Sous-traitance: ces PMI qui se diversifient - Dgcis

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ACTION RÉGIONALE CAHIER INDUSTRIES ESPA Adaptation ciblée de son savoir-faire Dépendant de deux donneurs d’ordres, le fabricant du Loiret a bénéficié du dispositif Ares. Il s’est s’engagé, avec succès, dans un nouveau mode de production. Sans la diversification, nous aurions disparu. » Marc Dolez, directeur des établissements Espa (Equipements spéciaux pour l’aéronautique) sait qu’il revient de loin. En 1989, ce fabricant de colliers de serrage pour le transport des fluides, installé à Fleury-les-Aubray dans la banlieue d’Orléans, réalisait encore 90 % de son chiffre d’affaires avec l’aéronautique et l’armement. Aujourd’hui, ces deux secteurs représentent moins de 70 % de son activité. Et l’organisation de son entreprise de 150 salariés a dû être entièrement repensée. D’une culture artisanale fondée sur la qualité, Espa a évolué vers un mode de production plus rationnel, vers la conception assistée par ordinateur et les flux tendus. « Nous sommes désormais capables d’offrir à nos clients des délais de production de huit jours au lieu de douze semaines, et nous proposons certaines pièces de tuyauterie à 70 francs au lieu de 300 francs », se félicite Marc Dolez. Comme une cinquantaine d’entreprises de la région Centre, Espa a bénéficié de l’opération Ares née en 1994 (lire entretien page 17). D. R. Un des facteurs de réussite d’Espa : la pratique de divers métiers, de la soudure aux profilés caoutchoucs. Espa a ainsi été conseillé par le cabinet Ilsys. « Le consultant nous a aidé à formaliser nos problèmes d’organisation par rapport aux exigences de nos nouveaux clients », reconnaît Marc Dolez. En effet, dès 1990, l’entreprise du Loiret commence à se diversifier dans le domaine des transports. Elle réalise son premier contrat avec les chantiers du TGV transmanche, dont elle équipe aujourd’hui 80 % des tuyauteries, colliers et raccords. Depuis, Espa travaille pour de grands constructeurs de poids lourds comme Renault Véhicules Industries, BMW et DAF. Plusieurs facteurs expliquent la réussite de sa diversification. D’abord, le choix de nouveaux clients dans un secteur bien ciblé, celui des véhicules lourds, moins risqué que le domaine trop particulier des véhicules de tourisme. Ensuite, une certaine habitude de la qualité, du contrôle de la qualité et de la sécurité des pièces, via des certifications du type Référentiel armement qualité (Raq), propre au secteur de l’armement. Enfin, la pratique de Secteurs traditionnels ■ aéronautique ■ armement Diversification ■ transports ■ construction automobile (poids lourds) métiers différents : emboutissage, décolletage, soudure, profilés caoutchoucs. Restait cependant à rationaliser tous ces savoir-faire, en les isolant, pour être capable de produire des petites série à des coûts compétitifs. La production en ligne a ainsi nécessité la construction d’une surface supplémentaire de 2 000 m 2 . Et l’adaptation du personnel à ce nouveau mode de production a entraîné la multiplication par quatre (1 million de francs actuellement) du budget de formation. Le cas d’Espa n’est pas isolé en région Centre. Comme beaucoup de sous- traitants dépendants quasi exclusivement de la défense et de l’aéronautique, cette PMI a préféré réagir plutôt que d’être aspirée par la chute des commandes. Phillipe Girard, délégué régional aux restructurations de la défense auprès du préfet de région, constate, paradoxalement, que « les entreprises très dépendantes ont été, en moyenne, plus performantes que les autres dans leurs opérations de diversification ». G. Le G. PAGE 18 NOVEMBRE 1997 - INDUSTRIES • N°32 • G. DONATI
REPORTAGE De l’armement, comme tremplin, à l’automobile, l’entreprise a su s’adapter pour répondre aux exigences de la production. Sur sa lancée, Axon câble vise d’autres secteurs dans son cœur de métier. En travaillant pour le secteur militaire, nous avons acquis un savoir-faire que nous pouvons maintenant mettre à profit pour d’autre activités », constate Christian Roux, responsable de l’équipe commerciale d’Axon’câble. Cette PME de 400 personnes spécialisée dans la fabrication de câbles électriques, a, en effet, acquis ses lettres de noblesse dans la production des équipements de liaisons d’interconnexion de haute technologie pour l’avionique et le militaire. Ces activités représentent, aujourd’hui encore, près de 25 % de son chiffre d’affaires. Mais la réduction constante des budgets militaires a incité cette entreprise de Montmirail, dans la Marne, à rechercher de nouveaux débouchés en adaptant son savoir-faire et son outil de production à des marchés en développement. « Il y a environ quatre ans, à l’occasion d’une présentation organisée par la Délégation générale de l’armement sur l’évolution des technologies utilisées par les équipementiers automobiles, nous nous sommes rendu compte que nous avions notre place sur ce marché, rappelle Christian Roux. Le secteur de l’automobile monte en gamme, de jour en jour, et a besoin de câbles de plus en plus performants avec une grande fiabilité des connexions », indique-t-il. Axon’câble décide alors de se positionner sur ce marché mais l’entreprise doit surmonter deux principaux obstacles. « Il a fallu se faire connaître auprès des constructeurs et adapter notre procédé de fabrication pour devenir de vrais industriels, reconnaît le responsable commercial. Nous avions déjà la qualité mais nous éprouvions encore des difficultés à faire face à des exigences de volume. » Une première expérience de diversification avait déjà été menée avec succès. Les câbles plats à conducteurs plats, développés à l’origine pour une application dans les missiles, avaient, en effet, trouvé des débouchés dans du matériel audio-vidéo. « Nous avons proposé ce produit aux constructeurs automobiles pour équiper leurs systèmes air-bag, explique Chris- Secteurs traditionnels ■ avionique ■ armement Diversification ■ automobile ■ Projet dans les télécommunications CAHIER INDUSTRIES Axon’câble Miser sur ses atouts et choisir des créneaux porteurs Axon câbles réalise aujourd’hui 40 % de ses ventes à l’international : Union européenne, Etats-Unis et Asie, contre 20 % en 1985. tian Roux. Nous possédions déjà un important outil industriel pour cette production, ce qui nous a permis d’assurer très rapidement aux constructeurs une production de masse. » Chiffre d’affaires de 208 MF Aujourd’hui, Axon’câble ne réalise que 5 % de son chiffre d’affaires dans l’automobile mais l’entreprise est optimiste pour les années à venir car elle enregistre une progression rapide dans ce secteur. Elle met en place des structures à la mesure de ses projets. Elle a ainsi créé des pôles de compétence compre- nant une quinzaine de personnes représentant toute la chaîne de conception et de fabrication (recherche et développement, procédé, plasturgie et qualité) en collaboration avec un commercial. L’entreprise a également réalisé d’énormes efforts en matière d’investissement : environ 10 millions de francs ont ainsi été consacrés à la mise au point de nouveaux automatismes et à l’acquisition de machines permettant de réaliser des surmoules. Elle a également racheté des PME spécialisées dans des activités complémentaires à la sienne (terminaison de câbles, entre autres). Selon les vœux du responsable commercial, le retour sur investissement devrait intervenir dans les trois ou quatre ans. Pour répondre à ses ambitions, Axon’câble compte également s’appuyer sur sa solide implantation sur le marché international. Environ 40 % de ses ventes s’effectuent aujourd’hui avec l’Union européenne, les Etats-Unis et l’Asie (contre seulement 20 % en 1985). Mais cette PME, dont le chiffre d’affaires a atteint les 208 millions de francs l’année dernière, a déjà d’autres projets en tête. Les cordons hyperfréquence, mis au point pour des applications radars, semblent offrir des débouchés sur le marché des stations de base. Les télécommunications pourraient d’ailleurs constituer un secteur prometteur pour ce spécialiste des câbles de haute technologie. « Nous sommes très attentifs à ce secteur comme nous le sommes dans le domaine de l’espace », conclut le responsable commercial de l’entreprise. N. R. PAGE 20 NOVEMBRE 1997 - INDUSTRIES • N°32 • D. R.
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