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I<br />

PROLOGUE DE LAUTEUII. *<br />

PRES avoir contemple plusieurs escripturcs hys-<br />

toires et gestes des papes, empereurs, roys, ducs,<br />

I contes, marquis, barons et autres nobles g<strong>en</strong>s<br />

(sieves<strong>en</strong> honneurs parleurs vaillances, preux faicis<br />

j<br />

Iet liardyesses grandes, je me suis advise quil nest<br />

chose que l<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t de Ihomme desire plus que<br />

de ouyr parler de choses historiques. Oultre plus aussi l<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t se<br />

resjouyst quant il oyt parler dune chose quil ayme. Ces choses consi-<br />

derces jay specule quil nest chose qui plus resjouysse les <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>s<br />

francois que de parler des roys de France.<br />

Considerant aussi que je suis Francois, par droicte raison je me dois<br />

mieulx appliquer a descrire des croniques de Franco que de antre nation.<br />

Pour esmouvoir les courages des humains et les <strong>en</strong>cliner a vivre vertueusem<strong>en</strong>t<br />

et eulx gouverner saigem<strong>en</strong>t est esoript au xiv chapitre de<br />

lEcclesiastique, que ihomme est bi<strong>en</strong>heureux qui fait sa demourance et<br />

se arreste <strong>en</strong> lestude de Sapi<strong>en</strong>ce, car sur tous les autres dons de grace que<br />

Dieu fait aux creatures le don de Sapi<strong>en</strong>ce est le plus noble, le plus<br />

(ligne, le plus plaisant, le plus delectable et le plus parfait. Cest celle<br />

qui fait les roys regner, les royaulmes eslever et <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ir et les vrays<br />

juges selon les sainctes lois clerem<strong>en</strong>t congnoistre et justem<strong>en</strong>t juger. Par<br />

elle est ihomme fait amy et prochain de Dieu qui est ung tresor infiny. Aussi<br />

par elle il est conduyt et m<strong>en</strong>e au royaulme eternel auquel il a vraye<br />

fruition et congnoissance de la hauhte divinité. Et pour ce lit on que<br />

"Le nom de l'auteur de cette histoire parait avoir échappé aux recherches<br />

de tous les Bib!iograplies qui font m<strong>en</strong>tion dc cet ouvrage.<br />

Docum<strong>en</strong>t<br />

il il il I I Ili I Ill<br />

0000005607570<br />

a., s<br />

Pk


Saloifloli auquel Dieu octroya telle re(jUestC (lui[ vouidroit demander ne<br />

demanda point a Dieu richesses terri<strong>en</strong>nes, longue vie, ne autre prospe-<br />

rite mondaine, mais requist et demanda seulem<strong>en</strong>t a Dieu le don de<br />

Sapi<strong>en</strong>ce , congnoiSsaflt que par icelle il pouvoit dominer les choses<br />

terri<strong>en</strong>nes et finablem<strong>en</strong>t parv<strong>en</strong>ir a la gloire eternelle. Lhabitude et co n-<br />

versation de Sapi<strong>en</strong>ce na <strong>en</strong> soy ne Gel ne amertume, mais toute doul-<br />

crur et joyeusete. Et de tant que plus on si arreste et frequ<strong>en</strong>te, tant<br />

plus on desire a plus y demourci et la frequ<strong>en</strong>ter, comme est escript<br />

au vin chapitre du livre intitule Sapi<strong>en</strong>ce. Pour lesquelles choses con-<br />

fermer, dit Sainct Giegoire, que leslude des choses passeci est comme ung<br />

miroir auquel nous pouvons speculer et mirer notre face, y apercevoir<br />

et congflOiStre les macules et taches qui lordiss<strong>en</strong>t et efface<br />

n t. Par<br />

opposite y pouvons veoir les beaultes et dons de grace se aucuns <strong>en</strong><br />

avons qui nous decor<strong>en</strong>t et embelliss<strong>en</strong>t. Car <strong>en</strong> lisant ou racomp-<br />

tant les histoires nous pouvons veoir a quelle fin les ungs<br />

et les autres par mat ou bi<strong>en</strong> faire sont parv<strong>en</strong>us,<br />

laquelle chose nous peult inciter et donner couraige<br />

et ayxner vertu, fuyr v ices, craindre et<br />

esiter obprobres et reproches, et<strong>en</strong> la fin<br />

obt<strong>en</strong>ir le royaulme de paradis,<br />

au quel veuille vous conduire<br />

le Pere, le Fils et le<br />

Sainct Esperit.<br />

Am<strong>en</strong>.<br />

e


k<br />

'. .


-<br />

SEJOUIIS<br />

El1<br />

CHAR -LES VIII<br />

LYON SUR LE RS\E<br />

EXTII. 1iITS 1)E LIIISTOI III:<br />

DES<br />

FÂICTS GESTES ET VICTOIRES<br />

1UJ BOY CHARLES VIII.<br />

N lan mil quatre CCDS quatre \ingls<br />

ci trois, le roy Louis Xi dc cc nom<br />

trespassa le tr<strong>en</strong>hiesme jour (laoust,<br />

parquoy Iuy succeda Charles son fils<br />

unique, et ne avoit que douze ans<br />

quant il cotinii<strong>en</strong>ca a regner et fut le cinquante et<br />

cinquiesme Roy de France. Il fut m<strong>en</strong>e a Reims et<br />

sacre et <strong>en</strong>oingt Comme la COustume est (le faire<br />

aux iioys de France, au quel sacre Cur<strong>en</strong>t les Princes<br />

et Seigneurs de France pour luy t<strong>en</strong>ir compaigriie<br />

et le servir chascun selon son office.<br />

Laquelle chose fui Iiicte solemnellem<strong>en</strong>t et de<br />

bon accord.


G<br />

Âpres le dict sacre fut m<strong>en</strong>e a Paris ou il fit son<br />

<strong>en</strong>tree, et monstrant chascun jour avoir bon zele et<br />

affection a la chose publique et a la tres noble cou-<br />

ronne de France dont il estoit desc<strong>en</strong>du.<br />

Le Roy fut <strong>en</strong> sa jeunesse si saigem<strong>en</strong>t instruict<br />

et gouverne, qui1 a este tousj ours bon catholique et<br />

ayme du peuple , ce nest pas de merveilles, car<br />

Monseigneur et ma dame (le Beaujeu lavoi<strong>en</strong>t eleve<br />

<strong>en</strong> gouvernant <strong>en</strong>semble le Royaulme. La dicte<br />

dame estoit sa soeur fille du roy Loys Xi. Ceste<br />

daine estoit plaine de vertu , saige et discrete,<br />

miroir respl<strong>en</strong>dissant , hardie <strong>en</strong> couraige , prud<strong>en</strong>te<br />

<strong>en</strong> conseil , subiille <strong>en</strong> ses faicts et b<strong>en</strong>igne<br />

a chascun. Plusieurs ordonnances fur<strong>en</strong>t faictes au<br />

Royaulnie au proufit du bi<strong>en</strong> public. Et apres ce<br />

fluet luyprint vouloir daller conquerir son royaulrnc<br />

de Naples lequel luy appart<strong>en</strong>oit, et comm<strong>en</strong>ca a<br />

marcher droit a Lyon sur le Rosne pour conclure et<br />

ordonner avec les g<strong>en</strong>s de son conseil de tout suri<br />

afïaire , et apres la conclusion prilise le Roy<br />

ordonna son armee <strong>en</strong> ceste maniere et facon.<br />

Cest assavoir monseigneur le Vidasme capitaine<br />

des c<strong>en</strong>t G<strong>en</strong>tils hommes a la manche large. Monseigneur<br />

de Myolaus gouverneur du Daulphine et<br />

capitaine des c<strong>en</strong>t autres g<strong>en</strong>tils hommes et des<br />

balestriers. Monseigneur de Cresol capitaine des<br />

deux c<strong>en</strong>t archiers de la garde françoise. Le capi-


7<br />

taine Claude capitaine des c<strong>en</strong>t archers de la garde<br />

dEscosse. Item Plusieurs gratis seigneurs du sang<br />

royal et chambellans et autres g<strong>en</strong>s du conseil qui<br />

partir<strong>en</strong>t avec le roy. S<strong>en</strong>suit larmee par terre<br />

hommes darmes trois mille six c<strong>en</strong>t. Archiers a<br />

pied six mille deux c<strong>en</strong>t. Arbalestriers a pied huyt<br />

mille. Piques longues huyt mille. Le Seigneur Lu-<br />

dovic deux mille quarante. Pierres grosses c<strong>en</strong>t<br />

quarante. Bombardes mille deux c<strong>en</strong>t. Dastardeurs<br />

six mille deux c<strong>en</strong>t. Maistres pour habiller ]artil-<br />

lerie deux c<strong>en</strong>t. Maisires charp<strong>en</strong>tiers six c<strong>en</strong>t.<br />

Maistres pour abattre murailles trois c<strong>en</strong>t. Maistrcs<br />

pour pierres de fonte neuf c<strong>en</strong>t. Maistres pour faire<br />

charbon deux c<strong>en</strong>t. Maistres pour faire cordes six<br />

vingts. Chevaulx pour m<strong>en</strong>er lartillerie huyt mille.<br />

Chartiers quatre mille.<br />

AUTRE ARMEE PAR TI1RE.<br />

Monseigneur de Serve quarante lances. Mon-<br />

seigneur (le Monfaucou quarante lances. Mon-<br />

seigneur Robert de la Marche tr<strong>en</strong>te lances. Le Ma-<br />

reschal de Baudricourt soixante lances. Monseigneur<br />

de Guise quarante lances. Monseigneur de Chande<br />

tr<strong>en</strong>te lances. De Mauleon deux c<strong>en</strong>ts lances. Mon-<br />

seigneur Aymart de Pove xxv lances. Monseigneur<br />

de Camicam xxxv lances. Le capitaine Odet vingt<br />

lances.


8<br />

S<strong>en</strong>suyt laimee par mer , les g<strong>en</strong>tils hommes<br />

dAg<strong>en</strong>es quatre mille. Les g<strong>en</strong>tils hommes de Normandie<br />

quatre mille, et estoi<strong>en</strong>t tous pour la garde<br />

de Monseigneur dOrleans.<br />

Vivandiers deux c<strong>en</strong>t. Naves grosses xxiv. Galleasses<br />

grosses huyt. Capitaines de mer. Le duc dOrleans.<br />

Le Conte dAngoulesme. Le due de Nemours<br />

Le prince dOrange. Monseigneur de Vandosme. Le<br />

conte de Ligny. Le conte de Nevers. Monseigneur<br />

Dalebret. Le conte de Boulongne. Le grain Bastard<br />

de Bourgongne. Le grant Bastard de Bourbon. Le<br />

mareschal de Bourgongne. Le gouverneur de Cliampaigne.<br />

Le gouverneur de Bourgougne avec leurs<br />

compaignies qui sont quinze mille quarracques,<br />

utize galleras, deux c<strong>en</strong>t vingt et six gallees, a<br />

voille cinquante, brigantins soixante, fustes quatre<br />

vingis non comprinses les barques qui y sont sans<br />

nombre.<br />

Autre nombre de g<strong>en</strong>s dordonnance sans les dicts<br />

capitaines par mer. Mondict seigneur dOrleans c<strong>en</strong>t<br />

lances. Monseigneur de Foix cinquante lances. Monseigneur<br />

Graci<strong>en</strong> cinquante lances. Le baillif (le<br />

Dijon tr<strong>en</strong>te lances et trois mille Suysses. Monseigneur<br />

de Montaison tr<strong>en</strong>te lances. Monseigneur Dalegre<br />

quarante lances. Monseigneur de Chaumont<br />

tr<strong>en</strong>te lances. George de Silly tr<strong>en</strong>te lances. Castillon<br />

tr<strong>en</strong>te lances. Juli<strong>en</strong> Burinel tr<strong>en</strong>te lances.<br />

1.


1)<br />

Monseigneur de Vergy tr<strong>en</strong>te lances. Monseigntui<br />

I)armansy quarante lances.<br />

Dom Jehan tr<strong>en</strong>te lances.<br />

Andre de Lospital cinquante quatre lances. Monsei-<br />

gneur de la Place quarante lances. Le niaresehal<br />

de Bon rgongnc quarante lances.<br />

Monseigneur Daubigny c<strong>en</strong>t lances.<br />

Autre nombre Monseigneur de Lignv c<strong>en</strong>t lances.<br />

Monseigneur de la Trimouille cinquante lances.<br />

Monseigneur de Silly quarante lances.<br />

Monseigneur le gran t escuer quarante lances<br />

Monseigneur de Beaumont quarante lances.<br />

Monseigneur de Pi<strong>en</strong>nes cinquante lances.<br />

Monseigneur le prince d Orange quarante lances.<br />

Le seriesclial Darmiguac vingt-cinq lances<br />

Monseigneur Pierre de Bellefroritiere vingt Cinq<br />

lances.<br />

Despert de Bonneville vingt cinq lances.<br />

Et <strong>en</strong> tout ce pres<strong>en</strong>t nombre nest <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du que<br />

ceuix qui sont au gaiges du roy. Et comme le roy<br />

vouloit partir pour aller <strong>en</strong> son royaulme (le Naples<br />

une maladie print monseigneur J)es1uerdes, telle-<br />

m<strong>en</strong>t quil ne peut aller avec le roy, et fut ordonne<br />

qui1 retournast eu Picardie dont il estoit natif a<br />

cause que lair kw estoit plus sain. Et <strong>en</strong> retournant<br />

il mourut a la Bresle a trois l ieues de Lion. Le corps<br />

fut mis eti ung luiseau de plomb,<br />

et comme il asoit


'O<br />

commande estre porte a Boulougne sur la mer a<br />

cause qui1 avoit devotion a Nostre Dame de Boukngne<br />

ou il avoit <strong>en</strong> sa vie fait de grans bi<strong>en</strong>s et donne<br />

des lampes darg<strong>en</strong>t. Et pat' le commandem<strong>en</strong>t du<br />

roy on fist a son corps bel honneur <strong>en</strong> toutes les<br />

villes par ou il passoit. De sa mort fut le roy tres<br />

inarry, car il avoit este toujours de bon conseil<br />

et loyal.<br />

La religion et conv<strong>en</strong>t de lObservance de Lyon<br />

sur le Rosne fut fondee es faulxbourgs de la dicte<br />

ville au lieu des Deux Amans pres le chasteau de<br />

Pierresize lan mil quatre c<strong>en</strong>s quatre vingts et treize<br />

avant Pasques, et le xxv jour de mars qui est le<br />

jour de la feste de lAnnunciation dominicale, regnant<br />

<strong>en</strong> pontifical a Romme Alixandre pape sixiesme de<br />

ce nom.<br />

Et <strong>en</strong> fut le fondateur le roy Charles Ituytiesme de<br />

ce nom et ma dame Anne de Bretaigne royne de<br />

France, et fut fondee <strong>en</strong> Ihonneur de Dieu et de<br />

la Vierge Marie, Monseigneur sainct Francois et<br />

saincte Vrsule et tous les saincts et sainctes de pa-<br />

radis.<br />

Lequel conv<strong>en</strong>t fut nomme Nostre Darne des<br />

Anges. Le roy fist acheter la place et amortir tant <strong>en</strong><br />

sa chambre des comptes a Paris, que <strong>en</strong>vers les seigneurs,<br />

doy<strong>en</strong> et chapitre de sainci Jelian (le Lyon <strong>en</strong><br />

la seigneurie directe et justice desquels la dicte place


ii<br />

et maison estoi<strong>en</strong>t. Les dicts fondateurs nivr<strong>en</strong>t de<br />

leurs propres mains la premiere pierre <strong>en</strong> signe de<br />

tiltre et fondation de leglise, <strong>en</strong> laquelle pierre sont<br />

figurees et eslevees leurs armes, et est eseript dessoubs<br />

les dictes armes.<br />

JESUS MARIA<br />

KAROLUS OCTAVUS FUNI)ATOR HUJUS ECCLESLE<br />

DOMME NOSTL1 DE AriGELIS.<br />

ET ANN/t REGINA.<br />

MCCCC.XCIH.<br />

A ce estoit preserit a ceste fondation tres banit<br />

et puissant prince et seigneur monseigneur Loys<br />

duc dOrleans. Loys de Luxembourg conte de Ligny,<br />

Anguilbert monseigneur de Cleves, monseigeur Philebert<br />

fils de monseigneur le conte de Bagis de<br />

Bresse, monseigneur de la Tour conte de Boulongne,<br />

tres rever<strong>en</strong>d pere <strong>en</strong> Dieu messire Jehan Bail archevesque<br />

dAmbron et maistre Jehan dArly evesque<br />

dAngiers, confesseur du roy, docteur <strong>en</strong> theologie,<br />

lequel solemnellem<strong>en</strong>t eu pontifical fust et celebra<br />

la h<strong>en</strong>ediction de la dicte pierre, et messire Vcdast<br />

Urcoy doy<strong>en</strong> de sainct Martin de Tours et Andririn<br />

son frere , et autres.<br />

Aptes que le Roy eut <strong>en</strong>voye sa dicte armee tant<br />

par mer que par terre, partit de Lyon le xxix jour<br />

de juillet mil quatre c<strong>en</strong>t quatre vingts treize et


I<br />

l<br />

coinni<strong>en</strong>ca a marcher apres ce (jnil eut <strong>en</strong>voye son<br />

artillerie et choses necessaires comme pouidres,<br />

boulles de fonte, de pierres, de P1o1) de plusieurs<br />

sortes comme pour gros canons, comme bombardes<br />

et autres canons moy<strong>en</strong>s, grosses serpedtines non<br />

pareilles, grosses coulevrines et autres choses ser-<br />

vant a la dicte artillerie, comme clicvaulx, charet-<br />

tes, res et ris et <strong>en</strong>gins de toutes sortes. Pics de fer<br />

et dacier , fourches , pieds (le chievres agus et<br />

carres tr<strong>en</strong>chans, cordes de toutes soi-tes, grosses<br />

et communes, chanvres, <strong>en</strong>gins, ouvriers a faire<br />

les dictes cordes , autres okvriers pour servir <strong>en</strong><br />

tous autres estats la dicte artillerie, comme fon-<br />

deurs et maistres charp<strong>en</strong>tiers, maçons, pionniers,<br />

arbalestriers , archiers , car a la dicte artillerie y<br />

avait plusieurs tonueaulx de pouidre et arbalestres<br />

plates, arcs , chevrettes, pavois , tauldis, moulles<br />

de toutes sortes, guyndals, bos pour toutes choses<br />

servant a la dicte artillerie et plusieurs esclielles<br />

de boys et de cordes, quarres, poils, grues, cour-<br />

taulx , mortiers et tous autres <strong>en</strong>gins servant <strong>en</strong> telle<br />

oeuvre, de fer et boys a grant nombre rout et quarre<br />

pour asus, pour tauldis , pour hayris , pour pons.<br />

Encore plus , poix , cym<strong>en</strong>t , cuyvre, estaing<br />

soukiure et autre metal , fust, mousse, gallefreeiis<br />

et mariniers patronsfemmes et autres servans<br />

les dicts na\ire3, et plus <strong>en</strong>corc, ligues, reigles, pois,


13<br />

mesure, compas, ions et (lti's , manteau servant<br />

devant la dicte artillerie , alaisnes, esguilles<br />

anneaulx , serrures , serruriers , vivres de toutes<br />

sortes, breuvages, mareschaulx, cordiers, cables,<br />

tracts, licols, fillasses, estoupes, ferbiane, salepestre,<br />

souffre, charbon a fondre , charbon de saulx<br />

canfre, couperose, faiseurs de l)0u1d1e, habilleurs<br />

de luminaires , de bastons dartillerie, ressouldeurs<br />

de rompures de plusieurs sortes, cerpes, coignees,<br />

marteaulx, rnetaulx, <strong>en</strong>clumes.<br />

Toutes cordes comme fisselle et autre fil, vibrequins,<br />

advirons, masts, hunes, voilles de plusieurs<br />

sortes. Et estoit maistre de la dicte artillerie Guynot<br />

de Loisiers conseiller et maistre dhostel du roy et<br />

,lehan de la Grange son lieut<strong>en</strong>ant et controlleur<br />

et autres gratis personnages qui estoi<strong>en</strong>t avec la dicte<br />

artillerie comme commissaires, p1evost et autres<br />

g<strong>en</strong>s. Et depuis fut la dicte artillerie mise <strong>en</strong> bas-.<br />

teaulx et a terre au dict Lyon et partie pour aller<br />

sur mer et se r<strong>en</strong>dre ou le roy et son conseil avoit<br />

ordonne.<br />

Depuis monseigneur dOrleans, apres plusieurs<br />

compaignies passees les mons et estant <strong>en</strong> Piemont<br />

partit de Lyon avec plusieurs g<strong>en</strong>s de grant estat<br />

de la maison du roy comme chambellans, Enaistres<br />

dhostels et autres grans personnages p<strong>en</strong>sionnaires<br />

du roy qui eur<strong>en</strong>t les commissions daller au duc de


Ili<br />

Milan , a la seigneurie de V<strong>en</strong>ise, aux seigneurs de<br />

Flor<strong>en</strong>ce, a la seigneurie de Lusques, a Pise, a<br />

S<strong>en</strong>e, a Aigue, a Viterbe, a Romme et autres<br />

lieux au long des limites des dicts voyages dequoy<br />

le roy se pouvoit servir. Apres ce que le dict<br />

seigneur dOrleans accompaigne de grans g<strong>en</strong>s de<br />

bi<strong>en</strong> qui estoi<strong>en</strong>t avec lui eust este <strong>en</strong> Piernont il<br />

s<strong>en</strong> alla a G<strong>en</strong>nes avec larmec tant par terre que<br />

par mer, tant hommes darmes, arcliiers, arbales-<br />

triers, alemans et autres g<strong>en</strong>s a pied, que condui -<br />

soi<strong>en</strong>t ceuix qui cy apres seront nommes, comme<br />

Anguilbert monseigneur de Cleves, le baillif de<br />

Dijon et le grant escuyer de la royne, Bricet et<br />

autres leurs lieut<strong>en</strong>ans.<br />

Le mercredy vingtiesme jour daousi mil quatre<br />

c<strong>en</strong>t quatre vingts et treize a Vi<strong>en</strong>ne <strong>en</strong> Daulphine,<br />

ce jour monseigneur de Bourbon et madame<br />

de Bourbon sa femme et plusieurs autres<br />

grans seigneurs tant du sang royal que autres estant<br />

au dict lieu, fut ordonne et conclud le partem<strong>en</strong>t<br />

du roy pour aller <strong>en</strong> son dict voyage de Naples, apres<br />

tous conseils t<strong>en</strong>us tant pour celluy qui demouroit<br />

reg<strong>en</strong>t de France et les gouverneurs de ses pays,<br />

cest assavoir pour reg<strong>en</strong>t monseigneur de Bourbon.<br />

Pour gouverneur de Guy<strong>en</strong>ne monseignçur dAngoulesme.<br />

Pour gouverneur de Bourgongne monseigneur<br />

de Baudricourt. Pour Picardie et Normandie


15<br />

monseigneur de Graville admirai de France. Pour<br />

Champaigne monseigneur Dorval, et pour Bretaigue<br />

monseigneur dAvancourt et monseigneur de<br />

Rouan.<br />

Et toutes ces choses faictes et conclues le l<strong>en</strong>demain<br />

prind<strong>en</strong>t coiige le dict seigneur de Bourbon et<br />

ma dame et beaucoup dautres seigneurs, la Roync<br />

d<strong>en</strong>ioura avec le Roy et alla jusques a Gr<strong>en</strong>oble <strong>en</strong><br />

Daulphine.<br />

Le v<strong>en</strong>dredy xxu jour daoust le Roy et la Royne<br />

se partir<strong>en</strong>t de Vi<strong>en</strong>ne pour aller a Gr<strong>en</strong>oble et disner<strong>en</strong>t<br />

le Roy et la Royne a Viii<strong>en</strong>eufve et coucherein<br />

a la Coste Sainct Andry. Et la fur<strong>en</strong>t receus<br />

honorablem<strong>en</strong>t tant des g<strong>en</strong>s deglise et des nobles<br />

du pays avec les habitans de la ville.<br />

Le samedy xxiii jour daoust le Ro y et la Royne<br />

partyr<strong>en</strong>t de la Coste Saine Andry et s<strong>en</strong> aller<strong>en</strong>t<br />

disner a Rives et coucher a Gr<strong>en</strong>oble. Et la fur<strong>en</strong>t<br />

moult honorablem<strong>en</strong>t recrus; eglises et rues t<strong>en</strong>dues<br />

et parees, et fait plusieurs misteres sur eschaufu1x<br />

et aller<strong>en</strong>t au devant les seigneurs et prelats de leglise<br />

et nobles et les seigneurs et court de parlem<strong>en</strong>t<br />

du dict Gr<strong>en</strong>oble.<br />

Et aussi les bourgeois, marchans, manans et habitans<br />

de la dicte ville, qui estoit moult belle chose<br />

a veoir, car ils le receur<strong>en</strong>t moult noblem<strong>en</strong>t et<br />

joyeusem<strong>en</strong>t a bi<strong>en</strong> grant triumplie. Le Roy de-


16<br />

mouva au dict lieu de Gr<strong>en</strong>oble depuis le xxiii jinu'<br />

daoust jusques au vingt ncufviesme (lu dict moys.<br />

Et eu ces jours le Roy disposa de ses besongnes et<br />

affaires tant <strong>en</strong> conseil que <strong>en</strong> autres negoces touchant<br />

son voyage et partem<strong>en</strong>t de Naples comme<br />

dessus est dict <strong>en</strong> ordonnant plusieurs choses necessaires<br />

tant pour son dict voyage que autres. Et r<strong>en</strong>-<br />

voya tous ses chariots et charmes <strong>en</strong> France et<br />

grant quantite et nombre de mulets servans a tous<br />

offices de sa maison, comme pour chambre, chapelle,<br />

garde robe, paneterie tant de bouche (lue<br />

de commun , aussi pour cuisine de bouche et de<br />

commun , pour garde vaisselle (le bouche et de<br />

commun , pour tapisserie, pour fourrerie, pour<br />

chambellans, pour sommelerie, medicins, chantres<br />

et g<strong>en</strong>eralem<strong>en</strong>t pour tous ceuix de sa maison et<br />

domestiques, et fut nomme Guillaume le muletier<br />

de Lyon sur le Rosne capitaine des mulets du diet<br />

seigneur , et son frere son lieut<strong>en</strong>ant.<br />

Nota que au dici Gr<strong>en</strong>oble le roy et son conseil ordonner<strong>en</strong>t<br />

g<strong>en</strong>s saiges et de grant <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t pour<br />

subv<strong>en</strong>ir aux choses negociatoires pour le fait de<br />

son armee tant pour le fait du logis du roy, pour<br />

le train de sa maison que pour sa dicte armec.<br />

Et fut esleu ung noble homme et saige <strong>en</strong> tous<br />

estats, lequel estait conseiller cl maistre dhostel du<br />

roy nomme Pierre de Valletault dict Pierre Loys.


17<br />

Cestuy Pierre Loys grant rnareschal des logis de<br />

toute larrnee et du logis du roy bailloit par escripi<br />

tous les lieux tant villes , cliasteaulx., bourgs que<br />

villages par grant Curiosite et dilig<strong>en</strong>ce, car il narroit<br />

la situation des dicts logis comme sus estoi<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

plaine ou <strong>en</strong> valice ou pres de prez, de boys, de<br />

grosses villes ou de nier, et a combi<strong>en</strong> les compai-<br />

gnies estoi<strong>en</strong>t les unes des autres. Et tout bailloit<br />

par etiquets <strong>en</strong> la pres<strong>en</strong>ce des marescliaulx de<br />

France le roy pres<strong>en</strong>t, qui fut une chose de moult<br />

grant estime et grant soing touchant la dicte armee.<br />

Au surplus le roy et le conseil ordonnereut prevosts<br />

des mareschaulx tant pour larmce que pour sa mai-<br />

son, et ordonna plusieurs maistres dhostcls de sa<br />

maison qui eur<strong>en</strong>t la charge daller aux villes pour<br />

parler aux seigneurs et gouverneurs des dictes villes,<br />

pour les ouvertures et vitailles servant a lance et<br />

au roy, lesquels se nommeront cy apres, mais ceulx<br />

touchant les buires scsi oit .Jehan du chastcau Dreux,<br />

Herve du Chesnoy, monseigneur de Mambranche<br />

Adrian de Lisle Adam, qui bi<strong>en</strong> servir<strong>en</strong>t le roy tou-<br />

chant leurs charges et aydes des commissaires des<br />

villes commis de par la seigneurie du lieu la ou<br />

sestoit.<br />

Autres maistres dliostels qui fur<strong>en</strong>t esleus pou i•<br />

aller es villes comme solliciteurs de par le roy et<br />

aussi comme commissaires du dici seigneur et g<strong>en</strong>s<br />

sages.<br />

2


18<br />

Cest assavoirielian de Cordomme dictiehan Fraii<br />

cois de par le roy a Flor<strong>en</strong>ce. Charles de brallat a<br />

Germe, Rigault 1)ozeilles a Milan, Gaucher de Tinteville<br />

a S<strong>en</strong>e la Vielle, Adrian de Lisle Adam a Pise.<br />

Autres grans personnages fur<strong>en</strong>t <strong>en</strong>voyes <strong>en</strong> ambassade<br />

de par le roy avant le part<strong>en</strong>i<strong>en</strong>t et depuis<br />

le parLem<strong>en</strong>t du roy. Monseigneur de la Trimouille<br />

fut <strong>en</strong>vove par devers le roy des Rommains, et Lucas<br />

au seigneur Ludovic , monseigneur du Boschage<br />

aux V<strong>en</strong>issi<strong>en</strong>s, monseigneur Darg<strong>en</strong>ton acompaigne<br />

de monseigneur de Montsareau son Frere a Romme,<br />

monseigneur Daubigny et plusieurs autres qui ont<br />

servy le roy <strong>en</strong> tel estat par grant prud<strong>en</strong>ce, comme<br />

au Pape levesque dutung, monseigneur le g<strong>en</strong>eral<br />

dc Bidault, monseigneur le gdneral de Languedoc<br />

et autres comme le presid<strong>en</strong>t de Gaina y , lequel a<br />

servy tres bi<strong>en</strong> le roy <strong>en</strong> tout ce quil la voulu em-<br />

ployer <strong>en</strong> loflice de chancelier.<br />

Et pour ce que plusieurs desir<strong>en</strong>t scavoir les noms<br />

de ceulx qui servir<strong>en</strong>t le roy eu armes de corps et<br />

de bi<strong>en</strong>s pour ceste cause, je nommeray une partie<br />

ou la plus grande part de ceulx qui sont de la par<strong>en</strong>te<br />

du ros. Premierem<strong>en</strong>t monseigneur dOrleans<br />

nonobstant quit dernoura <strong>en</strong> Piemont et non sans<br />

cause.<br />

Monseigneur de Montp<strong>en</strong>sier. Mons. Philippe de<br />

Sao'e. )dr)I1S. d Fnix. \lons. (le Liixemhurg.<br />

4


19<br />

Mous, de la Ti'imouille. Mous. (lUl)igt)y. Mous. de<br />

Myolans. M. de V<strong>en</strong>dosme. Angilbert monseigneur<br />

de Cleves. Mous. le mareschal de Rieux. Mous. le<br />

mareschal de Gie. Mous. de Pi<strong>en</strong>nes. Mons. de lEspare.<br />

Le marquis de Saluce qui demoura <strong>en</strong> Piemont.<br />

Autres non de lordre. Monseigneur de Ligny.<br />

Mous. de Lisle. Mous. le prevost de Paris. Mous. le<br />

S<strong>en</strong>eschal de Beaucaire. Aussi plusieurs varlets de<br />

chambre, comme monseigneur de Barsac lequel le<br />

roy r<strong>en</strong>voya avec la royne. Jehan de Pouqucre. Le<br />

baillif de Berry. Jehan monseigneur de Bourdillon.<br />

George, 1Iichau1t Diion, Paris et plusieurs autres,<br />

comme Gabriel le maistre de la garde robe qui<br />

mourut a Naples, escuyers de cuysine, varlets tr<strong>en</strong>chants,<br />

panetiers, eschancous, <strong>en</strong>fans dhonneur,<br />

liuyssiers darmes, huyssiers de chambre, huyssiers<br />

de salle, huyssiers (le cuvsiiie, portiers, taboui'ineurs<br />

, liarp<strong>en</strong>rs et joueurs de cornets et ceuix qui<br />

avoi<strong>en</strong>t bon corps pour faire saulx et souplesses.<br />

Les maistresdhostels. Premierern<strong>en</strong>t. Jchau Francois<br />

nomme Jehan Cardanne chevalier. Charles de<br />

Brillac chevalier. Rigault Dozeilles chevalier, Guinot<br />

de Lousiers chevalier et maistre de son artillerie. Le<br />

baillif (le Sainct Pierre le Monstier. Monseigneur le<br />

maistre Chandiot qui eut la charge de par le roy n<br />

Naples de v<strong>en</strong>ir par mer dedans la grani. nav <strong>en</strong><br />

France pour garder et conduyre plusieurs choses


•20<br />

(lui estoi<strong>en</strong>t dedans la dicte nav, ainsi que le roy Iuy<br />

avoit <strong>en</strong>charge. Monseigneur le bailhif de Vitry. Jehannot<br />

du Tertre baron de Biay et maitre dhostel<br />

du roy, Gauche de Tinteville. Peron Levache.<br />

Pierre de Valetault dit Loys, Adrian de Lisle Adam.<br />

Mous. de Mambranche. Pierre de la Porte. Jelian<br />

Dannoy. Guillaume (le Vihl<strong>en</strong>eut've. Les deux de<br />

Susanne Girault et Charles, lesquels demourer<strong>en</strong>t de<br />

par le roy solliciteurs es pays de Naples Mons. de<br />

la Brosse. Honnore du Chiel. Jehan de Chasteaudr<strong>en</strong>.<br />

Herve Duchesnoy Turquet, lequel fut fait a<br />

Romme prevost de ihostel du roy, et lautre prevost<br />

s<strong>en</strong> retourna de Romme. Regne Perraut et Jehait<br />

l)usau.<br />

Des autres principaulx officiers domestiques et<br />

ordinaires de lhostel du roy, la plus part r ont este<br />

comme paneteriede bouche et de commun, Eschianconnerie,<br />

cuysine, garde robe, vaisselle, fourriere,<br />

tapissiers, serfs de leaue, clercs doffices, chambre<br />

aux d<strong>en</strong>iers, escuyers de cuysine, de bouche et de<br />

commun qui se nommeront quant temps et besoing<br />

sera.<br />

Le v<strong>en</strong>dredy vingt et neufviesme jour du moys<br />

daoust, le roy s<strong>en</strong> partit apres la messe ouye de Gr<strong>en</strong>oble<br />

et print conge de la royne et des seigneurs qui<br />

s<strong>en</strong> retournoi<strong>en</strong>t <strong>en</strong> France avec la rovnc, et alla le<br />

roy disne y a la Mure <strong>en</strong> [)aulpbine, ung petit bourg


qtn est a monseigneur de Dunois, et apres disner<br />

alla coucher a Ery <strong>en</strong> Daulphine, qui est une petite<br />

ville ou le roy fut receu honorablem<strong>en</strong>t selon leur<br />

pouvoir et puissance, et coucha a lescu de France.<br />

Sarnedy tr<strong>en</strong>ticsmc jour daoust le roy se partit<br />

de Ery apres la messe ouye, et alla disner a Sainct<br />

Bonnet et coucher a Gap <strong>en</strong> Daulphitie, le roy y fut<br />

honorablem<strong>en</strong>t receu par les seigneurs de leglise,<br />

nobles du pays et autres g<strong>en</strong>s, et fut loge <strong>en</strong> ihostel<br />

de levesque du dict Gap pres la grant eglise cathedraie,<br />

et <strong>en</strong> icelle maison fut trouve le premier<br />

escorpion estant <strong>en</strong> une vielle muraille.<br />

1)ym<strong>en</strong>che xxxi jour daoust, le roy apres ouyr<br />

messe se partit de Gap et alla disner a Sorpes et<br />

coucher a Nostre Dame dArnbrun et fut moult<br />

honorablem<strong>en</strong>t receu de tous estats et logea chez<br />

levesque d4rnhrun qui estoit <strong>en</strong> ambassade pour le<br />

roy devers le pape.<br />

Lundy premier jour de septembre, le roy ouyt la<br />

grant messe devant Nostre Daine dAnibrun ou estoi<strong>en</strong>t<br />

ses chantres <strong>en</strong> grant ti'iumphe. Et apres la<br />

messe ouye alla disner a Saint Crespin et coucher a<br />

Briancon ou il fut moult honorablem<strong>en</strong>t receu de<br />

tous les estats du dict pays, cest assavoir leglise,<br />

noblesse et labeur, et l'ut le roy loge hors de la ville<br />

cii une des belles maisons et hostelleries de France.<br />

Mardi deuxiesme joui' du dict mo ys de septembre,


le roy partit de Briancon apres qui1 eut ouy messe<br />

et alla disner a Susanne et coucher a la Prevoste<br />

Doree, et la luy fut monstre ung homme natif des<br />

pays de Poule, lequel estoit accuse de estre des gratis<br />

maistres de ceuix de la Vaupute, car il avoit este<br />

prins <strong>en</strong> la dicte Vaupute, ce quil nyoit et disoit que<br />

il avoit deux fils marchans, lesquels estoi<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

pays de France, et que il les cherchoit. Toutes fois<br />

le soir que il fut prins, il fut preseute au roy , et le<br />

laissa le roy et reinist a leur discretion et jugem<strong>en</strong>t.<br />

Mercredy troisiesnie de septembre, le roy partit<br />

apres messe oue de la Prevoste Dorce et alla disuer<br />

a Chaumont et coucher a Suize <strong>en</strong> Savoye, et la<br />

fit receti de par nia (lame la duchesse de Savoyc,<br />

par les g<strong>en</strong>s de leglise, nobles et autres g<strong>en</strong>s de la<br />

ville, et autre peuple v<strong>en</strong>u au dict Suize pour veoir<br />

le roy, et estoi<strong>en</strong>t les rues t<strong>en</strong>dues comme on fait<br />

eu France a l<strong>en</strong>tree de quelque grant prince.<br />

Jeudy quatriesme jour de septembre, le roy apres<br />

OU\ r messe partit de Suize et alla disiier a Sainct<br />

Jous et coucher a Villaigue <strong>en</strong> Piemont, auquel lieu<br />

fut receu , comme <strong>en</strong> France <strong>en</strong> grant honneur et<br />

solemnite, des g<strong>en</strong>tils hommes et liabitans du dict<br />

lieu, avec plusieurs peuples (les dicts pays lesquels<br />

estoi<strong>en</strong>t v<strong>en</strong>us pour veoir le dict roy.<br />

V<strong>en</strong>dredy cinquiesrne jour de septembre, le roy<br />

partit apres qui1 eut ouv messe cl s<strong>en</strong> alla disner


souper et coucher a Turin ou il y eut grant solemfiLe<br />

et feste de par la duchesse et des princes et<br />

seigneurs du pays de Savoyc, car toutes les rues<br />

estoi<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>dues, a force de misteres, depuis le<br />

comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t des fauxlbourgs jusques au chasteau<br />

du dictTurin, et au diet chastcau logea le roy, et la fut<br />

receu par la dicte duchesse de Savoye et par le petit<br />

duc estant lors eu vie. Et la le roy disposa de plusieurs<br />

de ses besongues tant avec la Duchesse comme<br />

avec monseigneur de Bresse touchant son voyage,<br />

laquelle daine iny offrit tous ses pays, ports et passages,<br />

villes et chastcaulx , g<strong>en</strong>s (larmes a cheval et a<br />

pied. Aibalestriers, <strong>en</strong>faus a pied a la guise du pays<br />

et <strong>en</strong> grant nombre. Et fist la dicte dame 1)011 recueil<br />

au roy et a ses g<strong>en</strong>s darmes, car par tout le pays de<br />

Piemont le roy et ses g<strong>en</strong>s darrnes ont este bi<strong>en</strong><br />

traictes a ]aller et au v<strong>en</strong>ir. Samedy sixicsme jour de<br />

septembre, le i'oy apres quil eut ouy messe a Turin<br />

disua et s<strong>en</strong> alla coucher a Quiers <strong>en</strong> Piemont. La<br />

fut le roy receu tres honorablem<strong>en</strong>t par les g<strong>en</strong>s de<br />

ma daine la Duchesse de Savoyc et vindr<strong>en</strong>t au<br />

devant du roy les seigneurs de leghise, les nobles du<br />

pays, bourgeois, marchands et plusieurs autres du<br />

pays, car se seust este a Paris si <strong>en</strong> avoit il beaucoup<br />

et bi<strong>en</strong> acoustrez, et les rues t<strong>en</strong>dues par toute la<br />

ville, le poille sur le rov comme <strong>en</strong> France. Et devez<br />

scavoir que ce fust une des belles eut tees (le prince


que Ion veit pieca, car tout estoit t<strong>en</strong>du de tapisserie<br />

et autres draps de soye, de layne et linge, a grant<br />

nombre de misteres sur cschaufaulx, et <strong>en</strong> especial<br />

fut ihystoire de la victoire du roy Clovis et le changeru<strong>en</strong>t<br />

des trois crapauh a trois fleurs de lis. Et <strong>en</strong>tre<br />

autres choses y eut une acouchee au dict Quiers que<br />

les dames am<strong>en</strong>er<strong>en</strong>t sur ung eschaufaulx le rnieulx<br />

aorne que ion scauroit dire, tant le lict (le lacouchee,<br />

que les pans, courtines, tappis et autres choses servant<br />

a gesine. Et devant son lict son <strong>en</strong>fant, se sceut<br />

este le propre <strong>en</strong>fant du roy il cstoit honnestem<strong>en</strong>t<br />

il y avoit une couverture de satin. Aux quatre bouts<br />

p<strong>en</strong>doi<strong>en</strong>tt, quatre houppes de fils (10v tout fournys<br />

de perles et des deux cosies de la dicte gisant deux<br />

oreilliers de drap dor Iburnis de houppes comme<br />

dit est devant. ku regard de lacoustrem<strong>en</strong>t des<br />

dames et damoiselles et autres femmes , jamais<br />

homme ne le crovroit se il ne lavoit veu. A 1heure<br />

que le roy passa oultie il trouva dauties misteres<br />

tres excell<strong>en</strong>s, et devant son logis il Ni avoit trois<br />

femmes (le beaiilte nompareilic. Au regard des habiliezu<strong>en</strong>s<br />

ce estoit chose inestimable et moult<br />

riche. Et pres<strong>en</strong>ter<strong>en</strong>t les dictes femmes au roy<br />

plusieurs dictons moult auct<strong>en</strong>hiques comme si<br />

sestoi<strong>en</strong>t sihilles ou dcesses. Et le beau chapelet<br />

joyeux avec toute obeissance de corps et de bi<strong>en</strong>s,<br />

et fut ic roy loge chez messire Jeban de Soullier<br />

chevalier bon et honneste homme.


25<br />

Environ le moys de septembre au dict an, vint a<br />

Paris ung religieux de ]Observance m<strong>en</strong>ant saincte<br />

vie nomme frere Jchaii Tisserant, natif de Bourg <strong>en</strong><br />

Bresse, compaignon de frere Jehan Bourgeois aussi<br />

de lObservance, lequel avoit baptise monseigneur le<br />

l)aiilphin, et estoit frere Jehan Bourgeois a Lyon<br />

<strong>en</strong> tiiig conv<strong>en</strong>t de lObservance nouvellem<strong>en</strong>t fonde<br />

pres duiig lieu nomme Vaise, dont le roy et la<br />

ioyne fur<strong>en</strong>t fondateurs comme dessus est dict.<br />

Cestuy frere Jehan Tisserant prescha a Paris si<br />

bi<strong>en</strong> que a ses sermons se convertir<strong>en</strong>t plus de c<strong>en</strong>t<br />

povres filles pecheresses, les quelles il instruit si bi<strong>en</strong><br />

quil <strong>en</strong> fonda une religion <strong>en</strong> la ville de Paris, etflst<br />

tant que ou leur donna une partie de la maison<br />

dOrleans, <strong>en</strong> la quelle les dictes filles sont a pres<strong>en</strong>t.<br />

Apres ce, le dict frere Jehan Tisserant alla a Lyon<br />

ou il prescha et y fist sa resid<strong>en</strong>ce, et fmablem<strong>en</strong>t<br />

y mourut et fut <strong>en</strong>sevely dedans le chapitre du dkt<br />

conv<strong>en</strong>t de iNostre Dame des Anges pres Vaise.<br />

En ce temps v<strong>en</strong>erable pere frere Jehan Bourgeoys<br />

de ]ordre de lObservance trespassa le jour de sainct<br />

Loys de lordre des Freres Mineurs, <strong>en</strong> octave de<br />

lAssumption Nostre Dame, lan mil quatre c<strong>en</strong>s<br />

nonante et quatre , il estoit homme de bonne conversation<br />

et de saincte vie, lequel baptisa monseigneiir<br />

le I)aulpbin premier fils du ro Charles liuvliesiile.<br />

Il fut <strong>en</strong>terre au conv<strong>en</strong>t de Nostrc 1)amc des


Anges les Lyon <strong>en</strong> son conv<strong>en</strong>t, et est aore et prie<br />

comme corps sainct, et y a <strong>en</strong>tour sa sepultuie<br />

plusieurs veux de cire portez par la devotion des<br />

g<strong>en</strong>s, lesquels ont grant fiance <strong>en</strong> luy.<br />

Comm<strong>en</strong>t le roy r<strong>en</strong>tra <strong>en</strong> France le veudredy<br />

XXIH jour doctobre MCCCCXCIV. Le roy fist chanter la<br />

messe au dict Suize , puis alla disner et souper à<br />

Briancon, et ce dict jour repassa son artillerie de<br />

Savoyc <strong>en</strong> Daulphine.<br />

Samedy xxiv jour doctobre, le roy ouyt messe a<br />

Briaticon et alla disner et coucher a Nostre Dame<br />

d AmI)rUfl.<br />

Dym<strong>en</strong>che xxv jour du dict moys, le roy fisi<br />

chanter sa messe devant Nostre Daine dmbruu<br />

et la fist ses offrandes <strong>en</strong> la regraciaiit du bi<strong>en</strong><br />

quelle Iuy avoit fait de luv avoir donne victoire<br />

<strong>en</strong>contre ses <strong>en</strong>n<strong>en</strong>lys, et -race davoir paracheve<br />

son <strong>en</strong>treprinse a son grain honneur. Puis alla<br />

disner a Saume et coucher a Gap.<br />

Luncly xxvi jour doctobre, apres la messe le roy<br />

parti[ de Gap et fut disiier a Saint Eïibe, auquel lieu<br />

vindr<strong>en</strong>t les g<strong>en</strong>s des paroisses tant hommes que<br />

femmes et <strong>en</strong>fans pour luy faire honneur et rever<strong>en</strong>ce.<br />

Et apres disner fir<strong>en</strong>t au logis du ro\ dances,<br />

eshat<strong>en</strong>icus et autres joy<strong>en</strong>setes pour la grant joye<br />

( fulls avoi<strong>en</strong>t du retour du lion ro. Et ce fait il<br />

Partit du di -et lieu de Saint Exibe et alla coucher


la Mure et y arriva bi<strong>en</strong> tard. Mardy xxxii jour<br />

doctobre, le roy separtit de la Mure apres qu'il eut<br />

ouy messe, puis alla disner a Tault, et apres disner<br />

a Gr<strong>en</strong>oble. Ce dict mardy le roy, <strong>en</strong>viron vespres,<br />

arriva a Gr<strong>en</strong>oble, du quel lieu vindr<strong>en</strong>t au devant<br />

(le luy tous les seigneurs de la ville tant de leglise<br />

comme seculiers pour faire Ihonneur quon Iny<br />

devoit faire , et fut recueilly diceulx <strong>en</strong> la nianiere<br />

acoustumee, auquel lieu le roy disposa de ses<br />

affaires, puis iuy survint quelque petite maladie<br />

tellem<strong>en</strong>t quil convint <strong>en</strong>voyer querir rnediciiis par<br />

tous cartiers, car son bon medicin estoit trespasse.<br />

Toutefois devant que les medicins fuss<strong>en</strong>t v<strong>en</strong>us<br />

il comm<strong>en</strong>ca guerir par la grace de Dieu, et ne fut<br />

mal a son aise que trois ou quatre jours, non sans<br />

cause, car il av oit souffert <strong>en</strong> son voyage a mon<br />

advis autant de peine, de travail, (le soussy, de<br />

chagrin et dautres choses que peuit avoir un prince<br />

qui ayme son honneur comme il faisoit<br />

pourroit ne scavoir faire homme vivant au inonde,<br />

e, pour raison de ce oit autres raisons 11ecessaires<br />

a la conduicte de son faict , sejourna au dict lieu<br />

depuis le xxvii jour doctobre jusques au quatriesme<br />

de novembre que son train tyra vers Lyon.<br />

Mercredy iv jour de novembre, le roy apres la<br />

messe ou ye partit de Gr<strong>en</strong>oble et alla (l,sner n<br />

Sainct Ramberi et coucher a Motain.


•Jeudy y jour de novembre le roy partit de Morain<br />

apres la messe ouye et alla disner a Sillon et coucher<br />

a la Coste Sainct Audry.<br />

V<strong>en</strong>dredy vi jour de novembre le roy partit<br />

apres la messe ouye de la Coste Sainet Andry, puis<br />

fut disner a ung lieu appelle Chatronay et coucher<br />

pres de Lyon.<br />

Comm<strong>en</strong>t le roy fist sa seconde <strong>en</strong>tree a Lyon sur<br />

le Rosne a son retour de Naples.<br />

Sarnedy septiesme jour de novembre, le roy apres<br />

la messe alla disner a V<strong>en</strong>issiere et coucher a Lyon.<br />

Il est assavoir que de Lyon sortir<strong>en</strong>t les manans et<br />

habitans pour le veoir et recueillir ainsi quil appart<strong>en</strong>oit.<br />

Premierem<strong>en</strong>t les prelats, contes, chanoynes<br />

de sainct Jehan de Lyon, avec tous autres prestres,<br />

chanoines et curez de la dicte ville, les quatre m<strong>en</strong>diaus<br />

et autres religieux, tous revestus dornem<strong>en</strong>s<br />

sum1)tueux, portans reliquaires, chasses, fiertes et<br />

autres prccieuses reliques, lesquels \indrcnt faire la<br />

rever<strong>en</strong>ce au roy, ainsi quil est acoustume de faire<br />

<strong>en</strong> tel cas.<br />

Apres vindr<strong>en</strong>t les gouverneurs de Lyon tant de<br />

justice que autres, acompaignes de grans et riches<br />

marcans et plusieurs autres g<strong>en</strong>s, et fur<strong>en</strong>t faire la<br />

revcr<strong>en</strong>cc et le bi<strong>en</strong> veignant au roy, lequel estoit<br />

oultre le pont de Rosne ou il faisoit pour son plaisir<br />

couic la lance a deux ou trois de ses mignons.


1<br />

29<br />

Apres sortir<strong>en</strong>t les <strong>en</strong>fns de Lyon , cest assavoir<br />

les riches natifs de la ville, niontez, bardez, acoustres<br />

de chaines, bagues, joyaulx et autres singularites le<br />

micuix que lon avoit jamais veu, et tous vestus et<br />

habillez de gratis et larges savons long comme<br />

lautre, les quels il faisoit beau veoir.<br />

Et quand cliascun eut fait la rever<strong>en</strong>ce, le roy<br />

fist marcher, chascun <strong>en</strong> son ordonnance dedans la<br />

ville, la quelle estoit par toutes les rues ou il<br />

devoit passer, t<strong>en</strong>due, tapissee, garnie et accoustree,<br />

le plus sumptueusem<strong>en</strong>t quon avoit sceu faire, de<br />

grans tapisseries et autres choses moult belles.<br />

Par la porte du pont de Rosiie ou il passa, aussi<br />

par tous les carrefours ou il devoit passer, y avoit<br />

escliaufaulx, misteres et hystoires avec leurs dicts<br />

et s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ces par escript.<br />

Par plus de c<strong>en</strong>t lieux y avoit au travers des rues,<br />

peudaus <strong>en</strong> lair, escussons fais a la mode de Ytalic,<br />

<strong>en</strong>vironnes de gros chapelets de fleurs et autres<br />

verdures joyeuses, dedans lesquels escussons estoi<strong>en</strong>t<br />

(lung coste les armes de France et (le lau tue coste les<br />

armes de Jerusalem, et pardessus cstoit la couronne<br />

du Lierre imperial magnifiquem<strong>en</strong>t, fait.<br />

Ainsi <strong>en</strong>tra le roy avec toute sa noblesse moult<br />

bi<strong>en</strong> accompaigric de tous ses g<strong>en</strong>s darmes tant<br />

archers, g<strong>en</strong>tils hommes, p<strong>en</strong>sionnait-es , que de<br />

tous autres domestiques, triuinphant <strong>en</strong> victoire<br />

-


30<br />

glorieux <strong>en</strong> gestes, non pareil <strong>en</strong> magnific<strong>en</strong>ce et<br />

immortel <strong>en</strong> excell<strong>en</strong>ce.<br />

En ce temps vindr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> France plusieurs des<br />

g<strong>en</strong>s du roy, les quels avoi<strong>en</strong>t une maniere de maladie<br />

que aucuns appelloicut la grant gorre, les autres la<br />

grosse verolle et aucuns la maladie de Naples, a cause<br />

que les Francois v<strong>en</strong>ant de Naples <strong>en</strong> estoi<strong>en</strong>t<br />

malades dont on fut bi<strong>en</strong> esbahv <strong>en</strong> France, et<br />

disoit on que les Lombards avoi<strong>en</strong>t este inv<strong>en</strong>teurs<br />

de ceste maladie pour se v<strong>en</strong>ger des Francois.<br />

Le roy estant a Lyon se logea au logis de lrchevesque<br />

de Lyon pies leglise de Sainct Jeban, au quel<br />

lieu le att<strong>en</strong>doit la royne, ma dame de Bourbon et<br />

plusieurs autres gratis dames des quelles il fut receu<br />

moult singulierern<strong>en</strong>t. Et quant il eut este a Lyon<br />

ung petit de temps pour se reposer, il donna aux<br />

eglises de la dicte ville pour faire des cloches lartillerie<br />

quil avoit am<strong>en</strong>ee de Naples, qui estoit nue<br />

chose merveilleuse a veoir. II <strong>en</strong> donna aux Cordeliers,<br />

aux Jacobins, aux Carmes et a lObservance<br />

dont on fist de belles cloches es dicts lieux.<br />

Puis il se delibera de aller remercier le glorieux<br />

patron de France monseigneur Sainct D<strong>en</strong>is <strong>en</strong><br />

<strong>en</strong>suyvant les coustuînes anci<strong>en</strong>nes, et remettre les<br />

corps saines de la dicte eglise <strong>en</strong> leurs places acoustumees,<br />

dont ils avoi<strong>en</strong>t estes ostezet mis sur legrant<br />

autel du cueur de leglise , durant son voyage et<br />

LI


3!<br />

durant le temps il y eut Iousjours grant lumiere de<br />

cire ardant, et les religieux p<strong>en</strong>dant ce temps fir<strong>en</strong>t<br />

priere et oraison pour la prosperile et saute du roy<br />

Charles estant <strong>en</strong> son voyage de Naples.<br />

En cestuy an mil quatre c<strong>en</strong>s quatre vingts et seize<br />

fut eslevee une chapelle aSainct Rocli, le quel Sainct<br />

Roch est requis Contre boce et epidemie et contre<br />

fouidre et tempeste qui depuis a Lyon sur le Rosne a<br />

este bi<strong>en</strong> requis , et on y a fait plusieurs ymages du<br />

dict Sairict et une chapelle foudce aux Jacobins, belle<br />

et honorable. Au dict an <strong>en</strong>viron, les roys pr<strong>en</strong>ant<br />

miliaire francois devant Pasques, a Paris lcau fut<br />

merveilleusem<strong>en</strong>t grande, tellem<strong>en</strong>t que <strong>en</strong> plusieurs<br />

lieux de la ville on ne pouvoit passer, et disoit on<br />

que ce Uust par tout, car a Lyon elle fut ainsi,<br />

si fut elle a Romme parquoy estoit chose universelle.<br />

Le roy eut nouvelles que la ville de Naples avoit<br />

este reprinse par le duc de Calabre roy de Naples, a<br />

cause que son pere estoitinort. Des quelles nouvelles<br />

fut le roy bi<strong>en</strong> marry , mais les habitans de la dicte<br />

ville Cir<strong>en</strong>t la trahison. Et pour v<strong>en</strong>ger loultrage que<br />

les Lombards et Napolitains lu y avoi<strong>en</strong>t fsict , il se<br />

disposa dy retourner et se v<strong>en</strong>ger de la grant trahison<br />

quon luy avoit faicte.<br />

Au rnoys de may fur<strong>en</strong>t faictes joustes et tournoys<br />

a Lvon , ou le roy estoit tonsjours premier arme de


3<br />

pied <strong>en</strong> cap lespee au poing <strong>en</strong> tres belle ordonnance.<br />

On jousta <strong>en</strong> la Gr<strong>en</strong>ette devant les Cordeliers. Et<br />

estoit la rone dessus la porte avec les dames et damoiselles<br />

<strong>en</strong> ung jardin plain de lis blancs et jaunes,<br />

et dessus le dict jardin avoit ung bras a une<br />

manche de taffetas blanc scrnee dermines, la main<br />

estoit darg<strong>en</strong>t et le pouce dor, la quelle t<strong>en</strong>oit une<br />

chantepleure, cest ung pot de terre plain de perthuys<br />

dessoubs, dont on arrouse les jardins. Et dessoubs<br />

cestuy jardin y avoit une porte de boys et deux tours<br />

couvertesde damas gris et compassez de petits rub<strong>en</strong>s<br />

de soye blanche, qui sembloit que ce fust pierre de<br />

taille. Et fut le dict damas donne aux Cordeliers,<br />

dont ils fir<strong>en</strong>t des chappes pour leglise.<br />

Les inanteaulx de la porte estoi<strong>en</strong>t couvers de satin<br />

jaune. La ferreure et serreure estoit (le satin bleu, et<br />

sembloit que ce fust une porte fermant a veoir de<br />

loiiig. Et par la passoy<strong>en</strong>t ceulx qui t<strong>en</strong>oy<strong>en</strong>t les r<strong>en</strong>s<br />

lesquels estoi<strong>en</strong>t dedans la closture des Cordeliers.<br />

Le reste estoit si bi<strong>en</strong> faiet que merveilles.<br />

En la rue de la ,Juifrie y fut pareillem<strong>en</strong>t faitjouste,<br />

et sortoy<strong>en</strong>t ceuix qui t<strong>en</strong>oi<strong>en</strong>t les relis hors de une<br />

nef couverte de drap dor. Puis <strong>en</strong> ung autre lieu<br />

nomme le Palet ou estoit une montaigne dont<br />

sortoi<strong>en</strong>t ceulx qui t<strong>en</strong>oi<strong>en</strong>t les r<strong>en</strong>s. Et tousjours le<br />

roy estoit premier et dernier <strong>en</strong> bataille faisant de<br />

beaulx faicts darmes. Et dura trois jours. Et les


33<br />

seigneurs par les rues la ou ils se r<strong>en</strong>colitroi<strong>en</strong>t fai-<br />

Soi<strong>en</strong>t trois coups despees tant a pied que a cheval<br />

car apres <strong>en</strong> plusieurs lieux de la dicte ville fur<strong>en</strong>t<br />

f'aictes toutes sortes de joustes. Et y estoit monseigneur<br />

de Dunois petit et jeune qui selon sa jeunesse<br />

faisoit de beaulx coups.<br />

En la Greiiette , <strong>en</strong> la Jurie et au Palet fut <strong>en</strong><br />

signe de memoire fait trois pilliers de pierre ou fut<br />

escript et grave aux dicts pilliers ce qui s<strong>en</strong>suyt.<br />

NE VIRTUS LARGUER-ET INERS DUM BELLA<br />

QUIESCUNT.<br />

IPSE AIIM I.S TOTA PROCERES AGITABAT IN URBE CAROLUS<br />

ET MAGNI BELLA SIMIILACIIRA SCIEBAT.<br />

PRIMUS IN ADVERSIS ACIE POSTIIEMUS ABIIIAT.<br />

TRIS STETIT ILLE DIES DONEC SECUNDAT APOLLO.<br />

RT MINIMA QUOSCUNQUE MANU SED PECTORE FORTI.<br />

PBOTUL1T ATQUE ILLI BEMUM FINALITER VICTORIA<br />

CESSL<br />

VIRTUTIQUE SACRUM MANET PER SECULA<br />

TR0PIIEUM.<br />

Le roy estant a Lyon partit pour aller a Moulins,<br />

cause daucunes joustes quon y faisoit a cause de ung<br />

mariage comme on disoit, aux quelles joustes fut le<br />

roy avec son train tant g<strong>en</strong>tils hommes que autres.<br />

Et de la alla <strong>en</strong> France.<br />

3<br />

n


3<br />

Lait mil quatre c<strong>en</strong>s quatre vingts et dix huit le<br />

roy estant au chasteau dÂniboise ou il 'ut, ne fut<br />

prins dung caterre <strong>en</strong> telle facon que il mourut le samedv<br />

veille de Pasques flories, sep1ieme jour davi'il<br />

<strong>en</strong>viron n<strong>en</strong>i' heures du soir apres souper comme<br />

on disoit , qui fut une chose bi<strong>en</strong> soubdaine dont<br />

grans et petits fur<strong>en</strong>t Ires dol<strong>en</strong>s et despiaisans et le<br />

royaulme bi<strong>en</strong> esl)ahy clavoir perdu ung tel roy, que<br />

quant ses <strong>en</strong>netuys chresti<strong>en</strong>s ou infideles oyoi<strong>en</strong>t<br />

parler de luy ils tiembloi<strong>en</strong>t et non sans cause<br />

considerant les proesses qui estoi<strong>en</strong>t <strong>en</strong> luy.<br />

Le bon toy Charles huytiesme fist <strong>en</strong> son temps<br />

ieparet' le lieu OU est <strong>en</strong> iciTe maistre J cli an lersou, et<br />

y fut faicte une chapelle <strong>en</strong> leglise de Sainct Laur<strong>en</strong>s<br />

Lyon sur le Rosne, au quel lieu plusieurs g<strong>en</strong>s font<br />

leurs prieres et oraisons au dict inaistre Jehan Jerson<br />

uoi1 ti<strong>en</strong>t comme saincte personne.<br />

Aussi le quatorziesrne jour de mars mil quatre<br />

c<strong>en</strong>s quatre vingis et dix huyt le dict roy estant a<br />

Lyon fist, au temps du pape Alixandre VI , eslever<br />

le corps de sainct Bonav<strong>en</strong>ture, a la quelle cleva-<br />

lion il estoit <strong>en</strong> personne. Et monseigneur Pierre de<br />

Bourbon et ma dame Aune de France sa femme<br />

fir<strong>en</strong>t couvrir la chasse darg<strong>en</strong>t richem<strong>en</strong>t. Et mon-<br />

seigneul (le Bermond fist fonder la chapelle au dict<br />

conv<strong>en</strong>t des Cordeliers de Lyon a pres<strong>en</strong>t Obser-<br />

an! jus fil rst le (OVi).


SEJOURS DU IIOY LOYS XII<br />

 LYON.


SEJ OUIIS<br />

DIT<br />

ROY LOYS XII<br />

A LYON SUR LE ROSINE<br />

EXILUTS DE LIIISTOJIIF<br />

DES<br />

FAICTS GESTES ET VICTOIRES<br />

JV ROY LOTS XII.<br />

dict an, cest assavoir mil quatre<br />

c<strong>en</strong>s quatre vingts et dix hut et<br />

e xxvii jour de may , Loys duc<br />

]Orleans, fils du duc Charles fut<br />

sacre a Reims comme ses predecesscuis<br />

rovs de France. Et fut nomme Ires chresti<strong>en</strong><br />

roy douziesrne de ce nom et LV roy de France.<br />

Au sacre du quel estoi<strong>en</strong>t mes tres rcdoubtes et<br />

honores seigneurs messeigneurs les douze pers de<br />

France ou autres pour culs. Et brief au dict sacre<br />

estoit quasi toute la noblesse de France. Apres butes<br />

ces choses faictes, le roy se delibera de faire son<br />

<strong>en</strong>tree a Paris. Le premier jour de juillet, le roy fut


38<br />

couronne a Sainct D<strong>en</strong>is comme ses predecesseurs<br />

<strong>en</strong> grant triumpbe, et le l<strong>en</strong>demain il fist son<br />

<strong>en</strong>tree a Paris la quelle fut Ires solernnelle, puis<br />

s<strong>en</strong> alla souper au palais. Apres toutes ces solemnites<br />

faictes, chascun se retira es lieux ordonnes de<br />

par le roy. Le premier qui luy fist guerre ce fut<br />

monseigneur du Vergier, mais <strong>en</strong> briel' temps la<br />

guerre fut ccssee et fut <strong>en</strong> I3ourgoiigne.<br />

Le dix huytiesme jour doctobre, le conte de Val<strong>en</strong>tinoys<br />

que on disoit estre fils (lu pape Alexandre<br />

sixiesme fist son <strong>en</strong>tree a Lyon sur le Rosne, au quel<br />

le roy avoit donne la dicte conte de Val<strong>en</strong>tinoys. Et<br />

vint <strong>en</strong> France pour aucunes causes dont fut fait le<br />

mariage de luy et de la fille de monseigneur Daibret.<br />

Cestuy conte estoit cardinal, mais il laissa sa cardinalite<br />

pour v<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> France, le quel vint <strong>en</strong> habit<br />

seculier <strong>en</strong> grant pompes et richesses.<br />

Le deuxiesme ou troisiesme jour de decembre fist<br />

a Lyon si grant et inipetueux v<strong>en</strong>t que merveilles,<br />

tellem<strong>en</strong>t que aux Cordeliers de la dicte ville la custode<br />

ou ou mettoit les hosties sacrces estant dessus<br />

le gratn autel se ouvrit et sortir<strong>en</strong>t les dictes hosties<br />

volant par leglise , qui fut grain scandale et fut a<br />

cause (lune verriere rompue et fut <strong>en</strong>viron huyt<br />

heures devers le matin. En cestuv au le roi donna<br />

a ma dame Jehanue de France la duche (le Berry<br />

et pour le prouflit et utilite de la chose publique il


39<br />

espousa et print a femme ma dame Aritie de Rrelaigne<br />

relaissec du feu roy Charles, et de ce eut dis-<br />

p<strong>en</strong>se du pape Alixandre sixiesme , qui fut un grant<br />

bi<strong>en</strong> pour le pays. Eu Jan mil quatre c<strong>en</strong>s quatre<br />

vingts et dix neuf fut <strong>en</strong>chasse au x Cordeliers de Lyon<br />

le chief de Sainct Bonav<strong>en</strong>ture <strong>en</strong> ung beau et riche<br />

chicfdarg<strong>en</strong>t , ce dict jour fut faicte procession <strong>en</strong> la<br />

dicte eglise et sermon solemnel fait par un religieux<br />

du Conv<strong>en</strong>t.<br />

Eu cestuy an le dixiesrne jour de juillet, le rov<br />

Loy s XII fist son <strong>en</strong>tree a Lyon sur le Rosne la quelle<br />

fut tres solemnelle et fui fait plusieurs beanix misteres<br />

et choses joyeuses et les rues richem<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>dues<br />

(le fines tapisseries. Le roy desirani avoir la jouissauce<br />

de son pays de Milan y <strong>en</strong>voya grosse armec,<br />

tellem<strong>en</strong>t que <strong>en</strong> moins de quinze jours fut prinse<br />

la ville de Milan par les Fiancois, et fut le quatriesme<br />

Jour de septembre. Et quant le ioy eut nouvelles<br />

(lue la ville de Milan estoit 11i11se il partit (le Lyon<br />

et y alla et fit son <strong>en</strong>trec solemnellem<strong>en</strong>t puis rnist<br />

ordre <strong>en</strong> son cas.<br />

Le roy estant party de Lyon pour aller au dici<br />

Milan fist abatre les bancs et aiiv<strong>en</strong>s de la dicte ville<br />

de Lyon dont le seigneur de J3arsac estoit commissaire<br />

de par le roy. En ccstuy an le v<strong>en</strong>dredy devant<br />

la Toussainct xxv jour doetobre au matin tomba<br />

Paris le pont iNostre Dame qui fut un grant doni-


4()<br />

niaige dont puis api-es le roy y <strong>en</strong>voya Jehan de<br />

Doyac pour donner la conduicte de refaire le dict<br />

pont; lequel fut faict <strong>en</strong> petit de temps.<br />

En cestuy an mil cinq c<strong>en</strong>s le v<strong>en</strong>dredy dix neufiesme<br />

jour de mars la royne fist a Lyon sa seconde<br />

<strong>en</strong>trec la quelle fut auct<strong>en</strong>tiquc et honneste, les<br />

rues t<strong>en</strong>dues et plusieurs eschaufaux ou estoi<strong>en</strong>t plusieurs<br />

Inysteres joues qui estoit chose a veoir. Environ<br />

huit jours apres fur<strong>en</strong>t am<strong>en</strong>es a Lyon vers le<br />

roy aucuns prisonniers les quels avoi<strong>en</strong>t fait au con-<br />

traire de leurs serm<strong>en</strong>s dont chacun murmuroit.<br />

Le seigneur Ludovic fut prins prisonnier devant<br />

Novarre et am<strong>en</strong>e <strong>en</strong> France.<br />

De ceste prmsc eut le roy nouvelles a Lyon la veille<br />

de Pasques flories, dont il fut tresjoyculx. Et celluv<br />

J oui , fut faicte a Lyon feu de joye de cc que les<br />

Franeois avoi<strong>en</strong>t gaigne larmee du dict Ludovic par<br />

quoy fur<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core fais feux de joye et plusieurs<br />

solemnites au diet Lyon , dont petits et grans<br />

m<strong>en</strong>oi<strong>en</strong>t gant joyc de la victoire et conqueste. Le<br />

jour sainct George la royiie partit de Lyon pour aller<br />

a Saitict Claude a moult belle compaignie, mais<br />

avant quelle revint elle fut coinmere du prince<br />

dOrange, car sa femme estoit acouchee <strong>en</strong> ce temps<br />

dung fils.<br />

Au dict ami le n jour de may, le seigneur Ludovic<br />

fut arn<strong>en</strong>e a Lyon, il avoit une robe de camelot noir


41<br />

a la mode de Lombardie, et estoit monte sur ung<br />

petit mulet. Le pes'ost de Ihostel et le s<strong>en</strong>eschal.de<br />

Lyon mv fur<strong>en</strong>t au devant, et le fir<strong>en</strong>t prisonnier de<br />

par le roy, puis on le mist au chasteau de Pierre<br />

Size, et pour veoir le dict Ludovic y avoit grant<br />

nombre de g<strong>en</strong>s par les rues par ou il passa, et estoit<br />

le roy a Lyon. En cestuy an et le xii jour de may<br />

fut fait a Lyon le mariage de monseigneur de la<br />

Roche Baran de Bretaigne et de la princesse de<br />

Thar<strong>en</strong>te fille de dom Frederich de Naples, pow'quoy<br />

fur<strong>en</strong>t fIictesjoustes et esbastem<strong>en</strong>s p1eiit la royne,<br />

darnes et damoiselles. Et avec la royne estoit la<br />

femme du conte Galiache. Et cii aucuns lieux de la<br />

ville fur<strong>en</strong>t faictes joustes et tournois.<br />

Le dict seigneur de la Roche espousa le xviii jour<br />

de may a Saincte Croix pres Sainct Jehan de Lyon,<br />

dont de rechief on fist joustes <strong>en</strong> la (',r<strong>en</strong>cue.<br />

Les g<strong>en</strong>tils hommes qui joustoi<strong>en</strong>t estoi<strong>en</strong>t a<br />

cheval de boys et lisses de cordes couvertes de drap<br />

de soye qui estoit une chose si inignonnem<strong>en</strong>t faicte<br />

(l1c merveilles et Ires joyeuse a seoir.<br />

Le xiv jour du moys de rnav, le seigneur Ludovic<br />

fut par le vouloir du roy et du conseil mis hors du<br />

chasteau devant dict et fut m<strong>en</strong>e <strong>en</strong> France <strong>en</strong> ling<br />

cliasteau nomme Loches pres de Bourges. Le dvm<strong>en</strong>che<br />

xxiv jour du diet moys, monseigneur de Ligny<br />

retourna de Lombardie et arriva a Lyon, dont le roy<br />

<strong>en</strong>voya au devant beaucoup de g<strong>en</strong>s de bi<strong>en</strong>.


1<br />

En cestuy an xvii jour de juing veille (le la Feste<br />

Dieu, le cardinal Escaigne, frere du seigneur Ludovic,<br />

fut ain<strong>en</strong>e a Lyon prisonnier du roy, , et fut<br />

mis <strong>en</strong> prison au chasteau de Pierre Size ou sein<br />

freie avoit este mis.<br />

Monseigneur le cardinal dAmboise et monseigneur<br />

de la 'friLnouille v<strong>en</strong>ant de Lombardie arriver<strong>en</strong>t a<br />

Lyon le xxi jour (le juing. Et avec eulx estoit le<br />

seigneur lehan ,Jaques, lequel am<strong>en</strong>a sa femme <strong>en</strong><br />

France. Au dict an ie xxi jour de juillet , le roy et la<br />

royne 1)artir<strong>en</strong>t. de Lyon pour aller a Troyc <strong>en</strong><br />

Cliampaigne a cause que lambassade dAimaigne y<br />

devoit v<strong>en</strong>ir.<br />

Au dict an le jour Saiiictc Aiine,xxvj jour dejuillet,<br />

trespassa a Lyon le roy divetot , et fut <strong>en</strong>terre a<br />

Saincte Croix pres Sainct Jehan de Lyon. Au dici an<br />

le xxviii jour de juillet par ung dyrn<strong>en</strong>clie malin<br />

tomba a Lyon la p<strong>en</strong>ultime arche du pont de<br />

Rosue vers Bechevilain et demoura lautre muraille<br />

et larclie <strong>en</strong>tiere, et ny pouvoit ou passer fors que<br />

<strong>en</strong> dangier et par dessus la muraille.<br />

Eu cest an <strong>en</strong>viron la Sainct Symon et Saiuct<br />

Jude , mourut monseigneur de Bordeaulx archevesquc<br />

de Lyon , et apres luy succeda a larcheesche<br />

de Lyon Francois de Bohan fils de monseigneur<br />

le mareschal de Ge.<br />

En cestuy an, le Roy <strong>en</strong>voya a la \ aupute ung


Ï3<br />

docteur de Paris pour les coLiertir daucune<br />

fantasies quils ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t, mais il ny fist ri<strong>en</strong>.<br />

En ccstuy an devant Noel, la riviere de Soue fut<br />

gelce jusques a Mascon, dont a cause (juil ne v<strong>en</strong>oit<br />

a Lyon bled ny antre chose le pain y fut chier. Et le<br />

jour de Sainct Thomas apres le Rosue creut si fort<br />

jusques <strong>en</strong>viron le disuer que cestoit merveilles, et<br />

ne le 'veit on jamais <strong>en</strong> derny jour croitre si fort. La<br />

femme du duc de Lorraine avecques son fils vint a<br />

Sainct Claude, puis vindr<strong>en</strong>t a Lyon vers le roy et la<br />

royne, dont le dict fils dcnioura <strong>en</strong> la cour du roy<br />

et eut p<strong>en</strong>sion, et la nicre retourna <strong>en</strong> Lorraine , et<br />

la royne luy donna une haqu<strong>en</strong>ee blanche tics richem<strong>en</strong>t<br />

acoustree de brodure, ccst assavoit de velours<br />

cramoisy seme de cordelieres, et fut le moys de<br />

juillet.<br />

De la prinse de Frederich et de la Ville de Milan<br />

fur<strong>en</strong>t apportecs nouvelles au roy a Lyon le viii jour<br />

daoust, dont fut m<strong>en</strong>e grantjoye, et fais feux dejoye<br />

et processions r<strong>en</strong>dant grace a Dieu de la 'victoire.<br />

En cestuy an le jour de Nostre Dame de septembre<br />

au soir, le feu se rnist aux Celestins de Lyon ou il y eut<br />

grantdommaige, car tout le conv<strong>en</strong>t cuyda bruslel,<br />

ruais <strong>en</strong> brieft<strong>en</strong>-ips fut inieulx ediffie que jamais, et<br />

se print le feu <strong>en</strong> la cheminee de la cuisine.<br />

En cestuy jour trespassa frere Jehan Tisseraut,<br />

Observantin , dont est parle devant.<br />

'J


44<br />

Eu cestuy an le ii jour de novembre jour des<br />

mors, arriva a Lyon dom Fredcrich de Naples et fut<br />

rneue <strong>en</strong> France.<br />

En cestuy an le dyrn<strong>en</strong>che vii jour doctobre monseigneur<br />

le Cardinal dAtnboise flst son <strong>en</strong>tree a Lyon,<br />

a cause qui1 fut fait legat <strong>en</strong> France. La dicte <strong>en</strong>tree<br />

fut tres belle et sumptueuse, les rues t<strong>en</strong>dues de ires<br />

riches tapis, et fur<strong>en</strong>t joues plusieurs beaulx misteres<br />

pal les rues ou il passa. Et estoit le peuple tresjoyeulx<br />

de sa v<strong>en</strong>ue a cause que fut faict le traicte et appoinctem<strong>en</strong>t<br />

et paix <strong>en</strong>tre les princes chresti<strong>en</strong>s, la quelle<br />

paix fut cryee a Lyon le saniedy devant Noel, dont<br />

fur<strong>en</strong>t fais feux de joyc par les habitans de la dicte<br />

ville. Lan mil cinq c<strong>en</strong>s et deux le jour de Nostre<br />

Dante de Mars Fut le jour de V<strong>en</strong>dredi Saiuct, parquoy<br />

le pardon fut à Nostre Dame du Puis <strong>en</strong><br />

Auvergne, au quel pardon y eut grant nombre de<br />

g<strong>en</strong>s tues, car la graut multitude des g<strong>en</strong>s rompi-<br />

r<strong>en</strong>t une muraille a force destie serres, parquov la<br />

dicte muraille rompit, et tua ceulx qui estoi<strong>en</strong>t de<br />

lautie coste <strong>en</strong> tomb<strong>en</strong>t dessus eulx et plusieurs<br />

mourur<strong>en</strong>t eu la presse.<br />

Eu cestuy an fut fait le mariage du roy de Hongrie<br />

et de Aune de Caudale fille de monseigneur de Caudale<br />

de la maison de Foix, la quelle peu de temps<br />

apres, elle Eist son elltree a Lyon ou fur<strong>en</strong>t fait beaulx<br />

misteres puis elle partit de la dicte ville et fit


m<strong>en</strong>ee <strong>en</strong> Hongrie ou fut le mariage Consomme,<br />

et apres ont eu de beaulx <strong>en</strong>fans <strong>en</strong>semble.<br />

Le roy estant eu Dauphine le duc de Savoye et<br />

ma dame Marguerite vindr<strong>en</strong>t a Lyon vers la royne et<br />

ne fut point fiticte d<strong>en</strong>tree, ils ny fur<strong>en</strong>t gueres plus<br />

de quatre ou six jours quils retourneront <strong>en</strong> Savoye,<br />

ung petit devant que le roy arrivast au dict Lyon. l'<strong>en</strong><br />

de temps apres le g<strong>en</strong>eral des Cordeliers vint <strong>en</strong><br />

Franco et fist t<strong>en</strong>ir a tous les Cordeliers lordre de<br />

lObservance, car ainsi le vouloit le roy cognoissant<br />

quils estoicnt trop mondains et qui] valloit mieulx<br />

dix bons religieux que deux mille vicieux.<br />

Lan mil cinq c<strong>en</strong>t et trois, lymage Nostre Dame du<br />

Cloistre, la quelle estoit au Cloistre des Cordeliers<br />

de Lyon sur le Rosne fut apportee <strong>en</strong> Ieglise <strong>en</strong> la<br />

chapelle de sainct Francois, cette ymage estoit<br />

paincle <strong>en</strong> plate paincture , parqùoy on rompit le<br />

mur et fut pot-tee <strong>en</strong> la dicte chapelle ou eNe est a<br />

pres<strong>en</strong>t tres richem<strong>en</strong>t acoustrec.<br />

Au dict an <strong>en</strong>viron le xxi jour davril le roy estant<br />

a Lyon fist une abolition de payages, treus, imposis<br />

et autres flou veaulx subsides mis sus depuis c<strong>en</strong>t ans<br />

sans octroy de roy, de non plus les lever ne recevoir<br />

sur peine de perdition des dicis payages et dam<strong>en</strong>de<br />

arbitraire par le roy et par les lectres pat<strong>en</strong>tes con-<br />

t<strong>en</strong>ant edict perpetuel. Octroye aux marcliaiis frequeutant<br />

les rivieres du Rosne et de la Sone cl


14 6<br />

autres rivieres navigables cheans et desc<strong>en</strong>dans <strong>en</strong><br />

icelles depuis la ville et lieu de Pontarly au dessus<br />

dAuxonne jusques a la mer. Et aussi par terre, tant<br />

France, Masconnoys, Lyonnoys, Languedoc que<br />

Dauphine. Et aussi de oster des dictes rivieres les<br />

escluses, pescheries, nassiers, molins, b<strong>en</strong>nes,<br />

combres et autres choses ernpeschans le cours des<br />

dictes rivieres et passages (le barques ou basteaulx<br />

sinon que pr<strong>en</strong>iierern<strong>en</strong>t ne soit fait par commandem<strong>en</strong>t,<br />

de roy. Et fut ce passe a Lyon sur le Rosne.<br />

Le xxiii jour de mars, lArcheduc Philippe fist sou<br />

<strong>en</strong>tree a Lyon, la quelle fut tres belle. 11 v<strong>en</strong>oit dEspaigne,<br />

mals avant quil <strong>en</strong>trast es pays et terres du<br />

roy il demanda hotage, cest assavoir que cinq ou<br />

six des plus prochains de la couronfle fuss<strong>en</strong>t <strong>en</strong>voyes<br />

<strong>en</strong> ses pays et terres durant le temps quil seroit<br />

<strong>en</strong> France, la quelle chose fut faicte; car le roy ny<br />

<strong>en</strong>t<strong>en</strong>doit que tout bi<strong>en</strong>, le dit Archeduc ne fist<br />

pas cela sans cause, presupposant qui1 doubtoit aucune<br />

chose, de la veue du quel, le peuple se resjouyst<br />

a cause quil avoit charge de faire la paix <strong>en</strong>tre le tres<br />

chresti<strong>en</strong> roy de France et le roy dEspaigne, la<br />

quelle il fist, car le roy estant a Lyoii avec la royne et<br />

toute la noblesse de France fut criee la dicte paix <strong>en</strong><br />

la dicte ville de Lyon le quastriesme jour davril, cest<br />

assavoir <strong>en</strong>tre le roy (le France et le roy dEspaigne<br />

compr<strong>en</strong>ant lrcheduc et le roy des Rommains


47<br />

et leurs allies. Puis le dict Archeduc s<strong>en</strong> alla a Bourg<br />

<strong>en</strong> Bresse an pays de Savoye.<br />

En ce temps <strong>en</strong>viron le treiziesme jour davril vint<br />

a Lyon, vers le roy, monseigneur Jelian de Home<br />

evesque de Liege a cause que monseigneur de la<br />

Marche cstojt <strong>en</strong> differ<strong>en</strong>t avec hiy, et disoit on<br />

que le roy eu avoit la charge et quils s<strong>en</strong> estoi<strong>en</strong>t<br />

remis du tout Sur ltiy pour les accorder, la quelle<br />

chose fut faicte.<br />

Au dict an le lundy devant la Sainct Michel <strong>en</strong>viron<br />

neuf ou dix heures tomba de tout point Iaihe<br />

du pont du Rosne de Lyon. En cesluy an la veille<br />

de Noel mourut a Lyon Loys monseigneur de<br />

Luxembourg seigneur de Ligny <strong>en</strong>viron la minuyt,<br />

dont le roy, les g<strong>en</strong>tils hommes de cour, manans<br />

et habitaris de Lyon fur<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> Inarrys et lion sans<br />

cause, car cestoit un seigneur bi<strong>en</strong> ayme de chascun.<br />

Lan mil cinq c<strong>en</strong>t et quatre 6st ung este tres chault<br />

tellem<strong>en</strong>t que les bleds fur<strong>en</strong>t de petite monstre et <strong>en</strong><br />

petite quantite es pays de Lyonnois, flaulphine,<br />

Auvergne, Bourgongne, Savoye et autres pays. Des le<br />

moys de mars les villagoys congiloissans le temps<br />

mal dispose e.stoi<strong>en</strong>t moult desoles et faisoi<strong>en</strong>tja processions<br />

<strong>en</strong> plusieurs lieux, tellem<strong>en</strong>t que <strong>en</strong> la ville<br />

de Lyon y v<strong>en</strong>oit grant nombre de processions des<br />

villages et tous les jours et de heure <strong>en</strong> heure dont<br />

les bourgeois, marchans et habitans de la dicte ville


48<br />

leur donnoicnt pain et vin <strong>en</strong> abondance et les reli-<br />

gieux pareillem<strong>en</strong>t.<br />

Es dictes processions estoi<strong>en</strong>t les filles jeunes vestues<br />

de linge blanc, pieds nuds et ung cou vrechief<br />

<strong>en</strong> la teste et une chandelle <strong>en</strong> la main , les <strong>en</strong>fans<br />

masles apres aussi vestus de linge blanc nuds pieds,<br />

teste nue, puis apres les prestres , les hommes et les<br />

femmes <strong>en</strong> chantant la letanie.<br />

Et aucune fois cryoi<strong>en</strong>t a haulte voix. Sancla<br />

marïa om. pro noiEs , puis ,n,reticoîde, ,nisericorde.<br />

Les paroisses de Lyon faisoi<strong>en</strong>t semblables processions<br />

et aller<strong>en</strong>t a Nostre Dame de lisle a une lieue<br />

francoise pres de Lyon.<br />

Le ijeudy p<strong>en</strong>ultime jour de may, , fut apporte a<br />

Lyon linnoc<strong>en</strong>t de Sainet Just des faulxbourgs du<br />

dict Lyon, que homme vivant navoit jamais veu<br />

apporter <strong>en</strong> la ville et avec ce fut apporte Sainci.<br />

Just <strong>en</strong> procession chantant et cryant comme les<br />

autres et alloi<strong>en</strong>t deglise <strong>en</strong> cglise.<br />

Le jour eusuyvant on porta la ujachoire de Sainct<br />

Jehan Baptiste eu procession aux Augustins la quelle<br />

machoire navoit jamais este portee hors de Sainct<br />

Jehan de Lyon ou elle est. Et huyt jours apres il<br />

pleut, mais la seicheresse fut comme devant. Les<br />

religieux de Nostre Dame de lisle avec plusieurs<br />

villages vindreut a Lyon <strong>en</strong> procession et apporter<strong>en</strong>t<br />

Nostre Dame de lisle et Sainct Loup (lue 011


le 9<br />

navoit jamais apporte a Lyon , cL fut le septiesme<br />

jour de juing. Aussi fut apporte au dict Lon sainct<br />

Her<strong>en</strong>y prince des dix neuf mille martirs. Il v<strong>en</strong>oit<br />

des processions de quatre et cinq lieues. Et plusieurs<br />

villages fur<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> cinq ou six jours errans<br />

et allans par les champs de lieu <strong>en</strong> autre sans retourner<br />

<strong>en</strong> leurs maisons. Et brief cestoit si grain<br />

pitic quil ny avoit si dur coeur ne si inhumain qui<br />

neust este esm<strong>en</strong> a plorer et a laisser toute liesse<br />

voyant la grain desolation du peuple. Environ le<br />

moys de septembre y avoit a Lyon <strong>en</strong> la riviere de<br />

Sone grain nombre de petits anguillons gros comme<br />

ung petit doigt et ti<strong>en</strong> osoit on manger. En ceste<br />

annee fur<strong>en</strong>t beaucoup de malades.<br />

Lan mil cinq c<strong>en</strong>t et cinq cest assavoir jusques a<br />

la sainct Jehan et iannee de devant depuis la dicte<br />

Sainct Jehan a lautre fist tres male saison et chiere,<br />

carie bled valoita Lyon xxvi et xxvii sols le bicher.<br />

Et pource que la dicte saison estoit si male vindr<strong>en</strong>t a<br />

Lyon si grain habondance de povres g<strong>en</strong>s des villages<br />

que cestoit pitie; les ungs laissoi<strong>en</strong>t leurs maisons<br />

vagues, les autres laissoi<strong>en</strong>t femmes et <strong>en</strong>fans et les<br />

femmes, <strong>en</strong>fans et maris et tous demandant laulmosne,<br />

dont il <strong>en</strong> mourut innumerablein<strong>en</strong>t , nonobstant<br />

que chascun qui avoit de quoy leur donnoit<br />

soullisamm<strong>en</strong>t, car a Lyon se faisoi<strong>en</strong>t autant daulmosnes<br />

que jamais on veist faire <strong>en</strong> ville, chascuvi<br />

4


30<br />

si efïorcoit de sa puissance. Et avec ce y regnoit<br />

une maladie dont il mourut si grau nombre de g<strong>en</strong>s<br />

que merveilles , et principalem<strong>en</strong>t a lilostel Dieu<br />

de Lyon y <strong>en</strong> mourut des povres vilagoys quasi<br />

innumerables. Beaucoup de riches g<strong>en</strong>s aussi mourur<strong>en</strong>t,<br />

les quels estoi<strong>en</strong>t de grant auctorite. Et<br />

comme on disoit, lannee estoit partout semblable<br />

eu mortalite, es montaignes de Savoye et es vilages<br />

a l<strong>en</strong>tour mourur<strong>en</strong>t de fiin plusieurs g<strong>en</strong>s. Et demourer<strong>en</strong>t<br />

ceste annec plusieurs pocessions a labourer.<br />

En cestuy an eu caresme, le roy fist apporter<br />

de Blays les os de son feu pere Charles duc dOrleauis<br />

a Paris, les quels fur<strong>en</strong>t mis <strong>en</strong> sepulture aux<br />

Celestins <strong>en</strong> la chapelle la quelle est fondee des ducs<br />

dOrleans. Et quant on apportoit les dicts os y avoit<br />

aussi bel honneur qui[ estoit possible qui fut une<br />

chose sumptueuse et digne de memoire.<br />

En cestuy an MDI y le quatorziesni e jour daoust , rever<strong>en</strong>d<br />

pere <strong>en</strong> Dieu monseigneur Francois de Rohan<br />

fils du maresclial de Gye, Archevesque de Lyon et<br />

dAngers, fist son <strong>en</strong>tree au dict Lyon moult triumphamm<strong>en</strong>t.<br />

A la quelle <strong>en</strong>tree fur<strong>en</strong>t fait plusieurs<br />

misteres par les rues par ou il passa et t<strong>en</strong>dus de tapisseries.<br />

Lejour <strong>en</strong> suyvant qui Fut le jour de lAssumption<br />

il chanta la gram messe <strong>en</strong> leglise de Sainct<br />

Jehan du dict Lon <strong>en</strong> grant pontificat. Depuis la<br />

rev<strong>en</strong>ue dYtalie, monseigneur le cardinal dAmboise


51<br />

cheut malade a Lyon, dont il mourut , qui lin uiig<br />

glatit dommaige comme ion aveu depuis, ce neantmoitis<br />

que aucuns <strong>en</strong> ont murmure au contraire.<br />

Mais ils ne consideroi<strong>en</strong>t pas ses vertus, ne <strong>en</strong> quoy<br />

il servoit. Durant sa vie il a toujours bi<strong>en</strong> gouverne<br />

son maistre, <strong>en</strong> sorte que le peuple nestoit pas trop<br />

taille, car quelle guerre que le roy Loys a fait (le la<br />

les monts , il na point crcu les tailles autrem<strong>en</strong>t quils<br />

estoi<strong>en</strong>t paravant. Mais quant laffluire est v<strong>en</strong>ue et<br />

que les <strong>en</strong>n<strong>en</strong>iys sont v<strong>en</strong>us jusques au fumier et<br />

vray pocessoire de France, ce Iny a este force de les<br />

croistre. Et nestoit pas nomme pour neant pere du<br />

peuple. Jasoit ce que aucuns <strong>en</strong> ont escript durant<br />

sa 'vie <strong>en</strong> maniere de flatterie, et desprisoi<strong>en</strong>t les<br />

autres roys pour colauder icelluy. Lon ne peuit trop<br />

bi<strong>en</strong> dire dung homme vertueux Cli SOU abs<strong>en</strong>ce,<br />

mais <strong>en</strong> sa pres<strong>en</strong>ce non cela s<strong>en</strong>toil trop sa lucrative.<br />

Le dict Legat ja trespasse fut mys et embosme<br />

<strong>en</strong> rnig sercueil de plomb, et porte <strong>en</strong> sepulturer<br />

a Rou<strong>en</strong>.<br />

Ung peu de temps apres ce meust ung concilie<br />

requis par Maximilian esleu empereur et par le roy<br />

Loys XII dont le pape Julius neii fut pas cont<strong>en</strong>t.<br />

Jasoit qui1 avoit ja faulce sa foy suscitant le roy de<br />

Arragon et la seigneurie de V<strong>en</strong>ise et autres, soy delaissant<br />

lachaiere Sainct Pierre et pr<strong>en</strong>dre le tiltre de<br />

Mars dieu des batailles, desployer aux champs les<br />

il


trois couronnes, et dormyr <strong>en</strong> eschauguette, et Dieu<br />

scet comm<strong>en</strong>t ces mittres, Croix et crosses estoi<strong>en</strong>t<br />

belles a veoir voltiger parrny les champs, le dyable<br />

navoit garde dy estre, car loi i fa isoit trop bon marche<br />

de b<strong>en</strong>edictions. Durant le temps de ce concilie le<br />

quel comm<strong>en</strong>ca a Tours, puis fut decide a Lyon et de<br />

la fut remys g<strong>en</strong>eral a Pise ou il y avoit plusieurs cardinaulx,<br />

archevesques, evesques, abbes, prieurs et<br />

autres grans personnaiges <strong>en</strong> iegiise, et principalem<strong>en</strong>t<br />

de tres sci<strong>en</strong>tifiques docteurs <strong>en</strong> theologie,<br />

canonistes et autres g<strong>en</strong>s iilteres a ccst affaire, tant<br />

quil y eut aucuns bons points decides et conclus <strong>en</strong><br />

aucunes cessions (liCeiluy concilie, mais pour plusieurs<br />

causes surv<strong>en</strong>antes il fut consequamm<strong>en</strong>t<br />

translate <strong>en</strong> Milan et depuis fut cbarroye a Lyon ou<br />

il dernoura.<br />

Environ ce temps estant <strong>en</strong>core le roy a Saine<br />

Germain <strong>en</strong> Laye fut fait appoinctein<strong>en</strong>t par les<br />

ambassadeurs <strong>en</strong>voyes de par le roy <strong>en</strong> Angleterre,<br />

<strong>en</strong>tre le roy de France Loys XII et H<strong>en</strong>ry roy dAngleterre,<br />

moy<strong>en</strong>nant que le roy de France espouseroit<br />

ma darne Marie seur du dict roy dAngleterre, pourquoy<br />

fur<strong>en</strong>t pareillem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>voyes ambassadeurs<br />

dicelluy pays, cest assavoir aucuns grans seigneurs<br />

temporels et spirituels, lesquels vindr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> la dicte<br />

ville et cite de Paris par devers le dict roy Loys<br />

pour confermer le rnariaige <strong>en</strong>tre luy et dame Marie


i3<br />

seui du dict roy H<strong>en</strong>ry. Et pour aussi <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ir et<br />

confernier la paix dessus dicte <strong>en</strong>tre les dessus<br />

nommes roys, cc quils ont jure et promis <strong>en</strong>tre le<br />

roy Loys de France et les dicîs prelats ambassadeurs<br />

et tant que ycclle paix et concorde g<strong>en</strong>eralem<strong>en</strong>t fut<br />

cryee et pnblyee es dicts pays de France et dAnglelerre.<br />

Et fut cryeelemercredyxvi jour daoust MDXIV<br />

a force trompetes et clairons sur la pierre de<br />

marbre a Paris et fur<strong>en</strong>t fais feux de joye, et incontin<strong>en</strong>t<br />

apres ung herauli darrue nomme Montjoye<br />

lequel publia et invoqua tous prives seigneurs et<br />

g<strong>en</strong>tils hommes de v<strong>en</strong>ir a jour nomme a ung<br />

tournoy, lequel seroit fait a Paris par monseigneur<br />

le duc de Valois, et Bretaigne conte dAngoulesme<br />

et autres lieux ou il fit faire grandes preparations.<br />

Et adoncques estoit party de Paris le roy de France<br />

pour aller au devant de la dicte (lame Marie jusques<br />

au lieu dbeville , la dicte dame cstoit tres richem<strong>en</strong>t<br />

acoustree, et consequamni<strong>en</strong>t tout son train, brief<br />

cestoit une chose magnifique. Et devant la dicte<br />

darne marchoi<strong>en</strong>t cc. archiers du dct pa ys qui<br />

estoi<strong>en</strong>t garnis de force sajettes , lare au poing.<br />

Le dict roy saichant sa v<strong>en</strong>ue monta sur ung courcier,<br />

fist semblant daller soy esbatre aux champs,<br />

accornpaigne de force de g<strong>en</strong>s, lequel vint audevant<br />

de la dicte darne, et la baisa tout a cheval <strong>en</strong> luy<br />

disant trois ou quatre paroles joyeuses comme moult


54<br />

bi<strong>en</strong> le scavoit faire. Le l<strong>en</strong>demain jour de Sainct<br />

D<strong>en</strong>is fur<strong>en</strong>t espouses le dict roy de France et la<br />

dicte dame Marie dAigleterre. Puis apres se parti-<br />

r<strong>en</strong>t du dict Abeville <strong>en</strong> tyrant vers Paris, ils vindr<strong>en</strong>t<br />

jusques a Sainct D<strong>en</strong>is ou la dicte dame fut<br />

couronne royne de France, et y eut moult grain<br />

triumphe de force archevesques, evesques et autres<br />

g<strong>en</strong>s dignes de nom.<br />

Le lundy vi novembre MDXIV, la rovne fist sa<br />

triumphaiique <strong>en</strong>tree <strong>en</strong> la ville et cite de Paris chief<br />

et principale de France, ou tout le cierge alla au<br />

devant de la dicte dame. Puis y fut la cour de parlem<strong>en</strong>t,<br />

et g<strong>en</strong>eralern<strong>en</strong>t tous ceuix qui ont ladniinistration<br />

de la justice. Puis la chambre des comptes.<br />

Puis ailer<strong>en</strong>t les prcvosts et eschevins de la dicte<br />

ville de Paris, et colisequam<strong>en</strong>t les mai'clians et<br />

officiers de la dicte ville comme archiers, arbales-<br />

triers et serg<strong>en</strong>s. Puis le chevalier du Guet et tous<br />

ses g<strong>en</strong>s par ordre. La dicte dame estoit assise <strong>en</strong><br />

une riche lictiere bi<strong>en</strong> aornee de pierres pi'ecieuses.<br />

Et la conduysoi<strong>en</strong>t monseigneur Je duc de Valois<br />

et Bretaigne et autres lieux , monseigneur dAl<strong>en</strong>con,<br />

mous. de Bourbon, mous. de Vandosme, Francois<br />

monseigneur son frere Loys de Nevers, avec autres<br />

gratis seigneurs tant de France que dAngleterrc,<br />

et ftrce de prelats et g<strong>en</strong>s deglise. Puis ma dame<br />

Claude fille du roy de France, nia dame dAngou-


lesine, itia daine dAl<strong>en</strong>cou nia daine de Vandosme<br />

ma dame de Nevers, et plusieurs oeutres princesses<br />

et nobles dames tant de France que dAngleterre.<br />

Et <strong>en</strong> icelle maniere <strong>en</strong>tra la dicte royne <strong>en</strong> Nostre<br />

Dame de Paris ou elle fist le serm<strong>en</strong>t acousturne.<br />

Puis vint au Palais Royal ou il fut fait un grant<br />

banquet solemnel qui estoit moult beau a veoir.<br />

Puis aller<strong>en</strong>t le rov et la ro yiie coucher dedans le<br />

palais mesrne pour abreger ses jours bi<strong>en</strong> tost.<br />

Le l<strong>en</strong>demain alla le rov et ].a aux Tournelles<br />

pour veoir le tournoy qui avoit este pul)Iye par cy<br />

devant. Et y avoit moult belles lices ou fur<strong>en</strong>t faictes<br />

maintes belles cources et coups de lance. Apres les<br />

dictes joustes m<strong>en</strong>a le roy a Sainct-Ccruiain <strong>en</strong> Laye<br />

ou ils fur<strong>en</strong>t quelque peu despace de temps dem<strong>en</strong>ant<br />

joyeuse vie au mieulx (lue le dici roy pouvoit.<br />

Apres revint a Paris a son logis des Tournelles ou il<br />

acoucha malade, disposa de sa consci<strong>en</strong>ce comme<br />

ung bon chresti<strong>en</strong> doit faire. Puis r<strong>en</strong>dit lesperit a<br />

Dieu le lundy premier jour de janvier lan MDXV. Son<br />

corps fut aromatiquem<strong>en</strong>t embosme et garde par<br />

aucuns jours aux dictes Tournelles ou chascun lalloit<br />

veoir qui vouloit. Puis luy fur<strong>en</strong>t faictes les cerimonies<br />

eu la maniere acousluniee comme il apparti<strong>en</strong>t<br />

a ung roy, (lui seroit trop long a descrire.<br />

Aucuns jours apres fut porte a Nostre Dame (le<br />

Paris, et y avoit moult bel ordre au dict obseque et


fut inys <strong>en</strong> une chapelle la quelle avoit este làicte<br />

diligem<strong>en</strong>t au cueur de la dicte eglise de Nostre Darne.<br />

Et fist le service levesque de Paris. Le l<strong>en</strong>demain fut<br />

le dict corps du roy porte jusques a une croix pues<br />

Sainci D<strong>en</strong>is ou messeigneurs de Sainct D<strong>en</strong>is le vindr<strong>en</strong>t<br />

querre. Et par cuix fut <strong>en</strong> sepultuic trium.<br />

pham<strong>en</strong>t et a grant deuil de ses serviteurs et officiers<br />

domestiques. Et fut <strong>en</strong> sepulture pres de la royne<br />

Anne de Bretaigne son espouse, Dieu leur veuille<br />

faire pardon.<br />

Ce nest pas peu de choses quant ung roy ou grant<br />

prince meurt qui aucunes fois ont este cause de la<br />

mort de beaucoup dhomrnes, les quels sont creatures<br />

humaines comme les dicts princes Ou seigneurs, et<br />

croy qucu lautre monde ils ont beaucoup dafihires,<br />

et principalem<strong>en</strong>t pour une raison , cest que uiig<br />

po\'re homme le quel aura six ou sept petits <strong>en</strong>fans<br />

et naura que vingt sols vaillant , et il est tauxe a dix<br />

ou a vingt sols pour la taille, et le receveur vi<strong>en</strong>dra<br />

pour executer le dici povre homme, et il ne aura<br />

ne pourra nullem<strong>en</strong>t finer du dict arg<strong>en</strong>t, ce<br />

nonobstant sera rnys <strong>en</strong> prison. Je vouldrois bi<strong>en</strong><br />

que Ion monstrast la ioy par escript dicelle belle<br />

raison, mais il ny a nul qui lose remonstrer pour<br />

autant que chascun veult faire ses besongnes, Dieu<br />

veuille ayder au povre populaire.


SEOUIS<br />

ID E<br />

FRANCOIS<br />

A LYON SUR LE ROSNE<br />

EXTRAITS DE LUISTOIRE<br />

DES<br />

FAICTS GESTES ET VICTOIRES<br />

DU 1OY PIIÂNCOIS I.<br />

jER<br />

11ES le roy Lovs XII succeda Fran-<br />

cois premier de ce nom, LVII roy<br />

de France. Partist de Paris pour<br />

s<strong>en</strong> aller faire sacrer <strong>en</strong> la ville et<br />

cite de Reims , la ou il fut moult<br />

dignem<strong>en</strong>t sacre et cnoingt de la Saincte Unetion<br />

le jeudy xxv jour de janvier MDXV. ce qui<br />

fut fait moult reveramm<strong>en</strong>t et <strong>en</strong> grant triumphe.<br />

Et tellem<strong>en</strong>t qui1 vint jusques a Paris toujours<br />

accompaigne de grans princes et seigneurs du<br />

dict royaulrne. Et bi'ieffist son <strong>en</strong>tree la plus triumphante<br />

et magnifique que jamais fut veue des vivans.<br />

Car cestoit tout orfaverie des acoustrcm<strong>en</strong>s et des


58<br />

bardes de chevaulx, tout drap dur frise. Somme (lue<br />

les seigneurs et g<strong>en</strong>tils hommes estoieiit eulx et leurs<br />

chcvaulx pour le moins tous couvers de drap dor, a<br />

aucuns des dicis acoustremeus estoi<strong>en</strong>t force orfa -<br />

verie a l<strong>en</strong>tour des dictes bardes, et estoi<strong>en</strong>t les<br />

acoustrem<strong>en</strong>s du roy tous dorfaverie darg<strong>en</strong>t blanc,<br />

et ses Jacquets et autres g<strong>en</strong>s avoi<strong>en</strong>t de draps darg<strong>en</strong>t.<br />

Puis alla au Palais royal comme de coustume<br />

estoi<strong>en</strong>t a ses Predecesse1rs, et la fut fait irng solemliel<br />

ban cquet ou estoi<strong>en</strong>t force instrum<strong>en</strong>s et chantres<br />

de plusieurs sortes quil faisoit moult beau veoir.<br />

Environ ce temps le roy eut nouvelles que les<br />

Suysses estoi<strong>en</strong>t v<strong>en</strong>us courir jusques aupres de<br />

Briancon qui est au pays de Dauphine et avoi<strong>en</strong>tbrule<br />

un village pres du chateau l)aiilphin. Parquoy le roy<br />

partit soubdainem<strong>en</strong>t et vint <strong>en</strong> poste a Moulins ou<br />

ma dame de Bourbon le receut tres honnestern<strong>en</strong>t et<br />

eut belle <strong>en</strong>tree pour une si petite ville, car il avoit<br />

chars triurnphans ou estoi<strong>en</strong>t belles dames, navires,<br />

bestes estranges ou estoi<strong>en</strong>t montees dessus moult<br />

belles dames tous marchans devant le roy. En suyvant<br />

vint le roy a Lyon 011 pareillem<strong>en</strong>t luy fir<strong>en</strong>t les<br />

citadins belle et magnifique <strong>en</strong>tree. Et la ordonna des<br />

affaires pour les municions de la guerre, laquelle estoit<br />

ja comm<strong>en</strong>cee pour aller a Milan et passer les mous.<br />

Eu suyvant iceluy voyage delaissa le roy pour goueriier<br />

<strong>en</strong> France ce p<strong>en</strong>dant quil seroit hors du


uyau!rne iiia daine sa mere duchesse dAujou et du<br />

Maine comtesse dAngoulesme et autres lieux. Un peu<br />

de temps apres, le roy partit de Lon et vint <strong>en</strong> la<br />

ville de Gr<strong>en</strong>oble ou il eut aussi Ires belle <strong>en</strong>irce ou<br />

il fut aucun peu de temps, ce p<strong>en</strong>dant que les prepai-atifs<br />

se faisoi<strong>en</strong>t pour la dicte guerre. Apres se partit<br />

le roy de Gr<strong>en</strong>oble pour passer les nions et alla par<br />

Nostre Dame dmbrun non obstant que tout le train<br />

de la guerre, au moins la plus grant partie, alla par le<br />

Bourg I)uyssant ou le- roy avoit fait faire sur ic dict<br />

chemin grant provision de vivres. Et brief le roy<br />

vint a Guillestie, de la a Sainct. Paul. Et finablem<strong>en</strong>t<br />

passa Img chemin impossible ou jamais homme<br />

nestoit passe. Et y eur<strong>en</strong>t beaucoup de miseres les<br />

povres pietons et autres. Le roy fit m<strong>en</strong>er une partie<br />

de ]artillerie par ce dict chemin et de fait fut demontee<br />

lartillerie pour la passer par ce diet chemin.<br />

Sur ces <strong>en</strong>trefaites le Pape avoit <strong>en</strong>voye quinze<br />

c<strong>en</strong>t clievaulx bi<strong>en</strong> equippcs et acoustres dont estoit<br />

chief ung nomme Prospere Coulonne , et ses g<strong>en</strong>s<br />

estoi<strong>en</strong>t v<strong>en</strong>us cii ayde a Maximillian et ses allies<br />

pour cuyder surpr<strong>en</strong>dre le Roy de France ou ses<br />

g<strong>en</strong>s aux passaiges, mais le dict Prospere ne scavoit<br />

pas que les Francois fuss<strong>en</strong>t si pres et que ils euss<strong>en</strong>t<br />

passe les nions, par quov le dict Prospere se vint<br />

rafreschir cri une ville nornee Villefranche de la<br />

Moi'ettc (JIJI est au pas (le Pi<strong>en</strong>iont. Cep<strong>en</strong>dant


estoit ung des g<strong>en</strong>tilshoinnis du l'ON iioiuiiie h<br />

seigneur de Murette auquel ung villain du pays vint<br />

dire lav<strong>en</strong>ture et que Prospere Coulonne estoit <strong>en</strong><br />

la dicte ville a se rafreschir et quil ne se doubtoit de<br />

ri<strong>en</strong> et quil y feroit bon aller pour les surpr<strong>en</strong>dre<br />

vistem<strong>en</strong>t. Parquoy le dict seigneur de Murette vint<br />

annoncer au rnareschal et seigneur de la Palisse,<br />

le seigneur dAubigny au capitaine Imbercourt<br />

Bayard et autres , lesquels fur<strong>en</strong>t tous daccord<br />

moy<strong>en</strong>nant le seigneur dimbercourt qui marcha<br />

le premier et <strong>en</strong>voya sonder le gue par ui]g de ses<br />

archiers, lequel luy fist rapport qui1 y feroit bon aller<br />

incontin<strong>en</strong>t et que le dict Piospere et ses g<strong>en</strong>s<br />

estOi<strong>en</strong>t 1)VCSLS de disner. Parquov diligemm<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong>voya le dict imbercourt par devers le rnareschal<br />

de la Pallisse et autres a celle fin quils veinss<strong>en</strong>t basti<br />

vein<strong>en</strong>t.. Ce non obstant le dict seigneur dlrnbercourt<br />

hardiem<strong>en</strong>t marcha le premier et <strong>en</strong>tra incontin<strong>en</strong>t<br />

a grans courses de cheval luy et ses g<strong>en</strong>s dedans la<br />

ville, et quant vint a la porte de la dicte ville, la trompette<br />

bouta son cheval avant et comm<strong>en</strong>ca a sonner<br />

dedans, <strong>en</strong> sorte que le col de son cheval fut <strong>en</strong>serre<br />

<strong>en</strong>tre les portes de la dicte ville, mais il eut incontin<strong>en</strong>t<br />

des hommes darmes qui croiser<strong>en</strong>t leurs lances<br />

et <strong>en</strong>trer<strong>en</strong>t dedans et tuer<strong>en</strong>t et occir<strong>en</strong>t tous ceuix<br />

qui avoi<strong>en</strong>t resiste contre euh a la dicte porte. Puis<br />

courur<strong>en</strong>t parmv la ville cryant Franc( , , France, et


; I<br />

indr<strong>en</strong>t jusques ou estoit le dict Prospere Coulonne<br />

lequel disnoit alors ou il y eut moult battu et frappe<br />

a leu tree du dict lieu. Cep<strong>en</strong>dant le dict seigneur de<br />

la Palisse et autres vindr<strong>en</strong>t diligemm<strong>en</strong>t. Et brief<br />

fut prins le dict Prospere et aucune quantite de ses<br />

g<strong>en</strong>s occis et tout leur bagaige prins et force de beaulx<br />

chevaul. Et fut am<strong>en</strong>e le dict Prospere et autres<br />

prisonniers devers le roy, puis <strong>en</strong> France.<br />

Apres icelle delïaicte le Pere Sainct eut nouvelles<br />

a Homme comm<strong>en</strong>t le diet Prospere et ses g<strong>en</strong>darmes<br />

estoi<strong>en</strong>t deffaits et prins prisonniers dont<br />

il fut moult esbahv et non sans cause , car il neust<br />

jamais creu que le roy eust sceu passer par ce chemin<br />

terrible , et a grant peine le vouloit il croire.<br />

Comm<strong>en</strong>tle roy revint cii France <strong>en</strong> grant dilig<strong>en</strong>ce<br />

au travers des montaignes jusques a la Bausme ou<br />

estoi<strong>en</strong>t allees la royne et ma dame sa mere <strong>en</strong> voyage<br />

ou il fut reccu a grant 'ove et triumphe et luy fut<br />

faict plusieurs <strong>en</strong>trees au pays de Prov<strong>en</strong>ce. De la<br />

le roy et la royne, ma dame sa mere et tout leur<br />

train arriver<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Avignon ou ils eur<strong>en</strong>t tres belle<br />

<strong>en</strong>tree. Puis vindr<strong>en</strong>t a Lyon ou la royne fist sou <strong>en</strong>trec<br />

ti'es belle et magnifique et lny fist on tres belle<br />

reception. Environ ce temps que le roy de France<br />

estoit a Lyoii qui estoit vers la fin de la saincte quarantain<strong>en</strong>iil<br />

cinq c<strong>en</strong>t et quinze, survint et meust une<br />

autre guerre au Pays dYtalie par le moy<strong>en</strong> des bons


62<br />

tours aCOUsLUmeS(le lempereur Maxiinilian le quil<br />

suscita les Angelsdu roy H<strong>en</strong>ry dAngleterre. lJng peu<br />

devant ce conflict fur<strong>en</strong>t mandes de par le roy de<br />

France aucuns confères des citadins de Milan, les<br />

quels se myr<strong>en</strong>t a chemin et vindr<strong>en</strong>t jusques a Suze,<br />

lesquels se trouver<strong>en</strong>t <strong>en</strong>viron tr<strong>en</strong>te et sept. Et parlem<strong>en</strong>ter<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong>semble au clict Suze, et le l<strong>en</strong>demain<br />

s<strong>en</strong> fuyicnt tr<strong>en</strong>te et trois vers le .roy des Rommain,<br />

les autres quatre, lesquels se trouver<strong>en</strong>t bons Francois<br />

vindr<strong>en</strong>t par devers le roy a Lyon qui COIflpter<strong>en</strong>t<br />

le cas des autres.<br />

Environ ce temps que Ion disoit mil cinq c<strong>en</strong>t et<br />

seize <strong>en</strong>viron la P<strong>en</strong>thecouste, le roy partit de Lyon<br />

accompaigne de plusieurs g<strong>en</strong>tils hommes pour aller<br />

faire ung y<strong>en</strong> et voyage au Sainct Suaire de Nostre<br />

Seigneur, le quel est aCharnbery, etesloit ladevotion<br />

du roy de aller a pied, parquoy le roy partit de<br />

Lyon a pied, consequamm<strong>en</strong>t avec luy force g<strong>en</strong>tils<br />

hommes quil faisoit moult beau veoir, car ils estoicut<br />

fort gorgias dacoustrem<strong>en</strong>s fais a plaisir et force plus<br />

mais et tous a pied suy vaut le roy, et fut le roy <strong>en</strong><br />

celle sorte a pied jusques au dict Chambery, au quel<br />

Charnbery se trouva le seigneur de Bourbon a grant<br />

joye et consolation, le quel rev<strong>en</strong>oit du pays dYtalie.<br />

Et fut festoye le roy par plusieurs jours du duc de<br />

Savoye. Peu de temps apres revint le roy du pays de<br />

Savoye et Lyonnnois et s<strong>en</strong> vint au pays de Touraine.


63<br />

Eu suyvant ce temps mesme le samecly vi jour du<br />

moy doctobre mil cinq c<strong>en</strong>t et seize arriva le roy eu<br />

sa bonne ville et cite de Paris ou il fut receu honestem<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> la maniere acousturnee, et l<strong>en</strong>demain au<br />

matin, qui fut le dyrn<strong>en</strong>che <strong>en</strong> suyvant , partit le<br />

roy de Paris pour aller a Sainct D<strong>en</strong>is <strong>en</strong> France,<br />

a celle fin de remettre les corps saines que par Iny<br />

et a sa requeste et pour le bi<strong>en</strong> et utilite de son<br />

dict royanline avoi<strong>en</strong>t este desc<strong>en</strong>dus, <strong>en</strong> les remercyant<br />

humblem<strong>en</strong>t de la victoire que par leur<br />

m<strong>en</strong>te il avoit eue et gaignee. Aussi que ccst la<br />

coustume aux dicts roys de France destre <strong>en</strong> personne<br />

pour remettre les dicts corps sainct.<br />

En suyvant ce temps fut fait appoinct<strong>en</strong>i<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre<br />

le roy de France et larcheduc roy dEspaigne et fut<br />

crye et publye la paix a Paris et autres villes du<br />

royaulme moy<strong>en</strong>nant que le diet roy dEspaigne pr<strong>en</strong> -<br />

droit a maniaige ma clame Loyse fille unique du roy<br />

Francois premier de ce nom. Et y fur<strong>en</strong>t <strong>en</strong> embassade<br />

le grant maistre, levesque de Paris, le presid<strong>en</strong>t<br />

Oliviers et autres, et fut le dict appoinctem<strong>en</strong>t<br />

compose l<strong>en</strong> a ville de Noyon esquels estoi<strong>en</strong>t de<br />

de grauts seigneurs de Flandre, dEspaigne et autres.<br />

Cv finist ihistoire du roy Francois premier de ce<br />

nom, roy a pieseiit regnant <strong>en</strong> paix et union, au<br />

quel est maint<strong>en</strong>ant son noble et illustre roaulme


6'i<br />

de France, car par sa suppelaive saigtss , t aussi sa<br />

grant puissance il est craint par toutes nations barbares<br />

et estranges. Et quant il met le pied <strong>en</strong> lestrier<br />

pour faire guerre il fait trembler toute la machine<br />

du monde , car sur toutes nations pour le pres<strong>en</strong>t<br />

France domine, et est la plus florissante <strong>en</strong>tre toutes<br />

les regions, nations et contrees de la terre et de la<br />

mer, au quel le createur du monde veuille donner<br />

bonne vie et longue saute du corps et de lame, et <strong>en</strong><br />

la [lu le royaulme de paradis, au quel le veuille condu're<br />

le Pere, le Fils et le Sainct Esperit Am<strong>en</strong>.<br />

Ce pres<strong>en</strong>t livre a este imprime a Lyon sur<br />

le Rosne par maistres H. Charvin et J. Nigon<br />

imprimeurs, demourans <strong>en</strong> la rue Chalamon, if 51<br />

lan de la nativite de Nostre Saulveur Jesus Christ<br />

MDCCCXLI le xiv jour daoust.

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