Sous-traitance: ces PMI qui se diversifient - Dgcis

ETAT DES LIEUX
CAHIER INDUSTRIES
Les sous-traitants s’engagent
dans la diversification
Pour se développer, les entreprises
sous-traitantes, à l’exemple de celles du
secteur armement-aéronautique, mettent
en œuvre des projets de diversification.
Le secrétariat d’Etat à l’Industrie encou-
rage ces initiatives.
La reconversion des industries de l’armementaéronautique
a ramené les stratégies de diversification
sur le devant de la scène économique.
Elles connaissent, aujourd’hui, un
regain d’intérêt auprès des entreprises de la sous-traitance
industrielle de tous les secteurs. « Beaucoup de
sous-traitants de l’industrie n’interviennent
que dans un nombre limité
de secteurs et ne travaillent qu’avec
quelques donneurs d’ordre, explique
Pierre Mis, chargé du développement
des entreprises au secrétariat
d’Etat à l’Industrie. Près d’un sur
deux réalise 50 % de son chiffre d’affaires
avec ses trois premiers clients.
Ils sont en situation de forte dépendance
et donc de risque. La diversification
sectorielle est l’un des
moyens de limiter ce risque. »
L’exemple type est celui des soustraitants
des industries de défense
qui, opérant sur un marché en récession, sont
contraints à trouver de nouvelles voies de développement.
Comme Espa, ce sous-traitant de l’aéronautique
de la région Centre, qui ne doit son salut qu’au
redéploiement de ses activités vers le secteur des
transports (lire page 18). « Même si une entreprise excelle
dans son domaine, affirme le responsable du
développement des entreprises au secrétariat d’Etat
à l’Industrie, un jour ou l’autre, elle se trouve obligée
de s’orienter vers de nouveaux marchés, d’élargir son
portefeuille de clients ou de trouver pour ses produits
des débouchés à l’export. »
Les stratégies de diversification se sont beaucoup développées
dans les années 70-80 mais nombreuses ont
été les entreprises à reculer devant la difficulté de
gérer plusieurs champs d’activité. Pourtant, survie,
pérennité, croissance, compétitivité... les apports de
la diversification sont multiples. Encore faut-il choisir
la bonne technique. Se diversifier consiste, souvent,
à aborder de nouveaux secteurs d’activité n’appartenant
pas à sa filière économique d’origine. Certaines
stratégies entraînent ainsi les entreprises vers des domaines
sans lien aucun avec leurs activités premières.
La plupart du temps, les entreprises se diversifient
vers des secteurs utilisant les mêmes technologies
Atelier d’Espa,
fabricant de colliers
de serrage, près
d’Orléans.
que leur activité de départ, ou qui passent par les
mêmes circuits de distribution. Si le fabricant d’enseignes
Soplami s’est lancé dans la fabrication d’équipements
pour la publicité sur les lieux de ventes,
c’est en raison des synergies qui existent entre les
deux domaines (lire page 23).
Les opérations de diversification peuvent s’effectuer
par croissance externe ou interne. Dans le premier cas,
l’entreprise rachète tout simplement une société opérant
dans le secteur d’activité visé. Dans le second, elle
investit directement sur le marché souhaité et s’y implante
par elle-même. Dubuis SA, sous-traitant en
mécanique, s’est ainsi développé dans les machines
d’usinage électrochimique en concevant et en commercialisant
sa propre gamme de produits (lire
page 21).
Pour accompagner les PMI dans cette voie, le secrétariat
d’Etat à l’Industrie publie un Guide de diversification
pour les PMI sous-traitantes
(voir page 15). « La diversification est
une démarche stratégique qui engage
fortement l’avenir de la société, indique
le guide. Elle doit être préparée et réalisée
en respectant certaines règles et
en suivant une méthode précise. » La
diffusion de cet ouvrage sera relayée,
dans les régions, par des actions de
terrain (diagnostics, formations, opérations
collectives), en collaboration
avec les acteurs économiques locaux.
Certaines d’entre elles, type Ares, en
région Centre, sont en cours. D’après
une étude du Sessi, plus de la moitié
des entreprises industrielles de plus de 20 personnes
réalisent leurs activités dans le cadre de la sous-traitance
et ceci pour un montant de 552 milliards de
francs, correspondant à 21 % du chiffre d’affaires de
l’industrie manufacturière.
L. A.-G.
KONVER AU SECOURS DES SOUS-
TRAITANTS DE L’ARMEMENT
Dotée d’un budget de 3 335 millions de francs
(prélevés sur les fonds Feder et le Fonds social
européen), pour la période 1994-1997, l’initiative
communautaire Konver a pour objectif d’aider les entreprises
européennes touchées par la récession de la filière armement
à se reconvertir vers les marchés civils. La France bénéficie,
pour sa part, de 466 millions de francs (14 %) répartis entre
17 bassins industriels répondant aux critères d’éligibilité
du programme. Ces crédits, auxquels viennent s’ajouter ceux
de l’Etat et des acteurs économiques locaux, permettent
de financer dans les « régions » concernées plusieurs
types d’actions : conseils, audit, formation, constitution
de groupements locaux d’entreprises et de partenariat,
reconversion d’entreprises, diversification, etc.
Contact : Drire.
PAGE 14 NOVEMBRE 1997 - INDUSTRIES • N°32 •
G. DONATI