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Textes 1996-2012

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éciproquement. La vie sociale est ainsi immanente, comme un vague idéal, à l'instinct comme à<br />

l'intelligence ; cet idéal trouve sa réalisation la plus complète dans la ruche ou la fourmilière d'une part,<br />

dans les sociétés humaines de l'autre. Humaine ou animale, une société est une organisation ; elle<br />

implique une coordination et généralement aussi une subordination d'éléments les uns aux autres ; elle<br />

offre donc, ou simplement vécu ou, de plus, représenté, un ensemble de règles ou de lois. Mais, dans une<br />

ruche ou dans une fourmilière, l'individu est rivé à son emploi par sa structure, et l'organisation est<br />

relativement invariable, tandis que la cité humaine est de forme variable, ouverte à tous les progrès. Il en<br />

résulte que, dans les premières, chaque règle est imposée par la nature, elle est nécessaire ; tandis que<br />

dans les autres une seule chose est naturelle, la nécessité d'une règle.<br />

BERGSON, Les deux Sources de la morale et de la religion<br />

[41] SUJET N° 41 - 11PHESJA1 - 2011 - Série ES - JAPON - SESSION NORMALE<br />

Les hommes, pour la plupart, sont naturellement portés à être affirmatifs et dogmatiques dans leurs<br />

opinions ; comme ils voient les objets d'un seul côté et qu'ils n'ont aucune idée des arguments qui servent<br />

de contrepoids, ils se jettent précipitamment dans les principes vers lesquels ils penchent, et ils n'ont<br />

aucune indulgence pour ceux qui entretiennent des sentiments opposés. Hésiter, balancer, embarrasse<br />

leur entendement, bloque leur passion et suspend leur action. Ils sont donc impatients de s'évader d'un<br />

état qui leur est aussi désagréable, et ils pensent que jamais ils ne peuvent s'en écarter assez loin par la<br />

violence de leurs affirmations et l'obstination de leur croyance. Mais si de tels raisonneurs dogmatiques<br />

pouvaient prendre conscience des étranges infirmités de l'esprit humain, même dans son état de plus<br />

grande perfection, même lorsqu'il est le plus précis et le plus prudent dans ses décisions, une telle<br />

réflexion leur inspirerait naturellement plus de modestie et de réserve et diminuerait l'opinion avantageuse<br />

qu'ils ont d'eux-mêmes et leur préjugé contre leurs adversaires. Les ignorants peuvent réfléchir à la<br />

disposition des savants, qui jouissent de tous les avantages de l'étude et de la réflexion et sont encore<br />

défiants dans leurs affirmations ; et si quelques savants inclinaient, par leur caractère naturel, à la<br />

suffisance et à l'obstination, une légère teinte de pyrrhonisme (1) pourrait abattre leur orgueil en leur<br />

montrant que les quelques avantages qu'ils ont pu obtenir sur leurs compagnons sont de peu<br />

d'importance si on les compare à la perplexité et à la confusion universelles qui sont inhérentes à la nature<br />

humaine. En général, il y a un degré de doute, de prude nce et de modestie qui, dans les enquêtes et les<br />

décisions de tout genre, doit toujours accompagner l'homme qui raisonne correctement.<br />

HUME, Enquête sur l'entendement humain<br />

(1) pyrrhonisme : scepticisme<br />

[42] SUJET N° 42 - 11PHLIGI11 - 2011 - Série L - ISRAEL - SESSION NORMALE

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