Les existants indivisibles : une réalité à géométrie variable - Scor
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Le huitième exemple est <strong>une</strong> mise aux normes de<br />
sécurité incendie, que m’a suggéré M. Tuccella. C’est<br />
vrai que tant pour les assureurs que pour les experts,<br />
nous avons de plus en plus de litiges dans la grande<br />
hôtellerie, très en retard en matière de sécurité incendie<br />
en France. Elle essaie de se rattraper progressivement<br />
mais les budgets sont si considérables que ces travaux<br />
ne peuvent pas se faire en un jour. La pression administrative<br />
est tout de même l<strong>à</strong> pour que les hôtels<br />
deviennent de plus en plus sûrs. La responsabilité des<br />
constructeurs dans le domaine de la sécurité incendie va<br />
être liée <strong>à</strong> <strong>une</strong> notion très importante qui est celle de la<br />
fonctionnalité. En effet, pour procéder <strong>à</strong> la mise aux<br />
normes de sécurité, il faut que les conditions de sécurité<br />
soient remplies. Ce qui me ramène <strong>à</strong> la notion d’<strong>existants</strong><br />
appréhendables. Comme pour <strong>une</strong> structure, si<br />
l’audit permet de déceler facilement l’état défaillant des<br />
<strong>existants</strong> qu’il va falloir corriger, le risque décennal paraît<br />
étendu <strong>à</strong> la totalité de l’installation de sécurité. Par<br />
contre, si l’audit ne permet pas cette compréhension du<br />
système existant, le risque se réduit mais je ne suis pas<br />
certain qu’il s’annule.<br />
Ce qui fait émerger la notion de niveau d’audit. Quel<br />
niveau d’audit ? L’approche est très difficile sur un tel<br />
sujet. Je vais prendre un exemple concret. Nous<br />
sommes dans la sécurité incendie et <strong>une</strong> entreprise est<br />
chargée de refaire des volets de désenfumage. Cette<br />
entreprise ne va-t-elle pas accepter un risque décennal<br />
de fonctionnalité pour tous les éléments qui sont<br />
autour ? Derrière le volet, il y a <strong>une</strong> gaine, en haut de<br />
la gaine, il y a un ventilateur, s’il y a <strong>une</strong> alarme de<br />
détection, elle est déclenchée par <strong>une</strong> centrale de<br />
sécurité, <strong>une</strong> centrale SSI qui fonctionne avec un logiciel<br />
de gestion. Vous connaissez ces sujets mais je<br />
ressors <strong>une</strong> notion qu’il faut certainement explorer,<br />
celle de fonctionnalité périphérique. C’est-<strong>à</strong>-dire qu’il<br />
faut essayer de limiter la responsabilité de fonctionnalité<br />
<strong>à</strong> la périphérie de l’ouvrage pour lequel nous<br />
sommes saisis. Cependant, dans mon scénario, les<br />
volets sont testés avec des essais de désenfumage,<br />
avec des cartouches fumigènes, la commission de<br />
sécurité de la préfecture de police donne un avis et,<br />
<strong>une</strong> fois les volets refaits, l’ensemble est censé répondre<br />
<strong>à</strong> <strong>une</strong> obligation de résultat.<br />
Par contre, <strong>à</strong> l’inverse, la société spécialisée en informatique<br />
qui est chargée un jour de changer le logiciel<br />
de gestion du système de sécurité, va probablement<br />
voir son fonctionnement périphérique limité. Nous ne<br />
voyons pas en effet comment ce spécialiste de l’informatique<br />
pourrait aller s’assurer du bon fonctionnement<br />
des terminaux, des détecteurs qui vont donner <strong>une</strong><br />
information au logiciel, lequel va déclencher l’ouverture<br />
des volets. Donc nous ne pouvons pas imaginer<br />
que le spécialiste de l’informatique ait <strong>à</strong> répondre<br />
d’<strong>une</strong> quelconque fonctionnalité de ces détecteurs et<br />
des dispositifs actionnés de sécurité. Quel est le raisonnement<br />
<strong>à</strong> rechercher ? Cet exercice dépasse très<br />
sensiblement le cadre du présent exposé. La matière<br />
est complexe mais je dirais qu’il en fut un peu de<br />
même lorsque j’ai mis au point le barème de préfinancement<br />
de la CRAC. Dans <strong>une</strong> première étape, nous<br />
avons défini les besoins et recherché un système et<br />
dans <strong>une</strong> deuxième étape, beaucoup plus longue et<br />
plus lourde, nous avons conçu dans le détail un<br />
système que vous connaissez tous avec un fichier<br />
pathologique et <strong>une</strong> grille codée de répartition des<br />
responsabilités.<br />
Le neuvième exemple est celui de la mise aux normes<br />
parasismiques d’un ouvrage dont il est fait de plus en<br />
plus état notamment après l’événement qui s’est produit<br />
en Italie. J’ai eu <strong>une</strong> expertise sur la mise aux<br />
normes d’un pont du tramway de la Ville de Caen. Nous<br />
avons dû faire la mise aux normes parasismiques en<br />
expertise après la réalisation de l’ouvrage parce que<br />
cette mise aux normes avait été oubliée. Nous avons<br />
effectivement dû mettre en place entre les culées supports<br />
et le pont lui-même, des appuis spécifiques<br />
parasismiques capables de permettre au pont et au<br />
tablier de vibrer en cas de séisme sans<br />
se casser. Pour calculer ces appuis, les constructeurs,<br />
maîtres d’œuvre, entrepreneurs, bureaux d’études et<br />
contrôleurs techniques, ont dû prendre en compte les<br />
données structurelles de l’ouvrage mais cette prise en<br />
compte s’est limitée aux hypothèses de calculs. C’est-<strong>à</strong>dire<br />
que ceux qui avaient calculé le pont ont donné des<br />
valeurs de calculs, qui ont été intégrées par ceux qui ont<br />
eu la charge de calculer les appuis. Ils n’ont travaillé<br />
que sur des hypothèses de calculs. Je veux dire que la<br />
garantie attachée aux dispositifs antisismiques ne<br />
saurait <strong>à</strong> mon sens impliquer <strong>une</strong> extension de la garantie<br />
décennale de ceux qui réalisent ces appuis, <strong>à</strong> l’ouvrage<br />
existant, lequel continue sa vie avec ses garanties<br />
propres. En l’espèce, le pont avait été construit peu<br />
avant, il avait <strong>une</strong> bonne décennale devant lui mais nous<br />
pouvons imaginer <strong>une</strong> intervention sur un bâtiment existant<br />
ancien qui n’a même plus de garantie décennale.<br />
Il est donc impensable de demander <strong>à</strong> celui qui<br />
va faire les appuis pour un bon comportement de la<br />
structure de répondre de tous les vices qui pourraient<br />
survenir dans l’ouvrage existant qui est traité. Ici,<br />
pourtant malgré ce que je dis, nous sommes devant des<br />
ouvrages totalement indissociables. J’ai peut-être tort<br />
sur le plan technique et la jurisprudence dira peut-être<br />
qu’il faudra répondre d’<strong>une</strong> nouvelle Décennale sur le<br />
vieux pont.<br />
Le dixième exemple concerne les éléments d’équipement.<br />
Ils sont le plus souvent de nature dissociable<br />
mais il existe des éléments d’équipement indissociables.<br />
J’attire votre attention sur le fait que les orientations<br />
consuméristes et jurisprudentielles actuelles ont tendance<br />
<strong>à</strong> voir partout de l’impropriété <strong>à</strong> la destination et donc <strong>à</strong><br />
les ramener <strong>à</strong> la Décennale lorsque les désordres qui<br />
SCOR - Mars 2010 - 17