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Flors del Gay Saber - Ars Metrica

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dans un contexte où, sauf exception 24 , seule la rime exige des arrangements spécifiques à même d’illustrer<br />

les formes codifiées dans le traité. L’auteur des <strong>Flors</strong> (ou bien entendu des Leys dont les <strong>Flors</strong> sont un<br />

résumé) devait ainsi s’écarter du modèle neutre des rimes plates pour recourir à des formes adaptées, soit en<br />

les empruntant, soit en les inventant en lesfabriquant pour la circonstance, le plus souvent en octosyllabes<br />

comme le texte cadre. Les rims caudats qui correspondent en gros à nos rimes plates mais plus exactement à<br />

nos rimes suivies qui enchaînent généralement deux vers homorimes, mais parfois trois ou plus, sont illustrés<br />

de deux exemples de deux vers chacun, plus un de neuf vers (aaabbccdd); comme nous l’avons vu, les rims<br />

continuats sont illustrés d’une séquence de cinq vers homorimes; les encadenats qui correspondent à nos<br />

rimes alternées ou croisées, de deux exemples de quatre vers chacun (abab); les crozats qui correspondent à<br />

nos rimes embrassées, d’un huitain de décasyllabes (abbacddc) dont le mètre laisse suspecter un emprunt; les<br />

multiplicatius (une forme de rimes internes), une première fois d’un distique de deux ennéasyllabes ternaires<br />

(3+3+3), une seconde fois d’un distique de deux dodécasyllabes quaternaires (3+3+3+3), une troisième fois<br />

de quatre vers hétérométriques, soit deux octosyllabes plus deux alexandrins:<br />

A tort han mort a cruzel mort<br />

Mon port conort e mon cofort;<br />

Deziros, cossiros e ploros bien seria<br />

1950 Si doncs vos, dona pros, cors joyos, no vezia.<br />

(“Ils ont tué à tort d’une mort cruelle mon maintien, mon espoir et mon réconfort; je serais désireux,<br />

soucieux et éploré si je ne vous voyais pas, dame excellente, cœur joyeux.”)Le premier de ces exemples a<br />

également été utilisé pour illustrer lesbordos de neuf syllabes (cf. § 3.4). Les rims serpentis où chaque<br />

syllabe d’un vers trouve un écho dans le suivant sont illustrés d’un distique d’hexasyllabes (1953–1954):<br />

Vos Dieus clartats clara<br />

Los mieus gardats ara.<br />

(“Vous, Dieu, clarté claire, veillez à présent sur les miens.”)<br />

Les rims biocats ou vers brisés (les quebrados espagnols) sont illustrés de neuf vers alternant deux<br />

décasyllabes et un dissyllabe (a 10 b 10 b 2 a 10 b 10 b 2 c 10 c 10 c 2 ) dont la forme ne renvoie à rien de connu: il<br />

semble bien s’agir d’inventions de l’auteur des Leys d’Amors dont l’exemple est tiré. L’exemple de rims<br />

desguiatz – nos rimes mêlées – est un contrafactum, avec un treizain d’hexasyllabes (aabaabbccddcb) qui a<br />

été utilisé à deux reprises par Raimon de Cornet dans une canso ainsi qu’un sirventes daté de 1324 25 . Les<br />

exemples de rims espars, entendus comme cobla esparsa ou comme vers non rimé au sein de la strophe, sont<br />

vraisemblablement des formes inventées pour la circonstance. Le premier est un huitain de décasyllabes<br />

entrecoupés d’un hexasyllabe (10 abbac6cdd), avec une rime brisée aux deux derniers vers:<br />

Qui de parlar vol esser trop cutxos,<br />

Am vilas motz, faxucs e desplazents,<br />

Qaix demostran qu’el es plus entendents<br />

D’avol agrat se ret als compa[n]yons;<br />

2005 Pero gen los apaya<br />

Qui parla bell ez enans que retraya<br />

Au ez enten so q’om ditz e rete,<br />

Car d’autramen no pot respondre be.<br />

(“Qui veut être trop pressé de parler, avec de vilains mots, sots et déplaisants, démontrant presque qu’il<br />

s’y entend davantage, et se rend de mauvais gré à l’avis de ses interlocuteurs; alors qu’il les contente bien<br />

celui qui parle bien et avance ce qu’il expose, qui écoute et comprend ce qu’on dit et le retient, car autrement<br />

il n’est pas en mesure de bien répondre.”)<br />

Cette strophe a été composée sur le modèle précis, avec les mêmes rimes, qu’une canso de Pons de<br />

Capdolh, Humils e francs e fis soplei ves vos (PC 375,10) qui a inspiré divers contrafacta, jusqu’en<br />

Catalogne 26 . Le second est un huitain d’octosyllabes dont il n’y a pas de modèle connu, mais qui n’en a pas<br />

24 Voir les cas de rims muliplicatius ou de rims serpentis tous deux illustrés par des distiques monorimes.<br />

25 Respectivement Cen castels e cen tors (Z 558,11) et Dels soptils trobadors (Z 558,14).<br />

26 Cf. D. Billy, “ Contrafactures de modèles troubadouresques dans la poésie catalane (fin XIV-XV e siècles) ”, dans Le<br />

Rayonnement des troubadours, actes du colloque de l’AIEO, Association Internationale d’Études Occitanes,<br />

Amsterdam, 16-18 oct. 1995, éd. A. Touber, Amsterdam - Atlanta (GA), 1998, pp. 51-74, aux pp. 60-61.

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