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Ez en semblan es entendut<br />
Que·l bordo en accen agut<br />
Deu finir, al qual assignam<br />
Certas sillabas e donam;<br />
etc.<br />
(“Le vers est une partie de rime, qui culmine avec 12 syllabes et prend racine avec quatre, et on ne doit<br />
pas descendre en-dessous, à moins d’en faire un greffé ou brisé. Régulièrement en ce lieu et autres<br />
semblables, on considère que le vers doit se terminer sur un accent aigu, auquel nous assignons et donnons<br />
certaines syllabes; etc.”)<br />
Dans la partie III b , la définition de chaque type de dictat (vers, canso, sirventes, dansa etc.) est<br />
également démarquée par la rime, sauf celle du descort où le dernier vers (3195) n’apporte à vrai dire pas<br />
grand chose à la description de la tornada du descort (dont le modèle est en fait le descort plurilingue de<br />
Raimbaut de Vaqueiras):<br />
Lo compas de cobla no passa,<br />
3195 La qal ab tots bordos s’afina.<br />
(“Elle ne doit pas dépasser la taille d’un couplet, lequel est parfait avec tous les vers [qui la constituent].”)<br />
Cette autonomie des définitions semble avoir une visée mnémotechnique en leur conférant une autonomie<br />
qui les rend faciles à extraire, avec une cohérence qui vient appuyer leur brièveté. Néanmoins, il convient<br />
sans doute de distinguer définitions courtes et définitions longues, telles que celles des genres, car si le<br />
caractère aisément mémorisable des premières semble s’imposer, on ne peut qu’avoir des doutes pour les<br />
secondes où on peut davantage penser que leur cohésion formelle a pour but de souligner leur unité, sans<br />
viser pour autant à une quelconque mémorisation. La fonction mnémotechnique ne semble au demeurant<br />
jamais explicitée, mais on peut relever un cas particulier d’une telle évocation à propos de la doctrina de<br />
rims retrogradats per sillabas e letras, procédé qui repose sur des artifices qui mettent à mal les<br />
versificateurs, au point que le théoricien en vient à suggérer d’apprendre quelques vers qui lui rappellent leur<br />
vanité:<br />
E q’om son temps trop no·y despenda<br />
Aquests versets cascus aprenda:<br />
2165 Qui per sillabas retrograda<br />
Als non es mas: bada, folls, bada;<br />
E qui de tornar letras usa,<br />
Dir li pot hom: musa, folls, musa.<br />
(“Et pour qu’on n’y consacre pas trop de temps, que chacun apprenne ces vers: Celui qui rétrograde<br />
syllabe par syllabe, il n’est rien de plus qu’un fou béant la bouche; et qui s’applique à retourner des lettres,<br />
on peut lui dire: “ Perds ton temps, fou, perds ton temps. ””)<br />
3. Les exemples standards<br />
Certains exemples n’occupent qu’une partie de vers, comme lorsque l’auteur oppose les diphtongues<br />
descendantes aux voyelles, en ce qu’elles ne provoquent pas d’hiatus (v. 554 sq.):<br />
Per que si paussatz son e mes<br />
555 Denan vocal vicis non es,<br />
Si con Johans me fay enueig,<br />
Ez enaxi de totz los hueig,<br />
Los qals podrets ayssi vesser.<br />
(“Parce que s’ils sont posés et mis devant une voyelle, ce n’est pas un vice, comme dans de Jean j’ai<br />
ennui, et il en va ainsi des huit [diphtongues], lesquelles vous pourrez voir ici.”)<br />
Il peut s’agir de plusieurs vers, mais incomplets du début ou de la fin, et qui à ce titre ne nous concernent<br />
pas davantage; ainsi, à propos du son de G: