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2 Analyser et et résumer un texte<br />
« Au Yémen : la vie au compte compte-gouttes gouttes »<br />
« Il tourne le robinet du tuyau d’arrosage […], puis<br />
met en marche la pompe électrique qui pallie les défaillances<br />
d’un réseau d’adduction à l’agonie. Dans un gargouillis, le<br />
tuyau crache péniblement quelques gouttes d’eau. Puis plus<br />
rien. Anouar As-Saooly arrête la pompe qui tourne à vide,<br />
et referme le robinet. “Il fallait venir hier, c’était le jour hebdomadaire<br />
de ravitaillement du quartier”, soupire cet ingénieur<br />
en hydrologie […] qui réside dans un quartier pourtant<br />
aisé de Sanaa, la capitale du Yémen. La veille, la famille<br />
d’Anouar a donc rempli les deux citernes dont elle dispose.<br />
L’eau recueillie, de qualité médiocre, n’est utilisée que pour les<br />
tâches ménagères. Pour la cuisine et l’eau potable, c’est uniquement<br />
celle des bouteilles ou des jerricans vendus dans le<br />
commerce qui est consommée.<br />
L’eau courante est depuis longtemps un mirage au Yémen,<br />
et pas seulement dans ses déserts et ses montagnes arides. […]<br />
Le partage d’une ressource de plus en plus disputée risque<br />
d’alimenter à l’avenir une série de guerres de l’eau opposant<br />
les campagnes aux villes, ou les régions les plus arrosées aux<br />
plus sèches. Un Yéménite dispose en moyenne de 120 m 3 d’eau<br />
par an pour pourvoir à tous ses usages, contre 1 500 m 3 pour<br />
la moyenne mondiale. Un chiffre déjà très faible, qui pourrait<br />
être divisé par deux d’ici à 2025. […] “Il y a cinquante ans, il<br />
suffi sait de creuser à 10 m de profondeur pour trouver de l’eau.<br />
Aujourd’hui, il faut descendre en moyenne à 500 ou 700 m.<br />
Dans certaines régions, les puits vont même jusqu’à 1 km.” Les<br />
nappes fossiles font encore illusion, mais pour combien de<br />
temps ? Le fort taux de croissance démographique du Yémen<br />
explique en grande partie cette soif inextinguible. La population<br />
du pays double en effet tous les quinze ans, alors que les<br />
précipitations sont limitées, que le pays est dépourvu de cours<br />
d’eau permanents, et que le prix de la désalinisation d’eau de<br />
mer reste prohibitif. La consommation dépasse donc, et de<br />
beaucoup, le stock renouvelable.<br />
Mais l’origine de la crise de l’eau au Yémen remonte aussi<br />
aux années 1970 et à la révolution des techniques agricoles.<br />
Dans ce pays désertique, les méthodes ancestrales privilégiaient<br />
un usage collectif des eaux de pluie, par la culture en terrasses<br />
Questions<br />
1. Présentez le document.<br />
2. Où est situé le Yémen ? Quelles informations montrent<br />
l’insuffi sance de la ressource en eau ?<br />
3. Quelles sont les techniques de mobilisation de la ressource<br />
citées dans le texte ?<br />
4. Quels facteurs sont à l’origine de l’augmentation de la<br />
pression sur la ressource ? Quelles tensions en découlent ?<br />
5. Établissez un plan et résumez ce texte en une vingtaine<br />
de lignes.<br />
6. En quoi le Yémen est-il représentatif des pays connaissant<br />
le plus de diffi cultés pour l’accès à l’eau ?<br />
Mer Rouge<br />
1 000 km<br />
Sanaa<br />
YÉMEN<br />
Aden<br />
OCÉAN<br />
INDIEN<br />
ou dans le lit d’ouadis régulés par un maillage de petits barrages.<br />
À cette époque, la gestion communautaire vole en éclats<br />
avec la possibilité désormais donnée de creuser en profondeur<br />
et de pomper dans la nappe phréatique. Les autorités incitent<br />
à investir dans ces pratiques individualisées au nom de l’autosuffi<br />
sance alimentaire ou d’une agriculture érigée en symbole<br />
national. […] C’est ainsi que des cultures gourmandes en arrosage,<br />
comme la banane et la pastèque, font leur apparition, y<br />
compris pour l’exportation, même si cela revient dans les faits<br />
à exporter cette eau qui coule à fl ots. La surface cultivée avec la<br />
seule eau de pluie chute de 1 million d’hectares dans les années<br />
1970 à 500 000 hectares en 2009. Dans le même temps, celle<br />
irriguée artifi ciellement passe de 40 000 à 500 000 hectares […].<br />
La capitale du Yémen est particulièrement menacée par<br />
la pénurie. [Certains] responsables […] ont décidé de consacrer<br />
tous leurs efforts à une plus grande effi cacité du secteur agricole<br />
qui absorbe 93 % des ressources du pays. […] “Il est évident que<br />
les réseaux de distribution, à Sanaa comme à Aden, sont très défectueux.<br />
Le fait de ne plus être alimenté en permanence accélère les<br />
phénomènes de corrosion. Mais leur rénovation serait trop coûteuse,<br />
et il vaut donc mieux tout miser sur l’agriculture.” “L’effi cacité de<br />
l’utilisation de l’eau pour l’agriculture n’est que de 40 %. Si on pouvait<br />
seulement atteindre 60 %, cela ferait 20 % d’eau en plus.”<br />
De nombreuses pistes sont évoquées : l’acheminement<br />
de l’eau vers les cultures dans des conduites, et non par des<br />
rigoles à l’air libre qui favorisent une forte évaporation, ou<br />
bien le remplacement de la pratique dispendieuse qui consiste<br />
à noyer les parcelles par des systèmes de goutte-à-goutte. […]<br />
“Il est irréaliste de penser qu’on aura un jour les moyens de<br />
traiter de l’eau de mer puis de l’envoyer vers des villes situées à<br />
plus de 2 000 m d’altitude comme Sanaa. Mais c’est vrai que la<br />
désalinisation coûtera de moins en moins cher et que ce sera la<br />
solution, même pour un pays pauvre comme le Yémen.” Visionnaire,<br />
l’ingénieur en hydrologie pronostique un mouvement<br />
irrémédiable des populations yéménites vers les côtes de la<br />
mer Rouge et du golfe d’Aden. […] »<br />
Gilles Paris, « Yémen, la vie au compte-gouttes »,<br />
Le Monde, 21 janvier 2010.<br />
Méthode<br />
Les questions vous aident à établir le plan : en effet,<br />
les questions 2, 3 et 4 comportent chacune un mot-clé<br />
ou une expression correspondant au thème de chaque<br />
partie du plan à établir, par exemple dans la question 2 :<br />
« l’insuffi sance de la ressource en eau ».<br />
Le résumé ne comporte pas nécessairement autant<br />
de paragraphes que le texte d’origine. Ne reprenez pas<br />
non plus tous les exemples ; un ou deux suffi sent.<br />
Les citations des personnes interrogées peuvent être<br />
transformées en exemples ou réécrites en une brève<br />
information.<br />
Chap. 3 : L’eau, ressource essentielle<br />
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