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Dernier tick<strong>et</strong> découvert pour<br />
l’entrée à la modernité : l’horaire<br />
continu. Le suj<strong>et</strong> n’est<br />
pas nouveau, loin s’en faut. Il date du<br />
deuxième gouvernement Youssoufi, en<br />
2000. M’hamed Khalifa qui siégeait<br />
comme ministre de la Fonction publique,<br />
avait bataillé pour l’instauration<br />
d’une journée non stop de travail. Il y<br />
tenait mordicus. Il est vrai que si son<br />
proj<strong>et</strong> avait été avalisé <strong>et</strong> mis en pratique,<br />
son nom y aurait été, à jamais,<br />
associé.<br />
“La loi Khalifa” ; c’est quelque<br />
chose qui compte dans la vie<br />
d’un homme politique. Cela n’a<br />
pas été le cas. Malgré tout le respect<br />
que l’on doit à Abderrahmane<br />
Youssoufi, il n’était pas particulièrement<br />
adepte de ce type de saut de puce<br />
dont il ne contrôlait pas la réception<br />
dès la prise d’élan.<br />
Le suj<strong>et</strong> revient sur le tapis, <strong>et</strong> il semble<br />
que c<strong>et</strong>te fois-ci soit la bonne.<br />
Le 1er juill<strong>et</strong> 2005, le <strong>Maroc</strong> se m<strong>et</strong>tra<br />
à l’heure GMT+1, pour mieux se<br />
rapprocher de l’Europe, qui est à<br />
GMT+2, <strong>et</strong> l’horaire continu entrera<br />
en vigueur. Jusqu’à présent<br />
on parlait d’horaire d’été. Une<br />
fois la torpeur estivale passée, on<br />
revenait au train-train habituel de<br />
quatre déplacements quotidiens.<br />
En septembre 2005, on enchaînera<br />
sur la même lancée, pour au<br />
moins deux années d’expérimentation.<br />
En continu.<br />
Des études de faisabilité, j’allais<br />
dire de viabilité, ont été faites.<br />
Trois scénarii d’amplitudes journalières<br />
ont été envisagés : 8h-<br />
16h, 8h30-16h30 <strong>et</strong> 9h-17h. C’est<br />
possible ; on fonce, nous assure<br />
Mohamed Bousaïd, le ministre<br />
de la Modernisation des secteurs<br />
publics ; il ne reste plus qu’à fai-<br />
re le choix entre l’une de ces trois options.<br />
Dans son intervention devant le<br />
Parlement, le lundi 23 mai 2005, pour<br />
la présentation de son bilan à mi-parcours<br />
de la législature en cours, Driss<br />
J<strong>et</strong>tou, Premier ministre, a abondé dans<br />
le même sens.<br />
Un aller-r<strong>et</strong>our par jour est plus économique<br />
<strong>et</strong> moins fatigant que deux,<br />
en termes de dépenses énergétiques <strong>et</strong><br />
d’énergie physique pour les salariés.<br />
Pas besoin d’être expert en management<br />
pour s’en apercevoir. Chacun sait<br />
qu’il y a plusieurs temps dans la vie. Il<br />
s’agit, dans ce cas d’espèce, de concilier<br />
entre le temps-travail, le temps-social<br />
<strong>et</strong> son corollaire, le temps-scolaire.<br />
Le changement de rythme dans le<br />
premier induit un changement dans le<br />
second. Plus qu’un changement, un<br />
ÉCONOMIE<br />
L’horaire continu revient sur le tapis, <strong>et</strong> il semble que c<strong>et</strong>te fois-ci soit<br />
la bonne. En septembre 2005, on enchaînera sur la même lancée, pour<br />
au moins deux années d’expérimentation.<br />
Travail non stop<br />
L’horloge sociale devra<br />
se m<strong>et</strong>tre au diapason de la<br />
minuterie du travail en continu.<br />
Mohamed Bousaïd.Une mini-révolution dans le mode de vie.<br />
chamboulement ; une mini-révolution<br />
dans le mode de vie. L’horloge sociale<br />
devra se m<strong>et</strong>tre au diapason de la minuterie<br />
du travail. Cela suppose, évidemment,<br />
une logistique tant au niveau<br />
individuel que collectif.<br />
Il n’y a qu’un seul mois de ramadan<br />
par an, que l’on attend <strong>et</strong> que l’on vit<br />
avec ferveur. Pour ne pas faire carême<br />
toute l’année, les salariés <strong>et</strong> les apprenants,<br />
élèves <strong>et</strong> étudiants, ont besoin de<br />
casser la croûte pour recharger<br />
leurs accus. Les restos universi-<br />
taires sont insuffisants <strong>et</strong> les cantines<br />
scolaires quasi-inexistantes.<br />
Comment éviter de livrer nos<br />
chers p<strong>et</strong>ites têtes brunes <strong>et</strong> nos ados, à<br />
une accoutumance à risque aux produits<br />
frelatés ? Sur ce registre, le r<strong>et</strong>ard<br />
est immense. Peut-il être rattrapé de<br />
juill<strong>et</strong> à septembre ? Pour les fonctionnaires,<br />
il est prévu des bons pour des repas<br />
subventionnés avec des lieux de<br />
restauration conventionnés. Il faut juste<br />
espérer que l’opération échappera<br />
aux stigmates habituels d’anarchie<br />
organisée.<br />
Le privé structuré, lui, emboîtera<br />
le pas, avec un empressement<br />
légitiment intéressé<br />
si ce n’est déjà fait. Pour<br />
l’underground <strong>et</strong> l’informel à<br />
ciel ouvert, ce sera comme d’habitude<br />
: une boîte de sardine<br />
chez l’épicier le plus proche.<br />
Quoi qu’il en soit, si l’horaire<br />
continu peut nous faire faire<br />
des économies, tout en stimulant<br />
des secteurs annexes<br />
d’alimentation <strong>et</strong> de temps libre,<br />
alors allons-y gaiement.<br />
Le reste se m<strong>et</strong>tra à niveau de<br />
lui-même, en cours de route.❏<br />
A. Mansour<br />
<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> International N° 655 - Du 3 au 9 Juin 2005 27