AUTEURS LATINS - latin, grec, juxta

16 georgica. liber ii.
Velleraque ut foliis depeant tenuia Seres¹ ?
Aut quos Oceano propior gerit India lucos,
Extremi sinus orbis, ubi æra vincere summum
Arboris haud ullæ jau potuere sagittæ ?
Et gens illa quidem sumtis non tarda pharetris.
Media fert tristes succos tardumque saporem
Felicis mali², quo non præsentius ullum,
Pocula si quando sævæ infecere novercæ,
Miscueruntque herbas, et non innoxia verba,
Auxilium venit, ac membris agit atra venena.
Ipsa ingens arbos, faciemque simillima lauro ;
Et, si non alium late jaaret odorem,
Laurus erat : folia haud ullis labentia ventis ;
Flos ad prima tenax ; animas et olentia Medi
Ora fovent illo, et senibus medicantur anhelis.
Sed neque Medorum silvæ, ditissima terra,
Nec pulcher Ganges, atque auro turbidus Hermus³,
Laudibus Italiæ certent ; non Bara, neque Indi,
Totaque turiferis Panchaia pinguis arenis.
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parlerai-je de cette délicate et précieuse toison que les Sères détachent de
la feuille de leurs arbres ; de ces grands bois que voit s’élever sur ses plages
l’Inde, voisine de l’Océan et dernière limite de l’univers ? Nulle flèche
n’arrive à la hauteur où les arbres de ces bois balancent leur tête altière, et
pourtant la main de l’Indien n’est pas inhabile à décocher le trait. La Médie
produit une pomme bienfaisante dont les sucs sont amers et la saveur
persistante. C’est le plus puissant de tous les remèdes pour chasser des
veines de l’enfant le poison que la marâtre y a fait couler, quand elle lui a
fait boire la mort dans un breuvage, en prononçant des paroles magiques.
L’arbre est très-élevé et tout à fait semblable au laurier ; s’il ne répandait au
loin une odeur différente, on le prendrait pour le laurier même. Sa feuille
résiste à tous les efforts des vents, et sa fleur adhère fortement à la tige.
Les Mèdes en prennent dans la bouche pour corriger le vice de l’haleine,
et l’emploient pour soulager les vieillards dont la reiration est difficile.
Mais ni les riches forêts du Mède, ni les rives enchantées du Gange, ni
l’Hermus qui roule un sable d’or, ni la Bariane, ni l’Inde, ni la Panchaïe
tout entière, dont les plaines produisent l’en-
utque Seres
depeant foliis
tenuia vellera ?
aut quos lucos gerit India
propior Oceano,
sinus orbis extremi,
ubi haud ullæ sagittæ
potuere jau
vincere æra summum
arboris ?
Et illa gens quidem
non tarda
pharetris sumtis.
Media fert succos tristes
saporemque tardum
mali felicis,
quo non ullum auxilium
venit præsentius,
si quando sævæ novercæ
infecere pocula,
miscueruntque herbas,
et verba non innoxia,
ac agit membris
atra venena.
Arbos ipsa ingens,
simillimaque faciem lauro ;
et, si non jaaret late
alium odorem,
erat laurus :
folia labentia
haud ullis ventis ;
flos tenax
ad prima ;
Medi fovent illo
animas et ora olentia,
et medicantur
senibus anhelis.
Sed neque silvæ
Medorum,
terra ditissima,
nec pulcher Ganges,
atque Hermus
turbidus auro,
certent laudibus Italiæ ;
non Bara, neque Indi,
totaque Panchaia
pinguis arenis turiferis.
géorgiques. livre 2. 17
et comment les Sères
peignent (enlèvent) des feuilles
de minces toisons ?
ou quels bois porte l’Inde
plus proche de l’Océan,
golfe de l’univers à-son-extrémité,
là où aucunes flèches
n’ont pu (ne peuvent) par le jet
dépasser l’air le plus haut (la cime)
d’un arbre ?
Et cette nation-là pourtant
n’est pas lourde (est adroite)
les carquois étant saisis.
La Médie produit les sucs tristes (amers)
et la saveur lente (qui reste longtemps)
du fruit salutaire,
en comparaison duquel aucun secours
ne vient plus efficace,
si parfois de méchantes marâtres
ont gâté (empoisonné) les breuvages,
et ont mélangé les herbes,
et prononcé des paroles non inoffensives,
et ne chasse mieux des membres
les noirs poisons.
L’arbre même est grand,
et très-semblable par l’ae au laurier ;
et, s’il ne jetait (répandait) pas au-loin
une autre odeur,
c’était (ce serait) un laurier :
ses feuilles ne sont tombantes (ne tombent)
avec aucuns vents ;
sa fleur est tenace (adhérente)
très-fort ;
les Mèdes réchauffent de cette fleur
leur souffle et leur bouche infee,
et traitent avec elle
les vieillards hors-d’haleine (asthmatiques).
Mais que ni les forêts
des Mèdes,
terre très-riche,
ni le beau Gange,
et l’Hermus
trouble par l’or,
ne le diutent aux louanges de l’Italie,
ni Bares, ni les Indes,
et toute la Panchaïe
grasse de sables qui-portont-l’encens.