TerraModana n°89

Cheminer à la lampe frontale pour
atteindre au bout de plusieurs heures
un lac d’altitude aux eaux turquoise.
S’installer sous les premiers rayons du
soleil, déballer son matériel et enfin
effectuer son premier lancer : la pêche
en montagne se mérite. Mais quel plaisir
pour les amateurs de grands
espaces et de sérénité.
En Terra Modana, plusieurs lacs d’altitude
sont ouverts aux détenteurs de
carte et de permis de pêche. On distingue
les retenues EDF (Bissorte, Plan
d’Amont et Plan d’Aval) et les lacs
naturels (lac de Bataillère au-dessus
de Bissorte, lac de Fréjus à Modane,
lacs Marguerite près du refuge du
Thabor, lacs sur la crête des Sarrasins,
lac de la Partie...).
Les lacs de barrage offrent un milieu
très particulier. A cause des variations
importantes d’eau, la reproduction des
poissons est pratiquement inexistante.
Par contre, leur nourriture est souvent
abondante et les prises de belles
pièces ne sont pas rares. De plus, ces
retenues d’eau sont plus facilement
accessibles en voiture. Pour les amateurs
qui ont peu de temps ou qui ne
veulent pas trop marcher, ils offrent
des destinations intéressantes. Début
juin, lors de l’ouverture de la pêche, on
observe d’ailleurs de véritables petits
villages de tentes sur les rives de ces
lacs, comme à Bissorte. Les pêcheurs
se retrouvent alors dans la convivialité
avant de tenter les premières prises
une demi-heure avant le lever du
soleil.
Quant aux lacs “naturels”, ils sont pour
la plupart issus des glaciers et n’ont
jamais été en contact avec les cours
d’eau poissonneux. C’est donc l’homme
qui a introduit truites et autres ombles
dans ces lacs. Ainsi, au début du XIX ème
siècle, on apportait des poissons dans
ces lacs d’altitude. L’objectif était alors
de contenir des carences alimentaires
(iode et oligo-éléments) afin de nourrir
les bergers locaux.
Truites transportées
à dos d’homme
Cinq espèces de salmonidés sont représentées
dans nos lacs : les truites fario
et arc-en-ciel, l'omble chevalier, le cristivomer
(omble du Canada) et le saumon
de fontaine. On note également la
présence du vairon liée à la pêche au
vif. Seuls le cristivomer et l'omble chevalier
parviennent vraiment à se reproduire.
La plupart des truites sont introduites
sous forme d’alvins ou de jeunes
d’une dizaine de centimètres. Les sociétés
de pêche organisent des lâchers fin
août-début septembre. Pour cela, des
hélicoptères sont utilisés pour atteindre
les lacs d’altitude. Les alvins sont ensuite
parfois transportés à dos d’hommes
dans des sacs en plastique gonflés
La pêche
côté lac
Septembre est le mois attendu
par tous les chasseurs pour
ressortir le fusil.
Pour les pêcheurs, ce sont au
contraire les dernières
semaines pour “tremper du fil”.
Terra Modana offre notamment
de très beaux plans d’eau pour la
pêche en lac d’altitude.
d’eau et d’oxygène. Un dur labeur
nécessaire car la pêche est un véritable
produit touristique dont le développement
fait partie des missions de la
Fédération de Savoie pour la Pêche et la
Protection du Milieu Aquatique comme
le rappelle son président modanais
Gérard Guillaud. Une fédération qui étudie
également le milieu aquatique,
notamment les lacs de très haute altitude,
en collaboration avec des scientifiques.
Le tourisme de pêche s’articule
autour des ventes de cartes (après une
excellente année 2009, la saison 2010
s’annonce bonne), de l’hébergement,
de la qualité des cours d’eau et des parcours
et, évidemment, de la quantité de
poissons.
Le poisson ?
La cerise sur le gâteau !
A Plan d’Amont, Plan d’Aval (et au Mont
Cenis), des truites sont même lâchées à
taille adulte pour faire face à la pression
exercée par les centaines de pêcheurs
qui viennent parfois de fort loin pour
assouvir leur passion en Terra Modana.
Nourries aux granulés, elles se jettent
souvent sur le premier appât venu.
« C’est pour cela que la pêche en lac
d’altitude est un peu moins intéressante.
Ces truites d’élevages sont beaucoup
moins méfiantes que dans les torrents
» explique André, un pêcheur de
Chambéry qui vient depuis des dizaines
d’années à Plan d’Amont. Un point de
vue à nuancer car certaines truites survivent
plusieurs années dans les lacs.
Retournant à l’état “sauvage”, elles
atteignent parfois presque 1m de long
selon André Gilles, guide de pêche qui
tient le magasin “Au fil de l’eau” à
Modane.
La pêche en lac se pratique le plus souvent
à la cuillère, au bouchon, à la bombette
ou au vif. Certains n’imaginent
pas repartir sans avoir leur quota de six
poissons par jour, mais, pour la plupart,
cette pratique reste un moment de
détente à partager en famille ou entre
amis. « On passe plus de temps à discuter
et à refaire le monde avec les
copains qu’à regarder le bouchon » glisse
André avant d’ajouter : « c’est une
pêche tranquille pour laquelle ce qui
compte est aussi de profiter de la randonnée
d’accès au lac, du cadre et d’un
moment de détente. Le poisson n’est
que la cerise sur le gâteau. » C’est également
souvent une pêche d’initiation
pendant laquelle un père part en randonnée
et profite d’un lac et d’un cadre
enchanteur pour faire découvrir à ses
enfants l’art de taquiner la truite. Un
moment de détente, de patience et de
plaisir à partager jusqu’au 10 octobre,
date de fermeture de la pêche cette
année.
J.C et L.S.
Cinq espèces de salmonidés sont représentées dans nos lacs : les truites fario et arc-en-ciel, l'omble chevalier, le cristivomer (omble du Canada) et le saumon de fontaine. Le lac de la
Partie (photo du centre) bénéficie d’un repeuplement de soutien en alevins de truites fario (photo de droite).
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