L'Empire de Charles Quint : le laboratoire politique de l ... - IDT-UAB
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Ferdinand, <strong>le</strong> ca<strong>de</strong>t <strong>de</strong> <strong>Char<strong>le</strong>s</strong>. Et pourtant, il nous semb<strong>le</strong> que, au<strong>de</strong>là<br />
<strong>de</strong> la perte du titre impérial, dont nous avons souligné la force<br />
symbolique et donc <strong>politique</strong>, ce conflit permit que <strong>le</strong> reste <strong>de</strong>s<br />
territoires <strong>de</strong> <strong>Char<strong>le</strong>s</strong> aient serré fi<strong>le</strong>s <strong>de</strong>rrière <strong>le</strong>ur empereur. Dans ce<br />
mouvement, l’Espagne joua un rô<strong>le</strong> <strong>de</strong> plus en plus décisif dans la<br />
<strong>politique</strong> <strong>de</strong> <strong>Char<strong>le</strong>s</strong>, et en particulier dans sa lutte contre <strong>le</strong><br />
luthéranisme. C’est ce qui explique que l’on connaisse <strong>le</strong>s territoires<br />
dont <strong>de</strong>vait hériter <strong>le</strong> futur Philippe II comme la monarchie espagno<strong>le</strong>.<br />
Le <strong>de</strong>rnier conflit, apparemment fratrici<strong>de</strong> et qui pourtant contribua<br />
gran<strong>de</strong>ment à donner forme à l’empire <strong>de</strong> <strong>Char<strong>le</strong>s</strong> est celui qu’il<br />
entretient avec la papauté. Peu après l’é<strong>le</strong>ction <strong>de</strong> <strong>Char<strong>le</strong>s</strong> comme<br />
empereur, est élu en 1522 au trône <strong>de</strong> Saint Pierre Adrien d’Utrech,<br />
ancien précepteur <strong>de</strong> l’empereur. Cette concomitance éveilla tous <strong>le</strong>s<br />
espoirs <strong>de</strong> voir <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux têtes <strong>de</strong> la chrétienté réunies dans <strong>le</strong> souci<br />
d’étendre la foi à l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong> l’humanité et <strong>de</strong> préparer ainsi la fin<br />
<strong>de</strong>s temps. Cet espoir dure peu, car Adrien meurt l’année suivante. Le<br />
rapport que <strong>Char<strong>le</strong>s</strong> entretient avec <strong>le</strong>s successeurs d’Adrien change en<br />
fonction <strong>de</strong>s hommes et <strong>de</strong>s circonstances <strong>politique</strong>s, mais il constitue<br />
toujours une relation où la dimension <strong>politique</strong> l’emporte franchement<br />
sur la dimension religieuse. En effet, la rivalité avec la papauté qui est<br />
inhérente à la dignité impéria<strong>le</strong> est amplifiée par la dimension <strong>de</strong>s<br />
territoires <strong>de</strong> <strong>Char<strong>le</strong>s</strong>, mais aussi par <strong>le</strong> fait que <strong>le</strong>s Papes <strong>de</strong> la<br />
Renaissance enten<strong>de</strong>nt renforcer la dimension temporel<strong>le</strong> <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur<br />
charge. Dans ce contexte, la dimension spirituel<strong>le</strong> paraît n’avoir été<br />
qu’une arme dans la batail<strong>le</strong> <strong>politique</strong>. Ainsi, suite au sac <strong>de</strong> Rome <strong>de</strong><br />
1527, qu’il fallait à tout prix justifier face à une Europe scandalisée, la<br />
propagan<strong>de</strong> impéria<strong>le</strong> n’hésita pas à présenter Clément VII comme<br />
l’Antéchrist[28]. À l’inverse, <strong>le</strong> pape Paul IV n’hésita pas à suspendre <strong>le</strong><br />
conci<strong>le</strong> <strong>de</strong> Trente pour nuire à l’Empereur, puis à <strong>le</strong> menacer<br />
d’excommunication.<br />
Et pourtant, là encore, cette force centrifuge nous semb<strong>le</strong> avoir eu <strong>de</strong>s<br />
effets renforçant <strong>le</strong> pouvoir <strong>de</strong> l’empereur. Car, au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’effet obtenu<br />
par la propagan<strong>de</strong> impéria<strong>le</strong>, en particulier après <strong>le</strong> sac <strong>de</strong> Rome, mais<br />
aussi au moment <strong>de</strong> l’affrontement avec <strong>le</strong> Pape Paul IV, la tension avec<br />
la papauté amène <strong>le</strong>s philosophes impériaux à al<strong>le</strong>r plus loin dans la<br />
pensée, sinon d’une autonomisation du pouvoir <strong>politique</strong>, tout du<br />
moins d’un partage clair <strong>de</strong>s compétences qui restreint la supériorité<br />
du Pape au seul domaine religieux, et en fait un prince parmi d’autres<br />
dans <strong>le</strong> domaine temporel. Ce qui revient, dans <strong>le</strong>s faits, à laisser <strong>le</strong>s<br />
mains libres à l’empereur face aux provocations du pape. C’est <strong>le</strong> cas<br />
<strong>de</strong> la Leçon sur <strong>le</strong> pouvoir <strong>politique</strong> et <strong>de</strong>s Leçons sur <strong>le</strong> pouvoir <strong>de</strong><br />
Erytheis/Numéro 3/Septembre 2008/58