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I.a formfflon
gu Domaine de OPOU11181
A la différence d'autres grandes forêts des
environs •de Paris, telles que Compiègne
ou Fontainebleau, qui, ayant appartenu de
longue date à l'ancien domaine royal,
existent depuis des siècles dans leurs limites
actuelles, la forêt de Rambouillet a été
constituée par des acquisitions successives.
Propriété des Rois de la première dynastie,
puis concédée en 768, par Pépin le Bref, à
I Abbaye de Saint-Denis, elle fit retour sous
les premiers Capétiens au domaine royal
et devint en 1204, par voie d'échange, la
propriété des puissants Comtes de Montfort,
déjà gruyers héréditaires d'Yveline.
Elle fut l'objet durant toute cette période
de nombreux défrichements.
Dans le cours du Xl!le siècle, le domaine
commença à être démembré. En 1317 eut
lieu un partage définitif entre Yolande.
Duchesse de Bretagne, Comtesse de Montfort,
et Jeanne, Comtesse de Roussy, s,- L.
soeur, relativement aux biens à elles ècIt s.
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par lele décès de leur mère Béatrix. Les trois
seigneuries les plus importantes étaient
alors Montfort, Rochefort et Epernon.
Par ce partage, Yolande, l'aînée des filles,
reçut le Comté de Montfort, la Chtellenie
de Saint-Léger et ses dépendances, plus les
fiefs d'Epernon, Houdan, Gambais, Gazeran
et autres moins importants et touchant
Rambouillet ; Jeanne, la cadette, reçut la
Châtellenie de Rochefort-en-Yvelines, la
prévôté et les Champarts de Sonchamp,
Besnières. la Celle-les-Bordes, le Perray,
les Essarts, le Fargis, la Pommeraye et autres;
plus tous les fiefs relevant de la Châtellenie
de Rochefort, ceux de Rambouillet, de
Montorgueil, de Groussay, de Garnonvilliers,
des Bréviaires, Viès (ou Vieille) Eglise
et autres petits fiefs.
En 1368, Girard de Tournebu, Chevalier,
auquel était échue la Seigneurie de Rambouillet,
vendit, au nom de Jeanne de Biencourt
(I), sa femme, à Jean Bernier, maître
des requêtes au Conseil du Roi, le manoir
ou hébergement de Rambouillet, avec tous
les droits, censives, usages forestiers, pour
le prix de 700 livres tournois (Ce qui représente
aujourd'hui environ 84.000 franCs)
le domaine ne comprenait alors, autour du
château, que onze à douze cents arpents de
bois.
(1) Jeanne de Biencourt parait avoir reçu cette seigneurie,
par une suite d'héritages, de Peronnelle de
Montfort, qui avait épousé en 1239 Raoul de la Roche.
Tesson.

En 1384, Guillaume Bernier, fils du précédent,
Chevalier, et Jeanne d'Epineuse,
sa femme, cédèrent à Regnault d'Angennes,
écuyer, premier valet tranchant du Roi
Charles VI, ic Château et forteresse de Rambouillet,
avec ses dépendances, en contreéchange
de la terre de Buzenval, près Pans.
Ils reçurent en outre une soulte de trois
mille francs d'or. Le domaine de Rambomllet
devait rester jusqu'à la fin du XVII'
siècle dans la famille d'Angennes, qui l'agrandit
dans des proportions considérables.
Beaucoup de terres et bois notamment
qui constituent le Parc actuel furent l'objet,
dès le début, d'acquisitions multiples. C'est
ainsi que Regnault d'Angennes acquit luimême
les fiefs de Montorgueil, de Groussay,
de Garnonvilliers, de Cutesson, d'Harbonville,
du Fargis, des Essarts, la Châtellenie
de Poigriy, etc. Ses successeurs acquirent
peu à peu quantité d'autres fiefs, notamment
ceux du Coudray (emplacement de
l'ermitage actuel du Parc), des Bréviaires,
de Vxeille-Eglise, de Biennouvienne, etc.
Jacques d'Angennes, en particulier, qui fut
capitaine des gardes du Corps de Français
I et lieutenant Général des Armées de
Henri II, Français II et Charles IX, porta
le domaine de Rambouillet à son maximum
daccroissement, mais à sa mort (1562) sa
riche succession fut partagée entre ses dix
enfants. Un nouveau partage eut heu en
1592. Un travail de remembrement était
nécessaire.

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C'est ainsi qu'en 1687 furent achetés
Catherine d Orléans-Rothelin, dame de Ga
zeran, qui les tenait de la famille de Prunelay,
les bois, terres et prés, sur lesquels était
notamment la pièce d'eau du château de
Rambouillet. Ils furent alors enfermés dans le
Parc par leur acquéreur, le Duc de Montausier,
devenu marquis de Rambouillet
par son mariage avec Julie d'Angennes. On
trouve encore des bornes du Grand Parc
portant comme marque de l'ancienne limite
les armes des Prunelay.
La terre de Rambouillet avait été érigée
en effet en marquisat en 1612 et relevait
alors de la Seigneurie de Rochefort. Passé en
1695 par héritage dans la famille d'Uzès, le
marquisat de Rambouillet fut acquis pour
140.000 livres en 1699 par Fleuriau d'Arinenonville,
alors Conseiller d'Etat et Intendent
des Finances de France, qui commença
l'établissement des canaux du château et
des murs du Parc dans la partie non close
par les d'Angennes. Ce dernier continua à
faire un grand nombre d'acquisitions pour
l'agrandissement du Marquisat de Rambouillet.
Il acheta notamment les terres et
seigneuries de la Pommeraie, de Villepert,
de la Renardière et les bois de Sonchamp.
Mais dès 1706 cependant, cédant à la demande
du roi, il dut vendre le Marquisat
de Rambouillet au Comte de Toulouse,
(ils légitimé de Louis XIV, pour le prix de
540.000 livres (dont 90.000 livres pour le
prix des meubles). Le Comte de Toulouse

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acheva d'enclore le parc dans son étendue
actuelle et agrandit considérablement ic
domaine par l'acquisition, notamment, aux
descendants des branches cadettes des d'Ansennes,
de la Chtelle.nie de Poigny et de
la Seigneurie du Fargis et à d'autres, des
Seigneuries du Perray, de Gazeran (I),
Guipéreux, etc... En 1706, en particulier,
il parvint à acquérir les bois dépendant du
Duché d'Epernon, soit près de six mille
arpents, et la Châtellenie de Saint-Léger,
avec la forêt et ses dépendances, constituant
la plus grande partie du Comté de
Montfort et contenant près de treize mille
arpents de bois et bruyères (2).
En 1711, le domaine, érigé en duchépairie
et relevant du Roi, avait par suite de
toutes ces acquisitions environ 5 lieues et
demie de long sur 5 lieues de large. Il était
composé de Il paroisses et de 75 autres
terres ou fiefs avec 28.000 à 30.000 arpents
de bois. La Maîtrise des Eaux et Forêts de
Rambouillet était formée de la Maîtrise
Particulière de Saint-Léger et de la Gruerie
de Rambouillet, qui furent réunies à cette
époque en une seule charge de maître particulier,
attribuée à un gentilhomme.
Non content d'agrandir son domaine.
le Comte de Toulouse passa un traité avec
(I) Bois dits aujourd'hui de Cazeran, compris uns
bande de futaie dans la partie N.-O. du Grand Parc
actuel.
(2) La foret de Montfort appartenait alors au duc de
Chevreuse.

Marie-Anne de Rouillé, épouse de Ch. Denis
de Blli0, par lequel cette dernière
lui consentit la faculté de faire tracer des
routes de chasse dans toute l'étendue de ses
bois des Bordes, la Villeneuve, la Bretèche,
la Vallée Noire, la Vallée au Cerf, la Poterie
et les Fonds de Bullion ; il traita dans les
mêmes conditions avec le Comte d'Harville
pour les bois de la Celle et ses annexes et
avec ic Prince de Guéménée pour les routes
de la foret des Yvelines. Il acquit également
diverses parcelles de plaine pour y faire
continuer les routes de chasse qu'il faisait
tracer dans la forêt, sur près de trois cents
lieues, cependant qu'il terminait l'embellissement
du château, le tracé des routes du
Parc et l'établissement des canaux (I).
En 1724 le Comte de Toulouse approuva
la réformation générale, exécutée sur son
ordre, des bois de la Maîtrise de Rambouillet,
c'est-à-dire qu'il fit établir ce qu'on appelle
aujourd'hui un règlement d'exploitation,
avec plans géornétraux à l'appui dont l'atlas
existe encore.
En 1727, il acquit le fief des 500 Arpents,
qui touchait au bois des Maréchaux.
Son fils, le Duc de Penthièvre, continua
l'agrandissement et l'embellissement du domaine,
il créa notamment le Jerdin Anglais.
En 1741, il acquit le fief d'Hollandc et en
1746 le seigneurie de Ga mhaiscuil. Il fit en
outre ouvrir « pour les plaisirs du Roy en
() 11 traita encore avec d'autres proprétairet riverains
pour proiunger tes routes de débCiché.

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1756. dans les terrains achetés à cet effet, une
route de chasse allant du Pavillon de I Etang
de la Tour au Château Royal de Saint-
Hubert, qui venait d'être construit ; le pavillon
et le château ont disparu, mais la
route forestière existe encore (route des deux
Pavillons). C'est lui qui fit construire dans
le Parc le Pavillon des Coquillages et l'Hermitage.
De leur côté les rois Louis XIV et Louis
XV avaient, entre temps, acquis à Rambouillet,
les Essarts, Vieille-Eglise, etc.,
divers terrains pour les rigoles et autres ouvrages
qu'ils avaient fait établir (1) afin d'a-.
mener à Versailles les eaux provenant des
Etangs d Hollande, creusés è cette intention,
de l'Etang de la Tour et de l'Etang du
Perray. Ce domaine était distinct, même en
forêt, de celui des Princes, tout comme le
Château de Saint-Hubert, depuis aliéné,
et cette distinction s'est perpétuée Jusqu'à
nos jours.
Néanmoins certains cantons de forêt ne
faisaient pas encore partie du duché. C'est
ainsi qu'en 1754 les bois dts Yvlines dépendaient
toujours du Prince de Montauban,
Seigneur de Rochefort il y avait aussi, dans
l'étendue de la forêt, maints biens d'église,
dont plusieurs tenus par le Duc de Penthièvre
en emphytéose et dont d'ailleurs une
autre partie est devenue depuis la propriété
(I) Ces rig.les cntriburenL singLilièrernent à I'asscheruent
du plateau argileux qui s'étend de Versailles
Rambouillet.

-8—
d'autres acquéreurs, tels que les bois ayant
autrefois dépendu de l'abbaye de Saint-
Benoist pour ne citer que ceux-là.
Alors qu'en 172 le duc de Penthièvre
venait de faire procéder à son tour à une réformation
générale de l'ensemble de la forêt,
ou aménagement qui servit à l'assiettt
annuelle des coupes jusqu'en 1894, il dut
vendre, à son grand regret, pour 16 millions
de livres, le domaine de Rambouillet et ses
annexes au Roi Louis XVI, en l'an 1783. 11
avait donc fallu près de six siècles pour que
la forêt fît retour au domaine royal.
Louis XVI fit notamment construire, dans
le Parc, la Ferme et la Laiterie.
Maintenu dans la liste civile par le décret
des 26 mai, I juin 1791, passé par décret
des 6 et 8 septembre 1792 sous l'administration
générale des biens nationaux, le
domaine de Rambouillet fut amputé de
1791 à 1798 d'un grand nombre de terres
et de bâtiments. L'Etat ne conserva en
somme, que le Château, le Parc et la
Forêt (1).
Le Sénatus-Consulte du 30 janvier 1810,
faisant suite à celui du 28 février an XII,
qui avait rétabli la liste civile, compléta la
dotation de la couronne où avaient déjà
été réincorporés la plus grande partie des
terres et btimnts aliénés en 1793 et y ajouta
notamment les terres et bois des Yvelines,
(I) Les bois d'abbayes furent alors incorporés à celleci.
notamment le bois des Vindrina, dépendant de
l'abbaye des Vaulx-de-Cernay.

-9--
Vindrins, Ventes aux Moines, Bois Dieu, des
friches et des bruyères à Saint-Léger.
Les bois de Rochefort-en-Yvelines furent
au contraire distraits du domaine impérial-
Le domaine fut maintenu dans son intégrité
dans les listes civiles de Louis XVIII
et de Charles X, mais certaines améliorations
y furent apportées, telles notamment
que l'établissement sous la direction du Préinter
Veneur, le comte de Girardin, des tirés
du Grand Parc.
Après l'instauration de la Monarchie de
Juillet, le domaine de Rambouillet fut distrait
de la liste civile par la loi des 2 et 7
mars 1832. Il subit alors une amputation
nouvelle. Les terres qu'il renfermait furent
en effet aliénées à l'exception de celles du
Grand Parc, ainsi que divers bâtiments et
de nombreuses remises boisées ou petits
bois séparés. L'Etat ne conserva, comme
après la Révolution, que la Foret, le Château,
lit Ferme et le Parc, ainsi que la plupart des
routes de chasse.
Le domaine ne devait plus subir depuis
lors d'autres modifications importantes, mais
il fit retour à la liste civile pendant la durée
du Second Empire, époque à laquelle on ternit
en état plusieurs routes de déhciché.
En résumé, mosaïque de fiefs féodaux
réunis ou séparés successivement au cours
des siècles, selon dûs vicissitudes diverses,
ce n'est que du jour où elle est parvenue
dans la possession des Princes légitimés
que la foret de Rambouillet, enfin rassem-

- 10 -
blée sous une même autorité, a pris réellement
un aspcct analogue à son apparence
actuelle, avec ses routes aux longs alignements
rectilignes, bordées de cordons boisés
et ses carrefours aux noms historiques.
Mais tous ses précédents propriétaires
avaient également travaillé, depuis de longs
siècles, à la conserver en l'améliorant et il
serait injuste d'oublier leur mémoire.
Depuis que cette antique forêt a fait retour
au domaine national, l'Etat n'a point
failli à la même tache et l'inaliénabilité qu'elle
partage maintenant avec toutes les forêts
domaniales la sauve dorénavant de toute
amputation nouvelle.

L8 T8818mont
1i1 hic flonou (1)
Quand Messire Bernard de Nogaret de
Foix et de la Valette, deuxième duc d'Epernon,
Pair et Colonel Général de France,
Gouverneur de Guyenne, sentit, dans la
7O année de son âge, les premières approches
de la mort, il fit appelcr, le 17 juillet
1661, en son hôtel, rue Saint Thomas du
Louvre, paroisse Saint-Germain l'Auxerrou,
les sieurs Daubray et de Rianty,
notaires gardes-notes du Roi cri son Châtelet
de Paris n, afin de rédiger son testament. 11
était, dit cette pièce, « gisant au lit,
malade de corps, sain de mémoire et entertdcment,
ainsi qu'il est apparu aux notaires
soussignés '.
Fils de Jean-Louis de Nogaret de la Valette,
premier duc d'Epernon et de la vaillante
Marguerite de Foix, qui préférait la
mort à la honte, le deuxième duc d'Epernon
avait eu, dès sa jeunesse. comme Colonel
(I) Archivee domaniales de Rambouillet. (Inspection
dm ceux et

- 12 -
général d'infanterie, une carrière militaire
des plus brillantes. Epoux en premières noces
d'une fille naturelle d'Henri IV, qu'on
l'accusa d'avoir empoisonnée, il s'était
remarié en secondes noces avec une nièce
du Cardinal de Richelieu, qu'il rendit d'ailleurs
fort malheureuse, à ce point que
XIII voulut 1e faire comparaître devant un
tribunal extraordinaire, mais il s'enfuit en
Angleterre.
Devenu vieux, il éprouva peut-être quelque
remords d'une vie dans laquelle par
ailleurs il s'était dans d'autres occasions
montré avide et cruel, car, dit encore le
testament, « faisant réflexion sur la fragilité
de la condition de l'homme, subjet aux disgrâces
de la fortune, et à tant d'accidents
soudains et imprévus, et qu'après tout il
faut rendre le tribut à nature, n'y ayant
personne, pour grand qu'il soit, qui puisse
s'en exempter ; considérant aussy qu'il a
plu à Dieu Iny oster ses enfants (1), ou les
mettre hors d'état de pouvoir recueillir ses
biens après son décès (2), ne voulant mourir
sans avoir donné quelque ordre aux
choses qui sont de ce monde et qui dépendent
de luy, il fait dicté et nominé aux deux
notaires son testament et ordonnance de
(I) Son fils du premier lit, Louis-Charles-Gaston de
Candalle, était mort avant lui.
(2) Sa fille, également du Premier lit, Anne-Louise-
Christine de Foix de la Valette d'Epei-non. était entrée
en religion à la suite de la mort à la guerre du Chevalier
de Fiesque, qu'elle aimait.

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dernière volonté, en la forme et manière
qu'il convient ».
Ce testament, commence par une imploration
à la clémence divine, « déclarant ».
en outre, « ledit seigneur qu'il pardonne de
bon coeur à ceux qui peuvent l'avoir offensé»,
puis il stipule que son corps, après avoir
été posé à l'église des Feuillants, soit « conduit
incessamment en l'église de Cadillac,
où sont inhumés ses ancêtres ». Il veut et
entend qu'il soit célébré douze mille messes
basses en plusieurs églises à la demande de
ses exécuteurs, auxquels il prescrit de
payer toutes ses dettes. Il lègue ensuite
vingt mil (sic) livres aux pauvres de Paris,
et pareille somme à l'Hôpital du Saint-Esprit
de Dijon et à l'abbaye de Sainte Clossinde
de Metz, plus « soixante mil
livres, une fois payées, mises en fonds, en
rentes bien asseurées » pour que le revenu
en soit employé au mariage des pauvres
filles des terres de la maison de Candalle,
par les soins des pères de la doctrine Chrétienne
et des Capucins de la Ville de Cadillac,
auxquels il laisse en outre deux cent livres
de rente, d'une part, et l'équivalent de ses
aumônes annuelles de l'autre.
Il conserve les revenus d'une somme de
« quinze mil livres)) pour la fondation d'un
obit complet annuel « pour le repos
complet des âmes de iuy testateur n , de ses
parents, ses frères, sa première femme
« dame Gabrielle légitimée de France
et ses deux enfants.

- 14 -
Il donne et lègue une pension viagère de
« trois mil livres au grand couvent des
Carmélites de cette ville de Paris pour
ladite Anne de Nogaret de Foix, sa très chère
fille, religieuse professe audit couvent »,
plus au même couvent « Cent mil livres )),
une fois payées, à charge de faire célébrer
deux services annuels pour k repos de son
âme et de celle du duc de Candalle, son fils.
11 laisse encore, outre des tapisseries à
l'église de Cadillac, « vingt-huit mil livres
à l'Hospital dudit Cadillac «, plus u dix
mil livres à !'Hostel Dicu de Paris «, et autant
à celui de Bordeaux.
Il déclare ensuite qu'il veut que sa seconde
femme, daine Marie de Cambou8t, soit
payée des conventions conformément à
son contrat de mariage ».
S'étant ainsi mis cri avec Dieu et
ses proches, il laisse plusieurs bijoux et
objets de grande valeur « à chacun de ses
amis, officiers, et domestiques » dont ses
gentilhommcs, son Capitaine des gardes et ses
« advocats >, plus « sx mil livres à chacun
de ses « cscuycrs » et tous les chevaux qui se
trouvent dans son escape après son décès,
excepté un cheval d'Espagne appelé le
Léphir ». Il laisse en outre des sommes
verses « au capitaine de ses mullcts », à
chacun de ses « paifreniers, pages, vallets
de chambre, vallets de garde-robbe, escuyers
de cuisines, aydes de cuisine, cochers,
Postillons, sommeliers, aydes sommeliers,

- 15—
porteurs de chaises, portefaix, vallets de
pied '.
Il laisse encore « trois cent mil livres, au
fils naturel de son frère et encore diverses
sommes à ses secrétaires, aumôniers, son
médecin, son chirurgien, son procureur,
etc... >.
Tous ces legs faits, il donne et lègue
« dame Marie-Claire de Beaufrernont,
comtesse de Flex, première darne d'honneur
de la Reyne, tous ses droits, noms et actions,
rescindantes et rescizoires, et générallement
tout ce qui est censé et réputté de nature de
meubles, qui se trouvent en toutes les terres,
seigneuries, maisons, chasteaux, apartenant
au seigneur testateur, ou ailleurs, au J our de
son déceds. Il lui laisse en outre « trois cent
mil livres une fois payées et outre ce tous
les acquets, immeubles et tous les biens censés
et réputtés acquets qui lui apartiendront
au jour de son dit cléceds en quelques
lk' et provinces qu'ils soient situés et
assis » et il ajoute encore à cet important
legs, « tous ses biens, immeubles, duchés,
Comtés, Marquisats, terres et seigneuries,
maisons et autres domaines, possessions et
ventes qui luy sont propres et dont il a le
libre disposition et toutes leurs apartenances,
dépendances et annexes, en toutes lesquelles
choses sus dites en tant que besoin est ou
seroit, il l'institue son héritière le tout
suivant et conformément à ce que le droit
écrit, les coustumes et les situations de tous
les susdits biens, terres et seigneuries. lui

16
permettent et donnent la faculté de disposer
et tester, en quoy ledit seigneur testateur
l'a faicte et nommée sa légataire universelle
».
Enfin pour le regard des autres ses biens
et demeures dont il n'a pas la liberté de disposer
et qui sont réservés à ses héritiers légitimes
par les lois et coustumes de leur situation,
ledit seigneur les donne et laisse
à ses héritiers légitimes pour être partagés
en deux, suivant les coustumes de leur situation
et en ce les institue ses héritiers D.
Quant à M. de la Reynie, intendant de la
maison, il recevait un « diamant du prix de
vingt-mil livres », plus « tous les billets de
l'espargne, et assignations qu'il a pieu au
Roy d'accorder audit Seigneur testateur pour
les arrérages de ses pensions et apointements
» ; M. de la Reynie était en outre
déchargé de toutes redditions de comptes,
« estant ledit seigneur testateur bien asseuré
de sa fidélité et probité P.
Tous ces legs ne pouvaient être exigés
que dans un an à compter du jour de ses
décès.
Les Sn de la Reynie et Lambin, « son
advocat de Conseil» étaient désignés comme
exécuteurs testamentaires.
C'est en vertu de ce testament que Messire
Gaston-Jean-Baptiste Goth, marquis
de Rouillac, cousin germain par sa mère
de Bernard de Nogaret, lui succéda dans
ses titres et dignités de duc d Epernon ft
Pair de France « avec les honneurs, prérogai.

- 17 -
ves et préhéminences à'duc et Pair de France
appartenantes ». Les lettres patentes par lesquelles
Henry III par la grâce de Dieu
Roy de France et de Pologne s, avait érigé
le 27 novembre 1581, la baronnie d'Epernon
n duché-pairie, accordaient en effet ces
ionneurs, prérogatives, etc. à « ses hoirs,
uccesseurs, et ayant cause, masles ou
melles, seigneurs dudit Espernon, à toupurs
perpétuellement ».
En vertu encore de ces dispositions, le
titre de duchesse d'Epernon passa après
la mort de celui-ci « à très haute et très
puissante dame, madame Régina Elisabcth
de Goth », sa fille, mais cette dernière, qui
était religieuse de la Visitation, y renonça
par acte du 28 janvier 1698.
L'héritier par bénéfice d'inventaire du
ds-
'Epernon, fut alors Messire Lou's-
Henri Henrie Gondrin, marquis de Montespan,
mais il n'était revenu à Jean-Baptiste de
Crh que les quatre quints des propres »
de Bernard de la Valette, si bien que la succession
était litigieuse, car il avait été fait
saisie de la seigneurie, duché et Pairie
d'Epernon, par nombre de créanciers,
dont Anne de Souvré, marquise de Courtainvaux,
veuve de Messire François-
Miche! Le Tellier, marquis de Louvois,
conseiller du Roy en tous ses conseils,
secrétaire d'Etat et des Commandements
de Sa Majesté, commandeur et chevalier
de ses ordres n. Les créanciers consentirent
cependant, par acte du 6 juin 1698, à lever

Mfèffl
cette saisie, pour le nouveau duc, ses hoirs
et ayans cause à l'avenir », moyennant
le paiement d'une somme de M cent quarantemil
livres ». Cet acte fut complété par un
autre de la même date, suivant lequel
très haute et puissante dame Madame Fran.
çoise de Rochechouart, marquise de Mon
tespan, surintendante de la maison de I
fei.e Reine, épouse séparée de biens et d 'ha
bitation de très haut et très puissant selgneu
messire Louis-Henry de Gondrin, marquii
de Montespan, duc d'Epernon, Pair de France,
dudit seigneur néanmoins autorisée à
l'effet des présentes, et haut et puissant seigneur
Messire Louis-Antoine de Gondrin,
marquis d'Antin, seigneur du duché de
Bellegarde, Maréchal de camp des Armées
du Roy (1) » s'obligèrent solidairement avec
« ledit seigneur » au paiement de cette
somme de « cent quarante mil livres s envers
les créanciers du feu duc.
M. de Montespan mourut en 1702, sasS
s'être réconcilié avec sa femme, qui mourut
elle-même en 1707, aux eaux de Bourbonl'Archambault.
Entre temps, cependant, dès 1706, le
Comte de Toulouse, fils légitimé de Louis
XIV et de Madame de Montespan. s'était
rendu acquéreur du domaine de Rambouillet,
agrandi par ses soins de tous les bois
dépendant du duché d'Epernon (dont une
partie est appelée encore aujourd'hui les
(1) C'était le fils légitime du marquis et de la marquise
cl. Montespan. Il devint plus tard duc dAntin.

- 19 -
Tailles dEpernon). C'est grâce à sa mère
qu'il avait pu obtenir de son frère utérin
le marquis d'Antin, la cession de cet important
massif, qui depuis lors est toujours
resté incorporé à la forêt de Rambouillet.

U fi^noi gr a R8MbOu!1181
=
Le 28 Août 1699, Haut et Puissant Seigneur
Messire Joseph-Jean-Baptiste Heu-
, Chevalier, Seigneur d Armenonville,
i1r,
Houx, Hanche, Mornillé et autres
lieux, Conseiller Ordinaire au Conseil
Royal, Intendant (et plus tard, Directeur)
des Finances de France, acquit le Marquisat
de Rambouillet, par divers frais au Parlement
de Paris, sur Messire Jean de Crussol,
duc d'Uzès, premier Duc et Pair de France,
Messire Henry de Crussol, Comte d'Uzès,
et Messire Louis-Félix de Crussol, Abbé
d'Uzès, tous trois émancipés d'âge, agissant
sous l'autorité de leurs curateurs aux causes,
(I) héritiers et bénéficiaires de feu dame
Julie de Sainte-Maure, leui mère.
LI n'en coûtait que 140.000 livres au nouveau
Marquis de Rambouillet pour devenir
ainsi propriétaire d'un domaine célèbre déjà
dans l'histoire, encore embelli par le souvenir
tout récent de la Marquise de Ram-
(I) Ceux-ci étaient M. Antoine Saunier, avocat à la
cour, pour k Duc d'Uzès et Louis Simon de Latour,
pour ses deux frères.

w
houillet et d Julie d'Angennes, mère
elle-même de Julie de Sainte-Maure. 11
devait d'ailleurs y dépenser en six années
plus de 400.000 livres.
Son premier soin fut de faire dresser une
table des liasses des anciens titres de propriété
de la terre et Marquisat de Rambouillet
. Cette table comprend le décret de la
dite terre et Seigneurie adjugé à Monseigneur
d'Armenonville, et les contrats d'acquisitions
par lui faites, depuis le dit décret
et jointes audit Marquisat .
Par l'énumération de ces liasses, il est
facile de se représenter quelle était alors la
constitution du domaine
5 liasses concernent le Seigneurie de
Rambouillet
2 liasses concernent la Seigneurie des
Essarts-le-Roi
I liasse concerne la Seigneurie du Peri'ay
I liasse concerne la terre de Gazeran
f liasse concerne le fief de Greffiers
I liasse concerne le fief de Vaujoyeuse
2 liasses concernent le fief des Bcsriières
1 liasse concerne le péage d 'Haute-Bruyèi e;
I liasse concerne k fief de Montorgueil
I liasse concerne le fief de Groussay
I liasse conceine le fief des Bréviaires
I liasse concerne le fief de Montinort
I liasse concerne le fief du Fargis.
Le Marquisat ne comprenait donc guère,

—23—
w
dans la forêt actuelle, qu'une petite partie
de ce qu'on appelle aujourd'hui les massifs
de Rambouillet et des Yvelines, niais aucune
parcelle du massif de Saint-Léger.
Cet inventaire, beau volume relié en pachemin,
qui est conservé à Rambouillet, aux
archives des Eaux et Forêts, donne les dates
auxquelles ces différents fiefs avaient été
acquis par les d'Angennes, depuis le 12 mars
1384, époque à laquelle Renaud d'Angennes
devint propriétaire de la terre de Rambouillet
et de ses dépendances, qui devaient rester
dans sa famille pendant trois siècles.
Il donne également copie des lettres
d'érection de la terre de Rambouillet en
Marquisat en 1612, en faveur de Charles
d'Angennes, ses successeurs et ayant-cause.
Ces lettres prévoyaient même que les
filles pouvaient succéder au titre, à défaut
d'héritiers males, et c'est ainsi que Julie
d'Angenncs, fille de Charles d'Angemrnes
et de la célèbre Marquise de Rambouillet,
apporta le Marquisat à Charles de Sainte-
Maure, chevalier, marquis de Montausier
(plus tard duc de Montausier), son époux
de même, leur fille Marie-Julie de Sainte-
Maure l'apporta elle-même r Messire Emmanuel
de Crussol, duc d'Uzès, après k
décès duquel le Marquisat fut acquis par
Messire Fleur iau d'Armenonville, ainsi qu'il
été dit plus haut.
Une copie du décret de la terre et Marquisat
de Rambouillet qui reproduit un arrêt
du Parlement de Paris du 4 juillet 1698,

V
—24 -
imposant aux héritiers d'Uzès le paiement
de diverses rentes, donne un inventaire
du château et du Parc au moment où je domaine
fut ainsi vendu
« Le dit château de Rambouillet contenant
une chapelle, plusieurs chambres è
(eu, antichambre, cabinets, garde-robe,
garde-meubles, cuisines, offices et caves, ic
tout couvert d'ardoises, une grosse tour bâtie
et couverte dans laquelle sont plusieurs
chambres, le tout entouré de fossés d'eau
vive, et pour tenir, une basse-cour attenant
le château, composée d'un colombier, écuries,
grenier et remises de carrosses, un
logement pour un portier, un grand portail
à l'entrée de ville du côté du dit Rambouillet,
au-dessus duquel portail est un pavillon,
le tout couvert de tuiles, un grand parc
dans lequel sont plusieurs allées d'arbres,
bois de haute futaie, jeunes plants de chênes
et pépinières, un grand canal, une grande
pièce d'eau, canaux, étangs, un grand parterre,
prés, terres labourables et parterres,
plusieurs logements pour une ménagerie (1)
et pour les gardes, glacière, jardin, dans lequel
sont plusieurs aibres fruitiers et espaliers,
séparés du dit par une palissade de
bois, le tout entouré de murs tant d'ancienne
que nouvelle clôture, dans lequel Parc est
un fief appelé le fief de Montorgueil, où il
y avait un château qui est à présent démoli,
auquel le Prieur de Saint-Thomas d'Epernon
est tenu et obligé de venir tous les ans
(I) Emplacement de la Faisanderie actuelle.

- 25 -
le Lundi de Pâques faire foi et hommage (I)
hors du dit parc, du côté de Paris en face
de l'entrée du dit château une très grande
avenue à quatre rangées d'arbres, châtaigniers
et autres, au milieu de laquelle est
une étoile de six grandes allées aussi à quatre
rangées, trois jardins potagers fermés de
murs, une orangerie aussi fermée de murs,
dans laquelle est la maison du jardinier,
composée de 2 chambres, une cave et un
grenier couvert de tuiles, dont une à feu
et grenier au-dessus, un escalier par-dessous
la halle, le tout aussi couvert de tuiles, une
ferme joignant la basse-cour du château,
composée de plusieurs bâtiments et logement
pour un fermier, granges, écuries,
bergeries, étables et autres bâtiments, aussi
couverts en tuiles, une place à bâtir dertière
(I) Cet hommage, assez curieux, se rendait de la façon
suivante
Les Seigneurs de Montorgueil avaient donné, vers k
Xle siècle, au prieuré de Saint-Thomas d'Epernon la
dime de leurs trires à condition que Chasciin an, le
lendemain de Pâques, le dit prieur de Saint-Thomas
d'Êpernon serait tenu d'apporter au château de Montorgueil
à l'heure de dix heures du matin, un gasteati
d'un boisseau de fleur de froment, avecques un pot de
vin, mesme que celui prieur boit, bon et suffisant et
ceux portas sur un cheval, un chapeau de pervenche
sur sa teste, une capée ceinte à son costé, une blanche
touaille avecques des gants neufs dans se mains son
cheval bien ferré sans ce qu'il lui faille ni fer, ni doud.
Et s'il y avoit faillie en aucune des choses dessus dites,
ledit seigneur de Montorgueil auroit et prendroit pour
le dit an, toutes les dismes de la dite Seigneurie de.
Montorgueit. Cuesville et la Brctonnière et seroit Le dit
cheval confisqué au dit seigneur de Montorgueil '.

- 26-
la dite ferme, destinée pour faire une entrée
par la rue dudit -Rambouillet près la porte
de Paris avec quarante-cinq arpents de terres
labourables et cinq arpents de terre ».
Le décret énumère le surplus des autres
fiefs dépendant du Marquisat et déjà indiqués
plus haut, ainsi que les différents
droits attachés à sa possession.
II mentionne notamment, « dans le bourg
du dit Rambouillet une garenne (I) située
près du cimetière, contenant vingt-cinq arpents
de terre environ, sur laquelle i1 y a
plusieurs baliveaux anciens et modernes.
Item les droits de gruerie et de voirie dans
toute l'étendue du dit Marquisat, dont les
appelants ressortissent immédiatement à
la Table de Marbre du Palais à Paris. Item
te vol du chapon, autour des Murailles du
Parc. Item douze cents arpents, ou environ,
de bois taillis, en plusieurs pièces, y compris
la dite Garenne et celle de la Bruyère et du
Coudray (2). Ces fiefs renfermaient une
maison seigneuriale contenant plusieurs
bâtiments et colombier, le tout couvert de
tuiles et clos de murs, soixante-douze arpents
de terre labourables, quatre arpents de
pré et une garenne.
On voit dans ce décret que, tandis que les
fiefs de Groussay et de Guéville, par exemple,
ne consistaient qu'en droits seigneuriaux
et féodaux, ceux de Greffiers et des Essarts
(1) Emplacement de la rue de la Garenne actuelle.
(2) Emplacement, notamment de l'Ermitage m actuel
dans le jardin Anglais.

- 27 -
comportaient au contraire d'importants bâtiments.
Aussitôt propriétaire, M. Fleuriau d'Armenonville
procéda à diverses acquisitions,
pour étendre le Marquisat.
11 acheta notamment, en vue d'arrondir
le Parc, le fief de la Motte (1) à Rambouillet,
ainsi que plusieurs maisons, dans la Grande
rue, ou à Groussay.
Il acquit de M. de Nollon, le I er Février
1703, le fief de Voisins et celui d'Hermeray,
mais il les revendit les 23 et 24 juillet 1704
au sieur de Rochevon et à la demoiselle sa
femme.
En revanche, il incorpora au domaine, de
1704 à 1705, les fiefs de la Baste, du Bois
Dieu, de la Feuillaie, d'Epainville et de la
Ferme du Raciné.
Il acheta également en 1702 au prince de
Guéménée, Comte de Rochefort, pour le
prix de 60.000 livres, les bois de la Pornmeraye
et de Vilpert, avec leurs étangs, mais
sous la réserve des droits de suzeraineté
notamment le droit de chasse. Il subrogeait
en même' temps le prince de Guéménée
au droit de son bail emphytéotique du 15
septembre 1701 consenti par les religieux
de Saint-Benoit sur une partie de 240 arpents
du canton de Soncharnp, appelé le Bois
de Saint-Benoit. II devenait en outre acquéreur
des ruines du château de la Porrmeraye,
des fiefs du Châble et de la Renardière.
On le voit, le domaine, en peu d'années
(I) Emplacement actuel de la Soue_PrfecLure.

- 28 -
avait été notablement agrandi. C'est que de
l'antique famille d'Angennes, riche de
plus de gloire que d'argent, il était passé
entre les mains d'un financier puissant.
Là ne devait pas s'arrêter l'activité de ce
dernier. Il tenait à enrichir le château et le
Parc et y semait l'or à pleines mains.
Ce n'étaient dans le château que les meubles
les plus somptueux Fauteuils de
tapisseries de Perse, dit Moutié (notice historique
sur le château de Rambouillet), de
la Savonnerie, de petit point, ou de maroquin,
tables de marbre à pieds sculptés,
élégants guéridons, riches consoles Ci nées
de magnifiques porcelaines ». On trouve
dans un mémoire de 1706, existant aux archives
domaniales, la description de ces
oeuvres d'art ornant le château et les jardins.
C'étaient des dessus de portes et plus de
trente tableaux, dont le portrait de François
j er encadré dans une bordure dorée à
même la boiserie de la grande salle, et, dans
le grand salon, celui de Monseigneur n,
c'est-à-dire du nouveau Marquis de Ram -
bouillet des moulages en plâtre d'après
Mézières garnissaient le vestibule et l'Orangerie.
Dans les jardins, c'étaient huit figures
et dix-neuf termes de marbre, hauts
de cinq à six pieds, dont un Bacchus et une
Cérès et un Esculape deux grandes statues
couchées de René Frémiet, Alphée et Aréthuse,
qui entouraient l'embarcadère
de Simon Mézières, une Latone, sur un rocher,
au milieu d'une pièce d'eau et deux

-29---
grands sphinx, en pierre de Saint-Leu, transportés
depuis au bout du grand canal, mais
qui ornaient alors l'entrée de l'avant-cour
trois figures de pierre de Le Gros, sculpteur
du roi des vases de pierre et de fonte, des
bancs de pierre, disséminés dans les parterres.
Le tout coûta à M. d'Armenonville
plus de 36.000 livres M.
Dans le parc, cependant, il dépensait
près de 25.000 livres, rien qu'en plantations.
Il perçait des allées, asséchait la prairie marécageuse
située derrière le château au moyen
de rigoles régulières qui constituaient déjà
l'embiyon du dessin des canaux actuels,
curait l'ancien canal existant (la branche
principale d'aujourd'hui), creusait dans une
terrasse en terre rapportée, où il traçait des
parterres, les deux pièces d'eau du Miroir et
du Rondeau (jh)
C'était beaucoup en six ans, car on en
parlait à Versailles. Peut-être le Comte de
Toulouse, fils légitimé de Louis XIV et de
Mme de Montespan et grand amiral de
France, y jetait-il un coup d'oeil curieux
en allant un jour, dit-on, à Maintenon. En
tout cas ce bau domaine lui faisait sans doute
envie, car, en octobre 1705, le Roi le demandait
à d'Armenonville pour le Prince
auquel il fallait un château et une chasse, afin
de tenir convenablement son rang.
Fleuriau dut s'incliner, la mort dans l'âme.
Il revendit le Marquisat 540.000 livres
(I) et (lb) Voir Henri Longnon 1 Le Château de Ra.rnbouillct.e

- 30 -
au Comte de Toulouse, dont 90.000 pour
le pm: des meubles. Il rentrait ainsi dans
tous ses débours, au moins dans ce qu'il
osait en avouer.
Pou- le dédommager, le Roi lui octroya,
pour lui et son fils, la charge de la Capitai.
nerie des Chasses du Bois de Boulogne, où
un pavillon rappelle encore aux Parisiens
d'aujourd'hui qui, certainement, ne s'en
doutent guère, le nom de l'ancien seigneur
de Rambouitlet. Les fleurs de lys de France,
au bâton de Gueules péri en barre, allaient
succéiler,au fronton du chàteau,à l'épervier
d'argent des Fleuriau au chef-d'or chargé
de trois glands de Sinople, comme ces
armoiries y avaient remplacé le vieil écusson
de sable au sautoir d'argent » (1) des d'Angennes.
Il existe peu de documents sur les iéceptions
que put faire à Rambouillet le Seigneur
d'Arinenonvjjle, homme léger, disait Bachau
nont, gracieux, respectueux, quoique farnilier,
toujours ouvert, toujours accessible,
qu'on voyait peiné d'être obligé de refuser
et ravi de pouvoir accorder, aimant le monde,
in dépense et surtout la bonne compagnie,
qui était toujours nombreuse chez lui
Tan: d'aimables qualités auraient d1 lui
ame.ier un historiographe attitré. Sans doute
il n'eut pas le temps d'y penser, tout occupé
durnt son court passage à faire de cette
antique demeure, d'après 'es contemporains,
(I) J. MaiUrd, Histoire de Raniboui[jci.

- 3) -
un véritable Marly ». Pourtant il n'offrit
point à son frère, l'Evque d'Aire, bien que
celui-ci ecit son appartement au château, la
réplique de la surprise faite jadis à l'évêque
de Lisieux, Philippe de Cospéan, par la
belle Arthénice, laquelle lui fit voir à l'Jle
des Roches, Mile de Rambouillet (Julie
d'Angennes) et toutes les demoiselles de la
maison, vêtues effectivement en nymphes,
qui, assise sur des roches, faisaient le spectacle
le plus agréable du monde (I). li
eut une surprise plus pénible, en voyant
un de ses invités mourir subitement, le
24 décembre 1704, en la personne du Président
Paul Payen, second président de la cour
des Aydes (2).
Sans doute organisa-t-il des chasses, puisqu'il
avait un capitaine des chasses, mais aucnn
document n'existe à ce sujet.
Quoiqu'il en soit et il faut en savoir gré
à Fleuiiau, c'est lui qui commença à donner
au domaine l'aspect vraiment seigneurial
qu'il conserve encore aujourd'hui. Sans doute,
avant lui, c'était déjà une terre illustre
que le Marquisat des d 'Angennes, comme une
antique demeure que ce château, dont il ne
fit guère extérieurement que réparer les
bâtiments mais malgré les quelques embellissements
faits par la Marquise de Rambouillet
et le duc de Montausier, le grand
siècle n 'avait pas apporté sa marque, en
(I) Tallemant des Réaux.
(2) F. Lorin, Rambouillet, La Ville, le Château. ses
Hôte,.

- 32 -
particulier, au dessin du parc. La voie était
ouvertt maintenant et le nouveau propriétaire,
prince fastueux et qui voyait grand,
allait pouvoir durant plus de 30 ans, continuer
l'oeuvre commencée, par un ensemble
de tra»aux dans lesquels la majesté ne devait
pas exclure l'harmonie.
FJetriau avait d'ailleurs de tous côtés
facilité la tâche de son successeur, car, au
morne-iL même où il lui vendait le domaine,
il obt nait, moyennant la paiement d'une
sonirrio de 40.000 livres, l'affranchissement
de Rambouillet de la dépendance de Rochefort.
Far lettres patentes de décembre 1705,
la terre de Rambouillet entrait dans la mouvance
directe de la couronne.
Aussi, quand le contrat de vente définitif
fut dressé entre les deux parties, le
Février 1706, un baillage existait-il déjà à
Rambouillet.
Bien plus, la terre était doublée d'un coup,
car, en même temps, le Comte de Toulouse
achetait au Duc de Chevreuse, moyennant
1.150.000 livres, l'ancien Comté de Montfort,
comprenant principalement les forêts
de Montfort et de Saint-Léger, en même
temp; qu'il acquérait les l'ailles d'Epernon,
provenant de l'ancien Duché d'Epernon.
Le Marquisat de Rambouillet, même accru
par Fleuriau, n'était plus que la moitié
à peine de ce beau domaine, qui devenait
assez important pour faire bientôt un Duché.
Il est douteux que d'Armenonvjfle, quelle
que fût sa fortune, eût pu réussir à lui seul

- 33 -
une acquisition pareille. C'est de là pourtant
qu'est sortie, à part quelques acquisitions
complémentaires, la forêt domaniale de
Rambouillet, sensiblement telle qu'elle existe
aujourd'hui.
C'étaient les cantons les plus iiches et
les plus boisés. La réformation de la maîtrise
de Saint-Léger, faite en 1660 et dont l'exemplaire
existe aux archives domaniales
indique, dans tous ses détails, la composition
et ic mode de traitement de cette vieille
forêt. L'acte de vente constitue d'ailleurs
un volume tout aussi important.
Il faudrait, dans la poussière des archives,
pouvoir ressusciter la vie de ces seigneurs
d'autrefois, pour trouver un agrément réel
à ces reliques du passé. Trop d'historiens
connus, cités au long de ces courtes pages,
s'y sont déjà essayés avec succès polir qu'il
soit opportun de marcher sur leurs brisées.
Les lecteurs trouveront dans leurs livres
tous les détails qu'ils peuvent souhaiter
sur l'histoire de Rambouillet.
Le but de ces quelques ligies n'était
que de donner un aperçu du domaine au début
du XVIII'1 siècle, époque encore assez
rapprochée de nous pour qu'il soit possible
de trouver parmi les vieux arbres de la forêt
des contemporains des châtelains d'alors.
Ainsi, en rêvant sous leur ombre,on pourra
évoquer les figures connues de ceux qui il
y a déjà plus de 200 ans, venaient s'asseoir
peut-être sous les mêmes feuillages. « Sic
transit Gloria Mundi )).
QUE

4*3
ut Garrclollrs 'ÏyeiQgs
Parmi les vieux noms de carrefours de la
forêt de Rambouillet, il en est un fort connu
qui surprend au premier abord c'est celui
du Poteau des Trois Seigneurs, situé entre
la - Villeneuve et Clairefontaine, au plein
milieu de la forêt.
Si on était en Bretagne ou en Lorraine,
on songerait aux trois Capitaines de la
vieille complainte, mais on est en pays d'Yvelme
et il n'y a aux alentours, nui « pommier
doux » sous lequel aient pu s'asseoir
les hies de roi d'une autre chanson, pour dire
adieu à leurs trois fiancés partant pour la
guerre.
Dépouillée des grâces de la légende, la
réalité est plus simple. Le poteau des Trois
Seigneurs, n'est autre chose que le vestige
d'une borne de limite qui séparait jadis les
bois de Sonchamp , appartenant aux Seigneurs
de Rambouillet, des bois de la
(I) Communication faite au Congrès de SOCiÉè
Savante-a de SeMc-t.Oise. ù Mantes, le 31 Mai 1924.

-36—
Villeneuve appartenant aux Seigneurs de
Poigny, et de ceux des Yvelines, propriété
des Comtes de Rochefort.
Cette séparation qui remonte fort loin
dans l'histoire, s'est continuée jusqu'à une
époque assez rapprochée de nous. Le Comte
de Toulouse avait bien, en effet, au lendemain
du Jour OÙ il devenait presque d'un
seul coup propriétaire du Marquisat de
Rambouillet et du Comté de Montfort,
acquis également dès 1706 les bois dépendant
du duché d'Epernoru, et obtenu en
1711 qu'à cause de ces agrandissements le
roi érigeât cette magnifique terre en duchépairie,
mats u s'était heurté au sud à ses
puissants voisins, situation encore aggravée
par l'existence des bois d'Abbaye (Clairefontaine
et Saint-Rémy des Landes).
Pour un prince aussi ami de la chasse,
c'était une gêne considérable. Sans doute
dans toute la partie nord de la forêt, il établissait
sur plus de deux cents lieues de long
un superbe réseau de routes, que, grâce à
des acquisitions nouvelles, il faisait continuer
en plaine, pour réunir les différents massifs
mais s'il voulait chasser du côté de l'Etang
de la Tour, il se trouvait bien vite arrêté.
Aussi le Comte de Toulouse résolut-il
de tourner la difficulté. Il passa un traité
(5 août 1712) avec Marie-Anne Rouillé,
épouse de Ch. Denis de Bullion, par lequel
cette dernière lui concéda la faculté de faite
tracer des routes de chasse dans toute
l'étendue de ses bois appelés des Bordes,

- 37 -
de la Vileneuve de la Celle (qui ne
sont pas les mêmes que ceux dé jà cités
Plus haut), la Bretèche, la Vallée Noire, la
Vallée au Cerf et les Fonds de Bullion. II
Obtenait ainsi le droit de prolonger sur
vingt pieds au plus de largeur les allées
qu'il faisait tracer sur son propre domaine,
et d'y passer à sa guise, sa vie durant,
les jours où il chasserait à courre.
Cela ne lui concédait d'ailleurs aucun
droit sur le fonds et la dame de Bullion
se réservait en outre la faculté de se servir
de ces routes pour la vidange de ses bois.
Des traités analogues étaient passés
avec le Comte de Rochefort, Prince de Guéménée
(18 Décembre 1712) pour les bois des
Yvelines, et avec le Comte d'Harville (8
août 1712) pour ceux de la Celle : (I)
Par acte du 18 août 1712, et moyennant
la somme de « sept mil six cent vingt
livres dix-sept sols, neuf deniers » dont
1.000 livres pour le prix des arbres et le
reste pour la valeur de vingt-cieux arpents,
trois perches, pris pour faire les routes (à
raison de 300 livres l'arpent), la dame de
Bullion, recevait le prix de la vente au comte
de Toulouse. De ce droit d'ouvrir des routes,
dans une note Jointe au dossier et rédigée
(t) Les principales toutes ainsi ouvertes en damier
furent celles de Clairefontaine (maintenant classée). de
Robait Joli, de la Croix du Grand Veneur, du Haut
Levé, du Chêne Quinquet, du Parc de la Verrerie, du
Coin du Bois, du Poteau des Yvelines, de la Vallée du
Parc.

-38—
sans doute par quelque officier du Comte
de Toulouse, il était observé qu'on se fondait
dans cette affaire, sur divers principes:
Le premier, que l'on vend le fonds de ce
terrain, quoique réellement et véritablement,
on le retienne et qu'on n'en vende que
l'usufruit
Le second que l'on vend aussi le fonds et
non pas le simple usufruit de tous les droits
et avantages qui sont attachés à la propriété
d'un fonds noble comme les droits de
justice, de chasse et autres, quoique réellement
bien loin de vendre tout cela, on le
réserve expressément ).
L'estimation était faite en supposant en
outre que le taillis était partout de la meilleure
qualité, alors que I emplacement de ces
routes traversait beaucoup de mauvais taillis
et de clairières.
« Il n'y eut donc jamais, concluait la note,
de proposition plus manifestement et outrement
déraisonnable que celle-ci
Le comte d'Harville ayant paru faire
quelques difficultés pour accepter le règlement
de « cinq mil cinq cent quatorze livres
trois sols ', le Comte de Toulouse écrivit à
son Intendant «A l'égard de M. d'Harville
A n'y a qu'à finir aussi comme vous en
estes convenu et pour ce qui est de la demande
d'un cheval qu'il n'y a point regardé
comme un pot de vin, vous pourré lui dire
que je ne pense rien sur cela qui doive lui
faire de la peine ; j'ay seulement jugé qu'il
n'y avait pas lieu de le faire par rapport au

- 39 -
marché que nous faisons ensemble et dont
il me paraist qu'il a lieu d'estre content,
sans y rien ajouter et que cela n'a aussi rien
diminué l'opinion que j'ay eu aussi du dessein
qu'Il a eu de me faire plaisir . L'acte
de vente passé avec le Comte d'Flarvjlle est
du 27 Août 1712, et celui passé avec le Prince
Charles de Rohan, Prince de Guéménée,
Comte de Rochefort, pour cinq mil six
cent quarante livres, du 26 juillet 1713
Le comte de Toulouse fit d'ailleurs tracer
des routes analogues dans beaucoup d'autres
cantons de la Forêt.
C'est ainsi que furent notamment ouvertes
au cours des années suivantes : 10)
Dans les bois dépendant de l'abbaye des
Vaux deCernay, huit routes dans la partie
des Besnièi-es et trois routes dans les Vindrins
sur 12 arpents de superficie, ce
qui coûta 3.941 livres avec les intérêts.
2°) Deux routes dans les bois de l'Abbaye
de Saint-Rémy des Landes, d'une superficie
de 66 perches, pour 105 livres, et une route
dans les bois de l'Abbaye de Clairefontaine,
d'une superficie de 19 perches, pour 40 livres.
3 0) Dans les bois des Bréviaires, appartenant
t la présidente Gilbert, quatre routes
d'une superficie de quatre arpents, sur la
même base de trois cents livres l'arpent. Le
fief des Bréviaires fut d'ailleurs acquis en
1741 au président Gilbert, fils de la précédente,
pour 117.000 livres « plus 3.000
livres de pot de vin » expression qui, alors,
était courante et ne scandalisait personne.

-40—
Pendant la période révolutionnaire les
bois des seigneurs de Bullion qui appartenaient
alors au Duc d'Uzès devinrent la
propriété de la Nation.
C'est que la Convention les confisqua
comme biens d'émigrés en même temps que
ceuxappartenant aux Rohan-Rochefort.
Le tout fut compris sous la dénomination de
bois des Yvelines, d'une superficie de
2.290 h. 72 (inclus quelques bois d'abbayes,
St-Rémy, Saint-Benoist et Clairefontaine).
Il fallut attendre 1815 pour que le duc
d'Uzès rentrât en possession de ses bois.
Voici le texte de l'ordonnance. Louis,
par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre.
sur le rapport du Ministre et Secrétaire
d'Etat de notre maison, nous avons ordonné
et ordonnons ce qui suit
Article 1 e
Toutes les parties de bois qui dépendent de
la terre de Bonnelles, située dans le département
de Seine-et-Oise, canton de Dourdan,
arrondissement de Rambouillet, qui ont été
saisies par le Domaine del'Etat sur feu M. le
Duc d'Uzès et qui se trouvent comprises
dans les bois des Yvelines, réunis au domaine
de Couronne par le Sénatus-Consulte
du 30 Janvier 1810,seront restituéesà notre
cousin le duc d'Uzès dans l'état où ils se
trouvent et sans être tenu à aucun frais de
mise en possession.

Donné au château des Tuileries le vingtneuvième
Jour du mois de Novembre de l'an
Fde
grâce mil huit cent quatorze et de notre
règne le Vingtième.
Signé : Louis.
Le Capitaine forestier Régisseur de la
Capitainerie Royale de Rambouillet M.
Larminat, assisté de MM. le Chevalier Sarraz
in, Inspecteur de la Capitainerie, et Bara,
garde général, se transportèrent en conséquence,
le 1er Février 1815 sur les lieux et
dressèrent procès-verbal de la reddition des
bois consistant en
Trois cent douze hectares, trente-trois
Ares, dits les bois de la Verrerie, et trois
cent cinquante-quatre hectares, soixante et
douze ares, dits des fonds de Bullion.
Mais toutefois, le I cr Avril 1815, les mêmes
officiers forestiers reprenaient possession
au nom de l'Empereur de ces bois qui, après
les Cent Jours, furent enfin définitivement
restitués à la famille d'Uzès.
Quant aux bois de Rochefort, d'une superficie
de 907 h., 57 a. et à ceux des Yvelines
proprement dits, d'une superficie de 364 h.,
85 a., la duchesse douairière de Rohan,
belle-hile du duc de Rohan, émigré, présenta
dès 1810 une pétition à l'Empereur faisant
valoir que cette propriété avait été acquise
pour elle de son mari, à qui elle avait été
donnée par contrat de mariage SOUS la simple
réserve de l'usufruit : elle faisait donc valoir
que l'usufruit seulement pendant la vie de

- 42
M. de Rohan père aurait été cédé à la couronfle,
et que la propriété n'avait pas cessé
d'appartenir à la requérante.
Cette thèse fut admise et la réclamante
fut renvoyée auprès du Ministre des Finances
pour obtenir cette réintégration ou une in
demnité. L'affaire se compliquait du fait
que le sénatus-consulte du 30 Janvier 1810
avait incorporé ces bois au domaine de la
Couronne, mais le Cardinal de Rohan,
premier aumônier de l'impératrice, oncle de
la pétitionnaire intervint auprès du duc de
Cadore, intendant général de la couronne.
Le duc de C.aete, Ministre des Finances,
écrivit alors à ce dernier que, conformément
à l'avis du Conseil d'Etat, « il fallait un autre
sénatus-consulte pour rendre les biens à qui
de droit et qui les remplace ».
Le Sénatus-Consulte du 14 avril 1813
décida en conséquence que les bois des
Yvelines et de Rochefort, contenant 798
hectares 16 ares, rapportant un revenu annuel
de 30.245 f r. 71 seraient distraits du
domaine de la Couronne, où ils seraient remplacés
par la forêt de Dourdan, contenant
947 h. 22 a. et rapportant 45.6% h. 01.
En revanche, la Couronne rendait à l'Etat
le bois de Haute Bruyère, d'un revenu annuel
de 15.449 fr. 30. Mais, par ordonnance du
20 mai 1814, le Roi Louis XVIIi restitua
au Duc d'Orléans tous ses biens, dont la
forêt de Dourdan. Le séquestre fut rétabli
par ordre de l'Empereur, le 27 mars 1815,
sur cette forêt, en faveur de la liste civile,

-43---
mais il fut levé à nouveau dès le 1 er août
1815.
La forêt de Dourdan finit d'ailleurs,
après la chute de la monarchie de Jwllet,par
être incorporée au domaine de l'Etat.
Les Rohan ne conservèrent pas non plus
leurs bois. Ceux du canton proprement dit
des Yvelines furent acquis par la Couronne
un peu avant la révolution de Juillet. (1)
Les bois de Rochefort, après être passés en
diverses mains, appartiennent maintenant à
Mme la Duchesse d'Uzès, en grande partie.
Les bois de Saint-Benoit, séparés de la
masse par une plaine d'un quart de lieue, ne
furent pas en revanche conservés par l'Etat.
C'est ainsi que, petit à petit, la forêt domaniale
de Rambouillet prit, dans sa partie
sud, ses limites actuelles, qui sont encore,
contre les bois limitrophes de Mme la Duchesse
d'Uzès, héritière des Seigneurs de
Bullion, celles du canton de la Verrerie.
Mais des routes de chasse aux alignements
rectilignes n'en existent pas moins au travers
de l'ensemble du massif forestier,
telles, que les traça le Comte de Toulouse,
auquel les veneurs d'aujourd'hui doivent
donc, sans le savoir toujours, de galoper
sans encombre au travers de ces larges laies.
Auprès du poteau des Trois Seigneurs,
quelques noms de carrefours ou de routes
(I) Ils Furent achetés par Charles X à la Princesse de
Rohan, le 3 Avril 1830, sur 378 hectares 89 ares pour
500000 francs. (Registres de la conservation des Hypothèques
de Rambouillet).

- 44 -
évoquent encore des figures du XVIIIi
siècle ; telle la route Bongard, qui mène
au poteau du même nom, et rappelle
Bongard du Cambard, capitaine des Chasses
du Duc de Penthièvre ; telle la route de la
Croix du Grand Veneur, ainsi dénommée
en l'honneur du Comte de Toulouse luimême
qui avait la charge du Grand Veneur;
tel le carrefour du chevalier Quiqw. Ce dernier
n'a pas laissé de traces bien profondes
dans l'histoire et pour expliquer cette appellation
singulière le champ reste libre aux
étymologistes d'aujourd'hui. Aurait-on
voulu garder ainsi ic souvenir de quelque
seigneur de jadis affligé d'un fâcheux bégaiement,
c'est possible, mais rien ne permet
de l'affirmer. Quand on sort, en forêt, des
lieux dits, des divinités mythologiques, des
termes de chasse ou de vénerie, il n'est d'ailleurs
pas toujours facile de connaître l'origine
des noms propres, s'il ne s'agit pas de
personnages très connus.
Dans d'autres cantons de la forêt de Rambouillet,
il est d'autres personnalités, dont on
retrouve la trace: ainsi, la route Coron, qui
tire son appellation d'un brigand fameux et
traverse ic carrefour des Voleurs, (on se
demande pourquoi elle est si loin de
l'Etang de Coupe-Gorge) ; ainsi la route du
Pont à la Dame, laquelle fut, dit-on, Amicie,
Comtesse de Montfort.
Quant au poteau des Deux Châteaux, il
paraît, situé à l'autre extrémité de la
forêt, tirer son nom de ce qu'il était seflSi-

- 45 -
blement placé sur la limite des deux chtellenles
de Saint-Léger et de Montfort ; de
là part une route menant aux étangs appelés
aujourd'hui de Hollande, ce qui devrait
s'écrire d'Hollande, car ils sont situés dans
l'ancien fief d'J-Jollaride, dont la dénomination
parait venir par déformation de leur
Premier possesseur, le Seigneur d'Orlandes.
Tout près de là est le poteau des Petites
Yvelines, indiquant qu'au temps jadis le
massif d'Yvelirzes s'étendait sur tout l'emplacement
de la foret d'Yveines et non sur
un massif, ou même sur un simple canton,
de 6 foret actuelle de Rambouillet.

La Sibiiotheque
049188H d
La bibliothèque du château de Rambouillet
s depuis longtemps disparu. Vendue avec
le domaine par le duc de Penthièvre è Louis
XVI, elle fut dispersée au feu des enchères,
pendant la période révolutionnaire, en même
temps que le mobilier du château luimême
(1). On aurait pu espérer la retrouver
en grande partie à la Bibliothèque Muni-
Pale de Rambouillet, mais la comparaison
2pale deux catalogues ne permet que rarement
d'étayer cette supposition. Au cours de ces
dernières années deux volumes ont toutefois
été signalés en librairie comme provenant
de cette source.
Cette bibliothèque était pourtant importante,
d'après un Inventaire fort détaillé
qui en existe, sous la forme d'un «Catalogue
(I) Cette opinion est controversée par certains auteurs
qui pensent que cette bibliothèque fut emportée par le
duc de Penthièvre et remplacée par une autre, apportée
par Louis XVI.
Elle n'en s pas moins disparu.

-48--
de la Bibliothèque du Chasteau de Rambouillet,
appartenant à son Altesse Sérénissime
Monseigneur le Comte de Toulouse,
imprimé à Paris, par les soins de Gabriel
Mortier, libraire de son Altesse Sérénissime
» en 1726. Ce n'est point d'ailleurs la
seule édition de cet ouvrage, car on en
connaît deux autres.
L'édition de 1726, que nous analyserons
ici, commence par une épître de l'auteur à
Monseigneur Louis Alexandre de Bourbon,
Comte de Toulouse « 11 est heureux pour
moi n, dit G. Mortier dans cet avant-propos,
« que ma profession me mette en état de
servir votre Altesse Sérénissime dans le
genre qui lui est agréable et j'ose dire le
plus glorieux. Je veux parler des Lettres et
des Beaux-Arts que vous alliez si parfaitement,
Monseigneur, avec la science de la
Cour et les devoirs de la société.....C'est
ce goût qui Vous a porté à former un Cabinet
de livres choisis dans votre château d
Rambouillet (de tout temps le réduit des
Muses) n.
Dans sa préface, l'auteur insiste .encore
sur ce dernier point en ajoutant u Ce n'est
point icy une Bibliothèque complète,
mais un recueil de livres choisis pour amuser
le Prince et la Princesse pendant leur
séjour à Rambouillet, aussi bien que les personnes
qu'ils y attirent ». Aussi n'a-t-il pas
cru devoir s'assu jettir « trop scrupuleusement
à l'ordre ordinaire que l'on suit dans l'arrangement
des Bibliothèques», mais s'est-il

- 49-
appliqué singulièrement à rendre l'usage
de ce catalogue facile et commode ».
A parcourir ce volume - lequel ne cornprend
pas moins de 620 pages - le lecteur
d'aujourd'hui peut donc se renseigner sur
les goûts des hôtes d'alors du château et de
leurs invités.
L'ouvrage commence par donner « l'ordre
des divisions du présent catalogue ,
avec k nombre de pages que comporte
l'inventaire analytique des volumes composant
chaque division.
CC Sont
La Théologie, pages I à 32,
La Jurisprudence, pages 33 à 44.
La Philosophie, la Mathématique et les
Arts, pages 45 à 80.
Les Belles Lettres, pages 80 à 276.
L'Histoire et la Géographie, pages 277 à
620, qui comprennent la partie la plus importante.
Si l'on entre un peu plus avant dans l'étude
du sujet, on voit que chacune de ces
divisions » est d'ailleurs fort complète.
C'est ainsi qu'il y a 228 volumes, dans la
Théologie, dont des Bibles, des livres de
Critiques Sacrées», de liturgie, les «Ouvrages
des SS Pères », la Théologie morale, le Théologie
« Cathéchétique ou Instructive », avec
les sermons de Bourdaloue, la Théologie
« Mystique », avec les œuvres de Jansénius,
d'Arnauld d'Andilly, de Nicole, et
de s Soeur Louise de la Miséricorde, aupara-

-50-
vant Duchesse de la Valière », la Théologie
« Polémique », le Théologie « Hétérodoxe ou
des Prétendues Réformés », et enfin la
Théologie et Religion des Gentils ».
Dans la Jurisprudence », il n'y a que 42
ouvrages ; la « Philosophie, Mathématique,
et Arts », en comprend 190, dont plusieurs
intéressants. C'est ainsi qu'on y trouve les
oeuvres de Descartes, le traité « de la Sagesse»,
de Pierre Charron, les Maximes de" la
Rochefoucault , les « Devoirs des Grands),,
par le prince de Condé, les oeuvres de Locke,
(ç les Admirables Secrets d'Albert le Grand »,
avec d'autres ouvrages de magie et d'astrologie,
l'Art de toucher le Clavecin, par
le Sr Couperin », le Livre de la Chasse »
de « Gaston Phoebus, Comte de Foy » en
manuscrit sur vélin, avec des miniatures,
in fol.), la Vénerie de du Fouilloux, et
« la Vénerie Royale qui contient les chasses
du cerf, du lièvre, du chevreuil, des sanglier,
du loup et du renard, avec le dénombrement
des Forêts et grands Buissons
de France, où se doivent placer les Logements,
questes et relais ensemble le dictionnaire
des chasseurs, par Robert de
Sajnove. »
La « division des Belles-Lettres commence
par des ouvrages de « grammaire n, parmi
lesquels est rangé le dictionnaire de Trévoux
; puis vient la rubrique ((Rhétorique et
Eloquence n, comprenant notamment le
« Recueil d'oraisons funèbres, de M. Jacques
Benigne Bossuet, Evêque de Meaux ».

- 51 -
Ensuite viennent les "Poètes grecs, Latins,
Français, etc., avec des « Traités de Poétique
». On trouve là notamment les traductions
d'Homèrc, de Haute, Térence,
Horace, etc. par Mme Dacier, « le Roman de
la Rose, où tout l'art d'Amour est enclose »,
les oeuvres d'Alain Chartier, de « François
Corbiieil, dit Villon , de Clément Marot,
d'Arnadis Jamyn, de Philippe Desportes, de
Mathurin Régnier, de Racan, de Mme des
Houlières, de la Fontaine, de Boileau, de
Jean-Baptiste Rousseau, etc. Ronsard ne
figure que dans une anthologie. Puis viennent
les poètes dramatiques, avec, en particulier,
les oeuvres de Pierre et Thomas
Corneille, de Jean-Baptiste Poquelin de
Molière, de Philippe Quinault, de Jean
Racine, de François Regnard, etc... II y a
encore un recueil de pièces de théâtre de
divers auteurs en lO volumes in 40, une
quantité de pièces diverses, des opéras et
chansons, avec « ic Théâtre de la Foire ou
l'Opéra Comique, contenant les meilleures
pièces qui ont été représentées aux Foires
de Saint-Germain et de Saint-Laurent,
recueillies et revisées par les Sn le Sage et
d'Orneval avec Figures, à Paris 1721 et
1724, in 12 11 , 5 vol. «(1).
(1) Cet ouvrage se retrouve i la Bibliothèque municipale
de Rambouillet, mais relié avec sur ic plat d'autres
armes que celles du comte de Toulouse, ce qui laisse
supposer qu'il vient d'une source ditTérente, car certainement
des livres parus en 1721 et 1724 avaient été
achetés directement chez l'éditeur et ieiiés du premier
coup aux armes princières.

- 52 -
Ensuite viennent la Mythologie »'et les
Fables », les Facéties », dont les Contes
et Nouvelles de Bonaventure des Périers, le
Moyen de Parvenir, de Beroalde de Verville,
les oeuvres de Rabelais et le Cil Blas de
Lesage ; les « Histoires Fabuleuses », avec
« les Contes de ma mère l'Oye de Perrault,
et « les Contes de Fées », de Mme d'Aumoy.
Suivent « les Contes et Nouvelles », avec
les OEuvres de Bocace de Marguerite de Valois,
l'Histoire des Favorites» (jusqu'à Henri
IV), « les Galanteries des Roys de France
l'Histoire amoureuse des Gaules, de Bussy-
Rabutin, et l'Enfer d'Amour, où par
trois histoires est montré à combien de malheurs
les Amants sont sujets.» Les « Romans
d'Amour, de Morale et allégoriques » sont
en nombre important depuis » les Amours
Pastorales de Daphnis et Chloé (traduites
du Grec de Longus par Jacques Amyot s,
jusqu'à l'Astrée d'Honoré d'Urfé, avec
't l'Amour marié ou la bizarrerie de l'Amour
en état de mariage ». Il y a encore les t Romans
de Chevalerie », avec Lancelot du Lac,
et les 24 livres d'Amadis de Gaule; les ,, Romans
Historiques », avec la Princesse de
Clèves, par François VI, duc de La Rochefoucault,
Marie Madeleine de la Vergne,
Comtesse de la Fayette, et Jean Renaud de
Segrais s.
Dans la « Suite des Belles Lettres », les
« Misccllanei, Philologues, Critiques et P0lygraphes
s . contiennent le Chef-d'OEuvre
d'un inconnu ; les ouvrages allégon-

- 53 -
ques, renferment u le Songe de Bocace
Réflexions sur les folies que l'amour fait
faire aux hommes et sur les malheurs qu'il
leur attire ». Il y a encore des « Apophtegmes
et a des Livres en Ana u, dont des
« Polissoniana ou recueil de Turlupinades,
Quolibets, Rebus, Jeux de mots, Allusions,
Allégories, Pointes, Expressions extraordinaires,
Hyperboles, Gasconades, espèces
de bons mots, et autres plaisanteries ; avec
les Equivoques de l'Homme inconnu, dédiées
à Bacha Bilboquet ; et la Liste des
plus rares curiosités, A Amsterdam 1725,
n-12 11.» Puis viennent des « Dialogues u et
les « Polygraphes » dans les Essais de
Montaigne et les oeuvres de Nicolas Pasquier
; des u Epistolaires », avec les Lettres
Persanes,
Enfin on arrive à la division de 1' Histoire
» qui commence par la Géographie,
avec de nombreux atlas, et la « Nouvelle
description de la France, par M. Jean
Piganiol de la Force u. Viennent ensuite
des Voyages », en grande quantité, dans
les différentes partie du mondes, dont «les
Voyages dans le Nouvelle France occidentale
dite le Canada, par Samuel de Champlain,
et les découvertes par luy faites en ce Païs
depuis l'an 1603 jusqu'en 1629 », la vie et
les aventures de Robinson Crusoè, et les
Voyages de Gulliver.
L'histoire commence par u l'Histoire
universelle , avec de nombreux et imporportants
ouvrages, dont le « Grand Diction-

- 54 -
naire historique par Louis Moreri ». Viennent
ensuite l'Histoire Ecclésiastique, l'Histoire
Ancienne avec Flavius Joseph »,
Xénophon, Thucydide, e Diodore Sicilien r,
Quinte-Curce, Tite-Live, Saluste », Jules
César, Tacite, Plutarque, etc. l'Histoire
Générale de la France, depuis Grégoire de
Tours jusqu'à Mézcray, et au « P. Gabriel
Daniel, Jésuite », laquelle va de « l'établissement
de la Monarchie Française dans les
Gaules « aux « Fastes de Louis XIV
« l'Histoire Particulière de France sous chaque
Règne, est ensuite détaillée c'est là
qu'on trouve les Mémoires de Comines,
« Nouvelle édition augmentée de la Chronique
Scandaleuse u, le Journal de Pierre de l'Estoile,
les mémoires de la Reine de Navarre,
la Satyre Ménippée, le Mercure François,
ou la suite de l'Histoire de la Paix ou Chronologie
scptcrtnaire », en 25 vol., de 1605
à 1644, l'Histoire du Règne de Louis XIiI
en 18 volumes, plusieurs histoires du
Règne de Louis XIV, en plusieurs tomes,
les mémoires de d'Artagnan, le « Testament
Politique de M. Colbert » et celui « de M.
de Louvois u.
Ensuite vient l'Histoire Particulière des
Provinces de France u, les « Traités des
Prééminences «, avec plusieurs généalogies
de la maison de Bourbon, les u Traités de
la Souveraineté u, de la Politique », l'Histoire
des Etats généraux et des Dignités et
officiers du Royaume, l'Histoire de la
noblesse et des maisons illustres de France »,

- 55 -
les « Vies des Hommes Illustres de France »,
« l'Histoire des Solennités de France ».
A cette liste imprimée s'ajoute encore une
liste manuscrite, renfermant notamment
l'Histoire militaire du Règne de Louis le
Grand, en 7 volumes j40, par M. le Marquis
de Quinoy, Brigadier des Armées
du Roy, Lieutenant Général de l'Artillene.0
L'Histoire étrangère en Europe est
représentée par les Histoires d'Italie, d'Allemagne,
de Lorraine, de Suisse, des Pays-
Bas, d'Espagne et de Portugal, d'Angleterre,
et des Pays septentrionaux « l'Histoire
étrangère hors l'Europe « renferme l'histoire
des Turcs, l'histoire d'Asie, d'Afrique,
et d'Amérique.
Le catalogue se termine par les Grands
Livres des Figures et des Cartes «, dont
u le Grand Atlas de Cosmographie Blaviane,
en 12 tomes in-Folio, superbe ouvragequi
existe également, mais toujours sans les
arm2s du Comte de Toulouse, à la Bibliothèque
municipale de Rambouillet. On y
trouve encore « L'histoire du Roy Louis le
Grand par les médailles », et nombre d'autres
beaux ouvrages de même que sous la
rubrique des u Antiquités ».
On le voit, les personnes attirées à
Rambouillet par le Comte et la Comtesse
de Toulouse pouvaient se livrer aux plaisirs
de la lecture, en dehors de ceux de la
chasse ou de la promenade, et des réunions
dans les salons où le prince venait de faire
sculpter les célèbres boiseries qui en font

- 56 -
encore aujourd'hui le plus bel ornement.
L'on ne peut que regretter que la bibliothèque
ne soit pas, comme lcs boiseries,
parvenue jusqu'à nous, et que le château
de Rambouillet, « de tout temps le réduit des
Muses », ait perdu de la sotte un des plus
beaux fleurons de sa couronne de jadis.

Le Oflateau de Saint-jiuhert
Non contrit de courre le cerf dans
toutes les forêts du domaine royal qui avoisinaient
Paris. Louis XV aimait beaucoup
chasser à Rambouillet, chez son cousin le
duc de Penthièvre mais celui-ci, s'il acceptait
de recevoir son souverain et sa suite, pour
laquelle il avait fait construire, auprès de son
château d'imposants communs (I), ne se
souciait guère d'abriter sous son toit les
favorites, fût-ce la marquise de Pompadour
ou la Comtesse du Barry.
Or le roi goûtait fort les déplacements en
galante compagnie. Il obtint donc du duc de
Penthièvre le droit d'édifier en pleine Forêt
de Rambouilkt, contre les étangs qui alimentaient
déjà les bassins de Versailles,
un pavillon de chasse a , digne de recevoir
d'aussi belles promeneuses. Telle fut l'origine
du château de Saint-Hubeit, construit
sur le bord de l'étang dit alors du Pont
Royal et maintenant de Saint-Hubert.
Rien n'étant assez beau pour un séjour où
Mme de Pompadour allait se fare lire les
contes de Voltaire et où Mme du Barry de-
(1) Aujourd'hui I'Ecok dn Enfant, de Troupe,

- 58 -
's'ait plus tard planter de ses mains de Cléopâtre
des cerisiers que Louis XV greffait
avec une serpe d ivoire (I), D ie Bien-Aimé fit
appel aux artistes les plus réputés, architectes,
peintres, sculpteurs ou décorateurs.
Qu'il s'agît de Gabriel, Watteau, Pigalle, Falconet
ou Coustou (2). tous s'ingénièrent à
l'envi pour faire de ce château, orné d'un
tableau de Carle Vanloo représentant Saint-
Hubert (3), le temple de Diane ou même
de Vénus. Un bâtiment principal, surmonté
d'un dôme, s'agrémenta de quatre pavillons,
dont deux avec retours en ailes, encadrant
une vaste cour d'honneur, prolongée par
une avant-cour. Les oeuvres d'art de toutes
sortes, toiles ou statues de maîtres, dessus
de portes, frises, meubles, bibelots, tissus
précieux, remplirent boudoirs et salons.
Ce a pavillon de chasse devint la folie
d'un prince.
Pour y arriver commodément de Versailles,
le royal veneur fit tracer une avenue
partant du grand chemin de Versailles à
Rambouillet, à hauteur sensiblement de la
Maison Blanche », près de Coignières.
Cette voie d'accès, dont l'entrée était gardée
par un portier spécial, existe encore sur
(I) Léon Corlan. Les châteaux de France.
(2) M. Maillard, qui s (ait de ce château une étude
fort complète, dans k tome XViII des Mémoires de la
Société Archéologique de Rembouillet, cite encore les
noms d'autres artistes, tels que Cle, ki,Verbeck, et Slotz.
(3) Cc tableau est actuellement à lEgiise de Ranibouillet.

- 59 -
la plus grande partie de sa longueur tant
en plaine que dans le bois des Plainvaux
sous la forme d'une route forestière qui a
gardé le nom de Route Royale.
Seulement la demi-lune majestueuse ou
die aboutissait, avec d'autres allées latérales,
n entoure plus aujourd'hui que l'emplacement
du château de Saint-Hubert, dont il
ne reste pas pierre sur pierre.
Déjà délaissé, en effet, par Louis XVI, ce
château fut vendu comme bien national
sous le Directoire. Il fut d'ailleurs loti, avec
les terres avoisinantes, ainsi qu'il résulte
du procès-verbal de vente ci-dessous (I).
Acte de Vente
Passé au profit du citoyen FUNK, demeurant
à Paris, conformément à la loi du
vingt-huit ventôse an quatrième de la République
et de l'instruction du six floréal
suivant.
Du quatorze vendémiaire an cinquième
de la République une et indivisible
Nous Administrateurs du Département
de Seine-et-Oise, pour et au nom de la République
Française et en vertu de la loi du
vingt-huit ventôse dernier en présence et
du consentement du Directoire exécutif,
avons par ces présentes vendu et délaissé dès
maintenant et pour toujours.
Au citoyen Jean-Théodore Funk, demeu-
(1) Archives Domaniales de Rambouillet (Inspection
des Eaux et Forêts).

33r.13 M
rant à Paris, rue de la Loi, maison dite de
Suède, tant comme soumissionnaire du château
de Saint-Hubert et dépendances en
grande partie, qu'en vertu des déclarations
de command faites à son profit le onze fructidor
dernier pour le surplus, devant l'Administration
Centrale du , Département de.
Seine-et-Oise, par les citoyens Augustin
Josepli Home r Dumnil. Cultivateur au Fargis,
et Charles Théodore Maupin, demeurant
à Versailles, Rue de la Paix, n° 33, soumissionnaires
en partie des objets ci-après
détaillés, le dit citoyen Funk à ce présent et
acceptant pour lui et ses héritiers ou ayantcause,
les domaines nationaux dont la désignation
Suit
1 °) Les bâtiments composant le ci-devant
château de Saint-Hubert, canton des
Essarts, consistant en un principal corps de
bâtiment faisant face à l'entrée ct les quatre
Pavillons avec retour en aile à deux d'iccux,
cour d'entrée, le tout plus amplement
détaillé au procès-verbal du vingt-et-un
thermidor dernier.
2°) Une pièce d'eau sur le bord de laquelle
est construit un Pavillon renfermant un corps
de pompe avec un réservoir garni en plomb,
distribuant des eaux dans les bâtiments,
cours et jardins à huit toises du dit pavillon
sont deux petits bâtiments connus sous
le nom de baraques servant de logement
aux commis préposés à la construction du
château, deux jardins servant aux dites
baraques contenant quatre-vingt perches.

- 61 -
30) Au bord du bois au nord, deux glacières
couvertes en terre et gazon
4 0) Le potager attenant le château, contenant
trente-trois perches avec le petit
jardin à côté.
5°) A l'opposé un bouquet planté en
charmille contenant trente-trois perches
avec le petit jardin à côté.
6 0) Deux quinconces et la terrasse façade
du château, côté de l'étang contenant ensemble
un arpent dix perches
70 Un jardin ensuite clos de murs planté
en cerisiers, treillager et espaliers, contenant
vingt-huit perches, terres et friches environnant
le château
8 0) Les parties de triangle compris entre
les avenues aboutissant en face et au point
du centre près l'ancienne entrée du château
contenant
Savoir
Entre la route de Corbet et la route de
Montfort, trois arpents quatre-vingt-cinq
perches
Le triangle entre la route de Montfort
et celle des Glacières, trois arpents quarante
perches.
Celui entre la route des Glacières et la
route ci devant royale, trois arpents quarante
perches.
Celui entre la route ci-devant royale et
le chemin de Saint-Hubert trois arpents,
quatre-vingt perches

- 62 -
Celui compris entre la route du Chemin de
Saint-Hubert et la route de l'Eglise, quatre
arpents onze perches
Et celui compris entre la route de l'Eghsc
et la route de l'Artoire à Saint-Hubert,
cent soixante-quinze perches.
Les dits triangles réunis contenant ensemble
vingt arpents, trente et une perches.
90 Une portion de terre entre la route de
Lartoire et la route de l'Eglisc tenant par la
route tournante d'un côté et de Vautre le
chemin passant devant l'Eglise contenant
cent trente-huit perches
10 0) La pièce à côté du château et à droite
de celui où se trouve une pièce attenante à
la route de Corbet jusqu'à l'Etang et d'un
côté au château jusqu'à la projection de la
route tournante déduction faite du terrain
occupé par les bâtiments ruraux et jardins
de la Méroterie, la dite portion de terrain
contenant treize arpents soixante perches.
1 °) Une partie de terrain comprise entre
le chemin de l'Artoire et l'Etang, aboutissant
sur les murs du château jusqu'à l'ai
gnement du vieux chemin, la dite partiel
de terrain traversée par différentes routes
et chemins publics, avec la partie donnant
sur l'étang comprise entre lui et
le chemin conduisant du château à la maison
du garde-rigole, contenant sept arpents,
soixante-dix sept perches.
12°) Au-dessus de la partie précédente
une autre partie de terrain entre le chemin

-63 -
allant du pavillon du garde-rigole au château
et l'avenue de l'Artoire, aboutissant
sur le château et à la route de l'Etang,
contenant quatre arpents quatre-vingt-quatre
perches.
130) La partie entre le chemin descendant
à l'tang jusqu'au terrain attenant le citoyen
DuDuls, et entre la route de l'Artoirc et
celle conduisant au Pavillon du garde Rigole
au château; ladite partie de terrain traversée
par un chemin contrent neuf arpents, soixar.te
perches.
140) Les avenues aboutissant au point
du centre en face du château ainsi que la
route tournante et circonscrivant les parties
de triangle susmentionnées, savoir: les routes
de Corbet, Montfort, ci-devant Royale, de
l'Eelise, de l'Artoire, la Route Tournante,
lune et demi lune contenant ensemble vingtquatre
arpents, la demi-lune et la partie formant
ci-devant avant-cour et emplacement
d bâtiments supprimés contenant ensemble
quatre arpents, quatre vingt-cinq perches.
Sur les biens désignés se trouvent deux
mille six cent soixante-quatre pieds d'arbres.
Une grange, bâtiment à côté, terrain en
friche y tenant contenant le tout trentedeux
perches, un quart, joignant au levant
la rue de l'Etang, au Midi l'Avenue de 1'Artoire,
conduisant du • grand chemin de
Chartres à Paris au ci-devant château de
Saint-Hubert, au couchant le Domaine
National tenu, par ic citoyen Maugis et par
hache ic marne, la dite grange comprise

-64—
au procès-verbal du Seize thermidor dont il
sera ci-après mentionné.
Les dits biens provenant de la ci-devant
liste civile et évalués conformément à la loi
du vingt-huit ventôse, par procès-verbal
d'estimation des seize et vingt et un thermidor.
- Suit l'estimation des biens gin est
de cent dix neuf mille trois cent soixante
francs.
Les dits biens sont vendus avec leurs
servitudes actives et passives, francs de toutes
dettes, etc...
A la charge par l'acquéreur de conserver
pour l'utilité publique la route pavée de
l'Artoire à Montfort, celle de Corbet, de
l'Eglise et la route ci-devant Royale et de ne
pouvoir les intercepter sous aucun prétexte.
lent ensuite l'indication des époques
de paiement qui n'ont pas d'importance
dans l'espèce).
Signé J. J. Funk, l'Epicicr, Lelaurain,
Gougeon, Brunet, C l'Carnier, Deschnes,
Peyronnet, secrétaire en chef.
Ensuite est écrit : enregistré à Versailles
le vingt-sept vendémiaire an cinq, reçu
vingt-neuf mille trois cent quinze francs
soixante-cinq centimes en mandats, valeurs
nominales.
Signé NOEL.
On voit par cet énoncé qu'il ne pouvait
rien rester de cette superbe demeure édifiée
pour le plaisir d'un prince, mais qui
portait la marque du goût français, dans toute
l'élégance du XVIIIC siècle.

65 -
A vrai dire, si le mobilier et les oeuvres
d'art de Saint-Hubert furent alors vendus
et dupersés, comme dans la plupart des
autres demeures royales, le château ne fut
pas sa:cagé seulement la pierre tendre avec
laquelle il avait été construit ne résista pas à
l'oeuve du temps. Au bout de quelques années,
aute d'entreticn aux toitures, la décoration
cri stuc intérieure s'effrita lamentablement
et les murs s'écroulèrent peu à peu
jusqu'à ce qu'on achevât vers 1850 d'en
retirer les matériaux encore ouvrables.
Comme à Marly, il ne reste plus rien sur
l'emp'acement nivelé de l'ancien château,
près cuquel on construisit plus tard un immeuble
moderne et dans le potager il
n'est plus de cerises Dubarry
On peut d'ailleurs juger encore de la
valeur médiocre de cette pierre de construction
par un autre rendez-vous de chasse,
quoique beaucoup plus simple, le pavillon
d Pourras que l'empereur Napoléon l
fit édifier sous son règne presque vis-à-vis
du château de Saint-Hubert. Il tomba également
en ruines parce que, depuis la Monarchie
de Juillet, il est pareillement abandonné.
Les chênes et les bouleaux l'envahissent, au
travers du toit absent et des ouvertures
béantes, surmontées des vestiges d'un
fronton qui garde malgré tout la marque
de son époque.
Pourtant, à côté de ces ruines, sur ic mur
de la chaussée de l'Etang de Pourras, une

- 66 -
inscription (I) fort bien conservée porte
que cette digue a été réparée pour l'utilité
Publique par les soins de Napoléon
Premier. Les lettres gravées dans la pierre
durent plus longtemps que les édifices ou
que les empires, et rappellent aux généra -
tions oublieuses les gestes de leurs devanciers.
(I) Voici k texte exact de cette inscription
PAR LA MNIFICENGE DE NAPOLÉON
PREMIER EMPEREYR DES FRANÇAIS
CETTE CHAYSSÉE A ÉTÉ RÉPARÉE
A LYTILITÉ PYBLIQYE.

La Laiterie
et les Coquillages
C'st en 1783 que Louis XVI avait acheté,
à tite privé, le château et le Domaine de
Rarmouillet, pour 16 millions de livres, au
duc e Penthièvre. Il aimait fort, en effet, à
venu chasser dans cette belle forêt. Mais la
Reine Marie-Antoinette ne se plaisait guère
dans cette résidence lointaine, à laquelle
elle péférait de beaucoup le séjour de Versaille).
Pois tâcher de l'y retenir, le Roi lui fit
la surDrlse de construire la Laiterie. Quand
elle' 'nt voir les Grisailles de Sauvage,
le bâiment de La Laiterie lui-même,
œuvrede l'architecte Thévenin, était masqué,
racont' H. Longnon, dans sa notice sur le
châteai de Rambouillet, par une épaisse
haie, cu'on fit tomber durant qu'elle visitait
le 3avillon d'entrée. La Nymphe, à la
chèvre)) de Julien, ne fut pourtant placée
qu'en 1787 dans la grotte artificielle qui
fut édiiée dans le fond « du temple », mais
les tabettes de la première salle circulaire

MVM
étaient déjà garnies, par les soins de 1a Manu,
facture Royale de Sèvres, des seaux à tètes
de biches et des bols en forme de sein,
moulés, assure la légende, sur la poitrine
même de la Reine.
Au centre de cette salle se trouvait une
table ronde d'acajou massif, entourée de
meubles étrusques aux murs de la salle
rectangulaire voisine étaient des bas reliefs
également de Julien.
Pendant la période révolutionnaire la
plupart de ces oeuvres d'art furent duspesées.
Un document officiel indique d'ailleurs cc
qu'il était advenu de la Laiterie au débit du
19e siècle (1).
Cet état des lieux est ainsi conçu
Aujourd'hui, vingt-neuf Pluviôse, an
sept de la République Française ».
e Nous soussignés, Henry-Alexis Levasseur,
Commissaire du Directoire eécut,f
près l'administration Municipale du Canton
de Rambouillet et Charles Boromé Moiquest
Delamotte, Receveur de la Régie et dr I Enregistrement
du Domaine de Rambosillet. »
Sommes transportés dans un btiment
dépendant de la cy-devant liste civib, situé
dans le Parc (le Rambouillet, appelé Laiterie,
à l'effet de constater l'état des lieux, en décharger
le citoyen Nicolas Fourneau, jardinier
du Domaine, qui en était préédem-
(I) Archivez Domaniales de Rambouiflet (n.pection
des Eaux et Forets).

- 69 -
ment gardien et en charger le citoyen Noel
Butemps, garde-champêtre de I 'Etablissement
rural, qui vient d'être logé dans le dit
bâtiment.
« 0ii étant rendus, nous sommes entrés
ensemble dans le temple isolé qui est dans
ic jardin dont la première pièce est un palier
circulaire éclairé d'un vitrage en dôme
il y a quatre bas-reliefs ronds représentant
divers sujets de la vie champêtre (I)
« Au pourtour règne une tablette en marbre
blanc. e
« Ensuite sommes passés dans la seconde
pièce où nous avons trouvé une grille factice
où était, cy-devant, une nymphe tenant
une chèvre en lesse, en marbre blanc, transférée
au Muséum de Versailles (2) e.
Ainsi qu'il résulte de la décharge qui a été
donnée au citoyen Delamotte par les citoyens
Dartel et Dammorin, président et
Secrétaire du Conservatoire des Arts du
Muséum de Versailles, en date du seize germinal
an cinq
« La nême pièce contient deux grands
bas-reliefs, l'un à gauche, en entrant, in-
(I) Ces bas-reliefs furent ensuite transportés à la
Malmaison, Jour orner la laiterie que Mme Bonaparte
y avait (ait construire, Après la mort de l'impératrice
Joséphine, c objets d'arts furent vendus et emportés
en Angleterre (Moisi je'. Notice an Rambouillet.)
(2) Cette satue de Julien, plus connue sous le nom
d'Amalthée, transportée entre temps au Luxembouyg,
est actuellement au Musée du Louvre. On en a toutefois
mis récemment un moulage en plâtre à la Laiterie.

-. 70 -
crusté dans le mur et en trois parties, et
représentant l'éducation de Jupiter par les
Chorybentes ; l'autre, qui était à droite,
divisé en deux parties, représente Mercure
enlevant les troupeaux d'Admette, gardés
par Apollon, le dit bas-relief déplacé
lors de l'enlèvement de la statue (I) .
« Ensuite nous sommes passés dans le pavillon
cy-devant dit du Roy, qui est à gauche
en entrant dans la cour dans la première
Pièce, servant d'antichambre, nous avons
trouvé une porte garnie de grillage de fer,
démontée en quatre parties, laquelle sert à
clore le temple, quand on ouvre la porte pour
y donner de l'air. »
« Etant entrés dans le Pavillon de forme
circulaire, nous avons reconnu qu'il était
éclairé de deux croisées, garnies chacune de
huit carreaux en glace, et que la porte est
fermée à l'intérieur de huit carreaux de
glace étamée.
Dans les quatre espaces entre les croisées
et la porte sont peintes en fresques
les quatre saisons de l'année (2) .
Il Enfin nous avons parcouru tous les autres
cénacles de cette maison et nous avons reconnu
qu'il n'y avait aucune dégradation
importante, mais trente-six carreaux de
vitre cassés. »
(I) Ces bas-reliefs furent aussi transpost ultérieurement
à la Malmaison.
(2) Ce sont les grisailles de Sauvage demeurées
j ntacte5.

71 -
« Le citoyen Fourneau a remis en notre
présence au citoyen Butemps toutes les
clefs dont il se reconnaît nanti «.
« Nous nous sommes retirés pour dresser
le présent procès-verbal que les dits citoyens.
Bourgeois, Butcmps, et Fourneau ont signé
avec nous
Signé Delamotte. Signé : Fourneau.
Signé Levasseur. Signé : Buternps.
Napoléon l e' au cours de son règne,
fit placer « la Suzanne au Bain », de Beauvallet,
dans la grotte, rétablir le dallage en
marbre de l'entrée et installer, au milieu
de ce salon circulaire la belle table de marbre
qu'on y voit à présent. Elle était alors à son
chiffre que le gouvernement de la Restauration
fit remplacer par les étoiles blanches
sur fond rouge qui y sont actuellement.
Les mots de Laiterie de la Reine «,
surmontés d'un médaillon sculpté, ornent
encore le fronton de l'édifice et évoquent le
souvenir, toujours vivace en ces lieux, de
Marie-Antoinette alors dans toute sa jeu -
nesse et sa grâce.
Quelques années auparavant la princesse
de Lamballe avait promené sa réclusion
momentanée de jeune veuve de la Chaumière
» (ou Pavillon des Coquillages) à
l'Hermitage «, charmantes « fabriques »,
dans ic goût d'alors, que son beau-père le
duc de Penthièvre fit, par une galante attention,
construire pour elle à grands frais.
On peut s'étonner pourtant que ce prince

- 72 -
plutôt austère ait fait pratiquer une issue
dérobée dans ! e premier de ces pavillons.
« Un petit cabinet voisin de la pièce ornée
de coquillages » dit Séguin, « renfermait, apporté
par deux petits génies obéissant à la
main qui touchait un ressort fixé à la porte
de leur asile, tout l'appareil somptueux
et élégant de la toilette des grâces dont ce
cabinet était le mystérieux sanctuaire. (1) n
11 n'est pas question, on le voit d'une porte
dérobée dans ce récit et l'on peut se demander
si cette entrée du souterrain »,
complaisamment décrite dans la plupart
des guides actuels comme étant actuellement
murée, n'est pas tout simplement
l'ancienne ouverture par laquelle on apportait
le bois de chauffage destiné à la
cheminée du Pavillon. Quant à l'Hermitage"
aucun ermite ne l'habita jamais, si ce n'est,
après la Révolution de 1848 —alorsque jusqu'à
1852 le château— fut loué comme
« Guinguette » - un habitant de Rambouillet,
qui y jouait les anachorètes à l'égard
des visiteurs parisiens.
L'élégant mobilier du pavillon des Coquillages
a disparu ainsi que les petits génies
porteurs de parfums.
Quelque soin qu'on ait pris d'ailleurs à
les entretenir, toutes ces charmantes « fabriques
», Si elles sont arrivées jusqu 'à nous
sans être au moins extérieurement trop dé-
(J) Lorn, Ranl&2uj11e1 L Ville, le Çhdtcau. se
H6tes.

- 73 -
t&iorées, n'en gardent pas moins l'aspect
un peu mélancolique des choses du passé.
C'est que la vie sen est retirée et qu'elles
ne constituent plus guère aujourd'hui que
de délicieux anachronismes.

Le DOMÈC go Rambouillet
avant ta Molulion
il existe aux archivs domaniales de Rambouillet
un document fort complet, datant
du onze Brumaire, an IV et donnant la
composition du personnel du domaine avant
la Révolution.
Cette pièce est intitulée e Etat domestique
du ci-devant duché de Rambouillet depuis
l'année 1784 (vieux style) ». Elle est signée
de l'ancien concierge du ci-devant château
de Rambouillet, Deshayes, lequel certifie
qu'elle est une « copie fidèle de l'état sur
lequel les employés ont été payés, depuis
l'établissement à l'époque de l'acquisition
de la terre de Rambouillet parle ci-devant Roi
en l'année 1784, 1 et janvier (vieux stil) «.
Deshacs ajoute qu'il a signé cet état «comme
en ayant parfaite connaissance et pour aider
les différents gagistes qui désireraient y
avoir recours et rendre hommage à la vérité ».
Sa signature est vue pour l'égalisation (sic)
en la maison commune de Rambouillet par
les officiers rnunicipeaux (sic), qui sont au

- 76 -
nombre de huit, le quatorze Brumaire de
l'an quatre de la République Française une
et indivisible,Cet état indique d'abord quel
était le personnel de l'Administration du
domaine.
Il Se composait de
M. d'Angiviller, Gouverneur et Administrateur
Général et Capitaine des chasses,
au traitement de 12.000 livres par an, plus
7.200 livres pour 1a nourriture de douze
chevaux. M. d'Angiviller a donné son nom
une rue de Rambouillet; il habitait l'hôtel
du Gouvernement, construit sous Louis XVI.
M. Ogre, Inspecteur Général, au traitement
de 6.000 livres, Il était en outre chauffé,
éclairé et logé, et la ferme lui fournissait
les fourrages nécessaires pour la nourriture
de son cheval. Ils touchait en outre 3.600
livres pour frais de bureau et voyages,mais
les avait abandonnées i son adjoint.
M. Imberi, Inspecteur-adjoint, au mm,
traitement, mais sans la nourriture du cheval.
Il y avait en outre un avocat conseil,
un secrétaize du gouverneur, un bibliothécaire,
un receveur général, (1) un garde
des archives, un distributeur d'aumôncs, (2)
(I) Avec deux commis dont l'un M. Sarrac, devint
tui-n1me, sous l'Empire. So u s-Inspecteur des forêts et
Capitaine des chasses.
(2) Ce Personnage ne touchait rien dans ces fonctions
qu'il ajoutait A un autre emploi rémunéré celui.là.

- 77 -
un inspecteur des forêts, lieutenant des
ehases (M. de Corteuil), un sous-inspecteur
sous-lieutenant des chasses (M. Brou),
un préposé à la perception des fermages.
La plupart d'entre eux étaient logés et cheufés
et leur trnitemnt global atteignait
18.000 livres par an.
L'état énumère ensuite 1e personnel des
bâtiments et jardins, dont le chef était M.
Th-venin, inspecteur (et plus tard architecte
du château) au traitement de 6.000 livres
par an. Il était assisté de deux autres inspecteurs,
aux traitements respectifs de
I .800 livres et de I .200 livres, d'un magasinier,
d'un jardinier-chef au traitement
de 4.800 livres, avec un adjoint payé 3.000
livres et un jardinier du jardin anglais recevant
1.200 livres (les jardiniers étaient « obligés
de se fournir d'outils, de garçons, etc...
1l y avait en outre un taupier, un chaloupier,
un gondolier, appelé Palmarini, au
traitement de 1 .200 livres ; en outre un jardinier
était détaché à .Saint-Léger au traitement
de 300 livres par an pour l'entretien
du jardin dont les produits lui étaient abandonnés
n. L'ensemble de ce personnel
coûtait 2 I .000 livres, plus des avantage
en nature.
L'état indique ensuite le personnel chargé
de la Gestion du château et des jardins qui
s'y rapportent «. C'est là où sont inscrits
le curé de Rambouillet, chapelain du château,
qui avait 1 .000 livres par an, plus 4
cordes de bois et 200 fagots l'abbé Rabour-

- 78 -
din, chapelain de l'Hôpita' qui avait 800
livres par an ; le médecin et le chirurgien
de l'hôpital, qui recevaient respectivement
1.800 livres et 1.6W livres, compris la
nourritu re de leur cheval. M. Deshayes,
concierge général touchait 4.000 livres par
an, plus 2.000 livres sur les fonds du gardemeuble
il était en outre logé, chauffé,
éclairé et blanchi. Son fils lui était adjoint
aux gages annuels de 1.200 livres plus autant
sur les fonds du garde-meuble et les
mêmes avantages en nature. En revanche le
concierge de la Petite Ecurie ne touchait
que 800 livres, plus son chauffage. Il y
avait encore deux garçons du château,
une concierge du Gouvernement, un suisse
de l'intérieur, un suisse du dehors, et
un suisse du Gouvernement, un garçon
de conciergerie, trois facteurs, une femme de
garde-robe, un portier de corridor ce petit
personnel coûtait près de 3.000 livres par
an, plus des avantages en nature.
Des gratifications étaient par surcroît
allouées aux maîtres d'école d'Orcemont,
Saint-Léger, Gazeran et du Perray, ainsi
qu'à la maréchaussée de Rambouillet. Le
domestique et l'homme de journée du concierge
étaient payés par l'administration,
qui allouait en outre à d'anciens serviteurs
des pensions de retraite et en employait deux
comme portiers supplémentaires aux petites
écuries et un comme portier à Coignières.
Elle entretenait en outre au château de Saint-
Hubert, comme personnel déjà réduit, un

- 79 -
suisse, un portier, deux facteurs et un jardinier,
habillés d'ailleurs comme l'étaient les
serviteurs du même genre à Rambouillet
le maître d'école de Saint-Hubert recevait
de plus 400 livres, outre le logement.
A cette liste déjà longue il Faut ajouter
un nombreux personnel figurant sur un
autre état, savoir
Les préposés du garde-meuble, au nombre
de 5, hommes et femmes, payés 7.000 livres
par an, plus toujours les mêmes avantages
en nature.
Le persnnel de la Ferme du Parc, explotée
pour le compte du ci-devant Roy, sous
l'autorité du S. Bourgeois, économe, au
traitement de 1.200 livres, mais nourri,
meublé, chauffé, blanchi, éclairé, assisté
d'un autre Bourgeois comme maître-valet,
de deux charretiers, d'un homme de bassecour,
de trois bergers, d'un garçon de cour,
d'un vacher, d'un tueur de taupes, d'une
beurrière et de 2 servantes ce personnel
était logé, nourri et souvent habillé, mais ne
recevait au total guère plus de 3.600 livres
de gages.
A La Laiterie, il y avait une ménagère, un
vacher, et une servante, ayant les mêmes
avantages en nature, au traitement global de
I .700 livres par an.
Enfin le personnel des Bois (ou Forêts),
dont deux représentants, MM. de Corteuil

- 80 -
et Brou (tous deux guillotinés d'ailkurs sous
la Terreur) ont déjà été cités plus haut, et
qui étaient placés SOUS l'autorité de M.
Antoine, I lieutenant des gardes-chasses,
lequel touchait 4M00 livres, plus 1 .200 livres
Pour l'entretien de 2 chevaux, il était assisté
de M. de la Mustjre lieutenant du TÛT en
la maîtrise. Le premier était habillé,
logé ct chauffé il avait dans ses attr ibut
ions la surveillance du personnel et maténd
rt l'assistance aux chasses le second qui
n'avait pas d 'appointements fixes propres
était logé et chauffé, avait des remises
dans les ventes de bois il était chargé du
balivage, du martelage et de l'adjudication
des coupes (il devint plus tard sous-inspecteur
des Forets à Châteauneuf) il était
tenu d'avoir un cheval, ainsi que le 2w
lieutenant chargé des bois (M. de Corteuil),
au traitement total de 3.600 livres, et le
so us-lieutenant chargé des chasses (M. Brou)
au traitement global de 2. 100 livres ; ces
deux derniers étaient habillés, logésetchauf_
fés. Il y avait encore un arpenteur et un
greffier de la maîtrise, sans honoraires
fixea, deux gardes généraux, habillés, lrgés,
chauffés, au traitement global de I . 150
livres, mais tenus d'avoir un cheval, trentesix
gardes, dont les gages variaient de 400
à bO livres, selon qu'ils étaient ou non logés
et qui étaient habillés, mais non chauffés.
II y avait en outre un chef routier à
cinq cent douze livres, logé et habillé,
et douze gardes routiers, aux gages de

- 81 -
366 livres, tous habillés, mais dont deux
seulement étaient logés. (I).
Il y avait en plus de ces gardes un faisandier,
logé et habillé, aux gages de 600 livres,
i.,n garçon fassandier, à ceux de 365 livres,
et à la Vénerie, un concierge et 2 portiers,
touchant ensemble environ 2.700 livres,
plus des avantages en nature.
L'ensemble de ce personnel coûtait à k
Cassette Royale, chaque année 131.500
livres d'appointements, plus 19.500 livres
de gratifications, en tout 151 .000 livres
somme déjà importante pour l'époque.
Aussi la Révolution en supprima-t-elle
une grande partie, et la plupart de ces suppressions
furent-elles, depuis cette époque,
maintenues, au moins dans leurs dispositions
essentielles. (2)
Les dépenses de plantations, curages de
fossés, entretien dcss bâtiments et divers se
montaient à la mmc époque à environ
80.000 livres par an c'est-à-dire à un peu
lus de la moitié du traitement du person-
P
ne!. Toutefois les dépenses pour travaux
neufs faites de 1785 à 1 789 attinrent à elles
(I) II est à remarquer que dans ce pci-sonne1, un
retrouve beaucoup de noms de gardes actuels, tels que
les Tirkt, les Dupré. les Barb i er, les An5 ibout, les
Chabault, les Dumont. etc... Plusieurs d'entre eux habitaient
les postes forestiers actuel.;.
(2) Quelques-unes de ces places pouvaient bien d'ailleurs
âtres des sinécures. Il y s lieu de supprimer
l'avocatconseil dit une annotation de lépoquc révolutionnaire
car il était payé depuis trente ans pour ne
rien faire. Sors traitement était du reste peu,4lc'b
suïÈQ.

- 82 -
seules tout près de 800.000 livres. Cei
sommes dépassaient certainement les ressources
du domaine.
Celles-ci cependant étaient importantes à
en juger notamment par un document
un peu postérieur l'état des revenus du
domaine impérial de Rambouillet depuis
l'an XIII (1804) jusqu'en 1812.
Le total en est de 4.700.000 fr. pour 9
ans, soit une moyenne d'environ 525.000fr.
par an. Cela s'explique si l'on Veut bien
considérer que d'après dec relevés dressés
par exemple pour l'année 1814, la charpente
valait alors, une cinquantaine de francs
le mètre cube, le bois de chauffage 58 francs
la corde (de 3 stères), le cotret 21 francs
la corde, le charbon 17 francs la corde,
les bourrées 16 francs le cent, et les fagots
28 francs le cent. Il est même curieux de
constater que les prix unitaires des bois
n'aient pas augmenté davantage depuis une
centaine d'années, alors que par ailleurs
ic coût de la vie a très sensiblement augmenté.

00tul du Gouvornumuni
Quand Louis XVI acheta le domaine de
Rambouillet au duc de Penthièvre, son intention
était d'habiter le château, après
l'avoir fait reconstruire. La guerre d'Amérique,
qui mit à sec le Trésor Royal, déjoua
tous ses plans. Cependant il eut le temps,
dans les six années qui précédèrent la Révolution,
de faire exécuter dans la ville et
dans le Parc de très importants travaux,
comprenant notamment l'édification d'un
fort bel hôtel pour le Gouverneur de Rambouillet.
Celui-ci n'était autre alors que 1e Comte
d'Angiviller, surintendant des bâtiments
royaux. Aussi l'architecte Thévenin, son
subordonné, s'ingénia-t-il à faire de cette
demeure une résidence digne de l'importance
de l'hôte auquel elle était destinée.
Les travaux commencèrent en 1784,
sur un terrain pris à même le Verger du
château (dont subsiste encore le « Pavillon
du Verger Il où sont demeurées les armes du
duc de Penthièvre, et auquel M. Lonn a
consacré un fort intéressant article dans

l'!ndépendani) et compris entre le Parc et la
grande rue de Rambcuillet.
Face à cette rue, mus du côté du Parc,
un élégant corps de bâtiments réunissait
deux pavillons latéraux, garnis eux-mêmes
de péristyles inspires de Gabriel, avec
deux retours en potence, dont partaient
perpendiculairement cieux ailes servant au
logement d'un nombreux personnel. Celles-
C; encadraient une wste cour rectangulaire
fermée par une grille. du côté de la ville
une seconde cour exis ait entre les deux pavillons,
séparée de la première par un escalier.
Sur l'autre façade, t n jardin fut créé entre
l'Hôtel et k mur du Parc, qui fut reconstruit
contre l'allée dite des Soupirs, passant derrière
la prison du bail]age. Ce jardin compreriait
au centre, d'après un plan qui existe aux
archives domaniales, .me vaste pelouse ovale,
encadrée d'un massif Je fleurs, dont le grand
axe était parallèle au bâtiment princ ip&
Au-delà s'étendaient deux autres pelouses
rectilignes, séparées par une allée aboutisant
à une porte de communication percée
dans le mur du Parc, tout au fond du jardin.
De chaque côté de ces tapis verts étaient
disposés des bosquets avec des allées
tournantes dans le goût des jardins anglais
de l'époque.
Cet ensemble avai: une réelle élégance et
contribuait sin gulièrement à l'embellissement
de Rambouilet, avec l'Hôtel du
Baillage (aujourd'hui l'Hôtel de Ville),

- 85 -
donné depuis par Napoléon 1 CF à la Ville
et construit à la même époque.
Pourtant M. d'Angiviller n'habitait guère
cette élégante demeure, car, retenu par les
devoirs de sa charge, il devait suivre la Cour
dans tous ses déplacements. Ce n'était
donc que rarement que de la < Chambre de la
Comtesse (Mme d'Angiviller), située au
premier étage, il pouvait jouir de la belle
vue qu'il avait sur le Parc.
Grâce aux tilleuls savamment taillés, on
voyait de là en effet la pièce d'eau du Miroir
(I), alors carrée, située au milieu des
parterres, encadrés par deux allées plantées
d'arbres, qui s'étendaient de la façade orientael
du château au Rondeau. Par dessus ces
parterres, le regard s'étendait sur tes canaux
et sur les îles, alors très peu boisées, et telles
à peu près qu'elles figurent sur les gravures
de Rigaud, datant du Comte de Toulouse.
Pourtant les branches des canaux séparant
les îles centrajes,dites lies Longues, des iies
latérales, dites lie du Potager et lie aux
Poules, avaient été depuis lors élargies, ce
qui avait fait disparaître, fort heureusement
d'ailleurs, les deux tangues deteries masquant
pnmtivement les deux îles rondes, dites
lie aux Roches et Lie des Festins. Enfin,
dans le fond, on aperçevait les futaies du
(I) Ce n'est en effet que sous le premier Empire que
l'architecte Trepsat fit combler en grande partie cette
pièce d'eau - dont il ne subsiste qu'un petit bassin
circulaire - avec les débris de l'aile est du château, qu'il
fit si malencontreusement démolir.

LJ 1
86
Jardin Anglais et le Tapis Vert, terminé
par tin Ha-Ha, comme d'ailleurs aujourd'hui.
Cet édifice n'était construit que depuis
une dizaine d'années quand la Convention
décida de vendre comme biens nationaux
tout ce qui, dans les anciens domaines loyaux
ne constituait pas la forêt. L'Hôtel du Gouvernement
fut par su te aliéné, et la pioche
du démolisseur eut tôt fait de bouleverser
l'oeuvre de Thévenin, en particulier dans
le bâtiment central.
Le mal n'était pas irrémédiable pourtant,
et Napoléon arrêta iiet ce commencement
de destruction en rachetant l'hôtel. Après la
naissance de son fils, il résolut de 'e réparer
et de l'aménager pour ce dernier d'où le
nom de Palais du Roi de Rome qui fut alors
donné à cet édifice, et qui a été conservé
par les deux paviUors subsistants.
Un crédit de 91.750 francs accordé en
1812 pour la constiuction du contre-mur
des canaux fut donc affecté au rétablissement
de cet hôtel par décision du 20 février
1812. Les travaux ne furent d'ailleurs
réglés qu'en 1816, pour la somme de
74.080 francs, alors que les mémoires présentés
par les entreprneurs, et qui existent
encore aux archives, domaniales dépassaient
même sensiblement le total primitivement
alloué.
L'héritier de Napoléon n'habita du reste
jamais cette demeure, qui redevint sous
la Restauration l'Hôtel du Gouvernement».
Son hôte d'alors n's pas laissé pourtant de

- -
trace assez profonde dans l'histoire pour
effacer malgré tout le souvenir de 1' Aiglon))
(I).
Par une coïncidence étrange, au moment
où le duc de Reichstadt expirait à Schoenbraun,
loin des ombrages de Rambouillet,
le Gouvernement de Louis Philippe aliénait
en 1832 l'hôtel pour 70.000 francs,
« la douzième partie, dit M. Maillard, de
ce qu'il avait coûté
Depuis cette époque, il a été divisé en
plusieurs lots. Le corps de bâtiment refait
par Famin sous l'Empire pour réunir les
deux pavillons a été à nouveau démoli et
remplacé par un immeuble moderne. La
cour a été nivelée, la grille a disparu. L'ensemble
n'en conserve pas moins un certain
air de grandeur qui détonne avec le modernisme
un peu banal du décor environnant.
On sent que dans cette demeure il plane
encore un souvenir du passé le nom qu'elle
a gardé n'est-il pas évocateur lui-même
de l'impériale épopée ?
(I) II s'ppelait M. Delandine de Saint-Esprit. Voir
l'article documenté que M. Lorin lui s consacré dans
I'lndépendanl.

tes OP38888
gu Premier Empire
Exirali du LIvre-JouraI de M. Serr8c1
Sues-Inspecteur Foreetir à janbouiLlet
Sdisseur de la Capitaierie des Chasses
Les chasses de Rambouillet, florissantes
SOUS Louis XVI, avaient été, faute de
surveillance, complètement détruites sous
la Révolution et le Directoire.
Le Premier Consul commença è les reconstituer,
avec l'aide du citoyen Serracin
alors Sous-Inspecteur forestier è Rambouillet
Jet, bientôt promu Capitaine des chasses,
sous la haute direction du citoyen d'Hanneucourt,
Inspecteur des Chasses.
Après la proclamation de l'Empire M.
d'Hanneucourt fut nommé Commandant
de la Vénerie, le Comte de Girardin, Secrétaire
Général de la Vénerie Impériale et M.
Serracin promu Inspecteur des Forêts de la
Couronne. La charge de Grand Veneur fut

't.
9() -
rétabli elle-même au profit du Maréchal
Berthier, prince de NeufcFâteL
Les extraits ci-dessous •du livre-journal
de M. Serracin, dûs à l'obligeance de M. le
Conservateur Leddet, qui en a publié
d'autres extraits dans son livre sur « Les
Chasses de Rambouillet », ermettent de se
rendre compte de l'organistion des Chasses
Impériales à cette époque. Nous les reproduisons
sans commentaires, en attirant notamment
l'attention du lectcur sur l'augmentation
du prix de l'élevage depuis cette date,
vieille seulement d'un peu plus d'un siècle.
1805.
(An XIV Vendémiaire.
On établit une patrouille de nuit dans
le Grand Parc, pour la conservation du
gibier ».
La Faisanderie a été réparée. Un loup
a été tué dans les bois de Sonchamp par k
Garde Général Villerault et le garde à
cheval Lecomte.
13 Frimaire.
Deux louves ont encore été tuées ayant
fait dégâts.
1800.
Janvier.
Des lièvres sont morts par humidité
les perdrix et ica faisans sont nombreux.
Pour les attirer on met du marc de raisin
de place en place.

- 91 -
31 Janvier. L'état du gibier des forêts de
la Capitainerie est dans les Grandes Ventes
d'Epernon, la Pommeraie et Vilpert, la
Mare Ronde, les Longues Mares, les
Mares Gauthier et le Petit Parc de
28 cerfs et biches (dont 1 seul dix cors
et 14 biches), 4 daims, 21 chevreuils.
On craint pour le gibier, comme toujours,
les attaques de quelques loups ; on cherche
à repeupler et on soigne les biches du Parc,
qui sont à l'abri des loups.
21 Avril. 39 renards ont été détruits depuis
le 5 février.
Même date. Arrivée de la Vénerie et des
chevaux de selle de l'Empereur, qui va
arriver lui-même à Rambouillet.
13 Mai. L'équipage de M. Detillières
est arrivé, l'Empereur vient chasser le loup,
et on cherche où donnent les cerfs, mais
il y en a peu.
16 Mai, Ordre pour une chasse au loup
de l'Empereur. Rendez-vous à la Villeneuve.
23 Mai. 3 chiens et 4 lices vendus à M.
d'Hanneucourt pour la Vénerie, 648 fr.
7 Août. Arrivée de 3 cerfs et 2 biches
venant de la 20e conservation mis dans le
Petit Parc. Il s'y trouve maintenant 50 cerfs
et biches, 6 daims, 11 chevreuils, plus
quelques faons soit 73 animaux,
Décembre. Envoi de paniers de gibier
pendant le dernier trimestre de l'année

- 92 -
15 faisans, 49 perdrix, 44 Iécasses, 3 bécassines.
Décembre. M. Serracin :orrespond avec
le Maréchal Berthier quoi qu'il soit à
Posen.
M. Serradn avait été autorisé à dépenser
pendant l'exercice de 1806, 4.500 fr.
il a dépensé 4,209 fr. Rste 291 fr. (les
dépenses ne sont pas spécifiées, sauf le grain
de l'année 702 fr.). Il y en a plus 731 fr.
dûs pour construction de çarquets.
Etat des lapins vendus 84 à O fr. 80.
Bénéfice 67 Ir. La nourriture des chiens
élevés chez les gardes comporte 533 journées
et a été payée 106 livres 12 sols.
1807.
Janvier. Des clés nouveLles ont été faites
pour le grand Parc.
3 Février. La clôture eu jardin Anglais
a été terminée. M. Serracn a eu des difficultés
pour ic passage a "ec les jardiniers,
sauf pour une porte destinée aux 300 ouvriers
(dont 200 prisonniers pruusiens) qui curent
les canaux.
12 Avril. 115 poules (faisanes) ont été
enfermées en parquets au lieu de 85 l'année
dernière.
4 Mai. 2.014 oeufs ont été obtenus à la
Faisanderie.
Juin. Il y n dans le Parc des couvées naturelles
de faisans et beaucoup de perdreaux,

- 93 -
mais on ne peut guère élever autrement
de ces derniers, vu le manque d'argent.
Octobre. 11 y a 3.600 fr. seulement à dépenser
en 1807 avec les 291 fr. restants; or,
après les 3 premiers trimestres, la dépense
est déjà de 4.876 fr., excédant les recettes
de 958 fr.
On fait 26 nouveaux parquets à la Faisanderie
à 221 fr. 40 l'un, soit 5.756 fr. 40.
16 Décembre. 48 cerfs, 7 daims et 15 chevreuils
ont été vus dans les forêts de S. M.,
sans parler des animaux du Petit Parc.
1808.
9 Janvier. On tue dans le Parc un daim
qui effrayait tout le monde.
18 Mars. Beaucoup de lièvres sont morts
dans le Grand Parc. Il faut en remettre.
M. Serracin en accuse les nombreuses
luzernes cultivées dans les champs de la
Ferme.
6 Avril. 241 lièvres sont mis dans le Petit
Parc, dont 145 hases.
24 Mai. Ordre a été donné de mettre des
boîtes à faisandeaux dans quelques parties
des filets et remises du Grand Parc, mais M.
Serracin craint le dérangement occasionné
ar les nombreux troupeaux de la Ferme et
F s dégâts des renards.
Juin. 750 faisandeaux mis à la Faisanderie.
13 Juin, 12 oeufs de faisans sont envoyés
à M. Flabbée, Garde Général à Dourdan,

94
pour qu'il commence à se monter de cette
espèce dans les forêts de son cantonnement.
Juillet. Les cerfs, biches, daims et chevreuih;,
sont estimés à 176 pour la forêt
et les parcs de Rambouillet.
On remet 192 lièvres dans le Parc.
1809.
Etai; du fauve : 88 dans les Parcs, 90 en
forêt, soit 178.
Juillet. 900 à 1 .000 faisandeaux, éclos
en faisanderie.
30 Août. 11 a été vu (non compris ce qui
existe sous les bois filets et remises, qui
n'ont pas été battus dans le Grand Parc)
250 lièvres, 80 compagnies de perdreaux
gris, 10 compagnies de perdreaux rouges
dans la plaine de Rambouillet, 60 lièvres et
40 compagnies de perdreaux gris ; dans la
plaine de Gazeran, 60 lièvres et 30 compagnies
de perdreaux gris, plus 900 et quelques
faisans en faisanderie, qu'on lâchera seulement
si l'Empereur vient ».
« L'Empereur pourra faire 3 tirés non
brillants, mais agréables ».
Novembre. « L'Empereur est revenu
glorieux, mais chasse à Fontainebleau, et ne
vient pas
Ce journal s'arrête, en ce qui concerne
les Chasses, en 1810. Les chasses impériales
continuèrent pourtant jusqu'en 1813.

tes huasses
go la Hosi8ur8ligu
Après la chute d0 l'Empire, le comte de
Girardin fut nommé Grand Veneur, et
M. de Larminat succéda à M. Serracin
comme Inspecteur des forêts et Capitaine
des chasses. Un peu plus tard, M. de Ta!lobre
fut nommé Conservateur des forêts
de Rambouillet; M. Bourdon, lui succéda.
C'est à la correspondance entre ces différents
personnages que sont empruntés
les divers renseignements qui suivent, pour
le complément desquels il y a lieu de
se reporter encore au livre de M. Leddet
sur les chasses de Rambouillet.
En 1815, année d'occupation étrangère,
ce fut le Maréchal BlLichcr qui chassa à
Rambouillet.
Dès 1816, les chasses de Rambouillet
reprirent à tir et à courre. Louis XVIII ne
chassait pas, mais Monsieur frère du roi,
était fanatique de la chasse à tir, tandis
que les ducs d'Angoulême et de Berry préféraient
plutôt la chasse à courre.
Ce fut à cette époque que le comte de

Girardin commença à organiser les tirés
tels qu'ils existent encore à peu près actuellement.
Dans un tiré de Monsieur, en 1816, on
tua 234 pièces et 80 de plus en 1817 sur ce
nombre il n'y avait que 84 faisans en 1816 et
95 en 1817.
On tua en outre en forêt une douzaine
de sangliers et 6 louveteaux.
En 1818, Louis XViII vint à Rambouillet
au travers de la forêt, arrivant de Coignières,
par le chemin des Hautes Bruyères jusqu'au
poteau de la route Royale, la route
Royale traversant le carrefour des Tailles
de Villarceau et les Petits Yvelines, les
carrefours de la Malmaison, du Bourg neuf
le pont de Villarceau, la croix de Vilpert,
la route de Saint-Léger, la porte du Grand
Parc et la Ferme.
Il y eut le 28 juillet, une grande chasse à
courre dont le rendez-vous fut à l'étang de
la Tour. Monsieur fit son tiré le 29. Il
en fit deux autres, avec ses fils en octobre
et décembre. Un autre tiré, à grand apparat
fut donné en février 1819 en l'honneur du
duc de Glocester.
On élevait à cette époque, outre les faisans
et les perdrix grises, des perdrix rouges
dans le parc, fort bien peuplé, au surplus,
de chevreuils, lièvres et lapins.
Ce fut en 1819 qu'on supprima la grille
de fer qui était placée au bout de la route
de la Faisanderie, pour éloigner les curieux.
En revanche les routes de forêts étaient

- 97 -
fermées par des barrières qu'on ne pouvait
ouvrir qu'à l'aide de clefs.
On faisait aussi, en dehors du Parc, des
destructions de gibier. On détruisit pendant
l'année 1821, par ordre du I '' Veneur, 151
animaux, soit 6 cerfs, 100 biches, 38 daims
et 7 sangl iers, vendus 1 .543 fr. Ils étaient
tués par les gardes, moyennant une prime
de 5 fr. par animal. On détruisit aussi
1 .234 lapins dans le parc.
De mars à août 1822, il y eut 17 chasses
à courre. il y eut un tiré en janvier et 4 en
automne. On y tuait quelques faisans dorés
et argentés. spécialement élevés pour la
circonstance, et qui servaient aussi à l'occasion
du « Bouquet du Roi c'est-à-dire de
la fourniture exceptionnelle de gibier qu'on
taisait tous les ans au Roi à l'occasion de la
Saint-Louis.
En 1823, la campagne d'Espagne empêcha
te duc d'Angoulême de chasser. En
revanche, Monsieur fit un tiré fort giboyeux
dans lequel il refusa de tirer plus de
15 chevreuils. Il y en avait en effet près de
150 dans le parc.
L'année 1824 fut marquée par l'avènement
de Charles X. Monsieur continua donc
à chasser comme roi, avec plus de faste
encore que du temps de Louis XVIII. Les
grilles du Parc furent fermées, sauf celles de
l'hôpital, où un gendarme fut mis de planton
pour laisser passer tes bestiaux allant
l'abreuvoir.
Les pâturages du Petit Pare diminuant

98 -
parce que le bois grandissait, on fut obligé
en 1825 d'y nourrir davantage les grands
animaux qui y étaient enfermés ; d'un autre
côté, la ferme fit disparaître, comme nuisible
à la culture, les haies de ronces et
d épines qui bordaient les prés et servaient
de refuge au gibier ; du coup, quoique les
lapins ne fussent pas plus abondants, les
dégâts de gibier augmentèrent, et M. Bourdon,
Conservateur des forêts, attribua à
cette disparition des haies la cause des dégâts
en question.
En Janvier 1825 reprirent les chasses au
loup. Les chasses à courre du Dauphin
ne commencèrent qu'en mai.
L'hectolitre d'oeufs de fourmi valait alors
3 fr. 50. Avec la pâtée et l'agrainage, la
nourriture de 2.000 faisandeaux ou Jeunes
perdreaux , ne coutait à cette époque que
25fr. par Jour
Le perdreau devenait toutefois difficile
à maintenir dans le Parc. Le Conservateur
attribuait cette diminution au manque de
grains d'hiver dans les cultures de la ferme.
En 1828, on se servit comme batteurs,
lors d'un tiré, des soldats suisses, mais ils
étaient tellement ivres , écrit M. Bourdon,
que les uns tombaient dans la marche, ou
les autres ne voulaient pas obéir, et qu'il y
en a même qui ont abîmé leurs brassards
Aussi des représentations furent-elles faites
à leur commandant.
Des loups furent encore détruits, en forêt,
par les gardes en 1829, année où il y eut

-99
26 chasses a courre, avec 23 prises. Il y eut
4 tirés royaux, de 400 à 600 pièces. On
avait élevé à la Faisanderie, agrandie et
reconstituée au cours des années précédentes,
3. 500 faisans et 1 .000 perdreaux.
On sait que c'est en rentrant d'une chasse
à courre, le 26 juillet 1830, que Charles X
signa son abdication, au château de RambouiHet.
Après les Trois glorieuses l'administration
de la liste civile accorda des permissions
de chasse à diverses personnalités
de la région, mais ces chasses furent bientôt
interdites par M. de Barante, après des désordres
qui avaient amené une catastrophe.
Le surplus du gibier fut vendu, puis la
chasse de Rambouillet louée à des particuliers,
tandis que la Vénerie Royale et la
Capitainerie des chasses étaient supprimées.

Les 0119U811ons
go ta Monarchie de Juillet
L'ancien Duché-Pairie de Rambouillet,
acquis du Duc de Penthièvre par Louis XVI
en 1783, et devenu domaine national en
1793, a été, pendant la période comprise
entre 1796 et 1835, l'objet d'aliénations
et d'acquisitions diverses.
Dès l'époque révolutionnaire, différents
bois, provenant de domaines ecclésiastiques
ou de biens d'émigrés, furent incorporé
ii la forêt domaniale ; tels furent « les
bois des fonds de Bullion et de la Verrerie.
provenant de M. de Crussol d'Llaès, émtgré,
de la Haye, de Rochefort et des Yvelines,
provenant de l'émigration de M. de Rohan-
Rochefort de Clairefontaine, provenant
de l'Abbaye de ce nom de Saint-Rémy, provenant
de l'Abbaye de Saint-Rémy-des-
Landes, transférée au prieuré de 1 Ouye,
et de Saint-Benoit, provenant de l'Abbaye
de Saint-Benoit-sur-Yonne » (1).
(I) On trouve aux archives de Seine-etOise la trace
d'autres aliénation», telles que celle par exemple du

D'autre part, beaucoup des terres existant,
sur l'ancien duché de Rambouillet, entre les
différents massifs forestiers, furent aliénées
à la même époque.
Les dossiers de ces aliénations ne sont pas
aux archives domaniales, mais à celles de
Seine-et-Oise; il est d'ailleurs possible de
retrouver la trace des terres ainsi aliénées
par l'examen des anciens titres de propriété
qui existent aux archives domaniales, pour
chaque fief, châtellenie, ou seigneurie, ayant
fait partie du duché de Rambouillet et par
suite du domaine royal. De la comparaison
en effet de la consistance de ce domaine
avant et après la période révolutionnaire
on peut déduire quelles furent alors les parties
vendues.
Cette distraction ne fut toutefois que
temporaire pour plusieurs de ces terres,
réincorporées au domaine sous le Consulat
ou sous l'Empire. Le Sénatus-Consulte du
28 Février an XII rétablit la liste civile, de
sorte que la distinction entre les bois en
dépendant et ceux appartenant à l'Etat se
maintint après cette date ; il existe aux
Archives un état, en date du 3 Janvier 1810,
des bois appartenant à l'Etat, lesquels
sont limitrophes des forêts de Sa Majesté,
à cause de son domaine Impérial de Ram-
Ch&teau de Poigny, (ancien prieuré des Moulineaux, entre
I'Etang d'Angennea et I'Etang de Cuipéreux), dit aujourd'hui
te Petit Poigny. Cette question a été traitée
par M. brin, dans l'Indépendant, en Juillet 1923 (Voir
tome XXIII des Mérnoire3 de la Société Archéologique de
Rambouillet)

- 103 -
bouille, et y sont enclavés en partie ou dans
le voisinage ».
Ces bois étaient notamment ceux qui ont
été mentionnés plus haut, plus la forêt de
Dourdan, qui fut d'ailleurs incorporée en
1813 au domaine de la couronne.
Le sénatus-Consulte du 30 Janvier 1810
incorpora au domaine impérial les terres
et bois des Yvelines, ains i qu'en d'autres
cantons de la forêt, ceux des Vindrins, Venteaux-Moines,
Bois Dieu et les Bruyères de la
Harasserie.
Les bois de Rochefort, des Yvelines,
des fonds de Bullion et de la Verrerie,
furent restitués en 1813 et 1814 à leurs
premiers propriétaires, mais les Rohan
rétrocédèrent par la suite les bois des Yvelines
à la Couronne et vendirent ceux dc
Rochefort.
Le Gouvernement de la Restauration
maintint au surplus le domaine dans son
intégritè,à l'exception de la forêt de Dourdan
qu'il rendit au duc d'Orléans, mais comme
la forêt de Rambouillet ne fut pas incorporée
dans la liste civile de Louis-Philippe, elle fit
alors retour au domaine de l'Etat, et fut
soumise aux dispositions de la loi du 25
mars 1831 prescrivant l'aliénation d'un grand
nombre de parcelles détachées des principaux
massifs. Les bois des Vindrins, des
Maréchaux, de Batonceau furent sur le point
d'être ainsi aliénés et ne furent conservés
qu'en raison de leur importance relative.

- 104 -
Par adjudication du 10 mai 1833, l'Etat
aliéna ainsi les bois qui suivent
Les Trois remises de Poigny,
Le Buisson Perret,
Le Bois des Girouard,
Les Mohères,
Le Bois de l'Etrille,
Les Buttes du Gîte,
Les Remises de la Chtaignère,
Le Bois des Glands,
Le Bois Pluchet,
Les six Arpents,
La Remise de la Panneteric,
Le Bois des Layes,
Le Bois de Malassis,
La Remise de Montmort,
Le Bois de Saint-Pierre d Yvette,
Le Bois de Pontévrard,
Les Bois de Béchereau,
La Remise de Saint-Georges,
La Remise des Rousseaux,
La Remise du Four d'En-Bas.
La Remise de la Chênaie,
La Remise du Reculet,
La Remise de la Gaude,
La Remise des Grouettes,
La Remise de Batonceau,
Le Bois du Parc de Gazeran,
Le Bois de Berceau,
La Remise de Jean Fleury,
La Remise du Gâteau.
Par adjudication du 25 septembre 1833.
l'Etat aliéna
Les Bois de Sauvage,

- 105 -
La Remise de Picarclet,
La Remise de Baudricourt
La Terre de la Vove,
Les Bois de la Citerne de Saint-Léger,
Les Bois de la Tasse,
La Remise du Bourgneuf,
La Remise Bouchu,
La Remise des Forts,
La Remise du Clos-Battant,
Les Bois de Savary,
Les Bois de la Trèche,
Les Lisières des Petites Vallées,
Le Bois de la Houssière,
La Garenne de Saint-Léger.
Par adjudication du 23 Août 1834, l'Etat
aliéna
Le Bois de la Coudraie.
La Garenne des Chtchers,
Le Bois de Joncquoy,
Le Bois Robinet,
La Garenne des Vaux,
La Garenne de la Réserve,
Les Prairies de Guipéreux, les Coudriers,
La Remise du Sapin,
La Remise de la Pimentière,
La Remise de la Ducambarderie,
La Remise des Rompus,
Le Bois Acquit,
Le Bois Crochard,
Le Bois Thorillon,
La Lisière des Vallées Noires,
Le Bois Feuilleux,
Le Bois Hellot,
Le Bois des Pimentières,

- 106 -
Par adjudication du 13 Juin 1835, l'Etat
aliéna
Les Lisières des Haisettes,
La Marche,
Les Bruyères de la Garenne de Saint-
Léger,
Les Bruyères de Planet.
Le Buisson de la Planche.
Le Bois Quarré,
Le Bois Martin,
La Roche-Grillante,
Le Bois-Dieu,
Le Bois Béguin,
Le Clos Georgot,
Le Bois des Fosses,
Le Bois aux Moines.
Les Chênes Secs,
Les Terres du Cabinet ou Buisson
Pouilleux,
Le Pré de la Fontaine Ariole,
Les Friches des Petites Molières,
Les Friches du Coin du Bois,
La Terre des Baudoins.
Par adjudication du 28 Décembre 1835,
1 Etat aliéna
Les Bois du Parc d'En Bas.
Les Bois des Bruyères du Jardinet,
Le Bois de la Garenne de Guipércux.
Le Bois Antoine.
Enfin l'Etat aliéna également diverses
routes de plaines telles que celles de la
Tuillerie, des Petites Vallées, la route

- 107 -
Royale (1), les Routes du Pont-Grandval,
des Merisiers, des Hogues.
D'autres adjudications eurent également
lieu le 25 Novembre 1824 et le 25 Août
1835, elles concernent • différentes autres
parcelles dont, semble-t-il, le bois des Bruyères
de la Licorne, proche I'Etang d'Angennes.
(2).
Depuis lors la foret de Rambouillet n'a
presque plus été modifiée.
(I) En partie seulement.
(2) Inventaire analytique des archives domaniales de
Rambouillet.
Voir pour plus amples détails sur certains de ces bois,
le chapitre " Routes et Carrefours dYvelines

Annexe Documentaire
Liste (les châtellenies, seigneuries, et des
fiefs les plus importants, ayant formé successivement
le domaine de Rambouillet, et dont lei
titres de propriété existent aux archives des
Eaux cl Forêts
Terre et Seigneurie de Rambouillet.
Fiefs mouvants de Rambouillet, Fiefs
du Barillet, Grange Colombe, La Bretonnière,
Garnonvilliers, Montorgueil, Guéville,
Groussay.
Châtellenie des Essarts. Fiefs d'Hollande,
de Lartoire, Montmort, Montlouet, Le
Perray.
Seigneuries de La Celle-les-Bordes, de
Vieille-Eglise, de la Motte, Vaujoyeuse,
Greffiers, du Fargis. Fief de Girains.
Seigneurie d'Epainville, Fiefs d'Ymer,
de Bétouzard.
Seigneuries de la Pommeraie, de Vilpert,
le Chable, la Renardière, Fief de Baudricourt.
Châtellenie de Saint-Léger Mouvances
de Saint-Léger.

- 110-
Chtellenie et fiefs de Gazeran. Fief de
Cutesson,
Seigneuries de la Bruyère, de I'Epinay, de
Chtelier et Orcemont. Fiefs du Grand et
Petit Racinay, de Briqucssart (Orcemont),
de la Vallée Allais (Orcemont), du Coudray,
d Harbouville.
Châtellenie de Poigny.
Seigneuries des Moulineaux (Paroisse de
Poigny), d Epernon. Mouvances d'Epernon.
Fief de la Feuillée ou du Bois Dieu. Fief de
Toulifant (Paroisse de la Boissière).
Seigneurie de Poyers. Fief mouvant d'Her
meray.
Seigneuries de Guipéreux, de Sonchamp.
Fiefs d'Orphin, des 500 Arpents.
Seigneuries des Layes, de la Villeneuve,
des Bréviaires, de Gambaiseuil.

Bibliographie sommaire
Auguste MOUTIE. Notice hisforique
sur le domaine et le Château de Rambouillet
(Rambouillet, Raynal, 1850).
J. MAILLARD. - Histoire de Rambouillet,
de son Château et des lieux remarquables
de sa forêt. (Paris, Picard, 1891).
F. LORIN. - Rambouillet. - La ville,
le Cliôteau. Ses hôtes, 768-1906. (Paris,
Picard, 1907).
H. LONGNON. - Le Château de
Rambouillet. (Paris. Laurens, Collection des
petites monographies des Grands Edifices
de la France).
Paul JUBERT. - La forêt dYveline
et la formation du domaine forestier de Rambouillet.
- Position de Thèse pour obtenir le
diplôme d'il rcliiu'isIe Paléographe. (Paris,
Picard, 1917).
INVENTAIRE analytique des archives
domaniales de Rambouillet et Archives
des Eaux et Forêts.
Réformation générale des bois de la Ma!frise
de Rambouillet, faite de 1708 à 1722,
par le Sieur Canut, Arpenteur, et approuvée
par S. A. S. Mgr le Comte dé Toulouse

- 112—
le 29 janvier 1724. - (Archives des Eaux et
Forêts).
Réformation générale des bois de la Maîtrise
de Rambouillet, par M. Guiot, Commissaire
du Conseil pour tous les bois et forêts de
S. A. S., approuvée par délibération du Conseil
de S. A. S. Mgr le Duc de Penthièvre du
14 janvier 1782 (les plans ont été faits par
M. Delavigne fils). Cet atlas porte l'approbation
définitive à la date du 24 septembre
1782 du Duc de Penthièvre, qui ordonne de
sa main ( que les réserves et cordons soient
réservés selon l'usage » et le contreseing de
Philippe de la Marnierre, secrétaire de ses
commandements. -(Archives des Eaux et
Forêts).
Atlas Matrice de la Conservation de Rambouillet
avec procès-verbal descriptif et comparatif
des limites par le Chevalier de Moléon,
Ingénieur en Chef des Domaine et Forêts
de la Couronne, 1825. - (Archives des
Eaux et Forêts.)
Rapport sur les usurpations ou anticipations
des routes de débûché dépendant du
Domaine de Rambouillet, par Louis-Eugène
Pigeon, en 1854. - (Archives des Eaux et
Forêts).
L. LEDDET. - Les Chasses de Rambouillet.
(Imprimerie Nationale).
Comte de FELS. -- Ange Jacques Gabriel.
Premier architecte du Roi (Paris, Emile-
Paul, 1912).

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TABLE DES MATIÈRES
La Formation du Domaine de Rambouillet.......................
Le Testament du duc d'Epernon II
Un Financier à Rambouillet........21
Routes et Carrefours d'Yvelines 35
La Bibliothèque du Château de Rambouillet.......................47
Le Château de Saint-Hubert........57
La Laiterie et les Coquillages....... 67
Le Domaine de Rambouillet avant la
Révolution....................75
L'Hôtel du Gouvernement..........83
Les Chasses du Premier Empire 89
Les Chasses de la Restauration...... 95
Le! Aliénations de la Monarchie de
juillet ........................ loi
Annexe Documentaire..............109
Bibliographie Sommaire ............ Ili
Table des Matières................113