L'autonomie relative des Codes Pétroliers en matière ... - carpem
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l’id<strong>en</strong>tification puis l’évaluation de la législation fiscale pétrolière dans ce qu’elle a de rigide, permet in<br />
fine d’apprécier la volonté <strong>des</strong> Etats d’instrum<strong>en</strong>ter au mieux (ou pas) la fiscalité pétrolière comme<br />
source de financem<strong>en</strong>t de leurs budgets. La maîtrise de la surface de rigidité <strong>des</strong> termes fiscaux, puis<br />
son pesage in concreto, contribu<strong>en</strong>t dans une large mesure à coter les Etats sur le marché <strong>des</strong> Etats<br />
« souverainistes » <strong>en</strong> <strong>matière</strong> pétrolière.<br />
L’impôt sur les sociétés constitue alors le terreau d’analyse par excell<strong>en</strong>ce, dans la mesure où<br />
c’est lui qui ambitionne directem<strong>en</strong>t et explicitem<strong>en</strong>t d’amputer le résultat bénéficiaire de l’<strong>en</strong>treprise.<br />
Une telle étude laisse clairem<strong>en</strong>t dégager l’énonciation d’une liste de produits illusoirem<strong>en</strong>t originale<br />
(I), tandis que les conditions de déductibilité <strong>des</strong> charges, davantage étoffées, sont illusoirem<strong>en</strong>t<br />
optimales (II).<br />
I- La composition <strong>des</strong> produits : une liste illusoirem<strong>en</strong>t originale<br />
Trois t<strong>en</strong>dances générales se dégag<strong>en</strong>t <strong>des</strong> systèmes fiscaux <strong>en</strong> <strong>matière</strong> pétrolière :<br />
- Soit le Code Pétrolier traite de la fiscalité pétrolière, et certains aménagem<strong>en</strong>ts sont introduits<br />
quant à l’imposition <strong>des</strong> bénéfices (prix affichés, charges déductibles…) ;<br />
- Soit le Code Pétrolier ne traite que de certains aspects de la fiscalité (redevances, impôt sur les<br />
bénéfices, taxe pétrolière spéciale, exonérations), et le Code Général <strong>des</strong> Impôts reste applicable<br />
aux opérations pétrolières.<br />
- Un chapitre particulier du Code Général <strong>des</strong> Impôts traite de la fiscalité pétrolière 13 .<br />
En réalité, la combinaison <strong>des</strong> deux premières variantes est la formule ret<strong>en</strong>ue par les Co<strong>des</strong><br />
camerounais et ivoiri<strong>en</strong>. Il y a un amalgame manifeste de dispositions spécifiques au secteur pétrolier<br />
prélèvem<strong>en</strong>t obligatoire, et perçu par voie d’autorité. Selon Laure Agron, « Aujourd’hui, l’impôt se définit comme un<br />
prélèvem<strong>en</strong>t obligatoire et sans contrepartie… » ( in Histoire du vocabulaire fiscal, thèse (inutile la m<strong>en</strong>tion), Paris,<br />
L.G.D.J. 2000, page 226), et les dictionnaires définiss<strong>en</strong>t pareillem<strong>en</strong>t l’impôt comme un « prélèvem<strong>en</strong>t obligatoire »<br />
(Cornu (G.), Vocabulaire juridique, Paris PUF, 6è édition mise à jour juin 2004, page 461), ou comme « une contribution<br />
obligatoire » (Albert (J.L.), Pierre (J.L.), Richer (D.), (sous la dir), Dictionnaire de droit fiscal et douanier, Paris, Editions<br />
Ellipses 2007, page 280). Selon Gaston jèze, un « élém<strong>en</strong>t ess<strong>en</strong>tiel de l’impôt dans tous les Etats civilisés modernes, c’est<br />
la contrainte juridique. L’impôt est ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t un paiem<strong>en</strong>t forcé » (in Cours de finances publiques 1936-1937, LGDJ,<br />
1937, p.33. Lire aussi Négrin (O.), « Une lég<strong>en</strong>de fiscale : la définition de l’impôt de Gaston Jèze », Revue de droit public -<br />
n°1-2008). Or le caractère obligatoire <strong>des</strong> règles considérées comme « de droit commun », est contestable. Les règles<br />
d’assiette tant pour les produits (avec la règle de la fixation paritaire <strong>des</strong> prix affichés), que <strong>des</strong> charges (avec l’arrêté<br />
contractuel <strong>des</strong> taux d’amortissem<strong>en</strong>t ainsi que <strong>des</strong> montants déductibles au titre <strong>des</strong> provisions pour remise <strong>en</strong> état <strong>des</strong> sites<br />
par exemple), traduis<strong>en</strong>t non pas une obligation extérieure imposée à l’<strong>en</strong>treprise, mais une logique cons<strong>en</strong>suelle sur les<br />
règles de calcul de l’impôt sur les sociétés. En droit commun, il n’est pas possible de négocier ainsi les bases de calcul de<br />
l’impôt sur les sociétés, pour ne parler que cet impôt. En fait, il y a une confusion <strong>en</strong>tre les pouvoirs législatifs de l’Etatpuissance<br />
publique, seul susceptible de fixer <strong>des</strong> règles fiscales obligatoires, et les pouvoirs administratifs de l’Etat<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eur,<br />
qui contracte avec l’<strong>en</strong>treprise privée étrangère, et susceptible, dans le jeu de l’équilibre <strong>des</strong> contrats, de<br />
cons<strong>en</strong>tir <strong>des</strong> aménagem<strong>en</strong>ts dans le cadre légal fixé par l’Etat-puissance publique. (Voire Mayer (P.), « La neutralisation du<br />
pouvoir normatif de l’Etat <strong>en</strong> <strong>matière</strong> de contrats d’Etat »,op.cit. ; Kamto (M.), « La notion de contrat d’Etat : une<br />
contribution au débat », Revue de l’arbitrage 2003, n°4).<br />
13 Lire Recherche et production du pétrole et du gaz. Réserves, coûts, contrats, Institut français du pétrole, Editions<br />
Technip, Paris 2002, page 186<br />
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