Lebensraum - Journal César

César • N°310 Octobre 2012
Le neuf n’a pas d’âge
Prenons les aînés, les chorégraphes confirmés - ce
qui ne veut pas dire qu’on les voie suffisamment.
Mathilde Monnier, rarement programmée à
Marseille (même si le GMEM et Actoral l’ont fait)
redonne à Arles, après les festivals d’été, cette
pièce des années 80, Pudique acide/Extasis, dont
on vous a dit toute la puissance fragile, l’insolent
soufflet de jeunesse. Elle la dansait avec son
coauteur, Jean-François Duroure, tous deux l’ont
transmise à deux jeunes danseurs. L’héritage
est superbe pour le public également : celuici
découvre la vitalité de cette danse française
des années 80 qui inventait, entre abstraction
américaine et expressionnisme allemand, une
forme de gémellité transgenre dans un cabaret
punk mais atemporel. Georges Appaix reprend
avec son compère Jean-Paul Bourel cet objet non
assignable, hors catégories qu’est Torgnoles. Le
titre emprunte aux gifles des Max Brothers ou de
Buster Keaton et il y a bien un peu de l’humour
slapstick dans ce duo décalé qui se renvoie la
balle à travers quelques figures anthropologiques
occitanes (les fringues olé ou la corrida) ; Mais les
surprises de la langue et l’invention rythmique
constante, entre accrochages et ricochets sont
au pur présent. C’est dur et doux, c’est incongru
et surprenant, c’est délicieux !
Au Sud et à l’Est, d’autres rives
L’axe méditerranéen fait place d’abord à deux
pièces Libanaises, nées de ces Miniatures que
L’Officina soutient et développe. Entre temps
de Khouloud Yassine installe l’harmonie d’une
danseuse accordée à deux musiciens, dans
le calme et la simplicité du moment. Danya
Hammoud, qui se forma en France et vit à
Beyrouth, achève donc Mahalli. « Son territoire est
son corps. Elle habite ici. Sa danse ne triche pas »
affirme Dansem... Ses photos, en tout cas, parlent
ainsi. L’Israélienne Iris Erez sait ce dont elle
parle, quand elle se demande comment définir
et partager avec l’autre un habitat commun,
comment marquer le territoire privé et collectif.
Homesick ou comment se sentir à la maison
quand tout est fragile, que l’intime et le politique
se mêlent et s’emmêlent... Le croate Matija
Ferlin est un drôle de professeur qui s’appelle
pourtant Sad Sam, s’obstine à faire la classe à
des objets inanimés, comme si une interminable
enfance pouvait arrêter le temps ou percevoir
plus précisément le monde. Ce solo en anglais,
nourri du formalisme de Srecko Kosovel -poète
slovène mort en 1926 -, ouvre également un
projet Cercle de Craie que développera Dansem
en ramenant ici les performances de cette
Méditerranée-Adriatique des Balkans.
D’ici et maintenant
Dansem accompagne aussi les chorégraphes
qui vivent ici, comme Manon Avram et Thierry
Escarmant. Dans Qu’avez-vous vu ?, ils dévoilent
un monde chaotique mais rassurant. Ah bon ?
Oui, le corps actif, son silence et sa vitalité peut
être un bon véhicule pour voyager entre matières
sonores, mouvements et mots. Quand à Montaine
Chevalier, tous ceux qui aiment la délicatesse un
peu énigmatique, l’aisance précise et simple de
DANSE 17
Les rives méditerranéennes du festival Dansem
Quand arrive Dansem, c’est signe que l’automne avance, à la méditerranéenne sans doute, avec de beaux apéritifs en perspective et
la brute douceur de la Mare Nostrum. L’esprit Dansem, c’est d’ouvrir à la navigation les cultures du Sud, de confronter les formes des
artistes, qu’ils soient jeunes, confirmés, célèbres ou méconnus. C’est encore de le faire entre Arles, Aix en Provence et Marseille,
dans une dispersion des lieux qui favorise la multiplication des publics et qui révèle la constance de partenariats bien compris. La
crise pousse plus que jamais à la coproduction ou coréalisation des œuvres mais ici l’équation économique fait part égale avec des
programmations partagées, choisies, revendiquées par chaque structure.
Georges Appaix © Eve Zheim
M. Monnier et JF. Duroure ©Marc Coudrais
Meike Lindek © D. Hammoud
cette fine fée iront voir sa création D’assise. Entre
jeux de mots, de gestes ou d’objets, Montaine
glisse aussi sa question : comment joindre les
deux bouts ? C’est elle d’ailleurs qui ouvrira
le 7/12, avec Geneviève Sorin et après une
soirée-surprise et musicale avec Thierry Baë et
ses invités, le choix des Bernardines. Geneviève
aura déjà initié le 27 novembre sa nouvelle
série d’interventions, de rencontres en des lieux
publics Hep ! ... Garçon !. Elle rejoue la donne
au théâtre, persuadée que la rencontre ménage
rapprochements et oppositions, jeux de limites et
de porosité entre les corps et les espaces, entre
le banal et l’extraordinaire. Et ce sont Carol Vanni
et Alain Fourneau, qui cloront le bal avec leur
nouveau feuilleton complice, Rencontres avec
Bram van Velde, une approche discrète et dansée
des propos d’un peintre peu disert.
Ouf, nous avons du pain sur la planche,
bien parfumé, avec ces tapas ou mezze
chorégraphiques en Provence. A déguster sans
aucune modération.
Christine rodès
[Marseille | Dansem | Divers lieux | 13/11 < 8/12 |
www.dansem.org]
En partenariat avec le Théâtre des Bernardines,
le Théâtre de Lenche, le Théâtre de la Minoterie,
Marseille objectif DansE, les Rencontres
d’Averroes, Système Friche Théâtre à Marseille ;
le 3 bis F à Aix-en-Provence ; Le Théâtre d’Arles,
en Arles.
CinE JazZ
et Concert
Le vendredi
16 novembre
2012 à 20h
Films et diaporama
produits par le
Club JazzTrium
première saison
2010-2011
+
Concert
avec le groupe
«Duo de guitares»
(Nico et Jeff)
Entrée : 7€
JazzTrium, 23 Rond-point des Arènes 13200 Arles Réservation : 04 90 54 12 05