant vera au jugement.
Tant Vorra fumier com argent.
De la faifon enfi contraire
Con VOS m'avés oy retraire,
5\/ foloit point en Chipre aver.
Car, bien le puis dire par ver,
C'eftoit le plus aiie pais
Con feûft de fi à Taris ;
Là oit n'avoit nule defcorde,
éMais pais & amour & concorde.
Les uns les autres s'entramoient,
Leauté & foy fe portoient,
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

272 LES GESTES DES CHIPROIS.
"91 ^^en avoient autre penfer
Que faire fefte & foulaffer;
Frans eftoient & de bon aire ",
Vers toute gens de bon afaire.
Si avoient pais [as]feûr,
V^en avoient afaire à nul.
Tar envye furent en apart
En grant difcort 6* en débat.
Dont il fe font moût amermés
Et damages & enpirés ;
Et ce font moût entrehaïs.
Les uns as autres ont maumis ;
Si n'en a mais entre yaus amor.
Fors felenie & [fors] errour.
Dont le païs eft enpirés ;
Grant damage eft, bien le fâchés,
Gram perill eft de lor difcorde.
Se Dieu ne met entre yaus acordé.
f3i. Or avés oy la rime que je trovay felonc le tens,
quy eftoit adons, ôc croy que fiaus qui ont veù feluy tens,
fi con je ais fait, direent que elle parle bien, ôc à droit ôc
veryté; mais je laira ores efter cefïe rayfon, ôc comenferay
à dire fe que je devray dire des aventures, quy font
avenues puis que Acre fu perdue, fi con je vous ay retrait
les autres chofes avant.
^32. Après que Acre fu perdue, avint en Tan de Tincarnafion
de Crift M ôc ecôcxci,les Sarazins d'Efpaigne,
a. Mf dire.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

m. LE TEMPLIER DE TYR. 273
quy font au deftroc dou Maroc, virent que le foudan de 1291
Babiloine avoit deftruit la creftienté de Surie ; fi vorent
aufi deftrure lor vizins d'Efpaigne creftiens. Tout foit U
chofe que d'un grant tens avant avoyent ordené les Sarazins
de Surie aveuc fiaus d'Efpaigne d'ennuer les creftiens,
les uns de sa ôc les autres de là ; ôc quant fiaus de
la Surie eurent fait, fiaus Sarazins, que je vos ais només,
fi voftrent aufi faire, ôc armèrent .xx. leins, guallées ôc faities,
ôc pafferent mont de gens d'armes par cel eftroit dou
Maroc en la terre dou roy d'Efpaigne par plufors veages;
ôc quant U furent paffés, fi afegerent une boune fité de
creftiens, quy eftoit dou roy de Caftele.
f 33- QH^'^^ ^^ ^°y '^^ Caftelle le fot, fi arma .xv. guallées,
ôc fu amiraiU meffire Beneit Zacarie de Gène, qui
eftoit à fel tens amiraiU dou royaume de Caftele. Le dit
meffire Beneit vint o fes .xv. gualées, là où les guallées
des Sarazins eftoient, ôc lor douna chaffe, car il ne les
poft jondre, Ôc puis retournèrent les gualées des Sarazins
en lor leuc, ôc pafferent toute jour lor gent.
^34. Le roy de Caftelle fift femondre fa gent à chev[au]
d'armes ôc afembla fon hoft, ôc en tant com U [peut] fa gent
pour venir contre Sarazins; le dit Beneit Zacarie avoit ja
douné chafe as guallées de Sarazins ôc pris faities. Le
leuc eftoit ftroit par là où il pafeent lor gens, mais Sarazins
virent que lor guallées eftoient plus ligieres que feUes
des creftiens : fi avoient grant baudour, ôc pafferent la
gent d'autre part, non donnant cure de nos gualées.
^3^. Le dit fire Beneit Zacarie, ja foit fe que il fuft .j.
fage home de mer ou foutil, toute fois avoit il en fà compaignie
Jenevés plufours, fages «5c foutils mareniers, quy
avoient fodées dou roy de CafteUe, Ôc fe confeilla à yaus
de poer enginier le[s] guallées des Sarazins ; Ôc entre mont
de paroles dites entre yaus, lor confeil fu de faire les bans
de lor guallées fi loins que .iij. homes peiiffent feïr defus,
c 35
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

274 ^^^ GESTES DES CHIPROIS.
1291 ÔC les labourèrent toft ôc haftivement, ôc mirent de lor
fuvre, faiUant à voguer .iij. par banc, quy fè dit trefcul.
Et quant il eut mizes fes guallées à tel point, ce Ton vos
dit, il avint que .j. bien marin fire Beneit fe mift à aler
contre les guallées des Sarazins, voguant mont lâchement,
Ôc les guallées des Sarazins, fi come il avéent ufé, li vindrent
à Tencontre feurement; ôc quant fire Beneit vy que
U efteent fi près quy traieent d'abaleftres, ôc fe fyoient en
lor ligerefe, c'y troverent, la mercy de Dieu, enginés, car
pieftant les treufeul mirent main à voguer,Ôc lor donnèrent
chaffe jufques à Tautre terre, dont Sarazins qui fe virent
près de terre fe lanferent en la mer pluyfours, ôc autres
fe défendirent, ôc prirent toutes les .xx. guaUées, Ôc de la
gent [furent] tout mors, ôc pris la plus grant partie, ôc lor
gens meïfmes de terre lor coururent fus, ôcles tuèrent; ôc
lor gens d'armes, quy avoient afegé la viUe dou roy de
Caftele, oyrent que lor guallées furent prizes, fi laifferent
le fiege ôc vindrent à la marine, pour faver aucun confort
de trover aventure, quy s'en peuffent repairer, mais aucuns
d'iaus alerent au roy de Caftele, ôc l'encontrerent
à un grant hoft, ôc fes Sarazins fe reneerent ôc devindrent
creftiens, ôc menèrent le roy de Caftele ôc fa gent là où
les Sarazins eftoient, que le roy de venue les defconfy ôc
mift tous à Tefpée fans mercy, car le roy de Caftele le
fift volentier, por afouager la pezance de fon cuer, qu'il
aveit de la perte d'Acre ôc de la deftrucion de povres
creftiens de la Surie ; mais nous lairons la raifon de fe
que U n'en y a plus que dire, ôc fi vos dirons d'un[e]
autre aventure.
f 36. Vous favés coment je vos ais devifé la guerre des
Jenevés à Acre, ôc puis la guerre vos ais dit, coment les
Jenevés eurent guerre as Pizans, ôc les defconfirent con
vos Tavés oy, ôc fe fu la plus grant parrie pour achaifon
de la guerre d'Acre devant dite ; Ôc de puis de ceUe guerre
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

III. LE TEMPLIER DE TYR. 275*
d'Acre, Venefiens defpriferent mont les homes de Jene, ôc 1291-1292
fouvent lor fayfoient gourdeffes, ôc d'autre part Jenevés
dezireent mont d'aver guerre as homes de Veneyfe, por
vengier ou croiftre lor honte, mais que le tort venift par
les Veneffiens, ôc le chemin d'infer, quy bien favet que
ne remaignet pour autre chofe, mais que .j. d'iaus le
comenfàft, fi pourchaffa la manière toft, fi come je vos
diray.
5*37. Il avint en Tan de M Ôc ce ôc xcii de Crift, que
.iiij. guallées de Veneffiens veneent de Veneyfe en Chipre,
ôc avoi[en]t les gens d'armes autre[s] .ij. gualyes en Chipre
au fervize de la maifon dou Temple, ôc venoit dedens .j.
frère dou Temple, quy avoit nom frère GuiUerme de la
Tour, ôc mon feignor Phehppe de Ybhn, oncle dou roy
Henry de Jérufalem ôc de Chypre, venoit de [o]tremer
dedens fes .iiij. gualies, ôc monta deffus en Veneiffe. Or
avint enffi que venant lor chemin, il encontrerent .vij.
gualies des Jenevés marchans, quy aleent de Romanie en
Jene, Ôc pour ce que il eft ufàge fur mer, des .iiij. guallées
de Veneiffens, ne les vorent efchiver, Ôc affés lor pria meffire
Phelippe de Yblin d'efchiver les ; mais il ne voftrent
riens faire, ôc toute fois Jenevés baifferent pour efchiver
le mau come gens marchans, qui ne querrent pas la bregue,
ôc eftoient .vj. guallées, car Tautre aloit bien près de terre
pour defcovrir qui ny euft autre guallée, ôc les Veneffiens
quy eftoient gens afés, ôc deziroient la bregue ôc fe
fioient à fe qui avoient la chourme de .vj. guallées, fur
fes .iiij., con je le vous ay dit, ôc virent les guallées yffir
de lor vée, ôc cuyderent que il le faiffoient de paour. Si
p(e)ryrent baudour, ôc mirent main à lor efpées ôc les traïrent
nues, criant contre les Jenevés : ce Or c'eft à dire,
nos vos avons de guain ! '} Et quant les Jenevés virent
fe faire à Venefiens, ôc que il eftoient armés, fi armèrent
ôc alerent contr'eaus, ôc à Tafembler fu tué d'un carriau
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

276 LES GESTES DES CHIPROIS.
1293 frère GuiUerme de la Tour, frère dou Temple, quy amenet
fes guallées des Veneflîens, con je vos ay dit ; ôc quant
U furent jointes les uns as autres, Venefiens furent desbaratés
ôc vencus ôc pris, ôc aucuns y ot mort. Le chevetaine
des guallées de Jene, fi fu meffire Johanin Marozel, ôc
guarenty meffire Phelippe de Ybelin, oncle dou roy de
Chipre, ôc ja foit fi que la vaiffele d'argent dou dit monfeignor
Phefippe h fu toute robée, ôc quant à fel[e] oure
Ton ne la poft recovrer, toute fois la mandèrent tout à fon
gré; ôc confecerent les Venefiens fur une ihle lor tort [ôc]
outrage, ôc en firent Jenevés de ce chartre de notaire, ôc
les layfferent aler, ôc tout en cefte manière le traïft mon
feignor Phehppe de Ybhn.
f 38. Le feigan[t an] après, quy fu Tan de Tincarnafion
de Noftre Seignor Jehfu Crift M ôc CC ôc xcni,les Veneffiens
armèrent en Veneiffe .xxv. gallées, ôc vindrent en
Chipre por damager Genevés, non regardant à tort quy
vint de lor gent, con vos m'avés oy dire, por la prezence
de fe franc home ôc grant feignor meffire Phehppe de
Ybhn, ni mandant mefage en Jene, mais [de j lor preupre
volenté «5c par defprizance, vindrent fes .xxv. guaUées de
Veneflîens en Chipre à Limeffon. Et fu lor capitaigne
MarcMazille, ôc abatirent les crenyaus de la tour de Jene,
quy eft à Limeffon, Ôc abatyrent la loge des Jenevés, Ôc
prirent le bafton point as armes de Jene, ôc le traînèrent
lié d'une corde par terre, ôc firent grant menafes à Jenevés,
fi que nul Jenevés à Lymeffon ne s'oza moftrer. Et fe
partirent de Limeffon, ôc vindrent à Safines, ôc troverent
là le roy Henry de Jérufalem ôc de Chipre ; ôc le capitaigne
de fes guallées defendy tart de nut, ôc parla au roy, ôc fi
douna letres que le duc fi mandeit, ôc parlant de plufors
paroles, le roy lor demanda coument fé efteit qu'U efteent
venus aveuc tant de guaUées, ôc il diftrent que il fe voloient
venger de pluzours menus otrages que Jenevés lor
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

III. LE TEMPLIER DE TYR. 277
avoit fait, ôc le roy lor dift quy fe gardaffent que Jenevés 1293
n'en armaffent après yaus. Le capitaine refpondy que U
efteent armés de tel gent qui ne doutere[e]nt .1. guaUées
de Jenevés, [qui] les counuffeent bien coument U font les
fis de fiaus quy les defconfirent le tens paffé ; ôc fes paroles
dift au roy en audienfe de mon feignor Phehppe de
'Ythn, ôc de plufors chevaliers ôc maihnées quy furent là
ôc je, Dieu le feit, Tai efcrit " fe con je Toï(s), quy eftee là.
y3g. Celé nut partirent les dites guaUée[s] de Safines,
ôc alerent ver Famagoufte. Le chaftelain de Famagoufte
fi eftoit meflire Phehppe de Brie, quy vint Tele nut à la loge
des Jenevés, ôc dift au cons[e]le ôc à Genevés quy là fe
troverent, que U penfafent d'eaus faver, que fe les guaUées
de Venefiens vereent à Famagoufte ôc lor voloient maufaire,
que U ne les poreent guarentir. Et adons * le cons[e]le
amaffa les Jenevés, ôc parle confeiU de tous fe partirent de
Famagoufte, ôc alerent à Nicoffie ôc as autres leus, ôc fefte
chofe que le chaftelain dift, fauve fon henour, U ne deiift
aver enffi dit, car félon la ténor dou provefige des Jenevés,
le roy les det fauver ôc guarder en fon royaume à fon
poier, ne U ne promift mie d'eaus défendre à lor poer,
ains lor dift tout de bout que bien lor en covenift.
^40. Toute fois fe parrirent les Jenevés, fi come eft fus
dit, Ôc les guaUées des Venefiens pafferent outre ôc alerent
à Layas en Ermenie, ôc prirent une nave des Jenevés, ôc
la firent rechater pour .m. ôc .v^. bezans blans, ôc levèrent
toutes les armes, ôc traînèrent les banieres de Jene par la
mer, criant : c Guère ! JJ ÔC demourerent là achetant lor
marchandies, ôc chargant lor guaUées ; ôc les Jenevés de
Laias s'en fouyrent par les cazaus, ôc dedens Laias lor fù
fait aucune damage à lor chozes.
5^41. Dedens fe, meffire GiUe Doire fu à Famagoufte,
a. Mf. lainfe rot, Voy. la Préface. — ^i. Le mf répète Se adons.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

278 LES GESTES DES CHIPROIS.
1293 lequel c'eftoit conbatu au Caf à une gualée des Venefiens
d'un quy avoit nom Poiet Dalfin, ôc Tavoyt prize Tur Te
y défendre, ôc puis la laiffa aler, ôc eftoit revenu à Famagoufte,
con vos oies, ôc avoit oy ôc feu ce que les Venefiens
avoient fait as Jenevés en Chipre ôc à Laias, ôc
devoit prochainement partir de Chipre pour aler en Jene,
ôc portoit o luy frère Nicole ôc fon conpaignon, frères
menors, quy alerent; ôc fé party ôc ala, ôc en fon chemin
encontra .xiiij. guallées de Jenevés, quy aleent de Jene en
Romanie, ôc patla à yaus des gualées ôc lor conta les outrages
que Venefiens avoient fait ôc fayffoient as Jenevés,
dont il en furent" moût couronfés ôc dirent que U Tamendereent,
ôc firent retorner le dit Cille Doire aveuc yaus
ôc les .ij. frères menors que U meneit, «5c fé vindrent en
Coftanrinople, ôc defchargerent lor baies ôc lor marchandie
en terre, «5c la recoumanderent à Temperour, ôc s'efforcèrent
ôc aparaillerent d'armes ôc de fé quy lor fembla;
ôc le baill des Venefiens de Coftanrinople s'en vint en
Père à la ville quy eft des Jenevés devant Coftanrinople,
ôc parla à fes feignors des gualées, priant quy le layffafent
aler avant d'iaus en Ermenie à lor gent, faver s'il poroit
mètre aucun bien, Ôc les Jenevés ne le voftrent foufrir,
ôc encores lor pria le dit baiU qu'U le laiffafent venir
aveuc yaus en lor guallées, pour mètre aucun bien, ôc les
Jenevés en nulle guyfe n'en le vorent mener, ôc fe party
ôc tourna en Coftantinople.
f 42. Les Jenevés fe parrirent de lor vyUe d'en Père, ôc
furent .xv. guallées, à conter la guaUée de fire Gile Doire,
ôc menèrent les .ij. frères menors; ôc en lor chemin venant
ver Laias, fi encontrerent .ij. guallées d'un leur Jenevés,
quy avoit nom André Pelau, que U le remenerent aveuc
yaus, ôc furent .xvij. guallées, ôc aufi troverent .j. autre
a. Mf. firent.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

ÎII. LE TEMPLIER DE TYR. 27g
Jenevés à un fien lein armé, quy eftoit mains de guallée, 1293
Ôc le menèrent en lor conpaignie ; ôc quant il furent venus
au Coure, il troverent .j. guallée de Chipre armée de
gens de Surie, Pizans ôc Venefiens, gens haïnos à Jenevés,
en qui avoit aucun quy avoient ofendu à Jenevés, en la
quele eftoit meffire Ote de Gualanfon ; ôc le dit meffire
Ote de Gualanfon, quy eft .j. chevalier d'outremer de grant
renomée, fi parla as Jenevés, ôc mont lor prea qui lor
pleùft " quy peuft aler aveque yaus pour mètre aucun
bien, mais le[s] Jenevés ne le vorent foufrir, ôc li prièrent
que il deiift alargir fa guallée loins des lor, pource qu'il
ne peuft par aucun[e] fo[is] naiftre aucun mau, que fes
guallées eftoient gens quy lor avéent o fendus par le tens
paffé, ôc pour s'amour ne les voleent grever. Meffire Othe
s'en party d'eaus, ôc vint en Chipre, car il venoit de veïr
ôc parler au roy d'Ermenie.
5*43. Les Jenevés furent à Laias, ôc furent à la vifte les
uns des autres aveque les guaUées des Venefiens, dont les
Jenevés lor mandèrent fes .ij. frères menors, ôc lor mandèrent
quy lor deùffent rendre Taver des Jenevés, quy
Taveent pris; dont il ne voftrent riens faire, ôc prirent les
.ij. frères menors, Ôc les jetèrent en terre aveque lor barque,
ôc ne les laifferent venir arieres à Jenevés, ôc voguèrent
en lor gualées vers les guallées des Jenevés pour afaiUir
les, ôc les Jenevés les efchiverent, alant vers la Montaigne
Nègre quy eft loins de Laias, alant vers demy jour .xxx.
milles, ôc forgirent lor ancres là, ôc les Venefiens à lor
gualées vindrent là, ôc fourgirent ôc arefterent devant les
guallées des Jenevés, ôc furent les uns devant les autres
tant con lor ploft. Et fe partirent les Jenevés, ôc alerent
à Laias, Ôc propozerent en lor confeil de Surie [de porchaffer]
les Veneffifiens jufques dedens lor goulf de
a. Le mf. répète quy lor pleùft.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

28o LES GESTES DES CHIPROIS.
1293 Veneife, ôc diftrent entre yaus que il efteent guallées
chargées Ôc pezantes, ôc fe aucun vent les deparrift, il les
per[dr]eent toutes, ôc s'il voleent venir à la bataille qui
les atendereent, ôc s'aparaUherent Ôc acrurent de gens de
la terre, ôc atendirent, ôc fé herent enfemble, pour ce
qu'il eftoient mains afés des Veneflîens,
^44. Les Veneflîens fi eftoient à la pointe de Maumiftre,
ôc eftoient .xxxij. leins, car U furent de Veneyfe .xxv. gualées,
ôc le comun lor manda une gualée, faire lor fàver
coment feftes guallées de Jenevés eftoient partis de Jene,
ôc quy fe deùffent garder d'yaus, ôc de Romanie lor vindrent
.iij. guallées ôc .iij. fairies. Et eurent confeiU les Veneffiens
de combatte à Jenevés, car s'il ne fe conbateent,
ôc fe delivreent d'eaus, il lor vereent après, guaitant lor
point de faire lor damage, ôc pour ce lor valoit meaus
le conbatre, ôc propozerent de tenir lor antenes en poy
hautes, pour ce que fé les Jenevés voziffent refuzer la bataille,
ôc fe meïffent à aler, deveent adons faire velle de
lor gualées, ôc ataindre les, ôc pour ce avéent il lor antenes
" hautes qu'il ny eùlt autre à faire que de tirer la
poge ; Ôc enfi fe mirent à venir vers le port de Laias là où
les Jenevés atendeent.
y45'. Quant les Jenevés les vyrent venir, fy s'armèrent
ôc crièrent à lor *, ôc les guallées des Venefiens les alerent
enveftir, ôc les Jenevés efteent liés enfemble quy ne s'ozerent
efparpolier, pour ce qu'il efteent mains des gualées
de Ven[e]fiens; ôc fu la bataille grant Ôc fort de lanfes, ôc
de pieres Ôc de carryaus, quy dura grant pieffe dou jour;
ôc en la fin furent les Venefiens defconfis, ôc les Jenevés,
quant U fe virent le meyUour, fi dehlierent lor gualées
a. Le mf. ajoute à ce mot : en adons faire velle de lor gualées
poy hautes pour ce que fe les & ataindre les, & pour ce aueent
jeneues voziffent refuzer la ba- il lor antenes.
taille & fe meyffent a aler deueent b. Le mf. répète a lor.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

III. LE TEMPLIER DE TYR. 28 1
ÔC prirent des gualées des Venefiens .xx\.; ôc .iuj. gualées 1293-1294
ôc .iij. faities efchaperent, ôc alerent en Veneyfe, ôc guaynerent
adons les Jenevés toute la marchandie que les Venefiens
avoient dedens lor gualées, quy valut plus de
.v^. miUe bezans farazinas; ôc en tel manière avint à Venefiens
fefte grant mefaventure. Et ore je laray un" poy
à parler d'eaus ôc des Jenevés, ôc fi parlerons de fe quy
covient à parler des chofes quy avyenent Tun an après
Tautre.
f 46. Quant vint en Tan de Tincarnafion de Noftre Seignor
Jehfu Crift M ôc CC ôc XCIIII, fu ehleu pape frère Piere
de Moron, quy eftoit reclus ; fu apelé papeCelellin. U fù
home de grant fainteté, ôc pluffours gens dient que Dieu
fift mont de miracles pour luy en fa vye, ôc fi ne voft
onques chevaucher que ahne, pour dignité nuUe que U
eiift; ains vefquy mont humblement, ôc fi vefquy poy. Et
vos diray que fu de luy, eftant U pape, fi con je vos dis,
ôc que U vy les gens efcandelés ôc defcordés entre la creftienté,
ôc meïfmes en la court de Rome, ôc que U ne le
poiet amender, fi guerpy le fiege apoftohal, ôc retourna
à s'abaye ; ôc furent les cardenaus en grant débat de fidre
pape. Or avoit .j. cardenal, quy fage ôc arteUiaus ôc mont
entreprenant [eftoit], Ôc aveit efté notaire en la court dou
pape, & mont avoit apris, par coy U favoit afés, ôc parla
à pluzours des autres cardenaus, as quels .j. à un U lor
promiif de faire les pape, fi li vofCffent doner lor vois.
Et Tun de Tautre ne favoit rien, dont chafcun por fe il
donerent lor vois, ôc ly firent grant promeffes; ôc quant
vint le jour de la ehlafion, il meymes fe fift pape, ôc
furent les autres tous defeùs. Ceftu eftoit avant Beneit
Guaitan, ôc fu nés d'un pays quy a nom Anaigne ^.
^•47. Quant ceftu fu pape, U manda ôc fift venir à luy
a. Mf. en. — b. Mf. iraigne.
c jâ
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

282 LES GESTES DES CHIPROIS,
1294 pape Seleftin, quy fe fut degeté dou pape, ôc le fift tenir
en garde, que efcandle conmenfoit ja entre la gent, ôc
dyfeent qu'il y avoit .ij, papes, ôc que ce eftoit chofè quy
ne fu onques, ôc ne fu mais, que pape ce fuft degeté; ceftu
pape Seleftin vefquy poi, ôc morut,
f48. Ceftu pape Boniface comenfa mont à eftiver ôc
grever fiaus de la Colone, quy font gent de grant lignage
à Rome; ôc de fe fingnage aveit .ji. cardenaus, que Tun"
avoit nom meffire Jaque ôc Tautre meffire Piere, les qués
meteent fus au pape de lais fais, ôc le pape meïfmes prehcha
contre yaus, ôc les dejeta jufques à la carte jenerafion
de tous les bénéfices de fainte yglife. Et fiaus de la Colone
coururent fus à la gent dou pape, ôc les dérobèrent
de grant deniers, de laquel [gent] la guerre comenfa moût
fort, ôc le pape les afega en lor chaftiau de la Colone ôc
afega puis le chaftiau quy a nom Paleftin ôc eft de fiaus
de Coulone, qui eft mont fort, ôc prift Tun chaftiau ôc puis
Tautre; ôc les .ij. cardenaus fè rendirent à fà mercy, dont
il les fift mètre en garde, mais de puis il s'enfouyrent en
Gène, ôc de là alerent en Sezile.
f4g. Pape Boniface tranlata pluzours perlas; entre les
autres tranlata Tarfevefque Johan Turc, frère menor, ôc
fu né d'Ancone, ôc le fift arcevefque de Sardeigne.
5'5'o. Et fift arfevefque de Chipre meffire Gerart, le deen
de Lengres, quy demoura en Chipre .ij. ans, ôc puis s'en
ala outremer.
ff I. En Tan de feft[e] incarnafion de M ôc CC ôc XCIIII,
avint en Hermenie .j. grant efcandle entre le roy Haiton
ôc fes frères, ôc vos diray coment fu Tachaifon.
f5'2. Le roy Haiton ala à Tatars ôc laiffa fon frère
Toros, que eftoit fegont de luy, en fon leuc; ôc quant il
revint des Tatars, U mift fus à fon frère, que il h voloit
a. Mf. on.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

ni. LE TEMPLIER DE TYR. 283
tohr fon royaume, ôc chaifona de fe fait plufors barons 1294
de fon païs. Après, ceftu roy Haiton s'en ala en Coftantinople
ôc mena Toros, fon frère, aveuc luy; ôc Senbat, fon
riers frère, que U avoit layffé en fon leuc, fè fift tanttoft
corouner dou royaume d'Ermenie, car Haiton à fon tens
ne fe voft onques encorouner, ains vefty Tabit des Frères
Menors, ôc fe fift apeler frère Johan d'Ermemie.
5' 13. Quant le devant dit frère Johan entendy que Senbat,
fon frère, c'eftoit fait roy de fon royaume d'Ermenie,
fi arma .ij. guallées ôc mena o luy fon frère Toros, ôc fi
vint en Ermenye ; mais fiaus d'Ermenie lor défendirent Tentrée,
ôc frère Johan demanda pour coy Ton le defendoit
Tentrée de fon païs, ôc Ton h dift que fon frère Senbat
s'eftoit encourouné, ôc que il ne voloit qui deuft entrer
au païs. Et le dit frère Johan ôc fon frère Toros vindrent
en Chipre, ôc de là s'en alerent en Coftantinople, ôc de
là fe mift à aler à Tatars, pour foy clamer de fon frère
Senbat; mais le dit Senbat fu avant de luy à Tatars, Ôc
avoit efpouzé feme tatare pour avoir plus lor amifté ; Ôc
enfi come il fe revenoit des Tatars en fon païs d'Ermenie,
U encontra en fon chemin frère Johan ôc Toros, fon frère,
quy aleent à Tatars : fi les prift ôc mena aveuc luy en Ermenie,
ôc après poy de jours, il fift eftrangler Toros, fon
frère, ôc fift crever les ziaus à Haiton, quy eftoit frère Johan,
mais fi come à Dieu ploft, Tun euU li remeft que il
vy de luy après. Et quant il, lor cart frère, quy ot nom
Coftans, vit que le roy Sembat avoit tué fon frère Toros
ôc Tautre aveuglé, fi en fu mont dolent, ôc pour ce parla
à plufors des plus riches d'Ermenie, ôc afembla gens ôc
corut fus à Sembat, Ôc le defconfy, ôc le prift ôc le mift
en prifon, Ôc délivra fon frère Haiton, quy eftoit frère Johan.
Quant Haiton fu hors, il ne rendy pas bon gré à
Coftans quy le dehvra, ains le prift ôc mift en prizon, ôc
puis manda luy ôc Senbat à Tempereor de Coftanrinople,
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

284 LES GESTES DES CHIPROIS.
1294-1296 ÔC rint feftu Haiton fon royaume, tout veftu de Tabit
des Frères Menors, tant que .j. enfant fù grant, quy fu
fis de Toros, fon frère fegont, quy avoit efté eflranglé; Ôc
la mère de feftu anfant (quy) fu fuer dou roy Henry de
Jeruiàlem ôc de Chipre. Ceftu anfant, le roy Haiton le fift
encoroner dou royaume d'Ermenie à fon vyvant; ôc vos
layrons à parler de luy, ôc parlerons d'un autre fait, con
vos orrés.
yy4. A M ôc ce ôc xcv de Tincarnafion de Crift, fu
grant remuement en Jene ôc en Veneiffe, car Veneffiens
voleent faire grant armement pour eaus venger dou damage
ôc de la honte que les Jenevés lor avéent fait, ôc
Jenevés meïfmes s'atirerent de Tautre part, pour eaus défendre.
y y y. Le pape manda querre les plus fages de lor fités,
ôc fe travailla mont de mètre aucun acort entre yaus, mais
ne poft, ôc pour fè, fe tornerent chafcun en fa fité; ôc comenfa
la guerre entre yaus mont forte ôc mont cruel, fi
con vos entenderés.
^^6. Les Veneffiens armèrent .Ixx. guaUées, ôc vindrent
fodainement en Père, qui eft une viUe des Jenevés, ôc eft
afifé devant Coftantinople, ôc mirent le feue dedens, ôc
l'ardirent fans autre damage, que Jenevés avéent oy noveles
d'yaus, ôc avéent trait tous lor biens, ôc mis dedens
Coftantinople, ôc meïfmes lor tarides il les esfondrerent
ôc les laifferent aler à fons, ôc puis dou partir des dites
gualées, fi les levèrent.
5'y7. En Tautre ifté après, les Jenevés armèrent .Ixxx,
gualées, Ôc entrèrent en le goulf de Veneiffe; Ôc avoit de
fus .ij. amiraU[s] : Tun fu fire Thomas Efpine de .xxx. gualées,
ôc Tautre fu meffire Guoude Damar des .L gualées.
Et furent entre le goulf de Veneyffe ôc y demourerent
tant que le befcut lor comenfa à faiUir, ôc furent au confeil
fi que fire Thoumas Efpine fi confeiUet d'atendre pour
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III. LE TEMPLIER DE TYR. 28^
ce que honte lor feroit, fe Veneflîens niffeent, ôc U fufent 1296-1297
partis avant; ôc Tautre amirail fire Guaude Damar diibit
que il fe voloit partir en toute guyfe ôc aler en Sardeigne;
fi que les .ij. amirails furent à vylaines paroles, ôc fe party
meffire Guaude à .1. guaUées, ôc s'en ala en Sardeigne, ôc
fire Thoumas Efpine, quy n'en avoit que .xxx. gualées,
n'en oza demourer, ôc fe party, ôc vint en SezUle, Ôc fe
mift en .j. leuc, quy a nom la Catune.
5" ^8. Les Veneffiens après poy de jours niffirent de Veneize,
ôc vindrent au leuc où les Jenevés les avéent atendus,ôc
troverent que il eftoient partis, ôc prirent baudour,
ôc vindrent en Sezile, ôc troverent fire Thoumas Efpine à
ces .XXX. gualées, ôc h donnèrent chaffe, mais Thoumas
Efpine i avoit hgieres gualées, Ôc fe partirent.
yyg. Les gualées des Veneflîens firent le tour de la
Sezile, ôc en pareU leus prirent des Jenevés naves, qui
dévoient charger de fourment, bien .xvij., ôc enfy reffut
le comun fe damage.
y60. Quant vint Tautre yfté après, le comun de Jene
arma .c. ôc .Ixxvij. guaUées ôc .xx. barques de par efcalme(s),
ôc vindrent en SeziUe ôc à Meffine, Ôc armèrent "
.XXV. guallées que il layfferent à garder Jene pour les
Pizans, ôc fu amiraU de fes .xxv. guallées meffire Manuel
Zacarie, Ôc doù grant armement fu amirail meffire Aubert
Doire, quy fu jadis capitaine de Jene. Et quant fe grant
hoft fe party de Jene, mandèrent letres au coumun de
Veneyffe, que il eftoient partis de Jene .c. ôc .Ixxvij. gualées,
Ôc alerent à Mefine, ôc s'il avoient volenté de faire
aucune raifon, qu'il venyffent là «5c portaffent lor cartulaire,
car il Tavoient porté le leur aveuc yaus; ôc puis quant il
furent venus à Meffine, fi lor mandèrent, par .j. courier
quy ala de PoiUe, à un[e] autre fi faite letre.
a. Le mf. répète Se armèrent-
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

286 LES GESTES DES CHIPROIS.
1297-1298 y6i. Les Veneffiens lor firent le refpons, ôc lor mandèrent
dire que il eftoient venus esforfe[em]cnt volentiers
pour ce que Veneyfe ne poroit entendre fi toft à armer tant
de gualées, ôc pour ce fembloit que il ne voleent mye la
bataUle, mais s'il fucent venus ou voziffent venir comunal,
qu'il fuffent niffus ôc niftreent bien à la bataille pour eaus.
Dont les Jenevés s'en tornerent en Gène atout lor grant
armement, quy fu mont noble ôc grant, fi come fiaus quy
les virent le dient, que tous les grans homes de Jene à
preuve les uns des autres armeent lor gualées, bien aornées
de pluifors coulours, ôc trop em pais ôc repos alerent
Ôc tournèrent.
^'62. Et quant vint en Tan de M ôc ce ôc xevi[ii) de
Crift, les Jenevés armèrent .Ixxxiiij. gualées, «5c nyffirent de
Jene, ôc vindrent entre le goulf de Veneife, ôc leur amirail
fu .j. vaiUiant home artiUious ôc de grant cuer, quy avoit
nom meffire Lanbe Doire ; ôc en lor veage les affailly .j. fi
mau tens que .viij. gualées fe partirent de Toft, ôc les geta
le mau tens à fes .viij. gualées en Poylle, de quey lor mau
vint pour lor profit, car il prirent plufors vaufiaus de Veneyfe
qu'il n'eùfent pas pris, ôc les autres .Ixxvj. gualées
traverfèrent le goulf, ôc alerent vers TEfdavonie en .j.
ihle quy a nom Efcurfle, ôc là atendirent les Venefiens.
^63. Le comun de Veneyfe, quant U vyrent bien que
Jenevés eftoient venus, fi armèrent lor guaUées quy furent
.xcvj. gualées, ôc dévoient avoir autre[s] .xiiij. de jarre; ôc
fu lor amirail .j. grant home de Veneyfe, quy avoit [nom]
Calo Dandle, ôc fè vindrent fes .xcvj. gualées à la vifte
des guallées de Jene; ôc fe fu par .j. famedy de fetembre,
à .vj. jours entrant, que fu la vegile de la fefte de Noftre
Dame, mais la fefte fi devoit eftre le lundy, ôc pour achaifon
de la fefte, felle nuit dou famedy, les gualées de Jenevés
en chafcun de lor efcaloine [alumerent] une chandele
pour henor de la Vierge Marie, fi que les Venefiens les
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

III. LE TEMPLIER DE TYR. 287
virent bien, ôc quant fire Lanbe Doire, amiraUl de Jenevés, 1298
vy que fa gent firent fe leminaire, fi demanda por quoy
fe eftoit que il fayzoient fe luminaire. Si fi fu dit que il
le faizoient pour la fefte de Noftre Dame quy fera donmain
le dimenche ; ôc il manda comandant de gualée en
gualée qu'il deùffent eftaindre les chandeles, que la fefte
de Noftre Dame nen eftet mye le dimenche qui eftoit
demayn, mais la fera le lundy : ce Avérons la bataille
demain à nos henemis, ôc les vequerons, ôc ferons fefte
de Noftre Dame, ôc por la vidoire que nos avérons, o Et
fon dit fu profecie, car enffi fù. Et adons furent eftaintes
les chandeles toutes, dont les Venefiens fi firent grant
merveiUes de fe que il avoient veù fi grant luminaire, ôc
puis eftayndre fi toft : fi cuyderent par ce que les Jenevés
fuffent partis, ôc de lor fanon quy alumeit encores,
faizeent rayfon Venefiens que ce eftoit une lanterne
qu'yl avoient layffé fur aucune barque pour fembler as
Venefiens que U fuffent encores au leuc, Ôc avereent en
tant efpaffe d'aler. Et pour faver de fe aucune vérité, fi
mandèrent .j. leur Venefien, quy a nom Menegue Efclafon,
en .j. colonbet que s'acofta as gualées des Jenevés,
ôc les vy de loins toutes rengées, ôc vint fi près que il
l'oy que les uns dizeent as autres : ce Ves tu acheter fe
que je guaigneray doumain ? w Et autres dizet : cr Quant
fera jor pour faire fefte bataille} » Et Menegue tourna
ôc dift à lor amiraiU coment les gualées font encores en
leur leuc, ôc as paroles qu'il avoit oy d'eaus, U n'efteent
mie gens de fouir, que il penfaft d'aparaUler fes bataiUes
ôc ordener fon fait.
f 64. Quant vint Tendemain matin le dimenche, U s'aprocherent
les uns as autres, ôc s'abaleftrerent afés ; ôc Venefiens
eurent confeU de ferir fur la mité des guaUées des
Jenevés, ôc averont toft defconbré fêle mité, ôc Tautre mité
après avra poier à yaus; fi femeteront en defconfi(ti)ture.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

288 LES GESTES DES CHIPROIS.
1298 Et tout enfi come U le deviza fift, que atout lor gualées quy
furent .xcvj., feryrent fur la mité des gualées des Jenevés,
quy ne furent par tout que .Ixxvj. gualées, que les autres
,viij. fe partirent d'yaus par mautens, con vos Ta[vés] oy
avant, ôc nen eftoient encores [revenus] ; ôc donerent les
Venefiens fi grant charge fur la mité de Toft de Jenevés
quy defconbrerent .xiij. gualées de Jenevés. Et Tautre mité
des Jenevés, qui virent que lor gualées avéent fi grant
charge, ôc que nul n'en eftoit venus conbatre à yaus, fi
tailerent lor goumes haftivement, ôc layfferent lor ancres
en mer, ôc vindrent ferir fus les Venefiens, ôc ne fouyrent
mye, fi con Venefiens firent rayfon, ôc en tel manière
furent les Venefiens au myleuc des Jenevés, ôc fu la bataUe
mont mourtau con chafcun peut crere bataille, que
quy chait, fi eft mort; Ôc fes morurent ôc armé, ôc encores
creftien, Tun contre Tautre; Ôc en la fin Venefiens
furent defconfis malement, ôc perdirent .Ixxvnj. gualées,
ôc efchaperent les autres, quy furent .xviij., ôcs'en alerent
en Veneyze.
^6^. Adonc eut en Veneyze mont grant doulour Ôc fi
ot aufi grant paour, car aucuns s'aparaillierent d'ordener
lor defenffes d'engins ôc d'autre, qui lor covenoit, doutant
que les gualées de Jenevés ne voziffent venir. Là des Jenevés
vos diray quy firent [de] toutes les gualées de Venefiens
qu'U guainerent : il en traïftrent fe quei lor ploft, ôc
puis les ardirent toutes, «5c fu pris lor cappitaine fire Carlo
Dandle, qu'il morut après alant en Jene, d'une contine.
Et furent pris plufours gentils homes de Veneife ôc grant
cantité de menues gens, qui furent bien .xvj. perfones,
fauve les mors ôc autres quy alerent en terre des" Efclavons,
qui ne font pas bien des Venefiens ; ôc fâchés que
Jenevés [feroient] bien aies en Veneyfe, mais il doute-
a, MJ'. que.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

III. LE TEMPLIER DE TYR. 28g
re[n]t pour la part contraire, quy eftet en Jene des Gri- 1298
maus, quy efteent Guelf, ôc pour ce vindrent en Jene toft.
5*66. U avint que les Pizans, quy encores eftoient en
Jene en prizon, virent que Ton voft mètre les Venefiens
aveuc yaus en lor prifon : fi ne les vorent aculir en nulle
manière. Si covint que Ton les pouveaft d'aucune plafe,
ôc furent en prifon poy de tens.
^67. Or vos diray fi que .vj. gualées de Jenevés firent,
que le comun arma ; ôc fu amirail fire Guavin Tartaro :
il ala en Veneize en Tihle de Saint Nicolas, qui eft port
de Veneize, Ôc mift Tenféigne de Jene, «5c congnia monée,
ôc y fu tant que les Venefiens Teùrent à grant honte
ôc à defpit, ôc armèrent .viij. gualées. Et les .vj. gualées
partirent ôc yffirent hors dou goulf, ôc les .viij. gualées
des Venefiens lor alerent après jufques hors don goulf ;
«5c les .vj. gualées de Jenevés retournèrent aryeres à Tihle
de " Saint Nicolas, ôc furent aucuns jors, ôc fe partirent,
Ôc firent damage à plufors Venefiens par la Poulie, Ôc fe
tornerent en Jene, ôc toute fois je ne vos fais mie bien
dire fe fes .vj. gualées, fe que je vous ay devyzé, que il
firent avant la defconfiture des Venefiens ou après, mais
bien firent que je vos ay dit, fi con chafcun bien le feit.
) 68. Dieu par fà grant mizericorde quy desfait le poier
dou diable, en .j. moument les acorda enfemble en bone
pais Ôc en bon amor.
f 6g. Cefte pais fu faite Ôc acordé[e], ôc doune[nt en]
feùrté les uns as autres .ij. bones fités de Lonbardie, que
je ne vos fais nomer; ôc fu fire Thoumas Efpine pour le
comun de Jene, ôc fire Romecorin de la Camajor por le
coumun de Veneife, Ôc Dieu par fa pitié les mainteignc
en bon amor ôc bone pais !
^70. [D]e tout enfement parfift Dieu tous les biens
a. Le mf. répète de.
C 37
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

2gû LES GESTES DES CHIPROIS.
1298 enfemble, que Pizans firent lor pais au comun de Jene,
ôc lor donerent les Pizans .c. flourin[s] d'or, ôc relenquirent
le juge de Chinere de Corfe, le quel vint puis à
la mercy dou coumun de Jene, quy le rienent en prifon
[avec] Pizans ôc Venefiens, ôc morut après le dit juge de
Chinere.
5'7i. Quant vint en cel an de Jehfu Crift M ôc ce ôc
xevi[ll],les Jenevés fe conbarirent dedens la fité de Jene,
les uns as autres, pour les pars que Ton dit Guelf ôc Guibfin;
ôc furent de la part Guelf les Grimaus ôc autres fingnages,
ôc de la part Guybefin furent feaus d'Efpine ôc
Doire ôc autres lingnages. Et furent les uns de sa ôc les
autres de là, ôc dura felle guerre plufors jours, Ôc fé failly
poy qui ne mirent lor fité à deftrure, quy eft une fité mont
beUe ôc mont ryche, ôc là où fé treut mont de fages homes;
ôc en fe fait fi failly malement lor fens que pour maintenir
tel parties fe veuUent deftrure, la quele choze, me
femble, il eftoit euvre dou diable; Ôc tout enfi font entachés
de fefte maleté par(t) toute Toufcane ôc Lonbardie
ôc SezUle ôc PoUle ôc la terre dou Principaut Ôc Calabre,
ôc fe coumence à eftraindre entre la clerzie, quant
eft par volenté, mais non pas as armes palezes ; pourquei
de fefte bataiUe quy avint en furent mors gens afés d'une
part ôc d'autre, ôc en la fin les Guelf furent vencus ôc fe
partirent de Jene une grant partie d'eaus, efpeciaument
tous les Grimaus, quy fe recuUirent dedens aucunes gualées,
quy prirent dou part de Jene, ôc alerent en Provenfe,
ôc prirent ,j. chaftiau quy a nom Maunegue, le quel eft
de ryviere de Jene ôc dou comun, ôc là tindrent lor fiege
les Grymaus «5c lor aydeours aucuns, quy furent de lor
part Ôc roberent ôc prirent pluyfors Jenevés ôc lor vaufiaus,
fe eft à faver de lor contraire part, ôc traitèrent, ôc
pourchafferent à lor amis quy deveent courre vers Gène
par terre, ôc yaus courreent par mer à .vij. gualées armées,
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

III. LE TEMPLIER DE TYR. 2g l
ÔC ordenerent fe fait en .j. jour matin, ôc enfy come il Tor- 1298-1299
denerent, fi le firent, mais il vindrent de nuit en la fité
de Jene par mer ôc frirent de dens le port à demy nut.
^72. Les Guiblins furent as armes, ôc il lor furent encontre,
ôc la plus grant partie dou peuple lor fu en aye,
ôc fiaus quy deveent ayder les Grimaus aucuns, lor défaillirent,
ôc pour ce de ligier[e] chaifon, ôc quy furent poy,
fi furent les Grimaus defconfis, ôc aucuns y ot mort d'une
part ôc d'autre, ôc pris furent aucuns ôc mis en prifon, ôc
en la parfin fu fait pais entre yaus, ôc furent delyvrés de
pryfon ôc rendirent le chaftiau au coumun.
^73. En ce dit an de Tincarnafion de Crift M ôc CC ôc
xcvi[ll], fu une guerre entre le roy de France Phelippe
ôc le roy d'Engleterre Odouart, [qui voloit marier fon fis
à la fille dou conte de Flandres ; ôc fu] en Taye dou roy
d'Engleterre, pour fon pourchas, le conte de Flandres, ôc
par fes deniers quy h douna. Et le conte a tout fon poier
fi fu en Taye de meffire Odoart, roy d'Engleterre, car le
dit conte fu mau dou roy de France, à quy fe «dit mariage
n'en playfoit mye: f\ [avoit] fortraite la fille dou conte
de Flandres Ôc la tenoit en fon poer.
^74. Le conte de Flandres manda Robert, fon fis, au
roy de France, qui fi deùft rendre fa fiUe, dont le roy de
France ne le voft faire; «5c pour ce mift le conte de Flandres
pluifors contes en feUe guerre, ôc furent pluyfors
barons de la terre de la partie Ôc de Taye dou roy d'Engleterre.
Et par tel manière comenfa felle guerre de fes
.ij. puiffans «5c haus feignors, que de puis vindrent à bon
acort [ôc] paifs toft, par la volenté de Dieu Noftre Seignor
; ôc ores vos diray d'un[e] autre guerre qui avint.
5'7y. A M Ôc CC ôc xcix de Tincarnafion de Noftre
Seignor Jehfu Crift, Federic, quy tenoit le royaume de
SeziUe, fi arma .xl. gualées, Ôc yl meyfmes fu de fus chevetaigne
ôc feignor, ôc fire Conrat Doire, citain de Jene,
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

2g2 LES GESTES DES CHIPROIS.
1299 fi en fu amirail, ôc le roy Charle fi fift armer autre[s] .xl.
gualées, «5c fu chevetaine le roy d'Aragone, frère de fe
devant dit Fedric, car il s'eftoit acordé aveuc le pape «5c
aveuc le roy Charle, ôc avoit juré maintenir la guerre
contre fon frère Federic Ôc contre fiaus de SezUe.
^76. Les anfans dou roy Charle furent à cefte bataiUe,
le duc ôc le prince, «5c Rogier de Lorin, quy avoit efté
amiraiU de SeziUe, fi fu amiraiU des gualées dou roy
Charle; dont fu Tafenblée de fes gualées, qui fu entre
yaus, ôc fu grant la bataille, ôc furent mort de la gent
affés d'une part ; mais en la fin la gent dou roy Charle
guaaignerent, ôc furent defconfis les gualées de Federic,
ôc furent" pris pluzours, ôc fu pris fire Conrat * Doire, ôc
prirent la gent dou roy Charle une ville, quy a non
Cataine, ôc autres chaftiaus.
^77. En fe dit an aparut une eftele quy levoit à Taube
dou jour, ôc avoit une longue coue, Ôc fè levoit dou levant,
ôc aloit droit vers demy jour, ôc fu veùe en fefte
manière bien .viij. jours au mois de jenvier.
5'78. Et en ceft meïfmes an vos diray que le royaume
d'Ermenie eftoit en trop mal eftat ôc à grant mefchef par
les Sarazins, quy avoient mont ef preffé, ôc ly avoient pris
les Sarazins aucuns chaftiaus, c'eft à faver la Roche Guillerme,
ôc un chaftiau quy a nom Kalat el rom Ôc fel Vendegar
Ôc une cave qui a nom le Pertuis, quy eft mont fort;
ôc puis entrèrent au plain d'Ermenie, ôc prirent .j. chafriau,
[qui] a nom Betil, ôc mandèrent lor baylis à la vylle
de Layas, qui eft fur mer; enfi feignorierent ptefque
toute la terre d'Ermenie.
y7g. Haiton, le roy d'Ermenie, fe tenoit as montaignes
à grant doute Ôc à grant mefchef ni nen ozet aptocher
vers le plain, ôc en la fin les Tatars, de quey il fe tenoit
a. Mf. firent. — b. Mf. coran.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

III. LE TEMPLIER DE TYR. 2g3
home, ly firent aye, fi come je le vos diray; mais je vos 1299
viaus devizer des Tatars aucune raifon, por ce que vos
fâchés lor comenfement, ôc coment U vindrent.
5'8o. Vous favés coument je vos ay devifé avant en
fe hvre de Halaon, quy prift Doumas ôc Halape, Haman
ôc La Chamele, ôc que .j. fien amiraiU, quy ot nom Cotboha,
prift Sayete de Surie, ôc coment Sarazins les defconfirent
devant Thabarie en .j. leuc, quy a nom Hamehelot.
y8ï. Les Tatars font gens qui font xMeinhlés, pour ce
que U font d'un païs quy a nom Mehhe, quy fiet fur la
mer ocfeane, ôc lor païs eft enclos de mont hautes montaignes
dever mer ôc devers terre, ôc dit on que Alyffandre
le Grant eftoupa .j. eftroit pas, dont Ton poiet iffir
de lor pais ôc venir en autre terre, ôc pour ce les encloft
Alyffandre, que U ne puyffent iffir, tant que .j. vaiUant
home de yaus, quy a nom Checan, quy fu de grant enprife,
iffi de lor leuc par fa vigour ôc par fa foutiUanfe;
ôc fù fur une haute montaigne ôc regarda les nobles fités,
quy eftoient abitées en tour la terre, ôc avoit o luy acuns
autres de fa gent menés là, afquels U parla, ôc lor dift
que fes terres qu'U veet ly fembleent plus beUes ôc plus
dehtables à demorer que lor païs n'eftoit. Meïfmes défendirent
par de sa jus de feUe montaigne, Ôc vyrent paffer
la gent de feUe contrée quy lor fembloit trop noble gent
ôc richement veftus, les quels fouyrent de fiaus, quant U
les virent fi lais, ôc aufi petis ziaus, qu'il furent tous efpaventés
; ôc après lé fi repairerent en lor leuc, ôc conteerent
les autres Tatars fe que U avoyent veù, ôc fu creù
de quant que il lor dift ceftu Checan.
y82. Les Tatars vivont fans pain, car de pain ne faveent
que fe eftoit ôc mangeent char, s'eft à faver quant un
chevau ou .j. ahne ou .j. chien moreit, il le mangeent,
mais lor vie eftoit de lait de faryze ôc de berbis ôc d'erbe
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

2g4 LES GESTES DES CHIPROIS.
Ï299 fauvage ôc de voletures : or ôc argent ôc fer ôc autre métal,
n'en avéent point.
f 83. Quant feluy Checan vy fé qu'U avoit veù, fi con
je vous ays rettait, fi yffi hors, ôc tous fiaus quy le voftrent
fivre; ôc furent fi grans gens à chevau fan fêles, que Ton
ne les peuft aver nonbrés. Si fè mirent à aler ver le levant
en un païs quy s'apele le Hâta ; ôc les gens dou Hâta
pour la grant multytude de fi grant gent come il vyrent,
fè rendirent à yaus ôc firent lor comandement, dont fes
Tatars fe rindrent là, quy eft un pais grant ôc large ôc bien
delytable, ôc en fèlu leuc aprirent les Tatars à conoiftre
les robes à veftir ôc pluffors vyandes à manger ôc conoiftre
Tor ôc Targent ôc les armes de fer ôc autres armeùres, ôc
de fêles «5c de mafes ôc de " curaffes à la manière de lèUe
terre, que orendreit fè dient tatarezes.
^84. Les Tatars troverent fêles gens de fêles terres à
lahches Ôc mole gens as armes Ôc delitouzes à lor vivre,
quy les prizerent poy, ôc pour ce plus feurement chevauchèrent
par la terre Ôc conquyrent une fité quy a nom
Haufa,qui eft mont grant à levant, ôc fi ois que marchans
contèrent à mon feignor le maiftre dou Temple, quy Taveent
veùe, que elle eftoit grant .ij. jornées de lonc ôc de
large ; là tint fon fiege ceftu Chequan ôc fà gent, ôc là
morut il près d'une fontaine par une ferpent ou par aiguë
qu'U but d'une fontaigne, car il fu trové mort près de la
fontaigne ôc de fèrpent. Iiij. fis demourerent: Tun ala ver
le Marmajour, quy ot a nom Bareque, ôc conquift jufques
en Hongrie ; ôc les autres .ij. conquirent autres provinces,
ôc Tun d'iaus, quy ot à nom Halaon, fy vint vers nos
parties. Et fi laira des autres, ôc vos diray de feftu Halaon,
ce qui fift en fon tens à fon coumenfement.
f8f. Ceftu Halaon s'aprocha de Bandât, qui eft chef
a. Mf. du.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

IIÎ. LE TEMPLIER DE TYR. 1()^
de toutes les terres des Sarazins, ôc là où lor halife tient 1299
fon fiege, quy eft en leuc de Mahomet ôc fon vycaire, entra
vers les Sarazins, ôc le guerrea plufors ans, ôc guafteit ôc
ardeit ôc abatet toutes les apartenanfes de Baudac.
5*86. La halife vy que les Tatars Taveent fi efpreiffé ôc
damage ôc guafté fès terres : fi fodea plus de .c. homes
à chevau de feleCe)s contrées, ôc les tint .j. grant tens, ôc
Tatars ne firent lors nul femblant de venir plus avant,
dont la halife congea toute celés gens d'armes qu'il a fodeés;
ôc quant il fe furent partis de Baudac, Halaon à tout
fon hoft vint dreit devant la fité de Baudac, ôc Tafega
mont près, ôc fêle nut meïfmes firent les Tatars une trenchée
entour la dite fité de Baudac, ôc firent entrer dedens
felle trenchée aiguë d'um flum qui firent venir, quy avyrona
tout en tour la fité de Baudac, que nul ne poft entre
[r] ny iffir.
^87. Quant halife vit fe, il nen ot adons poer de mander
pour chafer gens d'armes ni autre fecours, Ôc fu mont
efpaventé, car U fu chaitif ôc feble de cuer ôc de povre
valour, Ôc fa gent meïfmes efteent chaitis en fait d'armes
ôc couars, ôc gens quy avéent ufé les dehs ôc les ayzes :
fi ne porreent ayder par force d'armes, dont le halife ot
confeil à fes amiraus de fe que il deveit faire, Ôc fiaus h
confeUlerent de mander mefages à Halaon, roy des Tatars,
pour traiter pais. Et Halaon parla au mefages, ôc
s'aparfut ôc conut que halife ôc fiaus de Baudac efteent
à grant mechef, ôc lor otrea tout fe que le meffage requift
de pais, que le halife yffift de hors parler à luy ôc
que il aveit grant volenté de luy veyr; dont la halife ly
dona fey, ôc iffy à luy ôc mena o luy pluiffors de fes grans
amiraus, dont Halaon bouta de fa gent de dens Baudac,
ôc quant il eut grant poier de fa gent de dens Baudac,
Halaon adons prift la hahfe en perfone, ôc les amyraus
quy vindrent o luy, ôc pry la fité ôc fift fondre Tor par
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

2g6 LES GESTES DES CHIPROIS.
«299 dedens la goule dou halife, pour ce que il laiffa Tor à delpendre
à fa defence de luy ôc de fa terre, ôc fi avoit ores
tout perdu ôc Tor ôc la terre; ôc font ores.
5'88. Ceftu puyffant Halaon, roy des Tatars, après que
U ot conquis Baudac, il chevaucha «5c ala en Turquye, ôc
prift la fité dou Coine, Ôc prift Sezaire la grant que Ton
apele Caiferie, ôc toute la terre de Turquie entrufques à
la mer.
5'8g. De puis s'en vint as Aiguës Froydes, ôc prift une
fité quy a nom le Maufel, ôc s'aprocha depuis [d]e nos
parries, Ôc prift Halape ôc Haman ôc La Chemele ôc
Doumas, fi con je vos ay retrait avant fé, dedens fe livre,
ôc coment les Sarazins defconfirent les Tatars à Tabarie,
que Halaon avoit laiffe en fon leuc, quant il tourna en
fà terre ; ôc ores vous diray les heirs, que de feftu Halaon
nyffirent.
^go. Halaon après fe que il fu repaires en fa terre, ne
demoura guaires que il morut ; ôc fu fait feignor en fon
leuc Abouha, fon fis, ôc après Abouha, fu fait Arguon, fis
dou dit Abouha.
yg I. Ceftu Argon ama mont les creftiens, Ôc plufors
fois manda au pape ôc au roy de France trayter coment
yaus ôc luy puiffent de tout les Sarazins deftruire ; dont il
avint que feluy Arguon manda .j. nen frère, qui ot [nom]
Mangod'amor contre Sarazins, ôc fè conbaty à yaus au
plain de La Chemele, ôc defconfift la plus grant partie, ôc
fi fe mUt à retorner, cuydant aver tout guaigné, mais les
Sarazins fé rafierent après ôc defconfirent les Tatars, tout
enfi con je le vos ay retrait avant de fe, ôc vos ais dit en
quel an U vint.
yg2. Ceftu Manguod'amor, puis quy retorna, morut
en brief terme, ôc après [poi] de jours morut Arguon, roy
des Tatars, «5c demoura fon fis après luy, quy fu roy des
Tatars, ôc fi ot nom Cazan.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

III. LE TEMPLIER DE TYR. 2g7
yg3. Ceftu Cazan au comenfement de fa feignorie fift 1299
mont de mau[s] as creftiens dou levant, ôc fift abatre les
yghfes des creftiens Ôc ama mont Sarazins, ôc il meïfmes
fu Sarazin. Les Tatars font ydolaftres, ôc de puis qu'U
efteent abités " de Sarazins, tous les anfans quy nayffeent
de puis, deveent eftre Sarazins.
5'g4. Ceftu Cazan ne layffa mye pour ce que il eftet
Sarazin, qui ne penfaft tous jours de grever le foudan ôc
les Sarazins, ôc pour ce manda fovent mefages au[s] roys
creftiens, ôc les metet en boune efperanfe de coure fus à
foudan, ôc moût s'efcuzet des yglifes que Sarazins avéent
abatues des creftiens de fa feignorie, ôc dizoit que fè
avoient fait .ij. de fes grans amiraus quy efteent Sarazins,
ôc eftoient frères ôc haieent moût les creftiens; mais, fi
come à Dieu ploft, fes .ij. amiraus mesfirent de pus à Cazan,
qui lor fift trencher lor teftes, ôc ne poft on faver
pour coy U le fift, mais je croy que fe fu euvre de Dieu,
car pus qui furent mors, les creftiens dou levant furent
plus à repos, Ôc meymes Cazan lor fu plus debonaire, ôc
fi coumanda as creftiens de faire lor yghfes.
5'g5'. Or vos avons dit coment les Tatars yffirent, ôc coment
les frères fe partirent, ôc coment feluy qui vint vers
nos parties eut nom Halaon, Ôc tous fiaus quy de luy
iffirent l'un après Tautre jufques à ceftu Cazan de quy je
vos parle, quy fu feignor de pus que Surie fu perdue Ôc
que Ermenye fu [en] auffy mal eftat con je vos ay dit. Et
ores vos diray des homes [ôc] des heremens de fe dit
Cazan, ôc de la bataille qu'il ot o les Sarazins.
yg6. Une chofe avint adons quy hafta mont la venue
de Cazan : il avoit .j. fien amirail en Turquie, chevetaine
de par luy, quy avoit nom Selemiche, le quel eftoit monté
à fi grant orgueul quy ne voloit rien faù^e pour Cazan, fon
a. Mf. abitee.
c 38
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

2g8 LES GESTES DES CHIPROIS.
1299 feignor; ôc Cazan Tavoit mandé querre pluzours fois, ôc
il nulle fois ne voloit aler ; ôc por ce Cazan ly manda .j.
grant hoft pour coure ly fus, mais quant le dit Selemiche vit
fel hoft venir contre luy, fi en ot mont grant paour, ôc
s'en party, ôc ala à Domas,

III. LE TEMPLIER DE TYR. 2gg
ÔC fu frère de Tautre foudan, quy prift Acre, quy avoit 1299
nom Melec el Effraf, ôc ja foit ce que en Babiloine furent
fais pluzors foudans en poy de tens, tant con feftu fu anfant,
toute fois en la fin ceftu fu fait foudan.
600. Cazan c'eftoit ja venu as parties de Halape, ôc tant
s'aprocherent les uns des autres Sarazins ôc Tatars, que U
s'entre virent, ôc penfa chafcun de lor bezoin faire, con
fil quy eftoient henemis.
601. Cazan aufi ordena fa gent ôc deviza fes batailles,
mais toute fois fa gent n'en eftoient mye encores joins
à luy, ne il ne cuydoit avoir la bataille jufques à Tendemayn,
Ôc toute fois fi fe mift à aler vigouroufement encontre
Sarazins acé de gens, come il avet, fi que Tafemblée
fu mont grant des .ij. parties, ôc les Sarazins, quy
venent armés fur chevaus covers à curafes ôc à chapiaus
de fer, ôc fe flatirent lanfes fur fuautre fur les Tatars, sa
les vos rozerent près de .iiij. archées en deryeres, ôc en
abatirent pluffors par les cos des lanfes.
602. Quant le roy des Tatars vy fa gent enfi refortis
dou champ, ôc les Turs fi vigouroufement enbatre entre
yaus, Ôc myaus montés ôc myaus armés que fa gent, Ôc
douta que fa gent ne perdiffent le cuer de combatte, ôc
fe meyffent en fouye, fi s'apenffa d'une grant enprize que
gent à chevau ne foleent pas faire en bataille, car il mift
pié à terre ôc coumanda à toute fa gent aufi au faire
auffi liffes de lor beftes, fi que les Turs ne fe " porent enbatre
entre yaus. Et les Tatars adons mirent main as ars,
des quels U s'en aydent myaus que Sarazins, ôc traïftrent
as Turs mont efpeffement, ôc tant en nafrerent ôc ofiftrent
de Turs ôc de lor chevaus, qu'U covint les Turs reforrir,
ôc entant furent venus la gent dou Cazan quy faizeent
Tarière guarde. Cazan vit fa gent aprocher ôc la gent
a. Le mf. répète ne fe.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

300 LES GESTES DES CHIPROIS.
1299 fàrazine reforrir, fi coumanda à monter fur lor beftes; ôc
montèrent tous, ôc fe flatirent vigourozement fur les batailles
des Sarazins, ôc à fel point furent defconfis les Sarazins
que onque puis ne firent defence nuUe. La chofe
dura trufques à la nuit ôc pluzours en tuèrent, ôc fe la nut
ne fuft, plus en euffent tué.
603. Quant le foudan fu defconfit en fefte bataiUe (fe
fu à .XX. jours dou mois de défier dou dit an de M ôc CC
ôc xcix de Crift), il fe mift à fouyr as parries de Domas,
ôc là fe herberga à une partie de fon hoft, mais là n'en
oza il demourer, car la paour li eftoit fi entré au cuer de
luy ôc de fa gent, que U cuyde[e]nt tous jours que les
Tatars lor fufTènt à lor efpales.
604. Le foudan s'en party de Doumas à my nut ôc fe
mift à fouir vers les parties de Guadres, fans tenir route
ni come roy, mais qui miaus. En feluy chemin lor avint
une grant mefchanfé, que U eurent tant de pleue ôc tant
de froit, fi come eft au mois de delyer, que pluzours
d'yaus morurent de mezaife, ôc perdirent aufy moût de
lor chevaucheùres.
60f. On dit que le foudan entra en Babiloine à .xv.
chevaucheors foulement, car de fa gent fu perdue en la
bataiUe grant cantité de gens, Ôc fiaus quy efchaperent
fouyrent pluiffors par de[s] chemins, les uns sa, ôc les
autres là, ôc de fiaus quy vindrent aveuc le foudan fi
furent mors de froyt ôc de mezaife, con je le vos ais dit;
ôc aucuns fouyrent vers la maryne, des quels vos dirai(s)
ce que U lor avint : ôc U alerent au Crac, viffin de Triple,
ôc puis à Giblet, ôc entre fefte gent qui eftoyent .uij.,
avoit .iiij. amiraus dont Tun avoit nom Saindamor, quy
après fu baiUy ôc roy des amiraus, ôc Tautre ot nom le
Hanimy, Ôc le riers fi fu dou Veydar, Ôc Tautre ne vos
fais nomer. Et quant les vUains de la terre de Triple ôc
de Giblet, quy font tous creftiens, virent venir fes ami-
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

m. LE TEMPLIER DE TYR. 3OI
raus ôc lor gent defconfis, fi lor corurent fus que de tous 1299
les .iiij. n'en efchaperent que les ,iiij. amiraus ôc entor
de .uj*^. ou .iiij. en lor compaignie, par force de chevaus,
pour ce que U furent bien montés.
606. Cel grant oft eftoit yffu de BabUoine à fi grant
orgueuU ôc à fi grant boubans, fi furent homes par fert
.Ixx, à chevau, des qués la plus grant parrie eftoient fur
chevaus covers ôc armés de curaffes ôc de bons chapiaus
de fer, des quels ont mors en la dite bataiUe entor de
.xxv., ôc le remanant fu moût beziUié ôc ala à nient, ôc
par les marines ôc par autres leus où il fè myrent pour
entrer en Babiloine, ôc meïfmes de fiaus quy entrèrent en
Babiloine, puis que le foudan y entra, morut ôc affés
d'yaus, pour les travaills que il eurent par les vées.
607. On treut que pluiffours ans avoit que fel hoft de
BabUoine n'avoit efté defconfit, ains avoit efté vidorious
contre fes henemis, Ôc pour ce eftoit il monté à fi grant
orgueul, qu'il ne prizeent nul gent dou monde.
608. Or furent à tel esfrey que neis en Babiloine n'en
eftoient il pas afeur, car pluyffors de yaus s'en foïrent as
vafiaus au flum, ôc autres s'en aleent à les plus parfons
dezers, dont pluizors de nos gens creftiens marchans, quy
eftoient en Alixandre ôc en Damyate, quant fi vint, qui
tehmonioient cefte choze [que Cazan] eùft conquis toute
BabUoine.
60g. Or vos diray de Cazan ôc des Tatars, fes gens,
quant il eurent defconfit les Sarazins : Cazan fe herberga
au champ de la bataiUe, ôc Tendemain mift à fivre les
defconfis, non pas mont esforcéement, car fes beftes eftoient
mont travaillé[e]s dou grant vegage qu'U avoient
fait ôc de la bataiUe ôc de la foufraite qu'il avoient eu
d'erbage, ôc toute fois il chevaucha après les Sarazins
jufques à Guadres, ôc puis fe mift vers Domas, concuillant
ôc deftruyant les Sarazins.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

302 LES GESTES DES CHIPROIS.
1299 610. Le roy d'Ermenie, quy fù Haiton, Ôc fe dizoit frère
Johan de Frères Menors, con je vos ais autre fois dit, fi
fu en cefte chevauchée, ôc par luy fu fait grant damage
as Sarazins en toutes manières que U les poft ennuire ôc
damager.
611. [C]açan, quant U eut defconfit les Sarazins, fe
retorna en fon païs, ôc laiffa à Domas ,j. fien amiraiU en
fon leuc, quy ot à nom Molay, qui ot o luy .x. Tatars
[ôc .iiij. amiraus]. Or aveit .j. grant amirail de Babiloine
quy ot à nom Capaffac, Ôc .nij. autres amiraus o luy; fi
eftoient fouys de Babiloine as Tatars, .j. an avoit, pour
paour dou foudan quy les devoit ptendre ôc tuer, ôc fes
avéent moût atiffé le fait des Tatars contre Sarazins, Ôc
eftoient venus aveuc eaus, ôc por fe fait fi ce teneent à
fertains que le foudan le[s] haiet mont. Et Cazan avoit
layfé fes .iiij. amiraus, Capaffac ôc les autres .inj. aveuc
Molay à Domas, quant il tornay à fon pays. Dont il avint
que ceftu Capaffac ôc fes conpaignons, demorant à Domas
aveuc Molay, fi eurent grant paour dou foudan, ôc
pour les malefaites que il ont faites, fi con je le vos ai
devizés, ôc mandèrent à lor amis en Babiloine, quy trayterent
lor pais au foudan, dont le foudan lor pardona, ôc
fi lor manda fianfe; ôc adons fe parti Capffac ôc les autres
.nij. amiraus, fans fe que Molay feùft riens, ôc alerent en
Babiloine.
612. Quant Molay vit que Capffac Ôc les autres fes
conpaignons, eftoient fouys ôc aies en Babiloine, fi douta
mont rayfon, ôc pour ce il fe party ôc fa gent, ôc s'en
torna en fon païs. Or vos ais tout retrait les erremens
dou Cazan, ôc coment il defconfift Toft des Sarazins.
613. Saches que de Thoft de Cazan, quy fu .c. homes
à chevau, n'en y ot perdu en fêle bataille que vos avés oy
que tant foulement .c. homes tatars à chevau.
614. Et après que Cazan fu partis, aucuns creftiens de
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

m. LE TEMPLIER DE TYR. 303
Chipre eftoient aies à Giblet Ôc à Nefin, ôc en fêles terres 1299-1300
de fêles marines, les quels vous nomeray : Guy conte de
Jaffe ôc meffire Johan d'Antioche ôc lor chevahers ; ôc de
là cuyderent aler en Ermenie quy eftoit à Toft des Tatars.
Cazan s'en eftoit retornés : il fe mift à revenir, ôc ly avint
bien au conte qu'il trova à Giblet une gualée de Jene
d'un quy ot nom Jaque Davogaire, quy avoit pris ôc faizi
Giblet, ôc pour fon comun ôc pour luy. Mais Cazan fe
fu retornés ; les Sarazins de fêles contrées fe rafemblerent
ôc vindrent envers Giblet, dont la guallée Ôc les autres
petis vauffiaus recuUlirent le conte meffire Johan d'Antioche
ôc les autres creftiens, ôc furent au recuUir affaihs
des Sarazins que pluifors creftiens tuèrent ôc nafrerent,
ôc fe revint en Chipre le conte Guy de Jafe ôc meffire
Johan d'Antioche, ôc la gualée des Jenevés ôc les autres
creftiens.
615". En Tan de M ôc CCC de Tincarnafion de Noftre
Seignor Jehfu Crift, le roy Henry de Jérufalem Ôc de
Chipre, ôc le Temple ôc TOfpitau armèrent .xvj. gualées
ôc .V. faities Ôc aucuns panfles, ôc partirent de Famagoufte
à .XX. jours de jungnet. Et fu chevetaine de la gent d'armes
meffire Raimon Vifconte, Ôc amiraiU des gualées fu meffire
Bauduyn de Pinquenin : il alerent en la terre de Giblet
en .j. leuc quy s'apelle le Refit, là où eft un des bouches
dou flum quy s'apelle le Nil, le quel defent de Babiloine;
ôc là troverent .v. gualées armées de Sarazins, les quels
.V. guallées fe mirent à monter contremont le flum. Si
toft com U vyrent noftre armement, ôc nos gens furent
au confeil de monter après yaus ou non, ôc lor confeiU
fu fi lonc que après les cuyderent fivre ôc fe fu nient,
car il fe furent moût aloignés, dont noftre gent mirent
pope en terre, ôc dehchargerent lor chevaus quy furent
.c, ôc chevauchèrent ôc alerent une liue ôc troverent .j.
cazau qui a nom Lagidie, ôc le roberent ôc pryrent le leuc.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

304 LES GESTES DES CHIPROIS.
1300 Et eftant noftre gent là, vindrent entor de .xl. homes à
chevau farazins, ôc n'ozerent aprocher à noftre gent ôc
nos gens fe tornerent as gualées ; fi virent .j. enfeigne
de Cazan fur nos gualées ôc Taveent mize les mefages
de Cazan, les quels Cazan avoit mandé en Chipre au roy,
ôc montèrent de fus nos gualées, ôc pour fèUe enfeigne
de Cazan, .iuj. Tatars quy efteent aveuc les .xl. Sarazins
à chevau, que je vos ais dit que Ton les avoit mis là auffi
come en priffon, fi vindrent ferant des efpérons à nos
gualées. Nos gens les refurent tous ôc lor beftes, ôc fecour[ur]ent
le grant mefchef où Sarazins eftoient par la grant
perte que U refurent par la perte de Cazan.
616. Les gens parrirent dou Reffit, ôc vindrent au port
d'Ahffandre, ôc entrèrent par de dens le port des Sarazins,
car nul creftien n'en y ozet entrer nnUe fés, car les Sarazins
le gardeent moût, por ce que il ne voleent que les
creftiens le coneùffent : nos gens là troverent mont bon
port.
617. [D]e puis s'en parrirent nos gualées dou port
d'Ahffandre, ôc s'en vindrent au port d'Acre ôc troverent
en tour de .xxx. homes à chevau, ôc bien .iij^ fergans à
pié. Noftre ferganterie défendirent ôc s'en conbatyrent as
Sarazins, fes que je vos ai dit, ôc les defconfirent ôc tuèrent
aucuns.
618. Et de puis s'en partirent nos gualées dou port
d'Acre, ôc fe vindrent toute la marine jufques à Tihle de
Tourtoze, ôc s'aprocherent à la vylle de Tourtoze, ôc là
troverent .c. homes à chevau, ôc deffendirent à yaus, ôc
les Sarazins ne s'ozerent conbatre à noftre gent; ôc nos
[gens] ferirent fur yaus, ôc Sarazins fe mirent à fouir,
dont nos gens ataindrent .vj. que il abatirent ôc tuèrent,
ôc de là s'en partirent, ôc vindrent à Maraclée l'endemain.
61 g. Les Ofpitahers défendirent en .ij. panfles, ôc plufours
fergans en lor conpaignie, Ôc entrèrent au Mareclée,
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

ÎII. LE TEMPLIER DE TYR. 30f
ÔC les fergans entendirent à dérober la vUle Ôc à manger 1300-1301
ôc à bevre; ôc quant les Sarazins s'aperfurent quy eftoient
hors de la vylle, que nos gens n'en avéent mandé en terre
que .ij. panfles, ôc que les gualées eftoient loins ancrées,
fi fe flarirent fur les Ofpitaliers, ôc les chafferent trufques
à lor panfles, ôc tuèrent de nos gens bien .xx. fergans ôc
.j. chevalier; ôc de Mareclée s'en partirent nos gens, ôc
corurent en Chipre.
620. En fe dit an, vint en Chipre .j. mefage de par Cazan,
roi des Tatars, quy dift que Cazan devet venir en
fel yver, ôc voloit que le roy Ôc tous les Frans alaffent
atendre fa venue en Ermenie, dont le roy ôc fa gent firent
lor atir.
621. Dont le feignor de Sur, en fel meïfmes an, quy
eftoit frère dou roy Henry de Chipre fegont, avoit nom
meffire Aumaury de Lezingniau Ôc eftoit coneftable dou
royaume de Jérufalem, fi paffa au mois de novembre en
.j. ihle quy eft de Tourtoze, ôc quy eft près de la ville de
Tortouze, aler au port bien demy liue, mais à aler de Tihle
droit à la terre, fi a mains de chemin, ôc mena gens à
chevau o luy .iij'=., ôc le Temple ôc TOfpitau en eurent bien
autant ou plus, ôc puis que il défendirent en Tihle, alerent
en la vylle de Tourtoze ôc là defendyrent, ôc y furent
pluiffors jours, mais quant U vyrent que Tatars demorerent
trop à venir ôc que Sarazins orent grant afemblée
de gent pour courre lor fus, il retornerent en la dite ihle
de Tortoze.
622. Et quant ce vint au mois de février, .j. grant amyraiU
des Tatars, quy ot nom Cotleffer, vint bien à .xl.
homes à chevau, as parties d'Antioche, ôc là où il vint,
manda querre Haiton, roy d'Ermenie, quy eftoit frère Johan
des Frères Menors, le quel ala à ly ôc mena o luy
meffire Guy d'Eybfin, conte de Jaffe ôc Johan feignor de
Giblet. Et quant il furent devant Cotleffe, il lor dift cou-
c 39
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

3o6 LES GESTES DES CHIPROIS.
1301 ment Cazan s'en venoit, mais grant enfermeté Tavoit pris
au chemin, de grans vens ôc de grans Trois que il avoit
eii par fon chemin, ôc que pluyffors de lor beftes eftoient
mortes. Ceftu Cotleffe courut toute la terre de Halape
entrufques à La Chemele, ôc fe torna en fon païs fans plus
faire.
623. Et quant meffire Aumaury, feignor de Sur, ôc
Temple ôc Ofpitau, ôc les autres bones gens quy eftoient
en la dite ihle de Tortoze, fi oïrent dire que les Tatars
eftoyent retornés, fi orent confeU de retorner en Chipre,
ôc fe retornerent, con fe foit choze que avant lor retor
Sarazins s'afemblerent ôc vindrent devant la viUe de Tourtoze,
pour maufaire, dont noftre gent hardeerent Ôc abatirent
Ôc tuèrent aucuns Sarazins, ôc foufrirent nos gens de
grant mezaizes.
624. [A] M ôc eccôci de Tincarnafion de Noftre Seignor
Jehfu Crift, le pape Bonyface manda en France fès
mefages à meffire Charle, frère dou roy de France, Phelippe,
quy fu biau roy, ôc ly manda pryant de venir à luy"
ôc ly manda proumetre de faire mont de biens ôc henors;
dont meffire Charle, quy avoit efpouzé la fiUe de Tempereor
de Coftanrinople, cuyda que le pape le vozift mont
ayder Ôc recovrer le dit enpire que Grés tenoyent, ôc pour
ce ala U à luy o .vj*=. chevahers de haubers de France par
Lonbardie ôc par la Tofcane, Ôc quant il fu venus à Rome,
le pape ôc tous les cardenaus TacuiUirent mont henoréement,
ôc le pape ly dona la feignorie d*Ancone ôc de
Romargne.
625". Le dit mon feignor Charle *, frère dou roy de
France, ne fejorna guaires o le pape, ôc s'en ala en Tofcane
en la fité de Flourence, où il fu acuiUis mont henoréement,
ôc ly ofrirent .vj^ homes à chevau; ôc les autres
a. Lemf. répète Se ly manda pryant de venir à luy. — b. Mf. phelippe.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

III. LE TEMPLIER DE TYR. 307
fités de Tofcane ly ofry[rent] henors ôc fervizes aies, Ôc le 1301-1303
dit meffire Charle party de Toufcane Ôc s'en vint à Naples
de Principat où le roy Charle eftoit, ôc là fift fon acort de
paffer en Sezille, ôc aveuc luy pluzors barons de France ;
ôc pafferent au mois d'avril. Et lairay à parler de yaus,
car je vous vyaus dire .j. grant contens, quy avint dou
pape ôc dou roy de France.
626. Ce fu en Tan de Tincarnafion de Noftre Seignor
Jhefu Crift M ôc CCC ôc lll, pape Boniface fift fiter le roy
de France fi fort qu'il venift ou qu'il mandaft; ôc fi vos
diray le comenfement de Tachaifon, quy fu que le roy de
France fe fift arefter .j. perlât, fi que le roy n'i voft aler
ni mander. Donc le pape fift rapeler tous les preveliges
ôc dons que Tyglife de Rome avoit fait à fes anceffors,
ôc encores fift pape Boniface fiter tous les perlas ôc abés
de France qu'il venyffent au jor moty à ly.
627. [D]ont le roy de France fift défendre par tout fa
terre, que nul ne deùft traire hors de fa terre ni or ni
argent, fauve monoie.
628. Quant les perlas oïrent fèfte defence, fi virent
bien que U ne poreent aler à Rome, fi grans come il foleent,
ôc qu'il ne fereent pas fi bien veus aler à mains
vudes, ôc meyfmes virent que le pape les travaillet d'aler
à Rome fans grant nefifité. Si ordenerent jour de parlement
tous les bons clers ôc tous les nobles barons de
France, ôc firent entre yaus .j. parlement les clers ôc les
barons, ôc par comune volenté ordenerent de mander .j.
mefage au pape, pryant ly qu'il deùft rapeler fa fentenfe,
pour efchiver les grans efcandales, quy porreent eftre
entre la court de Rome Ôc la courone de France.
62g. Quant le pape entendy la mefagerie, il fu plus
enginiés que devant, ôc fift citer le roy en perfone, ôc
dift au mefage, .j. vefque de France petit de perfone ôc
menu ôc chauve ôc fage ôc counuffans, quy tranluteroit
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

3o8 LES GESTES DES CHIPROIS.
1303 le roy de France de fon royaume, «5c feroit autre roy en
fon leuc quy gouverneroit le royaume de France myaus
de luy, ôc obeyreit miaus Sainte Yglize que U ne faizeit,
ôc que aimereit ôc douteret Sainte Yghfe, con fes anfeftres
avoient fait.
630. Se dit evefque mefage refpondy pour le roy de
France, ôc " dift que il eftoit bien fi puyffant feignor de
poier paffer aufi bien ôc myaus fès menaffes con fiaus
ont paffé legierement ôc paffeent les menaffes quy lor a
faites Ôc quy font maindres dou roy de France. Sur ce le
pape fu mont coroufé ver le vefque, ôc ly dift qu'il fe
tenift en pais, ôc ly fift lever Tanyau de fon deit, ôc le
defpoza de fon evefché ; ôc le dit vefque refpondy au
pape qu'U ne fayzeit force de fon evefché, car U eftoit
au roy de France, quy eftoit fi puyffant feignor que bien
h porra fatifaire le damage quy li faizoit à .c. doubles,
dont le pape fe couroufa mont encontre luy, ôc le fift
arefter en perfone, mais après, par la prière des cardenaus
aucuns, fi fu delyvré ôc pour ce meyfmes qu'il eftoit mefage;
Ôc s'en torna en France, dont le roy de France ly
fift uzer de fon evefquée par force, ôc ly fift autres biens
afés. Et enffi fu à cel tens grant efcandle entre le pape
ôc le roy de France; ôc fi vos layra à parler de fé, ôc vos
retrayray un[e] autre grant malaventu(t)re, quy avint as
creftiens de Surie.
631. U avint en fe dit an que le foudan de BabUoine
manda au royaume d'Ermenie .iiij. Sarazins turs, quy
coururent toute Ermenie jufques à la maiftre fité qui a non
Sis, laqueUe a mont fort chaftiau, là où le plus de la gent
fe recuiUirent, ôc fe faiUy poy que le roy Haiton d'Ermenie
ne fu pris, car U fu pris ôc efchery de gent; ôc Dieu Taida
qu'U efchappa, «5c fe recuiUy de dens le chaftiau de Sis.
a. Le paragraphe ne commence dans le mf. quavec les mots Se dift.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

III. LE TEMPLIER DE TYR. 30g
632. Les Sarazins mirent le feue de dens la fité de Sis, 1303
quy eft mont grant, ôc y demourerent .xij. jours, Ôc virent
bien que au chaftiau il ne poreent maufaire, ôc s'en parrirent
ôc tornerent en une fité quy a nom Halepe, loins
d'Ermenie .iiij. journées.
633. Le roy d'Ermenie, veant fe damage que Sarazins
ly firent, fi manda fon frère as Tatars, moftrant le damage
que Sarazins ly avéent fait, car Cazan, roy des Tatars, atout
" un moût grant hoft eftoit en fiaus jours en Turquye,
ôc avet entendement de venir fel yver en la Surie contre
Sarazins.
634. Or vos vyaus dire ce quy avint d'une petite ihle,
quy eft devant la fité quy a nom Tortouze en Surye, que
les frères dou Temple teneent.
63f.Le foudan, perfecutour des creftiens, fi fift armer
entre gualées ôc fayries .xvj., ôc les manda à Triple de
Surie à .j. fien amiraU quy avoit nom Sandamour, avoit
efté creftien, fis de creftiene ôc de creftien, ôc fu né à une
terre quy avoit nom Corgie, Ôc avet mandé au foudan
quy li mandaft ces gualées; ôc fift monter fus gens d'armes
afés, ôc s'en vint terre à terre à Tertoze, ôc fift fon ordenement,
ôc paffa en la dite ihle quy eft près de terre à
mains d'une mille; Ôc quant les frères les virent venir, fi
les doutèrent mont, car il n'en avéent nules gualées, fi ne
fuft tarides.
636. Dont U avint que les Sarazins défendirent en
Tihle de .ij. pars, ôc aucuns des Templiers poindrent à yaus
ôc les reuzerent en la rue de mer, Ôc fu la bataille mont
afpre ; ôc tant jetèrent Sarazins de piles d'arc quy mahaignerent
les chevaus ôc nafrerent pluyfors frères, fi que par
vive force les frères fi fe mirent fur .j. toron qui eft en
Tih[l]e, ôc quant Sarazins les virent fi aloignés dou rivage,
a. Mf acort.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

310 LES GESTES DES CHIPROIS.
1303 fi défendirent tous de lor edyfiffes quy efteent gualées en
terre, ôc fe mirent dedens les edefiffes quy efteent " en
Tihle, ôc les fergans archiers à pié furiens fe défendirent
mont vayUaument ôc tuèrent mont de Sarazins, mais fè
ne valut riens que gens à chevau, frères ôc autres, nen
ozerent plus venir avant, ôc efteent moût ehlongnés.
637. Les Sarazins s'esforcerent mont ôc s'efpandirent
par tout Tihle, ôc mandèrent mefages as frères dou Temple
quy fè deùffent rendre à fiance, ôc quy les conduereent
là où il vorreent de la creftienté, ôc les Tempfiers donnèrent
fé à lor mafice, Ôc fe revindrent par Tatrait de frère
Hugue d'Enpure, ôc effi furent les Templiers ôc Tihle pryze,
quy eft devant Tertouze.
638. Les Sarazins firent trencher les teftes à tous les
fergans furyens, pour ce que U firent grant defenfe ôc
grant damage as Sarazins, ôc les frères dou Temple furent
menés en Babiloine hontouzement. Enfi avint de Tihle de
Tertouze, con vos avés oy; ôc ores tourneray à retraire
vos les herremens dou pape au roy de France.
63g. Vous avés oy coment je vos ais retrait, coument
le pape fita le roy de France en perfone, ôc coument U
rapela tous les (Ôc) prevefiges ôc grafes que TYglife avoit
doné à fes anfefours, ôc ala lor fait tant avant que le roy
de France Tacuza de .xij. articles mont vylains, ôc le pernoit
à prover que par le plus petit de fiaus articles il ne
poiet ne devet eftre pape.
640. Dedens ce avint que le pape ala en Arayne ôc
quant [fu] là, le roy de France pourchaffa tant que la gent
d'Araigne le prirent en perfone, ôc le roy de France manda
fa gent là, quy eurent le pape en lor garde, ôc le menèrent
à Rome, Ôc fu fi gardé que nul ne poiet parler à luy
a. Le mf répète guallées en fiffes quy efteent.
terre & fe mirent dedens les ede-
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

lîl. LE TEMPLIER DE TYR. 3 11
que par congé des gens dou roy de France; ôc en fel 1303
eftat fi morut, ôc fu fait pape en fon leuc frère Nicole
prechor, quy fu lonbart, ôc nory en Veneyze, le quel vefquy
poy de tens ôc morut ; ôc fu fait pape Cfimens quint "
à Tincarnafion de Crift M ôc CCC ôc v(i).
641. En ce dit an avynt .j. grant contens entre le
roy de France ôc le conte de Flandres, ôc Tachaifon fi
fu que le conte de Flandres voloit doner fa fille au fis
de meffire Odouart, roy d'Engleterre, dont le roy de
France ne le voft confentir, ôc fift le roy de France
prendre la damoizele fille dou conte de Flandres, ôc la
tint en fon poier.
642. Dedens fe avint que le duc de Bourgoyne, ôcle
conte de Bar, ôc le conte de Flandres fe révélèrent contre
le roy de France, ôc mut une grant guerre, dont les Flamens
mirent à Tefpée, ôc tuèrent tous les bayllis dou roy
de France, ôc le roy de France ala afeger le conte de Bar,
ôc fur ce le conte de Bar vint à fa mercy, ôc le roy de
France ly pardonna.
643. Le roy de France manda fodeer, fergenterie, pietaille
à lanfes longues ôc as aubaleftres, ôc fi manda le
conte d'Artois ôc gens à chevau ôc contes ôc barons de
France(s) pluyffours, ôc vyndrent en Flandres.
644. Les Flamens, quant il le virent venir, fi firent .j.
focé fec entour yaus, que les Francés ne porent paffer vers
Flamens que par .j. eftroit pas, dont il avint que la gent
pietaiUe à lanfes longues pafferent outre, ôcle conte d'Artois
les fift retorner.
645". Les Flamens, quant il virent fi grant gent contre
yaus, fi en eurent grant paour, ôc avéent fait chevetaine
fur yaus le conte de Nemur, nevou dou conte de Flandres,
Ôc fe dit conte ôc les Flamens mandèrent .j. mefage au
a. Mf cart.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

312 LES GESTES DES CHIPROIS.
«303 conte d'Artois, le quel ot nom Piere le Roy, qui fu moût
fage Ôc bien parlant, ôc ofryrent au conte d'Artois de venir
à fa mercy ôc dou roy de France à fon plaizir, fauve
la vye d'eaus ôc de lor femes ôc de lor enfans. Et le conte
d'Artois ne les voft refevoir que dou tout à la mercy ôc
au gré dou roy de France, ôc les Flamens ne s'ozerent
mètre; dont le conte d'Artois fe mift, luy ôc fa gent, à
chevau aler avant contre Flamens, ôc Flamens lor vindrent
encontre, ôc les reuzerent ôc efprefferent tant que U fitent
flatir les Franffés dedens fel focé fec ôc en tuèrent tant à
lor gré quy furent defconfis de tout, ôc fu mort le conte
d'Artois ôc moût de haus " barons de France, de quei fu
grant damage.
646. Enci aus jours Ôc à fel tens, le conte de Flandres
eftoit en prizon dou roy de France, quy s'eftoit mis à la
mercy dou roy de France, par la ma(a)nterie de mon feignor
Charle, frère dou roy de France^ quy le mift en prifon
à Pontoyfe où il morut ; Ôc aufi meïfmes le duc de
Bourgoine ôc le conte de Bourgoine vindrent à la mercy
dou roy de France, ôc lor pardonna.
647. Quant fèlle mefaventure avint à la gent de France,
il y ot mors gens à chevau .vj. des plus nobles ôc des
meillors de France.
648. La noveUe ala au roy de France, quy en fu mont
dolens ôc couroufé, ôc fift afembler .j. grant hoft de gens
à chevau ôc à pié, ôc ala meïfmes fon cors en Flandres ;
ôc avoit le roy de France pencé de grever Flamens aufi
par mer, ôc pour ce il ordena * par .j. home de Jeune, quy
ot nom Renier de Grimaut, vaiUant ôc prou ôc entreprenant,
quy fi fift venir privéement meneftraus de labourer
guaUées ôc mareniers, ôc en fift .vij. guallées ôc les armèrent
fes Jenevés à lor manière, ôc fu lor amirail le dit
a. Mf haut. — b. Mf. dorna.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

ÎII. LE TEMPLIER DE TYR. ^l^
Renier de Grimaut, ôc alerent damagant les coques des 1303
Flamens, fi come vos orés.
64g. Le roy de France, quant il fu en Flandres, il afega
une fité quy a nom Lihle, ôc les Flamens fe défendirent
vayUaument; Ôc fu la bataUle mont mortal, car ly roy de
France à Tafemblée fu abatu de fon chevau, ôc fu à pié
entre fes enemis quy l'afaiUirent, mais U fe defendoit de
tel manière que il aveit une efpée en la main, à qu'il
feroit fon cop, eftoit fi fort ôc fi grief que tant toft eftoit
mort eftendu à terre, car le roy de France eftoit grant de
cors plus que .j. grant home, n'eftoit bien .j. paume quy
eft plus d'un bras, ôc aveit les os plus gros que chevron, ôc
eftoit de cuer prous Ôc hardy come lion, ôc fi n'eftoit
cheval fi haut ne fi fort quy ne le feïft pleer defous luy,
ôc avoit fi grant forcheùre de cuyffe ôc de janbes que fes
piés eftoient près de terre à un paume, quant il chevauchoit,
ôc fu fi biau de vyfage ôc fi blanc ôc fi blont que
à fon tens ne fu au monde plus biau de luy, ôc fiaus qui
Tont veù fevent bien que enfi eft la veryté, com je vous
ay devifé. La bataille fu mont grieve ôc mont perelyouze
d'une part ôc d'autre ; ôc fu le roy de France à pié par .ij.
ou .iij. fois, que fon chevau ly fu mort defous luy, ôc puis
que il fu remontés, avint, fi come le dit roy de Franfe
eftoit en terre, .xxiùj. chevahers pour fon cors garder fur
.j. leuc hautet : fi vint .j. haut home de la part de Flamens,
quy eftoit feignor dou Cuc, ôc s'enbaty fur le roy de
France, ôc le fery d'un bordon par my le cors, mais le
roy fu fi bien armés que le cop ne le fift nul mal, ôc tant
toft fu le feignor dou Cuc mort ôc depeffés par pieffes.
En la fin, Flamens ne porent fouffrir ny durer la bataiUe,
ôc furent defconfis de tout, Ôc le roy de France prift la fité
de Lihle, de dens laquelle fité fift faire .j. mont biau chaftiau
ôc fort, ôc ordena de fa gent par dedens le dit chafriau
pour luy garder ôc pour aver la gent de la fité plus
G 40
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

314 LES GESTES DES CHIPROIS.
1303 à fon coumandement. En tel manière avint de feUe bataiUe,
come vos avés oy, par terre.
6^0. Or vos viaus dire des guallé[e]s dou roy de France
ôc de fon amiraUl Renier de Grimaut, coument il efplaiterent,
ôc fe qu'U firent.
65" I. Le dit amiraiU fe mift à fes gualées par fiaus leus
où il cuyda ou qués dévoient paffer quy aleent ôc veneent
en lor veages, ôc tant les atendy que il les encontra tout
enfemble à caravane, car les Flamens avéent oy de fes
gualées, ôc pour ce les Flamens aleent enfemble, con vous
Tentendés; Ôc fi toft com il virent les dites gualées, tant
toft s'armèrent pour yaus défendre, «Se fiaus des gualées
quy font vaufiaus, con fet chafcun, bien remuans, ligiers
d'aler ôc venir à lor volenté. Si vindrent les qouques bien
armées ôc enchaftelées en tel guyfe qu'il furent près aufy
hautes con les coques, ôc fe conbatirent enfenble mont
afprement, ôc les coques quy ne font mye vauffiaus de
riens ni ne poieent fecourre Tune à Tautre, fi furent à
grant mefchef, ôc tant alerent fes guaUées en tous fes
coques, afàiant de bataiUe chafcune, que il prirent .xxiiij.
à tout lor charge, ôc entre tant con fes furent priffes, le
vent fe mift en tel fignal, quy fu mont boun pour les autres
cuoques, ôc firent veUe, Ôc s'en parrirent mont damages
ôc nafrés.
6f2. De dens les .xxuij. coques quy furent prizes, avoit
mont de grant richeffe, que tout fu dou roy de France;
ôc fu Renier de Grymaut pour feluy guain mont hennoré,
ôc fait chevaher, Ôc ly douna le roy mont biau fié.
65"3. Or vos diray dou conte de Flandres, quy eftoit à
la prizon dou roy de France, mais U chevauchoyt partout
là où U ly playffoit.
6^4. Il avint .j. jour que U vint devant le roy de France
ôc ly prya de luy laiffer aler en Flandres, pour veyr fa terre
ôc fa gent dont il en avoit grant dezir, Ôc le roy ly de-
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

III. LE TEMPLIER DE TYR. 315"
manda quy feùrté U avoit de luy qu'U deùft revenir. Le 1303
conte refpondy que U non avoit feùrté que fa foy; ôc le
roy laiffa aler le conte fur fè. Il ala à Flandres ôc vy fa
terre ôc fes amys quy li confeiUerent de non retorner plus
en priffon, mais U ne le voft croire ôc tint fa promeffe
ôc fa foy, ôc retorna à fon feignor le roy de France en la
priffon de Pontoize, là où il morut, veii de .c. ans.
65"^. La pais fu faite de Flandres, quant la fité de Lihle
fu prize tout à la mercy dou roy de France ôc à fon gré ;
ôc ja por ce que U avoit reffeù fi grant damage, il ne rendy
à nul mau guerredon. Et or vous layrai de fe, ôc vos diray
d'un[e] autre aventure.
6f6. Quant vint en ce dit an de M ôc CCC ôc m de
Crift, à .vij. jours dou mois d'aouft, avint en Tihle de
Chipre .j. croie mont grant ôc mont durable tel que Ton
ne le Tenty en noftre tens fi grant; ôc quant en Chipre,
Dieu mercy, U ne fift nul damage, mais en Candie, quy
eft en Crit[e], ôc à Rodes, fift mont grant damage, ôc
morut moût grant gent, ôc fù Tentu par tous les leus dou
monde, con les marchans Tont reconté. Ores vos lairay
de fe, ôc vos diray que avint en Chipre.
6^7. Le roy Henry de Jérufalem ôc de Chipre, après
la mort dou roy Johan, fon frère, fi avoit autres .iij. frères
maifnés de luy, ôc à feluy quy fù aihnés des autres quy ot
nom Aumaury, à feluy, fift il don d'une fité quy a nom
Sur, quy eft en Surie, ôc le fift auffi couneftable dou
royaume de Jérufalem ôc tout foit fe que Sarazins tenoyent
prize au jour la terre de Surie, tou[te]fois il ly fift
fe don, par ce que il eft[oit] renomée de feignor ôc eftoit
maryé à la feur de Haiton, roy d'Ermenie, le quel dame
eut nom Yzabiau, Ôc Tala efpouzer en Ermenie.
6 y 8. L'autre frère, quy ot nom Guy, fù marié à la dame
de Baruth, quy avoit efté feme de Hanfré de Monfort, quy
fu frère de mon feignor Johan de Monfort, feignor de
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3l6 LES GESTES DES CHIPROIS.
1303-1304 Sur ÔC don Toron; ôc à ceftu Guy le roy Henry dona la
coneftabhe dou reaume de Chipre, mais U ne vefquy
guayres Ôc morut, ôc laiffa .j. fis ôc une fiUe quy eùft de
fefte dame de Barut, s'efpouze; ôc le fis ot nom Huguet,
ôc le roy, fon oncle, le norry entour luy.
6yg.De puis la mort dou dit coneftable, le roy Henry
fift couneftable meffire Haimery, quy fu fon frère le(s)
maifnés de frères.
660. Le roy avoit .ij. oncles de la rayne fa mère, que
Tun fu nomé meffire Bafian d'Yblin, quy eftoit fenefchau
dou royaume de Chipre, ôc Tautre qui fu mainés, fy ot
nom meffire Phehppe d'Yblin ; ôc avint, fi come à Dieu
ploft, que le fenefchau morut, ôc fu fait fenefchau dou
royaume de Chipre le dit meffire Phehppe, fon frère. Ores
vos ay devifé les frères ôc les oncles, por ce que vos puiffes
myaus entendre les herremens de lor afaire, que vos
entenderés devizer fi avant.
661. Le roy Henry en feluy tens n'en uzoit ny faizoit
nul eftroit confeU que par meflire Phehppe d'Yblin, fon
oncle, le fenefchau, Ôc de tous les autres fe tenoit efchif;
ôc tant ufa le roy en tel manière que par lor porchas de
Tenemy d'infer Tenvie crut entre yaus fi avant que meffire
Aumaury, feignor de Sur, enprift à eftre gouvernor dou
royaume de Chipre ôc afenty la volenté des chevahers,
Ôc trova la plus grant parrie de fon affent.
662. Et quant vint en Tan de Tincarnafion M ôc CCCÔc
IV ", meffire Aumaury, feignor de Sur, frère fegont dou
roy, fi enprift tout tronc à eftre gouverneour dou royaume
de Chipre, ôc avint que .j. chevaher, quy a nom Hue de
Prefterone, fift une femonce au feignor de Sur ôc à plufours
de Chipre, ôc furent le marin as bains Ôc en la dite
femonce : fi ordenerent de faire gouvernour le feignor
a. On lit dans le mf. m Se ccc Se vj.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

m. LE TEMPLIER DE TYR. 3 17
de Sur, ôc tout fe que il fayffoient eftoit retrait au roy, 1304-1305
le quel ne le poiet crere, ains refpondoit quy ne Tozereent
faire.
663. Et quant vint Tendemayn de fefte femonce, quy
fu à .xxvij. jours d'avril, par .j. mardy, meffire Aumaury,
feignor de Sur, fift afembler en .j. fien hoftel tous les
vauvaffors ôc chevahers quy poft avoir, pour foy ordener
à gouverneour, ôc coumanda que la porte fuft clofe ôc
que puis que aucun chevalier entraft, qu'U ne peuft yffir;
ôc fu le confeil entre yaus. Et enfll come il eftoient au
confeU, meffire Phelippe d'Ybhn, oncle dou roy, fi eftoit
ché le roy, le quel avoit feu cefte choze quy fe faizoit, fi
come Ton le fift afaver à fon cazau Lamino ; ôc quant il
entendy que il eftoient afemblés ché le feignor de Sur,
fi s'en party dou roy, ôc entra ché la rayne, fa feur, ôc li
retraïft fe fait, ôc la rayne tant toft chevaucha, ôc meffire
Phelippe Tamena deftre à Toftel dou s[eignor] de
Sur, ôc le feignor de Sur niffy hors dou confeiU, ôc vint
foui à la rayne, fa mère. Donc la rayne le rampona «5c
ly dift : cr Aumaury qués euvres font feftes, que vous faites
contre le roy, qui eft voftre frère ôc voftre feignor ? »
Et le feignor de Sur refpondy à la rayne, fa mère, que fe
que il faizoit fi eftoit par les euvres de meffire Phelippe
d'Ibhn, [Et meflire Phehppe d'iblin], quant il oy fe charge,
ly refpondy que fes euvres avéent tous jours efté bones
entre le roy ôc luy; ôc le feignor de Sur ly dift que U li
moftreroit prochainement fes euvres; ôc la rayne quant
eUe les oy ramponer l'un à Tautre, fi fift partir meflire
Phelippe d'Ybhn, Ton frère, car elle douta que les paroles
nen engroifficent entr'yaus, ôc meffire Phehppe fe party
foui fans conpagnie, por ce que les fergans ne layffeent
nul chevaher yffir, pus que il fuft entré, con vos avés oy,
ôc demoura la rayne fonUe, dont le feignor de Sur la fift
aconpaigner à fes chevahers, quy eftoient de fa partie.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

3l8 LES GESTES DES CHIPROIS.
1305 ÔC encores le roy ne favoit rien de tout fe fait; ôc quant
meffire Phehppe d'iblin retorna ché le roy, U s'afift près
de luy, ôc ne le voft riens dire Tafaire.
664. Le feignor de Sur retorna au confèiU, Ôc tant parlèrent
enfemble quy le firent governeor dou royaume
de Chipre, ôc monta à chevau le dit gouverneor ôc toute
la chevalerie o luy, ôc vindrent à Toftel le roy, ôc par .j.
efcrit ly diftrent fes paroles que vous orés ; ôc celuy quy
dift ce, fi fu meflire Hugue d'Ibfin, quy fu frère dou coneftable
Phehppe d'Ibhn, quy mor(u)t eftoit, Ôc fu la parole
en fe dite :
66 5". ce Nous, fire, foumes venus par devant vos, ôc vos
fayfons afaver que pour ce que vous eftes mezaife de
voftre cors, ôc ne poiés mye bien entendre à gouverner
le royaume fi come il covient, ôc meïfmes pour mont
de riotes quy font avenus à noftre tens de vos à pluzors
gens ôc efpefllaument avec les Jenevés, nos pour ce avons
ordené ôc fait par court governeor voftre frère, monfeignor
Aumaury, feignor de Sur. » [Sur] ce le roy refpondy
enffy :
666. ce Que vos volés dire que par ma maladie vos
avés fait gouverneour, il eût à nos anfeftres .j. roy quy
fu mezel, ni ja pour ce ne fu fait nul governeor à fon
leuc, ôc fe vous dites dou contens ôc de la riote des Jenevés,
je Tais fait par le feignor de Sur, ôc fe vos avés
fait le feignor de Sur governeour, tous mes homes ne
h ont pas juré, a
667. Le feignor de Sur refpondy ôc dift enffi : ce Treftous
m'ont juré, ôc s'U y ait nul quy ne viaut jure[r], U me
jurera, ôc feluy qui ne vorra jurer, je fi meteray fe bordon
par my le cors à ly ôc toute fa generafion jufques au tiers
degré.^j Et fe party le dit governeor, ôc nyffy de hors de
la chambre dou roy, ôc fift crier le banc par la terre à
fon nom come de governeor, ôc par tel manière fu U
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

ÎII. LE TEMPLIER DE TVR. 3 I()
gouverneor, ôc aucuns chevaliers ly jurèrent, que puis 1305
ly furent à Tencontre, coume vous orrés fi après [en]
fe hvre.
668. Le dit governeor en fon comenfement fi douna
au coumun de Veneize franchife au royaume de Chipre
par grafe. Et fi vous lairra à dire dou governeour jufques
à un[e] autre fois, ôc vous diray un[e] autre aventure por
ce que elle avint au tens de ceftes chofes qui avindrent
en Chipre.
66g. U avint que depuis la perte d'Acre, que le maiftre
de TOfpitau de faint Johan, frère Johan de Viller, fu
mort, Ôc fu fait après luy (fu) maiftre frère Eude dou Pin,
quy vefquy mont poy ôc morut; ôc fu fait maiftre après
luy frère Gullaume de Vyfieret, provenfal, quy fu priour
de Saint Yglife.
670. Ceftu maiftre fi eut .j. nevou, jeune frère de
l'Ofpitau, le quel il fift grant comandor. Ceftu coumandour
eftoit nomé frère Fouque de Villeret, qui fu large
ôc courtois ôc mont libéral, ôc fu de fi bon portement en
fa baillie, quy ce fift mont amer ôc prizer des frères ôc
d'autres gens, Ôc fi come aventure avient que le maiftre
fon oncle fi morut, Ôc les frères de la maizon firent maiftre
feftu frère Fouque, grant coumandour à l'incarnafion
de Crift M ôc ccc ôc v.
671. Et quant le maiftre fu afermés, il enprift une
prife, com je vous dirais.
672. Il y a un ihle quy s'apele Rodes, quy eft de l'emperour
de Coftantinople, la quelle eft en la crois de la
mer ôc voizin de la Turquie mont près, ôc près de Tihle
de Chipre, ôc eft au chemyn de fiaus quy vont en la terre
de Egipte, ôc fiaus de fefte ihle de Rodes eftoient confentans
à paffer par yaus les vauffiaus chargés de marain ôc
de fer ôc de garfons grifons ôc femes, quy fè porteent à
vendre as Sarazins de BabUoine, ôc meïfmes fiaus de la
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320 LES GESTES DES CHIPROÎS.
1305 dite ihle de Rodes porteent ceftes meymes marchandies
fouvent as Sarazins.
673. Frère Fouque de ViUeret, maiftre de TOfpitau, au
coumenfement de fa maiftrerie, voft avoir gré de Dieu ôc
los ôc henor au fiecle : fi enprift d'aler prendre ceft[e] dite
ihle de Rodes, ôc pourpenfa que U defenderoit à pafler
les marchandies que je vos ay dites de fus, quy aleent as
Sarazins, ôc poroit aufi meïfmes fbufmettre fes vizins de
la Turquie à la creftienté. Et pour coumenfer Tenpryfé
qu'U vos dit, manda querre de Famagoufte .j. grant home
• de Jene quy a nom fire Bonyface de Grimaut, le quel
vint au mayftre au Colos, .j. cazau de TOfpitau près de
Lymeffon, ôc là parlèrent ôc ordenerent lor afaire fi come
U lor fembla, qui couvenoit à fel bezoin qu'il avoient enprife,
ôc entre pluyzors con fiaus quy furent pris entr'yaus
ôc pluyffors paroles meyfmes dites, la chofe fu à ce condute
ôc fermée qu'il firent lor armement, ôc monta le dit
maiftre ôc fes frères fur le dit armement,ôc alerent à Rodes;
ôc en lor venue prirent terre par force, ôc afegerent le
chaftiau de Rodes, ôc ly donerent grant bataille d'engins
ôc d'autfe[s] chozes, ôc eftant au fiege de fè dit chaftiau de
Rodes avint chofe, fi come aventure avient, que un autre
chaftiau quy a nom Filerme, quy eft loins de la mer, ôc
Grifons Taveent garny de fergenterie ôc de vitaille ôc avoit
venu en lor aye Turs de la Turquie, des quels il avoyent
mis .iij*=. de dens ceftuy chaftiau de Filerme, ôc avint enfy
que le chaftelain de fe dit chaftiau baty .j. fergant grifon,
quy eût honte ôc defpit, ôc fur fon cors vint as Ofpitauliers
en Toft quy eftoit devant Rodes, com vos avés
oy, ôc lor fift entendant Ôc promift de rendre le dit chaftiau,
que je vos ays nomé, de Filerme, dever fêle partie
dont il guaitoit, fe il les voleent prendre.
674. Ceftu home nyfll de nut de fa piaffe que nul ne
le fenty, ôc fu, fi con je vos ais dit, entre les OfpitaUiersj
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m. LE TEMPLIER DE TYR. 321
ÔC eftoit ja grant pieiTe de la nut, dont le maiftre ôc les 1505-1306
frères mandèrent gent d'armes à pié, ôc lor donnèrent
fey, ôc alerent o luy, ôc le dit home mon:a en fa piaffe
là où il ffuaytoit, ôc les Ofpitalhers ôc lor fergans montèrent
après luy de là où U monta, ôc prirent le dit chaftiau
par fehiy leuc, ôc myrent à l'efpée les .iij. Turs farazins
qu'yl troverent layens. ôc les autres homes ôc femes
ôc enfans fe mirent as yglizes pour fauver lor vie.
67^. Cefte enprize de fe chaftiau h confona mont les
Ofpyrahers ôc acrut lor cuer en plus fort afaillir ôc mètre
en avant lor bezoigne, ja foit le qu U demourerent plus
de ij. ans à prendre le, car le chaftiau eftoit mou: fort
ôc avoit bones gens d'armes dedens felonc gens gryfons
quU efteent, & meyfmes TOfpitau ne le voleent fi fort
grever quy fe deste\"ft, ôc meyîmes pour ce que fiaus
de dedens efteent creftiens, mais en covenable manière
firent lor poer de prendre le, ôc por ce dura ran: le fieç^e;
ôc quant Dieu voft que la bezoigne fuft dehvré por le
bien de la creftienté por ce que les marchandies n'en
alaffent as Sarazins, (î con je vos ay devizé, fi manda une
aventure, con je vos devizeray.
676. U avint que l'enpereor avoit refeu letres ôc .j.
mefage que fiaus de Rodes ly mandèrent, ôc ly aveen:
mandé, quy les deiift fecourre de vytaiUe ôc d'armes:
dont l'empereor lua une nave d'un Jenevés ôc la charga
de tourment ôc d'armes afés, ôc lor manda par fe di: home
que fiaus de Rodes ly aveen: mandé; ôc quant la nave fù
as aiguës de Rodes, f 1 ot il fort tens qu'ele ne poft prendre
à Rodes, ôc d'autre part U troverent jdj. galées armées : de
Provenfas iiij., ôc Saido Doire une : La[n]fi^nc Seba, quy
le nemoit la pennate jenevés, fi eii: une, ôc de \ mgneuU
jenevés .j. aun-e, ôc TOfpitau avoit armé les autres de
Chipre par parries ôc d'autres leus, fi que la dite nave fe
layffa courre en Chipre ôc vint au port de Famagoufte:
c -t
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

322 LES GESTES DES CHIPROIS,
1306 ÔC fur ce .j, chevaher de Chipre, quy eut nom fire Pierre
le Jaune, ôc avoit .j. lein armé de TOfpitau, ôc vint de
Rodes en Chipre, ôc eftant au port près de fêle nave, le
marchant jenevés feignor de la nave douta que fêle fairie
ne preïft Tome devant nomé quy eftoit de Rodes ôc
revenoit à Rodes : en fefte nave avoit afés de vitaiUe ôc
armes que Tenpereor mandoit, fi le voft mètre en terre
à Famagoufte pour eftre plus feur, ôc enfi come U eftoit
à la barque, un des mareniers le conut de fiaus de la faitie
de Pierre le Jaune, ôc voguèrent vers la dite barque
où U eftoit, ôc le prirent, ôc pieftant fire Piere le Jaune le
mena au maiftre de TOfpitau à Rodes, dont pour paour
de mort, feftu pourchaffa ôc trayta vers fiaus de Rodes,
dizant leur de par Tenpereor ôc par mont d'entrefeignes
quy lor dift que fiaus dou chaftiau fe rendirent à fiance
d'yaus ôc de lor biens. Et fu le dit chaftiau en la main Ôc
au poier de TOfpitau, portant les clés au maiftre fiaus
dou chaftiau, ôc par covenanfes devizées que lor biens
lor demourerent à la fiance de TOfpitau, ôc eftant lor
homes, fi come U efteent de Temperour de Coftantinople.
Les OTpitaUiers lor tindrent bien lor covenanfes, ôc adons
après les refurent à lor homes, mais il les myrent à herberger
hors de la fortereffe dou chaftiau, ôc fe herbergerent
au bourc ; ôc fe fu en Tan devant de Tincarnafion
de Crift M ôc CCC ôc vi, ôc quant U Tafegerent fu à M
ôc CCC.
677. Le maiftre ôc les prodes homes, frères de TOfpitau,
rendirent grafes à Dieu ôc à la virge Marie de fe bien
ôc hennor, quy lor avint, ôc labourèrent le dit chaftiau ôc
Tesforferent de toutes pars, ôc acuillirent mont de bonnes
gens quy veuUent à Rodes venir pour anger le leuc, ôc
mouteplier le, ôc de puis ont fous mis de lor obedienffe
pluyzours leus de la Turquie, quy lor donnèrent truage;
ni onques n'en ozerent les mauvais marchans paffer de
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m. LE TEMPLIER DE TYR. 323
là ny charger en Turquie ni marain ni melout ni autre 1306
choze pour porter en BabUoine. Et fe nul fi met à aler,
TOfpitau a ces gualées : fi les preignent ôc les robent, là
que chofe tourne à grant bien à la creftienté, ôc enffi le
porvea Dieu pour le miaus.
678. En cefte manière manda Dieu grâce au noble
maiftre de TOfpitau ôc au prodes homes de la mayfon,
que il furent par ce leuc en grant lyberté ôc en grant
franchife, ôc en lor feignorie par eaus, ôc hors de la fugefion
de autre feignorie, ôc Dieu par fa grant grâce les y
teigne en bonnes euvres ! Amen ! Or veus revenir au fait
dou feignor de Sur, quy fe fift governeor.
67g. U avint enfi que le dit governeor ne layffa nul
chevaher ufer ni chevaucher o le roy, fi ne fuft meflire
fenefchau, fon oncle, ôc aucuns autres chevaliers que je
vous noumeray: meffire Johan de Giblet de la Surie, quy
fe dizet Arneb, ôc fire Lois de Nores ôc fire Rolant de
la Baume ôc fire Bafian de Mongezarvy ôc autres .ij. Eftant
fe fait en cefte manière, pluyffours chevahers de fiaus
meymes quy eurent juré au governeor, fi furent en lor
cuer mont repentant de ce fait, ôc le governeor s'en
aparfut, ôc les eut couneùs, ôc moût agaitoit de prendre
les à point fur cefte coulpe ; fi avint en fe mUeuc que
le gouverneor voft que le roy otreaft par fa court que
il eftoit governeor par fon gré, Ôc en voloit de ce faire
chartre pour foy efcuzer as rois de là la mer de la force
que il avoit fait au roy. Le roy en nulle fin dift quy ne
le fereit ôc que il fe laireit avant tout defmenbrer, ôc le
gouverneor l'eût mont à grief; ôc monta atant fefte regringne
que le feignor de Sur governeor voft afailhr ôc
prendre le roy par force en fon hoftel, ôc s'arma le feignor
de Sur governeor Ôc tout les fiens, ôc vindrent au
confanon levé ôc au[s] chevaus covers en tour Toftel dou
roy. Et fi ot à Tel tens .j. apoftan des Jenevés en Chipre,
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324 LES GESTES DES CHIPROIS.
1306 quy eftoit à Nicoffie, quy vynt en perfone, ôc tous les Jenevés
de Nicoffie par fon coumandement o luy à confanon
levé; ôc eftoit Tapoftan fur .j. grant chevau, que le
gouverneor ly douna en don. Seftu apofte avoit nom
Jaque Panfan, ôc au tens pacé par le roy avoit efté damage,
ôc pris en perfone par le vifconte de Famagoufte,
ôc mené trop hontozement en la prizon des larons ; ôc
por ce fift il fé quy fift de venir as armes contre le roy,
con fè foit chofè que U en fu blahmés ôc repris en Jene.
680. Le roy, quant il vy que Ton le venoit afailhr ôc
prendre en fon hoftel, fi fift afembler fe quy poft de gens
en fon hoftel, ôc y fu mon feignor Phelippe de Ybhn, fon
oncle, fenefchau dou royaume quy fu armé, luy Ôc les
autres, ôc le roy meïfmes fon cors fu armé, ôc dift que U
voleit yffir pour faver quy fi veroit encontre. Les gens dou
gouverneor à pié ôc à chevau eftoient rengés ôc armés
par la rue de lonc en lonc par devant l'oftel dou roy,
mais la rayne qui avoit de tout Te grant dolour, ôc frères
Prechours ôc Menors ôc d'autres religions vindrent au roy,
ôc s'agenonUierent devant luy, ôc meyfmes les damoyfeles
fes feurs li vindrent devant à faire h prières de non yffir
encontre le governeor, ôc firent tant que il repaira, ôc fu
fait la cort en tel manière que meffire Phelippe d'iblin,
fenefchau dou royaume, qui eftoit oncle dou roy ôc dou
gouverneour, ôc tous les chevaliers Ôc valès Ôc fergans quy
s'eftoient mis dedens la court dou roy en s'aye, quant il
fu afegés, deveent venir à pié en cors fan iài[n]ture en
Toftel dou feignor de Sur, governeor ôc cryer ly mercy;
ôc le dit governeor lor devoit pardoner ôc faver vye ôc
menbre, ôc non prifon de pain ôc d'aiguë, ôc quy lor
devoit rendre lor fiés; ôc enfy con cefte covenanfe fu
devizée, tout enfy fu fait.
681. Meffire Phefippe du Ybhn fenefchau ala à pié,
mais non pas en cors, ôc le vefque Guy de Famagoufte
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

m. LE TEMPLIER DE TYR. 325"
ly aloit de près jufques à Toftel dou gouverneor, ôc après 1306-1307
luy d'une bone pieffe dou jour alerent tous les autres
chevaliers, vaUès ôc tricoples ôc fergans, à pié ôc en cors
fans faintures, fi con vos Tavés oy devizer.
682. Et quant il furent venus en Toftel dou governeor
ôc Ta prezence, il lor pardona, ôc délivra à qui U voft [ôc
mift] en prizon fiaus que il voft ; ôc je vos noumerais
acuns, ôc vos dirais les chevaliers :
683. Meffire Haimery de Milmars, ôc meffire Renaut
de Saiffon, ôc meffire Jaque de Floury, chevaher d'Acre,
ôc meffire Johan Babin, ôc meffire Anciau de Brie, ôc
meffire Johan TAyzé, ôc meffire Hugue d'AguUier, ôc fire
Simon d'Aguher, ôc fire Hugue Beduyn, ôc fire Gerar de
Bries, ôc fire Thoumas de Bries, ôc autres chevahers que
ennu feroit de tout nomer. Et fi furent aufll .ij. vallès
areftés : Thoumafin d'Yblin ôc Berthehn Mahé. Or avés
oy les noms de fiaus quy furent pris ôc maumenés pour
ayder le roy, lor feignor.
684. Et quant vint Tan après, quy fu de Tincarnafion
de Crift M ôc CCC ôc VII, meffire Bauduyn d'Ybefin, pour
ce quy li fembla maufait à aler tant avant contre le roy^
fi con le governeor moftroit, fi ne fè voft " . . . .
acuylly par tout, fi ly manda .j. fien mefage atout le fermau,
ôc quant le roy Hayton vy le fermau, fi le baiza,
ôc le mift fur fa tefte ôc fur fes ziaus, Ôc defendy fiablement,
ôc fi mena o luy le petit roy fon nevou, que je vos
ai dit.
685'. Si toft con ceftu grant feignor tatar le tint, Ôc
aucuns autres chevaliers o luy qui eftoient d'Acre, Tun
ot nom GUle Antiaume, il cuyda venir à fon entendement,
ôc ly requift de par le grant cazan le reyaume d'Er-
a. Un feuillet du mf manque ici.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

326 LES GESTES DES CHIPROIS.
1307 menie. Haiton h refpondy que U n'eftoit mye fiens, ains
eftoit de fel anfant, fon nevou, quy avoit nom Livon. Se
grant feignor tantoft fans nul refpit coumanda à fa gent
de luy ocirre; dont fa gent le depeferent as efpées ôc tous
les chevaliers ôc autres quy eftoient o luy. Et quant Tenfant
Livon le petit vit que Ton tuoit fon oncle ôc les autres,
fi fouy entre les tentes des femes des Tatars pour
fauver fa vie, mais riens ne ly valut, que les Tatars Talerent
prendre, ôc le traïftrent des femes, ôc ly taiUerent la
tefte, quy eftoit enfant quy n'avoit pas .x. ans d'aage.
686. Quant cefte chofe avint, les frères dou roy Haiton,
Hoiffm ôc Ahnah, fe rind[r]ent fort lor leuc ôc lor
chaftiau ; ôc quant fes Tatars virent quy ne porent rien
efploiter à lor entendement, fi repairerent mont repentis
ôc en grant paour que Cazan ne lor feïft mal, fi come
il lor fift, fi con vos orrés.
687. Quant [eft de] Hoiffin ôc Alinah, frères de Haiton
(mais fes .ij. Hoiflln ôc Linah furent nés d'une ventrée,
mais Hoiffin nyffi premier), fi voft Hoiffon que Ahnah
fuft roy ôc feignor, mais Ahnah quy regarda à liante ôc à
rayfon, ly dift que la hautece venoit miaus à luy, pour
fe quy niffy premier dou ventre de lor mère avant de
luy; ôc enffy tint Hoiffon le royaume d'Ermenie en fon
poier, ôc après fe fift encorouner.
688. Et de la mort de lor feignor ôc frère, le roy Haiton,
furent mont dolens, Ôc de Tenfant le petit roy lor
nevou, ôc puis que U eurent plouré ôc fait lor doulor à
lor ufage ôc enterer leur cors, le dit Hoiffon, roy d'Ermenie,
manda Afinah, fon frère à grant can Cazan des
Tatars, foy conplainant de la mort de lor frère ôc de l'enfant
lor nevou, que fa gent avéent mors fous fa fiance,
venant à fon comandement par la prezenfion de fon
fermau.
68g. Le roy Cazan, feignor des Tatars, tint fe fait moût
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

ÎII. LE TEMPLIER DE TYR. 327
à grief ÔC à grant dehleauté, Ôc fift venir feluy fien che- 1307
vetaine de feUe gent que il avoit mandé por la Turqie
guarder, ôc ala faire fel fait dou roy d'Ermenie, con vous
Tavés oy, ôc fi fi fift tailler la tefte ôc à tous les autres
quy avéent feru de lor efpée à tuer les .ij. devant només
Haiton, roy d'Ermenie ôc " Tenfant le périt roy Livon; ôc
fe revint Afinah en Ermenie.
6go. Baron Hoiflln, quy eftoit roy d'Ermenie, fe tint le
royaume faizi, ôc tenant or avoit il encores .ij. frères en
Coftantinople, que Tun fi ot nom Sembat, feluy quy s'eftoit
fait roy ôc avoit fait eftrangler fon frère Toros ôc
aforber de ziaus Haiton, lor frère aihné, quy eftoit roy, ôc
Tautre frère avoit nom Dendin, lequel Dendin n'avoit
guaire que U eftoit mort, ôc eftoit une lor feur, feme de
Tempereour de Coftantinople, ôc eftoit en vye encores.
6g I. [D]ont feftu Sembat, quant il oy la mort de Haiton,
fe party de Coftantinople, ôc vint en Chipre, quy
avoit fa feur, feme dou feignor de Sur governeor, ôc fu
en Chipre aucun jour, Ôc puis ala à une gualée en Ermenie,
ôc manda fon mefage à fon frère Hoiffon quy li rendift
le royaume, car il eftoit aihné de luy, ôc à luy venoit
de raiffon; Ôc Hoiflln ly manda que il avoit crevé les
ziaus au roy quy eftoit fon frère Ôc fon feignor, ôc avoit
fait eftrangler Tautre frère, ôc que par fes heuvres eftoit
il traître, ôc que traître à nul leuc de droit ne doit tenir
terre ôc à que à luy venoit le dit royaume, le quel tenoit
ôc teroit tous jours. Ceftuy Sembat oy fes refpons, Ôc
vit bien que il ne poret enfy efpleiter, ôc fe party ôc
tourna en Chipre.
6g 2. Le roy Hoiffin le fift aguaiter ôc efpier, ôc fift armer
.j. lein mains de gualée, ôc manda .j. fien feel Genevés
des grans homes de Jene, quy ot nom fir[e] Baude
a. Le mf. répète Se.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

328 LES GESTES DES CHIPROIS.
1307 Efpine defus le lein, pour atendre enfi come il yreit en
Coftanrinople. Sire Baude y ala ôc Tatendy grant pieffe
en feUe mer par là où U faveit que il deuft paffer, mais
le dit fire Baude fi fu malade ôc vint à Rodes, ôc là fi
trova fire Sadon Doire, quy [eft] un autre grant home
de Jene, ôc parla à luy de fe fait, ôc ordena o luy que le
dit fire Sadon atendy fèftu Sembat en vées.
6g3. [D]ont U avint que le dit Sembat, puis que il retourna
d'Ermenie en Chipre, fi fè mift dedens une gualée
d'un Jenevés, quy a nom fire Jeany de Guyzolfe, quy
alet en Coftantinople; ôc alant en lor vée, fi troverent lire
Sadon Doire avec fa galée, ôc s'acofterent fiablement
Tun[e] guaUée à Tautre, ôc fe parlèrent, ôc en la fin fire
Sadon dift que il voloit aver la perfone de Sembat en
toute manière, dont fire Jouanyn de Grizofle dift que U
ne ly donroit en nule manière, ôc fire Sadon dift que il
le prendereit par force. Sire Joanyn de Guizofle, quy ne
le poft défendre, pour ce que fa gualée [eftoit] mal armée
«5c n'en avoit mye tant de gens con felle de fire Sadon, fi
monta fur la dit[e] gualée à gens d'armes, Ôc prift le dit
Sembat, ôc le mift en fa gualée ôc Tenporta en Ermenye au
roy d'Ermenye Hoiffin, fon frère; ôc s[ire] Baude Efpine
quy eftoit venu de Rodes en Chipre malade, refut une
letre de fire Sadon par .j. fien enfant, par laquele letre
ly fift afaver coment la bezoigne eftoit parfaite, ôc que
Sembat eftoit pris ôc le menoit au roy d'Ermenie. Et tant
toft fire Baude quy eftoit à Famagoufte lua .j. panfle ôc
Tarma ôc fe mift dedens tout malade, ôc s'en ala à Layas
en Ermenye, ôc après fe qui fu party d'une lieue, fu
feu à Famagoufte ce fait, ôc s'il fuft en poy demouré, U
fuft efté pris. Et enfi avint de fefte bezoigne; Ôc le roy
Hoiffin ôc fon Ahnah prirent ceftu lor frère Sembat Ôc le
tindrent en prizon, ôc dedens fe Ahnah morut foudainement,
car U eftoit travayUié mont en chaffer, ôc fur fon
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

ÎÎI. LE TEMPLIER DE TYR. 329
travaUl manga lait quy eft mont froit, ôc fubitement ly i J07
prift un mau dont il morut pieftant, ôc de luy fift mont
grant deul le roy Hoiffin. Dont il avint depuis la mort
de ce fien frère, que gualées vindrent de marchans venefie[n]s,
entre les quels gualées vint un grant home de
Veneyffe, quy eut nom fire Nicolet Moriffin, mefage en
Chipre ôc en Ermenie, au quel le roy Hoiffin d'Ermenie
livra feftu fien frère baron Sembat, quy le mift fur les
gualées, ôc alant les dites gualées en lor chemin, quant
U furent en poy loins de là de Chipre, le dit Sembat
morut fur mer de maladie. Enfi remeft au roy Hoiffin le
royaume d'Ermenie fans nul contredit. Or vos veus retraire
un[e] autre aventure, quy avint fi con vous entenderés.
694. Il avint en fe dit an de M ôc CCC ôc vil de Crift,
fi con je vos ais dit, que pape Nicole morut Tan paffé,
ôc fu fait pape en fon leuc Clemens Quint, le quel fe tint
en Avingnon ôc à Bordiaus, ôc ne vint à Rome nule fés
tant con il fu pape. Ceftu pape avoit mandé querre à luy
frère Jaque de Molay, maiftre dou Temple, ôc fu fait
après maiftre Tibaut Gaudin, ôc tiers après frère Guillaume
de Biaujeu maiftre, quy morut tué à la prife d'Acre,
fi con vos Tavés oy fi aryere en fe livre.
6g ^. Ceftu frère Jaque de Molay, maiftre dou Temple,
quant il fu outremer, fe porta mont efcharfement vers le
pape ôc les cardenaus, car il s'eftoit mont efchars hors de
rayfon, ôc toute fois le pape le refut à mont biau femblant,
ôc en fe myleuc le maiftre ala à Paris Ôc en France, ôc requift
dou trezorier dou Temple fon aconte ôc trova que
le trezorier avoit prefté au roy de France une grant cantité
d'avoir, que Ton dit .iiij*=m. flourins d'or, mais je ne
fay s'il furent mains. Et fe coureffa le maiftre mont fort
contre fè trezorier, ôc ly leva Tabit ôc le chaffa de la religion,
dont il vint au roy de France, quy fu mont cou-
c 42
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

330 LES GESTES DES CHIPROIS.
1307 roufé de fe que par s'achaizon ly fu levé Tabit, ôc manda
.j. haut home de France au maiftre, priant luy pour amor
de luy ly deùft rendre Tabit, ôc que ce que il devet à la
mayTon, U le rendra volentiers; dont le dit maiftre ne voft
riens faire ôc refpondy autrement que il ne deùft " à la
prière de tel home come eft le roy de France. Et quant
le roy vy que il ne voft riens faire pour fa prière, fi
manda, priant au pape que U mandaft de par luy au
maiftre don Temple de rendre le mantiau de Tabit dou
Temple au trezorier, ôc le dit trezorier en perfone porta
la dite letre dou pape au maiftre dou Temple, quy ne fift
riens pour le pape, ains dient que le maiftre jeta la dite
letre au feue, quy alumoyt en une cheminée.
6g6. Le roy de France Teùt mont à grief, ôc quant
vint dedens aucuns jours après, le pape requift le maiftre,
«5c vint de Paris o luy, dont le pape ly requiff que U ly
donaft la règle de fa religion dou Temple par efcrit, ôc
le maiftre la ly douna ôc la lut. Et depuis a efté parlé
entre la gent de tantes manières de la religion dou Temple
que je ne fay quy vérité je puiffe efcrire, fors tant que
les chofes quy font avenues publiquement puis je bien
efcrire, que après que Ton dit que il fu examiné par fages
ôc par les religions Tefcrit de lor règle, furent defpofés
ôc desfait lor rehgion, ôc .xxxvij. furent ars à Paris, ôc
dient fiaus quy les virent ardre, que tant com il ardoient,
crieent à haute voys que le cors d'yaus eftoit dou roy de
France ôc Tarme eftoit de Dieu.
6g7. Et meyfmes au derain, le maiftre ôc le comandour
de Guafcougne fi furent menés à Paris, par devant tout
le peuple là où il y ot afemblés plus de .1. perfones, ôc
y furent .ij. cardenaus de par le pape, quy firent hre(nt)
.j. efcrit de lor règle, par le quel efcrit s'entendeit que il
a. Mf dit.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

IIL LE TEMPLIER DE TYR. 33 I
Taveent coneù ôc gehi " de lor bouche; mais marchans quy 1307-1309
fe troverent là dient que le maiftre fi torna vers le peuple
ôc dift bien haut que tout ce que fel efcrit dizeit eftoit faus,
ôc que U tel chofe n'en avoi[en]t dit ni gheï, ains eftoient
bons creftiens. Et fur fefte parole .j. fergant le fery de la
paume fur la bouche, qu'U ne poft plus dire, ôc fu trayné
par les cheviaus en * une chapele, ôcle rindrent tant là que
U fù bien tart, ôc que le peuple fu amermé ôc party de la
plus grant partie. Et adons le dit maiftre ôc le coumandour
de Gafcoigne furent mis en une barque ôc pafés
en Tihle, quy eft de dens le flum, ôc là fù le feue alumé,
ôc le maiftre lor pria qu'il y fofriffent à dire fes oryffons,
les queles U dift à Dieu ; ôc puis fe hvra à faire de fon cors
lor volenté. Et enfy feaus le pryrent ôc le mirent au feue,
ôc fu ars, ôc le Dieu tout puiffant quy feit ôc conut les
chofes facrées, fil feit que U fuft innocent de fel feit que
Ton lor mift fus luy, ôc les autres quy furent ars, font marrirs
devant Dieu; ôc fe U font tés quy Tayent defervy, U
ont efté punis, mais je puis bien

332 LES GESTES DES CHIPROIS.
1309 Lamino, ôc le prift meflire Haimery couneftable dou
royaume de Chipre, quy eftoit aufll fon nevou, ôc le mena
à la maryne dou dit cazau, ôc là le fift monter en une
gualée armée, Ôc fu mandé au roy d'Ermenie, qui le tint
là en fa garde.
69g. [E]nfement le dit gouverneor fift prendre meffire
Bauduyn de Yblin ôc mette en une faitie armée, ôc le
manda en Ermenie luy ôc autres chevahers, quy font fi
defous només : fire Heimery de Mimars, ôc fire Jaque
de Flourin, ôc fire Hugue Beduyn, ôc fi fu fire Eftorgue
Pedot ôc fire Guillaume Roufel, ôc s[ire] Nicole de Saint
Bertin, ôc fire Phehppe de Giblet, ôc fire Jaque d'Artuffe,
ôc s[ire] Jaque Cofte, ôc s[ire] Thoumas de Biaufort. Tous
fes chevaliers furent mandés en prizon en Ermenie, pour
ce quy ne voleent obeïr le coumandement dou dit gouverneor.
700. Le feignor de Sur gouverneor, quant il vy que
le roy fon frère ne ly voft otroier en nule manière dou
monde quy fù fire ôc gouverneor de par luy, pour ce quy
fe peuft efcuzer as feignors de là la mer, fi voft mander
mefage au pape ôc au roy de France, à foi efcuzer de ce
qu'il avoit fait, ôc que pour le myaus fu la chofe ordenée
felonc Teftat en qui le roy eftoit. Et manda à cefte mefagerye
fire Johan de Brye ôc .j. autre chevaher fodeer,
quy ot nom Johan Lombart ; ôc furent au pape, ôc troverent
là le roy de France, ôc par devant le pape Ôc le roy
de France chargèrent le roy Henry de laydes maladies
ôc de laydes countenanfes, les queles U n'eftoient pas en
luy fans faille, mais enfi fu la parole entre la gent que
fes mefages avéent dit, ôc dit on que le pape Ôc le roy
de France ne donerent mye fei à lor dit, ôc ne lor firent
pas bon refpons, ôc pour fe fe partirent fubitement de
court, ôc retornerent en Chipre.
701. [Et] après le feignor de Sur, gouverneor, fe mift
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

III. LE TEMPLIER DE TYR. 333
de tout à faire dou pis que il poft, ôc manda à la dame 1309
de Sur, fa efpouze, au roy d'Ermenie à porchaffer ôc
trayter coment s'il vozift tenir le roy Henry, fon** frère
e
dont 1
menye ôc
car la di . . .
gouvern
. . ,
de fes
diftvivefty
ôc
fon fit ôc
veant
. . . . . en vint
nôc
la
z.Ce dernier feuillet eji déchiré : au verfo la fin des huit premières
il ne refie au reSio que le commencernent
des cinq premières lignes ©"
lignes.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

334 LES GESTES DES CHIPROIS.
702. Ceftui livre il Va efcrit JoHAN LE MiEGE, priiounier
à Cherines, quy Vaconply le mercredy à .ix. jors
d'avril, Van de M 6- CCC & XLIII de Crift ^
a. Cette notefe trouve tranfcrite femble du paragraphe S^Ï. Voyez,
fur le verfo d" un feuillet blanc qui plus haut les paragraphes 235 Sf
a été placé après les mots tout en- 236.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

1135,
*ii36 [i 190],
*i 141 ['154]-
*II42 ["43]-
*«i43 ["44].
* [1198].
1 [1142].
1145.
1146.
*ii47 [1148].
*ii48 [1168].
1153.
1154.
•
*ii57 ["59]-
*ii6i ["59]-
'1163 [1162].
*ii64 [' 162].
1165.
1168.
1169.
1170.
*ii7i [1170].
*ii74 [>ï73].
"77-
TABLE CHRONOLOGIQUE
DES
GESTES DES CHIPROIS ^
Mort de Henri I*"", roi d'Angleterre.
Pages
3
Mort de Frédéric I®"", empereur d'Occident.
3
Mort d'Etienne, roi d'Angleterre. 4
Intronifation du pape Céleftin IL 4
Intronifation du pape Luce II. 4
Mort de Henri VI, empereur d'Occident. 4
Mort de Foulques, roi de Jérufalem. 4
Intronifation du pape Eugène III. 4
Départ pour la Croifade. 4
Siège de Damas par les Croifés. 4
Mort de Guillaume, comte de Nevers. 5
Intronifation du pape Anaftafe IV. 5
Intronifation du pape Adrien IV.
Prife d'Afcalon par Baudouin III, roi de
5
Jérufalem. 5
Mort du pape Adrien IV. 6
Intronifation du pape Alexandre III. 6
Mort de Baudouin III, roi de Jérufalem.
Couronnement d'Amauri, roi de Jéru­
6
falem. 6
Naiffance de Philippe-Augufte. 6
Défaite de Saladin par Amauri. 6
Prife de Belinas par les Sartafins. 7
Tremblement de terre en Syrie. 7
Martyre de S. Thomas de Cantorbéry. 7
Mort d'Amauri, roi de Jérufalem. 7
Défaite de Saladin à Mongifart. 8
I. Les dates fautives fournies par les Gefiet dei Ckifroit font accompagnées
d'aAérifques, & reâifiées entre crochets.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

536 TABLE CHRONOLOGIQUE.
1178. feptembre 14.
1179.
1180.
1181.
"1182 [1185].
*ii83 [1187].
*ii84 [1187].
1185.
1186.
1187. mai i".
» juillet lef.
> juillet 4.
i feptembre 4.
» oélobre 2.
1188.
1189.
II90.
» l"9il-
1191.
1192.
. [1191]-
*ii93 [1191].
1194.
*ii95 ["94l-
*ii96 [1193]-
1197.
»
'1198 [1197]-
1199.
» [1200].
1201.
>
IZ02.
jum 22.
juin 23.
Grand orage à Jérufalem.
Viftoire de Saladin à Margelion.
Pages
9
9
Avènement de Philippe-Augufle.
10
Couronnement de Baudouin V, roi de
Jérufalem.
10
Intronifation du pape Urbain III.
10
Intronifation du pape Grégoire VIII. 10
Intronifation du pape Clément III.
10
Mort de Baudouin IV, roi de Jérufalem. 10
Mort de Baudouin V, roi de Jérufalem. 10
Défaite des Chrétiens à Cafal Robert.
Marche de Guy de Lufignan contre Sa­
12
ladin.
II
Viftoire de Saladin à Carnattin.
1 :
Prife d'Afcalon par Saladin.
r;
Prife de Jérufalem par Saladin.
i;
Délivrance des prifonniers chrétiens. i;
Siège d'Acre par les Croifés.
I •
Mort de l'empereur Frédéric le"".
Philippe-Augufte & Richard Cœur-de-
I;
Lion aflîègent Acre.
13
Prife d'Acre par les Croifés.
14
Éclipfe de foleil.
14
Mariage du marquis de Montferrat &
d'Ifabelle.
Guy de Lufignan achète Chypre des Tem­
14
pliers.
14
Départ de Philippe-Augufte pour la
France.
Mort de Guy de Lufignan, roi de Jérufalem.
«S
Le comte Henri chaffe d'Acre les Pifans. 15
Mort de Saladin.
Les Sarrafins rendent Gibelet aux Chrétiens.
IS
Conquête de la Pouille & de la Sicile par IS
l'empereur Henri VI.
Mariage d'Amauri de Lufignan, roi de
16
Chypre, & d'Ifabelle.
16
Mort de Richard Cœur-de-Lion.
Mariage de Louis, dauphin, & de Blanche
16
de Caftille.
16
Mort de Boémond III, prince d'Antioche. 16
Difette en Egypte.
16
Tremblement de terre en Syrie.
16
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

TABLE CHRONOLOGIQUE. 337
1202.
Page»
Le comte de Flandre part pour la Paleftine.
16
1203. Prife d'Antioche par le roi d'Arménie. 16
» [1200]. Meurtre d'Arthur, duc de Bretagne, par
Jean-fans-Terre. 16
1204. Murzuphle eft nommé empereur de Conftantinople.
17
» Conquête de la Normandie par Philippe-
Augufte . 17
1205. Mort d'Amauri, roi de Chypre. 17
IZ06. Prife de Néphin par Boémond IV. 17
*i207 [1208]. Couronnement de l'empereur Othon IV,
par Innocent m. 17
• [1208]. Mort de Philippe de Souabe. 17
1208. Révolte d'Antioche, réprimée par Boémond
IV. 17
1209. Guerte des Albigeois. 17
1210. Mariage de Jean de Brienne à de la reine
Marie. 18
*i2ii [1208]. Mariage du roi Hugues 1^' de Chypre, &
de la reine Alix. 18
1212. Mort de Gautier de Monbéliard. 18
1213. Défaite des Sarrafins en Efpagne. 18
» Affafllnat du fils de Boémond IV. 18
1214. Affaflinat du patriarche de Jérufalem,
Aubert- 18
• Viftoire de Philippe-Augufte à Bouvines. 19
1215. Concile de Rome fous Innocent HI. 19
1216. Mort du pape Innocent ni. 19
> Intronifation du pape Honorius IH. 19
• [1218]. Mort de l'empereur Othon IV. 19
> Antioche eft rendu à Rupin. 19
» Mort de Jean-fans-Terte. 19
1217. Arrivée en Terre-Sainte des Croifés hongrois
& allemands. 19
1218. janvierio. Mort de Hugues I*', roi de Chypre. 27
» [1214]- Mort du roi de Caftille Alphonfe IX. 19
1219. Prife de Damiette par Jean de Brienne. 19&28
» Boémond IV enlève Antioche à Rupin.
20 & 28
1 Mort de Livon H, roi d'Arménie. 28
*i22o [1219]. Couronnement de l'empereur Frédéric H.
» [1223]. Mort de Philippe-Augfufte.
19, 20 «Se 28
20
I22I. Reprife de Damiette par les Sarrafins. 20 Se 29
c 43
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

338 TABLE CHRONOLOGIQUE.
*I22I [1222].
»
*I222 [1223].
» [1221].
a
1223.
*I224 [1225].
n [1225].
* juillets.
*I225 [1226].
*I226
S
t
1227.
I
»
»
[1227].
mars 20,
[1228].
[1228].
» [Se 1228].
1228.
*I229 [1228].
»
» juillet 14.
» juillet 15.
»
1230.
1231.
1232.
»
avril 7.
*i234 [1232]. ^ J
après le 23 avril J
1235.
Pages
Rupin, prince d'Antioche, meurt en
prifon. 20 & 29
Mort de l'impératrice Confiance. 29
Jean de Brienne obtient le mariage de la
reine Ifabelle & de l'empereur Frédéric
II. 20 & 29
Philippe d'Antioche époufe la fille du roi
d'Arménie. 20 & 29
Tremblement de terre en Chypre. 20 & 30
Retour du légat à Rome.
20
Le patriarche Raoul retourne à Acre 30
Mort de Philippe-Augufte.
L'évèque de Patti apporte l'anneau à
30
Ifabelle.
22 & 30
Mort du patriarche Raoul.
30
Départ de la reine Ifabelle.
23
Couronnement à Tyr de la reine Ifabelle.
33
Arrivée à Acre du comte Thomas. 34
Conftruétion du château de Montfort. 34
Mort du roi Louis VIII.
34
Mort du pape Honorius III.
34
Intronifation du pape Grégoire IX. 3S
Mort de Philippe d'Ibelin en Chypre. 37
Mort de Guérin de Montaigu, maître
de l'Hôpital.
Conftruftion des châteaux de Céfarée Se
37
de Sidon.
37
Frédéric II arrive en Chypre.
37
Frédéric II paffe en Syrie.
48
Il fait venir les Lombards en Chypre. 49
Bataille devant Nicoffie.
Sièges de Cérines, de Dieudamour & de
60
Kantara.
60
Conftruction de deux tours à Jaffa. 77
Le patriarche d'Antioche vient à Acre. 77
Famine à Dieudamour.
Frédéric II envoie une armée en Chypre
6S
& en Syrie.
77
Les Lombards paffent en Chypre.
La reine Alis va en France pour recou­
93
vrer la Champagne.
112
Reddition de Cérines au roi Henri l^^. 105
La reine Alix revient en Chypre. 117
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

*i236 [1233].
«
1239. feptembre i^r.
1240.
1241.
*I242 [1243].
»
1243-
! 244.
[1243]- juin.
1245.
1246.
1247.
1248. feptembre 27.
1249. mai 20.
» juin 6.
1258.
»
1260.
»
» feptembre 3.
1261.
» juin 25.
» feptembre 27.
1262.
>
1263.
» avril 13.
» avril 15.
» feptembre 25.
TABLE CHRONOLOGIQUE. 339
Siège de Monferant par les Ibelin.
Pages
117
Mort de Jean d'Ibelin, feigneur de Béryte.
117
Arrivée des Croifés à Acre. 118
Mort de Balian, feigneur de Sidon.
Mariage de la reine Alix & de Raoul
122
de Soiffons.
Arrivée à Acre de Richard de Cor-
122
nouaille. 122
Conftruftion du château d'Arfur.
La reine Alix eft nommée régente du
124
royaume de Jérufalem. 130
Défaite des Lombards & prife de Tyr. 13 5 &i 43
Mort du pape Céleftin IV.
143
Défaite des Chrétiens à Forbie. 14s
Balian de Béryte eft bleffé par un Affaflin. 146
Les Sarrafins rendent Jérufalem aux
Chrétiens.
Innocent IV dépofe Frédéric II au concile
146
de Lyon.
146
Mort de la reine Alix de Chypre. 146
Prife de Tibériade par les Sarrafins,
Jean d'Ibelin, feigneur d'Arfur, eft nommé
146
bail du royaume de Jérufalem. 147
Mort de Gile, feigneur de Sidon. 147
S. Louis arrive en Chypre.
147
Il s'embarque à Limaffol.
147
Prife de Damiette par S. Louis. 147
Arrivée des Génois à Limaffol.
152
Mort de Jean d'Ibelin, feigneur d'Arfur. 156
Prife de Damas par les Tartares. 160-161
Défaite des Chrétiens par les Turcomans
à Tibériade. 163
Défaite des Tartares par Bibars. 165
Mort du pape Alexandre IV.
Hugues de Lufignan eft nommé bail du
166
royaume de Chypre. 166
Prife de Conftantinople par les Grecs. 166
Mort de la reine Plaifance. 166
Bibars lève le fiège d'Antioche. 167
Charles d'Anjou affiège Marfeille. 167
Bibars propofe un échange d'efclaves. 167
Il arrive fous les murs d'Acre. 167
Il commence le fiège de la ville. 167
Entrée à Acre de Guillaume, légat du pape. 168
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

340 TABLE CHRONOLOGIQUE.
1264.
Hoftilités entre Génois & Vénitiens.
Pages
168
Mort du pape Urbain IV. 171
» [1266J. Mort de Jean d'Ibelin, feigneur de Béryte.
171
Défaite des Sarrafins d'Efpagne par le
roi de Caftille. 171
Arrivée à Acre d'Olivier de Terme.
Charles, comte d'Anjou, eft fait fénateur
171
de Rome. 171
1265. mars 7. Prife de Céfarée par Bibars.
» mars 15-avril 30. Siège & prife du château d'Arfur.
g
Révolte de Simon de Montfort en Angleterre.
Arrivée à Acre du comte de Nevers Se
171
171
172
autres Croifés. 176
[1266]. Charles d'Anjou eft couronné roi de
Sicile par le pape. 177
1266. juin. Siège d'Acre par Bibars. 179
» juillet 22. Prife du Saphet par Bibars. 179
» août. Arrivée à Acre de Hugues de Lufignan. 181
1267. mai 2. Efcarmouche fous les murs d'Acre. 182
» mai 3. Retour de Bibars devant le Saphet. 182
> mai 16, Retour devant Acre. 182
» août 16. Arrivée d'une flotte génoife à Acre. 186
s novembre. Mort du roi de Chypre, Hugues II. 187
)) décembre 25 Couronnement du roi Hugues III de
Lufignan. 187
t
Nouvelle croifade de S, Louis. 187
1268.
Mort du pape Clément IV. 187
Défaite de Conradin, fa mort. 189
» mars 8. Prife de Jaffa par Bibars. 190
» avril 15. Prife du château de Beaufort par Bibars. 190
» mai 19. Prife d'Antioche par Bibars. 190
»
Balian d'Ibelin, feigneur d'Arfur, eft fait
bail du royaume de Jérufalem. 191
1269.
Tremblement de terre en Arménie. 191
> avril 11. Mort de Geoffroy de Sargines. 191
*I270 [1269]. Affafïïnat de Philippe de Montfort. 194
*
Départ pour Rome de Marie, tante du roi
de Chypre. 198
1271. février 18. Siège du Crac, par Bibars. 199
1271. avril 8. Prife du Crac. " 199
I271. mai 9. Arrivée à Acre d'Edouard d'Angleterre. 199
* feptembre. Arrivée à Acre du frère d'Edouard. 199
» juin 12. Prife du château de Montfort par Bibars. 199
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

TABLE CHRONOLOGIQUE. W
1271. juillet 16. Bibars paffe devant Acre.
Pages
199
> juillet. Edouard détruit le cafal de St-George. 200
t novembre 24. Prife du cafal de Caquo par les Croifés, 200
1272. feptembre 22. Départ d'Edouard pour l'Europe. 201
1273.
Mort de Thomas Berart, m^tre du
Temple. 201
1274. mai. Concile de Lyon. 202
1275.
Mort de Boémond VI, prince d'Antioche. aoz
1276. mars z6. Bibars ravage l'Arménie. 202
» juin 28. Mort de Henri le Prince. 203
> [1275]. oétobre. Arrivée de Guillaume de Rouflillon à
Acre. Z02
Mort du pape Grégoire X. 203
*
Mort du pape Innocent V*. 203
1277. 12 mai. Mort du pape Jean XXI. 206
t novembre 25. Intronifation du pape Nicolas HI. 206
Défaite de Bibars par les Tartares. 206
1278. juillet. Le roi Hugues III quitte la ville d'Acre. 206
1 [1277]. feptembre , Arrivée à Acre du comte Roger de
St-Severin. 206
*i279 [1277]. Lutte entre le Temple Se Boémond VII. 207
Arrivée à Tyr du roi Hugues III. 207
8
Mort de Hugues Revel, maître de l'Hôpital.
207
• juillet 16. Paix entre le Temple & Boémond Vil. 208
oftobre. Les Hofpitaliers de Margat attaquent les
Sarrafins. 208
*
Bibars marche contre les Tartares. 208
» [1277]. Mort de Bibars. 209
>
Défaite des Sarrafins par les Hofpitaliers.
209
1281.
1282.
feptembre 15.
janvier 12.
Défaite des Sarrafins par les Tartares. 210
Guy de Gibelet quitte Gibelet pour aller
à Tripoli. 210
1 mars 30.
Armements de Pierre III, roi d'Aragon. 213
Révolte de Palerme (Vêpres Siciliennes). 213
I mai. Révolte de Meffine contre Charles
d'Anjou. 213
* août. Arrivée à Palerme du roi d'Aragon. 214
1283. août ler. Arrivée à Béryte de Hugues III, roi de
Chypre. 214
» août 6. Départ pour Tyr. 214
novembre 3. Mort de Boémond, 2^ fils de Hugues III, 216
I. Le chroniqueur met par erreur Clément V à la place d'Innocent V.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

34^
1284. novembre 27.
» février 12.
1 mars 24.
mai.
juillet 5.
1285. janvier 7.
mars 12.
» avril 17-mai 17.
1286.
>
>
1287.
t
>
x
s
1288.
>
>
>
»
t
t
1290.
>
mai 10.
juin 24.
août 6.
août 15.
mai 24.
mai 31.
juin 24.
oftobre 19.
mars 17.
avril 26.
août.
feptembre 26
oftobre.
TABLE CHRONOLOGIQUE.
Mort de Jean de Montfort,
Page»
feigneur
de Tyr. 215
Mort de Humfroy, frère de Jean de
Montfort.
Mort de Hugues III, roi de Chypre &
216
de Jérufalem. 216
Couronnement du roi Jean I. 217
Défaite de Charles II d'Anjou par la
flotte de Meffine. 217
Mort de Charles 1er d'Anjou, roi de
Sicile.
Mort de Nicolas de Lorgne, maître de
217
l'Hôpital. 217
Siège & prife de Margat par le fultan
Kelaoun-Malec-el-Manfour. 217
Charles II d'Anjou fort de prifon. 218
Mort de Jean I, roi de Chypre. 218
Avènement de Henri U, roi de Chypre. 218
Mort de Philippe le Hardi, roi de France. 218
Mort de Pierre III, roi d'Aragon.
Henri II envoie une ambaffade à Guil­
218
laume de Beaujeu. 218
Arrivée de Henri II en Chypre. 219
Hoftilités entre les Pifans & les Génois. 224
Couronnement à Tyr de Henri IL 220
Les Génois brûlent une barque de Pifans. 227
Les Génois abordent à Acre.
Le fultan d'Egypte recommence les hof­
228
tilités.
Robert d'Artois eft battu par la flotte de
230
Meffine. 230
Mort de Boémond VIL
Difficultés entre dame Lucie & les gens
231
de Tripoli. 231
Le fultan Kelaoun-Malec-el-Manfour
met le fiège devant Tripoli. 236
Prife de Tripoli par le fultan. 237
Le roi Henri II vient de Chypre à Acre. 238
Le foudan retourne au Caire.
238
Le roi Henri II retourne en Chypre. 238
Le pape envoie les Vénitiens au fecours
d'Acre.
238
Le fultan repart d'Egypte.
Mort du fultan Kelaoun-Malec-el-Man­
240
four.
240
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

1291.
1292.
1293.
1294.
>
1295-1298.
avril 5.
mai 4-
mai 16
mai •7
mai 18
1
mai 28.
1298. feptembre 6 À: 7.
1299.
t
>
1
1300.
t
»
I30I.
I
1302.
1303.
>
>
1305.
janvier.
décembre 20
juillet 20.
novembre.
février.
avril.
août 7.
TABLE CHRONOLOGIQUE. 343
Pages
Le fultan Melec-el-Efferaf met le flè •ge
devant Acre.
243
Arrivée du roi Henri II à Acre.
246
Prife de la Tour du roi à Acre.
248
Les affiégés effaient de fuir.
248
Affaut général & prife de la ville.
Mort de Guillaume de Beaujeu. maître
248
du Temple.
249
Prife de la maifon du Temple à Acre. 2SS
Le fultan fonge à s'emparer de Chypre.
Viftoire de la flotte du roi de Caftille fur
261
les Sarrafins.
272
Hoftilités entre les Génois & les Vénitiens. 27s
La guerre continue.
276
Intronifation du pape Céleftin V. 281
Intronifation du pape Boniface VŒ. 281
Lutte entre le roi Hayton II &fes frères. 282
Lutte entre les Génois & les Vénitiens.
284-286
Viftoire des Génois fur les Vénitiens. 286-287
Lutte des Guelfes &des Gibelins à Gênes. 290
Guerte entre Edouard ler & Philippe
le Bel.
291
Viftoire de Charles H, roi de Sicile. 291
Apparition d'une comète.
292
Les Sarrafins s'emparent de l'Arménie.
Melec-Mafer, fultan d'Egypte, fe rend à
292
Gaza.
Viftoire de Ghazan-Khan fur Melec-
298
Mafer.
300
L'expédition de Henri II quitte Chypre. 303
Arrivée en Chypre d'un meffager de
Ghazan-Khan.
305
Amauri de Lufignan paffe dans l'île de
Tortofe.
L'émir Cotieffer arrive au pays d'An­
30s
tioche.
Amauri retourne en Chypre.
Charles de Valois paffe en Sicile.
Différent entre Boniface VIII & Philippe
305
306
307
le Bel.
307
Les Sarrafins ravagent l'Arménie.
308
Tremblement de terte.
Intronifation du pape Clément V.
Guerte de Flandre.
315
3"
3'i
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

344 TABLE CHRONOLOGIQUE.
1305.
Pages
Foulques de Villaret eft nommé maître
de l'Hôpital. 319
1306. avril 27. Amauri de Lufignan eft nommé gouverneur
de Chypre. 317
> Prife de Rhodes par les Hofpitaliers. 322
1307. Baudouin d'Ibelin ne veut plus être
complice d'Amauri de Lufignan. 325
i Le pape Clément V appelle en France
Jacques de Molay. 329
1309. Amauri de Lufignan s'empare de la perfonne
de Philippe d'Ibelin. 331
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

Abonafer, abounaffer, devenir
beau {en parlant du temps fur
mer), 84, 223; voy. Bonaffe.
Acarele,/«rof^j-, 269; voy. Carelle.
Ahaie, 253 j voy. les Additions &
Correftions.
Aleauter, aleiauter, légitimer, 144,
14s, 177-
Amaladyr, tomber malade, 27.
Amermer, affaiblir, 46.
Anger, peupler, 322.
Antenes, antennes, 170, 280.
Bacet, a voix baffe, 65.
Bachelerie, aile de bravade,
247.
Bail, enceinte., 246.
Banie, baignée, 239.
Barbadaye,yôr/^ de jeu mafqué, 31 ;
voy. Du Cange, Barbator.
Barbaquane, efpace compris entre
les premiers murs & les foffés
d'une ville fortifiée, 249.
Barbouter, blinder, 228 j voy. Taride.
Baril, mur, 244,- voy. Du Cange,
Barrium.
Barquete, 224.
Bas (fis de), fils bâtards, 183,
205.
c
GLOSSAIRE
La chiffres renvoient aux pages du volume.
B
Arbre, mât, 170.
Archée, portée d'arc, 299.
Archere, meurtrière, 236.
Arganel, machine lançant du feu,
224.
Arochierj/rû/i/i^r, 50.
Aforber de ziaus, aveugler, 327.
Afouper, chopper, 4.
Aubaleftée, portée d'arbalète, 91.
Autier, autel, 94, 197.
Avotre, adultère, 145.
Bataille, ouvrage avancé de défenfe,
5.
Batier, baptifer, 195, 201.
Befcut, bifcuit, 54, 284.
Beverie, beuverie, 266.
Bezillier, maltraiter, 301.
Biafs (à),en biaifant, de biais, 228.
Biaffer, biaifer, 228.
Blandir, flatter, 266.
Bonaffe, bounace, bounafe, beau
temps fur mer, 91,9 3, 97> ' 99.
Boule, bulle, 87.
^io^\\è, revêtu de la bulle., 87.
Boverie,y>r/«^, 87.
Bregue, bataille, 152, 275.
Bûcher, bufcher, travaux deproteSion
en bois, 236, 245, 247.
44
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

346 GLOSSAIRE.
CAÎ, câble, 228, 278.
Calafater, calfeutrer, 217.
Calemele, rofeau, 84.
Caler, faire defcendre, amener
{terme de marine)., 133.
Camés, chameaux, 235, 239, 241.
Campagnier, campanile, 171.
Campane, cloche, 113, 162, 183,
253.
Campanele,/)f///^ cloche, 19.
Canne, cane, mefure de longueur
dépaffantdeux mètres,z^o,z^i.
Canton, caton, coin, quartier, 13,
53, 84. 253.
Caraboha, carabouha, machine à
main fervant a lancer des pierres,
236, 244; voy. Du Cange,
Carabaga.
Caravane, carevane, efcadre, 108,
254, 314.
Careau, cariau, quareau, trait
d'arbalète, 62, 68,110,142,143,
178.
CareWe, querelle, 152.
Caton, voy. Canton.
Celer, cingler à la voile, 97.
Cha.\eme\, fiageolet {infirument de
mufique), 212.
Chanavas, chanevaus, toile à voile
en chanvre, 222, 247.
Change, aéiion de relever un pojle,
244.
Chaoite, chute, 60.
Déhanchée, rempart, 244.
Dehlis, dehlit {en arabe la refplendiffante),
nom de la tente du Sultan
cTEgypte, 243, 246.
Dejuglé, irrité, 155.
Délier, décembre, 182, 300.
D
Chareftié (Sf non chvt^it), difette,
15, 16, 83.
Chat, appareil de défenfe, 248,
249.
Chevaucheûre, monture, 91, 93,
97, 300.
Chourme, équipage de galériens,
275.
Coler, couler, faire gliffer, 170.
Colonbet, coulonbet, barque h
quille, 211, 221, 287; voy.]2\,
Colomba.
Conpiffer, piffer deffus., 70.
Confele, conful, 149, 150.
Conti ne, ^^«ur^ continue, 288.
Coque, bateau garni de défenfes,
313,314-
Cors, jujiaucors, 4.0, 324, 325.
Corfegier {ital. cor[eggiare),faire
la courfe, le corfaire, 226.
Coftantin, empereur de Conftantinople,
167.
CoAenge, frais, dépenfes, 112.
Coulonbet, le même que colonbet,
228.
Couzine, cuifine, 196.
Covertour, couverture, 251.
Croifferie, croifade, 15.
Croie, tremblement de terre, 7,16,
20, 191.
Cruis, croix, 44, 85.
Cruifée, cruffée, croifade, 19,118.
Defgarochié, dévafté, 90.
Defpenfafion, difpenfe, 22.
Defrivée, torrent, 83.
Deftrener/)o«r deftraindre, 17.
Douve, paroi d'un foffé, 243.
Durgeman, drogman, 201.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

En caler, mettre de côté, 250.
Encuré, recouvert
248.
de cuir, 170,
Enfermeté,
306.
maladie, 194, 263,
Enpaleger, gagner la pleine mer,
99-
Enveffée, enviffure,
23, 220.
vétement,zz,
Efboucler,
255.
déboucler, détacher,
Efcalme, voy. Parefcalme.
Efcaloine, cale de bateau, 286.
Efcandelyer,y> mettre a, 248.
Efchargaite, ^«r^^, 109.
Efchargaitier, aller en reconnaiffance,
109.
Efcharfement, cCune manière
avare, 329,
Efchery, réduit
109, 308.
à petit nombre,
Fanon, falot, 246.
Farrin, voy. Frarin.
Fzryk, jument, 293.
Ferboillier, s'embarbouiller, s'entremêler,
119.
Fernel, eftrope, 49,- voy. ]a.],Frenell.
Feu, faîte, 185.
Filler, enfanter, 24.
Flarie, voy. Frarie.
Flzt, foufflet, 70.
Flatir {(t),fe jeter, 299, 300.
Flemer, brûler, 216,
Galée, grand bateau de combat,
91, 94, 96, 97 &c. 5 « gualées
« quy font vaufiaus, con fet
GLOSSAIRE. 347
E
Efchierement, en trifte
90.
Efchif, mécontent, 221.
équipage,
Efclas, efclaves, 167, 199, 201.
Efcrois, bruit, orage, 9.
Efcur, obfcur, z/^6;mal difpoJé,i ^"j,
Efcurement, obfcurément, 5.
Efparpoullier, difperfer, 189.
Efpaulieres, èflW^j d'étoffe placées
fur les épaules, 212, 251.
Efplage,/>/«^^, 142, 251.
Efquillant, rocailleux, 159,
Eftanceler, étançonner, 256.
Eftier, voy. Stier.
Eftoire, ^o«^, 6, 17.
Eftracer, eftraquer, toucher {en
parlant d'un bateau qui échoue),
199, 229.
Eus, bejjijn, 49, 65, 116.
Eutoubre,
Huitovre.
oéiobre, 208 ; voy.
F\nm,fleuve, 20, 208 &c.
Flum aire, torrent, 83.
Fonde,yb«i^r/^r^, 83.
Forcheùre, enfourchure, 313.
Frairie, voy. Frarie.
Frapaille, mauvaife engeance, 72.
Frarie, confrérie, u^, 129, 151.
Frarin, lâche, miférable, 57.
Frthc\\es, fafcines (?), 257.
Froiffure,yr^«r^, 50.
Frontière, y

348 GLOSSAIRE.
Garide, ouvrage en bois pour protéger
les affiégeants, 109, 240,
241.
Goume {ital, gomona), câble
d'attache, 288.
Goupiller, craindre, 82.
Gourdeffe, vilenie, 275.
Grafignier, égratigner, 7, 114.
Haitin (/)^a/-^/r^/>o«r hutin), querelle,
bataille, 235 j voy. Hutin.
Halife (la), le Kalife, 262.
Hardeer, hardoier, attaquer, harceler,
119, 306.
Hautet, un peu haut, 243, 313.
Hazart, dé, 163.
Izeq {perfan lazTik), avant-garde, 165.
]a\t\o%, flèches, 194.
]ude, juif, 214.
Jun, gun. Juin, 179, 199, 203.
Jungnet,jugnet,jugneit,juingnet,
junet, gunet : lO juillet, 11, 23,
Karaque, petit bateau arabe, 133.
Lain, voy. Lein.
l.a.m\ere, cuiraffe, 154.
Langoufte,yà«/^r^//^, 9.
Lein, vaiffeau léger à rames, « qui
• va par mer de tous vens &
€ fans péril i (Froiffart, éd.
Kervyn, t.IX,p.58),i42,157,
H
K
Grifons, ^r^f/, 7, 319, 320.
Grizés, gryzés (feue), feu grégeois,
248, 249.
Guaride, voy. Garide.
Guariter, conjiruire des travaux
de défenfe, 182.
Gun, voy. Jun.
Gunet, voy. Jungnet.
Herbe (tenir), conclure un traité,
146.
Huitein, voy. Hutin.
Huitovre, oSlobre, 13, 240; voy.
Eutoubre.
Hutin, querelle, bataille, 243,250.
60,179, 200, 206, 208, 303 J —
ï° juin, 14, 147, 166, 219.
Jure {fubft. fem.), enfemble des
vaffaux ayant prêté ferment, 32.
168, 169, 221, 226, 229, 234,
2S4» 273, 279, 280, 322, 327.
Leing, voy, Lein.
Leveùre, tumeur, 216.
Liart, [cheval] gris, par extenfion
cheval, 57.
Louviere, repaire du loup, 70.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

Mailliate, petite chaîne (?), 228.
Maintenent,yôaftVw, 34.
Maiftre yo\ita.n,métropolitain, 19.
Malenconious,/r//ÎÉ', 114.
Maleté, mauvais défir, 290.
Mancier, tenancier, 211.
Manganiaus, mangueneaus, machines
fixes, à contre-poids,pour
lancer de petites pierres, 108,
109, 179,247.
Marain, marein, bois, 79, 248,
319, 323.
Marine, maryne, bord de la mer,
23 &c.
Nacare, forte de tambour, 212,
245, 248, 249.
Nafre, bleffure, 115.
Naïté, naiffance, 80.
Nave, grand bateau de tranfport,
68, 96, 99, 254, 321, 322.
Orce (à 1'), a la dérive, 268 ; voy,
Jal, Orfa,
Ormeger, ranger dans le port, 84;
Pacant, payant, 221.
Paenime, païnime, pays foumis
aux mufulmans, 88, 240.
Paleze {ital, palefe), franc-, as
armes palezes, en combat
couvert, 290.
dé­
Panfle {ital. panfano), bateau de
guerre, plus petit que la galère,
154, 192, 228, 303, 304, 305,
328.
Parefcalme {ital, palifcalmo),
GLOSSAIRE. 349
M
N
O
Melout, peau de brebis ou de chèvre,
323.
Memelouc {arabe mamluk), mamelouk,
efclave, 165.
Mener, miner, 246, 247.
Menfion, dépenfe, frais, 259.
Merme, affaibli,!?.! ; aiguës mermes,
baffes eaux, 97.
Mefquylée, mofquée, 162.
Meute, expédition, 4, 89,118.
Mot (arc de), arc damafquiné,
orné de lettres & devifes, 165,
Muete, voy. Meute.
Mulafe, mule, 181.
'^•a.vxQ,flotte, 58, 83,89, 95, 98.
Naville, navillie, flotte, 147, 148,
193, 194.
Niffir, nyffir, pour iffir, fortir, 7,
143,158,169,179,180,181 Sec.
Nouzilles, épices (i*), 227.
voy. Du Cange, Ormeiatus.
Orpeau, cuivre doré, 104.
grande chaloupe a rames, 154
285.
Parpereillier, parpoulier, difperfer,
210, 228.
Y2L\x\-a.rc^\k, patriarchat, 112.
Paumerée, hôtellerie pour les pèlerins,
121.
Paute,/>û«^, 114.
Pauvés, bouclier, écu, 250.
Pedot, pilote, 199.
Pelage, plage, 229 ; voy. Efplage.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

3fo GLOSSAIRE.
Pelagre, mer, 133.
Pénible, dur à la peine, 68.
Fennate, pinaffe (.?), 321.
Periere, machine de guerre à lancer
despierres,66,loS, 109,132.
Pilet, pylet, flèche, 17, 18, 142,
159, 168 &c.
Pizanés, pifan, 170.
Plantif, épais en arbres, 114.
Plates, parties de la cuiraffe, 250.
Pleue, pleve, pluie, 246,248, 300.
Pluyage,/)/«/>, 82.
Poge (tirer la), mettre la barre
Quareau, voy. Careau.
Quintar {arabe), poids de cent
Rampagour {ital. rampegolo),
grappin, 228.
Kaiine, Jeparation, 265.
Rayer, rayonner, 246.
Recreû,yb«rA«, 78.
Regringne, mauvaife intelligence,
323.
Religion, communauté religieufe,
49, 76, 94, 105, 106, 107, 329,
330.
Replait, terrain plat
d'une pente, 159.
au milieu
%2\i\on,fable, 142, 247, 257.
Saitîe, faytie, bateau de guerre
plus petit Êf plus rapide que la
galère {le même que le lein), 89,
210, 211, 213, 214, 224, 234,
273, 280, 281, 303, 309, 322,
332.
Salandre, petit bateau de tranfport,
à rames, 95, 96.
Sample, exemple, 229, 264.
Q
R
au vent pour arriver,
Ja\,Poggia.
280; voy.
Polains, poulains, pouleins, enfants
nés du mariage de Francs
Êf de femmes indigènes chrétiennes,
96, 113, 227.
Porter (fe) de, négliger de, 257.
Poudrière, pouffière, 59, 183, 194.
Pougneïs, efcarmouche, 178.
Profiniau, linge, tiffu, 159.
Puis, poix, 249.
PuUyquer,/)«/'//>r, 168.
Punais, méprifable, 247, 264.
livres, 243.
Quouque, voy. Coque.
Refet, retiré, caché, 262.
Refever, recevoir, 221.
Refpiter, retarder, 34.
Reftondu, tondu ras, 252.
Reuzer, mettre en fuite, pourfuivre,
210, 299, 309, 312.
Révéler, mettre en révolte, 43, 44.
Rime, rame; rime à fernel, gouvernail,
49.
Rin, rame, 154, 157, 228.
Roifte, efcarpé, 101.
Rozer, voy. Reuzer.
Saytie, voy. Saitie.
SecoTs,furcot, 40.
Secrète, tréfor royal, 9 3.
Sèe,foie, 9.
Seete, flèche, 248.
Seignau, ûgn'mu, figne, 185.
Serne, cercle, 181, 223.
Sert (par), certainement, 301.
Serveliere, calotte placée fous le
heaume, 170,
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

Sourgre, fourdre, 228.
Soutillance, habileté, 293.
Splage, voy. Efplage.
Tablier, table de jeu ; tout fera
fur le tablier, nous jouerons notre
dernière mife, nous tenterons notre
dernière chance, 81.
Tabout {arabe), cercueil, 217.
T2CiKe\,blaireau, 57 j'uoy.Taîffon.
Taiffon, blaireau,
Taiffel.
55, 69 ; voy.
Tarafe, taraffe, terraffe, 185.
Targe, bouclier, 245, 248.
Taride, taryde, bateau plat de
tranfport, 38, 169, 170, 228,
254, ^84, 309.
Tarquais, carquois, 196.
Tempeftous, orageux, 251.
Tet\ne,fein, 197.
Tore {hébreu thora), les cinq
livres de la loi juive,
teuque, 214.
le Penta-
Toron, touron, petite éminence de
terrain, 92, 181, 185, 309.
Tour de la lune, nouvelle lune, 81.
Velegier {ital. veleggiare), naviguer
à la voile, 222.
Venà\fiement,appareil de défenfe,
248.
Venoit, venu, 35.
Ziaus, j/É-Mjf, 143, 189, 198, 211,
283, 293, 325, 327.
Zote, oka, oke {}) {mefure de poids.
GLOSSAIRE. 3fi
Stier, fetier, 15.
Suvrefeigniau {ital,
four cil, 249,
fupraciglio),
Trabuc, machine de guerre, a trébuchet,
pour jeter des
63, 65, 108, 109, 110.
pierres,
Trait (au), a la mamelle, 252.
Traverfain, forte de tonneau, 44,
54-
Trelis, paliffade, 251.
Trefchanger, changer, 263.
Trefeul, treufeul {ital. terzolo),
bateau ayant trois rameurs par
banc, 2 74J voy. Jal, Terzolo.
Tricoples, turcoples, {cavalerie
légère formée d'éléments indigènes),
58, 78, 97, 154, 163,
183, 19s, 198, 205, 246, 325-
Tronbe, trompe {inftrument de
mufique), 212, 245.
Tronc {tout),tout défaite (?), 316.
Txonh\2X,période de jours pendant
lefquels le temps eft incertain
la nouvelle lune, 81.
Turqueis, turc, 244.
à
Vefié, muni d'une vifiere, 36.
Vifte (à la), en T/M^, 222,279, 286.
Vitaille, vivres, 94 &c.
Voletures, oifeaux, 294.
valant 1222 grammes), 150;
voy. Saigey, Traité
logie, % s-
de Métro­
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

AALIS, AALLIS, voy. ALIX.
ABAKA-KHAN, 210, 296.
ABERT, voy. ALBERT.
ABOHALE, ABOUHA, voy.
KHAN.
ABAKA-
ACAIRYE, voy. ACHARIE.
Accre, voy. Acre.
ACHARIE,fenéchal ^Antioche, 19.
Acre, xvj, xx, xxj, 4, 7, 10, 11, 12,
13, 14, 15, 16, 18, 20, 22, 24,
30, 34' 35, 38, 48,49, 50, 51,
55. 57, 58, 60, 61, 77, 86, 88,
89,90,91,92,95,96, 112, 113,
116, 117, ii8, 120, 121, 122,
123, 124, 125, 126, 127, 129,
130, 135, 141, 147, 149, 150,
151, 152, 153, 154, 156, 157,
159, 160, 163, 164, 165, 167,
ï68, 170, 171, 176, 179, 181,
182, 183, 184, 185, 186, 187,
190, 194, 198, 199, 200, zoi,
202, 203, 204, 205, 206, 207,
212, 214, 216, 218, 219, 220,
221, 226, 227, 229, 252, 233,
235, 238, 239, 240, 241, 242,
243, 244, 245, 246, 247, 248,
249, 250, 251, 252, 253, 254,
255, 256, 259, 260, 263, 264,
272, 274, 275, 299, 304, 319,
325, 326, 329.— ha Boucherie,
50, 251; la Cale
C
du marquis,
INDEX
*
228; le Change, 146; Couvents:
les Nonnains Ste Anne, 253;
Eglifes : S, Linart,251 ; — S. Roman,
249, 251; — S. Sépulcre,
152, 219 J — Ste Croix, 18, 20,
28, 112,113, 171, 219; la Herberge
des Hofpitaliers, 253;
Hôpitaux : des Allemands, 77,
123, 150, 181, 182, 219, 251,
253 ; — S. Jean, 123,125, 126,
127, 152, 155, 212, 218, 220,
243, 249, 253; la Maifon de
S. Lazare, 153; Portes : du Légat,
246,247, 251 ; — du Maupas,
125,184; — S. Antoine,z4.6,
249, 250; — S. Lazare, 245 ; le
Pont de Venife, 228 ; Rues : de
la Carcaifferie, 151 ; — de Gênes,
152, 154, 155, 157, 255 j — des
Pifans, 153, 154, 15s, 156, 160,
253 j — de la Raine, 151 ; — Ste
Anne, 2 5 3 ; — des Vénitiens, 153,
154, 155, 1565 le Temple, 12,
13, 49, 50, 153, 243, 245, 251,
252,253, 254,255, 256; Tours:
de la Comteffe de Blois, 245 ; —
de Gênes, 149,150,156;— Maudite,
243,244, 249, 251 ; — des
Mouches (à l'entrée du port),
186, 227; —de Pife, 149, 155;
— du Roi, 244, 247, 248,. le
+5
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

3r4
Val cTEfpolite, 250 ; la Vigne
neuve, 126, 153, iS4, ^SS-
Acre (L'évèque d') voy. RAOUL.
Adalia, en Turquie d'Afie, 18.
ADAM, X, 20.
ADAN DE CAFRAN, bail de Tyr,
254.
ADRIEN IV, pape, 5, 6.
ADRIEN V, pape, 203.
Agent {Agen), 168.
AGULIER, voy. HUGUES Se SIMON.
Aiguës froides (un des affluents du
Tigre ou de VEuphrate), 208,
210, 296.
AIMERY, patriarche A'Antioche,
15-
AIMERY, connétable de Chypre,
dernier frère de HENRY II, roi
de Chypre, 316, 332.
AIMERY DE MIMARS, xxj, 138,
325, 332.
AiMOiN (Chronique d'), xix.
Aire de F évêque (L'), à Tripoli,
87,88.
AISÉ (JEAN L'), voy. JEAN.
ALART DE VALÉRIE (Meffire),
176, 188.
Albane {Albano), 28.
ALBERT, patriarche d'y^«?/ofAf, 77.
ALBERT, patriarche de Jérufalem,
18.
Albigeois, 17.
Alemaigne, voy. Allemagne.
Alemans, voy. Allemands.
Alep, 161, 164, 210, 293, 296,
298, 299, 306, 309.
Alep (La dame d'), 121.
Alep (La feigneurie d'), 121.
Alep (Le fultan d'), voy. MALEK-
EL-NASER-YOUSOUF.
ALEXANDRE LE GRAND, 293. Voy.
l'édition de Marco Polo, de
Pauthier, p. 44.
ALEXANDRE III, pape, 6.
ALEXANDRE IV, pape, 166.
INDEX.
Alexandrie A"Egypte, 6, 148, 199,
227, 234, 261, 301, 304.
ALEXIS V, voy. MURTZUPHLE.
ALINAH, frère jumeau deHoissiN,
326, 327, 328.
ALIS, voy. ALIX.
Alifandre, voy. Alexandrie.
ALISON, fille de HUMFROY DE
MONFORT, 216.
ALIX, femme de HUGUES l^f,
reine de Chypre, xvj, xvij, 18,
21, 23, 24, 27, 28, 30, 32, 33,
42, 47, 53» 112, 117, 122, 128,
129, 130, 131, 135, 136, 146,
151.
ALIX LA LOMBARDE (DE MON-
FERRAT.?), première femme de
HENRI I^r, roi de Chypre, 105,
106.
ALIXANDRE, voy. ALEXANDRE.
Allemagne, 4, 15, 17, 29, 3°, 35,
40, 41, 55, 144, 173, 175, 176,
187, 188, 193.
Allemands (Les), 19, 51-
Allemands (Ordre des frères), 14,
34, 49, 77, 123. 13', 150, 181,
182, 199, 203, 219, 232, 233,
251, 253.
ALPHONSE DE POITIERS, comte
de Touloufe, 147.
ALPHONSE IX, roi de Caftille, 16,
19.
ALPHONSE X, roi de Caftille, 171,
273, 274.
ALYS, voy. ALIX.
ALYSSANDRE LE GRANT, voy.
ALEXANDRE LE GRAND.
AMADI (Chronique d'), xix, xx,
xxvij.
AMAURY, roi de Jérufalem, 6, 7,
8, 14, 111, 128.
AMAURY DE LUSIGNAN, roi de
Chypre Se de Jérufalem, 15, 16,
17, 21, 41.
AMAURY DE LUSIGNAN, frère du
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

oi HENRY II de Jérufalem, Ceigneur
de Tyr, connétable du
royaume de Jérufalem, gouverneur
du royaume de Chypre,
xxij, xxiij, 235, 237, 238, 305,
306, 315, 316, 317, 318, 319,
323, 324, 325, 327, 331, 332,
333-
AMAURY, comte de Monfort, 118,
119, 123.
AMAURY, fils de HUMFROY DE
MONFORT, 216.
AMAURY BARLAIS, 31, 32,33, 35,
36, 37, 38, 46, 52, 55, 57, 60,
69, 76, 78, 88,89, 93, 108.
AMAURY DE BESSAN, 31, 37, 55,
60, 69, 89, 93, 108.
Anaigne {Anagnia),en Italie, 35,
281, 310.
ANASTAIZE, voy. ANASTASE.
ANASTASE IV, pape, 5.
ANCEAU DE BRIE: 1° xviij, 33,
35, 36, 37, 40, 45, 49^ 56, 59,
60, 63, 65, 68, 69, 76, 90, 91,
lOI, 102, 103, 109, IIO; —
2° 325.
Ancone, 261, 306.
ANDRÉ, pape, le même qu'A-
DR1EN IV, 5, 6.
ANDRÉ II, roi de Hongrie, 19.
ANDRÉ DE CLAPIERE, 211.
ANDRÉ PELEAU, génois, 254, 278.
ANDRÉA (& non CARLO) DAN-
DOLO, amiral
288.
vénitien, 286,
ANDRIAN, voy. ADRIEN.
ANDRONIC II PALÉOLOGUE, empereur
de Conftantinople, 278, 283,
321, 322.
ANFOIS, ANFOus.voy. ALPHONSE.
ANFRÉ, voy. HUMFROY.
ANFREY DE MONAIGRE, 98.
ANFRION, voy HUMFROY.
ANFROYDOU THORON, voy. HUM­
FROY DE TORON.
INDEX. 3ff
Angleterre, 3, 4, 5, 6, 7,13,14, i^,
19, 68, 123, 172,173,187,193,
202.
ANGOULÊME, voy. PIERRE.
Annales de Terre-Sainte,xiij,xix,
xxiij.
Annales Terras fanftae, xiij.
ANSAUT DAMAR (ANSALDO DE
MARI), amiral au fervice de
FRÉPERIC II, 142.
ANSIAU D'INSEBA (ANSELMO DI
CEBA), 149, 150.
ANTIAUME (GILLE), voy. GILLE.
Antioche, 4, 7, 11, 13, 15, 16,
17, 18, 19, 20, 28, 29, 32, 45,
48, 77, 108, 136,167,190, 202,
305. — L'églife S. Pierre, à
A., 4.
Antioche (Le patriarche d'), 90.
— ALBERT (patriarche d'), 77.
ANTIOCHE, voy. BOÉMOND, HEN­
RY, JEAN & PHILIPPE.
ANTOINE (S.), 35.
Apoftles (Frères), (Frères apoftolins
ou Santarelli), 202.
Aragon, 179, 183, 218.
ARAGON (PIERRE D'), voy. PIERRE.
Arayne (mauvaife lefture du copifte
pour Anayne), 310; voy.
Anaigne.
Arches {Archa), 16.
Archives de l'Orient latin, xij.
ARGON, ARGUON, voy. ARGHOUN-
KHAN.
ARGHOUN-KHAN, 296.
Arménie, xxiij, 4, 13, 15, 16, 20,
28, 29, 68, 97, 105, 108, 133,
161, 162, 165, 167, 181, 191,
202, 210, 230, 233, 236, 277,
278, 282, 283, 284, 292, 297,
298, 303, 305, 308, 309, 315,
325, 326, 327, 328, 329,^ 332.
Arménie (CONSTANT, bail d'), 20,
29, 30, 105.
Arméniens, 191,242, 298.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

3f6 INDEX.
ARNEB, furnom de JEAN DE GI­
BELET DE SYRIE, 323.
ARNEIS DE GIBELET, 116.
ARNIOT, 2* fils de HENRI III
A"Angleterre (peut-être le même
qu'EoMOND), 199.
Arfuf, voy. Arfur.
Arfur, 15, 124, 171, 259, 260.
ARTHUR, duc de Bretagne, 16.
Artois (Le comte d'), voy. RO­
BERT.
ARTU, voy. ARTHUR.
ARTUSSE (JACQUES d'), voy.
JACQUES.
Afcalon, 5, 13, 77, 118, 120, 121,
123, 146, 259, 260,
ASSARAFELDIN, voy. SAPHADIN.
Babiloine,
veau).
voy. Caire (Le Nou­
BABIN (JEAN), voy.
Bafe, voy. Bapho.
JEAN.
Bagdad,
296.
161, 262, 294, 295,
BAIMONT, voy. BOÉMOND.
BALDO SPINOLA, voy. BAUDE.
BALIAN D'IBELIN, 10.
BALIAN D'IBELIN, feigneur d'Arfur,
191, 206, 207.
BALIAN D'IBELIN, fils de JEAN
D'IBELIN, connétable de Chypre,
xvij, xviij, 31, 32,40,43,44,47,
55, S^, 59, 60, 63, 76, 77, 85,
86, 87, 88, 89, 90, 94, 96, loi,
102, 103, m, 113, 118, 124,
125, 126, 127, 128, 129, 130,
131, 132, 133. 134, 135, 136,
141, 146, 147, 163, 171.
BALIAN D'IBELIN, oncle de HENRY
II, roi de Chypre, fenéchal de
Chypre, 316.
BALIAN le»", feigneur de Sidon, 23,
B
Aubegos, voy. Albigeois.
AUBERGUAMO (PIERRE D'), voy.
PIERRE.
AUBERT DORIA, 285.
AUBERT MORISIN (OBERTO MO-
R0SiNi),bail de Venife,%oT,%%%,
224, 225.
AUBERT SPINOLA, 188.
AUMAURY, voy. AMAURY.
Autriche (LÉOPOLD V, duc d'), 15.
— (LÉOPOLD VI, duc d'), 19, 80.
AUVERGNE (GUILLAUME D'), voy.
GUILLAUME.
Avignon, 329.
Ayas {Laias), enArménie, 277, 278,
279, 280, 292, 328.
AYMERY, voy AMAURY.
33, 46, 5°, 83, 112, 113, 119,
120, 122, 147.
BALIAN II, feigneur de Sidon, 206.
BALIAN DE MONGEZARVY, 323.
BALIAN, fils de PHILIPPE DE NA­
VARRE, xvij, 131, 135.
Baline {Bologne), 144.
Baphe, voy. Bapho.
Bapho, en Chypre,zo, 30,105,227,
258.
Bar (L'archevêque de S, Nicolas
de), voy. MARINO FILANGIERI.
Bar {Bari), (S. Nicolas à), 137.
5flr(Lecomtede),voy.HENRYlI
& HENRY IIL
Barbarie, 132, 133.
BAREQUE, fils de GENGISKHAN,
294.
BARLAGON, chef de Tartares, 325,
326.
BARLAIS, voy. AMAURY BARLAIS.
BARTHÉLÉMY DE GIBELET, fils de
BERTRAND II de GIBELET, 233,
237.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

BARTHÉLÉMY
241.
PISAN, templier,
BARTHÉLÉMY, évêque de Tortofe,
202, 203, 204, 205, 231.
Baruth, voy. Béryte.
Baudac, Baudas, Baudat, voy.
Bagdad.
BAUDE SPINOLA, 327, 328.
BAUDINET, frère de GUY DE GI­
BELET, 204.
BAUDOUIN, comte de Flandre,
empereur de Conftantinople, 16,
17.
BAUDOUIN II DE COURTENAY,
dernier empereur latin de Conftantinople,
306.
BAUDOUIN D'IBELIN, 9, n, 56.
BAUDOUIN, fils de JEAN D'IBELIN,
fenéchal de Chypre, 31, 40,.43,
64, 85,90, 91, loi, 103, 124.
BAUDOUIN D'IBELIN, oncle de
HENRY II, roi de Chypre, connétable
de Chypre, 219, 220,
325, 332.
BAUDOUIN III, roi de Jérufalem,
4, 5, 6.
BAUDOUIN IV, le mefel, roi de
Jérufalem, 7, 8, 9, 10.
BAUDOUIN V,roi AeJérufalem,\o.
BAUDOUIN DE PICQUIGNY, amiral
chyprois, 303.
BAUDOUIN DE S. GEORGE, 184.
BAUDUINET, le même que BAU­
DOUIN V, 10.
BAUDUYN, voy. BAUDOUIN.
BAUME (ROLANT DE LA), voy.
ROLANT.
BAYMON, voy. BOÉMOND.
Beaufort (Château de), appartenant
au Temple, près de Tyr,
121, 122, 163, 190, 259.
BEAUFORT (THOMAS DE), voy.
THOMAS.
BEAUJEU, voy. GUILLAUME &
LOUIS.
INDEX. 317
Beauleu (Moines cifterciens de),
près de Tripoli, 87.
BÉDOUIN (HUGUES), voy. HUGUES.
BEIDERA : 1° oncle d'EssAiD, 209 ;
— 2° oncle de KALIL-ASCRAF,
262.
Belbeis, voy Bilbeis.
Belian, Beliem, Belien, voy. Bethléem.
Belinas, Belynas, voy. Céfarée de
Philippe.
BENDOCDAR, voy. BIBARS.
BENEIT GUAITAN, pape fous le
nom de BONIFACE VIII, 281.
BENEIT SACARIE, 156, 213, 223,
225, 231, 233, 234, 236, 273,
274.
BENÊT ZAQUERIE, voy. BENEIT
SACARIE.
Bénévent, 10.
BENOIT ZACARIE, voy. BENEIT
SACARIE.
BENOIT XI, pape, 311.
BERARD (THOMAS), voy.THOMAS.
BERARD DE MANOPE (Le comte),
103.
BERCHELEME (pour BERTHELEMÉ),
voy. BARTHÉLÉMY.
Berrie {La), {le défert qui fepare
f Egypte de la Syrie), 239, 298.
BERTHELEMÉ, voy. BARTHÉLÉMY.
BERTHELIN MAHÉ, 325.
BERTRAND DE GIBELET I^', père
de HUGUES DE GIBELET, 53.
BERTRAND DE GIBELET II, fils
de HUGUES DE GIBELET, 151,
157, 158, 159, 160.
BERTRAND PORCELET, beau-père
d'AMAURY BARLAIS, 88.
BERTRAND TEXI, grand-maître
de l'Hôpital, 83.
Béryte {Beyrouth): 1° le château
de —78, 79, 81, 83, 85, 86, 95,
134, 258; — 2° la ville de —
xvj, 24, 32, 41, 48, 51, 78, 79,
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

3f8 INDEX.
80, 82, 84, 87, 89, 90, 96, 124,
134, 196, 198, 211, 212, 214,
215^ 257, 258, 260.
Béryte (Le flum), le fleuve de B.,
83, 84.
Béryte (Le feigneur de), voy. JEAN
d'IliELIN.
Béryte (L'évèque de), 78.
£^Q7t'(ESCHIVE, dame de), 193,
215, 315, 316-
Béryte (ISABELLE, dame de), 193.
Beffan, voy. Bethfan.
Béthanie, 166.
Bethléem, 151, 259. — L'évêché
de B., 260. — L'évèque de B.,
87.
Bethfan (La terre de), 259.
BETHSAN, voy. AMAURY DE BES­
SAN.
Betil, château en Arménie, 292.
BETRAM PORCELET, voy. BER­
TRAND PORCELET.
BETRAN, voy. BERTRAND.
BEUGNOT (Le comte),xiv, XV, xxvj.
BIBARS OU BONDONCHAR, fultan
A'Egypte, 164, 165, 166, 167,
17^, 179, '80, 181, 182, 183,
185, 190, 191, 194, 195, 196,
199, 200, 202, 206, 208, 209.
Bilbeis, 6, 111.
BLANCHE de Caftille, 16.
BLANCHE, marquife Ae Montferrat,
144.
Blanchegarde (La terre de), 259.
BOÉMOND III, prince A'Antioche,
15, 16.
BOÉMOND IV, comte de Triple,
puis prince à^Antioche, xvij, 16,
17, 20, 28, 29, 45, 48, 86, 87,
88, 89, 152.
BOÉMOND V, prince A'Antioche,
xvij, 32, 121, 136, 152, 232.
BOÉMOND VI, prince A'Antioche,
149, IS', 152, 157, 158, 159,
i6i, 199, 200, 202, 205, 232.
BOÉMOND VII, dernier prince
A^Antioche, 202, 203, 204, 205,
206, 207, 208, 211, 212, 226,
229, 230, 23T, 232.
BOÉMOND D'ANTIOCHE, feigneur
du Boutron, 146.
BOÉMOND, fécond fils de HUGUES
III, roi de Jérufalem,z\.^, 216.
BOÉMOND, voy. auffi RAYMOND.
BONACOURT (DE GLOIRE), archevêque
de Tyr, 220.
BONEREL, nom d'un pienier, 150.
Bonifaccio (Le château de), en
Corfe, 220.
BONIFACE VIII, pape, 281, 282,
284, 292, 306, 307, 308, 310,
311.
BONIFACE DE CALAMANDRANE,
frère Hofpitalier, 234.
BONIFACE DE GRIMAUT, amiral
génois, 320.
Boniface, voy. Bonifaccio.
Bonivent, voy. Bénévent.
BORBORIN (BORBONINO), amiral
génois, 156.
Bordeaux, 329.
Bort (Le vicomte du), à Acre, 245.
Botron {Le), voy. Boutron (Le).
Boucherie (La) — à Acre, 50, 251 ;
— à Tyr, 131.
Bourgogne (OTHON V, comte de),
312.
— (ROBERT II, duc de), 311,
3 12.
Boutron: 1° le château du — 205;
— 20 la ville du — 83, 84,
95-
Boutron{BotMOîiD A'Antioche,feigneur
du), 146-
Boutron (GUILLAUME, feigneur
du), 158.
Bovines, Bouvines (Bataille du
pont de), 19.
BRAINE, voy. JEAN DE BRIENNE.
Brandis, voy. Brindes.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

BREINE, BRENE, voy. JEAN DE
BRIENNE.
Bretagne (Aventures de), romans
de la Table ronde, 31.
Bretagne (Le comte de), voy.
PIERRE MAUCLERC & JEAN dit
le ROUX.
BREWER (GUILLAUME), voy.
GUILLAUME.
BRIE, voy. ANCEAU, JEAN, PHI­
LIPPE & THOMAS.
CAÇAN, voy. GHAZAN-KHAN.
Caco, Cacon, cafal près de Céfarée,
200, 201.
CAFRAN, CAFRANE, voy. ADAN,
GUILLAUME & PHILIPPE.
Caïfas, voy. Càipha.
Ca'ipha, 15, 121, 155, 259, 260.
Caire (Le Nouveau), 6, 8, 9,11,15,
16, 49, III, 121,122, 123, 124,
146, 148, 164, 165, 167, 171,
179, x8i, 184, 190, 191, 194,
200, 202, 206, 208, 209, 210,
230, 238, 239, 240, 241, 243,
299, 300, 301, 302, 303, 310,
319, 323.
Caire (Le château du), 9, 165.
Caiferie, voy. Céfarée la Grande.
Calabre, 179, 290.
CALAMANDRANE (BONIFACE DE),
voy. BONIFACE.
CALANSON [GRANSON] (OTHON
DE), voy. OTHON.
Cale du marquis {La),à Acre, 228.
CALO DANDLE, voy. CARLO DAN-
DOLO.
Calohonel, pèlerinage A'Egypte,
242.
CAMAJOR (ROMECORIN DE), voy.
ROMECORIN.
Campanie, 35.
Candare {La), voy. Kantara.
INDEX. 3f9
BRIENNE, voy. GAUTIER, HUGUES,
JEAN & YOLANDE.
Brindes {Brindifi), 118.
BRISSE (PIERRE), voy. PIERRE.
Bufevent{Q.\\.âX.eaM de), en Chypre,
94, 98, 258.
BUHOHAN, 182.
BURCHARD DE SCHWENDEN, maître
de l'Ordre teutonique, 219,232,
233.
BusTRON (FLORIO), voy. FLORIO.
Candariers,
dare, 65.
habitants de la Can­
Candelor (Le), château appartetenant
aux Turcs, 261.
Candie (Ile de), voy. Crète.
CAPASSAC, CAPSSAC, émir, 302.
CARBAGANDA, fucceffeur de GHA­
ZAN-KHAN, 325, 326.
Carcaifferie
Acre, 151.
(La rue de la), à
CARDONE (GUILLAUME DE),
GUILLAUME.
voy.
CARLO (pour ANDRÉA), voy. AN­
DRÉA. •
Carnahtin (Bataille de), 11.
Caroublier, {Le) lieu près A'Acre,
182.
Cafal Imbert, près A^Acre, 90, 91,
92, 93, 97, 100, 105, 116,207,
229.
Cafal Robert,près Ae Nazareth,
Caftel, Caftele, voy. Caftille.
Caftel de Caftre, voy. Caftra.
Caftille, 16, 19, 171, 273.
12.
Caftra, en Sardaigne, 222.
Caftrie (La), château en Chypre,
58, 61, 66, 82, 99, 103, 107.
CATAIE, voy. FERES CATAIE.
Cataine {Catane), en Sicile, 292.
CATHERINE (Ste), 206, 215.
CATHERINE DE COURTENAY,
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

360 INDEX.
femme de CHARLES DE VALOIS,
306.
Catune {La) {Catona), en Calabre
{Sicile citer leur e), 285.
CAUSBONDOC, nom
165.
de BIBARS,
Cayfas, Cayphas, voy. Caipha.
Caymon (La terre de), 259.
CAYN, 57.
Cazal Ymbert, voy. Cafal Imbert.
CAZAN, voy.CARBAGANDA & GHA­
ZAN-KHAN.
CAZELIER (LÉON), voy. LÉON.
CEBA, voy. ANSIAU & LANFRANC.
CÉLESTIN II, pape, 4.
CÉLESTiN m, pape, 13.
CÉLESTIN IV, pape, 142, 143.
CÉLESTIN V, pape, 281, 282.
Cérines, voy. Cherines.
Céfarée, 15, 19, 37, 9^h "3, 125,
126, 171, 200, 240, 259, 260.—
Archevêché de C, 260.
Céfarée de Philippe, 7, 260.
Céfarée la Grande, en Afie-Mineure,
296.
CÉSARÉE (GAUTIER de), connétable
de Chypre, 40, 112, 113.
— (HUGUES de), 171.
— (JEAN de), fils de GAUTIER,
30, 37, 40, 45, 67, 83, 96,101,
113, 116, 117, 125.
Cezaire, voy. Céfarée.
Cezile, Cezille, voy. Sicile.
Chaîne (La tour de la), à Tyr,
170.
Chamele {La), {Emiffe), 161, 164,
210, 293, 296, 306.
Chamele (Le fire de la), 122.
Champ des fleurs, près de Bénévent,
177,178.
Champagne, 55, 112, 117.
Champaigne, voy. Champagne,
Champaignie, voy. Campanie.
CHAMPENOIS (GUILLAUME), voy.
GUILLAUME.
Change (Le), à Acre, 146.
Chanfon de PHILIPPE DE NA­
VARRE fur la bataille de Nicofie,
60-62.
Chanfon de PHILIPPE DE NA­
VARRE fur le fiège de Kantara,
65-67.
CHANTECLER, nom du coq dans
l'épopée de Renart, par lequel
PHILIPPE DE NAVARRE fe défigne
lui-même dans fes vers,
69,71, 72, 74-
CHARLES, comte A'Anjou, roi de
Sicile, 147, 167, 171, 177, 178,
179, 187, 188, 189, 190, 193,
194, 198, 199, 206, 207, 213,
214, 217, 2T8.
CHARLES II, prince de Salerne,
roi de Sicile, fils de CHARLES
D'ANJOU, 217, 218, 219, 230,
231, 232, 292, 307,
CHARLES DE VALOIS, frère de PHI-
LIPPE-LE-BEL, 306, 307, 312.
Chafteau, voy. Château.
Chaftelet (Le), voy. Châtelet (Le).
Chaftiaublanc, voy. Châteaublanc,
Château (La terre du) du roi, 259.
Châteaublanc, près de Margat,
208.
Châteauneuf, 260.
CHATEAUNEUF (GUILLAUME DE),
voy. GUILLAUME.
Château Pèlerin (auj. Athlit), 19,
147, 15s, '63» 227, 240, 258,
259.
Châtelet {he), près de Béryte, 215.
Chaufor (Le), à Béryte, 79, 83.
CHECAN, CHEQUAN, voy. KHA-
GHAN.
Cheene (La), voy. Chaine (La).
CHELINGEN (ENTE DE), voy. ENTE.
CHENART (PHILIPPE), voy. PHI­
LIPPE.
Cheniere, voy. Cinerca.
Cherines, château en Chypre, xvj,
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

xvij,xxv, 60, 89,93,94,99,100,
104, 105, 106, 107, 108, IIO,
112, 113, 116, 138, 258, 334.
Cherynes, voy. Cherines.
CHIN (Le), émir, 262.
Chinere, Chinere, voy. Cinerca.
Chipre, voy. Chypre.
Chronique
xxvij.
d'AMADi, xix, xx,
Chronique de FLORIO BUSTRON,
xiv, XV, xvj, xvij, xviij,xix, xxiij,
xxiv, xxvj, xxvij.
Chronique de MÂCHERAS, XXV,
xxvj.
Chronique de Terre-Sainte, x, xj,
xij-xiij.
Chronique du Templier de Tyr,
xj, xx-xxvij.
Chypre, xij, xiij, xiv, xvj, xvij,
xix, XX, xxij, xxiij, xxiv, xxv,
xxvj, xxvij, 14, 16, 17, 18, 21,
22, 23, 24, 28, 30, 31, 32, 33,
35, 37, 38, 39, 40, 41, 42, 43,
44, 45, 47, 48, 49, 5°» Si, 53,
56, 58, 60, 61, 67, 68, 69, 77,
78, 79, 80, 81, 86, 87, 89, 90,
93, 94,95, 96,97,98,99, 104,
105, 107, 109, IIO, 112, 113,
116, 117, 124, 135, 141, 146,
147, 151, 152, 166, 168, 171,
181, 187, 191,192, 199, 200,
203, 206, 207, 214, 217, 218,
219, 220, 238, 241, 246, 249,
254, 257, 258, 259, 261, 262,
27', 275, 276, 278, 279, 282,
283, 303, 304, 305, 306, 315,
316, 318, 319, 321, 322, 323,
327,328,329,331,332.
Chyprois (Les) 27, 40, 41, 48, 49,
81, 82, 89, 90, 91, 93, 95, 96,
97, 98, 99, 100, loi, 102, 103,
104, io6, 108, 112, 141, 143.
Ciete, voy. Sidon.
Cinerca, en Corfe, dans le golfe
de Genarca, 220, 221, 290.
c
INDEX. 361
Ciftaus, voy. Cifterciens.
Cifterciens (Moines), à Beauleu,
près de Tripoli, 87.
CLAPIERE (ANDRÉ DE), voy. AN­
DRÉ.
CLÉMENT III, pape, 10.
CLÉMENT IV, pape, 171, 176,
'77, 187, 192.
CLÉMENT V, pape, 203 (au lieu
d'iNNOCENTV), 311, 329, 330,
332.
CLERMONT (MAHÉ DE),voy.MAHÉ.
CLIMENS, CLYMENS, voy. CLÉ­
MENT.
Coine {Le), voy. Konia.
C01NTREL, nom du finge dans
l'épopée de Renart, qui fert à
défigner HUGUES DE GIBELET,
dans les vers de PHILIPPE DE
NAVARRE, 71.
COLÉE (ROGER DE LA), voy.
ROGER.
Colone, voy. Colonna.
CoLONNA (La famille) de Rome,
282 J voy. JACQUES & PIERRE.
Colos {Le), cafal de l'Hôpital, en
Chypre, 320,
COMNÈNE, voy. ISAAC& MANUEL.
COMPÈRE, nom donné à ETIENNE,
roi A'Angleterre, 5.
CONCHES, voy. GUILLAUME &
GUINART.
Connétable (Le) de Chypre, voy.
GAUTIER DE CÉSARÉE.
Conqueft (Le livre du), xj, xij,
xxiij, 5, 9, 17, 152.
CONRAD, archevêque de Mayence,
16,
CONRAD III, empereur A'Alle­
magne, Ar, 5 •
CONRAD IV, empereur A'Allemagne,
24, 48, 128, 129, 130,
144,145, 188, 189, 190, 191.
CONRAD, marquis de Montferrat,
14.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ
46

302 INDEX.
CONRAD DORIA, amiral génois
au fervice de Sicile, 291, 292.
CONRADIN, fils de CONRAD IV,
xvij, 24, 144, 145, 188, 189,
T91, T92.
CONRAT, voy. CONRAD.
CONSTANCE A'Aragon, impératrice,
fem me de FRÉDERICII, 29.
CONSTANCE A'Aragon, femme de
HENRY II, roi de Chypre Se de
Jérufalem, 259.
CONSTANCE, fille de MAINFROI,
femme de PIERRE III, roi A'Aragon,
179, 214.
CONSTANT, bail A'Arménie, 20,
29, 30, 105.
CONSTANT, troifième frère de
HAITON II, 283.
Conftantinople, 6, 7, 17, 167, 209,
278, 283, 284, 306, 319, 327,
328.
COPECAPE
RENT.
(LORENT), voy. Lo-
CORADIN, voy. CONRADIN.
CORADIN, fultan de Damas, 37.
CORAT, voy. CONRAD.
CORDATE, chevalier catalan, 185.
Corde, voy. Cordoue.
Cor doue, 171.
COREIDIN, voy. CORADIN.
Corgie, voy. Géorgie,
CORNOUAILLE (RiCHARD DE), VOy.
RICHARD.
Corpus Domini, égWieà Jérufalem,
19.
CORRADIN, voy. CONRADIN.
DALFIN (POLET), voy. POLET.
DALSSÈS (Le pape INNOCENT IV
était de la famille de FiEsguE,
que le chroniqueur a dû changer
en), 143.
DAMAR (DE MARI), voy. AN-
D
CORRAT, voy. CONRAD.
CORS (GENT DE), voy. GENT.
Corfe, 220, 290.
Cos (Concile au), 6 (il s'agit fans
doute du concile de Tours).
COSTANCE, voy. CONSTANCE.
CosTANS, voy. CONSTANT.
Coftantinople, voy. Conftantinople.
CosTE (JACQUES), voy. JACQUES.
COT BOHA, CoTBAHA,voy.Coirr-
BAHA.
COTLESSE, COTLESSER (COTU-
LOSSA), émir tartare, 305, 306.
Coulone, voy. Colonna,
CouRADiN, voy. CONRADIN.
COURAT, voy. CONRAD.
Coure {Le), en Arménie, 279.
COURTENAY, voy. BAUDOUIN &
CATHERINE.
COUTBAHA: 1° chef tartare, 162,
165, 293 ; — 20 fultan A'Egypte,
262.
Crac (Le), château appartenant à
l'Hôpital, 185, 199, 300.
Crac de Monréal (La feigneurie
du), 259, 260.
CRESEQUE (ROBERT DE), voy. RO­
BERT.
CRESTIENE (Ste), 190.
Crète (Ile de) ou de Candie, 80,
315-
Crite, voy. Crète.
Croix (La vraîe), 8, 11, 12.
Cuc (Le feigneur du), 313.
Curzola (Ile de), fur la côte de
Dalmatie, 286.
SAUT, GuANDE, NICOLOZE &
ORIC.
Damas, 5, 8, 37, 49, 88, 121, 122,
123, 124, 146, 161,.209, 217,
230, 234, 258, 293, 296, 298,
300, 301, 302.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

Damiate voy. Damiette.
Damiette, 6, 18, 19, 20, 28, 147,
148, 158, 177, 229, 301.
DAMPIERRE, voy. GUY & HUGUES.
Damyatte, voy. Damiette.
DANDOLO, voy. ANDRÉA &
HENRY.
DASSER (ROLANT), voy. ROLANT.
DAVOGAIRE (JACQUES), voy. JAC­
QUES.
DÉMÉTRIUS DE MONFERRAT, roî
de Salonique, 40.
DENDIN, frère de HAITON II, roi
d'Arménie, 327.
DENISÈS, ancien fenéchal du feigneur
de Béryte, 79.
Defpoire, cafal en Chypre, 99.
Deudamor, Dieudamour, château
en Chypre, xvj, 45, 46, 47, 54,
EDOUARD ler, roi A!!Angleterre,
173, 174, 175, 176, 187, 193,
199, 200, 201, 291, 311.
EDOUARD II, roi A!Angleterre, 311.
Egipte, Egypte, 6,16,17, 147, 298,
319.
EGUEVIVE (GAUTIER D'), voy.
GAUTIER.
Elbe {lie A\ 221.
ELESGAY, voy. SEGAY (Le).
ELISABETH DE BAVIÈRE, femme de
CONRAD IV, 144, 145, 188.
EMBRIAC OU L'EMBRIAC, famille
de Gênes ayant la feigneurie de
Gibelet, 203; voy. GUILLAUME.
EMERIC, roi de Hongrie, 17.
EMPURE, voy. DAMPIERRE.
Engleterre, voy. Angleterre.
ENTE DE CHELINGEN (HANS DE
SCHLIENGEN.?), 107.
Eperon (La tour de T), à Margat,
218.
INDEX. 363
60, 62, 64, 65, 66, 89, 93, 94,
95, 100, loi, 106, 116, 258.
DOIRE, DORIA, voy. AUBERT,
CONRAD, GILLE, LAMBA &
SAIDO.
Domas, Doumas, voy. Damas.
Dôme, cafal, 207.
Dominicains (Les), voy. Frères
prêcheurs.
DORIA (Famille\ 290; voy. DOIRE.
DOUVEYDAR, émir, 300.
Dragon (La fontaine du), près de
Dieudamour, 62.
DRAPIER (RAYMOND), voy. RAY­
MOND.
DREUX (JEAN DE), voy. JEAN DE
BRIENNE.
Duc (ORIC), voy. ORIC.
Du CANGE, xvij, xxiij.
ERACLE (HÉRACLIUS), 161.
Eracle (Hiftoire de l'empereur),
xij, xiij, xxiij.
ERARD (Le comte) de Nanteuil,
176.
Ermenie, voy. Arménie.
Ermins, voy. Arméniens.
Efcalone, voy. Afcalon.
Efcandelion, 260.
ESCHIVE, femme de HUMFROY DE
MONFORT, puis de GUY DE
CHYPRE, dame de Béryte, 193,
215,315, 316.
ESCHIVE DE MONTBÉLIARD,
femme de
94.
BALIAN d'iBELiN,
EscLAFON (MENEGUE), voy. ME­
NEGUE.
Efclavonie, 286.
Efclavons, 288.
Efcurfie, voy. Curzola.
Efpaigne {Efpagne'', 18, 19, 55,
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

364 INDEX.
68, 171, 187, 193, 202, 272,
273,
Efpagnie, voy. Efpagne.
Efperance, voy. Eperon.
EsPiNE (SPINOLA), 157, 290; voy.
auffi AUBERT, BAUDE, ORIC &
THOMAS.
Efquilac {Squilace),en Italie, 230.
EssAÏD, fultan A'Egypte, fils aîné
de BIBARS, 209.
ESTIENNE, voy. ETIENNE.
ESTORGUE, voy. EUSTORGE.
ETIENNE, roi A'Angleterre, 3, 4, 5.
ETIENNE DE GOTRON, 49.
ETIENNE DE SAISY, maréchal du
Temple, 163, 164.
EUDE, comte de Nevers, 176.
EUDE DE LA FIERTÉ, 102.
FACE (Le comte), 222.
Famagoufte, en Chypre, xvij, 47,48,
81, 93, 97, 98, 99, 160, 192,
246, 258, 277, 278, 303, 320,
321, 322, 328.
Famagoufte (Le vicomte de), 324.
Familles d'Outremer (Les), de
DU CANGE, xvij.
FARABEL, voy. GUILLAUME.
FARASS, FARAISS, nom d'homme,
195, 196, 198.
FAURIEL, xxv.
FEDERIC, FEDRIC, voy. FRÉDÉRIC.
Femenie (Allufion à la reine de),
220.
FERES CATAIE, gardien du château
du Nouveau Caire, T66,
FERTÉ (EUDE DE LA), voy. EUDE.
FIESQUE, voy. DALSSÈS.
FILANGER, FILANGIERI,voy. HEN­
RY, LORENT, MARINO & RI­
CHARD.
Filerme (Château de), à Rhodes,
320, 321.
EUDE DE MONTBÉLIARD, 50, 119,
120, 125.
EUDE PELECHIEN, fenéchal de Jérufalem,
214, 219.
EUDE DU PIN, grand-maitre de
l'Hôpital, 319.
EUDE DE S. AMAND, maître du
Temple, 9.
EUGÈNE III, pape, 4.
Europe, xvj.
EusTORGE, archevêque de Nicofie,
30, 58, 106.
EusTORGE PEDOT, 332.
Exeftre, voy. Exeter,
Exeter (GUILLAUME BREWER, évêque
d'), 35-
Eybelin, voy. Ibelin.
FLACE (RAYMONT DE), voy. RAY­
MOND.
Flamands,$1, 311, 312,313, 314-
Flandre, 311, 3i2,3'3,3'4,3iS-
Flandre (BAUDOUIN, comte de),
16, 17.
— (^GuY DE DAMPIERRE, comte
de), 291, 311, 3'2, 314, 315-
FLEURY (JACQUES DE), voy. JAC­
QUES.
Fleuve d'amour (Le), près de Béryte,
215.
Florence, 306.
FLORENT, évêque A'Acre, 168.
FLORIO BUSTRON (Chronique de),
xiv, XV, xvj, xvij, xviij, xix,
xxiij, xxiv, xxvj, xxvij.
Flun d'amor, voy. Fleuve d'amour.
Foges {Foggia), en Pouille, 48,
217.
FOGGIA (JEAN DE), voy. JEAN.
Fontaine (La) du Dragon, près de
Dieudamour, 62.
Forbie, 145.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

Forez (Le comte de), voy. Gui-
GUES V.
Foroys, voy. Forez.
FOULQUES, roi de Jérufalem, 4.
FOULQUES DE VILLERET, commandeur,
puis maître de l'Hôpital,
319, 320, 321, 322, 323.
FouguE, voy. FOULQUES.
Français (Les), 218, 311, 312.
France, 4, 5, 6, 10, 13, 14, 15, 16,
17, 18, 19, eo, 30, 34, 68, 112,
118, 122, 129, 146, 147,176,
183, 187, 188, 191, 193, 194,
199, 202, 214, 218, 230, 306,
307, 308,311, 312, 329, 330.
FRANCÉS (S.), voy. FRANÇOIS (S.)
Francifcains (Les), voy. Frères
mineurs.
FRANCISCAIN DE GRIMAUT (FRAN-
CESCHINO GRIMALDI), 162.
FRANÇOIS (S.), 35.
Francs (Les), (les Latins), 121,162,
179, 180, 184, 213, 242, 305.
FRANSESQUIN, voy. FRANCISCAIN.
Gadres, voy. Gaza,
GARNIER L'ALLEMAND, 50.
Gafcogne, 330, 331.
GAUDIN (THIBAUT), voy. THI­
BAUT.
GAUTER, voy. J GAUTIER.
GAUTIER DE BRIENNE, 187.
GAUTIER, feigneur de Céfarée,
connétable de Chypre, 40, 112,
113.
GAUTIER D'EGUEVIVE, 107.
GAUTIER, comte de Jaffa, 145.
GAUTIER DE MONTBÉLIARD,
beau-père de HUGUES I^r, roi
de Chypre, 18.
GAUTIER DE MOUNEPEAU OU
MANEPEAU (Le comte), 103,
107.
INDEX. 36r
FRÉDEGAIRE (La compilation dite
de), xix.
FRÉDÉRIC DE BODE, duc AU Autriche,
188, 189.
FRÉDÉRIC I^r, empereur Aï Allemagne,
3, 4, 6, 13.
FRÉDÉRIC II, roi de Sicile, empereur
A' Allemagne, xiv, xvj, 6,19,
20, 21, 22, 23, 24, 27, 28, 29,
30, 33, 34, 35, 37, 38, 39, 4°,
41, 42, 43, 44, 45, 46, 47, 48,
49, 50, 51, 67, 68, 76, 77, 80,
83, 87,89,93, 97,99,105, 11^»
113, "4, i'6, 123, 124, 125,
127, 128, 130, 134, 136, 137,
138, 141, 142, 143, 144, 145,
146, 177, 190, 191.
FRÉDÉRIC, roi de Sicile, frère de
JAYME II, roi Aï Aragon, 179,
291, 292.
Frères mineurs, xxj, 35, 270, 324.
Frères prêcheurs, xxj, 270, 324. —
La maifon des — à Tripoli, 211.
FRÉVILLE (M. Marcel de), xiv.
GAUTIER PENNE ou PENNENPIÉ,
chevalier, 123.
GAUVAIN, 31, 33, 34, 35, 37, 38,
57, 60, 67, 68, 107.
GAVAIN, voy. GAUVAIN.
Gavata (La pointe), près Limeffon,
à Chypre, 77.
Gaza, 118, 119, 124, 259, 298,
300, 301-
Gazere, voy. Gaza.
Gebelacar, Gebelcar, Gibelcar,
17, 185, 199.
Gênes, 99, 141, 142, i43, '49,
150, 157, 168, 169, 186, 187,
188, 189, 203, 212,213,220,
221, 222, 223, 225, 226, 227,
228, 231, 233, 234, 261, 273,
275, 276, 277, 278, 280, 282,
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

366 INDEX.
284, 285, 286, 288, 289, 290,
291, 303, 312, 320, 324, 327,
328.
Gênes (La rue de), à Acre, 152,
154, 155, 157, 255.
— (La tour de), à Acre, 149,
150.
— (La tour Ae), à Limeffon, 276.
Genevés, voy. Génois,
Génois, xx, xxij, xxiv, xxv, 89, 95,
98, 99, 108, 125,129, 131,141,
142, 143, 146, 147, 149, 150,
151, 152, 153, 154, 155, 156,
157, 162, 168, 169, 170, 171,
186, 187, 193, 210, 211, 212,
215, 218, 220, 221, 222, 223,
224, 225, 226, 227, 228, 233,
234, 235, 254,273, 274, 275,
276, 277, 278, 279, 280, 281,
284, 285, 286, 287, 288, 289,
290, 303, 312, 318, 323, 324,
327, 328.
GENT DE CORS, 107.
GEOFFROY DE MOSIE, 103,107.
GEOFFROY DE SARGINES, bail
A'Acre,
191.
146, 160, 168, 182,
GEOFFROY DE VENDAC, maréchal
du Temple, 235, 237.
Géorgie, 309.
GÉRARD, archevêque de Chypre,
282.
GÉRARD DE BRIE, 325.
GÉRARD DE MONRÉAL, xxvj, xxvij.
Gerin {Le), 260.
GEROLT, voy. GIROLD.
Gerycop, voy. Jéricho,
Geftes des Chiprois (Les), ix, xij,
xiij, XV, xvj, xvij, xviij, xix,
XX, xxv, xxvj, xxvij.
GHAZAN-KHAN, 296, 297, 298,
299, 300, 301, 302, 303, 304,
305, 306, 309.
Gibel, 126.
Gibelcar, voy. Gebelacar,
Gibelet, 15, 16, 87, 95, 107, 151,
159, 203, 204, 205, 207, 210,
211, 212, 233, 300, 303.
Gibelet (Le feigneur de), voy.
HUGUES DE GIBELET.
GIBELET, voy. ARNEIS, BARTHÉ­
LÉMY, BERTRAND, GUILLAUME,
HENRY, HUGUES, JEAN & PHI­
LIPPE.
GIBELIN (Le parti), 290, 291.
Giblet, voy. Gibelet,
GILLE, feigneur de Sidon, 167.
GILLE ANTIAUME, 325.
GILLE DORIA, amiral génois, 277,
278.
GIRARD (Le comte), de Pife, 188,
189.
GIRAUT DE MONTAIGU, 58.
GIROLD, patriarche de Jérufalem,
30,35,36,77,83,95,96,112.
Gironde
218.
{Gironne), en Catalogne,
GIROT, voy. GIROLD.
Glofejire {Glocefter), 172, 173.
GODEFROY DE BOUILLON, 8.
GOTRON, voy. ETIENNE DE GO­
TRON.
GOUDEFROI DE BOILLON, voy.
GODEFROY DE BOUILLON.
GOULART (MASÉ), voy. MASÉ.
GRANSON, voy. JEAN, OTHON.
Grèce, 145, 213, 238.
Grecque (Communion), 151, 162,
238.
Grecs {hes),{L'empiregrec), 161,
167, 306.
Grée (La pointe de la), à Chypre,
97.
GRÉGOIRE VIII, pape, lo.
GRÉGOIRE IX, pape, xvj, 35. 37,
46, 68, 77, 136, 137.
GRÉGOIRE X (de Plaifance), pape,
163, 164, 187, 198, 199, 202,
203.
GREIL, GRiLL,voy.jEAN & PIERRE.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

Grenate {Grenade'), 171,
Grefe, voy. Grèce.
Gride {La), {Agridi), cafal en Chypre,
xiij, 100, roi, 103.
GRILL (SIMON), voy. SIMON.
GRIMALDI (Maifon de), à Gênes,
289, 290, 291J voy. BONIFACE,
FRANCISCAIN, LION, LUQUET
& RENIER.
GRIMAUS, GRYMAUS, voy. GRI­
MALDI.
GRIMBERT, nom du taiffon (blaireau)
dans l'épopée de Renart,
qui fert à défigner AMAURY DE
BESSAN dans les vers de PHI­
LIPPE DE NAVARRE, 55, 57
(TRIMBERT, lifez GRIMBERT),
69, 71.
Guadre, Guadres, voy. Gaza.
GuAiTON (BENEIT), voy. BENEIT.
GUARIN DE MONTAIGU, grand
maître de l'Hôpital, 20, 28,
37-
Guafton (Château de), appartenant
au Temple, 191.
GUANDE DAMAR (GANDO DE
MARI),
285.
amiral génois, 284,
GUAVIN TARTARO, amiral génois,
289.
GUELF, voy. GUELFE.
GUELFE (Le parti), 289, 290.
GUENELON (Allufion au traître)
de la Chanfon de Rollant, 64.
GUIBLIN, GUYBELIN, voy. GI­
BELIN.
GuiGUES V, comte de Forez Se
de Nevers, 118, 122.
GUILERME, voy. GUILLAUME.
GUILLAUME, évêque A'Agen, patriarche
de Jérufalem, 168,
185, 187.
GUILLAUME, fils de BOÉMOND
D'ANTIOCHE, feigneur du Boutron,
T46.
INDEX. 367
GUILLAUME, feigneur du Boutron,
158, 159.
GUILLAUME, comte de Flandre,
147.
GUILLAUME IV, marquis de Montferrat,
50, 105.
GUILLAUME, comte de Nevers, 5.
GUILLAUME D'AUVERGNE, 80.
GUILLAUME D'AVRENIE, voy.
GUILLAUME d'AuvERGNE.
GUILLAUME DE BEAUJEU, frère,
puis maître du Temple, xx,
xxj, xxiij, 164, 201, 204, 205,
207, 218, 219, 227, 228, 229,
232, 233, 235, 239, 240, 241,
242, 245, 246, 249, 250, 251,
255, 256, 294, 329, 331.
GUILLAUME BREWER, évêque d'£xeter,
35.
GUILLAUME DE CAFRANE, 246.
GUILLAUME
plier, 237.
DE CARDONE, tem­
GUILLAUME CHAMPENOIS , de
Triple, 120.
GUILLAUME DE CHATEAUNEUF,
maître de l'Hôpital, 145, 147,
153, 1541 ISS-
GUILLAUME DE CONCHES, 124.
GUILLAUME FARABEL, 20, 28.
GUILLAUME DE GIBELET, coufin
de GUY DE GIBELET, 210,
211.
GUILLAUME DE LA TOUR: 1° chevalier,
34j — 2° templier, 275,
276.
GUILLAUME L'EMBRIAC, feigneur
de Gibelet, 203.
GUILLAUME LONGUE EPÉE, 10.
GUILLAUME DE LOVRE, 98.
GUILLAUME DE MIRABEL, xxvj.
GUILLAUME DE PICQUIGNY, 197.
GUILLAUME DE RIVET,
52, 57, 68.
31, 37,
GUILLAUME ROUSSEL, 332.
GUILLAUME DE ROUSSILLON, 202.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

368 INDEX.
GUILLAUME DE TINERES, de l'Hôpital,
68.
GUILLAUME TRABUC, fils du maréchal
de Tripoli, 205.
GUILLAUME DE TYR, xij.
GUILLAUME DE VILLERET, grandmaître
de l'Hôpital, 319.
GUILLAUME DE VILLIERS. 246.
GUILLAUME VISCONTI, 86.
GUILLEM, GUILLERME, voy.
GUILLAUME.
GUINART DE CONCHES. 94.
GUINES (HENRY DE), voy. HENRY.
GUIZOLFE (JEANNIN DE), voy.
JEANNIN.
GUY, nom du pape CLÉMENT IV,
171.
GUY, évêque de Famagoufte, 324.
GUY. feigneur de Gibelet, 46.
GUY DE CHYPRE, frère de HEN­
HAIMERY, HAIMERIN, voy. AI­
MERY.
HAITON I

HENRY (Le comte), 14, 15, 16.
HENRY I^"", roi A'Angleterre, 3,4.
HENRY H, roi A'Angleterre, 6.
HENRY III, roi Aï Angleterre, 19,
68, 123, 172, 173, 175, 176,
187, 193, 199.
HENRY II, comte de .ffar, 118,119.
HENRY III, comte de Bar, 311.
HENRY Ier,LE GRAS, roi de Chypre,
INDEX.
xvj, xvij, 24, 28, 30, 38, 39, 47,
48, 49, 50, 51, 52, 58,60, 61,
66, 77, 79, 80, 84, 86, 90, 92,
93,95, 96, 97, 98, 99, 100, 102,
103, 105, 106, 107, 108, IIO,
III, 113, 128, 146, 147, 149,
166, 168, 187, 192.
HENRY II, roi de Chypre, fils de
HUGUES III, xxj, xxij, xxiij, 214,
218, 219, 220, 235, 237, 238,
246, 247, 252, 253, 254, 258,
261, 275, 276, 277, 284, 303,
304, 305, 315, 316, 317, 318,
323, 324, 325, 332, 333-
HENRY, fils de RICHARD DE COR-
NOUAILLES, 175, 176.
HENRY IV, duc de Limbourg, 35.
HENRY VI, empereur d'Occident,
4, 13, 16.
HENRY D'ALLEMAGNE, fils de FRÉ­
DÉRIC II, 29.
HENRY D'ANTIOCHE, 193.
HENRY DANDOLO, doge de Venife,
'7.
HENRY FILANGIERI, frère de RI­
CHART FILANGIERI, 127, 134,
136, 137, 138.
HENRY DE GIBELET, bail de la
Secrète, 93, 237.
HENRY DE GUINES, 184.
HENRY DE LEMAIGNE, 230.
HENRY DE MORRA, grand juflicier,
103.
HENRY, dit le PRINCE, fils de
BOÉMOND IV, xxiij, 166, 168,
191, 203.
c
369
Herberge (La) des Hofpitaliers,
à Acre, 253.
HERMAN DE PÉRIGORD, maître du
Temple, 145, 147.
HERMELINE, nom de l'épopée de
Renart, 72.
Hermenie, voy. Arménie,
HEUDE , voy. EtnjE.
HEUGENES, voy. EUGÈNE.
HEYMERY, voy. AIMERI.
Hiftoire de la guerte des Ibelins
contre Frédéric H, x, xuj-xx.
HoissiN, HoissoN, roi A'Arménie,
frère de HAITON H, 326, 327,
328, 329, 332, 333-
HOMBERG (WIRICH DE), voy. Wi-
RICH.
Hongres, voy. Hongrois.
Hongrie, 17, 19, 294.
Hongrois, 19.
HONORIUS HI, pape, 19, 20, 21,
22, 28, 29. 35.
Hôpital des Allemands : i» à Acre,
77,
203.
123 J — 20 à Tyr, 131,
Hôpital S. Jean (L'): i» à Acre,
123, 125, 126, 127, 152, 155,
212,218,220,243,249, 253; —
2° à Limeffon, 45 ,• — 3 - à Nicofie,
xij, 54, 55, 56, 57, 60, 945 —
40 à Tripoli,ïT,%'j,zi!,ziS;
50 à Tyr, 203.
—
Hofpitaliers (Les), xxij, 20, 27,
29, 37, 39, 42, 47, 54, S8, 68,
77, 83, 87, 117, 119, 122, 123,
124, 126, 147, 150, 153, 154,
155, 158, 166, 167, 171, 181,
182, 183, 185, 191, 199, 200,
206, 207, 208, 209, 210, 217,
218, 219, 229, 232, 233, 234,
235, 237, 239, 241, 253, 255,
303, 304, 305, 306, 319, 320,
321, 322, 323.
Hofteriche, voy. Autriche.
HOTE, voy. OTHON.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ
47

370 INDEX.
HOULAGOU-KHAN, 160, 161, 162,
293, 294, 295, 296, 297.
Hourfemins, tribu de Sarrafins,
145.
HUE, voy. HUGUES.
HUGUES lei" DE LUSIGNAN, roi de
Chypre, xiij, xvj, 18, 19, 21, 24,
27, 28, 30, 41, 45.
HUGUES II, fils du roi HENRY LE
GRAS, roi de Chypre, 149, 151,
152, 166, 187, 217.
HUGUES III, DE LUSIGNAN, bail,
puis roi de Chypre, 166, 171,
181, 187, 191, 192, 198, 199,
200, 203, 206, 207, 214, 215,
216, 217, 218.
HUGUES IV, roi de Chypre, fils de
GUY DE CHYPRE, 316.
HUGUESIV,duc de Bourgogne,! 18.
HUGUES D'AGULIER, 325.
HUGUES BÉDOUIN, 325, 332.
HUGUES DE BRIENNE, 187.
HUGUES DE CÉSARÉE, 171.
HUGUES D'EMPURE (HUGUES DE
IBELIN (La famille d'),xvj, xvij, 31,
33, 34, 37, 43, 81, 85, 98, 99,
III, 124, 135, 147; voy. BA­
LIAN, BAUDOUIN, GUY, HUGUES,
JEAN, PHILIPPE & THOMASSIN.
IBELIN (La feigneurie d'), 260.
INNOCENT III, pape, 17, 19.
INNOCENT IV, pape, 138,143,144,
146.
INNOCENT V, pape, 203.
INOSENT, voy. INNOCENT.
INSEBA, voy. CEBA.
ISAAC COMNÈNE, empereur d'Orient,
14, 17.
IsABEAU, voy. ISABELLE.
ISABELLE (Ste) D'ALLEMAGNE, 35.
DAMPIERRE),
310.
templier, 237,
HUGUES DE GIBELET, 31, 37, 53,
iSy 57, 59» 60, 69, 88, 89, 93,
108, 151, 157, 158, 159,160.
HUGUES D'IBELIN : 1° fils de JEAN
D'IBELIN, 60, 64, 90, 91, 92,
lOI, 102, 109, III, 124J —
2°, fils de BAUDOUIN D'IBELIN,
318.
HUGUES DE MONTAIGU, maréchal
du Temple, 146.
HUGUES DE PRESTERONE, 316.
HUGUES REVEL, maître de l'Hôpital,
155, 207, 208.
HUGUES SALAMON, 204.
HUGUES DE SOREL, 107.
HUGUET, voy. HUGUES.
HUMFROY 1er DE MONFORT, frère
de JEAN DE MONFORT, 193,
215,216, 237, 315.
HUMFROY II DE MONFORT, fils
de RUPIN de MONFORT, 216.
HUMFROY DU TORON, U, 14.
ISABELLE, dame de Béryte, 193.
ISABELLE, fille de JEAN DE BRIENNE,
20, 21, 22, 23, 24, 30, 31, 33,
41.
ISABELLE, fœur de HENRI le, roi
de Chypre, 93, 166, 168.
ISABELLE, fille de GUY D'IBELIN,
femme de HUGUES III, roi de
Chypre, 316, 317.
ISABELLE, femme du comte
HENRY, reine de Jérufalem,
16, 128.
14,
ISABELLE, fœur du roi HAITON II,
femme D'AMAURY DE TYR,
315» 327, 333-
Itaille {Italie), 238.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

JACQUES D'ARTUSSE, 332.
JACQUES COLONNA (Le cardinal),
282.
JACQUES COSTE, 332-
JACQUES DAVOGAIRE,(GIAC. AVO-
GARIO), génois, 303.
JACQUES DE FLEURY, 325, 332.
JACQUES DE MALAY, maréchal
du Temple, 12.
JACQUES DE LA MANDELÉE, 250.
JACQUES DE MOLAY, grand-maî­
tre du Temple, xxij, 329, 330,
331.
JACQUES PANSAN, 324.
JACQUES VIDORE, 164.
Jaffa, 10,15, 16,48,49,77, 118,
119, 120, 121, 122, 123, 124,
146, 149, 190, 259.
— (Baronnie de ), 260.
Jaffa (Le comte de), voy. JEAN
D'IBELIN.
Jaffa (Le fleuve de), 121.
Jaffe, voy. Jaffa.
JAME, voy. JAYME.
Japhe, voy. Jaffa.
Jare, Jarre, voy. Zara.
JAUNE (LE) & LE JEUNE, voy. JU­
LIEN & PIERRE.
JAYME I^r, roi Aï Aragon, 183.
JAYME II, roi Aï Aragon, 179, 273,
292.
JEAN XXI, pape, 206.
JEAN, fils de BOÉMOND AÏ Antioche,
feigneur du Boutron, 146.
JEAN, feigneur de Céfarée, 33, 37,
40,45, 67, 83.
JEAN, frère de GUY D'IBELIN, feigneur
de Gibelet, 204.
JEAN I^"", roi de Jérufalem, fils de
HUGUESIII, 214, 217, 218, 315.
JEAN, frère confanguin de JEAN
DE MONFORT, 216.
INDEX. 371
J
JEAN le"", comte de Namur, 311.
JEAN II, comte de Soiffons, 122.
JEAN I^"", évêque de Troyes, 190.
JEAN L'AISÉ, 325.
JEAN D'ANTIOCHE, feigneur de
Gibelet, 303, 305.
JEAN D'ARMÉNIE, nom pris en
religion par HAITON II, roi
(tArménie, 283, 302, 305.
JEAN BABIN, 325.
JEAN DE BRAINE, comte de Mâcon,
118, 121.
JEAN DE BRIE, 332.
JEAN DE BRIENNE, roi de Jérufalem,
18, 19, 20, 21, 22, 29,
30, 33, 46.
JEAN DE DREUX, voy. JEAN DE
BRAINE.
JEAN DE FOGGIA, voy. JEAN D'I­
BELIN, 50.
JEAN DE GIBELET, maréchal du
royaume de Jérufalem, 160,
163, 164.
JEAN DE GIBELET de Syrie, 323.
JEAN DE GRANSON, 245.
JEAN DE GRILL (J. DE GRAILLY.?),
fenéchal du royaume de Jérufalem,
237, 252.
JEAN D'IBELIN : 1° feigneur de
Béryte, xv, xvj, xvij, 21, 22, 23,
24, 27, 28, 30, 31, 32, 33, 36,
37, 38, 39, 40, 41, 42, 43, 44,
45, 46, 47, 48, 49, 50, 51, 52,
53, 54, 58, 59, 60, 62, 63, 68,
69, 76, 77, 78, 79, 80, 81, 82,
83, 84, 85, 86, 87, 89, 90, 91,
9^) 93, 94, 95, 96, 97, 98, 99»
100, ICI, 102, 103, 105, 106,
107, 108, 109, IIO, III, 112,
113, 114, 116, 117, 124,- —
2° comte de Jaffa, fils de PHI­
LIPPE D'IBELIN, 49, 90, 91, 96,
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

372
I02, 107, 134, 135, 149, 151,
153, 167, 182;— 30 feigneur
A'Affur, 119, 120,124,147,156,
160;— 4'^ fils de BALIAN D'IBE­
LIN, feigneur de Béryte, 163,
164, 171, 193, 203, 215,- —
50 ou JEAN DE FOGGIA, 48, 85,
96, 125.
JEAN LOMBART, 332.
JEAN LE MiÉGE,xij,xxiij,xxv,xxvj,
138, 334.
JEAN DE MIMARS, XXV, xxvj.
JEAN DE MONFORT, fils de PHI­
LIPPE DE MONFORT, comte de
Squilace Se de Montcayeux, feigneur
de Tyr Se du Toron, xx,
192, 193, 197, 198, 203, 207,
212, 215, 216, 219, 230, 236,
237,251, 315-
JEAN RENIA, 160.
JEAN, dit LE ROUX, duc de Bretagne,
199, 230.
JEAN-SANS-TERRE,
terre, 16, 19.
roi A'Angle-
JEAN DE SORENT, neveu de RI­
CHARD FILANGIERI, 127, 134,
136,137, 138.
JEAN TRISTAN, comte de Nevers,
194.
JEAN TURC, archevêque de Nicofie,
puis A'Oriftano {Sardaigne),
282.
JEAN VAALIN, 124.
JEAN DE VERCEILLES, patriarche
de Jérufalem, 242.
JEAN DE VILLIERS, maître de l'Hôpital,
217, 219, 232, 233, 242,
249, 252, 319.
JEANNETTE, fille de RUPIN DE
MONFORT, 216.
JEANNIN DE GUIZOLFE (GIOVAN-
NINO DE GHIZOLFI), 328.
Jene, voy. Gênes.
INDEX.
Jeneus, voy. Génois.
Jenevés, voy. Génois,
Jéricho, 146, 259.
Jérufalem, xiv, xvij, 3, 4, 5, 6, 7,
8, 10, II, 13, 14, 15, 16, 17, 18,
19, 20, 21, 22, 23, 24, 29, 30,
33, 34, 35» 36, 39, 41, 42,43,
44, 46, 48, 49, 50, 77, 85, 121,
123, 127, 128, 130, 136, 145,
146, 147, 149, 151, 159, 160,
162, 163, 164, 166, 168, 190,
191, 192, 198, 199, 200, 203,
206, 207, 214, 217, 220, 259,
260.
Jérufalem (Le patriarche de), 260 ;
voy. auffi GIROLD & ROBERT.
JEUNE (LE), voy. JAUNE (LE).
Jeune (pour Jenne), voy. Gênes.
JOANIN, JOUANIN, voy. JEANNIN.
JOFFREI, voy. GEOFFROY.
JOFREY DE SARDEINE, voy GEOF­
FROY DE SARGINES.
JOHAN, voy. JEAN.
JOHANIN, fils de HUMFROY DE
MONFORT, 216.
JOHANIN MAROZEL (GIOVANNINO
MALOCELLO),
276.
amiral génois,
Jordein, voy. Jourdain.
JORGE, 241.
JoscELiN (La feigneurie des),259,
260.
Jourdain (Le fleuve), 121.
JULIEN, nom donné à un Haffiffin,
195.
JULIEN, feigneur de Sidon, i^j,
162, 163, 195, 196, 198, 203,
206.
JULIEN LE JEUNE, 218.
JUSTICIER (Le), voy. HENRY DE
MORRA.
JUSTICIER (Le fils du),voy. GEOF­
FROY DE MOSIE.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

Kalat el Rom, voy. Rum Kaleh.
KALIL-ASCRAF, fils de KÉLAOUN,
fultan A'Egypte, 240, 241, 242,
243, 245, 246, 247, 248, 255,
256, 257, 258, 261, 262, 273,
299.
Kantara, château en Chypre, xvj,
xvij, xviij, 60, 63, 65, 67, 68,
93, 98*258.
LA FONTAINE, xviij.
Lagidie, en Egypte, 303.
Laias, Layas, voy. Ayas.
LAMBA DoRiA,amiral génois,286,
287.
Lamino, cafal du roi HENRY II, en
Chypre, 317, 332.
LANBE, voy. LAMBA.
LANCE, voy. LANZA.
Lanceborc, voy. Limbourg,
LANCELOT, xxv.
Lancelot du Lac (Allufion au roman
de), 220.
LANFRANC CEBA, 321.
Langres, 282.
Langue des Geftes des Chiprois,
xxiv.
LANZA (Le marquis MANFREDO),
40.
LASCRE, voy. THÉODORE LAS-
CARIS.
Latins (Les), 167.
Ledde, voy. Lidde.
Légat (La porte du), à Acre, 246,
247, 251.
LELSI, émir, beau-père d'EssAÏD,
209.
LEMAiGNE(HENRiDE),voy.HENRY.
LEMBRIAC, voy. EMBRIAC.
Lengaire, 62.
INDEX. 373
K
KÉLAOUN-M ALEK-EL- MANSOUR,
fultan A'Egypte, 210, 217, 218,
229, 230, 234, 235, 236, 237,
238, 239, 240, 241.
KHAGAN (GENGISKHAN), 293,294.
Konia, en Afie Mineure, 18, 296.
KouTOUz, fultan A'Egypte, 164,
165.
Lengres, voy. Langres.
LENTINO (THOMAS DE), voy. THO­
MAS.
LÉON CAZELIER, frère du Temple,
180, 181.
LÉOPOLD V, duc A'Autriche, 15.
LÉOPOLD VI, duc A'Autriche, 19.
LEROUS DE SULLY, 238.
LESCOPLE, capitaine vénitien,238.
LESGAY, LESEJAY, voy. SEGAY (Le).
LESQUAR, voy. ZENCOR-EL-ESCAR.
Levant {Levante, la Spezia), 142.
LEZEGNIAU, LEZINGNIAU, voy. LU­
SIGNAN.
Liche {La), {Laodicée, Latakieh),
230, 257.
Lidde, 49, 259.
Liegerat, pays de Liège, 187.
Ligon {Le), 260.
Lihle {Lille), 313, 315.
Limaffol, voy. Limeffon.
Limbourg (HENRYIV,duc de), 35.
Limeffon {Limaffol), en Chypre, 14,
38, 40, 45> 46, 47, 50, 68, 77,
99, 108, 116, 134, 147, 152,
199, 258, 276, 320.— La Maifon
du Temple, 207; — La Tour
de Gênes 2765 la Tour de P Hôpital,
45.
LINAH, voy. ALINAH.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

374
LION, voy. LÉON.
Lion, voy. Lyon.
LION DE GRIMAUT, 150.
LITIER, voy. LOTIER.
LIVON II, roi Aï Arménie,
20, 28, 29.
15, 16,
LIVON III, roi A'Arménie, 181,
191, 210, 230.
LIVON IV, roi A'Arménie,
325, 326, 327.
284,
Livre du Conqueft (Le), xj, xij,
xxiij, 5,9, 17, 152.
Livre (Le) de Forme de plait, de
PHILIPPE DE NAVARRE, xiv.
LOIS, voy. Louis.
Lombardie, 144, 289, 290, 306.
Lombards, 49, 51, 57, 60, 77, 78,
79, 80, 82, 83, 84, 85, 86, 87,
89, 90, 91, 92, 93, 94, 95, 96,
97, 98, 99, 100, loi, 102, 103,
104, 105, 106, 108, 124, 127,
129, 131, 132, 135, 143, 155,
163.
LOMBART (JEAN), voy. JEAN.
LONGUE-EPÉE (GUILLAUME).
Longuebars, voy. Lombards.
LORENT COPECAPE (on lit auffi
L. CAPE & L. COPE), 149, 150,
155-
LORENT TOUPIE (TIEPOLO), doge
de Venife, 238.
LORGNE (NICOLE LE),voy. NICOLE.
MÂCHERAS (Chronique de), xxv,
xxvj.
MAHÉ (BERTHELIN), voy. BER­
THELIN.
MAHÉ DE CLERMONT, commandeur,
puis maréchal de l'Hôpital,
237, 255.
MAHÉ SAUVAGE, commandeur du
Temple, 163.
MAHOMET, 161, 162, 179, 295.
INDEX.
M
LORIN (ROGER DE), voy. ROGER.
LOTIER FILANGIERI, frère de RI­
CHARD FILANGIERI, 127, 131,
134, 136.
LOUIS VI, roi de France, 4.
LOUIS VII, roi de France, 4, 5, 6,
10, 13 (par erreur).
Louis V'III, dauphin, puis roi de
France, 16, 17, 19, 20, 30, 34.
LOUIS IX, roi de France, 34, 68,
80, 146, 147, 148, 158, 167,
17', 177, 187, 193, 194, 218.
LOUIS DE BEAUJEU, connétable de
France, 218.
LOUIS DE NORES, 323.
LOVRE (GUILLAUME DE), voy.
GUILLAUME.
LOYS, voy. Louis.
LUCE II, pape, 4.
LUCIE DE TOUCY, fœur de BOÉ­
MOND VII, 202, 203, 231, 232,
233, 234, 236, 237.
LUQUET DE GRIMAUT, amiral génois,
1S6.
LUSIEN DE TIBAUT, 5.
LUSIGNAN (Maifon de), 214; voy.
AMAURY, GUY & HUGUES.
Lusius, voy. LUCE.
Lydde, voy. Lidde,
Lymeffon, voy. Limeffon.
Lyon, 146, 202.
LYVON, voy. LIVON.
Maience, voy. Mayence.
MAILLYANT,
227.
MAILLANT, 226,
MAINEBEUF (PHILIPPE), voy. PHI­
LIPPE.
MAINFROI, fils naturel de FRÉ­
DÉRIC II, roi Ae'Sicile, 144,145,
177, 178, 179, 188, 190,214.
MALAY (JACQUES DE), voy. JAC­
QUES.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

MALEBRANCHE, nom emprunté à
l'épopée de Renart, 71.
MALEK-EL-KAMEL, fultan A'Egypte,
48, 88.
MALEK-EL-NASER-YOUSOUF, fultan
A Alep, 121, 126.
MALEK-ES-SALEH-ISMAÎL, fultan
de Damas, 121, 122, 123, 124,
146.
MALEK-NASER (nommé à tort
MELEC EL MENSOUR), 297, 298,
300, 301, 303, 308, 309.
MALEK - SALEH - NODGEMEDDIN-
AYOUB, fultan de Babilone,
121, 122, 123, 124, 146, 148.
MALLON,voy. PAPON & PASQUET.
Malte, 169.
MANDELÉE (JACQUES DE LA), voy.
JACQUES.
Manepeau ou Mounepeau (auj.
Chieti), voy. GAUTIER.
MANFRÉ, MANFREI, MANFREY,
voy. MAINFROI.
MANGO TIMOUR, frère d'ABAKA-
KHAN, 210, 296.
MANGUODAMOUR, voy. MANGO
TIMOUR.
Manope {Monopoli), peut-être le
même que Manepeau, voy. BE­
RARD.
MANSEL, neveu de BARTHÉLÉMY,
évêque de Tortofe, 205.
MANUEL COMNÈNE, empereur
d'Orient, 6, 7.
MANUEL ZACARIE, amiral génois,
285.
Manufcrit des Geftes des Chiprois,
x-xj, xxiij, xxvij-xxviij,
391.
Maraclée, Mareclée, près de Margat,
208, 304, 305.
MARC MAZILLE (MARGO BAZE-
Gio), amiral vénitien, 276, 277.
Margat (Château de), appartenant
à l'Hôpital, 126,127, 208,
INDEX. 37f
209, 217. — La Tour de PEperon,
à M., 218.
Margelion {Merdj-el-âioun), (Bataille
de), 9.
Marguat, voy. Margat.
MARGUERITE, fœur de HENRY II,
roi de Chypre, femme de TO­
ROS III, 284.
MARGUERITE,fœur deHucuEsIII,
femme de JEAN DE MONFORT,
XX, 192,193,203, 215,236,237.
MARGUERITE, fille de JULIEN,feigneur
de 5'/^o«,femme de GUY
DE GIBELET, 203.
MARGUERITE DE PROVENCE, 147.
MARGUO, voy. NARJOT.
MARI (DE), voy. DAMAR.
MARIE, fœur de HENRI I^*", roi
de Chypre, 93.
MARIE, tante de HUGUES III DE
LUSIGNAN, 191, 192, 198, 199,
206, 214, 250.
MARIE DE MONTFERRAT, reine
de Jérufalem, 18, 21.
MARIN (MELIAN DE), voy. ME­
LIAN.
MARINO FILANGIERI, archevêque
de S. Nicolas de Bar, 137.
MARINO SANUDO, xxiij.
Marmajour, voy. Mer noire.
Maroc, zj^.
MAROZELO (MALOCELLO), voy.
JOHANIN.
MARQUEMOSE, nom de pierrier,
150.
Marfeille, 118, 167.
MARTIN IV, pape, 296.
MARTIN ROUSSEAU, 109, iio.
MAS LATRIE (M. le comte de),
XX, xxviij.
.MASÉ GOULART, 205.
MATHILDE, femme d'ETiENNE,
roi A'Angleterre, 5.
Maubec ( Héliopolis ), en Syrie^
121.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

376 INDEX.
MAUCLERC (PIERRE), voy. PIERRE.
MAUCROIS (PHILIPPE DE NAVARRE
défigne par le nom de), allufion
au roman de Renart, le château
de Dieudamour, 64.
MAUGASTEAU (PHILIPPE), voy.
PHILIPPE.
Maumiftre (La Pointe de), 280.
Maunegue (Château de), aujourd'hui
Moneglia, 290, 291.
MAUNENI (ROBERT DE), voy. RO­
BERT.
Maupas (La Porte Ae),àAcre, 125,
184.
Maupertuis, nom par lequel PHI­
LIPPE DE NAVARRE, dans fes
vers, défigne le château de
Dieudamour par allufion au roman
de Renart, 69.
Maufel, voy. Moffoul.
Maute, voy. Malte.
Mayence (CONRAD, archevêque
de), 16.
MAZILLE (MARC), voy. MARC.
Méditerranée, ix.
MEHAUT, voy. MATHILDE.
Mehlie, voy. Mingrélie.
Meinhlés, habitants de la Mingrélie,
293.
MELEC-EL-ESSERAF, MELEC-EL-
EssRAF, voy. KALIL-ASCRAF.
MELEC-EL-MONSOR, fultan A'Egypte,
voy. KÉLAOUN-MALEK-
EL-MANSOUR & MALEK-NASER.
MELEC-EL-SAHIT, voy. ESSAÏD.
MELEC-EL-VAHAR (VAHER), voy.
BIBARS.
MELIAN DE MARIN, conful génois
à Tyr, 170.
MENEGUE
287.
ESCLAFON, vénitien,
MENSOUR (Le), {le viéîorieux, en
arabe), nom d'un engin de
guerre, 243.
Mer morte, xxvij.
Mer noire, 294.
Merle (La terre de), 259.
Mefine {Meffiné), 213, 214, 217,
218, 230, 285.
MICALICHIE, beau-père de MAIN­
FROI, 145.
MICHEL VIII PALÉOLOGUE, empereur
d'Orient, 167,213.
MiÈGE (LE), voy. JEAN & SAMUEL.
Milan, 3, 142.
MILMARS, voy. MIMARS.
MIMARS, voy. AIMERY & JEAN.
Mingrélie {Meghreli), 293.
Mirabel, Mirabiau, 260.
MIRABEL (GUILLAUME), voy.
GUILLAUME.
MOBELIART, voy. EUDE DE MONT­
BÉLIARD.
MOLAY, émir de GHAZAN-KHAN,
302.
MOLAY (JACQUES DE), voy. JAC­
QUES.
MOLINS (ROGER DE), voy. ROGER.
MONAIGRE (ANFREY DE), voy.
ANFREY.
MONCADE (PIERRE DE), voy.
PIERRE.
Moncoqu, Moncucu, maifon du
Temple, près de Tripoli, 87,
204.
Monferant {Bâarim), en Syrie,
117.
Monferar, voy. Montferrat.
Monfort, 174, 175.
Monfort, des Allemands (Le château
de), 34, 183, 199.
MONFORT, voy. HUMFROY, GUY,
JEAN, PHILIPPE & SIMON.
MONGEZARVY (BALIAN DE), voy.
BALIAN.
Mongizart, dans la plaine de
Rama, 8.
Monpelerin, près de Tripoli, 87,
120, 237.
Monréal, près de la Mer morte,
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

xxvij ; voy. Crac {Le) de Monréal,
MONRÉAL (GÉRARD DE), voy. GÉ­
RARD.
Montagne (La) Nègre, près A'Ayas,
en Arménie, 279.
MONTAIGU, voy. GIRAUT, GUA­
RIN, HUGUES Se PIERRE.
MONTBÉLIARD, voy. ESCHIVE,
EUDE & GAUTIER.
Montecaius {Montcayeux), 230.
Montetabor, voy. Thabor {Mont).
MONTFERRAT, voy. ALIX, CON­
RAD, DEMETRIUS, GUILLAUME,
& MARIE.
Namur (JEAN lei", comte de), 311.
Nanteuil (Le comte ERARD de),
176.
Naples : I o en Italie, 189,217,230,
307; — 2° en Syrie, voy. Naploufe.
Naploufe, 11, 146, 259, 260.
NAPLOUSE (PHILIPPE DE), voy.
PHILIPPE.
Narbonne, 171.
NARGUO, voy. NARJOT.
NARJOT DE TOUCY, beau-père de
BOÉMOND VII, 202,231, 232.
Navarre {Le roi de), voy. THI-
BAUD IV.
NATARRE, voy. PHILIPPE Se BA­
LIAN.
Nazareth, iz, 49, 259.
Nazereau,
reth.
Nazerel, voy. Naza­
Nebonne, voy. Narbonne,
Nefin, Nephin, en Syrie, 17, 48,
205, 207, 211, 232, 235, 236,
303.
Nemur, voy. Namur.
NÉRON, 29.
Nevaire, voy.
c
PHILIPPE DE NA-
INDEX. 377
N
MONTOLIF, voy. PIERRE Se SI­
MON.
MORCHUFLE, voy. MURTZUPHLE.
MORON (PIERRE DE), voy. PIERRE.
MoRosiNi, voy. AUBERT Se NI­
COLET.
MORRA (HENRY DE), voy. HENRY.
MOSIE (GEOFFROY DE), voy.
GEOFFROY.
Moffoul, 296.
MosTASSiM, calife de Bagdad,
295, 296.
MURTZUPHLE (ALEXIS V), empereur
d'Orient, 17.
VARRE & THIBAUD, roi de Navarre.
Nevers (Le comte de), voy. EUDE,
GuiGUEs V, GUILLAUME & JEAN
TRISTAN.
NICOLAS III, pape, 206.
NICOLAS IV, pape, 238, 261, 329.
NICOLAS, pape fous le nom de
BENOIT XI, 311.
NICOLAS DE HANAPES, patriarche
de Jérufalem, 254.
NICOLE, frère mineur, 278.
NICOLE LE LORGNE, maître de
l'Hôpital, 208, 217.
NICOLE DE S. BERTIN, 332.
NICOLE, voy. NICOLAS.
NICOLET MORISSIN (NIC. MOROsiNi),
envoyé vénitien, 329.
NICOLOZE DAMAR (Nie. DE MARI),
226.
Nicofie, en Chypre, xvj, xviij, 30,
38, 43, 45, 46, 58, 60, 61, 63,
66, 67, 81, 94, 98, 99, 100, 105,
106, 107, IIO, 258, 277, 324;
— L'Hôpital S. Jean, xvj, 54,5 5,
56, 57, 60, 94 j — Ste Sophie,
cathédrale, 106, 217.
48
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

378
Nicoffie, voy. Nicofie.
Nil (Le), 303.
Nocera, dans le royaume de Naples,
177.
Nocheres, voy. Nocera.
OBERTO, voy. AUBERT.
OBUISSON (PHILIPPE), voy. PHI­
LIPPE.
ODOART,ODOUART,VOY.EDOUARD.
OLIVER, voy. OLIVIER.
OLIVIER DE TERMES, 171,183,184.
ONOIRE, voy. HONORIUS.
ORIC DAMAR (ENRICO DE MARI),
amiral génois, 222.
ORIC DUC (ENRICO, plutôt LAN-
FRANCO DUGO SPINOLA), amiral
génois, 157.
Padoue, 22, 30.
Padua, voy. Padoue.
Paete, 22 note a; voy. Padoue Se les
Additions Se Correéfions.
Palamède (Allufion au roman de),
220.
Palerme, 16, 213, 214.
Paleftin, voy. Paleftrina.
Paleftine, voy. Terre Sainte,
Paleftrina, 282.
PALILOGUE, voy. MICHEL VIII.
PANSAN (JACQUES), voy. JACQUES.
PAPON MALLON, marin génois,
186, 212.
Paris, 188, 218, 271, 329, 330.
Pas du chien, entre le Boutron Se
Béryte, 83.
Pas paien {Le), entre le Boutron Se
Béryte, 83.
PASQUET MALLON, marin génois,
186.
INDEX.
O
NOIRON, voy. NÉRON.
NORELDIN, voy. NOUREDDIN.
NORES (Louis DE), voy. Louis.
Normandie, 17.
NOUREDDIN, fultan A'Egypte, 8.
Oftriche, voy. Autriche.
OTEVENT, OTHEVENr,voy.OTHON
VENT.
OTHE, voy. OTHON.
OTHON IV, empereur d'Occident,
17, 18, 19.
OTHON V, comte de Bourgogne,
312.
OTHON DE CALANSON, 252, 279.
OTHON
147.
VENT, amiral génois,
Paffepoulain (Le pas de), près
Aï Acre, 92.
PEDOT (EUSTORGE), voy. Eus-
TORGE.
Peitou, voy. Poitou.
PELAGE, évêque A'Albano,
du pape, 20, 28, 29.
légat
PELEAU (ANDRÉ), voy. ANDRÉ.
PELECHIEN (EUDE), voy. EUDE.
PENNE, PENNENPIÉ, voy. GAUTIER.
Perce, voy. Perfe,
PERCEHAYE, nom emprunté à l'épopée
de Renart, 71.
Père {Fera), près de Conftantinople,
278, 284.
PÉRIGORD (HERMAN DE), voy.
HERMAN.
PERETIN, nom d'un pierrier, 150.
Pérouce {Péroufe), 19.
PERRIN {M^ CARLO), de Verzuolo,
ix.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

Perfe, 8, i6i.
Pertuis {Le), en Arménie, 292.
PHELIPE, voy. PHILIPPE.
PHILANGER, voy. RICHARD FILAN­
GIERI.
PHILIPPE, nom donné à un Haffiffin,
195.
PHILIPPE, fils de HUMFROY DE
MONFORT, 216.
PHILIPPE-AUGUSTE, roi de France,
6, 10, 13, 14, 15, 16, 17, 18,
19, 20, 30.
PHiLiPPE-LE-HARDi,roi de France,
201, 203, 216, 218.
PHILIPPE IV-LE-BEL,roi de France,
219, 235, 237, 252, Z91, 296,
306, 307, 308, 310, 311, 312,
313, 314, 315» 329, 330, 332.
PHILIPPE D'ANTIOCHE, roi A'Arménie,
20, 29.
PHILIPPE DE BAUDOUIN, 129.
PHILIPPE DE BRIE, châtelain de
Famagoufte, 277.
PHILIPPE DE CAFRAN, châtelain
du château de Dieudamour,
93-
PHILIPPE CHENART, frère utérin
de GAUVAIN, 68, 107, 108.
PHILIPPE DE GIBELET, 332.
PHILIPPE D'IBELIN : 1° père de
JEAN D'IBELIN, 21, 22, 23, 24,
28, 30, 31, 32, 33, 34, 37, 39,
40, 56 ; — 2° oncle du roî
HENRY II de Chypre, fenéchal
de Chypre, 275, 276, 277, 316,
317, 318, 323, 324, 331; —
30 connétable de Chypre, fils de
BAUDOUIN D'IBELIN, 318.
PHILIPPE MAINEBEUF, 241.
PHILIPPE MAUGASTEAU, 112.
PHILIPPE DE MONFORT, feigneur
de Tyr Se du Toron, xvij, xx, 120,
124, 125, 128, 129, 130, 131,
132, 133, 135» 136, 146, 150,
152, 153, 154, 155' 163, 170,
INDEX. 379
191,192,194,195,196,197,198,
PHILIPPE DE NAPLOUSE, 56, m.
PHILIPPE DE NAVARRE, ix, x, xj,
xij, xiij, xiv, xv, xvj, xvij, xviij,
xix, XX, xxvj, xxvij, 27, 51, 52,
53, 54, 55, 60, 64, 65, 68, 69,
76, 81, 82, 87, 88, 98,102, 106,
107, IIO, 113, 116, 118, 128,
129, 130, 131, 133, 134, 135-
PHILIPPE OBUISSION, 107.
PHILIPPE DE SOUABE, 17.
PHILIPPE, fille de GUY DE DAM­
PIERRE, 311.
Pianofa (Ile de), 221.
PICQUIGNY, voy. BAUDOUIN &
GUILLAUME.
Pied (Le) du Connétable, près du
Boutron, 205.
PIERRE, voy. PIERRE.
PIERRE III, roi A'Aragon, 179,213,
214, 218.
PIERRE D'ANGOULÊME, 15.
PIERRE D'ARAGON, voy. PIERRE
III.
PIERRE D'AUBERGUAMO, notaire,
231.
PIERRE BRISSE, bourgeois A'Acre,
149.
PIERRE COLONNA (Le cardinal),
282.
PIERRE DE DREUES, voy. PIERRE
MAUCLERC,
PIERRE DE GREIL, 133.
PIERRE LE JAUNE, chevalier de
Chypre, 322.
PIERRE MAUCLERC, duc de Bretagne,
118, 120, 122.
PIERRE DE MONCADE, commandeur
Aï Acre, 235, 237.
PIERRE DE MONTAIGU, grandmaître
du Temple, 49, 83.
PIERRE DE MONTOLIF, 102.
PIERRE DE MORON (MOURRHON),
pape fous le nom de CÉLESTIN
V, 281.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

38o INDEX.
PIERRE DES ROCHES, évêque de
Winchefter, 35.
PIERRE LE ROY, meffager des
Flandres, 312.
PIERRE DE SERGINES, archevêque
de Tyr, 145.
PIERRE DE SEVRY, maréchal du
Temple, 255, 256.
PIERRE DE VILEBRIDE, maître de
l'Hôpital, 122, 126.
Pilamedes, voy. Palamède.
PIN (EUDE DU), voy. EUDE.
Piombino, 226, 227.
PISAN (BARTHÉLÉMY), voy. BAR­
THÉLÉMY.
Pifans (Les), xxiv, 15, 129, 142,
143, 149, 151, 153, 154, '55»
156, 160, 186, 188, 212, 213,
215, 221, 222, 223, 224, 225,
226, 227, 228, 229, 230, 235,
239,243, 249, 251, 253, 274,
279, 285, 289, 290.
Pifans (La rue des), à Acre, 153,
154, 155, 160, 253.
Pife, 4, 10, 142, 149, 153, 188,
189, 213, 220, 221, 222, 223,
224, 226, 242.
Pife (La tour de), à Acre, 149,
ISS-
Pizans, voy. Pifans.
Pize, voy. Pife.
PLAISANCE, femme du roi HENRY
LE GRAS, 149, 151, 152, 166,
187.
Plaiffié, en Chypre, 106,
Planoge, voy. Pianofa.
Sjiajlrie {La), voy. Caftrie {La),
QUEMEL, voy. MALEK-EL-KA­
MEL.
Q
Plonbin, voy. Piombino,
Plonbinés, gens de Piombino, 226,
227, 229.
POINDOR, pointeur, nom d'un
bateau, 157.
Poitou, 19.
POL DE LA TEFFAHA, 205, 211.
POLET DALFIN (PAOLETTO DOL-
FIN), amiral vénitien, 278,
Pontoife, 312, 315.
Porbonel (La terre de), 191.
PORCELET, voy. POURCELET.
Pouille, 16, 18, 19, 20, 21, 46,48,
49, 68, 77, loi, 104, 105, 107,
108, 127, 132, 136, 137, 142,
145, 179, 199, 202, 231, 232,
242, 285, 286, 289, 290.
Poulie, Puille, voy. Pouille,
POURCELET, 210.
POURCELET (BERTRAND), voy.
BERTRAND.
Poylle, voy. Pouille.
PRESTERONE (HUGUES DE), voy.
HUGUES.
PRINCE (LE), furnom de HENRY,
fils de BOÉMOND IV, 166, 168,
191, 203.
PRINCE (LE BEAU) furnom de
BOÉMOND VI, 202.
Principat, Principaut, la Principauté
(pays de Naples), 145,
179, ^90, 307.
Provençaux, xxiv.
Provence, 290.
Puy du Conneftable (Le), 97.
Slueterie (Les moulins de la), 99,
voy. Caftrie {La).
QuiRSAQUY,voy.IsAAC COMNÈNE.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

RAIMONT, voy. RAYMOND.
Raine (La rue de la), à Acre, 151.
Rama, 11.
Rame, voy. S, George de Rama,
Rames, voy. Rama.
RAOUL, évêque A'Acre, 113.
RAOUL, évêque de^. George, 146.
RAOUL, évêque de Sidon, patriarche
de Jérufalem,
29, 30.
18, 20,
RAOUL DE SOISSONS, 122, 129,
130, 131, 132, 134, 136.
RAYMOND (& non BOÉMOND), fils
de BOÉMOND IV, 18.
RAY MOND,bâtard de BoÉ MOND VI,
205.
RAYMOND VII, comte de Touloufe,
136, 137, 138, 152.
RAYMOND DRAPIER (R. DRAPE-
RIO), 227.
RAYMOND DE FLACE, 102.
RAYMOND VISCONTI, 303.
REDDECEUR, voy. RENDDECUER.
RENART, nom du goupil dans
l'épopée de Renart, qui fert à
défigner AMAURI BARLAIS dans
les vers de PHILIPPE DE NA­
VARRE, 55-57,69-75.
Renart (Allufion au roman de),
xviij, 64, 65, 69, 76. — (Allufion
à une fable éfopienne en
profe, où figure le goupil),xviij,
114-115.
Renart (Parodies rimées du roman
de), 55-57, 69-75-
RENAUT DE SOISSONS, 325.
RENDDECUER, commandeur du
Temple, 211, 235, 237.
RENIA (JEAN), voy. JEAN.
RENIER DE GRIMAUT, amiral génois,
312, 313, 314.
Refit, Reffit, voy. Rofette.
INDEX. 381
R
REVEL (HUGUES), voy. HUGUES.
REYMONT, voy. RAYMOND VII.
Rhodes (Ile de), 315, 319, 320,
321, 322, 328 ; — (Château de),
320, 322.
Rhône, 202.
RIANT (M. le comte), xxvj.
RICHARD (Le comte), voy. RI­
CHARD FILANGIERI.
RICHARD CŒUR DE LION, roi
A'Angleterre,
123.
13, 14, 15, 16,
RICHARD DE CORNOUAILLE, empereur
d'Occident, 123, 124,
173, 175-
RICHARD FILANGIERI, maréchal de
l'Empire, xvj, xvij, 77, 89, 92,
99, 104, 107, 108, 112, 117,
124, 125, 126, 127, 132, 133,
134, 13s, 136, 137, 138.
RIVET, voy. GUILLAUME DE RI­
VET.
ROBERT (Le comte) d'.4r/o//, 147,
230.
ROBERT II, comte A'Artois, 311,
312.
ROBERT II, duc de Bourgogne,
311, 312.
ROBERT, fils de GUY DE DAM­
PIERRE, 291.
ROBERT, évêque de Nantes, patriarche
de Jérufalem,!z^,!/^.%.
ROBERT DE CRÉSEQUE, 183, 184.
ROBERT DE MAUNENI, 102. ^
Robert {Cafal-), près de Nazareth,
12.
ROCH, voy. ROQUENE HEGENI.
Roche-Guillaume {La), en Arménie,
292.
Roche de Roiffel (Château de La),
appartenant au Temple, 191.
Rochelle (La), 30.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

382 INDEX.
ROCHES (PIERRE DEs),voy. PIERRE.
Rodes, voy. Rhodes.
RŒHRiCHT(Le profeffeur R.), xiij.
ROGER, roi de Sicile, 6.
ROGER DE LA COLÉE, 205.
ROGER DE LORIN, amiral de Naples,
292.
ROGER DE MOLINS, maître de
l'Hôpital, 12.
ROGER DE S. SEVERIN, comte de
Marfico, 206, 207, 214.
ROGIER, voy. ROGER.
ROLANT DASSER ( ORLANDO
ASCHERO), 226, 227, 228, 229.
ROLANT DE LA BAUME, 323.
Romagne, 306.
Romains (Les) 28, 158.
Romanie, empire latin, 18, 222,
275, 278, 280.
Romargne, voy. Romagne.
Rome, 10, 19, 20, 21, 28, 29, 30,
35, 39, 43, 77, 112, 136, 137,
142, 163, 168, 176, 177, 187,
198, 207, 281, 282, 306, 307,
310, 329; — S. Pierre, 28; —
Septizonium, 35.
Sabelon {Le), terrain de fable près
A'Acre, 118, 245.
Sabine, 171.
Sac (Les Frères du), frères du
Sachet ou de la Pénitence Jéfus,
202.
SACARIE (ZACARIA), voy. BENEIT
& MANUEL.
SADON, voy. SAIDO.
Sahone, château près de
230.
Damas,
SAIDO DORIA
321, 328.
(SADONE DORIA),
SAINDAMOUR, SANDAMOUR, émir,
300, 309.
Rome (Concile de), dont la vraie
date eft 1168, 6; — (1216), 19.
ROMECORIN DE LA CAMAJOR, 289.
ROQUAFORTE, nom de bateau,
169.
ROQUENE HEGENI, chef de Turcs,
119, 124.
Rofette, fur le A7/, 303, 304.
Rofne, voy. Rhône.
Rosso (Le comte), 176.
ROUS, voy. Rosso.
Rous DE LA TURQUE (Rosso
DELLA TURCA), 153.
RoussE.^u (MARTIN), voy. MAR­
TIN.
ROUSSEL (GUILLAUME), voy.
GUILLAUME.
ROUSSILLON (GUILLAUME DE),
voy. GUILLAUME.
ROY (PIERRE LE), voy. PIERRE.
Rum Kaleh, château en Arménie,
292.
RUPIN (RAYMOND), prince A'Antioche,
19, 20, 28, 29.
RUPIN, fils de HUMFROY DE MON­
FORT, 216.
S. Abraham, voy. Hébron.
S. AMAND (EUDE DE), voy. EUDE,
S. André (Confrérie de), 113.
S. Antoine (La Porte), à Acre, 246,
250.
S. BERTIN (NICOLE DE), voy.
NICOLE.
S, Crus, voy. Ste Croix.
S. Jean, voy. Hôpital.
S. George, cafal près A'Acre, 190,
200, 201.
S. GEORGE (BAUDOUIN DE), voy.
BAUDOUIN.
S, George de Rama, 7, 146, 151,
259, 260 J — (L'évêché de), 260.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

S. George de Sebafte, 259.
fS". Germain l'Aguillier, près de
Bénévent, 178.
S, Jorge, voy. S, George.
S. Lardre, voy. S, Lazare.
S.Lazare (La Maifon de), à .(^

384
Semerrie {La), les écuries du
Temple, près A'Acre, 243.
SENCOR LESQUAR, voy. ZENCOR-
EL-ESCAR.
Septen Soliver {Septizonium), à
Rome, 35.
Sépulcre (Le), à Acre, 152, 219.
Sépulcre (Le Chapitre du), 260.
SÉRIE, chevalier tofcan, 104.
Servantikar, voy. Sel Vendegar,
Seffaire, voy. Céfarée.
Settepons, 157.
Séville, 171.
SEVRY (PIERRE DE), voy. PIERRE.
Sezare, Sezaire, voy. Céfarée.
Sezille, voy. Sicile.
SIBYLLE: I» fille de HAITON I^"",
mère de BOÉMOND VII, 202,
231, 236, 237; — 2° mère de
INDEX.
BAUDOUIN V, 10, 11, 15.
Sicile, 6, 14, 16, 28, 77, 133, 142,
145, 168, 177, 179, 195, 213,
214, 282, 285, 290, 291, 292,
307.
Sidon, xxj, 23, 33, 37, 96, 97,
122, 147, 162, 163, 164, 186,
203, 207, 256, 257, 258, 259,
293; — (Evêché de), 260.
Sidon (L'évèque de), 112, 113,
114, 116. Voy. auffi RAOUL.
Sidon {Le feigneur de), voy. BA­
LIAN 1er.
SIGUER DE LA SEETE, 149.
SIMON, archevêque de Tyr, 23, 33.
SIMON D'AGULIER, 325.
Tabarie, voy. Tibériade.
Table ronde (Romans de la), 31.
TANCRÈDE, roi de Sicile, 14.
Tarfe, 29.
Tartares, xxij, xxiij, 160, 161,
162, 164, 165, 167, 181, 191,
206, 208, 210, 230, 234, 242,
SIMON DE LA CHARITÉ (S. DE
CLARITEA), amiral génois, 157.
SIMON GRIL, amiral génois, 168,
169, 171.
SIMON DE MONFORT, comte de
Glocefter, xvij, 172, 173, 174,
175, 176.
SIMON DE MONTOLIF, connétable,
217.
Sis, en Arménie, 308, 309.
SOISSONS, voy. JEAN II, RAOUL Se
RENAUT.
SOREL (HUGUES DE), voy. HUGUES.
SORENT (JEAN DE), voy. JEAN.
SOUABE (PHILIPPE DE), voy. PHI­
LIPPE.
SPINOLA, voy. ESPINE.
Sur, voy. Tyr.
Surie, voy. Syrie.
SYMON, voy. SIMON.
Syrie, ix, xiij, xx, xxiv, 17, 21, 22,
23, 24, 28, 31, 34, 37, 38, 39,
42, 45, 46, 47, 48, 53, 54, 61,
62, 67, 69, 77, 80, 81, 83, 89,
90, IIO, 112,116,117,121; 127,
129, 133, 135, 141, 147, 157,
161, 168, 169, 171, 176, 185,
187, 190, 193, 194, 195, 203,
210, 221, 224, 226, 227, 231,
238, 254, 258, 259, 260, 261,
263, 264, 273, 274, 279, 293,
297, 308, 309, 315. Voy. auffi
Terre Sainte,
Syriens de la communion grecque,
151, 179, 180, 19s, 238.
282, 283, 292, 293, 294, 295,
296, 297, 298, 299, 300, 301,
302, 303, 304, 305, 306, 309,
325.
TARTARO (GUAVIN), voy. GUA­
VIN.
Tatars, voy. Tartares.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

Tauris, i6i.
Tebec, nom du château du Nouveau
Caire, 165.
TEFFAHA (POL DE LA), voy. POL.
Temple (Le): 1° à Acre, 12, 13,
49, 50,153» 243, 245, 251, 252,
253, 254, 255, 256; — 2° à Limeffon,
207 ; — 3° à Tripoli, 204,
211.
Templiers (Les), xx, xxj, xxij,
xxiij, xxiv, xxv, xxvj, 12, 16, 19,
34, 39, 42, 47, 49, 50, 58, 82,
83, 87, 107, 117, 119, 121, 122,
123, 125, 145, 146, 147, 149,
150, 151, 153, 154, 155, 158,
162, 163, 164, 167, 179, 180,
181, 182, 183, 190, 191, 192,
195, 200, 201, 202, 204, 205,
206, 207, 208, 218, 219, 227,
229, 232, 233, 235, 237, 239,
240, 241, 245, 250, 251, 254,
255, 256, 257, 275, 303, 305,
306, 309, 310, 329, 330.
TERMES (OLIVIER DE), voy. OLI­
VIER.
Terre Sainte (La), xxvij, 19, 39,
43, 118, 146, 171, 184, 194.
Voy. auffi Syrie.
Tertoufe, Tertoze, voy. Tortofe,
Teutonique (Ordre), voy. Allemands.
TEXl(BERTRAND),VOy. BERTRAND.
Thabarie, voy Tibériade,
Thabor {Mont), 19, 166.
Theloufe, voy. Touloufe,
THÉOBALS, voy. TIEBAUT.
THÉODORE LASCARIS, empereur
des Grecs, 18.
THIBAUD IV, roi de Navarre,
comte de Champagne, 118,120,
122, 124, 187, 193, 194.
THIBAUD (LUSIEN DE), 5.
THIBAUD GAUDIN, commandeur,
puis maître du Temple, xxij,
164, 227, 256, 257, 329-
C
INDEX. 38r
THOMAS (S.) de Cantorbéry, 7.
THOMAS AGNI, de Lentino, évêque
de Bethléem, patriarche de Jérufalem,
légat du pape, 168.
THOMAS DE BEAUFORT, 332.
THOMAS BERARD, maître du
Temple, 149, 151, 153, 154,
163, 186, 201.
THOMAS DE BRIE, 325.
THOMAS (Le comte), 34.
THOMAS SPINOLA, amiral génois,
189, 212, 221, 226, 227, 229,
284, 285, 289.
THOMASSIN D'IBELIN, 325.
Thouloufe, voy. Touloufe.
THOUMAS, voy, THOMAS.
TIBAUT, voy. THIBAUD.
Tibériade, 10, 122, 146,163,165,
182, 260, 293, 296; — (Evêché
de), 260.
TIEPOLO, voy. LORENT.
TINBERT OU TIBERT, nom du
chat dans l'épopée de Renart,
qui fert à défigner fire TORIN­
GUEL, dans les vers de PHILIPPE
DE NAVARRE, 69, 70, 71, 72,74.
TINERES (GUILLAUME DE), voy.
GUILLAUME.
Tocso, émir égyptien, 239.
TOCY, voy. TOUCY.
TOR, chevalier tofcan, 31.
TORINGUEL, 68, 69, 76.
Toris, voy. Tauris.
Toron {Le), 11, 124, 215, 259.
Toron {Le) Saladin, près A'Acre,
182, 183, 243.
Toron (MARIE, dame du), 124.
Toron (Le feigneur du), voy. PHI­
LIPPE DE MONFORT.
TORON (HUMFROY DU), voy.
HUMFROY.
TOROS, roi Aï Arménie, 105.
TOROS, fils de HAITON le*", 181.
TOROS III, frère de HAITON II,
282, 283, 284, 327.
49
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

386 INDEX.
TORSOT, voy. TOROS.
Tortofe (Ile de), 304, 305, 306,
310.
Tortofe, 27, 49, 202, 203, 204,
218, 305, 306, 309, 310.
— (L'évèque de), voy. BARTHÉ­
LÉMY.
Tortoufe, voy. Tortofe.
Tofcane, 6, 104, 176, 290, 306,
307.
TOUCY, TOCY, voy. LUCIE &
NARJOT.
Touloufe (Le comte de), voy. RAY­
MOND VII.
TOUPIE (TIEPOLO), voy. LORENT.
TOUR (GUILLAUME DE LA), voy.
GUILLAUME DE LA TOUR.
Tour de Gênes (La), à Limeffon,
276.
Tour des traîtres (La), près de
Béryte, 84.
Touron, voy. Toron.
Tours : 1° à Acre : de la Comteffe de
Blois, 245; — de Gênes, 149,
150, 156 ; — Maudite, 243,244,
249, 251;— de Pife, 149, 155;
— du Roi, 244, 247, 248; —
des Mouches (à l'entrée du port),
186, 227; — 2° à Tripoli : de
P Evêque, 236; — de P Hôpital,
236; — 3° à Tyr: de la Chaîne,
170; — Ste Catherine, 170.
Tourtofe, voy. Tortofe.
Toufcane, voy. Tofcane.
TRABUC (GUILLAUME),voy. GUIL­
LAUME.
Trahona {Le), près de Nicofie,
100.
Trapani, en Sicile, 156.
Trape, Trappe, voy. Trapani.
TRIMBERT, voy. GRIMBERT.
Triple, voy. Tripoli de Syrie.
Tripoli de Syrie, w], 7, 15, 16, 18,
19, »7, 32, 33, 35,48, 82,86,
87, 88, 89, 90,96, 97, 108, 120,
121, 133» 151» 15*, *S8» 159»
200, 202, 203, 204, 207, 208,
211, 218, 229, 231, 232, 233,
234, 235, 236, 237, 238, 298,
300, 309. L'Aire de PEvêque,
87, 88; L'Hôpital S. Jean, 27,
87, 211, 236; La Maifon des
Frères prêcheurs, 211 ; La Maifon
du Temple, 204, 211; La
Tour de PEvêque, 236; La Tour
de P Hôpital, 6, 236.
Tripoli (Le connétable de), 8a.
Tripoli (L'évèque de), 87, 88.
Tripoli (Le maréchal de), 105.
Tripoli la Neuve, 238.
TRISTAN (JEAN), voy. JEAN.
Triftan (Allufion au roman de),
220.
Troyes, 190.
Tunes, voy. Tunis.
Tunis, 187, 193, 194, 226.
— (Le fultan de), 194.
TURC (JEAN), voy. JEAN.
Turcomans, 163, 164, 200, 208,
209, 210.
Turcs, 118, 119, 182, 208, 209,
256, 261, 299, 308, 320, 321.
TURENTAY, émir de KÉLAOUN-
EL-MANSOUR, 230, 240.
TURQUE (ROUS DE LA), voy. Rous.
Turquemans, voy. Turcomans.
Turquie, 18, 67, 296, 297, 298,
309, 319, 320, 322, 323, 327.
Turs, voy. Turcs.
Tyr, xxj, 7, 13, 14,16, 18, 22, 23,
24, 33, 48, 83, 85, 87, 90, 91,
93, 96, 105, 108, 112,116,117,
124, 125, 126, 127, 128, 129,
131, 132, 133, 134, 136, 143,
146, 152, 153, 154, 155, 156,
162, 163, 168, 169, 170, 182,
186, 187, 191, 192, 195, 196,
203, 207, 212, 214, 215, 216,
217, 220, 227, 228, 229, 233,
234) 237, 254, 259, 315. — La
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

Boucherie, 131; L'Hôpital des
Allemands, 131, 205 ; L'Hôpital
S. Jean, 203 j Ste Croix, 198;
La Tour de la Chaîne, 170; La
Tour Ste Catherine, 170.
Tyr (Archevêché de), 260.
— (L'archevêque de), voy. BO­
URBAIN III, pape, 10.
URBAIN IV, pape, 166, 171.
VAALIN (JEAN), voy. JEAN.
Val (Le) d'Efpolite, à Acre, 250.
Valénie, 7.
VALERIE(ALART DE), voy. ALART.
Valmont (Abbaye de), 7.
VALOIS (CHARLES DE), voy. CHAR­
LES.
VENDAC (GEOFFROY DE), voy.
GEOFFROY.
Veneciens, Venefiens, Veneffiens,
voy. Vénitiens.
Veneife, Veneyfe, voy. Venife.
Venife, 17, 149, 150, 152, 153,
156, 168, 169, 186, 187, 207,
223, 228, 232, 233, 238, 242,
254, 275, 276, 280, 281, 284,
285, 286, 288, 289, 311, 319,
329.
Venife (Le pont de), à Acre, 228.
Vénitiens, xx, xxij, xxiv, 17, 125,
129, 131, 149, 151, 152, 153,
154, 15s, 156, 157, 168, 169,
170, 186, 187, 207, 215, 227,
228, 229, 235, 236, 239, 253,
254, 275, 276, 277, 278, 279,
Winchefter, 7; — (PIERRE DES
ROCHES, évêque de W.), 35.
WIRICH DE HOMBERG, comman­
INDEX. 387
U
W
NACOURT, GUILLAUME, PIERRE
DE SERGINES.
Tyr (Le feigneur de), voy. PHI­
LIPPE DE MONFORT.
— (Seigneurie de), 260.
TYR (GUILLAUME DE), voy. GUIL­
LAUME.
URBAN, voy. URBAIN.
280, 281, 284, 285, 286, 287,
288, 289, 290, 329. — La rue
des V., à Acre, 153, 154, 155.
VENT (OTHON), voy. OTHON.
VERCEILLES (JEAN DE), voy. JEAN.
VESCONTE, voy. GUILLAUME &
RAYMOND VISCONTL
VEYDAR (Dou),voy. DOUVEYDAR.
VIDORE (JACQUES), voy. JACQUES.
Vigne Neuve (La), à Acre, (appartenant
à l'Hôpital), 126, 153,
1541 ISS-
Vignie Neuve, voy. Vigne Neuve.
ViLLEBRIDE (PlERRE DE), VOy.
PIERRE.
VILLERET, voy. FOULQUES &
GUILLAUME.
VILLIERS, voy. GUILLAUME &
JEAN.
Vinceftre, voy. Winchefter.
VINCHEGUERRE, nom d'un pierrier,
150.
VINGNEULL, de Gênes, 321.
Viterbe, 176.
Voincejire, voy. Winchefter.
deur des chevaliers teutoniques,
242.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

388 INDEX.
Tbelin, Yblin, voy. Ibelin.
YNOSENT, voy. INNOCENT.
YOLANDE DE BRIENNE, femme de
FRÉDÉRIC II, 144, 190.
YZABEAU,
BELLE.
YZABIAU, voy. ISA­
ZACARIE, voy. BENEIT & MANUEL.
Zara, 17, 286 (voy. les Additions
'Biirillon
YZABEL (Ste), voy. ISABELLE (Ste).
YZENGRIN, nom du loup dans
l'épopée de Renart, qui fert à
défigner JEAN D'IBELIN dans les
vers de PHILIPPE DE NAVARRE,
xviij, 69, 70, 71, 73, 74, 115.
& Correftions).
ZENCOR-EL-ESCAR, 191, 230.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

ADDITIONS ET CORRECTIONS
NOTES COMPLÉMENTAIRES
* *
Le mot lifez Je rapporte aux fautes typographiques de notre édition ^
le mot corrigez s'applique aux leçons du manufcrit pour lefquelles nous propojons
une correBion.
*
PREFACE
Page ix, ligne 17, à propos du mf. des Geftes des Chiprois, il n'eft peutêtre
pas inutile d'appeler l'attention du lefteur fur une note
inférée par M. le comte Riant, fecrétaire-tréforier de laSociété
de POrient latin, dans fon VÎII^ Rapport (p. 16), relativement
à un manufcrit, aujourd'hui perdu, de la Bibliothèque de
l'Inftitut.
10,
» 10,
TEXTE
6, 1. 10, «a Cos, il faut fans doute corriger a Tors {à Tours), où
un concile eut lieu en 1163.
7, 1. 8, Valence, corrigez Valénie.
7, 1. zj,fuft, le mf. porte à tort fift, qui devrait figurer en note.
8, 1. 15, portetent, lifez portèrent.
9, 1. 2, devant luy veir, lifez devant luy por luy veïr,
9, 1. 34 & ailleurs, d'Eybelin, lifez de Ybelin.
l, 14, contée, lifez conteé.
1. 21, fupprimez la virgule avant & rétabliffez-la après de
perfone,
13, 1. II, tant, corrigez tout.
13, 1. 14, Lots, corrigez Phelippe.
15, 1. 2, trive, lifez triue,
c 49*
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

390 ADDITIONS ET CORRECTIONS.
Page 15, 1. 20, as aus, lifez a iaus,
» 15, 1. 28 & ailleurs, chareftié, lifez chareftié,
» 15, 1. 28, r eftier s, lifez le ftiers,
» 17, 1. 20, que, lifez qui,
» 20, 1. 27, autres en, corrigez au tens.
» 21,1. 25, qui, lifez que.
» 21, 1. 27, oilroya, lifez otroya.
» 22, 1. i!,jglize, lifez iglize.
» 22, 1. 18, nous avons corrigé (d'après la ligne 8 de cette page &
la ligne 11 de la page 30) en Padua la forme Paete {= Patti)
du mf, bien que cette dernière correfponde feule à la vérité
hiftorique; les Annales de Terre Sainte {Arch. de l'Or, lat.,
t. II, 2" partie, p. 438) ont la forme Paude-, toutes les autres
chroniques difent Patti.
» 23, 1. 9, dans le mf commence avec cette ligne un nouveau
paragraphe, bien que le fens ne foit pas Interrompu.
» 24, 1. 17, il eût mieux valu pour la corre6tion intercaler [Êf Phelippe]
entre Johan Se d'Eyblin.
» 32, 1. 16, au tel, corrigez autel.
» 34, 1. 26, M. ce & XVI, lifez M. ce & XXVI.
» 36, 1. 31 & 32, fupprimez les points & corrigez defcendy en defcendu.
Voyez le même récit, bien plus développé, dans la
Chronique d'Amadi (Bibl. nat.. Fonds italien, 387, p. 60-61).
» 37, 1. z^,paîs moût, corrigez en ajoutant/>aw [fu] moût.
» 40, 1. 22, ià), corrigez à [luy].
» 41, 1. 15 & p. III, 1. 29, n'i, lifez ni.
» 47, 1. II, que le baillage, corrigez en ajoutant que le baillage
[eftoit fuen] ; cf. la Chronique cCAmadi, loc. cit. fol. 73.
» 57, vers 10, Trimbers, corrigez Grimbers.
» 65, 1. 8, le jour de Pâques (7 avril), venant après le 14 juillet
(voy. p. 60) de la même année, montre qu'il faut changer ici
& plus loin (en haut de la page), la date de 1229 en 1230.
» 67, V. ^, jufquà, lï(ez jufqu'à,
3 68, 1. 10, la lacune de notre mf. eft comblée par la Chronique
d'Amadi (p. 92), que nous traduifons : « Ceux du château ne
»
« pouvaient tenir plus longtemps: ils demandèrent la paix au
« feigneur de Béryte, qui y confentit volontiers pour être
0 maître de la perfonne du roi, car il craignait toujours qu'il
« ne fût enlevé la nuit du château par quelque lieu & mené
» en Pouille. »
69, 1. 3, qu'on, corrigez qu'en.
» 69, 1. 32, Gimbert, corrigez Grimbert.
» 70, V. 25, quil, lifez qu'il.
» 71, V. 20, Monte dout, lifez Moût doute.
» 75, V. 14, mettez une virgule après leveray.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

NOTES COMPLÉMENTAIRES. 391
Page 76, 1. 19, Meffire Anceau, corrigez Meffire Heymeri.
» 81, 1. 3, remplacez ici & plus loin (jufqu'à la p. 92) la date
1231 par 1232.
» 86, 1. 13, oluy, lifez 0 luy.
» 86, 1. 32, Oluy, lifez O luy.
» 87, 1. %,fes, lifez & fes.
» 94, 1. 30, fupprimez la virgule après mandèrent.
» 97,1- 2, grée, lifez Grée.
ï 99, 1. 2, dounement, corrigez dïarmement if).
» 102, 1. 7, mettez un point & virgule après Anceau.
» 102, 1. 16, Fierté, lifez Fierté.
» 105, L 32, après douné ajoutez [la Lombardie]; cf. la Chronique
S Amadi, p. 130.
» 107,1. 34, Eguevine, corrigez Eguevive.
» 109, 1. 25, efchargaitié, corrigez efchargaitier.
» 112 & p. 117, 1. 9, conte, lifez conté.
» 114, 1. 15, grans, corrigez gras; cf. la Chronique d'Amadi, p. 138.
» 114, 1. 26-27, de fa playe un grant tens. Après avint, lifez de fa
playe. Un grant tens après avint.
» 114,1. •^o, foiblete, liiez foiblete.
» 114,1. 31, il n'y a pas de lacune; fupprimez les points après
fon gré.
» 117, 1. 15, fupprimez la correftion [à].
» 119, 1. 8, Lots, lifez Lors.
» 126, 1. 24, vigne nueve, lifez Vigne Nueve.
» 128, 1. I, corrigez en fupprimant & à Aevant feignor.
» 129,1. j^, poroyent, corrigez poroy{en)t.
» 141, 1. 17 & partout ailleurs. Jeune, corrigez Jenne.
9 141,1. 19, fupprimez la virgule après Jeune.
» 143, 1. 32, Dalffes, ne faut-il pas corriger en Fiefque >
» 144, 1. 9, la femme de Conrad IV, Elizabeth, était fille, non du
duc d'Autriche, mais d'Othon, duc de Bavière.
» 145, 1. 22, aparler, lifez à parler.
•D 145, 1. 30, de Guor, corrigez de [Peri]guor.
» 145, 1. 31, Chaftel, neuf, lifez Chaftelneuf.
» 146, 1. 9 & ailleurs, J. de Sardeine, corrigez J. de Sargines.
» 149, 1. 28, Aufiau, lifez Anfiau.
» 150, 1. 3, r orent, corrigez lo{è\rent.
» 150, 1. II, ^^ Sur. Meffire, lifez de Sur, meffire.
» 151, 1. 15, Safour, corrigez fa force.
» 154, 1. 21, mettez la virgule avant & non adirés faiUant.
» 154, 1. 24 Se p. 285, 1. zo, par efcalmes, llCez parefcalmes.
» 157, 1. 3 & 12, Oric, duc, lifez Oric Duc.
» 157, 1. 4 & 13, Otevent Se Othevent, lifez Ote Vent Se Othe Vent.
» 157, !• 2^y poindor, lifez Poindor.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

392 ADDITIONS ET CORRECTIONS.
Page 159, 1. 7, fupprimez la virgule après mur.
vingne.
« 163, 1. 25, Eftience, lifez Eftiene.
Se mettez-la après
» 166, 1. !,f[r]eres Cataie, rétabliffez Feres Cataie.
» 168, 1. 33-34, pully que, lifez pullyqué.
• 170, 1. 8, lance ne, corrigez Pantene.
» 171, 1. 21, Êf Syrie, corrigez en Syrie.
» 176,1. 31, voy. l'Inventaire Êf comptes de la fucceffion d'Eudes,
comte de Nevers, p. p. M. Chazaud, dans les Mémoires des
Antiquaires de France, t. XXXII (1871), p. 164-206.
» 202, 1. 21, Bercheleme, lifez Berthelemé.
» 203, 1. 4 & 13-14, Climens quint, corrigez Innocent V.
» 206, 1. 10, après le dit pape, corrigez en ajoutant [& fu fait
» 206, 1. 19, y, lifez /.
pape].
» 212, L 8, remplacez le point Se virgule après Giblet par une virgule.
» 218, 1. 2, Efperance, lifez Efperan (pour Efperon).
t 220, 1. 20 & 32, Chinere, corrigez Chinere,
» 221, 1. 13, Cheniere, corrigez Chinere,
» 228, 1. 3, barboutes, lifez barboutes.
» 228, 1. 4, barboutes, corrigez barbouté[e]s,
» 231, 1. 22, après la princeffe, corrigez en ajoutant [fift].
» 233, 1. 28, là, lifez la.
» 235, 1. 28, Montade, corrigez Moncade.
» 235, 1. 34, haitin, corrigez huitin {}).
» 237, 1. 27 & p. 310, 1. 12, d'Enpures, corrigez de Dampierre.
» 239, 1. 30, berrie, liiez Berrie.
» 243, 1. 25, le viéioire, corrigez le viélorieux.
» 243, 1. 32, Si p. 244, 1. 12, doune, lifez
» 245, 1. 2^, fal'elon, lifez Sabelon,
douve,
» 253, 1. 5, ahaie, ce mot incompréhenfible eft fans doute le réfultat
d'une omiffion & d'une faute de lefture. La Chronique
d'Amadi (p. 193) Se Florio Buftron (p. 124) AlCent : grande
come un bove di laton indorato : il faut donc corriger & lire
grant come .j. [buef de l]aton doré.
» 265 v. 20, Très changés, lifez
» 269, V. I, très, lifez très.
Trefchangés.
« 269, V. 17, fupprimez la virgule après acarele.
" 275, 1. 5, le chemin, il y a dans le mf. le ehemin, qu'il faut corriger
en Venemin.
i> 278, 1. I, au Caf, lifez au caf.
» 279, 1. 10, Jenevés, lifez Jenevés.
» 280, 1. 6, entre les mots mains Se afés s'intercale le feuillet 198,
qui ne porte qu'une mention étrangère au contexte ; voy.
la Préface, p. x.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

NOTES COMPLÉMENTAIRES. 393
Page284, 1. 31, Guoude Se p. 285, 1. 2 & 5, Guaude, corrigez Guande,
D 286, 1. z6, jarre, lifez Jarre {= Zara).
» 292, 1, z\,fel Vendegar, lifez Selvendegar (= Servantikar).
» 300, 1. 32, dou Veydar, lifez Douveydar.
» 308, 1. 2T, evefqueé, lifez evefquée.
» 310, 1. 27, Arayne & 1. 29, Araigne, corrigez Anaine.
» 316, 1. 32, fupprimez la virgule a^rès femonce,
» 324, L 23, la cort, lifez P acort.
» 325,1. 22, la lacune du feuillet 232 du mf. peut être comblée
par la Chronique d'Amadi (p. 239-242), que nous réfumons;
« ne voulut refter plus longtemps mal avec le roi. Pourfuivi
par Amaury, Baudouin fe réfugie à Nicofie chez l'archevêque,
qui le force à fe livrer. — Balargon, chef des Tartares
en Arménie, fous un prétexte frivole, prie Haiton de
venir lui parler. Se, lui promettant qu'il ferait bien accueilli
partout.,. »
» 325,1. 32, cazan, lifez Cazan,
TABLE CHRONOLOGIQUE
» 338, 1. 40, ajoutez après 1232: juin 15.
Bataille de la Gride p. 100.
» 342, 1. 16, 1285, lifez [1288].
» 342, 1. 23, en Chypre, lifez à Acre.
» 344, l. 3, 1306, lifez 1305.
GLOSSAIRE
» 345, col. 2, 1. I, ajoutez : Arbourer, munir de mâts, 225.
» 346, col. 2,1. 2, ajoutez à l'article Chareftié: 155, 263.
» 350, col. 1,1. 37, ajoutez : Say {ital. faggio), effai, 14.
» 350, col. 2, 1. 37, ajoutez: Sifon, trombe, 199.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

SOCIETE
POUR LA
» /
PUBLICATION DE TEXTES
RELATIFS
A L'HISTOIRE & A LA GÉOGRAPHIE
m
L'ORIENT LATIN
STQATUTS
*
1884
Libraires de la Société :
PARIS LEIPZIG
ERNEST LEROUX OTTO HARASSOWITZ
Service des foufcriptions
y de la dijîrihutton des pu'^fications :
J.-G. FICK, GENÈVE.
*
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

L
'oicaJémie des Infcriptions 6- 'Belles-Lettres a entrepris,
& pourfuit avec perfévérance la publication du
Recueil des hiftoriens des croifades, auvre monumentale,
dejlinée déformais à fervir de fondement à toute
étude hijîorique férieufe fur TORIENT LATIN {royaumes
de Jérufalem, de Chypre 6* d'oirménie, principautés dcAntioche
& d'oichaie, empire latin de Conftantinople).
cMais, en dehors de ces textes étendus, 6*, pour ainfi dire,
clajjiques, il exijfe, dans les dépôts publics de [Europe, une
grande quantité de documents hiftoriques 6* géographiques
d'ordre fecondaire : ces documents, ou encore inédits, ou
devenus d'une rareté telle, que certaines pièces de Terre-
Sainte arrivent aujourd'hui à atteindre, dans les ventes publiques,
de véritables prix de fantaifie, ne fauraient., avant de
longues années, trouver place dans le ^.ecuéH académique :
le plus grand nombre d ailleurs, & en particulier les pèlerinages
en Terre-Sainte, ont été, dès le principe, écartés du
plan de cette colleélion.
Il a donc femble quil pourrait y avoir une certaine utilité à
raffembler & à publier, fur un type & d'après des règles uniformes,
ces matériaux divers, dont la (impie bibliographie ejl
encore, en partie, à faire, & qui, pourtant, une fois réunis,
feront d'un fî grand fecours, foit pour ihijioire du éMoyen-

SOCIÉTÉ
POUR LA
TVBLICcATIOCt^ VE TEXTES
RELATIFS A L'HISTOIRE ET A LA GÉOGRAPHIE
L'ORIENT LATIN
RÈGLEMENT GÉNÉRAL.
r
RTICLE I. La Société fe compofe de cinquante
membres titulaires & de quarante
ajfociés français ou étrangers.
^LJ^^^^J^ cArt, 2. Les établiffements publics de la
France & de l'étranger peuvent être infcrits comme
membres titulaires de la Société, jufqu'à concurrence
du nombre de fix, & comme ajfociés jufqu'à concurrence
du nombre de quatre; ils font repréiéntés au
fein de la Société, foit par leurs chefs refpeélifs, ioit
par des mandataires, préalablement agréés par le préfident
de la Société.
oirt, 3. Au reçu de chacune des diflributions fpécifiées
à l'art. 16, tout membre titulaire s'engage à verfer
une fomme de cinquante francs, tout ajjocié une fomme
de trente-cinq francs.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

Société de l'Orient latin.
cArt, 4. Les membres titulaires & les ajfociés non rélidant
à Paris doivent y être repréfentés par un correfpondant
chargé de recevoir, en leur nom, les publications
de la Société & de verfer leur cotifation annuelle.
cArt. y. Les membres titulaires fe réuniffent, une fois
par an, en féance générale, à Paris, dans le mois qui
fuit les fêtes de Pâques ; les afTociés ont le droit d'alfifter
à cette féance.
oArt. 6. Les membres titulaires, non réfîdant à Paris,
peuvent fe faire reprélénter dans les affemblées générales,
en vertu d'un mandat écrit, adreffé en temps utile
au fecrétaire-tréforier. Ce mandat doit porter le nom
d'un des membres titulaires réfidant ou préfents à Paris,
auquel il confère une nouvelle voix délibérative ; cependant
un feul & même membre titulaire ne peut réunir
en fa perfonne plus de cinq de ces voix fubftituées.
oArt. 7. Dans cette féance annuelle, la Société procède
aux élediions en remplacement des membres titulaires
& des ajfociés, décédés ou démifîlonnaires, à la vérification
des comptes de l'exercice précédent, à la défignation
des publications de l'exercice fui vant.
oirt. 8. LaSociété, en dehors de fes féances, efl
repréfentée, d'une façon permanente, par un Comité
de direcflion. Ce Comité, choifi parmi les membres
titulaires, fait foncflion de bureau ; il efl; nommé pour
trois ans & rééligible.
oArt. 9. Le Comité de diredion fe compofe de:
I préfident,
I vice-préfident,
I fecrétaire-tréforier,
I fecrétaire-adjoînt,
4 commiflaires refponfables.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

Publications. ^
cArt. lo. Le Comité de direélion peut, en cas de
befoin, s'afTurer le concours d'un ou plufieurs commiffaires
refponfables adjoints, qui ont voix confultative, &
peuvent être pris hors du fein de la Société.
cArt. 11. Le Comité de diredion fe réunit, au moins
une fois, dans le premier femeflre de chaque année,
au domicile de l'un de. fes membres ; il peut, en cas
d'urgence, convoquer une féance générale extraordinaire
de la Société.
cArt. 12. La Société s'adjoint, fous le nom de foufcripteurs,
les perfonnes & les établifTements publics, français
& étrangers, qui défirent recevoir régulièrement
les volumes de textes qu'elle publie; le nombre de ces
foufcripteurs ne peut dépaffer cent.
cArt. 13. Au reçu de chacune des diflributions fpécifiées
à l'art. 16, les foufcripteurs paient une fomme
de quinie francs, augmentée des frais de port & de
recouvrement afférant à ces diflributions.
II
PUBLICATIONS.
oirt. 14. Les publications de la Société fe compofent
de volumes de textes & de phototypographies de
pièces imprimées uniques ou rarifîîmes.
. cArt. ly. Chaque volume de textes efl tiré à cinq
cents exemplaires numérotés, favoir :
Grand papier, gr. m-S. 50 exemplaires.
Papier à la cuve, in-8. 50 »
Papier ordinaire, » 400 »
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

Société de l'Orient latin.
Les réimpreffions photo typographiques font tirées
à 90 exemplaires, favoir :
Sur peau de vélin, 50 exemplaires.
Sur papier vélin, 40 »
c4rt. 16. Les publications de la Société fe divifent
en diflributions, dont chacune comprend :
1° Pour les membres titulaires ;
2 volumes de textes, format gr. in-8.
1 fafcicule de réimpreffions phototypographiques tiré fur peau de vélin.
Chacun de ces volumes ou réimpreftions porte au verfo du titre le
nom du membre titulaire auquel il eft deftiné.
2° Pour les ajfociés :
2 volumes de textes fur papier vélin, format in-8.
1 fafcicule des réimpreflions phototypographiques fur papier vélin.
5° ?our les foufcripteurs .-
2 volumes de textes fur papier ordinaire, format in-8.
cArt. 17. La Société met en vente, fur chaque diflribution:
Papier vélin: 10 exemplaires de chaque volume de textes, au prix
de 24 fr. l'exemplaire.
Papier ordinaire : 300 exemplaires au prix de 12 fr. l'exemplaire.
Ces prix peuvent être augmentés par le Comité de
diredion, en raifon de l'importance exceptionnelle de
certains volumes.
Les réimpreffions phototypographiques, exclufivement
réfervées aux membres titulaires & aux ajfociés, ne font
pas mifes dans le commerce.
cArt. 18. La Société fait choix d'un ou plufieurs
libraires-éditeurs, auxquels elle concède, au mieux de fes
intérêts, le droit de vendre ceux des exemplaires de fes
publications qui font réfervés au commerce.
cArt, 19. Les publications de la Société font faites fous
la furveillance du Comité de diredion, & la garantie du
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

Plan des publications. 7
fecrétaire-tréforier & de l'un des commiffaires refponfables.
cArt. 20. Au cas où l'un des volumes a, pour
éditeur ou pour commiffaire refponfable, le fecrétairetréforier,
le contre-feing de ce dernier efl remplacé par
celui du vice-préfident.
m
PLAN DES PUBLICATIONS.
A) SÉRIE GÉOGRAPHIQUE.
Colleélion chronologique des pèlerinages en Terre-Sainte & des defcriptions
de la Terre-Sainte & des contrées voifines.
1 Textes latins. — Imprimés Se inédits de 300 à 1400. — Inédits ou
raiiffimes de 1400 à 1600.
2 Textes français.
3 •^ » Italiens. italiens. I r • ' o • ' j-^ • r •< r •
4 •^
4
^ 5
6
» » efpagnoi n I
efpagnols.
alleman 1, ° J
allemands.
anglais.
\ Imprimes & inédits iulqu en 1500.— Ine-
> K-,. -er J - /r
l dits ou rarinimes de 1500 a 1600.
i
7 Textes fcandinaves. \
8
9
10
11
»
'»
s
»
flaves
Imprimés & inédits jufqu'en 1600. —(Acgrecs
^'r^ -
M
( compaernés d'une verfion.)
hébraïques. V
arabes
B) SÉRIE HISTORIQUE.
1 Poéfies & poèmes relatifs aux croifades, 1100-1500.
2 Chartes ^
3 Lettres hiftoriques > inédites, 1095-1500.
4 Petites chroniques J
5 Projets de croifades inédits, 1250-1600.
Les textes de chacune de ces fériés font publiés, par
volumes £ environ 300 pages, dans le format & fur le
modèle des Chronicles and memorials of the Great
Britain.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

8 Société de l'Orient latin.
La dijhibution des volumes a lieu de telle forte que, —
à la fin de chaque période décennale de la publication, —
les trois cinquièmes (i2 volumes) aient été pris dans la férié
géographique, & les deux autres cinquièmes (8 volumes) dans
la férié hijîorique.
Les phototypographies reproduifent :
1» Les pèlerinages en Terre-Sainte, feuilles volantes, journaux de
croifade &c., &c., imprimés au XV^, & dans les 25 premières années du
XVI«= fiècle.
z° Les pièces analogues qui, quoique de date poftérieure, n'exiftent
qu'à l'état d'exemplaires uniques ou rariflTimes.
Une courte notice bibliographique, de même format,
accompagne chaque phototypographie.
La Société, qui a déjà patronné la NUMISMATIQUE DE
L'ORIENT LATIN, par oM. G. Schlumberger, fe propofe
également de favorifer la publication de :
a) La CARTOGRAPHIE DE L'ORIENT LATIN au Moyen-Age;
b) La SIGILLOGRAPHIE Se I'ÉPIGRAPHIE DE L'ORIENT LATIN.
c) La BIBLIOGRAPHIE DE L'ORIENT LATIN.
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

Membres titulaires.
COéMlTE DE DIT^ECTIO^
DE LA SOCIÉTÉ
pour la période 1884-1886.
PRÉSIDENT:
M. le marquis DE VOGUÉ.
Vke-Prejident : MM. Ch. SCHEFER.
Secrétaire-Tréforier : le c^^ RIANT.
Secrétaire-adjoint: le c^e de MARSY.
MM.
Commiffaires :
MM.
A. de BARTHÉLÉMY. P. MEYER.
le c'e de MAS LATRIE. E. de ROZIÈRE.
Commiffaire honoraire :
M. EGGER.
MEMBRES TITULAIRES:
ANCEL, député de la Mayenne, 146 avenue des Champs-Elyfées,
Paris (i).
ANTROBUS (R. P. Frederick), Oratory, Londres (2).
BAPST (Germain), 153 boulevard HaufTmann, Paris (14).
BARTHÉLÉMY (Anatole de), 9 rue d'Anjou-St-Honoré, Paris (3).
BARRÊRE (E. de)f ancien conful-général de France à Jérufalem, 40 rue
Vignon, Paris (4).
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

10 Société de l'Orient latin.
CLERCQ^ (Louis de), 5 rue MafTeran, Paris (6)
CoMBETTEs DU Luc (Le comte de), Rabafteins-fur-Tarn, Tarn (7).
DELAVILLE LE RouLX (Jofeph), 51 rue de Monceau, Paris (38).
DELPIT (Martial), 74 faubourg St-Honoré, Paris, & à Caftang par
Bouniagues, Dordogne (8).
DREUX-BRÉZÉ (S. G. Mgr de), évêque de Moulins, Moulins (9).
DURA (Giufeppe), 40 ftrada S. Carlo, Naples (10).
DuRRiEU (Paul), 66 rue de la Chauffée d'Antin, Paris (34).
EGGER (Emile), membre de l'Inftitut, profeffeur à la Faculté des Lettres,
68 rue de Madame, Paris (n).
. (i^)-
GAYANGOS (Don Pàfcual de), correfpondant de l'Inftitut, 4 Barquillo,
Madrid (27).
GOUJON (Paul), 52 rue Paradis-PoifTonnière, Paris (13).
KERMAINGANT (P.-L. de), ingénieur des Mines, 102 avenue des
Champs-Elyfées, Paris (44).
KHITROWO (S. Exe. M. Bafile de), confeiller d'Etat, 93 quai de la
Moika, St-Péterfbourg (15).
KOHLER (Charles), 13 rue de Poiffy, Paris (5).
LAIR (Le comte Charles), 18 rue Las Cafés, Paris (16).
LAIR (Jules), dire6teur des Entrepôts & Magafins généraux, 204 boulevard
de la Villette, Paris (17).
LANGÉNIEUX (S. Exe. Mgr), archevêque de Reims, Reims (18).
LÉOTARD, do6leur-ès-lettres, 3 cours Morand, Lyon (19).
MAC GRIGOR (A. B.), 19 W^oodfide Terrace, Glafcow, EcofTe (20).
MARSY (Le comte de), Compiègne(2i).
MAS LATRIE (Le comte de), chef de fe£lion aux Archives de France,
229 boulevard St-Germain, Paris (22).
MASSON (Frédéric), 89 rue de la Boétie, Paris (42).
MEYER (Paul), membre de l'Inftitut, 26 rue de Baulainvilliers,
Paris (23).
MiCHELANT, confervateur fous-dire6leur à la Bibliothèque Nationale,
II avenue Trudaine, Paris (24).
MIGNON (A.), 18 rue de Maleflierbes, Paris (25).
OLRY, ingénieur des Mines, 2 rue de Bruxelles, Lille (41).
PÉcouL (Augufte), à Draveil, Seine-&-Oife (26).
PoPELiN (Claudius), 7 rue de Téhéran, Paris (43).
ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

Membres titulaires, 11
REBOURS (L'abbé le), curé de la Madeleine, 8 rue de la Ville-l'Evêque,
Paris (28).
REY (Emmanuel), 8 rue de la Neva, Paris (29).
RIANT (Le comte), membre de l'Inftitut, 51 boulevard de Courcelles,
Paris (30).
RIANT (Ferdinand), membre du Confeil municipal, 36 rue de Berlin,
Paris (31).
ROZIÈRE (Eugène de), membre de l'Inftitut, fënateur, 8 rue Lincoln,
Paris (32).
SAIGE (Jules), ingénieur des Ponts & Chauffées, 94 rue St-Lazare,
Paris (33).
SCHEFER (Charles), membre de l'Inftitut, adminiftrateur de l'École natio­
nale des langues orientales vivantes, 2 rue de Lille, Paris (35).
SCHEFER (Jules), miniftre de France en Monténégro, Ragufe (36).
SCHLUMBERGER (Guftave), 140 faubourg St-Honoré, Paris (37).
ToRELLA (Le prince de), Naples (39).
VoGTJÉ (Le marquis de), membre de rinftitut, z rue Fabert, Paris (40).
ÉTABLISSEMENTS PUBLICS
BIBLIOTHÈQUE ROYALE DE BRUXELLES (45).
BIBLIOTHÈQUE ROYALE DE COPENHAGUE
BIBUOTHÈQUE ROYALE DE NAPLES (47)-
(46).
BIBLIOTHÈQUE BODLÉIENNE D'OXFORD (50).
BIBUOTHÈQUE NATIONALE DE PARIS (48).
SOCIÉTÉ NATIONALE DE GÉOGRAPHIE DE PARIS (49).
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12 Société de l'Orient latin.
MM.
ASSOCIÉS
ARSÉNIEW (Serge d'), membre de la Commiffion des requêtes, 13
Manègeny Péréoulok, Saint-Péterfbourg (56).
BARRÉ DE LANCY, conful-général, premier interprète du gouvernement,
32 rue Caumartin, Paris (71).
BARTHES, 14 Great Marlborough ftreet, Londres (68).
BIBLIOTHÈQUE DE L'INSTITUT DE FRANCE, Paris (52).
BIBLIOTHÈQUE MÉJANES, Aix (64).
BIBLIOTHÈQUE VICTOR-EMMANUEL, Rome (63).
BISHOP (Edmund), 4 Lancafter Terrace, Regent's Park, Londres (58).
BROÉT-PLATER (Le comte de), Rovno, par Dombrovitza, Volhynie,
Ruffie(55).
DELABORDE (François), 14 rue de l'Arcade, Paris (61).
DRÊME (Le premier préfident), Agen (51).
DucLOS (L'abbé), curé de St-Eugène, 52 faubourg PoifTonnière,
Paris (54).
HAGENMEYER (Henri), Ziegelhaufen, Heidelberg, grand-duché de
Bade (57).
LABORDE (Le marquis de), 4 rue Murillo, Paris (53).
MÉLY (Fernandde),au Mefnil-Germain, par Fervacques, Calvados(59).
PALESTINE EXPLORATION FUND, Londres (69).
RAYNAUD (Furcy), Luxembourg, grand-duché de Luxembourg (62).
RAYNAUD (Gafton), 32 rue Caumartin, Paris (60).
RoBERTSON SMITH (Le rév. William), profeffeur d'hébreu à l'Univer-
fité, 20 Duke ftreet, Edimbourg (67).
ROY (Jules), profeffeur à l'Ecole des Chartes, 12 rue des SS. Pères,
Paris (66).
RuBio Y LLUCH (Don Antonio), profefleur à l'Univerfité, 8 Raurich,
Barcelone (65).
WiLSON (colonel
Dublin (70).
Sir C.-W.), Ordnance Survey, Phoenix Park,
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PUBLICATIONS DE LA SOCIÉTÉ
SERIE GEOGRAPHIQUE
1, 2,4. Itinera hierofolymitana & defcriptiones Terrœ Sanéla
latine confcripta,
Tomi I, I & 2, éd.: TITUS TOBLER & A. MOLINIER.
Tomus n, i,ed.: A. MOLINIER & C. KOHLER.
^. Itinéraires français. I.
Éd.: MM. HENRI MICHELANT & GASTON RAYNAIH).
EN PRÉPARATION :
Itinera & defcriptiones latine confcripta.
Tomi II, 2, éd. : A. MOLINIER & C. KOHLER.
Itinerarj italiani.
Torao I, éd. : CAV. L. BELGRANO.
Itinera graca,
Tomus I, éd.: V. GuÉRiN.
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SÉRIE HISTORIQUE
I. La prife d^(Alexandrie, par Guillaume de Machaut.
Éd.: M' L. DE MAS LATRIE.
2. Quinti belli facri fcriptores minores.
Ed. : R. RÔHRlCHT.
5. Tejlimonia minora de quinto bello facro.
Ed. : R. RÔHRICHT.
4. Cronica de éMorea.
Éd. ; M. MOREL-FATIO.
sous PRESSE:
y. Gefles des Chiprois,
Éd. : MM. Gafton RAYNAUD & Carlo PERRIN.
6. Epijlolarium quinti belli facri.
Ed.: R. RÔHRICHT.
EN PRÉPA RATION :
%écit verfifîé de la i'^ croifade, d'après Baudri de Dol.
Éd.: M. Paul MEYER.
RÉIMPRESSIONS PHOTOTYPOGRAPHIQUES
{réfervées aux membres titulaires fif aux ajjociés.)
1-4- Trologus cArminenfs in mappam Terre Sanâe.
In-fol., f. 1. n. d., f XV.
sous PRESSE:
5*. Voyage en Terre Sainte, de Jean de Cucharmoys.
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PUBLICATIONS PATRONNÉES PAR LA SOCIÉTÉ
L NUMISMATIQUE DE L'ORIENT LATIN
par G. SCHLUMBERGER.
Paris, Leroux, 1877, i vol. in-4, &fupp', 188..
IL DE PASSAGIIS IN TERRAM SANCTAM
Excerpta heliographica e codice Marciano 399: éd. C. M. Thomas.
Venetiis, Ongania; Parif., E. Leroux, 1879, in-fol.
/// Ê? IV. ARCHIVES DE L'ORIENT LATIN
Tome I &. IL
Paris, Erneft Leroux, 1881-1884, in-8.
V. SIGILLOGRAPHIE BYZANTINE
par G. SCHLUMBERGER.
Paris, Erneft Leroux, 700 pp. in-4 (noo deffins).
sous PRESSE:
VL HISTOIRE DU COMMERCE DU LEVANT
AU MOYEN AGE
par le prof. W. HEYD, édition revue & augmentée par l'auteur
& traduite avec fon autorifation par Furcy RAYNAUD.
Leipzig, O. Haraffowitz, 2 vol. in-8.
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Cyprus Library
128128
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