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68 OTTO RÜHLE<br />
tarienne. Les syndicats en Russie étaient tout jeunes et ils<br />
justifiaient l’enthousiasme de Lénine. Toutefois, la situation<br />
était différente dans <strong>le</strong>s autres pays. D’uti<strong>le</strong>s et progressistes<br />
qu’ils étaient à <strong>le</strong>urs débuts, <strong>le</strong>s syndicats s’étaient trans<br />
formés dans <strong>le</strong>s vieux pays capitalistes en obstac<strong>le</strong>s à la<br />
libération des ouvriers. Ils étaient devenus des instruments<br />
de la contrerévolution, et la gauche al<strong>le</strong>mande avait tiré <strong>le</strong>s<br />
conclusions de cette évolution.<br />
Lénine luimême se vit obligé de constater qu’avec <strong>le</strong><br />
temps s’était constituée une couche « d’aristocratie ouvrière<br />
exclusivement corporatiste, arrogante, suppôt de l’impéria<br />
lisme, petitebourgeoise, corrompue et dégénérée » C’est<br />
cette guilde de la corruption, cette direction de gangsters<br />
qui est aujourd’hui à la tête du mouvement syndicaliste<br />
dans <strong>le</strong> monde et vit sur <strong>le</strong> dos des travail<strong>le</strong>urs. C’était<br />
à ce mouvement syndical que se référait l’ultragauche<br />
lorsqu’el<strong>le</strong> demandait aux ouvriers de <strong>le</strong> déserter. Lénine,<br />
cependant, avançait démagogiquement l’exemp<strong>le</strong> du<br />
jeune mouvement syndical russe qui, lui, ne partageait pas<br />
<strong>le</strong>s caractéristiques des vieux syndicats des autres pays.<br />
À partir d’une expérience spécifique, correspondant à une<br />
période donnée et à des circonstances particulières, il esti<br />
mait possib<strong>le</strong> de tirer des conclusions applicab<strong>le</strong>s à l’échel<strong>le</strong><br />
mondia<strong>le</strong>. D’après son argumentation, <strong>le</strong> révolutionnaire<br />
doit toujours être là où se trouvent <strong>le</strong>s masses. Mais où<br />
sontel<strong>le</strong>s réel<strong>le</strong>ment ? Dans <strong>le</strong>s bureaux du syndicat ? Aux<br />
réunions d’adhérents ? Aux rencontres secrètes entre diri<br />
geants syndicaux et représentants du Capital ? Non, <strong>le</strong>s<br />
masses sont dans <strong>le</strong>s usines, sur <strong>le</strong>urs lieux de travail, et