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The Truman Show

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À partir de cet exemple, il est donc facile de montrer aux élèves que le processus de<br />

création cinématographique est complexe, collectif, et dépendant de logiques à la fois<br />

artistiques (la spécificité de chaque créateur) et économiques (la nécessité de rentabiliser un<br />

film somme toute assez coûteux bien que privé, par souci artistique, d’effets spéciaux<br />

spectaculaires)<br />

2) références et mises en abîme<br />

<strong>The</strong> <strong>Truman</strong> <strong>Show</strong> est truffé de références et de clins d’œil au spectateur, pour peu qu’il y<br />

prête un peu d’attention :<br />

- le choix des mots<br />

Commençons par le personnage principal : <strong>Truman</strong> (True-Man, l’homme vrai) Burbank<br />

(nom du lieu des Studios Disney). Il concentre donc par son identité la contradiction entre<br />

réalité et illusion. Est-il réel en dehors de son rôle fictionnel… ou son rôle inconscient<br />

constitue-t-il la réalité de <strong>Truman</strong> ?<br />

Continuons avec Cristof (le porteur du Christ). On notera d’abord qu’il est le seul sans<br />

patronyme, comme s’il était en dehors du monde des hommes (Osiris, Yahvé ou Allah n’ont<br />

pas d’autre élément d’identité !). Il « porte » donc <strong>Truman</strong>, sorte de démiurge céleste (voir sa<br />

position dans le dôme) omnipotent commandant aux hommes, aux machines et même aux<br />

éléments (soleil, vent, et surtout foudre, symbole ô combien divin)<br />

Le lieu, par définition unique, c’est Seahaven, le « havre », donc le refuge, le havre de mer<br />

et de paix : inutile de s’appesantir plus sur le choix du terme. Enfin, le nom du bateau qui<br />

permet à <strong>Truman</strong> de « sortir du havre » : Santa Maria, comme le navire amiral de Christophe<br />

(!) Colomb, qui, lui aussi explore et découvre la réalité du monde.<br />

- Les références : on s’en doute, elles sont avant tout cinématographiques et picturales.<br />

À Seahaven, il existe une « Bogart Avenue », et l’entrée du lotissement de <strong>Truman</strong><br />

(portail monumental avec la devise « un pour tous, tous pour un ») fait automatiquement<br />

penser à l’entrée des studios hollywoodiens et à la devise de M.G.M. ( « Ars Gratia Artis »).<br />

Les vêtements, les décors – en grande partie naturels, rappelons-le ! – font référence aux<br />

sitcom mièvres produits à la chaîne par les studios américains et européens. Mais d’un autre<br />

côté, l’accumulation de ces signes vestimentaires et architecturaux, par les choix de mise en<br />

scène qu’on verra plus loin, « tire » l’image vers quelque chose de plus inquiétant. On peut<br />

penser à la série Le prisonnier, au début d’ Edward aux mains d’argent de Tim Burton, voire<br />

aux films fantastiques ou d’horreur critiques de la société américaine (cf. Joe Dante par<br />

exemple). Mais on peut y voir aussi une allusion directe aux « bunkervilles » développées aux<br />

E.U., surtout en Californie et en Floride (tiens donc !), sortes de lotissements hyperprotégés et<br />

quasi autarciques pour riches. Ne rigolez pas, ils commencent à s’implanter en France…<br />

L’utilisation de la lumière crue et des couleurs vives fait évidemment référence à<br />

l’esthétique publicitaire ou sitcom, mais P. Weir cite une influence plus originale et plus<br />

profonde : les tableaux de Norman Rockwell, où l’hyperréalisme confine parfois au malaise,<br />

tempéré il est vrai par une bonne dose d’humour… comme dans le film.<br />

- les mises en abîme : il y a de quoi devenir parfois schizophrène !<br />

P. Weir indique par exemple qu’il s’adressait toujours avec déférence à Ed Harris, le<br />

Cristof « designé » par des couturiers japonais. Prenons les acteurs du film : ils (elles) jouent<br />

le rôle d’acteurs (d’actrices) jouant des personnages réels aux yeux de <strong>Truman</strong>, voire des<br />

spectateurs peu attentifs. Pour accroître cette complexité, le réalisateur a demandé aux<br />

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