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L'Empire de Charles Quint : le laboratoire politique de l ... - IDT-UAB

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symbolique du titre la puissance effective <strong>de</strong>s moyens matériels. Le<br />

prince puissant qu’était François Ier l’avait parfaitement perçu, et c’est<br />

pourquoi il lutta âprement pour obtenir <strong>le</strong> titre d’empereur. Ce roi très<br />

puissant et très chrétien ne se serait jamais engagé dans une lutte<br />

aussi acharnée pour un titre vi<strong>de</strong> <strong>de</strong> sens qui ne lui aurait rien apporté.<br />

La force symbolique du titre d’empereur ne doit en aucun cas être<br />

sous-estimée.[11]<br />

<strong>Char<strong>le</strong>s</strong> possédait, comme François Ier, <strong>de</strong> nombreux territoires, et<br />

donc, une puissance économique et militaire capab<strong>le</strong> <strong>de</strong> redonner au<br />

titre impérial une portée matériel<strong>le</strong>. Mais en outre, il possédait grosso<br />

modo la moitié <strong>de</strong> l’Italie, berceau <strong>de</strong> l’Empire Romain, ainsi que <strong>de</strong>s<br />

territoires américains dont l’expansion exponentiel<strong>le</strong> avait amené<br />

Cortés à proposer à son roi un nouveau titre d’empereur. Lorsque<br />

<strong>Char<strong>le</strong>s</strong> est élu empereur, <strong>le</strong>s divers sens du terme empire se trouvent<br />

à nouveau réunis : ce nouvel empire est en premier lieu l’héritier du<br />

Saint Empire Romain puisque son empereur a été élu puis couronné en<br />

bonne et due forme. En outre, par la très gran<strong>de</strong> quantité <strong>de</strong> territoires<br />

gouvernés, il octroie aussi à son titulaire la caractéristique <strong>de</strong><br />

« seigneur du mon<strong>de</strong> » qui lui était propre en vertu du droit romain.<br />

Enfin, son extension lui confère ce sens vague, mais qui finira par<br />

s’imposer au XVIe sièc<strong>le</strong>, d’immense étendue <strong>de</strong> territoires gouvernés<br />

par un seul homme. L’empire <strong>de</strong> <strong>Char<strong>le</strong>s</strong> <strong>Quint</strong> est bel et bien empire<br />

dans tous <strong>le</strong>s sens du terme, et diffère en cela <strong>de</strong>s empires al<strong>le</strong>mands<br />

<strong>de</strong> son grand-père Maximilien et <strong>de</strong> son frère Ferdinand, qui n’avaient<br />

d’empire que <strong>le</strong> titre impérial.<br />

Cette puissance à la fois <strong>politique</strong>, militaire et symbolique, explique <strong>le</strong><br />

faste <strong>de</strong>s festivités du couronnement à Rome. Comme l’écrit Juan<br />

Carlos d’Amico dans son très beau livre consacré au couronnement<br />

impérial <strong>de</strong> <strong>Char<strong>le</strong>s</strong> <strong>Quint</strong> :<br />

Le couronnement à Bologne <strong>de</strong> <strong>Char<strong>le</strong>s</strong> <strong>Quint</strong> en 1530 est un moment<br />

essentiel pour l’épanouissement du mythe impérial et <strong>de</strong>s théories<br />

universalistes attachées à l’idée d’Empire universel. Grâce à <strong>de</strong>s<br />

circonstances, fortuites mais convergentes, qui permettent à un seul<br />

homme <strong>de</strong> régner sur un immense territoire, ce mythe, qui liait <strong>le</strong> passé<br />

glorieux d’un âge d’or à l’espoir d’une rénovation impéria<strong>le</strong>, connaîtra<br />

un développement sans précé<strong>de</strong>nt[12].<br />

Sous <strong>Char<strong>le</strong>s</strong> <strong>Quint</strong>, surgit donc un nouvel empire, qui revitalise <strong>le</strong><br />

différents sens du terme traditionnel, mais qui répond éga<strong>le</strong>ment aux<br />

aspirations et aux croyances d’un présent qu’il contribue, par son<br />

existence même, à mo<strong>de</strong><strong>le</strong>r en profon<strong>de</strong>ur.<br />

Erytheis/Numéro 3/Septembre 2008/52

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