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Dorothée EISENBEIS - Fondation Yves Rocher

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Thérèse TOURÉ (3ème prix) : 7 000 euros<br />

Son action : « Alphabétisation scientifique et<br />

protection environnementale dans la zone du Mandé<br />

au Mali. Éveil à la connaissance de base et éducation à<br />

la protection de la nature »<br />

L’histoire de Thérèse est indissociable de celle de Karamba<br />

TOURÉ, son mari, aujourd’hui disparu. Tout commence<br />

pendant le mouvement étudiant de mai 1968. Thérèse, dont les<br />

parents sont agriculteurs, fait des études pour devenir assistante sociale. Diplôme en<br />

poche, elle décide de rejoindre Paris et trouve rapidement un travail au sein de la Caisse<br />

d’Allocations Familiales. Une cousine l’héberge et lui fait découvrir les foyers de<br />

travailleurs africains et son travail d’alphabétisation le soir. Thérèse ne tarde pas à la<br />

rejoindre dans cet engagement. Lors d’un meeting, elle rencontre Karamba TOURÉ, un<br />

jeune travailleur malien. C’est le coup de foudre. Ils ne se quitteront plus.<br />

« Karamba TOURÉ, son grand amour et son modèle »<br />

Au Mali, Karamba, jeune garçon repris de justice, est renvoyé de l’école pour s’être<br />

opposé à un maître trop sévère envers ses camarades de classe. Karamba brûle ses livres et<br />

décide un peu plus tard de quitter le Mali pour la France. À Paris, il devient comme<br />

beaucoup de ses compatriotes, éboueur. Mais la soif d’apprendre est la plus forte. Malgré<br />

les obstacles auxquels il se heurte, Karamba obtient un diplôme de soudeur/fraiseur puis<br />

passe son bac avec succès. Il milite pour l’alphabétisation dans les foyers de travailleurs<br />

émigrés. Quatorze ans sont passés depuis son arrivée en France. En 1974, c’est la grande<br />

sécheresse au Mali. Face à ce drame, Karamba TOURÉ est le premier malien à lancer l’idée<br />

du retour à la terre. Il veut repartir au Mali et apporter avec lui le savoir et des solutions<br />

pour aider les populations locales en grande détresse. Il part au Mali pour y créer une<br />

coopérative au bord du fleuve Sénégal.<br />

« La vie au sein d’une coopérative au Mali »<br />

Thérèse le rejoint quelques temps après et décide de rester vivre au sein de la<br />

coopérative. « Je participais aux travaux et je vivais comme tout le monde dans une<br />

hutte. Il faisait jusqu’à 45°C à l’ombre. Mais Karamba faisait tout ce qu’il pouvait<br />

pour m’alléger la tâche. Il faisait la corvée d’eau à ma place. Je m’occupais des<br />

enfants des villages. Je les soignais lorsqu’ils étaient malades ». Elle ajoute : « J’étais<br />

venu avec ma vieille 2CV qui est vite devenue taxi brousse pour transporter des outils<br />

ou ambulance pour emmener les plus malades jusqu’à l’hôpital de la ville la plus<br />

proche. Grâce à ma 2CV, j’ai aussi trouvé un travail dans une mission catholique. Je<br />

suis devenue infirmière par la force des choses et j’ai enseigné par exemple l’hygiène<br />

alimentaire dans l’école des sœurs. J’ai même pratiqué des accouchements sur la<br />

piste ».<br />

Les années passent, Thérèse et Karamba ont deux enfants. Le couple décide de lancer un<br />

nouveau projet de coopérative, cette fois dans la région du Mandé au bord du fleuve Niger.<br />

Mais pour mener à bien ce projet, il faut trouver des fonds et de l’aide. Ils reviennent en<br />

France en 1983. Le 30 décembre, Karamba annonce qu’il veut repartir très vite dans la<br />

région du Mandé pour mettre en place la nouvelle coopérative. « Il n’y a pas de temps à<br />

perdre » explique-t-il à Thérèse. Prémonition ? Karamba disparaît accidentellement le 24<br />

janvier au Mali. Thérèse trouve la force de continuer son projet et reprend le flambeau.<br />

Elle fonde quelques années plus tard l’association Karamba TOURÉ. Depuis 2002, Thérèse<br />

est sur tous les fronts. Elle lutte contre la déforestation, les feux de brousse et avertit des<br />

conséquences du goudronnage prochain de la route de Guinée traversant la zone. Depuis<br />

2006, elle organise aussi des « classes vertes ».<br />

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