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[vers, rime, strophe; partie non annoncée dans le prologue]<br />
III b . Ayci comensa la terça partida on tractam <strong>del</strong>s dictats e primerament de vers. (v. 3089) (“Ici commence la<br />
troisième partie où l’on traite des genres poétiques, et tout d’abord du vers.”)<br />
[genres lyriques]<br />
IV. Assi comença la quarta parts on tracta de las VIII parts d’oracio. (v. 3288 sq.) (“Ici commence la quatrième<br />
partie où l’on traite des huit parties du discours.”)<br />
[morphologie nominale et verbale]<br />
V a . Ayssi comensa la cinquena parts. De vicis e de figuras. (v. 3921 sq.) (“Ici commence la cinquième partie.<br />
Des vices et des figures.”)<br />
[rhétorique]<br />
V b . Ayci comensa la sinquena part en la qual es mostrat primieramen quo deu hom far acordar un mot amb<br />
autre e tornar lati en romans. (v. 7418 sq.) (“Ici commence la sixième partie dans laquelle on montre tout<br />
d’abord comment on doit faire accorder un mot avec un autre et traduire le latin en occitan.”)<br />
[remarques sur la versification et la traduction du latin en occitan; partie non annoncée dans le prologue]<br />
La délimitation des parties suit un principe d’autonomie rimique. Chaque nouvelle partie (sauf la<br />
première qui ouvre véritablement les <strong>Flors</strong>) est introduite au moyen d’un distique ou de quelques vers au<br />
terme de la partie précédente, dont l’autonomie du point de vue de la rime n’est pas toujours assurée; cette<br />
transition est en effet articulée par la rime à ce qui précède dans la présentation de deux parties:<br />
III b : l’exemple de cobla constructiva est suivi de trois vers de commentaire terminés sur le pronom us; la<br />
transition enchaîne: “ Vist havets de coblas lassus:/ En la segonda part s’esmersa/ Ez ayssi comensa la tersa;/<br />
E mostram vos qu’es vers ades/ E <strong>del</strong>s autres dictats apres. ” (3084-3088) (“Vous avez vu ci-dessus ce qui<br />
concerne les couplets, avec lesquels s’est conclue la seconde partie, et nous entrons à présent dans la<br />
troisième; et nous vous montrons tout d’abord ce qu’est le vers avant de traiter des autres genres poétiques.”)<br />
V a : concluant les vers relatifs au temps, l’auteur des traités renvoie aux Leys d’Amors dont Las <strong>Flors</strong> ne sont<br />
qu’un abrégé: “ Car huey vol hom breus escripturas ” (“car aujourd’hui on veut des écrits brefs”); il enchaîne<br />
ensuite la transition: “ Veus apres vicis e figuras./ Pus que la quarta parts termena,/ Aysi comensa la<br />
cinquena. ” (3918-3920) (“Voici bientôt les vices et les figures. Puisque la quatrième partie se termine, c’est<br />
ici que commence la cinquième.”)<br />
Le rattachement de III a à la partie suivante par Anglade s’explique par le sujet, mais elle est contestable,<br />
le point de vue médiéval pouvant fort bien associer les notions métriques aux aspects phonologiques traités<br />
auparavant (II), qui concernent tous peu ou prou la versification, plutôt qu’à la question des genres. C’est en<br />
tout cas le plan qu’adoptera la version en prose de Barcelone copiée après 1430, et l’emplacement des vers<br />
consacrés au concept de compas en tête de la seconde partie va dans le même sens. La première rédaction en<br />
prose (publiée par Gatien-Arnoult) réunit quant à elle I et II comme 1 ère partie, III a et III b comme 2 e<br />
partie, ce qui donne raison à Anglade. Si les deux options sont envisageables, le v. 3085 montre que le choix<br />
d’Anglade n’était pas le meilleur: ce vers donne bien III b comme 3 e partie, rejetant le traitement des coblas<br />
(III a ) dans la seconde partie, et cela correspond parfaitement au plan dessiné dans le prologue qui lie<br />
étroitement “ letras, diptonges e rims,/ sillabas, diccios, accen/ Es oracios (…),/ Don per distinccios poyran/<br />
Coblas formar ” (vv. 153-158) (“lettres, diphtongues et rimes, syllabes, mots, accent et phrase […] dont à<br />
travers des vers on peut former des couplets”. La transition qui amène III b , avec son erreur de numération,<br />
semble résulter d’une volonté d’introduire une division au sein de l’exposé initialement prévu comme<br />
seconde partie, et plutôt qu’une erreur comme la tient Anglade, l’expression “ segonda partida ” pourrait<br />
alors fort bien désigner la nouvelle section ainsi délimitée. Cette transition elle-même n’est rattachée par la<br />
rime au contexte antérieur que pour III b .<br />
L’autonomie rimique des différentes sections d’une même partie implique le changement de rime lors du<br />
passage à la section suivante. Les intertitres ne distinguent malheureusement pas le niveau auquel ils se<br />
situent dans la hiérarchie du discours (la dispositio): il peut s’agir d’un changement de section, de la<br />
déclinaison de différents arguments ou étapes argumentatives au sein d’une même section, de l’introduction<br />
de citations ou d’exemples etc. En général, on peut penser qu’un changement de section s’accompagne d’un<br />
changement de rime, qu’une transition au sein d’une section peut s’en passer, ce qui semble généralement se<br />
vérifier. Se passer d’un changement de rime signifie plus concrètement que le premier passage se termine sur<br />
un vers de rime nouvelle en attente d’un écho, écho qui lui sera apporté avec le premier vers commençant le<br />
passage suivant: c’est ce phénomène que, depuis Foulet, on désigne sous le terme de “brisure du couplet”.