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exemple tiré de quelque source indépendante.<br />
Le second exemple de bordos enpeutatz, c’est-à-dire à rimes internes, n’a que cinq vers: la reprise du<br />
discours du théoricien enchaîne ainsi par la rime:<br />
1545 Totz homs es duptatz e prezats<br />
E honrats fort per sa riqueza;<br />
E si·l fayl es fatz appellatz<br />
Per quant ques haia nobleza<br />
Preza de pretz o de linatge.<br />
Dels bordos biocatz<br />
1550 Bordos biocatz pren lengatge<br />
De bioch, car d’aqui·s dexen,<br />
Etc.<br />
(“Tout homme est grandement craint et prisé et honoré pour sa richesse; et ainsi la faute est appelée<br />
destinée pour autant qu’il y ait de la noblesse prise de la valeur et du lignage./ Des vers brisés/ Les vers<br />
brisés tirent leur nom de bris, car c’est de là que le mot dérive.” 19 )<br />
La forme suggère un exemple emprunté, mais le théoricien a fort bien pu improviser ces vers.<br />
Un exemple de rims encadenats (rimes alternées) est intéressant en raison d’un trait dialectal assez rare<br />
que l’on trouve une fois chez Matfre Ermengaud, chez Antoni Racaut et chez Joan de Recaut, dans des<br />
quatrains moraux copiés dans le sud-ouest ainsi que dans deux Mystères tardifs du Dauphiné:<br />
Am gen parlar, am bell respondre<br />
So que non es cujan mostrar,<br />
Mas finalmen no·s pot estendre,<br />
1930 Car fis amichs a tot appar.<br />
(“Avec une façon délicate de parler, avec une belle façon de répondre, ils s’imaginent montrer ce qui n’est<br />
pas, mais finalement cela ne peut pas durer car rien n’échappe à un véritable ami.”)<br />
On peut trouver un autre cas où l’abandon des rimes plates s’imposait, avec l’illustration des rims<br />
estramps, soit de vers non rimés (1740–1747 et 1750–1756), et nous en évoquerons d’autres au § 4.<br />
Il va de soi que les exemples de coblas se doivent de se donner peu ou prou l’apparence d’une cobla:<br />
certains exemples<br />
3.4. Exemples différenciés par le mètre et la rime<br />
C’est l’illustration des différentes variétés de rims equivocs qui surprend le plus, car les exemples qui sont<br />
tous démarqués par la rime utilisent pour la plupart l’heptasyllabe, qu’il s’agisse de rimes plates ou d’autres<br />
arrangements de rimes. Il s’agit chaque fois de quatrains monorimes. L’un qui joue sur les divers sens de<br />
costa (2232-2235) illustre les equivocs verays; voici celui qui illustre les contrafayts:<br />
Hom que labor de re mena<br />
2250 Me par folls si no remena<br />
Lo blat que leumen semena,<br />
Car ab aquell gen se mena.<br />
(“”)<br />
Bien qu’analogue, ce type d’arrangement diffère de celui des rims accentuals et des utrissonans (§ 3.3):<br />
l’arrangement séquentiel du discours en rimes plates se retrouve bien ici, avec deux rims equivocs successifs,<br />
mais le second couple utilise la même rime stricto sensu que le premier 20 . (<br />
La question de savoir d’où viennent ces exemples se pose naturellement, mais ils semblent avoir été<br />
forgés pour le besoin. Certains sont tronqués, avec l’indication “ etc. ” qui peut rendre la dernière rime<br />
orpheline, comme ceux illustrant les vers de 11 ou de 12 syllabes qui sont en l’occurrence une reprise<br />
19 L’étymologie ne semble pas élucidée, et la forme est problématique (on trouve aussi broc).<br />
20 Le seul exemple donné en octosyllabes adopte par contre un arrangement particulier de rimes – ababcbbcb – qui le<br />
fait relever du 3 e type.