Les existants indivisibles : une réalité à géométrie variable - Scor
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Maître Jean-Pierre KARILA<br />
Il ne s’agit pas de la responsabilité décennale mais de<br />
la responsabilité civile accordée par l’assureur Décennale<br />
de façon traditionnelle dans ces polices qui comportent<br />
toujours des garanties avant réception qui est <strong>une</strong><br />
garantie d’assurance de choses d’ailleurs et non pas<br />
<strong>une</strong> assurance de responsabilité.<br />
Pierre BERTIN<br />
Mon analyse se situe sur le plan de la responsabilité<br />
des constructeurs. Si ces désordres surviennent<br />
pendant la période de garantie décennale des ouvrages<br />
neufs, nous avons deux scénarios classiques<br />
possibles. Soit, nous avons un effet différé des travaux<br />
neufs et nous sommes sur la même logique que<br />
précédemment, avec <strong>une</strong> notion de RC Décennale,<br />
soit nous avons un effet consécutif <strong>à</strong> <strong>une</strong> faiblesse<br />
des travaux neufs. Ce cas est typiquement décennal,<br />
les travaux neufs sont affaiblis par un défaut de<br />
conception ou d’exécution, ils sont endommagés<br />
et par répercussion, ils endommagent ce qui est<br />
au-dessus puisque ces ouvrages neufs ont <strong>une</strong><br />
fonction de support.<br />
Dans cette circonstance, il me semble que les constructeurs<br />
sont obligés de prendre en compte non<br />
seulement la réparation des ouvrages neufs, mais aussi<br />
toutes les conséquences occasionnées aux <strong>existants</strong>.<br />
Et nous voyons mal où pourrait s’arrêter alors, dans un<br />
cas aussi simple mais aussi classique, cette obligation<br />
de réparation des conséquences occasionnées aux<br />
<strong>existants</strong>. Ce cas pourrait être rapproché de celui d’<strong>une</strong><br />
fissure structurelle qui affecte un voile en béton armé,<br />
un cas peut-être encore plus simple mais qui pose<br />
intellectuellement un problème. <strong>Les</strong> constructeurs vont<br />
répondre de la réparation de la fissure du voile pour<br />
reconstituer l’homogénéité structurelle de l’élément<br />
qui se casse, mais ils vont aussi devoir prendre en<br />
compte un certain nombre de dommages indirects,<br />
c’est-<strong>à</strong>-dire ce qui habille le mur, un doublage, un<br />
habillage, un décor, <strong>une</strong> peinture, un revêtement de<br />
tissu. Pour aller réparer la fissure, il faut ouvrir ces<br />
ouvrages et les réparer. En général dans tous nos dossiers,<br />
nous voyons que les constructeurs doivent<br />
prendre en charge toutes les conséquences directes ou<br />
indirectes de cet événement, c’est-<strong>à</strong>-dire des protections,<br />
des revêtements de sol, des déménagements et<br />
réaménagements de biens, des déménagements et<br />
ré-emménagements d’occupants, voire des préjudices<br />
consécutifs. Ce scénario est connu. Pour revenir <strong>à</strong> mon<br />
exemple, l’idée directrice qui sous-tend l’approche,<br />
c’est que les travaux neufs qui touchent les structures<br />
d’un existant sont susceptibles de modifier ces dites<br />
structures. Ce qui permet de faire ressortir la notion<br />
de modification structurelle. Dans le cas présent, les<br />
modifications structurelles affectent les fondations<br />
existantes, puisqu’elles vont être complétées, approfondies<br />
ou remplacées par de nouvelles fondations, et<br />
impactent également les conditions d’appui et de descentes<br />
de charges de l’existant. Ce sont ces paramètres<br />
14 - Mars 2010 - SCOR<br />
qu’il faut auditer et maîtriser au niveau de la technique<br />
comme au niveau de l’assurance.<br />
Pour résumer et pour répondre <strong>à</strong> la question de<br />
M. Tuccella, les travaux structurels sous un existant<br />
rendent <strong>à</strong> mon avis <strong>indivisibles</strong> les structures existantes,<br />
puisqu’elles vont se comporter de façon associée.<br />
J’ai commencé par un exemple particulièrement lourd<br />
puisque dans ce cas, c’est la totalité des <strong>existants</strong> qui<br />
peut être concernée par répercussion de la pérennité<br />
décennale des ouvrages neufs. Nous allons voir<br />
heureusement avec d’autres exemples qu’il n’en est<br />
pas toujours ainsi et que tous les <strong>existants</strong> ne sont pas<br />
automatiquement en répercussion de la Décennale.<br />
Un deuxième exemple est le cas d’un grand chantier<br />
de rénovation. Un cas extrêmement classique et<br />
extrêmement connu surtout dans les grandes villes.<br />
Il est procédé <strong>à</strong> <strong>une</strong> rénovation quasi-totale mais<br />
en conservant la façade du bâtiment existant. Vous en<br />
avez tous vu puisqu’il y a encore maintenant un certain<br />
nombre de cas dans Paris. La façade ancienne, qu’il<br />
faut conserver en général pour des raisons purement<br />
administratives, est soutenue provisoirement par des<br />
structures créées <strong>à</strong> cet effet et ensuite elle est associée<br />
<strong>à</strong> terme aux ouvrages neufs. Je dis volontairement le<br />
mot associée. Dans un tel cas, la réponse technique sur<br />
l’indivisibilité est très simple. La façade est totalement<br />
associée au projet neuf puisqu’elle ne dispose d’auc<strong>une</strong><br />
autonomie structurelle. Ce cas permet de dégager<br />
deux notions, <strong>une</strong> notion d’association et <strong>une</strong> notion<br />
d’autonomie. Si l’existant n’est pas associé de façon<br />
intime aux travaux neufs, je dis mais c’est mon avis<br />
d’expert, qu’il reste divisible. Si l’existant garde son<br />
autonomie, il est l<strong>à</strong> encore divisible. Par contre, s’il est<br />
associé ou s’il est dépendant ou s’il est les deux <strong>à</strong> la<br />
fois, il devient indivisible. J’ajoute en matière d’autonomie<br />
qu’<strong>une</strong> typologie se dessine en trois volets sur<br />
l’autonomie :<br />
• <strong>une</strong> autonomie structurelle, puisque la façade ne<br />
tient pas sans les ouvrages neufs,<br />
• <strong>une</strong> autonomie technique,<br />
• <strong>une</strong> autonomie fonctionnelle, la fonctionnalité étant<br />
un domaine assez inquiétant sur lequel je reviendrai.<br />
Le troisième exemple, après le sous-œuvre et la<br />
rénovation globale avec un existant qui demeure, est<br />
celui de la surélévation. Un ouvrage neuf est ajouté sur<br />
un bâtiment existant. Cette situation diffère de la<br />
construction sous un existant parce qu’il existe, avec<br />
<strong>une</strong> surélévation, <strong>une</strong> certaine autonomie structurelle<br />
entre l’élément existant et l’élément neuf. <strong>Les</strong> constructeurs<br />
ont bien entendu <strong>à</strong> se préoccuper de la qualité<br />
de l’existant et puisque c’est un support, ils doivent<br />
l’analyser pour que l’ouvrage neuf soit pérenne. Mais<br />
il n’est pas évident que, s’il y a un dommage <strong>à</strong> l’ouvrage<br />
neuf qui est au-dessus, notamment un dommage<br />
structurel, il y ait <strong>une</strong> répercussion de dommage sur le<br />
bâtiment en dessous. Un voile peut se fissurer dans la<br />
partie neuve de l’étage au-dessus sans que le bâtiment