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Terres Littéraires - Réforme Lycée - Editions Hatier

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Dans le spécimen de 2 de :<br />

extrait du dVd-rom<br />

+ interView<br />

de xaVier damas<br />

format<br />

compact<br />

Le manueL<br />

numérique<br />

simpLe gratuit<br />

sur adoption<br />

MANUEL<br />

NUMÉRIQUE<br />

Nouveautés Nouveautés 2011 2011<br />

Vous trou trouVerez erez<br />

dans ce li liVret ret :<br />

• la présentation<br />

de <strong>Terres</strong> littéraires<br />

• un extrait du livre<br />

du professeur de 2 de<br />

en un seul manuel : Textes, Outils<br />

d’analyse, Méthodes, Histoire des arts<br />

livret<br />

de préseNtatioN<br />

P 390.c<br />

35/00/100/00


les points forts<br />

de la collection<br />

une structure tripartite avec un fonctionnement<br />

en réseau via des renvois très clairs<br />

un large choix de textes qui couvrent<br />

tous les objets d’études des I.O.<br />

des questionnaires progressifs<br />

pour accompagner les élèves<br />

la présence systématique d’un d’un travail d’écriture<br />

dans les pavés de lecture analytique<br />

un très grand nombre d’exercices,<br />

classés par ordre de difficulté<br />

l a prise en compte des difficultés<br />

des élèves en langue française<br />

l a place accordée à la méthode<br />

et aux entraînements progressifs à l’EAF<br />

la place accordée à l’histoire des arts<br />

des corpus Bac en fin de chapitre (manuel de 1 re )<br />

un dvd-rom<br />

Les visuels présentés sont issus<br />

du manuel de 2de, mais ce livret<br />

présente l’ensemble de la collection.<br />

1


Quelques questions à<br />

Xavier Damas…<br />

Pouvez-vous nous présenter l’équipe<br />

d’auteurs ?<br />

Je suis Xavier damas (directeur d’ouvrage),<br />

enseignant au lycée Gaston Bachelard<br />

à Chelles (Seine et Marne), je coordonne<br />

une équipe d’auteurs, enseignant au lycée :<br />

Marion Baudet (Allier), aurélia Courtial<br />

(Seine et Marne), Nathalie Havot (Aisne),<br />

loïc larboulette (Côtes d’Armor), liliane<br />

Martinet-Bigot (Aube), Murielle taieb<br />

(Doubs), Corinne von Kymmel-Zimmermann<br />

(Nord). Cette équipe rassemble des<br />

collègues aux expériences et horizons divers<br />

(lycée de centre-ville, lycée de banlieue<br />

sensible, classes prépa, classes de S.T.I.,<br />

établissements de métropole, de capitale<br />

régionale ou ruraux…).<br />

Pourquoi 2 manuels dès la rentrée<br />

2011 ?<br />

Conformément à la réforme qui s’applique à<br />

la fois aux niveaux de Seconde et de Première<br />

en septembre 2011, il est indispensable<br />

de proposer de nouveaux outils pédagogiques<br />

en phase avec le calendrier ministériel.<br />

C’est un défi éditorial et pédagogique<br />

qui a l’intérêt de valider simultanément les<br />

deux années de lycée ; c’est donc l’occasion<br />

de mieux cerner la continuité de l’enseignement<br />

de français, de la Seconde aux E.A.F.<br />

de Première.<br />

Quels choix ont présidé à la conception<br />

de ces nouveaux manuels ?<br />

La volonté de pérenniser la collection « <strong>Terres</strong><br />

littéraires » tout en la renouvelant. De<br />

nouveaux programmes nous obligeaient à<br />

revoir la collection parue en 2006 et 2007 ;<br />

et même si des points forts de cette collection,<br />

comme l’ouverture sur les textes antiques,<br />

francophones et étrangers, ou la part<br />

accordée à l’analyse d’image, étaient déjà<br />

en phase avec le programme actuel, il était<br />

essentiel de recadrer les manuels en fonction<br />

des nouveaux objets d’étude.<br />

2<br />

Les contenus ont-ils été renouvelés<br />

depuis les éditions 2006-2007 ?<br />

Nous avons complètement refondu les<br />

ouvrages en proposant de très nombreux<br />

textes inédits, et en repensant la conception<br />

des séquences et des fiches méthodologiques.<br />

90 % des textes étudiés en lecture<br />

analytique ont changé, toutes les analyses<br />

d’image ont été renouvelées ; tous les<br />

exercices des parties I (littérature), II (outils<br />

d’analyse) et III (méthodes) sont nouveaux.<br />

Quant à l’investigation littéraire, elle a été<br />

revue de fond en comble avec des questionnaires<br />

renouvelés, encore plus progressifs,<br />

accompagnés de travaux de recherche et<br />

d’écriture.<br />

Et les fiches des parties II et III ont été revues<br />

dans leur nombre et leur diversité, avec des<br />

exemples et des applications renouvelés.<br />

Pouvez-vous rappeler le fonctionnement<br />

tripartite ?<br />

la partie i, axée sur la littérature et les autres<br />

formes d’expression artistique, constitue la<br />

moitié du manuel. Un système de renvois,<br />

à partir des questionnaires de lecture et des<br />

exercices d’approfondissement, se réfère à<br />

la partie ii dont les fiches notionnelles et<br />

les exercices d’application assoient les notions<br />

essentielles du programme de français<br />

(vocabulaire, grammaire, figures de rhétorique,<br />

notions génériques, etc.), et à la partie<br />

iii, méthodologique, destinée à l’enseignement<br />

des épreuves du Bac, des méthodes<br />

de recherche et d’expression orale.<br />

Loin d’être étanches, ces trois parties se répondent<br />

constamment ; le moindre travail<br />

d’écriture proposé dans un questionnaire de la<br />

partie I trouve son renvoi vers une fiche méthodologique<br />

de la partie III ; réciproquement,<br />

l’étude d’un corpus de type bac dans une fiche<br />

de la partie III trouve son origine et ses exemples<br />

dans des textes étudiés dans la partie I.<br />

Comment avez-vous opéré les choix<br />

de textes ?<br />

Dans une volonté de diversité motivante, mais<br />

également de fidélité au référentiel de français.<br />

Le souci a été de proposer une large<br />

gamme de textes de différentes époques<br />

et d’horizons divers, mis sans cesse en visà-vis<br />

avec des textes contemporains ou<br />

plus anciens, et des œuvres d’art issues<br />

des formes d’expression artistique les plus<br />

variées.<br />

Quelle place accordez-vous aux<br />

textes antiques et aux échos contemporains<br />

des textes abordés ?<br />

Une très grande place ! Le moindre texte<br />

étudié en lecture analytique est confronté<br />

systématiquement à un texte-source de<br />

l’Antiquité ou d’une époque antérieure, ou<br />

au contraire à un texte postérieur ou qui<br />

nous est contemporain, dans les textes en<br />

« Vis-à-vis ». les aller et retours entre<br />

les époques de création littéraire traduisent<br />

la permanence renouvelée de thèmes,<br />

de mythes, de registres et de procédés littéraires.<br />

Parlez-nous des œuvres intégrales…<br />

Elles sont le socle de notre enseignement.<br />

Même si nous pratiquons tous la lecture<br />

analytique d’extraits, cette méthode est<br />

censée donner le goût de la découverte<br />

de textes intégraux plus ou moins longs.<br />

Chaque séquence s’ouvre donc à une étude<br />

d’œuvre intégrale rattachée à l’un des extraits<br />

analysés, et ce en conformité avec<br />

le nouveau programme qui insiste sur la<br />

nécessité de faire lire des œuvres entières,<br />

aussi bien du patrimoine national qu’issues<br />

d’horizons plus divers.<br />

Comment l’élève peut-il s’approprier<br />

les synthèses ?<br />

Rédigées en lien direct avec les lectures analytiques<br />

et les exercices de la séquence qui<br />

y sont cités, les synthèses font le point<br />

sur les aspects saillants du programme.<br />

Rédigées, elles peuvent servir de base<br />

à des révisions en vue d’évaluations diverses<br />

sur les objets d’étude, à des exposés de la<br />

part des élèves, et constituer des supports<br />

fiables en vue de l’entretien, deuxième partie<br />

de l’oral du Bac.


Comment sont construits les questionnaires<br />

de lecture analytique de la<br />

partie I et à quoi répondent les sous-rubriques<br />

(Mise au point, etc.) ?<br />

Chaque questionnaire mesure d’abord la<br />

compréhension du sens littéral du texte par<br />

deux questions de « première lecture » où<br />

dominent des questions sur le sens des mots<br />

principaux, les champs lexicaux dominants,<br />

ou la structure globale du texte étudié. Vient<br />

ensuite une question de mise au point,<br />

destinée à rassurer les élèves les moins<br />

affranchis, avec un relevé de base (lexical,<br />

grammatical ou stylistique).<br />

Enfin, le questionnaire analytique qui<br />

comporte entre quatre et six questions, scrute<br />

le texte dans ses aspects les plus divers,<br />

suivant un projet de lecture révélé dans la<br />

question de synthèse finale.<br />

Un travail de recherche (lexical, histoire<br />

littéraire..) suit cette étude, et un travail<br />

d’écriture axé sur les épreuves du Bac (rédaction<br />

de paragraphe argumentatif, plan de<br />

commentaire, écriture d’invention, etc.).<br />

Quelle place avez-vous accordé à la<br />

langue française ?<br />

Chaque questionnaire de lecture analytique<br />

comporte au moins deux questions attentives<br />

au vocabulaire et à la syntaxe du<br />

texte. Dans la partie II, les fiches consacrées<br />

à la grammaire, à l’orthographe, à l’enrichissement<br />

du vocabulaire et à la question<br />

de l’énonciation ont été développées avec<br />

de nombreux exercices, tous nouveaux et en<br />

phase avec les exigences du programme.<br />

De quel type sont les exercices ?<br />

Il en existe trois types :<br />

- Dans la partie I, les exercices d’approfondissement<br />

en fin de séquence permettent<br />

d’affiner l’objet d’étude et de découvrir d’autres<br />

auteurs. Progressifs, ils vont de la récapitulation<br />

des notions de la séquence à un exercice<br />

ouvrant sur un travail d’écriture de type Bac, y<br />

compris dans le manuel de Seconde.<br />

- Dans la partie II, les exercices d’applica-<br />

tion, également progressifs, de la mise au<br />

point notionnelle à l’écriture de type bac,<br />

mobilisent peu à peu les outils d’analyse du<br />

programme.<br />

- Dans la partie III, les exercices d’entraînement<br />

apprivoisent pas à pas les méthodes<br />

d’autonomie indispensables au lycée<br />

(recherche documentaire, lecture de consignes…)<br />

ou les méthodes du Bac, en allant<br />

d’exercices fondés sur des relevés et des observations,<br />

à des exercices plus exigeants de<br />

dissertation ou de commentaire littéraire.<br />

Quels outils spécifiques les manuels<br />

prodiguent-ils pour la préparation à<br />

l’EAF ?<br />

Les deux manuels de la collection possèdent<br />

de bout en bout une batterie d’outils méthodologiques<br />

:<br />

- dans la partie I, les travaux de recherche<br />

et d’écriture montrent constamment la perspective<br />

du Bac ;<br />

- chaque fin de série d’exercices des parties I<br />

et II comporte un travail d’écriture dont la méthode<br />

est au cœur des fiches de la partie III ;<br />

- la partie III, tout entière, est axée sur les<br />

méthodes à maîtriser à l’oral et l’écrit, en vue<br />

du Bac.<br />

Quelle est la place de l’histoire des<br />

arts dans la collection ?<br />

Elle est très importante. Chaque séquence<br />

comporte une analyse d’image, mais ce qui<br />

identifie notre collection, c’est la part accordée<br />

à l’ensemble des formes d’expression<br />

artistique dans ces pages d’étude<br />

(gravure, peinture, sculpture, cinéma, photographie,<br />

etc.).<br />

Deux pages d’histoire des arts, consacrées<br />

à des mouvements, des thèmes ou des formes<br />

d’expression spécifiques, complètent<br />

la séquence, et créent des relations entre<br />

le groupement de textes et des œuvres<br />

d’art traitant du même thème ou relevant<br />

de la même sensibilité, à une époque donnée.<br />

Elles comportent systématiquement des<br />

reproductions de qualité et deux questions,<br />

Nathalie Havot Liliane<br />

murielle taieb<br />

marion Baudet<br />

martinet-Bigot<br />

l’une dédiée à l’approfondissement d’une<br />

œuvre montrée dans la fiche, l’autre à une<br />

œuvre qui y est simplement citée.<br />

De plus, de nombreux renvois, dès le sommaire<br />

de chaque séquence, montrent l’importance<br />

du dvd-rom, un outil essentiel<br />

de la collection qui analyse des extraits de<br />

films, de mises en scène de théâtre, des<br />

tableaux, des photographies, etc., dans<br />

le but d’ouvrir des horizons culturels larges<br />

et motivants.<br />

Comment les manuels contribuentils<br />

à donner des repères chronologiques<br />

aux élèves ?<br />

Les textes sont classés chronologiquement<br />

au sein de chaque séquence. A l’intérieur<br />

d’un chapitre, la perspective est<br />

également orientée vers des repères clairs<br />

complétés par les pages de « repères historiques<br />

» situés juste après le sommaire de<br />

chaque manuel. Les grandes dates d’un siècle<br />

ont pour écho des textes et des œuvres<br />

phares reproduites dans une frise explicite.<br />

Loïc larboulette<br />

Corinne<br />

von Kymmel-<br />

Zimmermann<br />

aurélia Courtial<br />

3


Partie i – textes<br />

Des chapitres en lien étroit<br />

avec les objets d’étude de 2 de .<br />

260<br />

4<br />

Le récit au XIX e siècle,<br />

entre réalisme et naturalisme<br />

CHAPITRE<br />

000 Séquence 13 Les sources du roman réaliste<br />

000 Séquence 14 L’amour dans le récit réaliste<br />

000 Séquence 15 Le récit naturaliste<br />

000 Séquence 16 Le réalisme aux XX e et XXI e siècles<br />

4<br />

une page d’entrée de séquence :<br />

un objectif, une introduction pour poser<br />

les enjeux, un sommaire.<br />

Légende à venir<br />

13<br />

SÉQUENCE<br />

Les sources<br />

du roman réaliste<br />

Les romanciers du XVIII e siècle avaient déjà le goût du détail vrai, mais<br />

le mot « réalisme » ne désigne un mouvement littéraire qu’à partir des<br />

années 1830, lorsque, lassés des héros romantiques, les auteurs réalistes<br />

représentent le réel le plus ordinaire et explorent, par le biais de la fiction,<br />

le fonctionnement d’une société en pleine mutation.<br />

S O M M A I R E<br />

Texte 1 STENDHAL, Le Rouge et le Noir (1830) ........................................... 262<br />

D’UN Texte À L’AUTRE A. R. LESAGE, Histoire de Gil Blas de Santillane (1715-1735) ..... 264<br />

Texte 2 H. DE BALZAC, Le Père Goriot (1835) ............................................ 266<br />

D’UN Texte À L’AUTRE N. E. RÉTIF DE LA BRETONNE, La Paysanne pervertie (1784) .......... 267<br />

Analyse d’Image G. COURBET, Enterrement à Ornans (1850) ................................. 269<br />

Texte 3 G. FLAUBERT, Madame Bovary (1857) ........................................... 270<br />

D’UN Texte À L’AUTRE D. DIDEROT, La Religieuse (1760-1781).........................................272<br />

ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE G. FLAUBERT, Madame Bovary (1857) ............................................274<br />

SYNTHÈSE Le roman, miroir du réel au XIX e siècle ........................................................275<br />

Histoire des arts Scènes de genre et vie quotidienne en peinture ..............................276<br />

Exercices d’approfondissement ............................................................................ 278<br />

Notions et activités<br />

Liens avec la partie II<br />

Focalisation interne, narrateur omniscient… ➜ p. 000 : LE NARRATEUR<br />

Discours rapportés<br />

Thèse et récit<br />

Temps du récit<br />

Rédiger des paragraphes concessifs ➜ p. 000 : RÉDIGER UN PARAGRAPHE ARGUMENTATIF<br />

Rédiger un portrait féminin<br />

Écrire une page de journal intime<br />

Disserter sur le roman<br />

Une fiche de circulation met en relation<br />

les notions étudiées et les fiches<br />

des parties II et III qui s’y rapportent.<br />

Renvoi au<br />

dvd-rom.<br />

➜ p. 000 : LE PERSONNAGE<br />

➜ p. 000 : CONVAINCRE OU PERSUADER<br />

➜ p. 000 : LA MORPHOLOGIE ET LES TEMPS VERBAUX<br />

Liens avec la partie III<br />

➜ p. 000 : RÉÉCRIRE<br />

➜ p. 000 : IMAGINER ET CRÉER<br />

➜ p. 000 : CONSTRUIRE UN PLAN DE DISSERTATION<br />

O B J E C T I F<br />

Mettre en relation les romans<br />

réalistes du XIX e siècle et leurs<br />

précurseurs.<br />

261


efois que c’étaient là pourtant les plus beaux jours de sa<br />

omme on disait. Pour en goûter la douceur, il eût fallu,<br />

ers ces pays à noms sonores où les lendemains de mariage<br />

resses ! Dans des chaises de poste 2 , sous des stores de soie<br />

s des routes escarpées, écoutant la chanson du postillon 3 ,<br />

ontagne avec les clochettes des chèvres et le bruit sourd de<br />

96 textes et 16 analyses d’image constitués en corpus.<br />

Une progression chronologique pour consolider<br />

les repères des élèves.<br />

Un bon équilibre entre textes français, étrangers et francophones.<br />

Un questionnaire progressif<br />

et inductif, pour toutes les<br />

séries et tous les élèves.<br />

oleil se couche, on respire au bord des golfes le parfum des<br />

ir, sur la terrasse des villas, seuls et les doigts confondus4 ,<br />

n faisant des projets. Il lui semblait que certains lieux sur<br />

ire du bonheur, comme une plante particulière au sol et<br />

tre part. Que ne pouvait-elle s’accouder sur le balcon des<br />

rmer sa tristesse dans un cottage 5 écossais, avec un mari<br />

urs noir à longues basques 6 , et qui porte des bottes molles,<br />

des manchettes !<br />

Première lecture : vérifie la compréhension<br />

des textes.<br />

mise au point : zoom sur un aspect grammatical<br />

ou structurel (pour aider les élèves moins à l’aise).<br />

analyse : lecture analytique.<br />

les textes sont présentés par deux et les<br />

questions « Vis-à-vis » font écho aux 2 textes.<br />

Séquence 13 � Les sources du roman réaliste<br />

Texte3<br />

Biographie p. 000<br />

Elle songeait quelquefois que c’étaient là pourtant les plus beaux jours de sa<br />

vie, la lune de miel, comme on disait. Pour en goûter la douceur, il eût fallu,<br />

sans doute, s’en aller vers ces pays à noms sonores où les lendemains de mariage<br />

ont de plus suaves<br />

5<br />

1. Douces.<br />

2. À l’intérieur<br />

de calèches.<br />

3. Cocher.<br />

10<br />

4. Entrelacés.<br />

5. Élégante demeure<br />

campagnarde.<br />

6. Parties d’une veste ou<br />

d’un manteau tombant.<br />

270 271<br />

1 paresses ! Dans des chaises de poste2 , sous des stores de soie<br />

bleue, on monte au pas des routes escarpées, écoutant la chanson du postillon3 ,<br />

qui se répète dans la montagne avec les clochettes des chèvres et le bruit sourd de<br />

la cascade. Quand le soleil se couche, on respire au bord des golfes le parfum des<br />

citronniers ; puis, le soir, sur la terrasse des villas, seuls et les doigts confondus4 ,<br />

on regarde les étoiles en faisant des projets. Il lui semblait que certains lieux sur<br />

la terre devaient produire du bonheur, comme une plante particulière au sol et<br />

qui pousse mal tout autre part. Que ne pouvait-elle s’accouder sur le balcon des<br />

chalets suisses ou enfermer sa tristesse dans un cottage5 écossais, avec un mari<br />

vêtu d’un habit de velours noir à longues basques6 15 Peut-être aurait-elle souhaité faire à quelqu’un la confidence de toutes ces<br />

choses. Mais comment dire un insaisissable malaise, qui change d’aspect comme<br />

les nuées, qui tourbillonne comme le vent ? Les mots lui manquaient donc, l’occasion,<br />

la hardiesse.<br />

Si Charles l’avait voulu cependant, s’il s’en fût douté, si son regard, une seule<br />

20 fois, fût venu à la rencontre de sa pensée, il lui semblait qu’une abondance subite<br />

se serait détachée de son cœur<br />

25<br />

30<br />

Gustave FLAUBERT<br />

Madame Bovary (1857)<br />

Madame Bovary tire son origine d’un fait divers ayant eu lieu dans la région de Rouen. L’héroïne<br />

du roman est Emma, née à la ferme des Bertaux, en Normandie. Dans les premières pages,<br />

Charles Bovary, jeune médecin, soigne le père d’Emma, victime d’une fracture ; il tombe aussitôt<br />

amoureux de la jeune fi lle récemment sortie du couvent. Il ne tarde pas à obtenir sa main du<br />

père Rouault tenté par la dot et content de se débarrasser de sa fi lle, trop rêveuse à son goût. Peu<br />

après la noce, les époux s’installent dans le village de Tostes, où le médecin exerce sa profession.<br />

, et qui porte des bottes molles,<br />

un chapeau pointu et des manchettes !<br />

7 , comme tombe la récolte d’un espalier8 quand on<br />

y porte la main. Mais, à mesure que se serrait davantage l’intimité de leur vie, un<br />

détachement intérieur se faisait qui la déliait de lui.<br />

La conversation de Charles était plate comme un trottoir de rue, et les idées de<br />

tout le monde y défilaient dans leur costume ordinaire, sans exciter d’émotion,<br />

de rire ou de rêverie. Il n’avait jamais été curieux, disait-il, pendant qu’il habitait<br />

Rouen, d’aller voir au théâtre les acteurs de Paris. Il ne savait ni nager, ni faire des<br />

armes9 , ni tirer le pistolet, et il ne put, un jour, lui expliquer un terme d’équitation<br />

qu’elle avait rencontré dans un roman.<br />

7. Que son cœur aurait<br />

débordé de joie.<br />

Un homme, au contraire, ne devait-il pas tout connaître, exceller en des activités<br />

8. Arbre fruitier, taillé multiples, vous initier aux énergies de la passion, aux raffinements de la vie, à<br />

pour qu’il perde de la tous les mystères ? Mais il n’enseignait rien, celui-là, ne savait rien, ne souhaitait<br />

hauteur et qu’il produise<br />

davantage.<br />

rien. Il la croyait heureuse ; et elle lui en voulait de ce calme si bien assis, de cette<br />

Légende à venir<br />

9. Pratiquer l’escrime. pesanteur sereine, du bonheur même qu’elle lui donnait.<br />

??<br />

Partie I, chapitre VII (début).<br />

LECTURE ANALYTIQUE<br />

5. La présence du narrateur est-elle perceptible ? Justifiez<br />

en vous appuyant sur les figures de rhétorique,<br />

Première lecture<br />

et sur le ton qui en découle.<br />

1. D’après le premier paragraphe, cette lune de miel<br />

➜ p. 000 : LES FIGURES DE RHÉTORIQUE<br />

correspond-elle aux attentes de la jeune épouse ? 6. Le lecteur s’attend-il à ce que l’héroïne s’épanouisse<br />

2. Comment qualifieriez-vous le sentiment qu’inspire<br />

dans cette union ? Pour quelles raisons ?<br />

le portrait de Charles Bovary ? Justifiez.<br />

Question de synthèse<br />

Mise au point<br />

7. Quels traits de caractère ce portrait d’Emma fait-il<br />

3. Quel temps verbal est le plus utilisé ? Commentez<br />

ressortir ?<br />

son emploi.<br />

➜ p. 000 : LA MORPHOLOGIE ET LES TEMPS VERBAUX<br />

Pour aller plus loin<br />

8. Recherche. Aidez-vous d’un dictionnaire de langue<br />

Analyse<br />

pour définir le « bovarysme », puis expliquez en quoi<br />

vie, la lune de miel, comme on disait. Pour en goûter la douceur, il eût fallu,<br />

4. a. Quelle focalisation est privilégiée ? Relevez ses le texte 3 illustre cette définition.<br />

indices, puis dégagez l’intérêt de ce choix narratif.<br />

sans doute, s’en aller vers ces pays à noms sonores où les lendemains de mariage<br />

9. Écriture d’invention. Rédigez le portrait réaliste d’une<br />

b. Quelle ponctuation et quel type précis de discours<br />

, sous des stores de soie<br />

Emma Bovary d’aujourd’hui, en mêlant des éléments<br />

rapporté se rattachent à cette focalisation ?<br />

physiques et des traits de caractère du personnage.<br />

bleue, on monte au pas des routes escarpées, écoutant la chanson du postillon ➜ p. 000 : LE NARRATEUR ET LA FOCALISATION<br />

➜ p. 000 : RÉÉCRIRE<br />

271<br />

3 ,<br />

qui se répète dans la montagne avec les clochettes des chèvres et le bruit sourd de<br />

la cascade. Quand le soleil se couche, on respire au bord des golfes le parfum des<br />

citronniers ; puis, le soir, sur la terrasse des villas, seuls et les doigts confondus4 Séquence 13 � Les sources du roman réaliste<br />

15 Peut-être aurait-elle souhaité faire à quelqu’un la confidence de toutes ces<br />

choses. Mais comment dire un insaisissable malaise, qui change d’aspect comme<br />

les nuées, qui tourbillonne comme le vent ? Les mots lui manquaient donc, l’occasion,<br />

la hardiesse.<br />

Si Charles l’avait voulu cependant, s’il s’en fût douté, si son regard, une seule<br />

20 fois, fût venu à la rencontre de sa pensée, il lui semblait qu’une abondance subite<br />

se serait détachée de son cœur<br />

25<br />

30<br />

4. a. Quelle focalisation est privilégiée ? Relevez ses le texte 3 illustre cette définition.<br />

indices, puis dégagez l’intérêt de ce choix narratif. 9. Écriture d’invention. Rédigez le portrait réaliste d’une<br />

b. Quelle ponctuation et quel type précis de discours Emma Bovary d’aujourd’hui, en mêlant des éléments<br />

rapporté se rattachent à cette focalisation ?<br />

physiques et des traits de caractère du personnage.<br />

➜ p. 000 : LE NARRATEUR ET LA FOCALISATION<br />

➜ p. 000 : RÉÉCRIRE<br />

LAUBERT<br />

,<br />

ovary (1857) on regarde les étoiles en faisant des projets. Il lui semblait que certains lieux sur<br />

la terre devaient produire du bonheur, comme une plante particulière au sol et<br />

qui pousse mal tout autre part. Que ne pouvait-elle s’accouder sur le balcon des<br />

’un fait divers ayant eu lieu dans la région de Rouen. L’héroïne<br />

écossais, avec un mari<br />

, et qui porte des bottes molles,<br />

rme des Bertaux, en Normandie. Dans les premières pages,<br />

igne le père d’Emma, victime d’une fracture ; il tombe aussitôt<br />

ent sortie du couvent. Il ne tarde pas à obtenir sa main du<br />

ntent de se débarrasser de sa fi lle, trop rêveuse à son goût. Peu<br />

t dans le village de Tostes, où le médecin exerce sa profession.<br />

7 , comme tombe la récolte d’un espalier8 quand on<br />

y porte la main. Mais, à mesure que se serrait davantage l’intimité de leur vie, un<br />

détachement intérieur se faisait qui la déliait de lui.<br />

La conversation de Charles était plate comme un trottoir de rue, et les idées de<br />

tout le monde y défilaient dans leur costume ordinaire, sans exciter d’émotion,<br />

de rire ou de rêverie. Il n’avait jamais été curieux, disait-il, pendant qu’il habitait<br />

Rouen, d’aller voir au théâtre les acteurs de Paris. Il ne savait ni nager, ni faire des<br />

armes9 , ni tirer le pistolet, et il ne put, un jour, lui expliquer un terme d’équitation<br />

qu’elle avait rencontré dans un roman.<br />

7. Que son cœur aurait<br />

débordé de joie.<br />

Un homme, au contraire, ne devait-il pas tout connaître, exceller en des activités<br />

8. Arbre fruitier, taillé multiples, vous initier aux énergies de la passion, aux raffinements de la vie, à<br />

pour qu’il perde de la tous les mystères ? Mais il n’enseignait rien, celui-là, ne savait rien, ne souhaitait<br />

hauteur et qu’il produise<br />

davantage.<br />

rien. Il la croyait heureuse ; et elle lui en voulait de ce calme si bien assis, de cette<br />

9. Pratiquer l’escrime. pesanteur sereine, du bonheur même qu’elle lui donnait.<br />

Partie I, chapitre VII (début).<br />

LECTURE ANALYTIQUE<br />

5. La présence du narrateur est-elle perceptible ? Justifiez<br />

en vous appuyant sur les figures de rhétorique,<br />

Première lecture<br />

et sur le ton qui en découle.<br />

1. D’après le premier paragraphe, cette lune de miel<br />

➜ p. 000 : LES FIGURES DE RHÉTORIQUE<br />

correspond-elle aux attentes de la jeune épouse ? 6. Le lecteur s’attend-il à ce que l’héroïne s’épanouisse<br />

2. Comment qualifieriez-vous le sentiment qu’inspire<br />

dans cette union ? Pour quelles raisons ?<br />

le portrait de Charles Bovary ? Justifiez.<br />

Question de synthèse<br />

Mise au point<br />

7. Quels traits de caractère ce portrait d’Emma fait-il<br />

3. Quel temps verbal est le plus utilisé ? Commentez<br />

ressortir ?<br />

son emploi.<br />

➜ p. 000 : LA MORPHOLOGIE ET LES TEMPS VERBAUX<br />

Pour aller plus loin<br />

8. Recherche. Aidez-vous d’un dictionnaire de langue<br />

Analyse<br />

pour définir le « bovarysme », puis expliquez en quoi<br />

4. a. Quelle focalisation est privilégiée ? Relevez ses le texte 3 illustre cette définition.<br />

indices, puis dégagez l’intérêt de ce choix narratif. 9. Écriture d’invention. Rédigez le portrait réaliste d’une<br />

b. Quelle ponctuation et quel type précis de discours Emma Bovary d’aujourd’hui, en mêlant des éléments<br />

rapporté se rattachent à cette focalisation ?<br />

physiques et des traits de caractère du personnage.<br />

➜ p. 000 : LE NARRATEUR ET LA FOCALISATION<br />

➜ p. 000 : RÉÉCRIRE<br />

Question de synthèse : globalise les éléments<br />

de l’analyse.<br />

Pour aller plus loin : une proposition<br />

de recherche et un exercice d’entraînement<br />

à l’écriture ou à l’oral.<br />

5<br />

271


Partie i – textes<br />

6<br />

274<br />

ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE<br />

Gustave FLAUBERT,<br />

Madame Bovary (1857)<br />

274<br />

Exercices d’approfondissement<br />

Revoir<br />

1 Réalité ou illusion ?<br />

1. a. Quels éléments du récit renvoient au monde réel ?<br />

b. Sancho Pança voit-il la même réalité que Don Quichotte ?<br />

Expliquez.<br />

2. Repérez les passages de discours rapporté. Qu’apportentils<br />

au récit ?<br />

3. Que recherche Don Quichotte ? Repérez tous les objets<br />

qui motivent sa quête.<br />

➜ p. 000 : LE PERSONNAGE<br />

En raison de ses lectures de romans de chevalerie,<br />

qui lui ont brouillé l’esprit, le héros espagnol Don<br />

Quichotte aime les aventures hasardeuses.<br />

C’est alors qu’ils1 découvrirent dans la plaine trente<br />

ou quarante moulins à vent ; dès que don Quichotte<br />

les aperçut, il dit à son écuyer :<br />

– La chance conduit nos affaires mieux que nous<br />

ne pourrions le souhaiter. Vois-tu là-bas, Sancho,<br />

cette bonne trentaine de géants démesurés ? Eh bien,<br />

je m’en vais les défi er l’un après l’autre et leur ôter à<br />

tous la vie. Nous commencerons à nous enrichir avec<br />

leurs dépouilles, ce qui est de bonne guerre ; d’ailleurs,<br />

c’est servir Dieu que de débarrasser la face de la terre<br />

de cette ivraie2 .<br />

– Des géants ? Où ça ?<br />

– Là, devant toi, avec ces grands bras, dont certains<br />

mesurent presque deux lieues3 5<br />

10<br />

.<br />

15 – Allons donc, Monsieur, ce qu’on voit là-bas, ce<br />

ne sont pas des géants, mais des moulins ; et ce que<br />

vous prenez pour des bras, ce sont leurs ailes, qui font<br />

tourner la meule quand le vent les pousse.<br />

– On voit bien que tu n’y connais rien en matière<br />

20 d’aventures. Ce sont des géants ; et si tu as peur,<br />

ôte-toi de là et dis une prière, le temps que j’engage<br />

avec eux un combat inégal et sans pitié.<br />

Miguel DE CERVANTÈS, Don Quichotte de la Manche,<br />

partie I, début du chapitre VIII (1605), traduction<br />

de l’espagnol par A. Schulman, © Le Seuil (1997).<br />

1. Don Quichotte et Sancho Pança, son écuyer. 2. Herbe toxique ; elle<br />

symbolise le mal. 3. Environ quatre kilomètres.<br />

2 Réalité ou idéal ?<br />

1. À quelle catégorie sociale les personnages appartiennent-ils<br />

? Quels indices le prouvent ?<br />

2. Quels détails donnent l’illusion de la réalité ?<br />

3. a. Comment les héros sont-ils dépeints ? Justifiez.<br />

b. Cet univers est-il vraisemblable ?<br />

O B J E C T I F<br />

ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE<br />

Étudier un roman<br />

réaliste, mêlant le<br />

lyrisme et l’ironie.<br />

Gustave FLAUBERT,<br />

Madame Bovary (1857)<br />

Madame de Clèves, mariée depuis peu, doit se rendre<br />

à un bal donné à la cour du roi à l’occasion des fi ançailles<br />

du duc de Lorraine avec la seconde fi lle du roi,<br />

Claude de France.<br />

Elle passa tout le jour des fi ançailles chez elle à<br />

se parer, pour se trouver le soir au bal et au festin<br />

royal qui se faisait au Louvre1 . Lorsqu’elle arriva, l’on<br />

admira sa beauté et sa parure ; le bal commença et,<br />

comme elle dansait avec Monsieur de Guise, il se fi t<br />

un assez grand bruit vers la porte de la salle, comme<br />

de quelqu’un qui entrait et à qui on faisait place.<br />

Madame de Clèves acheva de danser et, pendant<br />

qu’elle cherchait des yeux quelqu’un qu’elle avait<br />

dessein2 5<br />

10 de prendre, le roi lui cria de prendre celui qui<br />

arrivait. Elle se tourna et vit un homme qu’elle crut<br />

d’abord ne pouvoir être que Monsieur de Nemours,<br />

qui passait par-dessus quelques sièges pour arriver où<br />

l’on dansait. Ce prince était fait d’une sorte qu’il était<br />

15 diffi cile de n’être pas surprise de le voir quand on ne<br />

l’avait jamais vu, surtout ce soir-là, où le soin qu’il<br />

avait pris de se parer augmentait encore l’air brillant<br />

qui était dans sa personne, mais il était diffi cile aussi<br />

de voir Madame de Clèves pour la première fois sans<br />

20 avoir un grand étonnement.<br />

Madame de LA FAYETTE, La Princesse de Clèves,<br />

I (extrait, 1678).<br />

1. Palais royal à l’époque de Henri II, qui régna de 1547 à 1559.<br />

2. Le projet.<br />

Approfondir<br />

3 Réalisme et sentiments<br />

1. De quel type de narrateur s’agit-il ? Quel effet cela a-t-il<br />

sur le lecteur ?<br />

➜ p. 000 : LE NARRATEUR<br />

2. Quels détails renforcent le réalisme de ce ce texte ?<br />

3. Quels termes précis indiquent de quelle manière le<br />

chevalier perçoit la mort de Manon ?<br />

Après bien des péripéties malheureuses, le chevalier des<br />

Grieux et sa bien-aimée, Manon, se retrouvent à la<br />

Nouvelle-Orléans, où ils comptent se marier, mais une<br />

nouvelle épreuve les contraint à s’enfuir dans le désert.<br />

Nous avions passé tranquillement une partie de<br />

la nuit. Je croyais ma chère maîtresse endormie et je<br />

n’osais pousser le moindre souffl e, dans la crainte de<br />

troubler son sommeil. Je m’aperçus dès le point du<br />

5 jour, en touchant ses mains, qu’elle les avait froides<br />

et tremblantes. Je les approchai de mon sein, pour<br />

les échauffer. Elle sentit ce mouvement, et, faisant<br />

SYNTHÈSE<br />

O B J E C T I F<br />

Étudier un roman<br />

réaliste, mêlant le<br />

lyrisme et l’ironie.<br />

SYNTHÈSE<br />

Le roman, miroir du réel<br />

au XIX e siècle<br />

Le contexte L’auteur<br />

L’œuvre<br />

En 1849, le poète et dramaturge Au retour d’un voyage en Le roman paraît en feuilleton<br />

Louis Bouilhet, ami de Gustave Orient (1849-1851), Flaubert à partir de 1856 mais, dès 1857,<br />

Flaubert, l’informe d’un fait regagne sa demeure de et malgré la censure de passages<br />

divers récent : le suicide Croisset, près de Rouen, jugés indécents par la Revue de<br />

L’école réaliste a été fondée au milieu du XIX<br />

présumé de la jeune épouse et commence la longue et Paris, Madame Bovary, tout comme<br />

d’un médecin de campagne, difficile rédaction de Madame le recueil de poèmes de Charles<br />

Alice-Delphine Delamare. Bovary. Selon sa méthode Baudelaire, Les Fleurs du mal, fait<br />

Il suggère au romancier d’utiliser du « gueuloir », le romancier lit l’objet d’un procès pour outrage<br />

ce sujet bourgeois dans son texte à voix haute afin de aux bonnes mœurs. Baudelaire<br />

un ouvrage plus proche<br />

vérifier la justesse des rythmes est condamné mais Flaubert<br />

de la réalité contemporaine et des sonorités, car il travaille acquitté : le roman peut alors être<br />

que son ouvrage poétique sa prose à la manière des publié et le scandale du procès<br />

La Tentation de saint Antoine. poètes.<br />

assure sa publicité.<br />

Pistes d’analyse<br />

1. Dressez le portrait des différents personnages<br />

masculins : le père d’Emma, Charles, Rodolphe,<br />

Léon, Homais. Le narrateur les traite-t-il tous de la<br />

même façon ? Expliquez.<br />

➜ p. 000 : LE PERSONNAGE<br />

2. Déterminez la structure du roman en relevant<br />

les repères spatio-temporels des débuts et fins<br />

Activités complémentaires<br />

de chapitre… À quelle progression dramatique le<br />

narrateur nous rend-il sensibles ?<br />

➜ p. 000 : LA STRUCTURE DU RÉCIT<br />

3. Quelles scènes du roman ont encore aujourd’hui<br />

un aspect choquant susceptible d’expliquer le<br />

parfum de scandale qui a entouré la parution de<br />

récit ?<br />

1. Recherche<br />

2. Écriture d’invention. Rédigez la page de journal<br />

a. Consultez les brouillons et manuscrits de<br />

Madame Bovary sur le site de l’université de Rouen :<br />

http://flaubert.univ-rouen.fr/bovary/atelier/index.php<br />

b. Choisissez un extrait du roman et étudiez les<br />

modifications effectuées par l’auteur.<br />

intime qu’aurait pu écrire Emma Bovary la veille<br />

de son départ avec son amant Rodolphe (partie II,<br />

chapitre XII).<br />

➜ p. 000 : IMAGINER ET CRÉER<br />

e siècle par<br />

Jules Champfleury et Louis Duranty. Les romanciers Stendhal<br />

➜ TEXTE 1, Honoré de Balzac ➜ TEXTE 2 et Gustave<br />

Flaubert ➜ TEXTE 3 ont assuré la transition entre romantisme<br />

et réalisme en introduisant leurs héros rêveurs et<br />

idéalistes dans des intrigues ancrées dans le réel, observé<br />

d’un œil critique ou ironique.<br />

1 Le regard réaliste<br />

Roman et faits-divers<br />

● Le roman de la deuxième moitié du XIX e siècle s’inspire<br />

de la presse, alors en pleine expansion ; elle exploite la<br />

rubrique des faits divers et les archives judiciaires :<br />

– Stendhal, dans Le Rouge et le Noir ➜ TEXTE 1, s’inspire<br />

d’un crime passionnel qui se conclut par l’exécution d’un<br />

jeune homme, modèle de Julien Sorel ;<br />

– Flaubert construit l’intrigue de Madame Bovary ➜ TEXTE 3<br />

à partir de l’affaire Delamare, qui aboutit au suicide de<br />

l’épouse d’un médecin, revenue de toutes ses illusions.<br />

Le roman, un miroir du monde<br />

● Il place ses personnages dans un contexte spatiotemporel<br />

fournissant un témoignage précieux sur<br />

l’époque, dépeinte avec une précision documentaire.<br />

– Stendhal, dans Le Rouge et le Noir, sous-titré Chronique<br />

de 1830 ➜ TEXTE 1, a écrit : […] un roman est un miroir<br />

qu’on promène sur une grande route. Tantôt il reflète à<br />

vos yeux l’azur des cieux, tantôt la fange des bourbiers de<br />

la route (livre II, chapitre XIX). Le roman réaliste ne cache<br />

donc pas les laideurs du monde.<br />

– Balzac ➜ TEXTE 2 est l’auteur du cycle romanesque, La<br />

Comédie humaine (1826-1850), situé sous la Restauration.<br />

Ses nombreux personnages représentent différents<br />

types humains et les catégories sociales font l’objet d’une<br />

observation rigoureuse.<br />

Textes contemporains de l’auteur<br />

◗ Gustave FLAUBERT, Trois contes (1877) : trois<br />

récits dont l’un, réaliste (« Un coeur simple »), se<br />

rapproche de Madame Bovary.<br />

◗ Guy de MAUPASSANT, Une vie (1883) : roman dont<br />

Pour élargir<br />

Découverte de récits sur la vie d’une femme :<br />

◗ Stefan ZWEIG, Vingt-quatre heures de la vie d’une<br />

femme (1927) : court récit sur la passion.<br />

◗ Annie ERNAUX, La Femme gelée (1981) : récit<br />

La vérité nue<br />

● Les descriptions, parfois crues, font scandale et certains<br />

tableaux jugés trop audacieux, comme ceux de Gustave<br />

Courbet ➜ ANALYSE D’IMAGE et d’Édouard Manet, sont<br />

refusés dans les salons officiels. Les romanciers, comme<br />

les peintres réalistes, choquent un public peu préparé à<br />

l’héroïne est proche d’Emma Bovary.<br />

autobiographique sur la condition de la femme au<br />

XX e Le contexte<br />

En 1849, le poète et dramaturge<br />

Louis Bouilhet, ami de Gustave<br />

Flaubert, l’informe d’un fait<br />

divers récent : le suicide<br />

L’école réaliste a été fondée au milieu du XIX<br />

L’auteur<br />

L’œuvre<br />

Au retour d’un voyage en Le roman paraît en feuilleton<br />

Orient (1849-1851), Flaubert à partir de 1856 mais, dès 1857,<br />

regagne sa demeure de et malgré la censure de passages<br />

Croisset, près de Rouen, jugés indécents par la Revue de<br />

présumé de la jeune épouse et commence la longue et Paris, Madame Bovary, tout comme<br />

d’un médecin de campagne, difficile rédaction de Madame le recueil de poèmes de Charles<br />

Alice-Delphine Delamare.<br />

Il suggère au romancier d’utiliser<br />

ce sujet bourgeois dans<br />

un ouvrage plus proche<br />

de la réalité contemporaine<br />

que son ouvrage poétique<br />

La Tentation de saint Antoine.<br />

Bovary. Selon sa méthode Baudelaire, Les Fleurs du mal, fait<br />

du « gueuloir », le romancier lit l’objet d’un procès pour outrage<br />

son texte à voix haute afin de aux bonnes mœurs. Baudelaire<br />

vérifier la justesse des rythmes est condamné mais Flaubert<br />

et des sonorités, car il travaille acquitté : le roman peut alors être<br />

sa prose à la manière des publié et le scandale du procès<br />

poètes.<br />

assure sa publicité.<br />

Pistes d’analyse<br />

1. Dressez le portrait des différents personnages<br />

masculins : le père d’Emma, Charles, Rodolphe,<br />

Léon, Homais. Le narrateur les traite-t-il tous de la<br />

même façon ? Expliquez.<br />

➜ p. 000 : LE PERSONNAGE<br />

2. Déterminez la structure du roman en relevant<br />

les repères spatio-temporels des débuts et fins<br />

Activités complémentaires<br />

de chapitre… À quelle progression dramatique le<br />

narrateur nous rend-il sensibles ?<br />

➜ p. 000 : LA STRUCTURE DU RÉCIT<br />

3. Quelles scènes du roman ont encore aujourd’hui<br />

un aspect choquant susceptible d’expliquer le<br />

parfum de scandale qui a entouré la parution de<br />

récit ?<br />

1. Recherche<br />

2. Écriture d’invention. Rédigez la page de journal<br />

a. Consultez les brouillons et manuscrits de<br />

Madame Bovary sur le site de l’université de Rouen :<br />

http://flaubert.univ-rouen.fr/bovary/atelier/index.php<br />

b. Choisissez un extrait du roman et étudiez les<br />

modifications effectuées par l’auteur.<br />

intime qu’aurait pu écrire Emma Bovary la veille<br />

de son départ avec son amant Rodolphe (partie II,<br />

chapitre XII).<br />

➜ p. 000 : IMAGINER ET CRÉER<br />

Propositions de lectures<br />

siècle.<br />

e siècle par<br />

Jules Champfleury et Louis Duranty. Les romanciers Stendhal<br />

➜ TEXTE 1, Honoré de Balzac ➜ TEXTE 2 et Gustave<br />

Flaubert ➜ TEXTE 3 ont assuré la transition entre romantisme<br />

et réalisme en introduisant leurs héros rêveurs et<br />

idéalistes dans des intrigues ancrées dans le réel, observé<br />

d’un œil critique ou ironique.<br />

1 Le regard réaliste<br />

Roman et faits-divers<br />

● Le roman de la deuxième moitié du XIX e trouver dans les œuvres d’art des détails quotidiens, jugés<br />

vulgaires. Refusant d’idéaliser le réel, montrant la société<br />

dans ses aspects les plus banals ou les plus dégradants,<br />

les romanciers s’attirent de violentes critiques ; Flaubert<br />

➜ TEXTE 3 comparaîtra au tribunal en 1857 en raison de<br />

son roman Madame Bovary jugé scandaleux.<br />

siècle s’inspire<br />

de la presse, alors en pleine expansion ; elle exploite la<br />

rubrique des faits divers et les archives judiciaires :<br />

2 L’écriture réaliste<br />

L’art de la description<br />

● La description minutieuse du cadre spatio-temporel<br />

souligne à quel point le milieu de vie des personnages<br />

détermine leur destin. Les romans réalistes commencent<br />

souvent par l’évocation des lieux dans lesquels évolueront<br />

– Stendhal, dans Le Rouge et le Noir ➜ TEXTE 1, s’inspire les héros. Flaubert montre la distance qui sépare les rêves<br />

d’un crime passionnel qui se conclut par l’exécution d’un d’Emma et les réalités de son environnement ➜ TEXTE 3.<br />

jeune homme, modèle de Julien Sorel ;<br />

● Le physique – et tout particulièrement le visage –<br />

– Flaubert construit l’intrigue de Madame Bovary ➜ TEXTE 3 reflète le tempérament des héros : Balzac s’est largement<br />

à partir de l’affaire Delamare, qui aboutit au suicide de<br />

l’épouse d’un médecin, revenue de toutes ses illusions.<br />

Le roman, un miroir du monde<br />

● Il place ses personnages dans un contexte spatiotemporel<br />

fournissant un témoignage précieux sur<br />

l’époque, dépeinte avec une précision documentaire.<br />

– Stendhal, dans Le Rouge et le Noir, sous-titré Chronique<br />

de 1830 ➜ TEXTE 1, a écrit : […] un roman est un miroir<br />

qu’on promène sur une grande route. Tantôt il reflète à<br />

inspiré des théories du Suisse Lavater (1741-1801), résumées<br />

sous le terme de « physiognomonie » (le physique<br />

refléterait la psychologie d’un individu). Le portrait de<br />

l’usurier Gobseck dans le roman du même nom, par<br />

exemple, assimile ce cruel personnage à une fouine.<br />

● La condition féminine, le pouvoir de l’argent, l’ambition<br />

sociale et politique sont les thèmes qui passionnent<br />

les romanciers réalistes : observant le comportement<br />

des hommes, ceux-ci transcrivent au moyen de l’écriture<br />

leurs façons de parler et d’agir. Maupassant reproduit par<br />

vos yeux l’azur des cieux, tantôt la fange des bourbiers de exemple le dialecte des paysans.<br />

la route (livre II, chapitre XIX). Le roman réaliste ne cache<br />

donc pas les laideurs du monde.<br />

– Balzac ➜ TEXTE 2 est l’auteur du cycle romanesque, La<br />

Comédie humaine (1826-1850), situé sous la Restauration.<br />

Ses nombreux personnages représentent différents<br />

types humains et les catégories sociales font l’objet d’une<br />

observation rigoureuse.<br />

Du réel à sa métaphorisation<br />

● Les effets de réel sont des procédés d’illusion qui<br />

rendent vraisemblables les intrigues des romans réalistes,<br />

mais leurs auteurs transfigurent le réel et en donnent une<br />

vision personnelle grâce à leur style, qui peut passer du<br />

lyrisme à la satire, de l’ironie au registre tragique.<br />

● Loin de n’être que documentaire, le roman réaliste ne<br />

Textes contemporains de l’auteur<br />

◗ Gustave FLAUBERT, Trois contes (1877) : trois<br />

récits dont l’un, réaliste (« Un coeur simple »), se<br />

rapproche de Madame Bovary.<br />

◗ Guy de MAUPASSANT, Une vie (1883) : roman dont<br />

Pour élargir<br />

Découverte de récits sur la vie d’une femme :<br />

◗ Stefan ZWEIG, Vingt-quatre heures de la vie d’une<br />

femme (1927) : court récit sur la passion.<br />

◗ Annie ERNAUX, La Femme gelée (1981) : récit<br />

La vérité nue<br />

● Les descriptions, parfois crues, font scandale et certains<br />

tableaux jugés trop audacieux, comme ceux de Gustave<br />

Courbet ➜ ANALYSE D’IMAGE et d’Édouard Manet, sont<br />

refusés dans les salons officiels. Les romanciers, comme<br />

les peintres réalistes, choquent un public peu préparé à<br />

délaisse ni la poésie ni le fantastique, par l’emploi de<br />

figures de rhétorique, qui font de certaines descriptions de<br />

véritables tableaux, parfois proches de l’art des peintres<br />

impressionnistes. Les brouillons de ces écrivains donnent<br />

une idée de l’importance du travail stylistique du romancier<br />

: loin de copier le réel, il le recrée avec les mots.<br />

l’héroïne est proche d’Emma Bovary.<br />

autobiographique sur la condition de la femme au<br />

XX Biographies des auteurs<br />

➜ p. 000<br />

e Propositions de lectures<br />

siècle.<br />

les œuvres intégrales.<br />

Sur l’un des extraits du<br />

corpus s’appuie un parcours<br />

au sein d’une œuvre. Il est<br />

suivi de travaux d’écriture et<br />

de propositions de lecture.<br />

un effort pour saisir les miennes, elle me dit, d’une<br />

voix faible, qu’elle se croyait sa dernière heure. Je ne<br />

pris d’abord ce discours que pour un langage ordinaire<br />

dans l’infortune1 , et je n’y répondis que par les<br />

tendres consolations de l’amour. Mais, ses soupirs<br />

fréquents, son silence à mes interrogations, le serrement<br />

de ses mains, dans lesquelles elle continuait de<br />

tenir les miennes me fi rent connaître que la fi n de ses<br />

malheurs approchait. N’exigez2 point de moi que je<br />

vous décrive mes sentiments, ni que je vous rapporte<br />

ses dernières expressions. Je la perdis ; je reçus d’elle<br />

des marques d’amour, au moment même qu’elle expirait.<br />

C’est tout ce que j’ai la force de vous apprendre<br />

de ce fatal et déplorable3 événement.<br />

Abbé PRÉVOST, Manon Lescaut, IIe 10<br />

15<br />

20<br />

partie (extrait, 1731).<br />

1. La mauvaise fortune, la malchance. 2. Des Grieux s’adresse à<br />

Renoncour, personnage fictif dont l’abbé Prévost est censé avoir<br />

retrouvé les mémoires. 3. Qui tire des larmes.<br />

4 Personnages héroïques ou réalistes ?<br />

1. Identifiez les temps des deux récits et commentez leur<br />

emploi.<br />

2. a. Quelle est la préoccupation commune des deux<br />

personnages ?<br />

b. Classez les informations d’ordre réaliste.<br />

3. Lequel des deux personnages rattacheriez-vous à la<br />

définition traditionnelle du héros ? Justifiez.<br />

Texte A<br />

Denis Diderot a fait du neveu du compositeur Rameau<br />

(1683-1764) un personnage original.<br />

Il vit au jour la journée, triste ou gai selon les<br />

circonstances. Son premier soin, le matin, quand il est<br />

levé, est de savoir où il dînera ; après dîner, il pense où<br />

il ira souper. La nuit amène aussi son inquiétude. Ou<br />

il regagne à pied un petit grenier qu’il habite, à moins<br />

que l’hôtesse, ennuyée d’attendre son loyer, ne lui en<br />

ait redemandé la clef ; ou il se rabat dans une taverne<br />

du faubourg où il attend le jour, entre un morceau de<br />

pain et un pot de bière. Quand il n’a pas six sols 1 dans<br />

sa poche, ce qui lui arrive quelquefois, il a recours<br />

soit à un fi acre de ses amis, soit au cocher d’un grand<br />

seigneur qui lui donne un lit sur de la paille, à côté<br />

de ses chevaux. Le matin, il a encore une partie de<br />

son matelas dans ses cheveux. Si la saison est douce,<br />

il arpente toute la nuit, le Cours 2 ou les Champs-<br />

Élysées. Il reparaît avec le jour à la ville, habillé de la<br />

veille pour le lendemain, et du lendemain quelquefois<br />

pour le reste de la semaine.<br />

Denis DIDEROT, Le Neveu de Rameau (1762-1777 ;<br />

édition posthume en 1805).<br />

1. Ancien nom du sou. 2. Le Cours-la-Reine, promenade plantée<br />

d’arbres, au centre de Paris, le long de la Seine.<br />

Des exercices d’approfondissement<br />

progressifs avec 3 rubriques : Revoir,<br />

Approfondir, Écrire.<br />

Le roman, miroir du réel<br />

au XIX e siècle<br />

trouver dans les œuvres d’art des détails quotidiens, jugés<br />

vulgaires. Refusant d’idéaliser le réel, montrant la société<br />

dans ses aspects les plus banals ou les plus dégradants,<br />

les romanciers s’attirent de violentes critiques ; Flaubert<br />

➜ TEXTE 3 comparaîtra au tribunal en 1857 en raison de<br />

son roman Madame Bovary jugé scandaleux.<br />

2 L’écriture réaliste<br />

L’art de la description<br />

● La description minutieuse du cadre spatio-temporel<br />

souligne à quel point le milieu de vie des personnages<br />

détermine leur destin. Les romans réalistes commencent<br />

souvent par l’évocation des lieux dans lesquels évolueront<br />

les héros. Flaubert montre la distance qui sépare les rêves<br />

d’Emma et les réalités de son environnement ➜ TEXTE 3.<br />

● Le physique – et tout particulièrement le visage –<br />

reflète le tempérament des héros : Balzac s’est largement<br />

inspiré des théories du Suisse Lavater (1741-1801), résumées<br />

sous le terme de « physiognomonie » (le physique<br />

refléterait la psychologie d’un individu). Le portrait de<br />

l’usurier Gobseck dans le roman du même nom, par<br />

exemple, assimile ce cruel personnage à une fouine.<br />

● La condition féminine, le pouvoir de l’argent, l’ambition<br />

sociale et politique sont les thèmes qui passionnent<br />

les romanciers réalistes : observant le comportement<br />

des hommes, ceux-ci transcrivent au moyen de l’écriture<br />

leurs façons de parler et d’agir. Maupassant reproduit par<br />

exemple le dialecte des paysans.<br />

Du réel à sa métaphorisation<br />

● Les effets de réel sont des procédés d’illusion qui<br />

rendent vraisemblables les intrigues des romans réalistes,<br />

mais leurs auteurs transfigurent le réel et en donnent une<br />

vision personnelle grâce à leur style, qui peut passer du<br />

lyrisme à la satire, de l’ironie au registre tragique.<br />

● Loin de n’être que documentaire, le roman réaliste ne<br />

délaisse ni la poésie ni le fantastique, par l’emploi de<br />

figures de rhétorique, qui font de certaines descriptions de<br />

véritables tableaux, parfois proches de l’art des peintres<br />

impressionnistes. Les brouillons de ces écrivains donnent<br />

une idée de l’importance du travail stylistique du romancier<br />

: loin de copier le réel, il le recrée avec les mots.<br />

Biographies des auteurs ➜ p. 000<br />

des synthèses<br />

claires et concises,<br />

s’appuyant sur les<br />

textes et images<br />

du corpus.<br />

278 279<br />

Texte B<br />

Georges Duroy, au début du roman de Guy de<br />

Maupassant, n’est pas encore Bel-Ami mais un jeune<br />

homme pauvre en quête d’une situation.<br />

Lorsqu’il fut sur le trottoir, il demeura un instant<br />

immobile, se demandant ce qu’il allait faire. On était<br />

au 28 juin, et il lui restait juste en poche trois francs<br />

quarante pour fi nir le mois. Cela représentait deux<br />

dîners sans déjeuners, ou deux déjeuners sans dîners,<br />

au choix. Il réfl échit que les repas du matin étant de<br />

vingt-deux sous, au lieu de trente que coûtaient ceux<br />

du soir, il lui resterait, en se contentant des déjeuners,<br />

un franc vingt centimes de boni1 , ce qui représentait<br />

encore deux collations au pain et au saucisson,<br />

plus deux bocks2 sur le boulevard. C’était là sa grande<br />

dépense et son grand plaisir des nuits ; et il se mit à<br />

descendre la rue Notre-Dame-de-Lorette3 .<br />

Il marchait ainsi qu’au temps où il portait l’uniforme<br />

des hussards4 5<br />

10<br />

15<br />

, la poitrine bombée, les jambes<br />

un peu entrouvertes comme s’il venait de descendre<br />

de cheval ; et il avançait brutalement dans la rue<br />

pleine de monde, heurtant les épaules, poussant les<br />

gens pour ne point se déranger de sa route.<br />

Guy de MAUPASSANT, Bel-Ami (1885).<br />

1. Économie.<br />

2. Verres de bière.<br />

3. À Paris.<br />

4. Soldats de cavalerie.<br />

Écrire<br />

275<br />

5 Dissertation sur le réalisme<br />

1. Quelle est la problématique de ce sujet ?<br />

2. La réflexion est-elle thématique ou concessive ?<br />

3. Formulez plusieurs arguments accompagnés d’exemples<br />

tirés de la séquence.<br />

4. Proposez un plan général constitué d’au moins de deux<br />

parties elles-mêmes subdivisées en trois paragraphes.<br />

➜ p. 000 : CONSTRUIRE UN PLAN DE DISSERTATION<br />

Sujet : Comment vivait-on à Paris au XVIII e ? L’Encyclopédie,<br />

si riche de notions et d’idées, nous en apprend moins<br />

là-dessus que Manon Lescaut ou Le Paysan perverti 1 . [...]<br />

Les annales de l’humanité familière ce sont les romans.<br />

(Claude Roy, « Apologie pour les romans », in Défense de<br />

la littérature, 1968).<br />

Que recherchez-vous, personnellement, lorsque vous lisez<br />

des romans : l’histoire de l’humanité familière ou tout autre<br />

chose ?<br />

1. Roman de Rétif de la Bretonne ➜ TEXTE 1.<br />

275


une synthèse sur l’histoire des arts faisant<br />

écho à la problématique de la séquence…<br />

…sur les divers domaines d’expression artistique ou sur des thèmes ou<br />

mouvements artistiques (peinture, photo, sculpture, musique, cinéma…).<br />

HISTOIRE DES ARTS<br />

Scènes de genre et vie quotidienne en peinture<br />

L<br />

es genres de l’art pictural ont longtemps été rigoureusement<br />

hiérarchisés par les académies : on situait au sommet de<br />

l’échelle des valeurs les œuvres épiques, historiques, mythologiques et<br />

religieuses ; on jugeait vulgaire la représentation de scènes familières.<br />

1 ● Monde profane et religion<br />

Dès l’Antiquité, les activités<br />

humaines les plus simples ont été<br />

montrées : certaines peintures égyptiennes<br />

représentent les travaux des<br />

champs ou des banquets ; il ne<br />

s’agit pas là de réalisme documentaire,<br />

mais d’une vaste synthèse des<br />

activités terrestres transposées dans<br />

l’au-delà, lieu répliquant le monde<br />

d’ici-bas, celui des hommes.<br />

Les scènes bibliques humanisent les<br />

thèmes sacrés en les situant dans<br />

un cadre familier.<br />

2 ● Vanités et peinture de genre<br />

Les artistes hollandais du XVII e siècle<br />

ont mis à l’honneur et popularisé les<br />

tableaux mettant en scène la réalité<br />

apparemment la plus ordinaire, mais<br />

de façon symbolique :<br />

– les vanités sont des natures<br />

mortes évoquant la mort et les<br />

illusions humaines, en vogue à<br />

l’époque de la <strong>Réforme</strong> ; les peintres<br />

protestants ne représentaient pas<br />

les personnages sacrés comme les<br />

saints ou les martyrs… Ils recouraient<br />

donc à des allégories ;<br />

– la peinture de genre est la représentation<br />

d’hommes et de femmes<br />

s’adonnant à leur travail ou à leurs<br />

divertissements. Cette tradition, qui<br />

s’est répandue dans plusieurs pays<br />

d’Europe dès la fin du XVI e siècle, à<br />

l’époque baroque, peut prendre une<br />

dimension allégorique, avec le même<br />

Dans La Vierge à la soupe au lait<br />

(1515) de Gérard David 1 , l’enfant<br />

Jésus joue avec une cuiller en<br />

bois, tandis que la Vierge Marie lui<br />

donne à manger. Le décor est loin<br />

du monde antique de l’histoire d’origine<br />

: le mobilier, le livre, le paysage<br />

flamand aperçu par une fenêtre, la<br />

coiffe de la Vierge… sont contemporains<br />

du peintre. La pomme et<br />

le pain, au premier plan, l’attitude<br />

maternelle de la Vierge donnent un<br />

aspect familier à cette scène intime.<br />

souci de la couleur et de la lumière<br />

que les sujets bibliques, comme en<br />

témoigne le tableau de l’Espagnol<br />

Diego Velázquez, Vieille femme faisant<br />

frire des œufs (1618).<br />

Dans La Dentellière de Vermeer<br />

(1664) 2 , l’attention de la femme<br />

à son travail est rendue par une<br />

contre-plongée en plan buste qui<br />

permet de saisir tous les détails<br />

réalistes de cette activité artisanale.<br />

L’observateur du tableau semble<br />

surprendre le personnage appliqué<br />

à sa tâche.<br />

Les scènes de genre offrent deux<br />

intérêts complémentaires :<br />

– un intérêt documentaire, puisqu’ils<br />

constituent une mine d’informations<br />

sur les outils des artisans, les instruments<br />

de musique, la décoration, les<br />

costumes, le corps humain… ;<br />

1 Légende à venir<br />

L E X I Q U E<br />

Allégorie Représentation imagée<br />

d’une idée abstraite.<br />

Plan buste Cadre qui privilégie<br />

la tête et le buste du personnage,<br />

jusqu’à la taille.<br />

Q U E S T I O N S<br />

1. Dans les tableaux reproduits,<br />

les regards des personnages sont-ils<br />

dirigés vers l’observateur du tableau ?<br />

Pour quelle raison, selon vous ?<br />

2. Dans La Dentellière 2 , observez<br />

le jeu des couleurs : que met-il<br />

en valeur ?<br />

– un intérêt moral ou philosophique,<br />

lorsque les tableaux évoquent<br />

la condition humaine : les vertus<br />

comme le courage, le sens du<br />

devoir, la générosité…donnent lieu<br />

à des œuvres qui se rapprochent du<br />

genre de l’éloge en littérature. Les<br />

défauts, à l’inverse, sont représentés<br />

de manière comique, voire satirique<br />

➜ SÉQUENCE 5, p. 000 (Le Caravage, Les<br />

Joueurs de cartes ou les Tricheurs,<br />

1594-1595). Les misères de la vie,<br />

enfin, confèrent à certaines œuvres<br />

une dimension lyrique ou pathétique,<br />

comme dans les toiles des<br />

frères Le Nain représentant les paysans<br />

sous Louis XIII.<br />

3 ● Le réalisme en peinture<br />

Entre 1825 et 1875, un groupe de<br />

peintres s’installe dans le village de<br />

Barbizon, près de Fontainebleau,<br />

pour travailler « d’après nature ».<br />

Parmi les fondateurs de cette école<br />

figure Jean-François Millet (1814-<br />

2 Légende à venir<br />

1875), dont l’œuvre rend hommage<br />

au labeur des paysans.<br />

Ces peintres réalistes, comme Gustave<br />

Courbet, puis les impressionnistes,<br />

comme Edgar Degas, ont<br />

finalement rejeté toute hiérarchisa-<br />

tion des sujets ➜ SÉQUENCE 15, p. 000<br />

(Monet, Les Déchargeurs de charbon,<br />

1875) : l’homme mérite, selon eux,<br />

d’être valorisé, quels que soient son<br />

milieu et son statut, y compris dans<br />

des tableaux de grand format ➜ ANA-<br />

LYSE D’IMAGE.<br />

Lui-même fils de paysan, Jean-François<br />

Millet fait scandale lorsqu’il<br />

expose en 1855 ce Paysan répandant<br />

du fumier 3 . Le public bourgeois,<br />

habitué aux œuvres représentant<br />

des activités plus nobles, est outré.<br />

Or le peintre veut montrer que ce<br />

n’est pas le sujet qui fait la beauté<br />

d’une œuvre mais la manière de<br />

peindre : le dégradé des ocres et la<br />

gestuelle du personnage, au premier<br />

plan, confèrent à la toile une grandeur<br />

épique, qu’admirant le romancier<br />

Émile Zola.<br />

3 Légende à venir<br />

276 277<br />

Avec aussi : un lexique et des activités.<br />

une analyse<br />

d’image intégrée<br />

au corpus (toutes<br />

époques et tous<br />

supports).<br />

un questionnaire<br />

progressif avec un<br />

recours possible au<br />

chapitre de la partie<br />

II sur l’image.<br />

Analyse<br />

d’image<br />

Légende à venir<br />

QUESTIONS<br />

Première approche<br />

1. Dans quelle région la commune d’Ornans se situet-elle<br />

? Pourquoi le peintre l’a-t-il choisie, à votre<br />

avis ? Aidez-vous d’un dictionnaire.<br />

2. À droite de la fosse, au premier plan, deux éléments<br />

peuvent surprendre : lesquels ? Justifiez.<br />

Analyse<br />

3. Quel effet le choix du format de la toile (dimensions<br />

et orientation) produit-il ?<br />

Séquence 13 � Les sources du roman réaliste<br />

Gustave COURBET (1819-1877)<br />

Un Enterrement à Ornans (1850)<br />

Loin de sublimer la banalité, comme l’avaient fait Jean-François Millet et l’école de Barbizon ➜ HISTOIRE DES ARTS,<br />

Courbet montre la simple réalité sans l’idéaliser. Comme pour le tableau L’Après-dîner à Ormans (1849),<br />

le scandale est relancé en 1850 lorsqu’il expose Un Enterrement à Ornans qui représente des hommes<br />

ordinaires peints sur une toile d’un format habituellement réservé aux scènes mythologiques ou historiques.<br />

4. a. Observez le groupe des participants à cet enterrement<br />

: quelle ligne forme-t-il ? Expliquez<br />

b. Quels personnages se détachent particulièrement<br />

? Pour quelles raisons ?<br />

5. Comment les couleurs des costumes sont-elles réparties<br />

? Que peuvent-elles symboliser ?<br />

6. Comparez l’arrière-plan du tableau et le tout premier<br />

plan : sur quel effet le peintre joue-t-il ?<br />

➜ p. 000 : L’IMAGE FIXE<br />

Question de synthèse<br />

7. Quels points communs existe-t-il entre le travail du<br />

romancier et celui du peintre réaliste, d’après l’étude<br />

de ce tableau ?<br />

269<br />

7


Partie ii - outils d’analyse<br />

30 fiches notionnelles pour apprendre<br />

à manier les outils de la langue, dans lesquelles<br />

on repère aisément le point à étudier ou à<br />

réviser, selon les besoins de la classe.<br />

des fiches classées par chapitre, donnant aux élèves<br />

les outils d’analyse les plus utiles : outils d’analyse stylistique, types de<br />

texte, notions propres à chaque genre, réécriture, analyse de l’image,…<br />

Une page d’entrée<br />

de chapitre avec<br />

introduction du genre<br />

ou de la notion (+<br />

la mention du Socle<br />

commun en 2 de ).<br />

282 283<br />

8<br />

Exercices d’application<br />

Mettre au point<br />

1 Fonctions du dialogue<br />

1. Quelles expressions soulignent l’importance de la parole<br />

dans cette scène ? Commentez.<br />

2. Expliquez la réaction d’Œdipe dans la dernière réplique.<br />

3. En quoi ce dialogue souligne-t-il la fatalité, thème<br />

tragique ?<br />

ŒDIPE. – Je suis près d’une chose impossible à entendre.<br />

LE BERGER. – Et moi… d’une chose impossible à dire.<br />

CRÉON. – Il faut la dire. Je le veux.<br />

LE BERGER. – Tu es le fi ls de Jocaste, ta femme, et de<br />

Laïus tué par toi au carrefour des trois routes. Inceste<br />

et parricide1 5<br />

, les dieux te pardonnent.<br />

ŒDIPE. – J’ai tué celui qu’il ne fallait pas. J’ai épousé<br />

celle qui ne fallait pas. J’ai perpétué ce qu’il ne fallait<br />

pas. Lumière est faite…<br />

Jean COCTEAU, La Machine infernale, acte IV :<br />

« Œdipe roi » (extrait, 1934), © Grasset.<br />

1. Il a tué son père.<br />

2 Fonctions du monologue<br />

1. Quels sont les destinataires de ce monologue ?<br />

2. Que souligne la ponctuation du monologue ?<br />

3. Quel est l’intérêt de ce monologue placé dans la scène<br />

d’exposition ?<br />

LE COMTE, seul, en grand manteau brun et chapeau<br />

rabattu. Il tire sa montre en se promenant.<br />

Le jour est moins avancé que je ne croyais. L’heure<br />

à laquelle elle a coutume de se montrer derrière sa<br />

jalousie1 est encore éloigné. N’importe ; il vaut mieux<br />

arriver trop tôt que de manquer l’instant de la voir.<br />

Si quelque aimable de la cour pouvait me deviner à<br />

cent lieues de Madrid, arrêté tous les matins sous les<br />

fenêtres d’une femme à qui je n’ai jamais parlé, il<br />

me prendrait pour un Espagnol du temps d’Isabelle2… Pourquoi non ? Chacun court après le bonheur. Il<br />

est pour moi dans le cœur de Rosine… Mais quoi !<br />

suivre une femme à Séville, quand Madrid et la cour<br />

offrent de toutes parts des plaisirs si faciles ?... Et c’est<br />

cela même que je fuis. Je suis las des conquêtes que<br />

l’intérêt, la convenance ou la vanité nous présentent<br />

sans cesse. Il est si doux d’être aimé pour soi-même !<br />

Et si je pouvais m’assurer sous ce déguisement… Au<br />

diable l’importun !<br />

BEAUMARCHAIS, Le Barbier de Séville, acte I, scène 1<br />

(extrait, 1775).<br />

1. Son store. 2. Isabelle la Catholique, reine d’Espagne à la fin du<br />

XV e 5<br />

10<br />

15<br />

siècle. Cette référence assimile ce genre d’Espagnol à un personnage<br />

arriéré, rétrograde.<br />

Appliquer<br />

3 L’affrontement dialogué<br />

1. Les trois interlocuteurs ont-ils la même conception de la<br />

révolution ? Justifiez, en vous appuyant sur l’enchaînement<br />

des répliques et sur les arguments échangés.<br />

➜ p. 000 : LE TEXTE ARGUMENTATIF<br />

2. Les propos de Stepan sont-ils en accord avec la didascalie<br />

violemment (l. 3) ? Expliquez.<br />

3. Sur quelle tension dramatique les didascalies permettent-elles<br />

d’insister ?<br />

4. Ajoutez une didascalie précisant sur quel ton l’acteur<br />

jouant Kaliayev devra prononcer sa réplique.<br />

En 1905 à Moscou, les membres d’une organisation<br />

révolutionnaire préparent un attentat. Kaliayev<br />

(Yanek), qui a pour mission de lancer une bombe sur<br />

la calèche du grand-duc Serge, oncle du Tsar, renonce<br />

à passer à l’acte car des enfants seraient tués dans<br />

l’explosion.<br />

DORA. – […] Même dans la destruction, il y a un<br />

ordre, il y a des limites.<br />

STEPAN, violemment. – Il n’y a pas de limites. La vérité<br />

est que vous ne croyez pas à la révolution. (Tous se<br />

lèvent, sauf Yanek). Vous n’y croyez pas. Si vous y<br />

croyiez totalement, complètement, si vous étiez sûrs<br />

que par nos sacrifi ces et nos victoires, nous arriverons<br />

à bâtir une Russie libérée du despotisme1 5<br />

, une terre<br />

de liberté qui fi nira par recouvrir le monde entier, si<br />

10 vous ne doutiez pas qu’alors, l’homme, libéré de ses<br />

maîtres et de ses préjugés, lèvera vers le ciel la face<br />

des vrais dieux, que pèserait la mort de deux enfants ?<br />

Vous vous reconnaîtriez tous les droits, tous, vous<br />

m’entendez. Et si cette mort vous arrête, c’est que<br />

15 vous n’êtes pas sûrs d’être dans votre droit. Vous ne<br />

croyez pas à la révolution.<br />

Silence, Kaliayev se lève.<br />

KALIAYEV. – Stepan, j’ai honte de moi et pourtant je ne<br />

te laisserai pas continuer. J’ai accepté de tuer pour<br />

20 renverser le despotisme. Mais derrière ce que tu dis,<br />

je vois s’annoncer un despotisme qui, s’il s’installe<br />

jamais, fera de moi un assassin alors que j’essaie<br />

d’être un justicier.<br />

STEPAN. – Qu’importe que tu ne sois pas un justicier,<br />

25 si justice est faite, même par des assassins. Toi et moi<br />

ne sommes rien.<br />

Albert CAMUS, Les Justes, acte II (extrait, 1950),<br />

© Gallimard.<br />

1. De la tyrannie.<br />

CHAPITRE<br />

000 Fiche 1<br />

La parole théâtrale<br />

000 Fiche 2<br />

L’espace, le geste<br />

et le jeu au théâtre<br />

000 Fiche 3<br />

Les genres théâtraux<br />

000 Fiche 4<br />

Les registres comique<br />

et tragique<br />

3<br />

Les notions propres<br />

au théâtre<br />

4 Les apartés<br />

1. Lisez une première fois le dialogue sans les apartés.<br />

Quelles sont les informations dont vous disposez ?<br />

2. Ne lisez ensuite que les apartés : quelle nouvelle orientation<br />

donnent-ils au dialogue ?<br />

3. Sur quel jeu l’auteur met-il l’accent en couplant ces<br />

phrases à voix haute et ces apartés ?<br />

La scène a lieu dans un salon bourgeois à la campagne,<br />

vers 1830. Au lever du rideau, Zénaïde est seule. Elle<br />

rêve tristement en arrangeant un bouquet dans un<br />

vase. On frappe à la porte à droite.<br />

ZÉNAÏDE, haut. – Qui est là ? (À part.) Pourvu que ce<br />

ne soit pas Oswald, mon fi ancé ! Je n’ai pas mis la<br />

robe qu’il préfère ! Et d’ailleurs, à quoi bon ? Après<br />

tout ce qui s’est passé !<br />

LA VOIX D’OSWALD, au dehors. – C’est moi, Oswald !<br />

ZÉNAÏDE, à part. – Hélas, c’est lui, c’est bien Oswald !<br />

(Haut.) Entrez Oswald ! (À part.) Voilà bien ma<br />

chance ! Que pourrai-je lui dire ? Jamais je n’aurai le<br />

courage de lui apprendre la triste vérité !<br />

Entre Oswald. Il reste un moment sur le seuil et<br />

contemple Zénaïde avec émotion.<br />

OSWALD, haut. – Vous, vous, Zénaïde ! (À part.) Que<br />

lui dire de plus ? Elle est si confi ante, si insouciante !<br />

Jamais je n’aurai la cruauté de lui avouer la grave<br />

décision qui vient d’être prise à son insu !<br />

ZÉNAÏDE, allant vers lui et lui donnant sa main à baiser ;<br />

haut. – Bonjour, Oswald ! (À part, tandis qu’Oswald<br />

agenouillé lui baise la main avec transport.) Se peut-il<br />

que tout soit fi ni ! Ah ! (tandis qu’il presse ma main<br />

sur ses lèvres), mon Dieu, ne prolongez pas mon<br />

supplice et faites que cette minute, qui me paraît<br />

un siècle, passe plus vite que l’alcyon1 5<br />

10<br />

15<br />

20<br />

25<br />

sur la mer<br />

écumante !<br />

OSWALD, se relevant, tandis que Zénaïde retire gracieusement<br />

sa main ; haut, avec profondeur. – Bonjour,<br />

30 Zénaïde ! (À part.) Ah ! ce geste gracieux et spontané,<br />

plus éloquent que le plus long discours !<br />

Jean TARDIEU, Oswald et Zénaïde ou les apartés<br />

(extrait, 1966), © Gallimard.<br />

1. Nom poétique du martin-pêcheur.<br />

5 Le théâtre dans le théâtre<br />

1. Sur quels thèmes propres au théâtre ce dialogue portet-il<br />

? Justifiez en relevant le champ lexical utilisé.<br />

2. Quelles informations les didascalies fournissent-elles sur<br />

le ton du dialogue ?<br />

3. Quel paradoxe définissant le théâtre est développé dans<br />

cet échange ? Justifiez en commentant les antithèses.<br />

➜ p. 000 : LES FIGURES DE RHÉTORIQUE<br />

Fiche 1 � La parole théâtrale<br />

Six individus, membres d’une même famille, arrivent<br />

sur un plateau sans décor, au milieu d’une répétition<br />

et annoncent au directeur, médusé, qu’ils sont en quête<br />

d’un auteur car ils lui apportent un drame, celui de<br />

leur propre existence.<br />

LE PÈRE. – Eh ! mon Dieu ! Donner l’apparence du<br />

vrai à ce qui ne l’est point, et cela, monsieur, sans<br />

nécessité, par simple jeu... Enfi n, oui ou non, votre<br />

profession n’est-elle pas de faire vivre sur la scène des<br />

personnages imaginaires ? Je...<br />

LE DIRECTEUR, l’interrompant, excité par l’irritation<br />

croissante des comédiens. – Et moi, je vous prie, cher<br />

monsieur, de vous rappeler que la profession de<br />

comédien est de la plus grande noblesse. Si les auteurs<br />

d’aujourd’hui ne nous donnent à représenter que<br />

des pièces stupides et ne mettent au monde que des<br />

fantoches1 5<br />

10<br />

, au lieu de créer des personnages profondément<br />

humains, il n’empêche que c’est notre orgueil<br />

d’avoir fait vivre ici, sur ces planches, des œuvres<br />

15 immortelles.<br />

Les acteurs satisfaits approuvent et applaudissent le<br />

directeur.<br />

LE PÈRE, l’interrompant avec fougue. – Mais oui, parfaitement,<br />

vous faites vivre des êtres vivants, plus<br />

20 vivants que bien des êtres qui respirent et fi gurent<br />

sur les registres de l’état civil ! Des êtres moins vrais,<br />

peut-être mais plus réels !… Nous sommes tout à fait<br />

d’accord.<br />

Luigi PIRANDELLO, Six personnages en quête d’auteur,<br />

acte I (extrait), traduction de l’italien par B. Crémieux,<br />

© Gallimard (1950).<br />

1. Êtres sans consistance.<br />

Écrire<br />

6 Du récit au dialogue théâtral<br />

Fiche 1 La parole théâtrale<br />

De nombreux auteurs ont transposé des récits en pièces<br />

de théâtre : Émile Zola a adapté pour la scène son roman<br />

Thérèse Raquin ➜ p. 000, Eugène Ionesco a tiré sa pièce<br />

Rhinocéros d’une nouvelle qu’il avait écrite en 1957.<br />

À votre tour, rédigez le monologue qui transposerait ce<br />

passage narratif extrait du roman de Guy de Maupassant,<br />

Une vie ➜ p. 000, en scène de théâtre :<br />

Ce fut en elle une traversée de joie, un élan vers un<br />

bonheur nouveau, qui venait d’éclore. Elle se trouvait,<br />

en une seconde, délivrée, apaisée, heureuse, heureuse<br />

comme elle ne l’avait jamais été. Son cœur et sa chair<br />

se ranimaient, elle se sentait mère !<br />

➜ p. 000 : TRANSPOSER<br />

HARPAGON. – N’est-il point là ? n’est-il point ici ? Qui est-ce ? Arrête ! (Il se prend<br />

lui-même le bras.) Rends-moi mon argent, coquin !... Ah ! c’est moi.<br />

QUESTIONS<br />

L’essentiel<br />

� p. 000 : MOLIÈRE, L’Avare, IV, 7 (extrait, 1668).<br />

1. Quels types de phrase caractérisent ces propos ? Quelle impression créent-ils ?<br />

2. Quelle vision la phrase en italique donne-t-elle du personnage qui s’exprime ?<br />

Le texte théâtral est essentiellement composé de répliques, c’est-à-dire de paroles au discours<br />

direct, prononcées par les personnages et qui font progresser l’action.<br />

Dialogues et monologues<br />

� Les échanges de répliques forment les dialogues où domine l’affrontement verbal.<br />

Ex. : le désaccord entre Claudio et son valet Tibia<br />

� p. 000 : A. de MUSSET, Les Caprices de Marianne, scène d’exposition (1833).<br />

� Une longue réplique est une tirade ; elle peut développer un récit ou une argumentation.<br />

Ex. : la définition du mariage par Arnolphe<br />

� p. 000 : MOLIÈRE, L’École des femmes, III, 2 (1662).<br />

� La tirade d’un personnage seul en scène est un monologue ; le personnage fait le point<br />

sur sa situation et révèle directement son état d’esprit au spectateur.<br />

Ex. : Émilie songeant à sa vengeance � p. 000 : P. CORNEILLE, Cinna, I, 1 (1642).<br />

� Les stichomythies sont des échanges brefs de répliques ayant la vivacité d’un duel.<br />

Ex. : le dialogue entre Toinette déguisée en médecin et Argan<br />

� p. 000 : MOLIÈRE, Le Malade imaginaire, III, 10 (1673).<br />

e mot « théâtre », issu du grec qevatron (theatron), signifie « le lieu d’où l’on<br />

L regarde ». Le théâtre occidental est né en Grèce au VI<br />

280 281<br />

e :<br />

:<br />

La double énonciation<br />

� Les paroles échangées sur scène ont un double destinataire :<br />

– les personnages de la pièce eux-mêmes ;<br />

Bérénice de JEAN RACINE, mise en scène de Faustin Linyekula, avec Bruno Raffaelli, Céline Samie<br />

– le spectateur, qui reçoit le texte du dramaturge par l’intermédiaire des acteurs.<br />

et Shahrokh Moshkin Ghalam (Paris, Comédie Française – Studio Théâtre, 2009).<br />

Remarque : la double énonciation est capitale aux moments clés de l’intrigue, telle la scène d’exposition<br />

(située au début de la pièce, elle donne au spectateur des informations sur les personnages et des<br />

indications spatio-temporelles sur l’action qui se déroule).<br />

siècle avant J.-C. Les<br />

spectacles dramatiques, véritables événements dans la cité, étaient associés à<br />

des fêtes religieuses et à des concours de poésie mettant la parole en scène.<br />

Le texte théâtral, écrit par un dramaturge, devient un spectacle grâce au metteur<br />

en scène et aux comédwiens. La représentation théâtrale réunit le public dans<br />

un espace spécifique pour une expérience collective unique, reposant sur le jeu<br />

des comédiens.<br />

Du divertissement de la farce au théâtre de l’absurde, le théâtre regroupe des<br />

genres très variés. La scène contemporaine est aujourd’hui le lieu d’expériences<br />

originales, mêlant plusieurs domaines artistiques.<br />

Si les registres comique et tragique semblent recouper les genres de la comédie<br />

et de la tragédie, l’étude de la pratique et de l’histoire du théâtre révèle plus de<br />

complexité.<br />

Ex. : PHILINTE. – Vous voulez un grand mal à la nature humaine !<br />

ALCESTE. – Oui, j’ai conçu pour elle une effroyable haine.<br />

� p. 000 MOLIÈRE, Le Misanthrope, I, 1 (1666).<br />

� Ce simple échange souligne la misanthropie, sujet de la pièce.<br />

� Les apartés sont des répliques uniquement destinées aux spectateurs, prononcées à l’insu de<br />

personnages pourtant présents sur la scène, ce qui produit généralement un effet comique.<br />

Ex. : ARTOTROGUS. – Ce n’est rien, sans doute, au prix de ce que je pourrais dire…<br />

(à part) et que tu n’as jamais fait !<br />

� p. 000 PLAUTE, Le Soldat fanfaron (III e :<br />

SOCLE<br />

COMMUN<br />

L’étude du théâtre,<br />

genre qui remonte<br />

à l’Antiquité grecque,<br />

est essentielle pour<br />

se constituer une culture<br />

humaniste. La lecture<br />

des auteurs anciens<br />

et classiques que vous<br />

avez amorcée au collège,<br />

depuis la 6<br />

siècle avant J.-C.).<br />

� Artotrogus ridiculise son interlocuteur sans qu’il s’en rende compte, faisant du spectateur son complice.<br />

� Le quiproquo est un malentendu comique entre les personnages uniquement saisi par le<br />

spectateur.<br />

Ex. : Vézinet, sourd, comprend de travers tout ce que lui dit son neveu Fadinard.<br />

� p. 000 E. LABICHE, Un chapeau de paille d’Italie, I, 2 (1851).<br />

e , se poursuit<br />

au lycée.<br />

3 étapes d’application<br />

progressive : Mettre<br />

au point, Appliquer, Écrire.<br />

Un court texte d’appui<br />

questionné.<br />

l’essentiel :<br />

des notions<br />

faciles à repérer,<br />

des exemples<br />

courts et suivis<br />

de commentaires<br />

explicatifs.


Partie iii - méthodes<br />

26 fiches méthode construites en étapes et<br />

accompagnées chacune d’une double page<br />

d’exercices qui réutilisent<br />

des textes de la partie Textes.<br />

introduction<br />

au point de<br />

méthode :<br />

une approche<br />

progressive<br />

et des<br />

objectifs<br />

clairement<br />

exposés.<br />

CHAPITRE<br />

4 OBJECTIF<br />

Rédiger un commentaire<br />

littéraire<br />

000 Fiche 1<br />

Découvrir le texte<br />

et dégager ses intérêts<br />

littéraires<br />

000 Fiche 2<br />

Formuler un projet<br />

de lecture à partir<br />

de l’analyse détaillée<br />

000 Fiche 3<br />

Construire un plan<br />

de développement<br />

de commentaire<br />

000 Fiche 4<br />

Rédiger l’intégralité<br />

d’un commentaire<br />

Rendre compte avec méthode<br />

de la lecture personnelle d’un texte<br />

littéraire.<br />

Au lycée, tous les travaux d’écriture font intervenir l’argumentation et,<br />

par conséquent, la rédaction de paragraphes argumentatifs.<br />

Définitions<br />

Le commentaire est un exercice d’écriture qui repose sur l’analyse<br />

précise d’un texte de vingt à trente lignes, mettant constamment en<br />

relation le sens et le style. Ce travail donne lieu à une argumentation<br />

organisée et rédigée dont le double objectif est de :<br />

� prouver que le texte a bien été compris ;<br />

� montrer quelles sont ses qualités littéraires.<br />

Méthode et finalités<br />

Pour réussir un commentaire, il faut suivre une démarche progressive<br />

qui se résume en cinq tâches :<br />

� comprendre : découverte du paratexte et du texte ;<br />

� expliquer : analyse approfondie ;<br />

� organiser : construction du plan ;<br />

� mettre en forme : rédaction intégrale ;<br />

� vérifier : relecture finale.<br />

Le commentaire ne se limite pas à une simple paraphrase ou reformulation<br />

du texte ; l’analyse détaillée et le plan organisé permettent<br />

d’éviter ce défaut de méthode.<br />

SOCLE<br />

COMMUN<br />

Le commentaire littéraire,<br />

exercice propre au bac<br />

de français, développe<br />

l’autonomie face à un<br />

texte littéraire.<br />

FERNAND LÉGER (1881-1955),<br />

Les Constructeurs (1950),<br />

huile sur toile, 300 x 228 cm<br />

(Biot, musée Fernand Léger).<br />

284<br />

285<br />

une fiche méthode construite en deux temps (Méthode /<br />

Application) : des conseils pratiques, étape par étape.<br />

Fiche<br />

méthode1 Découvrir le texte<br />

et dégager ses intérêts littéraires<br />

C’est d’abord sur une bonne compréhension du texte que se fonde le travail d’analyse : avant<br />

de repérer les détails, il faut déjà s’assurer que le sens littéral des mots et les caractéristiques<br />

essentielles du texte sont maîtrisés.<br />

ÉTAPE 1 Lire le texte et utiliser le paratexte<br />

� Repérer les informations utiles accompagnant le texte : objet(s) d’étude, renseignements<br />

fournis par le chapeau introductif, références, notes de bas de page…<br />

Souligner les informations les plus importantes ou les recopier au brouillon, et voir quelles<br />

connaissances acquises en cours permettent de les enrichir.<br />

� Effectuer des recherches complémentaires, s’il s’agit d’un travail à la maison<br />

Se renseigner sur l’auteur, le mouvement littéraire, l’œuvre… pour mettre le texte en relation<br />

avec son contexte historique et culturel, et ainsi éviter les anachronismes.<br />

Remarque : ces recherches permettront ultérieurement de nourrir l’introduction et la conclusion du<br />

commentaire.<br />

ÉTAPE 2 Relire le texte pour mieux le comprendre<br />

Genre littéraire<br />

et type de texte<br />

Indices<br />

de l’énonciation<br />

et modalisateurs<br />

ÉTAPE 1 Lire le texte et utiliser le paratexte<br />

� Repérer les informations utiles accompagnant le texte<br />

(surlignées en jaune)<br />

L’objet d’étude représenté est le théâtre.<br />

Le chapeau introductif apporte plusieurs éléments :<br />

– l’auteur : Molière ;<br />

– le genre : théâtre, comédie ;<br />

– la situation de l’extrait : la scène d’exposition ;<br />

– le type de scène et le thème : dialogue entre deux sœurs<br />

à propos du mariage ; la bourgeoisie ; la jalousie.<br />

Les références donnent elles aussi des renseignements :<br />

– le titre : condition féminine, éducation des femmes ;<br />

– la date : pièce de l’époque classique (règne de Louis XIV).<br />

Les notes élucident le vocabulaire.<br />

Ex. : la note 4 indique le langage métaphorique d’Armande.<br />

OBJECTIF : Lire efficacement un texte à commenter et en faire ressortir les principales<br />

caractéristiques.<br />

MÉTHODE<br />

ÉTAPE 2 Relire le texte pour mieux le comprendre<br />

� Se poser les bonnes questions pour se familiariser avec le texte<br />

Genre littéraire,<br />

type de texte<br />

Indices<br />

de l’énonciation<br />

et modalisateurs<br />

� Se poser les bonnes questions pour se familiariser avec le texte<br />

Noter au brouillon les éléments à prendre en compte pour commencer l’analyse :<br />

– Genres littéraires :<br />

Récits : roman, conte, nouvelle, fable, biographie… ?<br />

Pièces de théâtre : comédie, tragédie… ?<br />

Discours : réquisitoire, plaidoyer, sermon ?<br />

Poèmes : élégie, sonnet, calligramme… ?<br />

� p. 000 : LES NOTIONS PROPRES AU RÉCIT<br />

� p. 000 : LES NOTIONS PROPRES AU THÉÂTRE<br />

� p. 000 : LES NOTIONS PROPRES À L’ARGUMENTATION<br />

� p. 000 : LES NOTIONS PROPRES À LA POÉSIE<br />

– Types de texte : description, narration, explication, argumentation ?<br />

� p. 000 : LES TYPES DE TEXTE<br />

– Qui s’exprime ?<br />

– À qui s’adresse-t-on ?<br />

– Est-ce un éloge ou une critique (termes mélioratifs ou péjoratifs) ?<br />

� p. 000 : L’ÉNONCIATION, LA COMMUNICATION ET LA MODALISATION<br />

� p. 000 : L’HISTOIRE ET LE SENS DES MOTS<br />

Objectifs du texte S’agit-il de raconter, décrire, exprimer des sentiments, argumenter, expliquer, donner des ordres<br />

ou des conseils ?<br />

Thèmes abordés Sont-ils moraux, philosophiques, sociaux, politiques ?...<br />

APPLICATION<br />

TEXTE À COMMENTER<br />

1. Emprisonner.<br />

2. Mot masculin au XVII e siècle.<br />

3. Avec.<br />

4. Métaphore qui désigne<br />

le savoir, les connaissances.<br />

5. Répand.<br />

6. Le pouvoir.<br />

7. Rabaisse.<br />

Fiche méthode 1 � Découvrir le texte et dégager ses intérêts littéraires<br />

� Préciser les caractéristiques essentielles du texte sans perdre de vue l’objet d’étude<br />

S’appuyer sur les notions abordées dans la partie II du manuel (« Outils d’analyse »).<br />

Structure globale du texte – Remarque-t-on un schéma narratif (complet ou partiel), des strophes, des étapes d’un<br />

raisonnement… ?<br />

� p. 000 : LA STRUCTURE DU RÉCIT<br />

– Est-ce que le mode énonciatif, la ponctuation, le ton… changent ?<br />

– Perçoit-on des effets d’échos ou d’oppositions ?<br />

Ton, registre(s), niveau(x)<br />

de langage…<br />

– Le ton est-il ironique, satirique… ?<br />

– Le registre est-il tragique, comique, lyrique, épique, fantastique… ?<br />

– Le langage est-il soutenu, courant, familier ?<br />

� Se demander si le texte suit un modèle, une tradition ou, au contraire, s’il les remet<br />

en cause<br />

– Est-il représentatif d’un mouvement littéraire ? Rend-il un hommage ?<br />

– S’attaque-t-il à des préjugés ? Tourne-t-il en dérision un personnage, une institution… ?<br />

La scène d’exposition de cette comédie de Molière s’ouvre par un dialogue entre deux<br />

sœurs de la bonne bourgeoisie parisienne. Henriette vient d’annoncer à Armande<br />

qu’elle souhaitait se marier et fonder une famille. Or, il se trouve que son futur<br />

époux est Clitandre, l’ancien amant d’Armande.<br />

ARMANDE<br />

Mon Dieu, que votre esprit est d’un étage bas !<br />

Que vous jouez au monde un petit personnage,<br />

De vous claquemurer1 aux choses du ménage,<br />

Et de n’entrevoir point de plaisirs plus touchants<br />

Qu’un idole2 d’époux et des marmots d’enfants !<br />

Laissez aux gens grossiers, aux personnes vulgaires,<br />

Les bas amusements de ces sortes d’affaires ;<br />

À de plus hauts objets élevez vos désirs,<br />

Songez à prendre un goût des plus nobles plaisirs,<br />

Et traitant de3 mépris les sens et la matière,<br />

À l’esprit comme nous donnez-vous tout entière.<br />

Vous avez notre mère en exemple à vos yeux,<br />

Que du nom de savante on honore en tous lieux :<br />

Tâchez ainsi que moi de vous montrer sa fi lle,<br />

Aspirez aux clartés4 qui sont dans la famille,<br />

Et vous rendez sensible aux charmantes douceurs<br />

Que l’amour de l’étude épanche5 dans les cœurs ;<br />

Loin d’être aux lois d’un homme en esclave asservie,<br />

Mariez-vous, ma sœur, à la philosophie,<br />

Qui nous monte au-dessus de tout le genre humain,<br />

Et donne à la raison l’empire6 souverain,<br />

Soumettant à ses lois la partie animale,<br />

Dont l’appétit grossier aux bêtes nous ravale7 5<br />

10<br />

15<br />

20<br />

.<br />

MOLIÈRE, Les Femmes savantes, acte I, scène 1, vers 26-48 (1672).<br />

286 287<br />

– Comédie<br />

– Tirade argumentative extraite d’un dialogue ≠ monologue<br />

– Vouvoiement entre deux sœurs ; emploi de l’impératif<br />

– Vocabulaire péjoratif : bas, vulgaire donc critique<br />

– Vocabulaire mélioratif : nobles, honore donc éloge<br />

Objectifs du texte – Donner des conseils<br />

– Modifier la décision de sa sœur en la critiquant (visée polémique)<br />

– Défendre une thèse radicalement opposée<br />

Remarque : ne pas confondre les objectifs d’Armande (persuader Henriette) et ceux de l’auteur<br />

(distraire et instruire le public).<br />

Thèmes abordés – La condition d’épouse : prison, esclavage, situation méprisable = critique<br />

– Le désir d’élévation intellectuelle et sociale, l’amour de la philosophie = éloge<br />

� Préciser les caractéristiques essentielles du texte sans perdre de vue l’objet d’étude � PARTIE II<br />

Structure globale de la tirade Succession d’alexandrins + raisonnement bien construit :<br />

1. Une critique du choix d’Henriette (vers 1 à 8)<br />

2. Un éloge de la philosophie (vers 9 à 23)<br />

= structure qui souligne une opposition, un changement de ton<br />

Ton, registre(s),<br />

niveau(x) de langage…<br />

� Se demander si le texte suit un modèle, une tradition,<br />

ou au contraire s’il les remet en cause<br />

Par rapport au genre de la comédie : Armande voue un<br />

amour exclusif au savoir, critiquant le choix du mariage<br />

défendu de façon modérée par sa sœur Henriette.<br />

= Opposition de deux visions du monde que l’on retrouve<br />

dans plusieurs scènes d’exposition écrites par Molière).<br />

� Effectuer des recherches complémentaires :<br />

– sur la date de l’œuvre : un an après Les Fourberies de<br />

Scapin ➜ p. 000 ; un an avant la mort de Molière = pièce<br />

de la maturité ;<br />

– sur Molière et la comédie classique : fonctions et<br />

formes du comique, types de personnages… ➜ SYNTHÈSE<br />

DES SÉQUENCES 1, p. 000 ET 2, p. 000 : le dramaturge s’est souvent<br />

moqué des imposteurs (faux dévots comme Tartuffe ; faux<br />

nobles comme M. Jourdain) ;<br />

– sur l’éducation des filles au XVII e siècle et sur les précieuses<br />

: entre 1610 et 1660, les femmes de l’aristocratie<br />

défendent l’éducation des femmes, un certain raffinement<br />

du langage et des mœurs dont on s’est parfois moqué à<br />

cause des excès auxquels il a donné lieu.<br />

– Propos méprisants sur la condition d’épouse, puis expression de sa passion<br />

pour l’étude : personnage rendu comique par ses excès (aucune concession)<br />

– Combat d’idées = discours polémique<br />

– Langage soutenu de femme savante (ex. : métaphores)<br />

Par rapport aux codes sociaux : Armande, en rejetant le<br />

mariage, s’oppose aux mœurs du XVII e siècle = thème de la<br />

transgression, fréquent au théâtre.<br />

Cette comédie souligne les travers de la société traditionnelle,<br />

le personnage d’Armande incarnant une rupture avec<br />

les conventions (prise de position originale pour l’époque).<br />

Exercices d’entraînement<br />

Observer<br />

1 Tirer profit du paratexte<br />

Classez dans un tableau les types informations fournies<br />

par le paratexte de chaque document :<br />

Dates : contexte<br />

historique, littéraire<br />

Objet d’étude<br />

Auteur<br />

Genre<br />

Thème(s)<br />

Texte A Texte B Texte C<br />

Supports :<br />

Texte A : É. ZOLA, Thérèse Raquin (1867) ➜ p. 000<br />

Texte B : P. VERLAINE, Poèmes saturniens, « Mon Rêve<br />

familier » (1866) ➜ p. 000<br />

Texte C : C. BECCARIA, Des Délits et des peines (1764)<br />

➜ p. 000<br />

2 Faire des recherches complémentaires<br />

1. Quelles caractéristiques essentielles pouvez-vous tirer<br />

de votre première lecture du texte ?<br />

2. Classez les informations apportées par le paratexte.<br />

3. En dehors du paratexte, que devez-vous savoir précisément<br />

sur le contexte de l’intrigue et sur les personnages<br />

pour mieux comprendre ce dialogue ? Où pouvez-vous<br />

trouver ces informations ?<br />

4. a. Quelles notions relatives au genre et au registre du<br />

texte seront utiles pour l’analyser ?<br />

b. Dans quelles pages du manuel pouvez-vous trouver de<br />

l’aide ?<br />

Support : J. RACINE, Andromaque (1667) ➜ p. 000<br />

Analyser<br />

3 Se familiariser avec un texte<br />

1. a. Lisez le texte et le paratexte ; notez les informations<br />

nécessaires pour commenter cette fable.<br />

b. Recherchez dans le manuel des renseignements sur le<br />

genre de la fable : quels aspects du texte seront ainsi<br />

éclairés ?<br />

2. a. Observez la structure globale de la fable en vous<br />

appuyant notamment sur les indices de l’énonciation.<br />

b. Quels sont les objectifs du texte ?<br />

3. Résumez le récit, puis la morale de la fable, afin d’en<br />

dégager clairement le sens.<br />

Support : J. de LA FONTAINE, Fables, « Le Loup et les<br />

Bergers » (1678) ➜ p. 000<br />

4 Préciser les caractéristiques d’un texte<br />

1. Genre du texte :<br />

a. Qu’est-ce qu’un sermon ? Dans quelles circonstances<br />

est-il utilisé ?<br />

b. Quelles références citées par Bossuet confirment cette<br />

définition ?<br />

2. Marques de l’énonciation :<br />

a. Repérez les indices personnels les plus significatifs.<br />

� p. 000 : L’ÉNONCIATION, LA COMMUNICATION ET LA MODALISATION.<br />

b. Sont-ils importants dans un sermon ? Pourquoi ?<br />

3. Thèmes abordés : quels sont-ils et quelle est leur nature<br />

(philosophique, morale, politique…)<br />

4. Quels sont les objectifs de ce sermon ? Aidez-vous des<br />

questions de lecture analytique ➜ p. 000.<br />

5. Ce sermon vous semble-t-il fidèle à une tradition ou<br />

bien marque-t-il une rupture ?<br />

Support : J. B. BOSSUET, Sermon du mauvais riche (1662)<br />

➜ p. 000<br />

5 Percevoir l’originalité d’un texte<br />

1. Quelle est la particularité des personnages de ces deux<br />

œuvres (classe sociale, comportement, langage...) ?<br />

2. À quel genre le titre de la séquence rattache-t-il chacun<br />

de ces textes ? En quoi cela est-il problématique pour<br />

l’extrait d’En attendant Godot ?<br />

Supports ::<br />

Texte A : L. F. CÉLINE, Voyage au bout de la nuit (1932)<br />

➜ p. 000<br />

Texte B : S. BECKETT, En attendant Godot (1952) ➜ p. 000<br />

288 289<br />

Écrire<br />

6 Préparer l’étude d’un texte en autonomie<br />

1. Suivez les étapes 1 et 2 de la méthode du commentaire<br />

: notez et classez toutes les informations tirées de<br />

votre première lecture du texte et de son paratexte.<br />

2. Définissez les caractéristiques et les intérêts littéraires<br />

de ce poème. Aidez-vous du questionnaire de lecture<br />

analytique ➜ p. 000.<br />

Support : C. BAUDELAIRE, Les Fleurs du Mal, « Parfum exotique<br />

» (1857) ➜ p. 000<br />

les premiers jalons<br />

vers le baccalauréat :<br />

- S’organiser dans l’année<br />

- Synthétiser et rédiger<br />

- Rédiger un commentaire littéraire<br />

- Rédiger une dissertation<br />

- Rédiger un écrit d’invention<br />

- Préparer l’épreuve orale du bac<br />

en 1 re , de nombreux<br />

modèles de<br />

rédaction :<br />

commentaire<br />

+ dissertation<br />

+ invention<br />

intégralement rédigés.<br />

des exercices<br />

progressifs et variés<br />

(à trous, entraînements<br />

rédactionnels, copies<br />

d’élèves à critiquer…)<br />

pour s’entraîner<br />

efficacement.<br />

9


le dVd-rom (2 de et 1 re )<br />

DVD-Rom lisible sur Mac et PC. (Les vidéos sont aussi<br />

lisibles sur un lecteur DVD de salon.)<br />

10<br />

Destiné à la vidéoprojection en classe. Il sert aussi à la préparation du cours<br />

(exploitations pédagogiques fournies en PDF avec chaque document).<br />

a partir du sommaire, les<br />

documents classés par type sont<br />

accessibles en un seul clic.<br />

des boutons placés sous les<br />

visuels permettent d’animer le<br />

travail en classe.<br />

exemples de documents<br />

iconographiques, vidéo et audio.<br />

nouVeautÉ<br />

un grand choix de documents :<br />

VidÉo : 15 documents (extraits de pièces de théâtre,<br />

films…)<br />

audio : 18 documents (interviews de personnalités<br />

du monde des lettres et des arts, textes lus, poèmes<br />

récités, chansons)<br />

imaGes : 32 images fixes (tableaux, photographies…)<br />

avec des animations<br />

textes : 20 extraits en complément des manuels<br />

(avec palette graphique)<br />

des fonctionnalités multimédia<br />

volontairement simples mais pratiques pour<br />

l’exploitation en classe des différents types de<br />

documents.<br />

une didactisation complète en PDF pour les<br />

documents visuels (images et vidéo) et des pistes<br />

d’exploitation simples pour les documents audio<br />

et les textes.<br />

Outre la consultation libre des documents, le<br />

professeur pourra constituer une séquence<br />

personnalisée en choisissant six documents<br />

parmi le corpus proposé.<br />

Un livret inclus dans le dvd-rom proposera<br />

des exemples de séquences, en lien<br />

avec les manuels de 2 de et de 1 re .<br />

Dans le spécimen de 2 de :<br />

extrait du dVd-rom<br />

+ interView<br />

de xaVier damas


Séquence Séquence 9<br />

Romantisme et lyrisme amoureux<br />

➜ Livre de l’élève, p. 185<br />

Texte 2<br />

Alfred de Musset,<br />

Poésies nouvelles (1835)<br />

Objectif : Étudier un poème représentatif<br />

de l’expression lyrique romantique.<br />

Première lecture<br />

1. Il s’agit de la fin de la relation amoureuse. En effet, les<br />

métaphores indiquent la séparation à travers les ruines des<br />

jours heureux (v. 2) et mon pauvre amour enseveli (v. 9). Le<br />

champ lexical du départ, composé des termes adieu (v. 21),<br />

sépareront (v. 22) et partez (répété 4 fois, v. 23 et 28), marque<br />

l’éloignement imposé par la femme aimée à Musset.<br />

2. Trois pronoms sont utilisés dans cet extrait :<br />

– je (seul pronom dans la première strophe) renvoie au poète<br />

lui-même ;<br />

– tu (à partir du vers 15) correspond à la femme aimée, George<br />

Sand, l’apostrophe faible femme, orgueilleuse insensée (v. 14)<br />

rappelant leur relation tumultueuse ;<br />

– vous (à partir du vers 21) associe la femme aimée à la<br />

chimère (v. 20).<br />

L’interlocuteur est absent puisque George Sand a quitté<br />

Musset, comme en témoignent les apostrophes à un personnage<br />

féminin absent : ah ! faible femme (v. 14) ou toi que j’ai<br />

tant aimée (v. 35).<br />

mise au Point<br />

3. a. Qui vous perd n’a pas tout perdu (v. 33). Qui est un pro pro-<br />

nom relatif, il est sujet dans cette phrase.<br />

b. Il désigne le poète, la distance ainsi établie doit lui permettre<br />

de faire son deuil de cette relation.<br />

Extrait du Livre du professeur<br />

de <strong>Terres</strong> littéraires 2 de<br />

Cet extrait est incomplet. La totalité des exploitations de cette séquence sera en ligne en mai 2011.<br />

analyse<br />

4. Les champs lexicaux évoquant le poète sont ceux de la<br />

solitude et de la souffrance.<br />

Le champ lexical de la solitude est composé des mots oubli<br />

(v. 6), seul (v. 8), ainsi que loin des yeux du monde (v. 8). Il<br />

est associé à la comparaison comme un plongeur dans une<br />

mer profonde (v. 5) qui accentue l’impression d’isolement.<br />

Le champ lexical de la souffrance correspond aux termes je me<br />

perdais (v .6), je pleurais (v. 8), en pleurant (v. 13) et le mal que<br />

vous m’avez fait (v. 27). La répétition du verbe pleurer à l’im l’im-<br />

parfait et au gérondif montre que la douleur est lancinante.<br />

Le poète apparaît comme meurtri par cette séparation.<br />

5. a. Musset utilise le décasyllabe et l’octosyllabe. Il alterne<br />

ces deux mètres au long de chaque neuvain et fait se suivre<br />

deux décasyllabes avant de finir sa strophe avec un octosyllabe.<br />

Les strophes sont symétriques.<br />

b. Cette hétérométrie souligne le bouleversement du poète.<br />

L’octosyllabe final de chaque strophe crée une rupture marquant<br />

la responsabilité de la femme aimée dans la séparation.<br />

6. a. Les enjambements dans les 3e et 4e strophes mettent<br />

en valeur l’emportement du poète. Par exemple l’enjambement<br />

des vers 21 et 22 : Vous compterez les heures / Qui me<br />

sépareront de vous met en relief le temps : les deux futurs qui<br />

se succèdent apparaissent comme une menace du poète qui<br />

semble dire à la femme aimée qu’elle va regretter son acte.<br />

b. Les types de phrase qui dominent sont des phrases exclamatives<br />

ou injonctives telles que Partez, partez ! (v. 23) et Jetez<br />

au vent notre amour consumée (v. 34).<br />

La véhémence, la colère du poète transparaissent ainsi. La<br />

force de ce sentiment est relayée par les nombreux impératifs<br />

comme emportez (v. 24) ou allez (v. 32).<br />

11


Question de synthèse<br />

7. La femme aimée est présentée comme une femme insensible<br />

qui ne partageait pas l’amour de Musset. La métaphore<br />

du cœur de glace (v. 23) montre à quel point les relations entre<br />

le poète et cette femme sont maintenant hostiles. L’auteur<br />

considère même cette femme comme une orgueilleuse insensée<br />

(v. 14). Il insiste en parlant plus loin d’orgueil satisfait<br />

(v. 24) : cette personnification pointe la vanité de la femme.<br />

Dans le même temps, la femme aimée semble fragile, faible<br />

(v. 14) : sa décision de la séparation ne correspond pas à ses<br />

réactions exprimées par le rythme ternaire du vers 19 : tu languis,<br />

tu souffres, et tu pleures où la gradation montre l’extériorisation<br />

de la tristesse. Le paradoxe est d’ailleurs mis en<br />

relief à la fin de l’extrait par Si tu pars, pourquoi m’aimes-tu ?<br />

Pour aller Plus loin<br />

8. Recherche<br />

a. Ce poème fait référence à la séparation avec George Sand<br />

en mars 1835 :<br />

– rencontre en juin 1833 ;<br />

– début de leur relation le 29 juillet 1833 à Paris ;<br />

– séjour ensemble à Venise en 1834 mais Musset tombe<br />

malade ; Sand devient la maîtresse de son médecin, Pietro<br />

Pagello, en février ;<br />

– Musset, remis, rentre seul en France le 29 mars ;<br />

– Sand rentre à Paris en août, leur liaison reprend en octobre ;<br />

Musset rompt en novembre ;<br />

– la passion se rallume en janvier 1835 pour s’éteindre définitivement<br />

à l’initiative de Sand le 6 mars 1835.<br />

b. D’autres œuvres de Musset s’inspirent de cette période<br />

comme « La Nuit de mai » ➜ ExErcicE 5, p. 203 ou On ne badine<br />

pas avec l’amour, comédie de 1834 où certains considèrent<br />

qu’à travers le personnage de Camille au prénom androgyne,<br />

Musset parle des difficultés de l’amour qu’il vit avec George<br />

Sand. La rupture finale serait alors prémonitoire.<br />

9. Développement rédigé<br />

Dans « La Nuit de mai », Musset écrit : Les plus désespérés sont<br />

les chants les plus beaux. Cette affirmation apparaît comme le<br />

fruit du mouvement culturel auquel il appartient, le romantisme,<br />

avec le « mal du siècle », sorte de spleen auquel tout<br />

homme de l’époque semble condamné. Cette formule peut<br />

s’appliquer à « La Nuit de décembre ».<br />

En effet, la tristesse crée une exaltation chez le poète et<br />

devient une source d’inspiration qui lui permet de créer un<br />

poème très fort pour le lecteur admiratif. L’allitération en [s]<br />

des vers 16 à 18 s’oppose à celle des occlusives pour montrer<br />

le paradoxe entre la délicatesse et la fragilité de la femme<br />

envahie par le chagrin, et la violence du désamour exprimé<br />

par la rupture : « Pourquoi, grand Dieu ! mentir à sa pensée ?<br />

/ Pourquoi ces pleurs, cette gorge oppressée, / Ces sanglots,<br />

si tu n’aimais pas ? » Ce jeu sur les sonorités est permis par<br />

la sensibilité exacerbée du poète.<br />

12<br />

Ensuite, la souffrance de l’écrivain est si intense qu’elle<br />

suscite de l’émoi chez le lecteur qui y reconnaît sa propre<br />

expérience et s’identifie au je du poète. La généralisation<br />

par le pronom relatif dans le vers Qui vous perd n’a pas tout<br />

perdu (v. 33) peut faire penser à l’adage : « Une de perdue,<br />

dix de retrouvées » ! Ainsi, le lecteur se reconnaît dans les<br />

poèmes les plus tristes.<br />

Enfin, le poète cherche la perfection formelle en extériorisant<br />

ses sentiments, il veut retranscrire parfaitement ce qu’il<br />

ressent, ce qui l’amène à utiliser le lexique le plus juste et<br />

la forme la plus rigoureuse. La disposition des rimes en<br />

ABABCDCCD dans chaque neuvain est le signe de la rigueur<br />

que s’impose l’auteur pour mieux faire partager son chagrin,<br />

le lecteur comprend parfaitement les associations de mots<br />

ainsi créées comme, dans le premier neuvain, entre oubli et<br />

enseveli pour mieux marquer la fin de la relation amoureuse<br />

ou entre heureux et cheveux, sachant que la chevelure est un<br />

trait physique récurrent dans la poésie amoureuse. L’accent<br />

est alors mis sur la qualité poétique de l’œuvre.<br />

L’appréciation de la beauté de ce poème porte donc sur l’expression<br />

d’une sensibilité partagée avec le lecteur qui tombe<br />

sous le charme de la perfection formelle.<br />

Prolongement TICE<br />

Lecture d’extraits de La Correspondance de George Sand et<br />

d’Alfred de Musset (1904)<br />

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k114938c/<br />

Activité :<br />

– Scinder la classe en quatre groupes, chacun abordant l’une<br />

des périodes de cette passion tumultueuse.<br />

– Consignes aux binômes de pour chaque groupe :<br />

1. Utilisez la table des matières (menu sous le titre de l’œuvre)<br />

pour accéder à la période qui vous a été attribuée :<br />

I– Paris : 1833<br />

II– Venise : 1834<br />

III– Paris-Baden : 1834<br />

IV– Paris : 1834-1835<br />

2. Analysez l’illustration qui introduit cette période en la<br />

décrivant et en l’interprétant.<br />

➜ p. 433 : L’imagE fixE<br />

3. Lisez au moins deux lettres consécutives.<br />

4. Notez les éléments qui indiquent la situation entre les deux<br />

amants en justifiant par des citations et en précisant les références<br />

(numéros de pages).<br />

5. Préparez une intervention orale pour présenter le fruit de<br />

ce travail.<br />

➜ p. 461 : PrEndrE dEs notEs Et PréParEr un ExPosé.<br />

TL2_prof_8p_sauvergarde.indd 12 14/03/11 19:32<br />

12


D’un texte à l’autre 2<br />

Louise Labé, Sonnets (1555)<br />

Objectif : Mettre Musset en relation avec<br />

un poème de la Renaissance, aux sources<br />

du lyrisme moderne.<br />

Questions<br />

1. Cette relation amoureuse est présentée à travers différentes<br />

étapes. Le premier quatrain évoque la rencontre avec les deux<br />

verbes reconnus et vis (v. 4). Puis Louise Labé aborde l’amour<br />

partagé dans le second quatrain, les adverbes fatalement (v. 5)<br />

et ardentement (v. 8) sonnent comme une obligation par la<br />

richesse de leur rime. Enfin, les deux tercets présentent les<br />

conséquences funestes de cette relation : les mots à connotation<br />

négative l’emportent à partir du vers 11.<br />

2. Une rupture est nettement perceptible au vers 11 grâce à<br />

la conjonction de coordination mais qui, placée en tête de<br />

phrase, indique une opposition. La question rhétorique qui<br />

précède évoquait la continuation de cette histoire d’amour<br />

comme une évidence. D’autre part, dans un sonnet, la forme<br />

sert le sens et les tercets peuvent s’opposer aux quatrains<br />

comme c’est le cas ici.<br />

3. Le sens dominant dans ce récit poétique est la vue, comme<br />

le prouve son champ lexical composé des termes figure (v. 2),<br />

décrite (v. 3), peinture (v. 3), reconnus (v. 4), voyant (v. 5) et<br />

vois (v. 11). Ce sont les verbes de perception qui prédominent,<br />

le verbe voir apparaît à trois reprises avec des valeurs différentes<br />

: il s’agit de la rencontre évoquée au passé simple dans<br />

la proposition subordonnée temporelle quand vis premièrement.<br />

La poétesse insiste sur sa passivité. Le deuxième verbe<br />

est utilisé au participe présent, voyant, synonyme de constater,<br />

tout comme le dernier verbe utilisé au présent, formant un<br />

écho sonore avec je crois (v. 13).<br />

4. La cause de cette relation amoureuse et de son évolution<br />

est la fatalité, vraisemblablement celle d’un mariage arrangé.<br />

Le champ lexical de la prédiction indique que ce mariage<br />

devait avoir lieu sans que le consentement de la femme ait été<br />

demandé. On trouve ainsi les mots prédit (v. 1), Ciel et destins<br />

firent naître (v. 10) et infernaux arrêts (v. 13). Le participe passé<br />

prédit, inversé pour constituer le premier mot du poème, souligne<br />

que la décision a été prise très tôt. Ce mariage est même<br />

forcé comme le montre le verbe forçai (v. 7) qui met en relief<br />

le fait que la poétesse n’a pas d’attirance pour cet homme.<br />

13<br />

5. Dans les quatre derniers vers, l’amour est présenté à travers<br />

une métaphore filée de la tempête : nubileus apprêts, vents<br />

si cruels, horrible orage et naufrage. Le poème revêt alors<br />

une tonalité lyrique : la nature semble refléter l’échec de la<br />

relation amoureuse par l’image du naufrage. L’expression des<br />

sentiments personnels de la poétesse est perceptible par les<br />

adjectifs cruels et horrible (v. 12) renforcés par les adverbes<br />

d’intensité si et tant. La poétesse souffre beaucoup.<br />

Vis-à-Vis : louise labé et musset<br />

6. a. Les deux poètes sont confrontés à une situation similaire<br />

: la fin de leur histoire d’amour.<br />

b. Ils n’expriment pas leurs sentiments de la même manière.<br />

Musset exprime son chagrin avec un sentiment de révolte<br />

contre la femme aimée qui le rejette et qu’il semble écarter<br />

à son tour comme le prouvent les nombreux impératifs tels<br />

que Partez (v. 23 et 28), Allez (v. 32) et Jetez au vent (v. 34)<br />

placés systématiquement en tête de vers. Louise Labé apparaît<br />

comme passive, victime de cet échec. Le modalisateur je crois<br />

(v. 13) montre le doute, l’incertitude quant à l’explication des<br />

difficultés dans son couple. Le dernier vers place sa personne<br />

en pronom complément dans la proposition : les infernaux<br />

arrêts […] m’ourdissaient ce naufrage, mettant en valeur la<br />

fatalité pesant sur son sort.<br />

7. Les références au Ciel et aux divinités ne sont pas utilisées<br />

de la même façon. Chez Musset, les mentions de Dieu, grand<br />

Dieu ! ou Eternel Dieu !, apparaissent comme des interjections<br />

qui accentuent l’agitation du poète. La Nature immortelle<br />

(v. 28) peut apparaître comme une divinité en raison de la<br />

majuscule et de l’adjectif ; on pense alors à dame Nature,<br />

cette force vitale venue de la terre, ou à la déesse grecque,<br />

Gaïa.<br />

Au contraire, Louise Labé donne l’impression que le Ciel<br />

agit vraiment dans son histoire d’amour. D’une part, il est<br />

à l’origine de la relation puisqu’il l’a même engendrée avec<br />

les destins (v. 10) qu’il est possible d’associer aux Moires<br />

grecques ou aux Parques romaines, ces divinités qui tissent<br />

le fil de la vie. D’autre part, la poétesse fait intervenir Hadès,<br />

le dieu des Enfers, grâce à l’expression les infernaux arrêts qui<br />

montre comment la décision de la fin de l’histoire d’amour<br />

est irrévocable et a été prise par une puissance supérieure.<br />

Prolongement : Prendre l’un des deux points de comparaison<br />

(6b ou 7) et rédiger un paragraphe de commentaire comparé,<br />

exercice difficile mais formateur que les élèves pourront<br />

retrouver en Première.<br />

TL2_prof_8p_sauvergarde.indd 13 14/03/11 19:32<br />

13


Analyse d’image<br />

Caspar David Friedrich, Homme et<br />

femme contemplant la lune (1830-1835)<br />

Objectif : Repérer la manière dont le<br />

peintre Caspar David Friedrich met en<br />

valeur des thèmes romantiques.<br />

Première aPProche<br />

1. Les deux personnages forment un couple uni et complice<br />

: la femme appuie son bras droit sur l’épaule gauche<br />

de l’homme ; celui-ci, plus grand et très droit, apparaît ainsi<br />

comme un soutien. Il s’agit sans doute de Caroline Friedrich et<br />

de son époux, le peintre Caspar David Friedrich, représentés<br />

dans une scène d’intimité.<br />

analyse<br />

2. a. Les principales lignes de force encadrent la lune. Ce<br />

cadre est formé par :<br />

– des horizontales : en bas, le sol et les racines d’un chêne ;<br />

en haut, ses longues branches.<br />

– des verticales : à gauche, le couple, debout, et d’autres<br />

arbres, en parallèle ; à droite, le tronc d’un chêne, qui rompt<br />

la symétrie par sa position oblique.<br />

Le couple et le tronc d’arbre apparaissent ainsi comme des<br />

piliers, situés de part et d’autre de la lune.<br />

b. Comme l’indique le titre, les personnages observent la<br />

lune ; leur regard est donc tourné dans sa direction, le point<br />

de fuite central. Ils ont une attitude contemplative et sereine,<br />

soulignée par leur immobilité. Ils s’intègrent parfaitement au<br />

cadre naturel et invitent l’observateur du tableau à regarder<br />

au loin, lui aussi, sans s’arrêter à leurs silhouettes.<br />

3. a. L’arbre, un chêne, semble mort et déraciné. Son tronc<br />

oblique, courbe et moussu, rompt avec la rigide verticalité<br />

des conifères situés en arrière-plan. La forme de ses branches<br />

lui donne un aspect tortueux, propre aux atmosphères<br />

romantiques.<br />

b. La pleine lune, circulaire, est au centre de la composition,<br />

au croisement des deux diagonales du cadre (point de fuite).<br />

On remarque un halo blanc, à sa droite ; les teintes jaunes et<br />

blanches dégagent une lumière intense.<br />

c. La lune et l’arbre remplissent une fonction symbolique :<br />

l’arbre déraciné évoque à la fois la force virile et la mort ; la<br />

lune, quant à elle, suggère les idées de féminité et de résurrection,<br />

puisqu’il s’agit ici d’une source de fécondité.<br />

4. Le tableau se caractérise par un fort contraste entre son<br />

centre lumineux et les éléments qui encadrent le ciel, très<br />

sombres, comme les rochers, le sol, les arbres, le costume<br />

de l’homme, et surtout sa large cape, ou le voile noir de la<br />

femme. Dans cette scène hivernale, le rouge uni de la robe,<br />

en revanche, apporte une teinte chaude à la composition,<br />

14<br />

faisant écho aux tons roux des herbes du premier plan. Les<br />

feuillages des résineux sont en demi-teintes et apportent une<br />

certaine transparence qui contraste avec les blocs obscurs. La<br />

lumière et les tons chauds apportent une image d’harmonie<br />

apaisante.<br />

Question de synthèse<br />

5. La complicité des personnages dans leur contemplation<br />

du rayonnement de la lune rappelle le lyrisme des poètes<br />

romantiques. Ce registre est confirmé par la présence d’éléments<br />

métaphoriques comme la lune, le chêne, une nature<br />

tourmentée et montagneuse en contraste avec la présence<br />

lumineuse du ciel et de l’astre lunaire. La composition du<br />

tableau et le jeu des couleurs, enfin, créent une harmonie<br />

propice à la méditation qui évoque l’univers de Rousseau,<br />

précurseur du romantisme.<br />

Prolongement :<br />

Compléter l’étude de ce tableau par l’audition d’une œuvre<br />

musicale romantique exprimant un lyrisme délicat et tourmenté,<br />

comme le lied pour chant et piano Waldesgespräch,<br />

opus 39 n° 3 de Schumann, sur un poème d’Eichendorff.<br />

Exercices d’approfondissement<br />

reVoir<br />

1. Paysage romantique<br />

1. a. Le vers 2 précise qu’il s’agit du coucher du soleil, thème<br />

récurrent dans la poésie romantique.<br />

b. Ce poème de Lamartine rappelle « Le lac » du même poète<br />

et du même recueil, puisque ce mot apparaît au vers 7. Le soir<br />

évoqué dans « Le lac » (v. 13), fait écho au crépuscule (v. 10)<br />

dans « L’isolement ». En revanche, le pronom personnel sujet<br />

je est très présent dans « L’isolement », alors que ce sont les<br />

pronoms tu et nous qui dominent dans « Le lac ».<br />

2. L’adverbe tristement (v. 2) précise l’état d’âme du poète,<br />

que l’on peut associer à l’image du voyageur (v. 15). Cette<br />

tristesse serait alors synonyme d’errance, d’instabilité, de<br />

quête inassouvie.<br />

3. Le poète jouit de la beauté sauvage du paysage contemplé,<br />

comme l’indiquent les connotations mélioratives du vocabulaire<br />

(ex : monts couronnés au v. 9) et la forte présence de la<br />

lumière exprimée notamment par des métaphores : Et le char<br />

vaporeux de la reine des ombres (v. 11).<br />

Cette beauté est renforcée par la diversité des éléments qui<br />

le composent (montagne ≠ plaine ; bois sombre – lointain<br />

obscur ≠ crépuscule – dernier rayon – étoile ; fleuve, lac...)<br />

et que résume le GN tableau changeant (v. 4). Toutefois,<br />

cette contemplation n’est pas seulement esthétique ; la présence<br />

d’éléments religieux lui confère aussi une dimension<br />

métaphysique.<br />

TL2_prof_8p_sauvergarde.indd 14 14/03/11 19:32<br />

14


4. Le champ lexical de la religion confirme la réponse à la<br />

question 3 : flèche gothique, son religieux, cloche rustique,<br />

saints concerts. La nature est ainsi étroitement liée au divin<br />

(l’église) et à l’humain (le voyageur). La présence d’éléments<br />

visuels et auditifs accentue ici le lyrisme du poème, et se rattache<br />

à l’idéal romantique d’un art total, faisant appel à tous<br />

les sens.<br />

aPProfondir<br />

3. Romantisme et influence<br />

pétrarquiste<br />

1. La première phrase se clôt avec l’allégorie de l’Amour,<br />

que l’on identifie grâce à la majuscule et à l’emploi du verbe<br />

confier qui personnifie ce sentiment. On remarque aussi<br />

une métaphore doublée d’un oxymore dans le GN fardeau<br />

précieux.<br />

2. Le comparant est cette longue expression : le cerf frappé<br />

d’une flèche, [qui] s’enfuit emportant dans son flanc le fer<br />

Fiche 4<br />

15<br />

envenimé, et souffre d’autant plus qu’il s’agite davantage ;<br />

l’outil de comparaison est tel, repris anaphoriquement au<br />

début des deux strophes ; le comparé est : Tel j’emporte au<br />

côté gauche ce trait qui me consume et me charme pourtant.<br />

Le comparé et le comparant sont reliés par le thème de la<br />

blessure, métaphore de la passion amoureuse, puisque le<br />

côté gauche évoque le cœur.<br />

3. L’amour est vécu comme un sentiment contradictoire que<br />

résument les oxymores fardeau précieux, beau joug ou les<br />

antithèses éloigné ≠ rapproché, consume ≠ charme. Cette<br />

vision de la passion amoureuse est empreinte de tragique,<br />

car le poète exprime son impuissance à se délivrer de ce qui<br />

le fait tant souffrir, ce fardeau précieux (…) plusieurs fois et<br />

inutilement secoué, ce que confirme ce paradoxe : mais plus<br />

je m’en éloigne, et plus je m’en trouve rapproché.<br />

La conclusion du sonnet insiste sur ce paradoxe tragique : et<br />

la douleur me fait périr et la fuite m’accable qui rappelle cette<br />

autre formule contradictoire : quand j’ai quitté ces lieux que<br />

je ne puis jamais quitter. La présence et l’absence sont également<br />

insupportables, le poète est donc dans une impasse.<br />

Les registres lyrique et élégiaque<br />

➜ Livre de l’élève, p. 413<br />

Exercices d’application<br />

mettre au Point<br />

1. La poésie lyrique<br />

1. a. Le locuteur de ce texte est le poète lui-même. C’est ce<br />

que montre l’emploi du pronom personnel je (vers 1 et 2),<br />

mais aussi me (v. 3). Le destinataire est la femme aimée, à<br />

laquelle le poète s’adresse à l’aide de la deuxième personne<br />

du singulier avec, par exemple, les adjectifs possessifs tes (v. 1)<br />

et ton (v. 4) ou le pronom personnel objet te (v. 4). On trouve<br />

également l’apostrophe Madame dès le vers 1.<br />

b. Le vers 1 produit un effet de surprise sur le lecteur. En<br />

effet, alors que le poète apostrophe la femme aimée à l’aide<br />

du mot Madame, le locuteur emploie un adjectif possessif de<br />

deuxième personne du singulier qui crée un décalage surprenant<br />

et intimiste.<br />

2. Il s’agit d’un poème lyrique dans lequel le locuteur<br />

évoque ses sentiments amoureux pour la dame de son cœur,<br />

Cassandre. Ses émotions semblent tellement fortes qu’elles<br />

le poussent à envisager de mourir. Si le bonheur d’aimer<br />

est exprimé à l’aide de l’adjectif qualificatif content (v. 2) et<br />

l’expression plus grand honneur (v. 3), il est mis en parallèle<br />

avec l’idée de mort grâce aux verbes trépasser (v. 1) ou rendre<br />

l’âme (v. 4).<br />

Ronsard utilise l’hyperbole, qui amplifie le propos et montre<br />

ainsi la force de ses sentiments. L’hyperbole est employée à<br />

trois reprises dans la strophe : au vers 1, avec trépasse, qui<br />

indique que le locuteur est prêt à mourir pour celle qu’il aime,<br />

tout comme au vers 4 avec l’expression rendre l’âme ; mais<br />

aussi dans l’expression plus grand honneur du monde qui fait<br />

comprendre à quel point ses sentiments rendent le poète fier.<br />

TL2_prof_8p_sauvergarde.indd 15 14/03/11 19:32<br />

15


Fiche 3<br />

Rédiger un paragraphe argumentatif<br />

➜ Livre de l’élève, p. 481<br />

Exercices d’entraînement<br />

écrire<br />

6. Rédiger plusieurs paragraphes<br />

1. Le thème du débat est la différence entre les romans réalistes<br />

et les romans naturalistes.<br />

2. Tableau complété :<br />

Thèse : Le roman réaliste ou naturaliste est une<br />

photographie minutieuse de la société française<br />

de la fin du XIX e siècle.<br />

1 er § Argument 1 : Il promène le lecteur dans le Paris<br />

de cette époque.<br />

Exemple 1 : Les textes naturalistes installent le lecteur<br />

dans une réalité, souvent datée et localisée avec<br />

précisions.<br />

➜ p. 300 : séquEncE 15, tExtE 1<br />

2 e § Argument 2 : Ces romans donnent à voir la société<br />

dans son ensemble ; ils ne s’intéressent pas seulement<br />

à ceux qui ont du pouvoir sur le reste de la société.<br />

Exemple 2 : Le personnage principal de « La Retraite<br />

de M. Bougran » s’inspire des petits fonctionnaires.<br />

➜ p. 307 : séquEncE 15, d’un tExtE à L’autrE 2<br />

3. Exemple de rédaction des deux paragraphes de la thèse :<br />

Le roman réaliste ou naturaliste est une photographie minutieuse<br />

de la société de la fin du XIXe siècle.<br />

Ce type de roman installe le lecteur, souvent dès l’incipit, dans<br />

une réalité datée et localisée avec précisions. Ainsi, Zola ouvre<br />

son premier roman naturaliste intitulé Thérèse Raquin, par<br />

une description de la rue sombre et sordide dans laquelle se<br />

trouve la maison où habite la famille. Zola décrit précisément<br />

les étapes des relations entre Thérèse, son mari, sa bellemère<br />

et son amant. Le changement de point de vue permet<br />

de passer de l’extérieur à l’intérieur. Le point de vue externe<br />

montre une vie simple mais heureuse avec le champ lexical<br />

du bonheur calme : la force de leur union, le visage épais et<br />

souriant de Laurent, de douces et calmes soirées, des paroles<br />

amicales, une égale affection, dans l’air tranquille… où nous<br />

16<br />

Antithèse : Mais des éléments permettent de<br />

différencier précisément les romans naturalistes<br />

et réalistes.<br />

Argument 1 : Les textes naturalistes font appel<br />

à la métaphore et à la personnification pour donner<br />

du sens au récit.<br />

Exemple 1 : Le marteau décrit dans la nouvelle<br />

« Le Forgeron » est personnifié, rendu vivant<br />

(comparaisons et métaphores).<br />

➜ p. 305 : séquEncE 15, tExtE 2<br />

Argument 2 : Les romans naturalistes sont fondés sur<br />

une vision scientifique : l’hérédité permet d’expliquer<br />

l’évolution d’un personnage, d’une famille,<br />

de la société dans son ensemble.<br />

Exemple 2 : La famille des Rougon-Macquart donne<br />

à Zola l’occasion de montrer l’étendue de la nature<br />

humaine.<br />

➜ p. 311 : séquEncE 15, d’un tExtE à L’autrE 3<br />

observons l’importance de l’amitié entre les deux hommes,<br />

le mari et l’amant. La focalisation interne nous donne à lire<br />

les pensées de Thérèse qui exprime sa haine de cette réalité<br />

bourgeoise sans vie marquée par l’antithèse suivante :<br />

elle opposait cette scène brûlante à la scène morte qu’elle<br />

avait sous les yeux. Le narrateur entre dans la conscience de<br />

Thérèse pour bien montrer le jeu des apparences. Et il élargit<br />

son observation de la société.<br />

Les romanciers ne veulent plus en effet se contenter de<br />

montrer la haute société, celle qui a le pouvoir politique ou<br />

économique ; ils veulent donner une photographie de toute<br />

la société y compris les gens du peuple, les ouvriers… C’est<br />

ainsi qu’un personnage de petit fonctionnaire peut devenir<br />

le personnage principal de Huysmans dans « La Retraite de<br />

M. Bougran ». Ce personnage, malgré sa mise à la retraite<br />

TL2_prof_8p_sauvergarde.indd 16 14/03/11 19:32<br />

16


anticipée, ne peut se défaire de son travail, comme si sa personnalité<br />

toute entière en dépendait. Le narrateur le montre<br />

ainsi écrivant une lettre administrative, se remémorant les<br />

termes adéquats mis entre guillemets comme pour en montrer<br />

la supériorité, en tout cas pour M. Bougran, « En réponse à<br />

la lettre que vous avez bien voulu m’adresser, j’ai l’honneur<br />

de vous faire connaître que ». Les pensées, les actions, les<br />

Vers le bac<br />

Le sonnet : une muse<br />

exigeante ?<br />

➜ Livre de l’élève, p. 84<br />

Sujet pour les séries générales<br />

Question<br />

La muse est l’inspiration des poètes, elle leur offre la possibilité<br />

de passer à la postérité grâce à la création d’une œuvre<br />

poétique. La relation qui unit le poète et la muse est aussi<br />

intime que fragile, porteuse d’enthousiasme et d’angoisse.<br />

– Une relation d’intimité créatrice<br />

Atmosphère nocturne et sensuelle chez Du Bellay : au soir<br />

sous la nuit brune (v. 5), les muses lui donnaient de doux plaisirs<br />

(v. 5), et réveil aux côtés de la muse chez Baudelaire (v. 1).<br />

Chez Apollinaire, on observe la symbiose créateur-créature :<br />

le poète créateur et créature de la muse, la muse inspiratrice<br />

et créature du poète.<br />

– Une relation angoissante pour le poète qui est seul lorsque<br />

la muse l’abandonne.<br />

Rupture de la relation : Du Bellay (v. 14), Baudelaire : noyée<br />

(v. 8).<br />

Désespoir et angoisse des poètes face à cet abandon, clamés<br />

dès le vers 1 : Las chez Du Bellay et Hélas chez Baudelaire.<br />

Opposition d’un temps passé florissant à un temps présent<br />

menacé par les cauchemars chez Baudelaire.<br />

– Une relation distante avec le poète qui refuse l’aide de la<br />

muse.<br />

Refus de la muse au profit du travail personnel : répétition<br />

de la première personne du singulier : Je te crée (v. 6), Je suis<br />

soucieux (v. 9) et C’est moi qui l’ai conçue et faite toute entière<br />

(v. 11) chez Apollinaire, et manque d’intimité dans le sonnet de<br />

Extrait du Livre du professeur<br />

de <strong>Terres</strong> littéraires 1 re<br />

17<br />

dialogues mêmes de M. Bougran tournent tous autour de ce<br />

travail et de cette langue administrative qu’il fallait soigner !<br />

4. Si l’on demandait de rédiger à la suite un paragraphe de la<br />

thèse, puis un autre de l’antithèse, le deuxième paragraphe<br />

ouvrirait sur un connecteur comme mais ou en revanche dont<br />

la valeur d’opposition est bien marquée.<br />

Prolongement : Rédiger le devoir complet.<br />

Malherbe, signe d’une préférence pour la maîtrise du vers. Le<br />

poète est artisan plutôt qu’inspiré.<br />

commentaire<br />

1. Un poème élégiaque.<br />

– Implication personnelle du poète dans son texte : première<br />

personne (mon cœur v. 10, de moi v. 9 et v. 14) et interrogations<br />

dans les deux quatrains.<br />

– Souffrance du poète lisible dans le vocabulaire de la douleur<br />

: maux, regrets et m’ennuient (v. 11) et ouverture sur Las.<br />

– Mélancolie liée au sentiment d’abandon et à la perte de<br />

l’inspiration soulignée par le contraste entre l’emploi des<br />

temps du passé et du présent ; l’antithèse entre maître de<br />

soi (v. 10) et serf (v. 11) qui souligne le renversement de la<br />

situation du poète.<br />

2. La création poétique en question.<br />

– Le poète, un élu que la muse choisit pour devenir créateur :<br />

dimension divine du poète dans l’expression divine ardeur<br />

(v. 13). Vide de toute possibilité de créer, le cœur sans élan<br />

créatif lorsque la muse l’abandonne : questions des deux<br />

quatrains.<br />

– Mais la muse paradoxalement ne maîtrise pas le poète,<br />

maître de lui et libre (v. 8 et 10).<br />

– Un désir d’immortalité dissimulé : la fausse modestie, voire<br />

l’ironie, du poète face à son inspiration, a priori disparue,<br />

alors même que le sonnet ouvre tout un recueil de poèmes !<br />

L’immortalité est au cœur de l’écriture de Du Bellay (v. 3 et<br />

12). Du Bellay semble louer indirectement son talent de poète<br />

capable de créer malgré l’absence des muses.<br />

CCL : Dans ce poème au ton élégiaque, le poète regrette le<br />

départ des muses, tout en soulignant paradoxalement qu’il<br />

peut encore créer sans elles. Il affirme sa conception de la<br />

création poétique faite d’inspiration mais surtout de travail<br />

et de talent.<br />

TL2_prof_8p_sauvergarde.indd 17 14/03/11 19:32<br />

17


dissertation<br />

1. Certes la contrainte n’est pas toujours un frein à l’expression<br />

personnelle, elle peut même la favoriser.<br />

– Le rythme imposé, par la longueur ou le nombre de vers, et<br />

la rime offrent une dimension très mélodique au poème qui<br />

le rend plus expressif.<br />

Ex. : L’alexandrin est particulièrement mélodique et permet<br />

une esthétisation de l’expression personnelle comme le v. 11<br />

du sonnet d’Apollinaire qui joue du contraste entre le rythme<br />

binaire et le toi isolé au début du vers.<br />

– La lecture comparée d’un poème écrit sous contrainte et de<br />

sa version en prose souligne que l’expression des sentiments<br />

n’est pas fondamentalement différente, mais résonne plus<br />

efficacement grâce aux répétitions sonores et à la structure<br />

strophique.<br />

Ex. : Baudelaire a écrit de nombreux doublets, des poèmes<br />

sous forme versifiée dans Les Fleurs du mal et leur version<br />

en prose dans Petits Poèmes en prose, notamment « La<br />

Chevelure » et « Un hémisphère dans une chevelure ».<br />

– Le sonnet par sa brièveté permet une expression efficace<br />

des sentiments et utilise avec brio la forme fixe : quatrains /<br />

tercets pour exprimer des sentiments contraires ménageant<br />

un effet de surprise grâce à la pointe.<br />

Ex. : Le sonnet de Baudelaire exprime avec clarté ce conflit<br />

entre le réveil douloureux dans les deux premiers quatrains<br />

et le souvenir nostalgique d’un passé créatif dans les deux<br />

tercets.<br />

2. Mais le poète s’exprime souvent plus librement sans<br />

contrainte formelle.<br />

– La liberté de l’expression permet au poète d’approfondir<br />

et de préciser sa pensée, l’expression est alors plus claire et<br />

souvent plus inventive.<br />

Ex. : Le poème « Clown » d’Henri Michaux livre une vision personnelle<br />

du poète à travers un approfondissement constant<br />

des mots utilisés.<br />

18<br />

– Libéré des contraintes, le poète fait preuve de plus d’inventivité,<br />

ce qui lui permet un choix plus vaste de termes plus<br />

représentatifs de ses sentiments. Il peut ainsi développer et<br />

expliquer avec précision ce qu’il ressent. Ex. : calligrammes.<br />

– Le poème en vers libre permet davantage d’expressivité,<br />

la longueur des vers témoigne alors véritablement de l’empreinte<br />

personnelle du poète.<br />

Ex. : « Non l’amour n’est pas mort » de R. Desnos en vers libre<br />

exprimant avec ferveur son amour.<br />

CCL : Les contraintes formelles font partie de la définition<br />

même de la poésie, comme la libération de l’expression. Si<br />

certains poètes trouvent dans les codes d’écriture une possibilité<br />

de s’exprimer avec talent et virtuosité, d’autres les jugent<br />

trop sclérosants et préfèrent les transgresser pour ouvrir leur<br />

cœur au lecteur.<br />

écriture d’inVention<br />

– Forme : dialogue argumentatif romanesque ou théâtral (le<br />

sujet ne le précise pas) entre deux interlocuteurs. La disposition<br />

du dialogue change en fonction du genre choisi.<br />

– Fond : Opposition de deux interlocuteurs sur la question des<br />

contraintes en poésie.<br />

– Premier interlocuteur : propose des arguments pour affirmer<br />

que la création poétique ne se fait que grâce à l’inspiration,<br />

considérant le poète comme un élu, qui écrit sous la dictée<br />

d’une force divine.<br />

– Deuxième interlocuteur : défend l’idée que la poésie est<br />

au contraire un travail, que le poète est un artisan du verbe.<br />

Critères de réussite :<br />

– Respect de la forme dialoguée.<br />

– Arguments pertinents et illustrés par des exemples précis.<br />

– Valorisation d’éléments relevant de la culture classique :<br />

présence de la muse, étymologie du mot poésie, lecture de<br />

poètes variés…<br />

– Équilibre dans les développements des deux interlocuteurs.<br />

TL2_prof_8p_sauvergarde.indd 18 14/03/11 19:32<br />

18


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