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Les existants indivisibles : une réalité à géométrie variable - Scor

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<strong>à</strong> l’élément structurel qui est franchi. C’est bien<br />

la notion d’échelle. Si le percement devient important<br />

<strong>à</strong> l’échelle de l’élément structurel considéré, ceci<br />

implique pour celui qui fait le percement <strong>une</strong> prise en<br />

compte du fonctionnement structurel de l’élément<br />

sollicité. C’est ainsi qu’un voile de contreventement qui<br />

est un élément extrêmement sensible et important et<br />

dont le rôle est majeur sur le plan structurel, ne peut<br />

être significativement affaibli, recoupé, retaillé ou<br />

entrouvert sans mettre en place nécessairement <strong>à</strong><br />

cette occasion et même avant, un dispositif de renfort<br />

ou de substitution. Nous revenons <strong>à</strong> <strong>une</strong> idée d’appropriation<br />

de la structure.<br />

J’ai dirigé il y a quelques années l’aménagement d’<strong>une</strong><br />

agence bancaire dans un immeuble existant et nous<br />

avons dû faire pour cela <strong>une</strong> très large baie au rez-dechaussée<br />

dans un vieux refend. Plusieurs dommages<br />

peuvent se produire <strong>à</strong> cette occasion. Si des dommages<br />

surviennent pendant l’exécution de l’ouverture et le passage<br />

de filets métalliques pour franchir la baie, ils vont<br />

relever du domaine de la responsabilité civile. Par contre,<br />

si le linteau qui vient d’être réalisé se comporte mal parce<br />

qu’il a été mal conçu ou mal réalisé, il est probable que<br />

la Décennale des constructeurs va s’étendre <strong>à</strong> l’ensemble<br />

des dégâts causés <strong>à</strong> l’existant. Enfin, si l’existant au-dessus<br />

révèle un jour un vice propre, il faut faire valoir, et<br />

c’est mon point de vue de technicien, que ce vice ne<br />

regarde que les propriétaires de l’immeuble et non pas<br />

les auteurs des travaux du rez-de-chaussée.<br />

En résumé <strong>à</strong> partir de cet exemple, j’aurais tendance <strong>à</strong><br />

dire que les interventions importantes <strong>à</strong> l’échelle des<br />

<strong>existants</strong> créent un risque de répercussion, mais les<br />

interventions plus modestes n’élargissent pas le champ<br />

de la responsabilité des constructeurs aux <strong>existants</strong>.<br />

S’il devait en être autrement, il faudrait finalement<br />

s’imposer un audit technique des <strong>existants</strong> de façon<br />

complète chaque fois qu’un existant est touché, ce qui<br />

n’a évidemment aucun sens, ni techniquement ni<br />

économiquement.<br />

Le sixième exemple est celui de la réfection d’un sol<br />

industriel, la réfection d’un dallage fissuré ne peut<br />

a priori se contenter d’un traitement de surface. Arrive<br />

donc la notion de diagnostic du support qui s’impose<br />

aux constructeurs. Ce qui me ramène <strong>à</strong> la notion d’appropriation<br />

du support. En l’espèce, la responsabilité<br />

des constructeurs, par rapport <strong>à</strong> la pérennité du sol<br />

traité, sera de facto élargie <strong>à</strong> l’ensemble de l’élément<br />

traité : il peut s’agir d’<strong>une</strong> dalle, d’<strong>une</strong> chape, d’un<br />

plancher. Par contre, cet élargissement de responsabilité<br />

a ses limites car les constructeurs chargés de la<br />

reprise d’un sol industriel n’auront pas <strong>à</strong> répondre, ce<br />

qui me paraît de bon sens mais peut-être que la jurisprudence<br />

dira le contraire, du comportement<br />

d’éléments extérieurs <strong>à</strong> l’élément traité, ces éléments<br />

extérieurs pouvant être par exemple le sol au sens<br />

géotechnique et non plus le sol traité, ou encore<br />

16 - Mars 2010 - SCOR<br />

la structure porteuse si cette chape est refaite sur un<br />

plancher. Dans ce cas, la notion d’appropriation du<br />

support se combine avec celle de support traité. Sinon,<br />

nous en venons <strong>à</strong> tout auditer et <strong>à</strong> proposer des travaux<br />

phénoménaux pour <strong>une</strong> simple réfection qui<br />

paraît au départ limitée.<br />

Le septième exemple est celui du ravalement. Dans<br />

<strong>une</strong> expertise qui s’est déroulée dans le vieux Paris, rue<br />

du Cherche-Midi, un ravalement neuf a dû être totalement<br />

refait <strong>à</strong> la suite de la défaillance d’un support.<br />

Vous connaissez tous ces façades qui sont en pans de<br />

bois avec des remplissages en maçonnerie.<br />

La responsabilité décennale des constructeurs a été<br />

mobilisée pour <strong>une</strong> mauvaise appréciation du support<br />

ancien et les constructeurs ont dû payer non<br />

seulement la réfection totale du ravalement avec<br />

les échafaudages, etc. mais aussi quasiment la<br />

recons-truction de cette façade support. Autrement<br />

dit, le ravalement d’<strong>une</strong> façade existante rend celle-ci<br />

indivisible en ce sens que les constructeurs ne peuvent<br />

concevoir et réaliser un ravalement adéquat et pérenne<br />

sans <strong>une</strong> parfaite maîtrise du support.<br />

Dans la même logique, et pour prendre un exemple<br />

plus contemporain, je pense <strong>à</strong> <strong>une</strong> expertise actuellement<br />

en cours dans l’est parisien. Dans le cadre du<br />

marché des travaux de ravalement, l’entreprise a<br />

réalisé un enduit décoratif D3 sur un ancien revêtement<br />

plastique épais (RPE), lui-même réalisé il y a bien longtemps<br />

sur <strong>une</strong> façade en béton. A nouveau, la<br />

responsabilité des constructeurs est susceptible d’être<br />

recherchée non seulement pour le revêtement D3 qui<br />

va probablement devoir être entièrement refait, mais<br />

aussi pour <strong>une</strong> mauvaise appréciation du support. En<br />

effet, l’entreprise devait se préoccuper non seulement du<br />

RPE qui n’était pas en bon état malgré des sondages en<br />

un certain nombre de points, mais aussi du béton armé<br />

qui dans certaines zones était dégradé par des poussées<br />

de fer. Vous voyez que nous allons loin alors que<br />

l’entreprise a fait un simple badigeon. Donc, pour un<br />

ravalement de propreté, <strong>une</strong> décoration, l’entreprise doit<br />

répondre de la fissuration non visible d’un béton armé<br />

par suite de la poussée et de la rouille des fers <strong>à</strong> béton.<br />

Nous pouvons penser qu’il aurait fallu un audit plus<br />

pertinent mais lorsqu’<strong>une</strong> entreprise de ravalement est<br />

consultée en concurrence, si elle vient demander un<br />

supplément pour faire un audit avant le démarrage des<br />

travaux, elle a peu de chance d’être adjudicataire du<br />

marché. Ce qui m’amène <strong>à</strong> la notion un peu complexe<br />

d’audit exigible.

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