Plaquette Tobie 2 - Opéra de Lyon

Raphaël), qui rassure Tobit et Anna : après avoir vaincu un poisson géant
dans le Tigre, puis épousé Sarah, fille de Ragouël, Tobie s’apprête à
rentrer auprès des siens et guérira les yeux de son père ; l’arrivée du jeune
couple ; la guérison de Tobit grâce au fiel du poisson miraculeux tué par
Tobie ; la douleur insoutenable qu’il éprouve en ouvrant les yeux ; et son
retour à une vue normale grâce aux soins affectueux de Sarah.
Danseur et poète, le librettiste, Giovanni Gastone Boccherini, s’est
également fait connaître comme auteur de livrets pour des opéras de
Salieri. La famille dont il est issu s’est distinguée dans de nombreux
arts. Son père, Leopoldo, fut un violoncelliste et contrebassiste virtuose.
Sa sœur aînée, Maria Ester, danseuse à Vienne, était l’épouse du chorégraphe
Onorato Viganò et la mère de Salvatore Viganò, époux de la
splendide Maria Medina, maître de ballet à la cour de Vienne puis à la
Scala de Milan, pour qui Beethoven composa son ballet Les Créatures de
Prométhée. Quant au frère de Giovanni Gastone, il n’était autre que le
fameux Luigi Boccherini, compositeur à la cour d’Espagne et co-inventeur,
avec Haydn, du quatuor à cordes.
La partition de Haydn s’inscrit à de nombreux égards dans la tradition
de l’oratorio italien, lui même fortement inspiré par le dramma per
musica métastasien. On remarque en particulier le nombre restreint des
chœurs (trois seulement dans la version originale) et des ensembles
(seulement un duo). Comme il se doit, le livret opte pour la langue de
Dante (c’est en entendant les œuvres de Haendel à Westminster que
Haydn comprendra l’importance d’utiliser l’idiome local pour être compris
du public). Et, tout empreint de la majesté un peu moraliste de
Métastase, Boccherini met de côté l’aspect pittoresque du récit biblique,
riche en événements fabuleux qui témoignent de son origine mésopotamienne.
Le peu d’action restant (les retrouvailles entre Tobie et les
siens, le miracle, la révélation par Raphaël de sa véritable identité, le
dénouement final) est confiné dans les récitatifs. Les airs sont dévolus à
l’expression des passions et du sentiment religieux, le dessein édificateur
de tels ouvrages n’étant jamais perdu de vue.
Exit le personnage d’Asmodée, âme damnée qui a fait mourir coup
sur coup les sept premiers maris de Sarah, avant même que la nuit de
noces soit consommée. Exit également Ragouël son père, et en fait
toutes les scènes situées en Médie, au nom de l’unité de lieu. Alors que
dans le Livre de Tobit celui-ci perd la vue en recevant sur les yeux des
fientes de moineaux (!), son infortune devient, dans l’oratorio, affaire de
foi. A en croire Anna, c’est Dieu qui a infligé la cécité à son mari, pour
mettre à l’épreuve leur confiance en lui ; elle estime que, si Tobit ne
recouvre pas la vue, c’est que Dieu aura donné raison aux infidèles
contre les croyants. Pour que l’affaire soit bien claire, Boccherini étoffe
d’ailleurs l’épisode du miracle. La lumière du jour brûle les yeux de
Tobit, qui préfère à cette douleur ses propres ténèbres. Il faudra l’intervention
de l’ange pur Sarah pour que Tobit surmonte cette dernière
épreuve et retrouve, partant, une foi intacte.
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