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The Truman Show

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Enfin, le choix de Jim Carrey s’est avéré pour le moins judicieux : ses mimiques sont<br />

rares et utilisées à bon escient (le plan final, ou les plans dans la glace) et sa caractérisation à<br />

la fois infantile (vêtements, couleurs, qui permettent au critique de Télérama de le situer entre<br />

Oui-Oui et Forrest Gump) et terriblement lucide au fur et à mesure de sa prise de conscience<br />

permet une grande crédibilité du personnage. On imagine alors la difficulté de la rupture avec<br />

son monde, qui peut s’avérer très dangereuse : symboliquement, lors de sa tentative de fuite<br />

en voiture, il n’attache pas sa ceinture ; et à l’inverse, il s’attache à son bateau, seule<br />

possibilité de fuite.<br />

Film « diabolique » (dixit Télérama, on ne se refait pas!) donc ? La réponse est, une fois de<br />

plus, complexe. Le personnage de Cristof (joué par un génial Ed Harris, dont la carrière<br />

devient de plus en plus intéressante) donne peut-être la meilleure clef : on pourra objecter au<br />

critique de Positif qu’il n’est peut-être pas « le mauvais génie archétypal »... Certes, il est<br />

habillé de noir lors de son travail, mais un plan superbe le montre sans son costume, avec une<br />

serviette, touchant quasi amoureusement l’image de sa créature – son fils (d’ailleurs adopté<br />

officiellement par la production, dixit la bande-annonce du <strong>Truman</strong> show).<br />

Docteur Frankenstein des médias, il veut le bonheur parfait de son fils et des<br />

spectateurs. Il ne refuse pas la contradiction (il dialogue en direct avec Lauren/ Sylvia), mais<br />

persiste à penser que « c’est le monde dans lequel vous vivez qui est monstrueux. Seaheaven,<br />

c’est le monde tel qu’il devait être ».<br />

On imagine tout ce qu’on peut tirer avec les élèves sur ce point. Un cinéaste nous force par sa<br />

mise en scène à vous poser la question du choix entre sécurité, liberté, et illusions du monde<br />

réel. Le monde tel qu’il est, ou tel qu’il devrait être ? Vaste programme, source d’inspiration<br />

artistique depuis l’Antiquité.<br />

4) Un film visionnaire<br />

Visionnaire, dans les deux sens du terme : il offre une vision, un point de vue sur la téléréalité<br />

et la société ; mais aussi prémonitoire : c’est déjà un « vieux » film pour les élèves<br />

(pensez-donc : 6 ans !), sorti à une époque où la télé-réalité était encore en gestation en<br />

France.<br />

Star Story, Loft Academy, le chantier de Koh-Lanta, l’île de mon choix, le pensionnat de la<br />

tentation… La télévision française déborde aujourd’hui de productions de télé-réalité. Après<br />

la vision du “<strong>Truman</strong> <strong>Show</strong>”, on se rend bien compte qu’accoler “réalité” à ce genre de<br />

production est tout simplement obscène. Rien de moins réel que ces vraies fictions formatées,<br />

organisées dans un but exclusivement d’audience, donc de commerce (voir la première page<br />

de ce dossier).<br />

En réalité (!), le film de P.Weir, et surtout les réactions qu’il a provoquées, semblent<br />

maintenant préhistoriques : qu’on en juge en lisant les critiques de 1998 proposées en annexe.<br />

Si, à l’époque, le phénomène était déjà présent aux Etats-Unis, il n’était qu’embryonnaire en<br />

France (l’étonnement du critique de Positif, ne comprenant pas qu’on puisse suivre la vie<br />

d’une étudiante via la Webcam en dit déjà assez long). Certes, « Psyshow » et autres<br />

émissions des années 80/90 avaient montré la voie, mais c’est Loft Story qui a marqué le<br />

début massif de la télé-réalité à la française (qu’on se rappelle les innombrables discussions à<br />

tous les niveaux lors de la première saison !).<br />

De ce point de vue, le film de Peter Weir est historique : il donnait à voir, par la fiction, un<br />

exemple pas si extrême que cela, et d’une certaine manière encore limité, de la trop fameuse<br />

télé-réalité.<br />

Première limite, le sexe. Il est totalement absent du film, et le réalisateur prend bien<br />

soin, via les gardiens de parking, d’indiquer que le show ne montre jamais les relations<br />

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