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L'Empire de Charles Quint : le laboratoire politique de l ... - IDT-UAB

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sur <strong>le</strong> trône du fils <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur souverain légitime va <strong>de</strong> soi. Philippe hérite<br />

donc d’un empire qui ne l’est plus au sens juridique, mais qui <strong>le</strong> reste<br />

au sens qui a fini par s’imposer au XVIe sièc<strong>le</strong> : celui d’une immense<br />

extension <strong>de</strong> territoires gouvernés par un seul homme. Le titre et la<br />

puissante virtualité qui était la sienne ne sont plus, mais Philippe<br />

hérite justement du fruit <strong>de</strong> cette virtualité <strong>politique</strong> mise en œuvre par<br />

son père pendant plus <strong>de</strong> quarante ans.[34] C’est donc bel et bien d’un<br />

empire <strong>de</strong> facto qu’hérite Philippe. Un empire qui est bel et bien celui <strong>de</strong><br />

son père, qui s’est transformé pour mieux survivre. Un empire dont<br />

l’axe <strong>de</strong> décision est désormais en Espagne. Un empire que l’on connaît<br />

désormais comme Monarchie espagno<strong>le</strong>, ou Monarchie catholique.<br />

En outre, si l’on regar<strong>de</strong> <strong>de</strong> près, à côté <strong>de</strong> l’empire philippin continuent<br />

<strong>de</strong> s’affirmer <strong>le</strong>s état nationaux. C’est là l’autre héritage fondamental <strong>de</strong><br />

l’empire <strong>de</strong> <strong>Char<strong>le</strong>s</strong> <strong>Quint</strong>. Dans son artic<strong>le</strong> « La i<strong>de</strong>a imperial en la<br />

España medieval », Dolores Carmen Mora<strong>le</strong>s Muñiz montre comment<br />

<strong>le</strong>s rois léonais ont adopté <strong>le</strong> titre d’imperator pour mieux affirmer <strong>le</strong>ur<br />

autorité face aux pouvoirs rivaux, et comment <strong>le</strong> royaume castillanoléonais<br />

a pu se constituer en gran<strong>de</strong> partie grâce à cela[35]. Cette<br />

revendication du titre impérial fut un moyen pour ces rois <strong>de</strong> mettre en<br />

avant l’idée-force d’unité <strong>de</strong> l’ensemb<strong>le</strong> qu’ils gouvernaient. C’est cela<br />

même qu’avait cherché à accomplir <strong>Char<strong>le</strong>s</strong>, et avant lui tous ses<br />

prédécesseurs. C’est aussi l’unité <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs territoires que cherchaient à<br />

assurer (en même temps que <strong>le</strong>ur expansion éventuel<strong>le</strong>) <strong>le</strong>s souverains<br />

<strong>de</strong>s États-nationaux en <strong>de</strong>venir. Et pour y parvenir, ils n’hésitèrent pas<br />

à s’approprier tous <strong>le</strong>s symbo<strong>le</strong>s du pouvoir impérial, comme <strong>le</strong> montre<br />

F. A. Yates[36], ni à revendiquer la dimension impéria<strong>le</strong> et universel<strong>le</strong><br />

<strong>de</strong> <strong>le</strong>ur pouvoir.[37] Bref, <strong>de</strong> même que <strong>Char<strong>le</strong>s</strong> n’avait pas hésité pas à<br />

déployer tous <strong>le</strong>s symbo<strong>le</strong>s du pouvoir impérial lors du moment<br />

hautement symbolique <strong>de</strong> son couronnement à Bologne en 1530 pour<br />

mieux affirmer son pouvoir, <strong>de</strong> même <strong>le</strong>s rois <strong>de</strong>s États nationaux<br />

émergeants n’hésitèrent pas à s’approprier ces mêmes symbo<strong>le</strong>s et à<br />

revendiquer l’universalité <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur pouvoir pour mieux résister au<br />

pouvoir impérial carolin, puis philippin, et donc, pour mieux préserver<br />

<strong>le</strong>ur unité.<br />

* * *<br />

Outre <strong>le</strong>s contours mouvants <strong>de</strong> la notion d’empire, <strong>le</strong> fait que <strong>le</strong> titre<br />

impérial n’échût pas à l’héritier <strong>de</strong> <strong>Char<strong>le</strong>s</strong> <strong>Quint</strong> contribue à brouil<strong>le</strong>r<br />

la perception <strong>de</strong> l’après-<strong>Char<strong>le</strong>s</strong> et à donner lieu à <strong>de</strong>s interprétations,<br />

désormais dépassées ou du moins en passe <strong>de</strong> l’être, selon <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s<br />

Erytheis/Numéro 3/Septembre 2008/60

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