Dorothée EISENBEIS - Fondation Yves Rocher

Petite, Anita Studer, gambade dans les hautes montagnes entourant son village suisse et
explore la forêt qui borde sa maison pour donner libre cours à sa passion : observer les
oiseaux. Adulte, cet engouement ne la quitte pas. Après avoir obtenu son bac et une
licence en droit grâce à des cours du soir, elle décide enfin de se consacrer à sa passion.
Elle s’installe en France pour étudier la Biologie à Nancy. Elle rencontre alors son futur
mari, un comédien français qui devra partager la grande passion d’Anita pour les oiseaux.
« À la rencontre de l’Anoumara »
À 28 ans, c’est « la » révélation, Anita s’envole pour le Brésil pour y observer les oiseaux
et décide de leur consacrer une thèse de doctorat. Là-bas, elle passe de longues heures,
perchée en haut des arbres, guettant l’apparition d’un oiseau, s’émerveillant de son
chant, observant son comportement. C’est là qu’en 1980, sa vie bascule. Anita redécouvre
une espèce d'oiseau, « l’Anoumara ». Pour la première fois, ce petit oiseau noir, qui
ressemble à un merle, est découvert vivant dans son milieu naturel. « Face à cette
découverte ornithologique, je me suis tout de suite sentie responsable de cet
oiseau », explique Anita et ajoute : « Il fallait que je m’occupe de sa survie et de son
milieu naturel. Mais j’ai vite constaté les désastres occasionnés par les hommes sur
la faune et la flore. Parallèlement, j’ai passé beaucoup de temps à écouter et à
partager la vie des populations autochtones et j’ai décidé d’agir à la fois contre la
déforestation et en faveur des populations locales qui vivent dans un grand
dénuement ».
« Le temps de l’engagement »
C’est ainsi qu’en 1985, Anita Studer fonde l’association « Nordesta » et initie de nombreux
projets sur tout le territoire brésilien. Son objectif est d’impliquer les populations locales
dans la sauvegarde de leur environnement tout en améliorant leurs conditions de vie,
souvent difficiles. Son premier cheval de bataille a été de préserver la forêt de Pedra
Talhada et d’enrayer la dégradation de l’environnement due aux activités anthropiques.
Depuis 2003, son action a permis la création de deux réserves biologiques : la lagune
« Léopold», site de reproduction d’espèces de poissons amazoniens et la réserve
municipale forestière « Till » qui préserve des arbres centenaires.« Toute seule et en
l’espace de 4 ans, j’ai réussi à diminuer de 80 % les feux de brousse alors imaginez si
nous étions plusieurs … ».
« Le courage à l’état pur »
Petit bout de femme blonde, Anita ne se laisse pas pour autant impressionner par les
démonstrations de force. Lorsque la forêt « Till » est devenue réserve forestière, les
propriétaires de la forêt ont fait aussitôt connaître leur mécontentement… à leur façon.
Anita reçoit alors des menaces de mort. Loin de baisser les bras et de battre en retraite,
elle prend son bâton de pèlerin et va à la rencontre des commanditaires. Anita veut leur
dire qu’elle œuvre pour les générations futures, pour leurs fils. Elle leur explique la faune
et la flore, les miracles de la nature mais aussi les urgences. Et ça marche. « Aujourd’hui,
je dialogue avec mes ex-assassins ! » lance-t-elle dans une boutade. On s’incline.
Un projet tentaculaire
Aujourd’hui, à 61 ans, Anita est sur tous les fronts.
Anita STUDER (5 ème prix) : 5 000 euros
Son action : « Plantation de 5 000 arbres et
construction d’un atelier nature. Aménager une
pépinière et construire un « atelier », centre de
documentation sur l’écologie »
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